LE RP ft. Lenny

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Lenny Idyl
«LE RP»

Bordure du ranch, fin octobre 2017

Quelle journée de merde. Plantés à la bordure du territoire Rhodes, Idyl était accompagnée de trois autres gardes. Ils avaient pour mission d’accueillir, de désarmer et d’escorter une caravane d’Olympia qui se faisait désirer. Le ciel était d’un gris qui ne laissait présager rien de bon. Le vent était impitoyable, et s’infiltrait à travers les épaisses couches de vêtements de chacun. Un frisson traversa l’échine d’Idyl, alors qu’elle agitait ses mains pour les réchauffer, et qu’elle décida de s’en griller une. Et dire qu’elle s’était moquée de James, parce que l’imbécile s’était pointé avec un poncho motif zèbre, improvisé dans ce qui devait autrefois être un tapis. Elle lui aurait bien piqué ; parce que si l’esthétique était carrément douteuse, au moins il était au chaud et au sec. M’enfin, le connard était pas vraiment dans le partage ; et elle risquait de devoir faire preuve d’une argumentation en béton pour lui soutirer, et elle n’était clairement pas d’humeur bavarde, aujourd’hui.

Pour couronner le tout, alors qu’au loin les deux véhicules du convoi venaient d’apparaître, la pluie commença à s’abattre. Ce n’était rien de dramatique. Pour l’instant. Idyl jura, parce qu’elle venait de galérer pendant des dizaines de seconde à essayer d’allumer sa cigarette à cause du vent. Au moment où elle cherchait du regard un couvert pour terminer sa clope sans qu’elle se fasse éteindre, quelqu’un posa quelque chose sur sa tête. Un chapeau, obviously. Elle tourna la tête, découvrit le visage de Robert ; un vieux garde, toujours gros malgré l’apocalypse, l’un des rares qu’elle appréciait. Il lui annonça simplement : “C’était à Smith ; tu peux le garder” elle resta silencieuse, mais lui offrit un sourire en guise de merci. Smith, le pauvre gars avait été emporté par l’ouragan un moins plus tôt. Elle put donc fumer tranquillement, le temps que le convoi arrive à leur niveau et soit stoppé par l’un des cavaliers.

Tout le monde descendaient ; c’était l’heure de récupérer les armes de tout le monde, procédure habituelle au ranch. Alors qu’un des gardes restait près des montures, que Robert et un autre étaient chargés de la fouille, Idyl elle surveillait le tout. Fusil en main, presque en position de contact, elle surveillait le débarquement pour l’instant, mais bloqua quand un visage familier débarqua. Elle plissa des yeux, ajusta la position du chapeau sur sa tête et arqua un sourcil, avant de se souvenir. Lenny ? Peut-être. Probablement, même. Si elle ne devait techniquement pas parler, et qu’elle ne le fit pas, elle ne put s’empêcher de la dévisager elle spécifiquement alors que Robert la tâtait.

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idyl & lenny

fin octobre 2017 × Bien que l’ouragan soit passé depuis quelques semaines, il avait laissé sur son sillage encore quelques bourrasques et de nombreux nuages qui s’accumulaient dans le ciel texan, menaçant d’abattre des trombes d’eau. Lenny espérait néanmoins que ça n’entraverait pas trop les réparations du ranch ㅡ commencées depuis quelques temps déjà, s’ils commençaient à en voir le bout, un nouvel orage ne ferait que retarder la fin des travaux de quelques jours encore.
D’ailleurs, il fallait croire que les nuages l’avait entendu penser : alors que les bordures du ranch apparaissaient dans son champs de vision, quelques gouttes d’eau souhaitaient visiblement s’inviter pour l’occasion. La jeune femme soupira un peu, tirant sur la capuche de sa veste pour la rabattre sur le haut de son crâne. Ce n’était qu’une petite bruine fine pour l’instant. Il fallait espérer, maintenant, qu’elle reste ainsi et ne prenne pas trop d’ampleur, sans quoi ils finiraient trempés jusqu’aux os.

En arrivant enfin devant les gardes, Lenny descendit, tout comme les autres volontaires. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait ; mais elle ne connaissait pas les gardes qui s’approchaient d’eux pour quelques vérifications de routines. Sans se faire prier Lenny tendit son arme. A force de venir pour donner un coup de main, elle commençait à mémoriser formalités. Elle n’avait rien à redire aux procédures, par ailleurs : après tout, à Olympia aussi, les armes étaient proscrites à l’exception des gardiens de la paix. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle appréciait la manière dont certains gardes prenaient leur rôle peut-être un peu trop à coeur. « Fais gaffe où tu fais traîner tes mains. » fit Lenny à l’adresse du garde, sans pour autant élever la voix. Si elle n’avait pas envie de déclencher un incident qui risquerait d’avoir des répercussions entre les deux clans, elle n’avait pas envie de laisser quelques mains se balader un peu trop sous prétexte d’une fouille. Elle afficha un sourire légèrement forcé au garde en question, qui termina enfin sa fouille ㅡ elle était quasiment certaine que la fouille de ses camarades masculins n’avaient pas été si poussée, mais le moment était malvenu pour taper un scandale. Il faisait humide, venteux, bref, Lenny n’avait pas envie de passer des heures à vociférer sous la pluie quand elle pouvait ignorer l’incident et profiter d’un abri avant de repartir vers Olympia.

Alors qu’ils terminaient leur inspections, Lenny observa un peu les autres gardes, son regard s’arrêtant sur la brune au chapeau dont le visage lui semblait familier. La jeune femme avait une plutôt bonne mémoire des visages ㅡ elle était quasiment sûre de l’avoir déjà vu quelque part, même si cela devait remonter à plusieurs années. Elle fronça un peu les sourcils et croisa le regard de la jeune femme qui devait la dévisager depuis quelques minutes à présent. « Oh. » souffla Lenny, le prénom de la brune lui revenant finalement. Ou plutôt, faisant le lien entre le visage familier et le bracelet qu’elle portait encore à son poignet, malgré les années qui s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. « Idyl ? » fit-elle en s’approchant d’elle, avec un sourire. Elle était presque certaine, à 99,9%, qu’elle ne se trompait pas. A moins que cette dernière ait une jumelle dont elle n’avait pas mentionné l’existence, bien sûr.

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Lenny Idyl
«LE RP»

Dans la vie, Idyl était une fonceuse. Elle ne s’arrêtait que rarement pour regarder derrière soit ; elle enterrait, oubliait presque systématiquement son passé. Elle vivait au jour de le jour, utilisant ce mécanisme pour éviter de succomber comme beaucoup à la nostalgie. Et là, face à l’olympienne, elle était un peu perdue. Elle réajusta encore une fois de sa main gauche la visière de son chapeau, comme si ça allait lui permettre de mieux voir. Elle s’autorisa même à décrisper sa main droite de la poignée de son fusil d’assaut, se détendant un peu alors que l’autre commençait à lui parler. Elle le lâcha finalement complètement, le laissant simplement accroché là par sa bandoulière.

