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 you'd better run faster than my bullet {mallie

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MessageSujet: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptyDim 1 Jan - 21:25

indiana & mallory
« BETTER RUN, FASTER THAN MY BULLET


Inspirer, expirer, avancer un pas devant l'autre.
Le réveil est difficile, le retour à la réalité l'est encore plus. On s'habitue vite au confort d'un matelas et d'une couverture, recommencer à dormir sur de vieilles planches est un coup à prendre. Le silence a quelque chose d'agréablement sinistre, un rappel tonitruant que tu es seul. Par défaut, par choix, parce que c'est mieux pour les autres et surtout pour toi. Tes membres engourdis, ton dos un peu raide - ça te rappelle que tu es bien vivant, que tu es dehors (libre).

Les derniers jours ont été éprouvants. Ce goût d'abandon sur les lèvres, ce relent de culpabilité qui te prend la gorge, quitter la communauté sans un regard en arrière et effacer tes traces. Ils viendront pas me chercher, tu essayes de te rassurer car faire face à tes responsabilités et assumer ne sont clairement pas des choses pour lesquelles tu as signé. Peut-être qu'ils te croiront mort, quoique t'es pas de la viande bonne à crever toi (mais tu sais c'est ce qu'on dit tous avant de passer de l'autre côté). Et la seule chose dont t'es sûr, c'est que tu sais pas où tu vas ; tu te sens pas prêt à rejoindre un nouveau camp, pas tout de suite.

Allongé mains jointes derrière le crâne, t'attends juste que le soleil se lève pour quitter ta planque de la nuit. T'aimes pas vraiment sortir la nuit, si ça te permet d'éviter les humains les morts eux s'en donnent à coeur joie. Sac sur l'épaule, agrippé à ton pied de biche, tu rassembles tout pour que personne ne se doute que tu étais là
(indie ne deviendrais-tu pas un peu parano ?)
rien ne reste au pied de l'arbre que tu t'es approprié. Tout est prêt et tu sors prudemment, on ne sait jamais. Tu t'es consciencieusement enroulé dans ton écharpe, t'as beau avoir un grain t'es pas complètement fou : une pneumonie à cette période c'est la mort assurée. Alors tu avances, tu t'engouffres un peu plus au coeur de la forêt de Pedernales Falls, sans être sûr d'en voir un jour le bout. Tu t'es mis en tête de longer une rivière un peu en contre-bas, de manière à être moins visible ; tu te sens déjà plus serein que quand tu étais dans la partie carbonisée.

Seulement tu réalises que tu n'es pas seul ici. T'entends quelque chose, sans savoir si c'est le vent qui te joue des tours ou si tu es accompagné. C'est peut-être même seulement dans ta tête Indie. Tu t'arrêtes et tu es persuadé d'entendre encore un craquement dans ton dos. Tu pivotes légèrement, resserrant ton emprise autour de ton pied de biche, et quitte à passer pour un fou à parler seul ta voix s'élève : "Je déconseille d'essayer de me surprendre" tu avertis assuré, si chacun rebrousse chemin ça pourrait bien se terminer.
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MessageSujet: Re: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptyLun 2 Jan - 5:11

indiana & mallory
« better run, outrun my gun

Le Soleil se lève à peine et déjà elle est debout. Elle guette, emmitouflée de la tête aux pieds. C’est la lumière de la Lune qui l’a guidée jusque là, illuminant parfois d’une lumière laiteuse le sol traître de la forêt. C’est dangereux, ce qu’elle fait. Parfois, il suffit de se dépêcher pour éviter les rôdeurs, mais en terrain couvert il est facile de ne pas les voir, ou de confondre les formes tapies dans l’ombre –combien de fois elle a failli se faire attraper par un tronc d’arbre ?

Elle avance entre les arbres, vigilante, en tentant de se convaincre que ça en vaut la peine. C'est que, récemment, elle a vu un fantôme. Un fantôme en chair et en os. Elle l'a aperçu par hasard, d'un peu trop loin pour deviner réellement les traits de son visage. Mais la faim la tiraillait, et le désespoir menaçait de la faire flancher (après tout, ça fait un an qu'elle ne les a pas revus) alors elle a dévié de sa course, sans même marquer l'emplacement sur sa carte. Elle l'a suivi, de loin, longtemps. Et puis elle a perdu sa trace après avoir évité un groupuscule de rôdeurs.

