mini-event : I trusted you

Cela faisait mal à Iris de voir Olympia dans cet état. Cela lui faisait aussi mal de voir tout ce qui avait été fait, tout ce qui arrivait encore. Elijah avait démissionné, Peyton était à présent à la tête d’Olympia, et l’infirmière en éprouvait beaucoup de fierté. Elle avait peur, au fond, que Peyton ait encore moins de temps à lui accorder, mais… Elle saurait s’y faire. Elle s’adaptait facilement à beaucoup de choses, c’était sa force, en quelques sortes. Elijah avait démissionné, mais il n’avait pas été exilé malgré tous les reproches qui lui avaient été fait, et qui lui étaient encore fait. C’est ce que pouvait constater Iris, alors qu’elle marchait dans l’artère principale d’Olympia. Lucas allait mieux, et s’était calmé, pour son plus grand bonheur : elle allait néanmoins régulièrement s’assurer qu’il allait bien. Tout le monde se remettait peu à peu. Trop lentement.

La jeune femme remontait vers l’infirmerie lorsqu’elle entendit comme une altercation. Elijah – elle aurait dû s’en douter. Se frayant un chemin jusqu’à lui, elle hésita un instant, rien qu’une poignée de secondes, avant de se planter devant, faisant de son « frêle » corps une barrière. « Arrêtez ! » Elle planta son regard déterminé dans celui de chacun des hommes qui se tenaient face à Elijah, certainement prêt à continuer à malmener l’ancien maire. « Je sais que c’est dur, c’est dur pour tout le monde, mais s’en prendre à lui ne te rendra pas ton œil, ou ne lavera pas les affronts fait à ta compagne… A nous tous… C’est dans ces moment-là qu’il faut être les plus solidaires, et ne pas se sauter à la gorge… »

Il marchait sans grande conviction, il se posait des questions sur la situation actuelle d'Olympia et sur sa propre situation. Il avait été déchu de tout poste à responsabilités à Olympia : le Conseil et le poste de chef de la sécurité extérieure ne lui appartenaient plus. Noah se retrouvait alors comme simple garde et il était sous les commandes d'un nouveau chef, c'était tellement compliqué de passer à donner des ordres à les recevoir... Il n'avait pas l’habitude de cela depuis l'apocalypse et son arrivée à Olympia. Cette déchéance amenait une autre conséquence : l'ancien chef n'avait plus d'accès à l'infirmerie de la ville décimée. Il se retrouvait en manque de médicaments, déjà plus de quinze jours qu'il n'avait pas pris grand chose. Noah gardait un petit stock à son domicile, mais ce n'était pas suffisant, il devait trouver des solutions. Une altercation le sortit de ses pensées, certains habitants s'en prenaient à un autre qui semblait se laisser faire. Noah reconnut Elijah, il allait sauter à sa rescousse mais d'autres personnes furent plus rapides que lui. Iris l'infirmière et Bass le nouveau conseiller défendirent l'ancien leader des Olympians, tandis que Arte s'opposait farouchement à lui. Olivia s'oppose à elle, Noah s'approcha mais que pouvait-il dire... « Vous croyez que vous attaquer à Elijah vous fera vous sentir meilleur ? », lâcha-t-il dans la mêlée.

Lola avait encore son bandage au bras, mais cela ne se voyait plus maintenant, mise à part le faite qu'elle avait un peu de mal à le bouger rapidement ce bras. Mais ça allait mieux physiquement, de toute façon pour Lola le problème n'était pas physique mais mental. Elle avait perdu sa soeur dans toute cette histoire et le pire c'est qu'elle ne s'en souvenait même pas, victime d'un traumatisme crânien elle était tombée inconsciente sur le sol et sans son frère elle serait probablement morte ou pire encore, des jackals auraient pu abuser d'elle. Mais ça, Lola s'en foutait, elle aurait préféré subir une autre attaque physique plutôt que perdre sa soeur. C'était dur, c'était amer à avaler et surtout à accepter. Depuis tout ce temps elle rongeait encore son frein, elle n'avait qu'une envie hurler toute sa rage, toute sa rancoeur et toute sa haine, sauf qu'ici c'était impossible. Déjà que son frère c'était fait remarqué pour elle ne savait quelle raison, il n'était plus qu'un garde parmi tous les autres et n'avait même plus le droit d'entrer à l'infirmerie. Elle en avait plus que marre qu'on la mette hors de tout, tout le temps.
Elle entendit des éclats de voix sur la place et se rendit sur place pour voir d'elle même ce qui se passait. Elle n'en cru pas ses yeux. C'était pire qu'un procès public et est-ce qu'elle avait seulement le droit d'ouvrir la bouche elle ? parce qu'elle en avait des choses à dire aussi.