Elle ne répondit pas directement, la jaugeant de haut en bas, puis de bas en haut. Putain. Elle avait l’air en pleine forme. Et ça, c’était… Idyl ne put s’empêcher d’esquisser un sourire sincère, alors qu’elle faisait un pas en avant et qu’elle saisissait l’avant-bras de l’autre. Elle le tira vers elle fermement mais sans violence, leva la tête vers l’autre pour lui annoncer : “Ouais, difficile de m’oublier avec ça en même temps” elle avait littéralement son prénom au poignet, donc voilà.

Pour l’instant, elle était contente de la retrouver ; mais son état d’esprit ne tarda pas à s’assombrir, alors qu’elle leva son propre bras où était son bracelet. Le bracelet qu’avait porté Connor pour lui faire plaisir à la base, et qu’il avait gardé jusqu’à son dernier souffle. Il avait vécu, le cuir avait été clairement usé par le temps, mais on pouvait encore y lire le prénom du bonhomme. Y repenser, ça lui faisait toujours bizarre. Une sensation de manque, mélangée à de l’amertume et du regret. Un cocktail des plus désagréables, en somme. Son sourire resta, mais s’attrista, alors qu’elle glissa pour essayer de se rebooster le moral : “ça fait de nous des bestas de l’apocalypse, si ça c’est pas cool” dit-elle en agitant son avant bras.

En même temps que l’autre commençait à lui répondre, les autres cavaliers firent signe à Idyl qu’ils allaient bouger. Elle acquiesça, et, sans vouloir interrompre l’autre, lui désigna du menton l’endroit où ils devaient aller. Ils pourraient discuter tranquillement au moins jusqu’au ranch en lui même. Elle devait occuper le rôle de serre-fil, en plus, donc ça tombait particulièrement bien. Posant ses deux mains à plat sur son fusil, plus pour se reposer les bras qu’autre chose, elle écoutait donc tranquillement l’autre, attendant avec une pointe d’anxiété une question qui fâchait peut-être.

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idyl & lenny

× Un sourire égaya le visage d'Idyl ㅡ ce qui, rapidement, étira les lèvres de Lenny pour l'imiter, souriant à son tour. Bon, on en était pas à des embrassades larmoyantes non plus : simplement, elle était heureuse et presque soulagée de voir que la jeune femme allait bien. Un sentiment qui, au vu du sourire de la brune, était sans aucun doute partagé. Lenny fut néanmoins un peu déconcertée lorsque la cavalière l'attira vers elle. Elle n'avait pas vraiment l'air du genre sentimentale et elle la fixa pendant quelques secondes sans comprendre, jusqu'à ce que ses yeux tombent sur le bracelet en question et Lenny laissa échapper un petit rire léger à la remarque de l'autre. « Tu es, en effet, inoubliable. D'ailleurs, j'avais pas eu l'occasion de te remercier pour ce cadeau. » Cadeau qu'elle n'avait trouvé qu'en fouillant dans son sac quelques heures après s'être séparé du duo. Une petite attention qui lui avait mis un peu de baume au coeur à l'époque alors que tout semblait bien morne. Elle observa un peu le cuir usé qui pourtant, tenait encore son rôle et releva un peu les yeux vers la jeune femme. « C'était inattendu, mais sympa. Merci ? » fit-elle. L’attention était réellement touchante, alors qu’elles ne se connaissaient guère plus que ça. Parfois, il suffisait de pas grand chose, il semblait, pour s’attirer quelques marques de gentillesse.

Elle observa le bracelet d’Idyl à son tour, préférant rester sur la note légère qu’elle venait de lancer. « Bestas, ça me plait bien ça. Puis, c’est mieux qu’un tatouage fait à l’arrache, tu me diras. » s’amusa-t-elle. Il ne manquait plus qu'un journal intime et une soirée pyjama pour parfaire le tableau, et Lenny aurait à nouveau l'occasion d'expérimenter ses années de collège. Elle eut un sourire penseur qui resta sur son visage pendant quelques instants, alors qu'elle divaguait, s'imaginant vêtue d'un pyjama, discutant des derniers potins. Lenny soupira, songeuse. Elle sortit seulement de sa rêverie lorsque la petite troupe se remit en marche. « Je m'attendais pas à te revoir un jour. Surtout pas ici. » Cela lui arrivait peut-être parfois de songer à ce qui était arrivé à la jeune femme, mais les années ayant passé et les probabilités de retomber sur elle plutôt faible, Lenny avait simplement rangé Idyl dans la case des personnes qu'elle ne recroiserait plus jamais. Il y avait des gens, comme ça : cela ne voulait pas dire qu'ils finissaient mal, sans doute certains s'en sortaient très bien, seulement, leurs chemins n'étaient pas amenés à se recroiser. Enfin, c'était ce qu'elle pensait jusqu'à ce qu'elle la revoit.

Marchant à ses côtés, elle était curieuse de savoir comment l’ancienne pilote s’était retrouvée au ranch. « Ca fait longtemps que tu es là ? Au ranch, je veux dire. » demanda-t-elle en jetant un coup d’oeil à Idyl. Elle avait bien une autre question mais… Elle hésitait à la poser. Elle lui brûlait la langue. Lenny avait bien vu le regard d’Idyl s’assombrir quelques minutes auparavant, alors que son regard s’était posé sur son propre bracelet ; il ne fallait pas beaucoup se creuser les méninges pour comprendre ce que cela voulait dire et elle n’avait pas vraiment certaine de vouloir s’aventurer sur un tel sujet, surtout si tôt dans leurs retrouvailles. D’un autre côté, il valait mieux crever l’abcès rapidement plutôt que de tourner des heures autour du pot. Tôt ou tard, le sujet finirait par être abordé, de toute façon. Lenny soupira, jouant nerveusement avec le bracelet. « Et … Connor ? »

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Lenny Idyl
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La conversation semblait être bien partie. La pointe de nostalgie qui commençait à l’envahir s’effaça alors que l’autre la remerciait. Elle secoua la tête, mine de faire comprendre que c’était pas grand chose. Elle réalisa un instant que c’était vraiment le cas, au niveau matériel mais surtout au niveau de son geste. Elle l’avait fait comme ça, sans trop réfléchir ; mais peut-être pour lui offrir un peu de réconfort. Un frisson lui traversa l’échine, alors qu’elle se demandait si la Idyl d’aujourd’hui aurait fait le même geste. La triste réalité était probablement que non, et l’espace d’un instant, l’ancienne pilote eut pitié de sa propre personne. Qu’est-ce qu’elle était devenue ? Une survivante. Triste réalité.

Elle chassa ces noires pensées alors que l’autre continuait en évoquant l’idée du tatouage. Elle gloussa, et ne manqua pas de rajouter : “ça peut encore se faire, tu sais…” en captant son regard et en lui faisant un clin d'oeil. Elle garda un instant de silence, ensuite, jetant un coup d’oeil au petit groupe, réajustant la position de son fusil et de la lanière qui le liait à elle, et commença à suivre le mouvement alors que l’autre prit la parole. Elle opta pour une réponse fermée, à cette première question, en annonçant un misérable : “Moi non plus”, trop concentrée pour l’instant à balayer les alentours de son regard.