Les rayons percent entre les arbres et illuminent les dernières fleurs sauvages. Mallory est fatiguée, ses yeux cernés témoignent des longues heures sans dormir, essayant un peu au hasard de retrouver celui qui lui a filé entre les doigts sans même savoir qu'il était poursuivi. Elle n'abandonne pourtant pas: c'est ce mince espoir de le retrouver qui lui permet de tenir debout, de mettre un pied devant l'autre. Si c'est lui, alors elle pourra se venger. Les venger. Elle pourra l'accuser de tout, déverser sa colère, sa peine, ses inquiétudes. Et la traque lui permet de se concentrer sur autre chose que sa propre solitude.

Et puis elle finit par le retrouver Mallory, elle jubile. Après plusieurs heures, il est là, à quelques mètres. Elle en est persuadée, c'est lui. Et elle fait un large demi-cercle pour pouvoir s'en assurer, le voir de dos c'est bien mais faut qu'elle s'approche, qu'elle contemple le visage du traître. Mais dans sa hâte, elle gâche tout: une branche cède sous son poids et produit un craquement sourd. Mallory fige. « Je te déconseille d'essayer de me surprendre », qu'il dit. Elle envisage ses options. Ses doigts maigres enserrent le manche de sa machette, accrochée à sa cuisse par un holster de fortune. Dans un sifflement imperceptible pour qui n'est pas directement à ses côtés, la lame quitte le fourreau, étincelle au soleil. Il est de trois-quarts, maintenant. Toujours trop loin, elle n'arrive à voir ni ses mains, ni ce qu'il porte à la ceinture. Dans ses souvenirs, il avait un flingue, mais en un an beaucoup de choses ont le temps de changer et peut-être que sa chance à lui aussi a tourné. Quoi qu'il en soit, Mallory se retrouve dans une impasse: s'il ne sait pas forcément qui elle est ni où elle est, il sera assurément bien plus méfiant et le suivre sera encore plus problématique, dorénavant.

Tant pis.

Elle s'avance sans précautions, ses bottes usées soulevant les feuilles, faisant craquer les petites branches au sol. Les mains bien visibles, bien que la droite soit toujours occupée par la machette, elle descend la légère pente sans faire de mouvement brusque. Faudrait pas qu'il panique et qu'il se mette à tirer partout, ce serait gênant. « T'affoles pas, Indie. Si j'avais voulu partir avec tes affaires, je l'aurais fait cette nuit. » C'est un mensonge, mais ça, elle est la seule à le savoir.
   
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MessageSujet: Re: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptyLun 2 Jan - 22:10

indiana & mallory
« BETTER RUN, FASTER THAN MY BULLET


D’abord, pas de réponse, tu en croirais presque que tu as déconné et que tu t’es fait un film. Puis des pas qui s’approchent, de la démarche de la personne qui se sait repérée, tu avais vu juste tu n’es pas seul ici. En léger contrebas tu te sens démuni mais tu te tiens droit comme jamais, comme une manière de dire que tu ne courberas pas l’échine. Aux aguets, la silhouette apparaît et bientôt c’est au visage de se dévoiler.
Oh.
Oh comme le « o » que tes lèvres forment, Oh comme le « o » que tes yeux dessinent. Complètement trahi par ton expression, décidément très surpris par ce que tu constates tu ne penses même pas à dissimuler ton étonnement. Mallory. Merde, Indie, si tu t’étais imaginé recroisé son chemin. Un peu lâchement tu espérais que sa famille et elle étaient morts quelque part, de quoi t’éviter bien des problèmes. Mais Mallory elle est là et elle se tient bien devant toi, l’assurance et la dureté dans les yeux, cette attitude qui crie à qui veut bien le voir si je dois t’emmener quelque part ce sera seulement en enfer. Déjà au lycée tu sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond chez cette fille, tellement détachée et distante qu’on aurait pu croire que son esprit n’était jamais tout à fait avec son corps. La dernière fois que tu l’as croisée (c’était il y a quoi ? déjà un an ?) elle s’en sortait pas si mal, avec le restant des Cox.