Tout partait en cacahuète. Littéralement : Iris avait l’impression que tout s’effondrait sous ses pieds. Elle avait peur de devoir repartir sur les routes : Olympia était ce qu’elle était, et actuellement elle n’était plus aussi brillante et sécuritaire qu’avant, l’ambiance avait changé, mais Olympia restait son foyer. Le seul véritable foyer qu’elle avait trouvé depuis que l’apocalypse avait toqué à leur porte et que les morts s’étaient relevés. Et contrairement à ce que tous pouvaient croire, le pire ennemi de l’Homme n’était pas les rôdeurs. L’Homme était un loup pour l’Homme : cette expression n’avait jamais été aussi juste qu’en ces temps troublés. L’intervention de Bass en sa faveur la rassura un peu, elle n’était pas la seule à prendre position. Mais elle nota que – comme elle qui lui tournait le dos – son regard se posait partout, sauf sur l’ancien maire. L’intervention d’Arte lui fit affaisser ses épaules, un peu. C’était le comportement qu’elle voulait éviter. Mettre le feu au poudre, ce n’était pas ce qui devait être fait. Au contraire – il fallait se serrer les coudes, ne pas perdre de vue les convictions d’Olympia. L’intervention d’Olivia fit taire tout le monde, quelques instants. Elle hocha la tête en sa direction : « On a tous perdu quelque chose. On a tous été secoué, choqué, violenté, de bien des manières. Blessé. Violée… » Elle ne voulait pas de tout ça. Elle ne voulait pas que sa famille s’entre-déchire, qu’ils deviennent comme les loups même qui les avait attaqués. Ils se remettaient, peu à peu, il n’était pas l’heure de tout faire flamber à nouveau… « On ne vous demande pas de tous vous aimer. Juste d’être tolérant. » Elle posa son regard sur toutes les personnes présente, y compris Noah qui venait d’arriver. « Ce n’est pas l’heure de perdre de vue ce qui nous a mené à Olympia, les convictions qui nous guidé jusqu’ici. Il faut se relever, avancer en prenant en compte ce qu’il s’est passé pour que cela ne se reproduise pas : mais il ne faut pas commencer à s’entretuer. On n’y arrivera jamais, autrement. S’en prendre à Elijah… Ou Noah… Cela ne sert à rien, à part nous emmener tous un peu plus au fond du trou. »

Peut-être qu'il n'aurait pas dû intervenir, qu'il aurait dû s'occuper de ses affaires. Non, Noah ne pouvait pas décidément laisser ces gens s'en prendre gratuitement à Elijah. Cet homme avait accueilli des gens aux passés trouble pour les faire travailler ensemble pour un intérêt commun, il avait établi une grosse communauté ici. L'ancien leader avait aidé bien nombre de personnes qui étaient présentes ici autour de lui, Noah le premier. Maintenant, c'était à lui qu'ils s'en prenaient et cela fit sourire l'ancien chef de la sécurité. Il le savait déjà qu'il était à blâmer, qu'il était responsable. Il ne parla pas, tentant de garder un calme absolu mais ce n'était pas facile. Au moment où il comptait réagir, Mina l'en empêcha. Et, Noah fut quelque peu surpris de la prise de position de la jeune femme. Il s'attendait à en prendre plein la gueule, mais ce fut tout le contraire.  « Je sais que j'ai une grosse part de responsabilités ! Je le sais et j'ai été puni pour ça.  », il baissa la tête. Mina savait également la conséquence de cette déchéance, il n'avait plus accès à l'infirmerie. Ses mains commençaient à trembler, il commençait à ressentir un léger manque.

Qu'ils s'en prennent à Elijah passait encore, mais à Noah, fallait pas abuser non plus. Lola était tout simplement outrée et s'apprêta à ouvrir la bouche quand elle fut interrompu par Mina qu'elle n'aurait jamais imaginer capable de l'ouvrir devant tous ces gens. Comme quoi parfois certaines choses vous font réagir et surprennent les autres autour de vous. Ce fut ensuite Noah qui se blâma lui même, non mais il allait pas bien lui ? il n'allait quand même pas leur donner le bâton pour se faire battre. Alors Lola se rapprocha de son frère et dit simplement sans chercher à savoir si on allait la juger ou pas pour avoir osé ouvrir sa bouche et défendre son frère, du moins exprimer ses opinions, parce que oui, elle avait le droit de s'exprimer. "- C'est bien vous avez bien raison, continuez comme ça, a vous entredéchirer ! Pendant ce temps là les autres là, les vrais coupables, ils doivent bien rigoler.  Vous êtes une belle bande de lâches, vous me faite honte !!" Lola avait un peu élevé la voix parce qu'elle était hors d'elle, les voir réagir comme ça alors qu'il aurait fallu mener un assaut contre les assaillants, leur apprendre la vie, leur montrer que ce qu'ils avaient fait à Olympia ne pouvait pas rester impunis. Ils avaient tué bien trop de gens, fait du mal à beaucoup trop de personnes, c'était trop facile de s'en prendre à Noah ou même à Elijah. Lola posa tout simplement sa main sur l'avant bras de son frère, comme preuve de solidarité dans cette histoire et puis si jamais il leur venait à l'idée de s'en prendre à Noah physiquement peu être que sa présence les calmerait.