Ses petites précautions prises, sa conscience professionnelle rassurée, elle put se consacrer à la discussion. Elle l’écouta sans pour autant la regarder, et la première question ne l’étonna pas vraiment. Elle tourna la tête pour lui répondre, leva les yeux au ciel mais rencontre la visière de son chapeau. Elle haussa les épaules, pas vraiment inspirée et motivée à compter du coup, et lâcha simplement un : “J’dirais un an” elle se tut un instant, mais ayant peur de couper court à la discussion en étant aussi brève, rajouta une justification : “Mes jours se ressemblent tellement que c’est difficile d’en tenir le compte, à vrai dire” elle lui lâcha un sourire forcé, cachant à peine le mal-être qui commençait déjà à la ronger.
La question suivante fit baisser les yeux et détourner le regard à Idyl. Elle pensait à Connor plus ou moins tout les jours, mais indirectement. Si elle avait reçu une formation militaire d’officier, Idyl n’était pas à la base la bête de survie qu’elle était aujourd’hui. La raison qui faisait qu’elle respirait encore, c’était les leçons quotidiennes de ce bonhomme. Il avait pris une place importante dans sa vie, celle de mentor, et de grand frère. Et évoquer sa mort, même si elle se refusait de l’admettre, ça l’affectait. Mais, fière, elle voulut être ferme : “Mort. Il s’est fait…” sa voix craqua légèrement, et elle eut un hoquet “Pardon” elle tourna la tête avant de reprendre, en respirant profondément pour garder son calme et sa dignité : “Tué par des pillards” elle voulut rajouter la partie la plus importante, soit, “en me sauvant la vie”, mais elle se tut, la gorge bloquée. Elle était calme, pourtant ? Qu’est-ce qu’il lui arrivait, bordel ?

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×Lenny rit légèrement alors qu’elle lui adressait un clin d’oeil. Un petit tatouage, de préférence, fait dans un tatoueur douteux ouvert vingt- quatre heures sur vingt-quatre ㅡ synonyme de mauvais choix et de regrets le lendemain, qui rappelait à la jeune femme quelques soirées étudiantes bien trop arrosées ㅡ et elles seraient vraiment unies, avec des souvenirs inoubliables. Pour l’instant, cela resterait de la fiction, peut-être heureusement pour elle. Lenny secoua la tête, amusée. Leur conversation, légère, contrastait avec le ciel gris et lourd qui ne cessait de s’alourdir de minutes en minutes. Si la pluie n’était pas encore insupportable, cela ne serait tarder ; heureusement, ils ne s’attardaient pas plus longtemps et se remettaient en route sans demander leur reste.

Un an. Lenny hocha la tête comme pour accepter cette réponse, aussi peu précise soit elle. Idyl n’avait aucune obligation de lui donner un détail précis, après tout. Néanmoins, elle s’étonna silencieusement de ne pas l’avoir revue plus tôt, surtout quand on pensait à l’alliance entre les deux groupes ; et surtout qu’elle avait tendance à retomber sur une autre cavalière un peu trop souvent. Elle espérait ne pas tomber sur Fran alors qu’elle rattrapait le temps perdu avec Idyl. Eloignant ces pensées plutôt négatives à propos de l’autre jeune femme, Lenny reporta plutôt son attention sur Idyl, qui ajoutait une explication, comme pour s’excuser. « Ouais, je connais ça. » commenta simplement la brune. Surtout, sans l’omniprésence des calendriers, fêtes commerciales et autres, on finissait vite par oublier de compter les jours. C’était hier, aujourd’hui, demain et ainsi de suite. Elle pouvait sans aucun effort comprendre qu’Idyl n’ait pas tenu un calendrier précis des jours qui passaient. Quel était l’intérêt, après tout. « Si jamais tu t’ennuies trop, tu sais où me trouver, maintenant. » fit Lenny avec un bref sourire.

Enfin, la bonne humeur relative ne fut que de courte durée. A cause d’elle, elle le savait bien, mais ne pouvait s’empêcher de regretter sa question à la seconde même où elle l’avait posée. Elle ralentit un peu le pas en observant l’ancienne pilote. « Oh… » souffla-t-elle doucement. Elle s’en doutait, évidemment. Mais l’entendre dire, c’était autre chose. Lenny resta un peu silencieuse, fixant le bout de ses chaussures qui frappaient le sol régulièrement. « Je suis désolée. » dit-elle presque dans un murmure à peine audible. Ca sonnait tellement stupide de s’excuser mais même après toutes ces années, elle ne savait toujours pas comment réagir quand on annonçait la mort de quelqu’un. Il y avait-il une bonne manière de répondre, de toute façon ㅡ quoi qu’elle aurait pu dire, ça ne changerait rien à la situation. Mais Lenny aurait voulu avoir la phrase parfaite, celle qui adoucirait un peu la peine d’Idyl. Elle posa doucement sa main sur le bras de la jeune femme pour lui offrir un peu de réconfort, sans trop vouloir empiéter sur son espace personnel. « Désolée, j’aurais pas dû parler de ça. » Ça la touchait un peu aussi, à vrai dire. Elle n’était pas si proche de Connor, mais assez pour avoir un petit pincement au coeur et cela ravivait quelques vieilles douleurs encore mal soignées, même trois années après. Lenny laissa sa main contre le bras d’Idyl, levant un peu les yeux vers elle dans un regard qui se voulait compatissant.

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Lenny Idyl
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D’un timide signe de tête, elle avait répondu à sa suggestion, voire invitation, de venir à Olympia la voir. Mais elle n’osa pas lui annoncer que ça allait être difficile ; les relations entre les deux camps semblaient être tenue. Elle se disait clairement que ... . M’enfin. Pour l’instant, ça allait, et elle se contenta de se dire que si l’occasion se présentait, elle irait probablement rendre visite à cette vieille connaissance.

Idyl n’aurait jamais pensé avoir de souci à évoquer la mort de Connor. Mais, c’était visiblemement le cas. Elle s’en voulait terriblement, s’était inconsciemment punie et protégée en s’isolant pendant des années. Elle ne voulait pas l’admettre, mais ça la faisait souffrir de savoir que quelqu’un était mort pour elle ; alors que depuis la mort de son père, elle ne cessait de s’apitoyer sur la petitesse de son existence. Au fond d’elle, elle ne pensait pas apporter grand chose au monde. Contrairement à un ancien seal, vétéran décoré, et surtout père de famille.
Elle prit une inspiration, déglutit pour essayer de dégager le noeud qui semblait s’être formé dans sa gorge et qui l’avait empêché partiellement de respirer. Elle ne put empêcher ses yeux de s’humidifier, mais ne voulant pas perdre la face, les essuya directement du manche de sa veste avant d’annoncer : “Si, si. T’as l’droit de savoir, quand même” elle esquissa un maigre sourire, avant de lever son avant-bras et d’annoncer en pointant du menton le bracelet identique à celui de Lenny qui était dessus : “Finalement, c’était une bonne idée, ces trucs” elle força un peu plus le sourire, clairement décidée à ne pas entretenir ces tristes pensées.