Et entre temps tu leur as dérobé tout ce que tu pouvais porter dans ton sac, et tu es revenu à Olympia les bras chargés de ravitailles. De quoi jouer les héros en somme. Depuis, aucune nouvelle : tu t’es bien gardé de te faire remarquer les jours suivants, et au bout d’un moment tu t’es dit que tout s’était bien goupillé.

Ouaip, il y a probablement de quoi être énervée. Ton regard se dérobe jusqu’à sa main dans laquelle se trouve une machette, glisse jusqu’à ses yeux trop clairs trop froids. Ses mots viennent se loger là où ça fait mal, là où la paranoïa sommeille. Ca cogite, ça s’agite, foutu rat en cage qui vient ronger les barreaux ; est-ce que t’étais suivi depuis tout ce temps ? Est-ce que ça aurait aussi simple que venir t’égorger pendant ton sommeil, t’es une proie si évidente que ça Indie ? Merde, réfléchis vite.
"Pourquoi tu l’as pas fait ? " (pourquoi tu m’as pas tué ?) "C’était sûrement mérité. Et ça t’aurait évité les joies d’une chasse à l’homme, sauf si c’est ça que te fait triper" tu commentes, rictus pas vraiment serein aux lèvres, "qu’est-ce que tu veux Mallory ?" tu lui aurais bien proposé quelques vivres mais tu sens que si tu lui tournes le dos t'auras une lame plantée dans la seconde. Tu ne bouges pas d’un pouce, sans la moindre idée de ce à quoi t’attendre. D’ailleurs, ce que tu en sais, elle pourrait très bien ne pas être seule ; et autant dans un duel, tu peux avoir tes chances, mais quatre contre un ? ça se complique. Peut-être que les Cox sont planqués derrière les arbres, peut-être qu’ils attendent sagement que Mallory ramène la tête du sale gosse qui les a escroqués.
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MessageSujet: Re: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptyVen 6 Jan - 22:30

indiana & mallory
« better run, outrun my gun

Elle savoure l’expression de surprise sur son visage. Tu t’attendais pas à me revoir, hein, Indie ? La vérité c’est qu’elle ne pensait jamais le revoir non plus. Comment peut-elle le rencontrer tout à fait par hasard, alors qu’elle cherche sa famille sans relâche depuis un an ? La réponse qui s’impose à son esprit est beaucoup trop rationnelle –et horrible- pour qu’elle s’y attarde. Ils ne sont pas morts. Ils sont juste quelque part, ailleurs, à sa recherche, toujours en mouvement. Et c’est pour cette raison qu’ils se croisent sans se voir, et un jour ils se retrouveront au même endroit au même moment.

Faut qu’elle y croie.

Et puis en attendant elle vient d’attraper un beau poisson, la bouche ouverte et les yeux ronds. Indiana, il les a dépouillés de tous leurs vivres alors que Mallory avait insisté auprès de ses parents pour qu’il fasse un bout de chemin avec eux. Elle s’en souvenait, du gamin torturé, malmené par les autres. Évidemment à cette époque elle ne lui avait jamais tendu la main; elle prêtait très peu d’attention aux autres. (Mais suffisamment pour être en mesure de le reconnaître, malgré le poids perdu.) Elle aurait dû y penser, se méfier. Dans le monde du chacun pour soi, les Cox s’étaient très bien débrouillés et voilà : sortie de nulle part, une idée d’altruisme pour confirmer la thèse selon laquelle tous les humains sont des pourris.  Et elle a même pas eu besoin de chercher loin.

