suite intrigue 1er novembre (archer/billie)

Suite de l'event : 1er novembre

Les poings serrés, elle tremble légèrement sous le coup de la colère qui ne redescend pas. Son arme à feu pend le long de sa jambe, la gâchette la démange. L’adrénaline pulse dans ses veines tandis qu’elle rejoint le petit Diggs vers ses chiens. Oh elle aurait aimé fermer le clapet des hommes restaient derrière, elle aurait aimé les renvoyer chez eux sans un os à grignoter et mener la révolte. Mais elle sait rester à sa place, soldat aux ordres d’un plus grand bien. Pas le choix. Elle met donc à profit son retrait pour bavarder avec Archer d’un point sensible qui la turlupine depuis la veille. Nuit agitée, la tête pleines de questions, elle doit savoir. « Je ne sais pas pourquoi ton père s’obstine à te traiter comme un enfant. » Enfin si elle le sait bien. Au fond, Archer n’est qu’un enfant. Un enfant qui n’a pas eu la chance de grandir comme les autres, comme eux. Un enfant devenu un homme du jour au lendemain. Elle voudrait traiter Archer comme un petit garçon mais ne peut s’y résoudre, consciente que cela ne l’aidera pas dans ce nouveau monde. Consciente qu’il est capable de beaucoup et que son potentiel est, peut-être, gâché. Elle regarde les chiens devenir fou à leur approche, glapissant, aboyant de plus en plus fort, tout excité sans savoir vraiment pourquoi. Elle jette un œil alentour, s’assure qu’ils sont seuls, qu’aucune oreille indiscrète ne risque de les prendre sur le fait. « J’ai parlé avec ta sœur hier. Elle m’a dis des drôles de trucs… » Elle observe ses réactions, croise les bras, le regard à demi accusateur.

Pas besoin d'être excellent en relations humaines pour réaliser que Billie est à deux doigts d'exploser. Sur ses gardes, Archer la regarde s'approcher, pas certain d'être prêt pour ce qui va lui tomber dessus. « Je ne sais pas pourquoi ton père s’obstine à te traiter comme un enfant. » Surpris, Archer ne sait pas vraiment quoi répondre à ça... Il laisse s'échapper un rire nerveux et passe une main dans ses cheveux, mal à l'aise. Ils sont arrivés au chenil et les chiens sont déjà en train de japper à la vue de leur dresseur. « On s'calme les gars, sinon je vais filer vos rations aux ch'vaux des Crimsons. » Les chiens ne comprennent pas évidemment, mais quand Archer leur lance un « Assit! » sec, ils obéissent, attendant patiemment d'être nourris. « Je crois qu'il veut me protéger... » Répond finalement Archer sans regarder Billie. Il attrape un seau rempli d’épluchures et de carcasses de lapins et commence à en lancer aux chiens. « Enfin, je suppose. » Billie ne semble pas convaincue, mais elle ne l'embête pas plus à ce sujet. Elle préfère passer à la vitesse supérieure. « J’ai parlé avec ta sœur hier. Elle m’a dis des drôles de trucs… » Archer se fige l'espace d'un instant et lève un sourcil. Quelles conneries a bien pu raconter Ari encore... La boule au ventre, il demande d'un ton amusé « Ah oui ? Elle était bien bourrée hier soir ! ».

Elle ne cherche pas plus loin. Aaren n’est pas la raison de cette conversation. Il n’est qu’une excuse, un prétexte. Elle l’observe avec ses chiens, observe cette capacité qu’il a à se faire obéir. Pas un mauvais gars. Il n’est simplement pas à sa place ici et ça lui crève le cœur. Elle le voit se figer, cacher avec difficulté son trouble. Elle a mis le doigt sur quelque chose et ne va rien lâcher. Les bras croisés, elle le toise, presque certaine qu’elle peut le faire craquer avec son regard. « Peut-être mais ça n’empêche que la vérité se délie toujours dans ces moments là. » Elle y avait pensé toute la nuit, avait à peine dormi.  Il continue son petit manège, s’occupe de ses chiens. Une routine bien rôdée. Il évite de la regarder, ne préfère sans doute pas savoir quelle genre de choses sa sœur à révélé. « Elle m’a parlé de toi… et de ton père. » Elle aimerait qu’il lui parler, qu’il lui dise la vérité. Mais il ne le fera pas. Elle le sait. Il n’a peut-être que 17 ans mais il a plus de maturité que ça, plus de logique. Il n’avouera pas. Pas tant qu’elle ne lui aura clairement dit les choses. Pas tant qu’il aura une échappatoire. « Elle est remonté loin dans votre relation. Il y a deux ans pour être exact… »