Elle poussa un soupir, alors qu’elle pensait avoir regagné sa contenance. Elle se secoua la tête, avant d’essayer de changer de sujet de conversation en s’attardant plutôt sur Lenny. Elle hésita à lui poser la question de son frère, mais elle ne voulait pas faire la même “bourde” qu’elle, alors elle se contenta de lui demander : “Et toi, ça fait longtemps que t’es avec cette petite utopie ? Connor m’avait dit que t’étais dans une communauté, mais m’avait pas donné plus de détails” sans lui laisser le temps de répondre, elle rajouta pour essayer de s’amuser elle-même plus que l’autre : “Parce que si on avait su que t’étais une hippie… “ elle secoua la tête pour signaler qu’elle rigolait, croisa son regard et lui fit un petit clin d’oeil. Elle rompit ensuite le contact, pour balayer les alentours alors qu’ils approchaient des arbres où étaient accrochés leurs montures.

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×Lenny se sentait un peu coupable d’avoir demandé. Elle aurait sûrement réagi de la même manière si quelqu’un lui avait demandé ce qui était arrivé à sa meilleure amie ㅡ elle se sentait presque cruelle d’avoir aborder le sujet de manière si abrupte et si tôt. Enfin, il était trop tard pour faire marche arrière et elle resta silencieuse un moment, laissant la brune l’espace et le temps dont elle avait besoin pour se reprendre. Lenny laissa finalement retomber sa main du bras d’Idyl et lui adressa un petit sourire encourageant. Elle observa un peu les deux bracelets. Elle avait raison ; au moins, elles n’oublieraient pas, même quelques années après. Avec un petit serrement au coeur, Lenny regretta de ne pas avoir songé à faire la même chose avec sa meilleure amie : encore maintenant, elle aurait voulu avoir un petit souvenir d’elle. « Ouais, voilà, exactement. » acquiesça Lenny avec un rapide sourire, battant des cils pour ne pas laisser quelques larmes s’inviter dans la discussion et brouiller sa vision. Heureusement, elle profita qu’Idyl détourne les yeux pendant quelques secondes pour se frotter rapidement les yeux et continuer la conversation l’air de rien.

Les deux jeunes femmes semblaient d’ailleurs décidé à laisser cette discussion derrière elles, préférant aborder des sujets beaucoup plus légers. Lenny laissa échapper un petit rire, ne s’attendant pas au petit tacle de la part de la cavalière. Des hippies ㅡ c’était comme ça que les autres voyaient les habitants d’Olympia ? Il y avait pire comme réputation à avoir, certes, mais cela l’amusait. Elle leva un peu les yeux au ciel. « Et moi, si j’avais sû que tu finirais éleveuse de poneys… » Rigola-t-elle et s’approcha un peu des chevaux, profitant de cette occasion pour flatter l’encolure des animaux. Lenny se tourna un peu vers Idyl lorsqu’elle revint vers elle, revenant sur la première question. « Pour te répondre, ça va faire … » Elle s’arrêta, prenant le temps de compter rapidement les années sur ses doigts. Six ans. Elle ne s’attendait pas à ce que cela fasse déjà six années passées à Olympia ; comme Idyl le disait, les jours se suivaient et se ressemblaient, surtout depuis qu’elle ne sortait plus aussi souvent qu’avant. Elle soupira un peu avant de répondre, caressant toujours le pelage de l’animal. « Ca va faire six ans, quelque chose comme ça. » finit-elle par dire en jetant un coup d’oeil à la brune. Elle avait eu la chance de tomber sur cette petite communauté tôt ; cela ne l’avait pas empêcher de sortir et de partir à la recherche de son frère, mais Lenny était bel et bien consciente de la chance qu’elle avait d’être à Olympia, de pouvoir profiter d’un certain luxe que certains avaient été contraints d’abandonner. Elle essayait de ne pas trop s’en vanter mais elle s’estimait réellement chanceuse d’être là. Elle haussa un peu les épaules. « Enfin, tu sais tout maintenant, je n’ai plus de secrets pour toi ? » Bon, elle en avait encore peut-être quelques uns, heureusement pour elle.

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Lenny Idyl
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Idyl ne manqua pas de pouffer au moment où l’autre la qualifiait d’éleveuse. La blague. Ancienne militaire de la cavalerie, elle ne savait pourtant même pas monter un cheval en arrivant au Ranch. Enfin, maintenant, elle savait le faire, et assez bien d’ailleurs ; faisant preuve d’un sang-froid monstre qui rassurait son cheval. Même si celui-ci n’avait pas vraiment besoin d’être rassuré. Chaussette, c’était un papy ; il en avait plus rien à foutre de la vie, du chaos, des coups de feu. à la limite, les rôdeurs étaient le seul problème, mais, trop fatigué pour fuir, il se contentait de les dégager à grand coup de ruade s’ils s’approchaient de trop près. Ce qui avait bien failli désarçonner Idyl quelques fois. M’enfin, elle n’allait pas lui en vouloir pour ça, et se contentait d’être vigilante pour éviter de se retrouver dans cette situation.

Six ans. Pfiou. Elle hésita un instant à demander si elle y était déjà, quand elle les a rencontrés, elle et Connor. La triste vérité était qu’elle ne sait même pas combien d’années se sont écoulés. à quoi bon s’intéresser aux dates, dans le monde qu’était le leur ? Pour Idyl, c’était futil ; une très mauvaise allocation de sa mémoire. Mieux valait ne pas s’encombrer le cerveau de choses inutiles. Elle se secoua la tête, fit un signe du menton à l’autre pour lui dire d’attendre là. Elle se contenta ensuite de laisser sa camarade quelques instants pour détacher sa monture. Alors qu’elle finissait de défaire le noeud, elle commençait à répondre : “Loin de là, ma cocotte. Très loin de là. J’espère que…” elle se hissa sur son cheval avant de reprendre, en la jugeant de haut : “... T’es prête pour l’interrogatoire. Parce que j’vais te bombarder de questions vitales, ma pauvre” elle lui fit un petit clin d’oeil complice, avant de commencer par un simple : “Donc, donc, donc” la vérité était qu’elle n’avait aucune idée de quoi lui demander. Alors, elle improvisa, lui sortant le premier truc qui lui vint en tête, d’un ton sérieux et inquisiteur : “Five Guys, McDonald’s, BK ou Wendy’s ?” elle commençait à avoir faim, c’était pas de sa faute. C’était dans ces moments là qu’elle se disait que c’était les fastfood qui lui manquait le plus. Une constatation assez désolante, quand on y pense.

Elle écoutait sa réponse, alors que le groupe se remettait en marche. Elles restaient derrière, du coup, puisqu’Idyl y était affectée. Trop concentrée sur Lenny et les alentours, elle remarqua à peine que le ton commençait à monter à l’avant du convoi.

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× Heureusement que Lenny était tombé sur Olympia avant de découvrir la présence des autres groupes : elle était bien loin d’être une cavalière exemplaire et préférait de loin se contenter d’être à pied s’il le fallait. Si pour faire parti du ranch, monter à cheval était un prérequis obligatoire, Lenny aurait été mise à la porte immédiatement. Elle savait au moins tenir sur un cheval sans tomber, c’était là la totalité de ses compétences. Pas grand chose, mais largement suffisant en cas de besoin. Elle observa Idyl s’occuper de sa monture avec un regard presque admiratif ; chacun avait ses compétences, mais Lenny ne pouvait s’empêcher d’être impressionnée par l’aisance qu’avait certain à se hisser sur une monture.