Les feuilles craquent et s’envolent. Indiana ne la quitte pas des yeux et franchement, Mallory est contente de son effet. Et puis elle sourit, le genre de sourire aimablement plastique, celui qu'on sert à ceux qui nous horripilent. Peut-être que le karma, c’est pas juste de laisser aller les choses en attendant que l’univers s’en occupe. Peut-être que c’est juste de remettre, comme ça, quelqu’un qui vous a causé du tord sur votre chemin. Pour pouvoir, enfin, lui régler son compte comme il se doit. Ce qu'elle a, en toute honnêteté, bien l'intention de faire. À commencer par semer le doute dans son esprit. Peut-être qu'elle aurait pu le buter, ou peut-être pas. Qui sait. 

Il est nerveux, ça se voit. Les questions affluent et elle ne se donne pas la peine de répondre. La chasse à l'homme ? C'est pas trop son genre, sauf là. Elle veut qu'il sache qu'elle est bien là et qu'elle a pas oublié, qu'il perd rien pour attendre. Et elle s'en cache même pas, si elle pouvait elle règlerait son cas ici et maintenant, mais y'a encore trop de variables inconnues pour qu'elle passe à l'action.

« Je veux que tu saches, quand je vais partir avec tout ça », elle le désigne tout entier du bout de sa machette, « que c’est moi. » Et que c'est bien fait pour ta gueule, surtout.

Pour un peu elle se croirait en plein Western, les deux protagonistes qui se regardent en chien de faïence, et c'est à celui qui va tirer en premier. La machette brille toujours au soleil, Indiana est toujours immobile. Et c'est Mallory qui brise la tension, qui remets l'arme dans le fourreau, lève les mains en guise de reddition. « Tu peux avoir l'esprit tranquille -pour le moment. Je préfère faire ça en douce, quand tu t'y attendras pas. » Pour bien te rendre la monnaie de ta pièce, connard.


   
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MessageSujet: Re: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptySam 7 Jan - 23:03

indiana & mallory
« BETTER RUN, FASTER THAN MY BULLET


Ton esprit commence à s'échauffer, ton coeur bat à tout rompre dans ton torse et tes tempes, ça vient te gratter le cerveau en menaçant de tout péter sur le passage. Si tu commences à laisser filer ton esprit tu sais que tu es terminé. T'en as rencontré des vicieux, de ceux qui dévastent tout sur leur passage, de ceux qui sèment le chaos partout où ils passent. Des personnes sans foi ni loi, qui tuent qui volent qui violent, t'en as croisé des tas et t'es heureux de dire que t'as pu en bousiller quelques uns sur le chemin. Mais des tordus comme l'élancée qui te toise là ? Ca c'est un spécimen tout neuf, tout droit sorti de l'enfer. Car ça - cette manière de jouer avec la nourriture, et Indie tu détestes ta façon de te sentir souris contre chat à cet instant précis - c'est tordu.

Le chaos lui va si bien.

Elle est reine de rien, maître de ton destin. Et t'as cette impression d'être observé, cet instinct trompé qui t'affirme que le restant de sa famille est là dans ces bois, les yeux et le viseur rivés sur toi. Ton regard dérive vers le coin opposé à Mallory : et si tu t'enfuyais maintenant tout de suite, est-ce qu'elle te retrouverait ? Elle t'a retrouvé une fois, mais si vraiment tu courais à t'en étouffer ? Mille questions te traversent l'esprit mais pas la moindre réponse ne te vient. Tu fronces les sourcils lorsque sa machette te dessine, tu n'oses même pas imaginer combien de fois elle a imaginé ce scénario - quand la faim leur tiraillait le bide, quand le froid leur brûlait les doigts,
(tu t'es jamais dit que tu l'avais peut-être bien mérité ?)
quand les médicaments leur manquaient. Elle gravera peut-être ses initiales sur ton front.