Spoiler:

Tout avait changé en l’espace d'une nuit. Olympia n’était plus que ruines, peur et colère libérées. Elijah avait démissionné, remplacé aussitôt par Peyton et le nouveau conseil. Restait à savoir ce que nous allions faire de l’ancien leader d’Olympia, pour ma part je n’avais de réel avis. Je comprenais ceux qui voulaient le voir partir car malgré son envie de bien faire, il avait maintenu les œillères des habitants pendant trop longtemps, dans le but de les protéger bien sûr, leur épargner la peur constante de se faire attaquer, mais le résultat avait été catastrophique. Incapable de nous défendre, pris par surprise lors d’une soirée qui n’avait à mes yeux ni queue ni tête dans l’apocalypse où nous vivions, beaucoup étaient morts sous les coups des jackals. Quant à moi, je m’en étais plutôt bien sortie au final. Je ressortais de cette tuerie avec juste un peu plus de sang sur les mains et le bras gauche cassé par l’un de nos attaquants, qui me l’avaient retourné pour faire bonne mesure après avoir découvert que j’avais tué l’un des leurs. Heureusement, ils ne m’avaient pas jugé avant que nos secours arrivent.

Partie vers le centre de la ville, je tombe par hasard sur Elijah et le petit groupe qui le suit. J’écoute, attentive, leurs accusations mais aussi les arguments de certains de ses défenseurs. La remarque d’une olympienne particulièrement me faire sourire, un sourire amer. L’esprit d’Olympia. A part agrandir notre réserve d’œuvre d’art, il fallait voir où il nous avait amené cet esprit ! C’est le moment que choisi Noah pour intervenir et bien mal lui en pris puisqu’en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tous se retournèrent contre lui tandis que rapidement, Elijah parti, écarté par l’un de partisans. Mais l’assemblée en colère avait besoin de trouver un responsable pour se défouler. Surprise, j’observai la si discrète Elanor prendre la parole pour faire entendre sa voix, suivi des autres. Il me titillait aussi de prendre part à ce débat – si on pouvait l'appeler ainsi – car j’avais toujours respecté Noah. On avait beau dire, j’étais persuadé que les jackals auraient réussi à  entrer dans l’enceinte de la ville même si la sécurité avait été renforcée. Le ton haineux d’Arte me glaça le sang. Les faux-semblants avaient fini par disparaître, fini les conversations pacifiques.

Elijah est éloigné par l’un de ses partisans, et Iris se détend, légèrement. Quelques secondes. Ses épaules s’affaissent ; elle n’a plus besoin de se tenir droite comme un i. Elle n’est qu’infirmière, après tout : elle n’a pas l’étoffe d’un guerrier, ou la carrure d’une battante. Sa force en mentale plus que physique, et elle sait qu’elle peut compter sur ses réflexes et sa rapidité si jamais l’un de ses camarades en colère avait décidé de s’en prendre à elle pour la sortir du chemin de l’ancien maire. Elle sourit à l’intervention d’Elanor, avant de se figer à l’intervention d’Arte, et au type qui se rue sur Noah. Iris plaque une main sur sa bouche sous le coup de surprise, faisant un pas en avant sous le coup du réflexe. Ses yeux passaient du gars à Arte, à Noah, et pince les lèvres en restant près de Bass. Par réflexe, parce qu’elle savait qu’il était avec elle ou, du moins, qu’il ne s’en prendrait pas à elle s’il était contre, pare qu’il n’était pas encore totalement rétabli : « Mais ce n’est pas en la donnant sois-même ni en se vengeant de manière individuelle qu’on va avoir de la justice ! On ne vaut pas mieux que ces connards de Jackals si on commence à vouloir rendre justice chacun de son côté. »

Un semblant de calme semble finalement être tombé sur Olympia. Du moins, sur leur regroupement d’hommes et de femmes en colère, excités, blasés, tout ce que vous voulez… L’union qui faisait autrefois leur force (ou qui leur permettait au moins de vivre dans une communauté plus ou moins soudée, et plus ou moins comme on aurait pu vivre avant. Avec les moyens du bord.) semblait désormais perdue, appartenir au passé. Il était triste de voir ça, même si elle pouvait comprendre leur rancœur. Elle avait assez pris sur elle et avait une force mentale qui lui permettait de faire comme si tout allait bien, mais les blessures étaient toujours là, toujours brûlantes à l’intérieur comme à l’extérieur.

Le rire qui éclata soudain au milieu de leur groupe manqua de la faire sursauter. Il n’y avait rien d’agressif dans ce rire, pourtant. Il semblait tout à fait normal, tout à fait hilare et… Tout à fait déplacé. Les sourcils d’Iris se froncèrent imperceptiblement et, tandis que Bass entraînait Arte plus loin, ce fut Mina qui éleva la voix. Iris s’approcha de cette dernière, posant délicatement sa main sur son épaule, avant de lui offrir un léger sourire en hochant la tête. Mina avait raison, évidemment. « Peut-être pourrons-nous nous accorder ça quand nous aurons terminé de nous occuper de toutes les réparations qu’il y a faire, et de tous les blessés qu’il y a encore à panser. Je ne pense pas qu’on soit encore tous prêt à aller boire du champagne, surtout en ce moment… »