Un interrogatoire ㅡ Lenny pouffa légèrement. « Ok, je suis prête, balance tes questions, ma grande. » En y pensant, elle ne connaissait pas grand chose d’Idyl et vice-versa. Peut-être que le moment était venu d’apprendre à se connaître un peu mieux et tisser une relation durable. On était à ça d’échanger un action, vérité pour mieux se connaître. « Alors, j’attends ? » demanda-t-elle avec un regard curieux et faisant mine de s’impatienter, tentant de deviner quelle pouvait être la première question d’Idyl. Quel détail pouvait-elle rêver de savoir à son sujet ? Elle éclata de rire devant le ton très sérieux de la cavalière et toussota pour répondre tout aussi sérieusement. « Honnêtement ? Taco Bell, même s’il n’était pas dans tes choix. Sérieux : je tuerais pour un taco, là. » Son repas de choix, notamment pour les lendemains de soirée arrosées. S’il y avait un fast food qui lui manquait particulièrement, c’était bien celui-là. « Et toi ? Les mêmes choix, plus Taco Bell, du coup. » Elle était curieuse de savoir son propre avis. Le choix de restaurant pour se goinfrer de malbouffe en disait long sur une personne. « Oh, et plutôt coca ou pepsi ? » fit Lenny avec un petit sourire amusé. L’éternel débat, même des années après.

Elle interrompit Idyl dans sa réponse. « Il se passe quoi ? » demanda-t-elle en désigna du menton l’avant de leur petit groupe, alors que des éclats de voix se faisaient entendre sans que Lenny ne parvienne à distinguer des mots qui lui en diraient plus sur la dispute. Elle ne voulait pas avoir l’air alarmiste et s’inquiéter pour rien ; mais elle espérait que ce n’était pas grand chose et que ca ne résulterait pas en un drame. Elle jeta un rapide regard interrogatif à la brune, et sans attendre de réponse, Lenny opta pour s’avancer vers l’avant et en apprendre plus d’elle-même. « Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle de nouveau en arrivant proche de l’épicentre de la discussion.

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Lenny Idyl
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Taco Bell… Idyl poussa un soupir, ferma les yeux pour repenser à la saveur des différents petits délices qu’ils servaient. Délice, c’était un grand mot ; m’enfin. C’était ce à quoi rimait la nourriture des fastfood dans la mémoire d’Idyl, maintenant. Elle entendit presque son estomac grogner, alors que l’autre lui retournait la question. Elle se contenta d’énoncer simplement : “BK. Y’avais rien d’autre, dans le bled où j’ai grandis. ça me ramène en enfance, du coup. ça me ramenait, plutôt” triste constat ; ils n’auraient plus jamais l’occasion de profiter de la malbouffe. Que ce monde était cruel, putain. La question suivante lui fit lever les yeux aux ciels, mais, elle ne tarda pas à répondre : “Au début, j’étais comme tout le monde. J’me disais, coca, c’est meilleur ; et puis, j’ai réalisé que…” l’autre la coupa dans son élan. Elle arqua un sourcil, alors que l’autre la questionnait.

Elle haussa les épaules, et s’apprêtait à tout simplement ignorer l’autre et reprendre son discours. Mais son interlocutrice semblait bien décidée à tirer les choses au clair, et s’avança un peu pour essayer de comprendre ce qu’il se passait. Forcée de se mêler à une affaire potentiellement épineuse, Idyl poussa un soupir. Juchée sur son cheval, elle voyait un des types d’Olympia gueuler sur un des gardes. Il lui aggripa la jambe à ce moment là ; le cheval resta calme, le cavalier un peu moins ; et il dégaina son arme pour braquer le type. Idyl avait déjà donné un coup de talon à son cheval pour s’approcher de plus près, prête à réagir mais passive. Elle se posta derrière Lenny, posa ses mains en position sur son fusil. Elle n’avait pas envie de parler, et ça tombait bien, puisque ce n’était pas à elle de le faire. Robert prit les choses en main, gardant son calme, en annonçant d’un ton sévère : “Oh, eh. Range ça, gamin. Et toi, boucle là. On est pas un putain de club de vacances, alors fermez vos mouilles et avancer”

La cavalière poussa un soupir, alors que Chaussette piétinait, agacé par toute cette agitation. En attendant que les autres avançaient, Idyl lâcha à Lenny à voix haute : “Z’êtes des grands flingués, quand même. J’pense que c’est votre façon de vivre à l’ancienne qui vous donne ce goût pour le drama et le risque inutile. T’en penses quoi ?” avant qu’elle ne puisse répondre, elle la coupa en levant le doigt et en annonçant : “Attends. Juste…” elle marqua le suspens, puis, en même temps qu’elle s’exclamait presque, leva un peu plus son doigt : “Pepsi !” puis, elle se tut, dévisageant l’autre en lui esquissant un très léger sourire. Cette fois-ci, elle était bien décidée à surveiller du coin de l’oeil ce qu’il se passait à l’avant du convoi, histoire d’éviter que les choses ne dégénèrent et que ce soit encore de sa faute.

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× L’évocation des différents restaurants réveilla l’estomac de Lenny qui ne tarda pas à se manifester, s’invitant à la discussion. Il ne fallait pas grand chose pour qu’il la ramène, celui-là ; quelques saveurs dont les papilles gustatives de Lenny se souvenaient vaguement et voilà qu’il se mettait à grogner. Lenny leva un peu les ciels en entendant l’autre commencer sa phrase ㅡ ça ne sonnait pas bon. Lenny était définitivement team coca et rien ne pouvait la faire changer d’avis. Heureusement, elle l’interrompit avant qu’elle ne ternisse le tableau de leur amitié idéale, s’intéressant plutôt à ce qui se passait à l’avant.

Elle comptait bien intervenir avant que la situation ne tourne réellement au vinaigre. Elle s’avança un peu vers l’olympien qui avait visiblement quelque chose à reprocher à un garde et Lenny ouvrit la bouche pour parler ; c’était sans compter sur l’intervention du garde aux mains baladeuses. Il n’était peut-être pas toujours professionnel quand il s’agissait de fouiller des jeunes femmes mais au moins, il savait s’imposer et remettre l’ordre rapidement, Lenny lui accordait bien ça. Son regard allait et venait entre les deux, attendant que chacun retourne sagement dans son rang et que cette histoire soit rapidement oubliée. « Allez. C’est fini, pas la peine de s’éterniser ici. » Un peu plus et elle se transformait en monitrice de colonies de vacances pour gérer les enfants.