Pas aussi concentré sur ses chiens qu'il en a l'air, Archer écoute Billie. Il sent les épines glacées de la panique se propager dans ses veines, mais il reste impassible, il ne dit rien. Rien jusqu'à que Billie mentionne cette fameuse époque, celle où tout à changé, il y a deux ans. « Tu veux dire, quand Anita nous a gentiment renvoyés de la Mine pour avoir protégé Ari ? » Il demande acerbe, en roulant des yeux. Pas la peine de tourner autour du pot. Éviter le sujet du bannissement ne ferait qu'éveiller les soupçons de Billie. Et c'est sans doute de ça dont elle veut parler. Tout le monde sait ce qui s'est passé il y a deux ans. Enfin, tout le monde pense savoir. Évidemment, Archer, lui, n'a pas été banni. Il s'est contenté de suivre son père, quelques mois plus tard, mais c'était tout comme. Il doute qu'on le laisse revenir à la Mine maintenant qu'il était devenu si impliqué dans la vie de la Carrière de toute façon. Et puis il n'en a pas envie. Archer a suivi son père pour l'aider d'une part, l'aider à se refaire un empire et puis aussi parce qu'il le méritait. Archer ne supportait pas de voir Aaren dans le bidonville alors que tout était de sa faute. Il lui devait bien ça.
Archer saute par-dessus l'enclos et s'accroupis devant un chien aux airs d'épagneul : Kasper, son second favori. Consciencieux, il lui ouvre la gueule pour vérifier ses dents, puis inspecte ses oreilles. Le chien de bouge pas, il tire la langue et attends qu'Archer en ai fini avec lui. Quand il est assuré que tout va bien chez Kasper, Archer lui caresse le haut du crâne et se relève. Il se tourne vers Billie. « Et donc, qu'est-ce qu'elle t'a dit ? » Il attends qu'un autre chien passe à côté de lui et continue son inspection.

Elle ne peut plus continuer à tourner autour du pot, à attendre qu’il daigner lui révéler un petit quelque chose. De toute évidence, Archer souhaite éviter la confrontation et préfère continuer à s’occuper de ses chiens. Elle l’observe en silence, sans même réfléchir à ce qu’elle va dire ensuite, à commencer aborder la chose. « Précisément oui. » La situation lui échappe complètement. Sur le coup, elle s’était dit que l’alcool parlait à la place d’Ari. Tout ça n’avait aucun sens. La jeune femme délirait. Et puis l’idée avait fait son chemin. Elle y avait pensé, avait passé la nuit à retourner la situation dans sa tête jusqu’à en tirer des conclusions logiques. Logiques mais affreuses. Des conclusions qui lui retournaient l’estomac. Si ce qu’Ari avait à moitié dit s’avérait être vrai… Un tas de choses allaient changer. A commencer par sa relation avec mini Diggs et Diggs senior. « Que le tueur de son agresseur n’est pas celui qu’on aimerait croire. » Elle lâche sa bombe sans sommation, d’un ton neutre, froide comme la neige. Elle ne joue plus à la protectrice bienveillante. Fini les gentillesses et les attention particulières. Elle s'abaisse au plus bas niveau, se déteste de faire ça. Pas le choix. Elle joue avec de nouvelles cartes, entre dans un cercle vicieux où les joueurs n'ont aucun regret, aucune morale. Le corps tendu, le regard perçant; elle cherche à capter celui d’Archer qui la fuit. La balle est dans son camp.

Le corps tout entier d'Archer est en alerte. Il a du mal à avaler sa salive et sa respiration est légèrement perturbée. Bref, il souffre des effets secondaires du stress et de l’appréhension. Quand la bombe tombe enfin, les sirènes se mettent à sonner, mais c'est presque comme un soulagement. Au moins, il sait à présent de quoi ils sont en train de parler. Un choix s'offre à lui : sauver les apparences, sauver son nom ou l’honnêteté. Et retrouver peut-être en chemin, cette vieille amitié qu'il a un jour partagée avec Billie. Le choix n'est pas si difficile. Il fait le même depuis deux ans. Pardon Billie. Il pouffe, se relève et se tourne vers la Mineuse, les sourcils levés avec amusement. « Ah Ari... Toujours la première pour lancer une théorie du complot ! » Ce n'est pas un mensonge. Ce n'est juste pas une réponse. C'est peut-être horrible, ça fait peut-être de lui un monstre, mais Archer n'a jamais regretté son geste. À ses yeux, Boris s'est tué lui-même le jour où il a décidé de s'en prendre à Ari. Il aurait même mérité bien pire que ce qu'il a eu et s'il y a un enfer, Archer espère de tout son cœur qu'il y passe un séjour prolongé. Billie ne semble pas très amusée. Elle le toise et ses yeux le mettent affreusement mal à l'aise. Archer fausse la perplexité et se gratte le haut du crâne. « Et tu l'as crue ? » S'il tient assez longtemps dans son mensonge, peut-être que Billie le laissera tranquille et oubliera cette histoire. Il a le droit d'espérer en tout cas.