Puis elle brise l'instant, machette suspendue, le reflet du soleil dans la lame qui t'aveugle et se fout de toi. Elle dit que tu peux être tranquille, pour le moment. Et tu relâches ton souffle, alors que tu ne t'étais même pas rendu compte que tu le retenais ; tu dégages une mèche de cheveux du bout de l'index et tentes de reprendre l'air le plus nonchalant possible. "Dangereux, risqué, et si j'étais toi je me tuerais maintenant ; ça me plaît bien comme plan." tu commentes comme si tu parlais du beau temps et pas de ton propre assassinat. Est-ce qu'elle le ferait Mallory, ôter la vie par précaution ? "Je dois avouer que je pensais pas te recroiser un jour. Je me doutais bien que j'allais être recherché un moment mais je me disais que vous finiriez par quitter l'Etat, trouver refuge ailleurs" et si tu arrives à cacher ta déception, la surprise se fait encore sentir. Tu décolles enfin tes pieds du sol, de quoi faire un simple pas en avant et tu mimes la rousse: tu glisses ton arme à ta ceinture, jouant un jeu particulier dont tu n'as pas encore saisi les règles.
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MessageSujet: Re: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptyMar 10 Jan - 3:13

indiana & mallory
« better run, outrun my gun

La Mallory qu’il a rencontrée n’aurait jamais fait une telle chose. La Mallory d’avant n’avait que peu d’intérêt pour la majorité des autres, mais ne souhaitait fondamentalement de mal à personne. Si ça n’avait pas mis sa propre tranquillité en jeu, elle se serait certainement portée au secours d’Indiana, au lycée.  Elle n’aurait jamais refusé son aide à quiconque non plus –si on la lui avait demandée. Mais la Mallory d’avant avait eu une vie confortable, une vie rangée (ennuyeuse) dans laquelle tout était acquis et aucun effort n’était demandé. On ne lui piquait pas ses affaires pour peu qu’elle y fasse attention; on n’attentait pas à sa vie sur une base régulière.

Mais la Mallory qui l’a rattrapé ne reconnaîtrait même pas celle qui se tient là, le dos droit, le regard froid. Celle qui le contemple avec des idées de vengeance, qui commence même, là, à la mettre en place. Elle veut qu’il soit sur ses gardes. Qu’il se méfie, de jour comme de nuit. Elle ne compte pas le blesser, pas l’éventrer. Ça ne serait pas un juste châtiment. Elle veut le planter là, en plein milieu de nulle part, avec ses fringues sur le dos et un couteau de poche. Et pourtant la rouquine n’est pas certaine de souhaiter sa mort –bien que c’est probablement ce qui l’attend s’il n’est pas aussi débrouillard qu’il le prétend. Et puis elle sourit, l’un de ces sourires carnassiers qui dévoilent les dents. « Ça te permet de vivre un peu plus longtemps, j’espère bien que ça te plaît. » Elle ne le tuerait pas de ses mains. D’abord, parce qu’elle préfère ne pas se salir les mains. Et surtout, parce qu’il faut être pragmatique : elle a beau être grande, aussi grande que lui, elle n’est pas certaine d’en sortir vainqueur. Alors à moins d'avoir l'avantage, elle ne s'y risquera pas.

Indiana s'explique, et Mallory ricane. « Tu pensais quand même pas que ce serait si simple. Si ? » Elle se rapproche encore, pas assez pour qu'il se sente agressé mais suffisamment pour qu'ils puissent se regarder bien en face, et non pas à plusieurs mètres d'un de l'autre. « C'était qu'une question de temps avant que le vent tourne. » Elle hausse les épaules d'un air négligent, glisse les mains dans ses poches.

« Alors, dis-moi » recommence-t-elle d'un ton badin, « comment ça se passe, pour toi ? C'est plutôt désert dans le coin, y'a pas grand monde à entuber. Ça doit pas être évident. » Elle espère qu'il a pas de copains planqués dans les arbustes, qu'elle l'a pas intercepté alors qu'il se rendait à un point de rencontre. Elle sait pas grand chose sur Indie, même quand il s'est joint à eux plus d'un an auparavant c'est à peine s'il a baragouiné quelques mots sur sa situation depuis le début de l'épidémie. « T'allais où, comme ça ? T'avais l'air pressé, j'espère que je te retarde pas trop... »
   