Alors que la petite troupe se regroupait pour se remettre en route, Lenny s’approcha de l’Olympia, les sourcils froncé set l’attrapa par le bras avant de lui souffler à l’oreille : « à quoi tu joues ? » Elle soupira d’un air agacé. Ce n’était pas vraiment le moment pour créer des vagues et se faire remarquer ; surtout lorsqu’ils étaient là pour donner un coup de mains. Cela devait donner une bien belle image des Olympiens : ils venaient aider mais se retrouvaient à créer des ennuis. Elle laissa l’homme repartir, non sans un regard l’air de dire qu’elle gardait un oeil sur lui. Elle passa une main dans ses cheveux, attrapant l’élastique un peu distendu autour de son poignet pour les attacher et retourna vers Idyl, bien décidée à reprendre leur conversation. Elle s’apprêtait d’ailleurs à répondre à sa remarque ㅡ vivre à l’ancienne ? clairement, la cavalière n’avait pas dû faire un tour à Olympia pour tenir des propos pareils ㅡ mais se tut alors qu’Idyl lui intimait de se taire. Et eut un rire moqueur en entendant finalement la réponse à sa question. « Sérieusement, pepsi ? Je sais pas si on va vraiment pouvoir être bff, là. » lâcha-t-elle légèrement. Si les deux jeunes femmes semblaient reprendre leurs conversations l’air de rien, Lenny remarqua rapidement que, tout comme elle, Idyl gardait un oeil sur les autres compagnons de route. La brune leva un peu les yeux au ciel. « Je sais pas ce qu’ils leur arrivent, pourquoi ils sont si tendus là. Ils sont volontaires, s’ils voulaient pas venir, personne ne les a forcés. » Soupira-t-elle. « Enfin, bref. » marmonna-t-elle. « Plutôt chien ou chat ? » reprit Lenny en avançant.

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Lenny Idyl
«LE RP»

Quand l’autre lui posa, incrédule LA question, Idyl hocha fièrement la tête. L’ancienne pilote aimait être à contrecourant ; et son goût pour le pepsi l’illustrait parfaitement. Le coca, c’est trop mainstream. Elle fit mine de s’indigner de l’autre en penchant la tête et en portant une main à sa coeur de façon clairement dramatique. Elle se sentit néanmoins obligée de justifier son choix : “Le pepsi a un meilleur goût, le coca, un meilleur marketing. Enfin, avait, encore une fois” dommage que les usines soient fermées, à présent. Elle serait bien morte du diabète, tiens ; c’était toujours mieux que de se finir en morceaux.

Elle écouta ensuite, avec un peu plus de sérieux et d’attention, la remarque de l’autre. Idyl pouvait probablement lui dire pourquoi ils étaient tendus. Parce qu’ils arrivaient dans une dictature ; dans un cadre où ils allaient être entourés par des gardes armés, afin de pouvoir travailler de manière bénévole. Voilà l’ambiance, quoi. Des volontaires, en plus ? Hawkins arqua un sourcil, perplexe, ne savant pas si elle devait louer la générosité ou la stupidité de ces gens. Elle croisa le regard de l’autre, alors qu’elle mettait visiblement un terme à cette discussion qui n’en aviat pas été une au final, avant de reprendre le petit jeu des questions.

Une question facile, pour Idyl. Elle répondit directement : “Les chats, définitivement ; on en avait deux. Enfin, mon copain en avait deux. Ils étaient trop marrant. C’était Mr. Bigglesworth, et Ms. Harrington. Des noms de gros bourges ; des gros tout court, d’ailleurs. Ils le portaient bien, ça collaient super bien avec leur façon d’être” elle esquissa un sourire, en repensant à ces deux gros chats patauds et pas doués, avant de pousser un soupir. C’était… étrange. Quand elle repense à cette période de sa vie, elle la regrette. Elle était bien, elle était… apaisée ? Une moue étrange s’afficha l’espace d’un instant sur ses lèvres, juste avant qu’elle tourne la tête vers l’autre pour lui retourner la question : “Et toi ? T’as l’air d’une personne qui préfère les clebs” elle ne sait pas pourquoi elle lui disait ça, juste, son instinct. M’enfin, en matière interpersonnelle, son instinct passait son temps à la foutre de la merde. C’était lui, qui avait dit “non” à celui qui aurait pu être son fiancé et potentiellement son mari. Même si l’Influenza aurait frappé avant le mariage. Qu’est-ce que les choses auraient étaient différentes, si elle avait prit une décision différente ce jour là. Elle serait morte, essaya-t-elle de se convaincre dans cette fausse certitude qui lui apporterait du réconfort, et lui ôterait une part de regret.

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× Lenny leva les yeux au ciel et secoua la tête. Qu’est-ce qu’on entendait pas. Le meilleur goût ? C’était à se demander si les papilles gustatives d’Idyl fonctionnait correctement. N’importe quelle personne saine d’esprit pouvait comprendre que le coca était bien meilleur que le pepsi. Etait, comme le soulignait justement le cavalière. Il y avait sûrement une manière artisanale de reproduire la boisson, mais seulement si on en connaissait la recette. Et pas d’ordinateur pour faire une recherche rapide et se mettre au travail. Enfin, depuis le temps, Lenny avait eu le temps de faire le deuil de ces sodas et autres ; trouvant des petits plaisirs ailleurs.

Idyl n’insista pas ㅡ Lenny était soulagée, presque. Elle préférait garder les discussions houleuses et compliquées pour plus tard pas lorsqu’elles venaient tout juste de se retrouver. C’était mieux comme ça. Si elle essayait de ne pas avoir l’air trop préoccupée par les évènements, difficile de ne pas remarquer que le regard de Lenny allait régulièrement vers l’avant du convoi et sur les autres olympiens, prête à réagir des fois que l’un ait de nouveau l’envie de faire des remous. Elle n’avait pas envie non plus de rentrer et devoir annoncer une mauvaise nouvelle sur le plan humain mais aussi par rapport à l’alliance. Lenny mordilla nerveusement l’intérieur de sa joue avant de reporter son attention sur Idyl qui répondait.

Elle l’écouta parler de ses chats. Elle eut un petit rire en écoutant les prénoms des deux animaux. Bizarrement, ça ne l’étonnait pas plus que ça. Idyl avait bien la tête à avoir des chats. Elle sentait dans la voix d’Idyl une pointe de nostalgie en repensant à cette période maintenant lointaine. Lenny releva un peu les yeux quand elle lui retourna la question et esquissa un petit sourire en coin. « Ah ouais, vraiment ? » Elle eut un petit rire. « Bah tu as tout faux. Je préfère les chats, très clairement. » Ce n’était pas la première fois qu’on lui disait qu’elle avait une tête à préférer les chiens ; pourtant, c’était tout le contraire. Quand elle avait quitté Aspen pour continuer ses études, Lenny avait commencé à envisager l’idée de prendre un chat. Elle avait repoussé le moment indéfiniment, pour diverses raisons : terminer ses études, avoir un endroit vraiment à elle… Puis elle était partie au Mexique et se disait qu’en revenant, elle franchirait le pas et prendrait un chat ㅡ mais ça n’était jamais arrivé. « Je voulais en adopter un, d’ailleurs. » reprit-elle, pensive. « Mais j’attendais d’avoir fini mes études, ce genre de choses. » Lenny soupira. « Enfin, il y a des animaux à Olympia, je suis sûre que je pourrais avoir un chat maintenant, si je le voulais. » termina-t-elle sur une note positive. Après tout, il y avait bien deux ou trois poules dans son jardin : pourquoi pas un chat ? Au moins, un chat serait un poil plus amical et câlin que les poules.