Le potentiel de déni dans cet adolescent était énorme. Il fallait bien le reconnaitre. Pas dupe, certaine de ses calculs et de la vérité à peine cachée que la petite Ari lui a dévoilé, elle ne se laisse pas démonter par son air amusé, presque détendu. Petit effronté, il lui ment en toute élégance, évitant avec soin la question, éludant les réponses. Archer en a dans la tête et elle demeure persuadée que son potentiel est gâché ici à la carrière. « C’est ce que je me suis dis aussi. Et puis… » Elle sourit, pourtant pas amusée pour un sous, elle entre dans son jeu, redeviendrait presque l’amie d’antan. « J’ai réfléchis. » Elle ne lâche rien, surtout pas le jeune homme qu’elle tient de son regard. Elle consent à le libérer un bref instant, juste assez pour s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne puisse les surprendre. Fini de jouer. Elle tire un trait sur les mensonges, révèle son jeu, cartes sur table. « C’était toi Archer. Toi qui a pressé la détente. » La voix douce, presque celle d’une mère compréhensive qui ne peut se résoudre à corriger son enfant d’une punition pourtant méritée. « Tu protégeais ta sœur. Je comprends. » Elle le sait mieux que quiconque. Par amour, on est prêt à tout.

Archer sent l'étau se resserrer sur lui. Billie est plus intelligente que ça et elle voit certainement à travers ce masque d'adolescent détendu et presque condescendant qu'il essaye d'afficher. Magnus vient s'asseoir à côté de lui, comme s'il cherchait à rassurer son maître, comme s'il percevait la tension qui règne dans le chenil. « C’était toi Archer. Toi qui as pressé la détente. » Il déglutit. Il ne peut pas l'empêcher, son regard tombe sur le sol et ne se relève plus. Il sait que c'est à cet instant qu'il se trahit. Que même s'il ne lui dit pas avec des mots, son corps tout entier est en train de crier à Billie qu'elle a raison. Mais il ne peut pas se résoudre à la regarder. L'expression dans ses yeux le trahirait tout autant de toute façon. Je comprends. Comme si elle pouvait y comprendre quoi que ce soit. Archer lui-même ne se souvient pas de ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Il pouffe encore une fois, mais il n'y a plus rien d'amusé dans son attitude. Juste de la confusion, des remords peut-être et surtout de la colère. Il force un sourire et plaisante. « J'ai pas pressé la détente en fait... » Il jette un regard furtif à Billie qui le fixe avant le retourner à la contemplation de ses chaussures. « J’avais que mon opinel sur moi. » En disant ces mots, Archer est soudainement très conscient de la présence de ce même opinel dans sa chaussure et détourne le regard. Mal à l'aise. Il tourne le dos à Billie et prend la direction du préau où sont couchés quelques chiens qu'il n'a pas encore inspectés. Archer a besoin d'occuper ses mains, faute de pouvoir occuper sa tête. Il voudrait échapper au regard de Billie, mais elle est déjà en train de le suive. Elle n'en a pas terminé avec lui.

Une ombre de déception passe sur son regard tandis qu’Archer la fuit. Ses espoirs désormais anéantis, la vérité éclate et lui brise le cœur. Elle comprend le geste, vraiment, sincèrement. Mais ne peut s’empêcher d’être attristée par tous ces mensonges et par le simple fait qu’un si jeune garçon a dû affronter cette situation. Le monde a définitivement changé. Et malgré le malaise évident, Archer parvient encore à blaguer, à détendre l’atmosphère. Presque. Elle secoue doucement la tête, ferme les yeux un instant, inspire profondément. Elle a un choix à faire désormais et les pensées qui l’envahissent ne lui plaisent pas, lui donne le mal de mer. « Peu importe. Ca ne change rien à ce que tu as fait. » Elle ne lâche rien, a déjà pris sa décision sur la suite des événements. C’est horrible, c’est déloyal et ça ne lui ressemble pas. La fin justifie les moyens. S’il faut s’abaisser au chantage pour préserver Archer, elle le fera. Et tant pis pour son âme et sa conscience. Archer s’éloigne, essaie sans doute de mettre un peu de distance entre eux. Rien n’y fera, elle le suit, ne le lâche pas d’une semelle, presque comme ses chiens qu’il aime tant. « Ton père t’as trouvé tout de suite après ? » Elle cherche à le faire parler, à lui rappeler ce terrible moment. Si elle peut faire pression sur lui, peut-être pourra-t-elle faire changer Diggs senior.