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MessageSujet: Re: you'd better run faster than my bullet {mallie   you'd better run faster than my bullet {mallie EmptyLun 16 Jan - 0:17

indiana & mallory
« BETTER RUN, FASTER THAN MY BULLET


ça se confirme, ton interlocutrice a soit une case en moins soit un grain. En ces temps-ci tu ne sais pas vraiment lequel est le plus dangereux, car dans tous les cas ça pue l'instabilité. Les versatiles, les lunatiques, ils ont tout intérêt à être dans un bon jour quand le jour est venu. Est-ce que t'es tombé sur la bonne journée Indie ? Aujourd'hui tu vis, demain tu meurs, tu te demandes si parfois ce n'est pas aussi simple que ça. Et savoir que la moindre rescapée qui croise ton chemin pourrait avoir ce pouvoir sur toi, ça ne te plaît pas beaucoup ; ça aurait finir autrement si elle s'était levée du mauvais pied, si elle avait à sa disposition un flingue chargé. Signer l'arrêt d'un trait de 9 mm, traçante traçant droit dans ton crâne. Alors tu hausses les épaules, moue sceptique aux lèvres, oui ça te plaît pour le moment ; tu diras sûrement pas la même chose quand elle aura changé d'avis.

Et quand elle te demande si c'est vraiment ce que tu imaginais, tu te sens assez inspiré pour faire un trait d'humour. "ben ça fait six ans que fuir mes problèmes est une stratégie qui paye, tu peux pas m'en vouloir de l'avoir espéré" et par problèmes tu entends les morts, les vivants et tout ce joyeux bordel. c'est binaire, maintenant, mort ou vivant l'équation est évidente. "karma's a bitch", tu concèdes sagement, quelques heureux souvenirs des débuts de l'épidémie
(tu vois que tu sais te rendre utile, gros con)
te revenant en tête.
singe savant, Indie tu mimes la grande rousse au regard froid et tu te détends (du moins en apparence, car en réalité tu calcules combien de temps il te faudrait pour sortir le colt de ton sac). "oh, tu sais, pas si mal. je survis, je m'enfuis, parfois je croise des gens qui me menacent de mort ; le quotidien quoi" tu réponds sur le même ton, comme si tu croisais une vieille connaissance amicale, et si tu exagérais un peu tu te dirais que la situation décrite ne détonne pas trop avec ton quotidien d'avant l'apocalypse. Tu essayes de faire taire cette foutue paranoïa qui t'empêche de réfléchir depuis tout à l'heure, tu essayes de comprendre ce qui est en train de se passer. Pour le moment tu ne piges rien à comment elle t'a retrouvé et ce qu'elle te veut, il n'y a que ton instinct qui te braille que tu es cerné, que tu pourras pas t'échapper.

T'allais où comme ça Indie, ben oui ? Là encore, tes neurones n'arrivent pas à s'activer pour deviner la bonne réponse. Si t'as un groupe, elle a tout intérêt à t'abattre maintenant et détaler ; si t'as personne... elle a tout intérêt à t'abattre maintenant et détaler.
Merde, dans tous les cas, tant que tu auras pas compris ce qu'elle cherche à obtenir de toi aucune réponse n'est bonne. Alors tu optes pour une semi vérité, bras croisés comme pour mieux te protéger. "J'étais dans un camp pas très loin d'ici. On s'est fait attaquer alors je suis parti dès que j'ai pu. Beaucoup y sont restés" et tu jettes un regard par dessus ton épaule, rapidement, comme si eux aussi t'avaient pris en chasse. Certes, l'histoire est incomplète: il manque quelques détails sur la taille du camp, le fait que tu y étais depuis deux ans, le siège, ta dernière escapade qui s'est fini par un abandon d'un équipier. "Du coup je me retrouve seul, comme à la belle époque. Aucune destination en vue, juste pressé de quitter le coin." sacrée époque, même.

Tu te détends, un peu. Juste de quoi relâcher la tension tant que ta vie n'est pas immédiatement menacée. "tu as l'air seule aussi", tu tentes en constatant que personne n'est venu en renforts, "t'es plus avec tes parents et ta soeur ?" et tu sais très bien qu'à cette époque "ne plus être" peut signifier plein de choses. peut-être même que tu tiens là ta porte de secours, te soufflent tes connasses de neurones, peut-être que tu peux tirer quoi qu'il se passe à ton avantage.
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