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Lenny Idyl
«LE RP»

Idyl fit mine d’être étonnée de s’être trompé, alors que dans les faits, elle n’attendait pas grand chose de son intuition. Elle avait bien fait. Elle acquiesça simplement, attendit qu’elle ajoute une remarque sur ses chats, du coup. Ce qu’elle fit, après un instant. Elle s’apprêtait à lui dire qu’il était loin d’être trop tard pour adopter, que les chats, ça grouillait maintenant, mais elle précisa ses paroles, lui coupant l’herbe sous le pied. Elle ne savait plus trop quoi dire, alors, elle se contenta de lâcher : “Moi aussi au début, j’pense que j'aurais eu les miens si je pouvais. Mais c'était difficile, à cause de mon taf” elle haussa les épaules, avant de rajouter : “M’enfin c'est pas plus mal, vivre avec ça m’a calmé. Ils étaient mignons, mais, ils foutaient des poils partout. En fait, j’pense que le mieux c’est de profiter des chats de son voisin” elle aurait pu dire, pareil pour les gosses ; mais non. Elle détestait les gosses tout court.

Elle esquissa un sourire. Les études. Un lointain souvenir, qu’elle aurait préféré ne jamais avoir. Pas parce qu’elle ne les a pas apprécié ; mais qu’elle les a vécu parce que son père était mort. Déjà, parce que son comportement a radicalement changé ; la dernière chose que lui avait dit son père, c’était d’essayer d’être plus sérieuse à l’école. Surtout parce qu’il lui avait ouvert les portes à une académie qui lui avait presque assuré son taf. Elle en avait bavé, certes ; mais, arriver là où elle en avait été par rapport à d’où elle était partie était impossible. Elle ne pensait plus que son parcours militaire avait été un erreur, par contre. Elle n’avait pas sauvé autant de vie qu’elle voulait ; ou, le fait de sauver des vies ne lui avait pas enlevé sa culpabilité. Mais rien que le fait de voler, c’était cool et ça en avait valu le coup. Piquée par la curiosité, du coup, elle s’intéressa au parcours de l’autre : “Tu faisais quoi, comme études ? T’as une tête à avoir fait... “ pas de la psychologie, pas du droit, clairement pas médecine. Non, non. Un truc de hippie, ou d’excentrique. Elle suggéra donc : “Histoire ? Sociologie ? Anglais ?”

En écoutant sa réponse, elle en profita pour réajuster sa position sur sa selle en refaisant un petit tour d’horizon. Toujours rien à signaler, si ce n’est que le ranch et le campement se profilaient. Elle continua de s’agiter un peu, cherchant un peu de confort. Sa selle était vraiment pourrie, et malgré le fait que ces heures et ces heures de cheval lui ont musclé les jambes, elle commençait à souffrir un peu. Mais rien de dramatique ; c’était surtout la fatigue de cette longue journée qui allait s’achever qui la travaillait.

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idyl & lenny

× Lenny hocha un peu la tête. Pilote, ça ne semblait pas être le boulot idéal pour avoir des petits chats à s’occuper ; même si ça ne demandait pas d’être sorti régulièrement comme un chien, cela demandait quand même un minimum d’attention. « Voilà, les avantages d’avoir des chats sans les inconvénients. » Pas de poils à nettoyer, pas de litière à nettoyer ㅡ seulement les gratouilles et câlins, si le chat voulait bien. Lenny resta silencieuse pendant un moment. « Sinon, tu peux avoir des poules. » reprit-elle, distraitement. Pour le coup, il n’y avait pas de poils sur le canapé ou sur les vêtements et il y avait de quoi se faire des omelettes tout les jours si on voulait. On pouvait tirer une croix sur les câlins mais il fallait y voir quelques avantages.

Les études ㅡ celles supérieures, surtout, c’était celles qu’elle avait préféré. Plutôt pour les rencontres et les soirées que pour les cours, en réalité, mais le tout formait des souvenirs agréables et inoubliables. C’était une époque qui lui paraissait tellement lointaine et bercée d’insouciance. Ses principales préoccupations étaient le prochain partiel ; sa note pour le semestre. Elle ne s’occupait pas de savoir si elle ou ses proches allaient survivre, c’était quelque chose qu’elle prenait pour acquis. Lenny observa la brune qui tentait de deviner son parcours avec un sourire amusé. « Alors… » commença-t-elle, maintenant un peu de suspens. « Absolument pas. » Elle eut un petit rire et reprit. « J’aurais bien aimé faire socio, mais j’avais envie de faire un truc qui me semblait plus… Concret ? » fit-elle, en réfléchissant un peu aux autres études qu’elle aurait pu faire. Au final, elle ne regrettait pas d’avoir choisi cette formation ; cela lui donnait l’impression d’être un brin plus utile au sein d’Olympia et même maintenant, en venant en aide au ranch. Bien sûr, déjà avant l’épidémie, elle avait le droit à des petits commentaires de personnes n’hésitant pas à rapidement la placer dans la case “hippie écolo vegan” ; elle ne se vexait pas pour autant. Maintenant, cela la faisait hausser les épaules sans l’atteindre vraiment « J’ai fais un truc en écologie et développement durable. » répondit-elle alors, observant distraitement le ranch qui pointait son nez à l’horizon. « Parfait pour Olympia, du coup. Je suis une vraie hippie. » ajouta Lenny, devançant la remarque d’Idyl, avec un petit sourire en coin. « Fais pas genre, je sais que t’allais faire un commentaire. T’es pas la première et tu seras sûrement pas la dernière. » s’amusa-t-elle.

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Lenny Idyl
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Des poulets ? Idyl leva un peu le menton alors qu’elle affichait une mine à la fois amusée et surprise. Le seul endroit où elle voyait les poulets, c’était dans son assiette ; sous la forme de délicieux petits nuggets. Elle mourait de faim, pour tout ramener à la bouffe. Il fallait vraiment qu’elle se pose pour manger un morceau en rentrant ; ce qu’elle allait faire après cette longue journée et cette escorte. Elle ne s’étonna pas ensuite de se tromper une nouvelle fois sur ses propositions quant à son interlocutrice. L’ancienne pilote était définitivement une quiche dans le domaine. Elle pouffa doucement quand elle discrédita un peu les études de sociologie, avant de rouler des yeux en entendant son choix de parcours.

Elle ne manqua quand même pas de lâcher un sourire qui dévoila toutes ses dents, en secouant la tête de manière négative. Elle hésita à se moquer directement d’elle, se mordit les lèvres pour réprimer cette envie de continuer son petit jeu de piques, avant de finalement lui annoncer quand l’autre l’en incita : “Décidément, tu cumules ma belle” elle tourna la tête vers elle, la regardant de haut de manière caricaturale, avant de simplement lui lâcher d’un air snob : “Putain de hippie” avant de lui faire un clin d’oeil, et de se concentrer à nouveau sur la route. Le camp se rapprochait, et le merdier que c’était devenait visible. Des tas, un peu partout, des différents débris ; en fonction de leur état et de leur potentielle utilité. ça pouvait avoir l’iar d’un bordel sans nom, mais, s’ils avaient vu le truc un mois plus tôt, les Olympiens auraient probablement hausser les épaules, annoncer ”fuck this shit i’m out”, et fait demi-tour pour rentrer élever les poules et cochons.

Mais en l’occurence, ce n’était pas le cas. Et ce n’avait pas été le cas. Ils avaient du coeur et des tripes, ces petits bambis de l’apocalypse, même si ça lui faisait mal de l’admettre. Au loin, un des responsables d’Oly les sembla les apercevoir et commença sa route pour venir les rencontrer. Leur mission allait bientôt toucher à sa faim, alors, Idyl demanda à l’autre brune : “Alors, prête à te salir les mains cocotte ?” elle rajouta directement après : “J’aurais pas de quoi te les laver, mais, s’il faut te rafraîchir le gosier, n’hésite pas. Même si rafraîchir n’est pas le terme, si tu vois ce que je veux dire” faisant bien évidemment mention à de l’alcool. Elle n’offrait pas souvent des verres, mais, là, ça lui faisait plaisir.

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idyl & lenny

× Elle lâcha un petit soupir amusé en regardant Idyl, levant les yeux au ciel. Une putain de hippie ㅡ il ne manquait plus que Lenny laisse pousser ses cheveux pour se faire des dreads, le tout accompagné d’un bon vieux sarouel et tadam, elle serait définitivement la caricature parfaite d’une hippie. Bien qu’elle ne visualisait aucun Olympien ayant cette tête là, Lenny était presque sûre que dans l’imaginaire collectif, l’image des habitants de la ville ne devait pas en être trop éloignée. Elle adressa un grand sourire à la brune. « Tu n’imagines même pas. » Elle laissa à Idyl tout le plaisir d’imaginer quelles autres “tares” elle pouvait bien encore avoir. Elles pourraient sûrement en faire une longue liste, en fouillant un peu.

En arrivant finalement proche du ranch, on voyait réellement les dégâts de l’ouragan. Si Olympia avait eu quelques dommages à reporter, il apparaissait très clairement que le pire avait été pour les cavaliers, peu épargné. Un gros travail avait déjà été fait, c’était certain ㅡ Lenny avait entendu des rapports sur la situation, elle savait que la situation était bien pire quelques semaines plus tôt ㅡ mais malgré tout ces efforts, il en restait encore beaucoup. Certains pouvaient peut-être trouver à critiquer aux Olympiens ; trop planqués, pas assez débrouillards, se reposant dans leur confort. Mais il fallait reconnaître qu’ils étaient là pour participer à l’effort commun et, ce, volontairement. Du moins, pour Lenny. Elle ne savait pas ce que les autres avaient en tête, mais elle était bien là pour ça.
Alors qu’ils approchaient enfin, Lenny détacha son regard du travail à accomplir pour les poser sur Idyl. « Je suis toujours partante. C’est pour ça que je suis là, après tout. » Elle n’avait pas fait le déplacement simplement dans un but touristique et observer les cavaliers dans leur milieu naturel, même si l’idée était intéressante ; Lenny était là parce qu’elle voulait se rendre utile et aider. Si cela voulait dire mettre la main à la pâte ㅡ ou dans la boue ㅡ eh bien, elle le faisait sans hésiter. La jeune femme refit sa queue de cheval rapidement, essayant de discipliner les quelques mèches rebelles qui finissaient inévitablement par s’échapper. « C’est une invitation à boire un verre ? » Lenny détailla rapidement Idyl de haut en bas avant de lui adresser un clin d’oeil, avec un petit sourire en coin. Elle n’avait aucune arrière pensée, juste un verre entre amies, mais cela l’amusait toujours un peu. « Avec plaisir, et quand tu veux. Tu sais où me trouver, de toute façon. » rajouta Lenny en désignant l’endroit où elle allait sûrement passer un long moment.

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Lenny Idyl
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Oh non, elle n’imaginait même pas et n’osait pas le faire, manqua-t-elle de surenchérir. Mais elle préféra se taire. Le comble était qu’avant la mort de son père, elle était sur la bonne pente pour devenir une hippie, dans sa définition du terme. Principalement à cause de ses fréquentations, jugeaient elle avant ; mais au final, c’était elle qui les avaient choisi. Et, avec la maturité, elle avait réalisé qu’elle avait fait ça pour protester contre l’absence de son paternel. Une pitoyable contestation qui avait mené à encore plus de culpabilité aujourd’hui.

Idyl ne fut pas vraiment surprise de la réaction de l’autre ; mais si elle l’était un peu, c’était assez agréablement. L’enthousiasme qu’elle avait était… stimulant était peut-être le mot. Elle esquissa un autre sourire, alors qu’elle scrutait une dernière fois les environs, pour finalement jeter un coup d’oeil inquisiteur au groupe devant elle, voir s’il y avait encore des traces d’agitations. D’agitation, non, de discussion, oui. Certains allaient passer un sale quart d’heure. La question de l’autre surpris un peu l’ancienne militaire, qui pensait que l’invitation était claire justement. Elle tourna la tête vers elle aussi vivement qu’un rapace, clairement passionnée par le sujet en question, alors qu’elle répondait : “Tout à fait. Un, peut-être deux. Voir la bouteille” enfin, un verre pour Lenny, le reste pour Idyl plutôt. Mais ça, elle n’allait pas lui dire. Et puis, il n’y avait rien à critiquer ; c’était sa bouteille, son p’tit trésor. Elle haussa les épaules ensuite, contente de voir son invitation acceptée ; et rajouta : “Quand j’aurais des tours de garde pas trop foireux, j’passerais. Et non, pas vraiment, m’enfin. J’irais arracher les vers du nez à tes compatriotes” elle lui esquissa l’ombre d’un sourire. C’était une plaisanterie, qu’elle allait cependant probablement mettre à exécution.

L’homme qu’Idyl supposait être un responsable était maintenant à une trentaine de mètre qu’eux ; elles allaient bientôt se séparer, alors, Idyl décida de conclure leur échange par un peu de franchise qui ne lui ressemblait pas : “Contente de voir que tu t’en es tirée, Lenny. Porte toi bien” ces mots sonnaient étranges, venant d’elle ; comme si elle était à nouveau la même personne qu’au moment où elle l’a rencontré. Quelqu’un de plus sympathique, plus humain, et de beaucoup moins pessimiste. Peut-être que la pilote n’était pas mauvaise, dans le fond, mais juste mal entourée ? Peu probable. Elle serait toujours égoïste, dans le fond ; un égoïsme qui va lui donner des tords, des tords qu’elle va se reprocher. Mais, elle se disait toujours fatalement qu’elle était comme ça, incapable de dépasser cette ténue barrière psychologique ; parce qu’elle n’en avait pas la force ou tout simplement l’envie. Peut-être que la souffrance était ce qui la stimulait le plus ; ce qui la gardait en vie.

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