il est temps de se revoir (billie)

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Ses pas l'avaient mené jusqu'aux mines. Elle s'y trouvait, elle le lui avait dit et maintenant, il se sentait pousser des ailes. Elle était revenue, il avait toujours été là. Noah n'avait pas vraiment changé, elle avait totalement changée. Elle n'était plus celle qu'il avait connu dans le passé, ses années à l'armée et plus l'apocalypse avait transformé celle dont il était eperdumment amoureux. Malgré tout, son amour pour elle ne s'était jamais envolé et maintenant qu'il avait pu la revoir, Noah avait l'impression que cet amour s'intensifiait. Certes, il ne disait pas qu'il se remettrait avec elle. Après tout, elle était la personne qui lui avait fait le plus de mal, mais s'il pouvait la voir quelque fois, il ne se gênerait pas. Tant pis pour son pauvre petit coeur, il ne voulait plus perdre de temps. Sur la route d'Olympia jusqu'à la Mine Hamilton, les pensées du chef de la sécurité allait bon train. Se projeter dans l'avenir était impossible, ainsi il pensait à ce qu'il serait capable de faire pour défendre corps et âmes son nouvel logement.

Il soupira. Comment pouvait-il défendre des biens et des personnes quand il ne savait pas se défendre de lui-même ? Il s'était arrêté un moment pour manger quelques petits plats préparés. Il sortit alors de sa veste de motard quelques médicaments qu'il regarda longuement. Etait-ce une bonne idée d'en prendre maintenant alors qu'il allait voir Billie ? Elle avait toujours lu en lui comme dans un livre ouvert... Reprenant la route, il rumina ses pensées.

Ce fut en milieu d'après-midi qu'il aperçut l'entrée au campement. Heureusement pour lui, il n'avait croisé que très peu de rôdeurs sur la route et il avait eu une route facile. Il n'aurait pas voulu se présenter à Billie avec du sang sur ses vêtements. Alors qu'il s'approcha du campement, il se présenta rapidement à quelqu'un et demanda à voir Billie Trager. Heureusement, cette personne connaissait la jeune femme et il s'empressa d'aller la chercher. Noah pouvait se satisfaire des bonnes relations entre les mineurs et les Olympiens. Il s'assit sur un tronc d'arbre qui avait été arraché et attendit patiemment que Billie daigne se montrer.

Il sortit une flasque de sa poche pour boire quelques gorgées. Le liquide coula dans son gosier, le brûlant légèrement. Il tira une petite grimace avant de ranger la flasque à l'intérieur de sa veste. Mieux valait que Billie ne voit pas ça, il souffla dans sa main afin de sentir si son haleine avait une odeur d'alcool. Autant pour lui, il ne puait pas de la bouche. Ne sait-on jamais s'il venait à embrasser mademoiselle.

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(the world has changed, and none of us can go back. all we can do is our best, and sometimes, the best that we can do, is to start over.) « Peu importe ce que je dirai, tu vas t’entêter pas vrai ? » Anita lui adresse un sourire en coin avant de replonger dans sa lecture et ses pensées métaphysiques de chef suprême. Elle lève les yeux au ciel, soupir, exaspérée par ce manque d’écoute et quitte les lieux sans plus de cérémonie. Cette petite fête pour célébrer une soit disant nouvelle année, ne lui disait rien. Parce que rien de bon ne sortait jamais quand on mélangeait alcool et fin du monde. Anita avançait pourtant de bons arguments en mettant en avant le moral des troupes et le besoin de se serrer les coudes. Surtout après la terrible inondation qui aurait pu leur coûter cher. Ils s’en sortaient finalement bien et la vie à la mine reprenait son cours normale.

« Billie, quelqu’un pour toi à l’entrée du camp. » Elle fronce les sourcils, cherche au fond de sa mémoire si elle avait donné rendez-vous à quelqu’un aujourd’hui. Non, rien. Mystère. « Qui ça ? » Le jeune hausse les épaules, ajuste son fusil contre son bras. « Jsais pas moi. Je suis pas concierge. » Décidée à démêler cette histoire, elle se met en marche, réfléchis à qui pouvait demander à la voir. Ca ne pouvait pas être quelqu’un de la Mine, on serait venu la chercher directement sans intermédiaire. Quelqu’un de la Carrière ? Possible. Mais qui parmi ces chiens avaient envie de lui causer ? Et surtout pourquoi ? Ne restait que l’hypothèse de quelqu’un d’extérieur, quelqu’un des autres camps. Elle n’imaginait pas un Rhodes venir la trouver. Caden peut-être mais elle en doutait franchement. Et chez les Olympians il n’y avait qu’une seule personne susceptible de venir la trouver. Et cette hypothèse la troublait, venait chambouler sa tête. Éviter Noah était devenue une habitude. Elle qui d’habitude affronte les situations sans sourciller, se retrouve à éviter un homme. Ironie du sort.

Elle émerge à l’extérieur, se fait surprendre par la brise et la luminosité forte de l’après-midi. Ses yeux s’accordent à ce nouvel environnement et c’est là qu’elle le voit, au loin, assis tout près de l’entrée. Elle dépasse la population de la carrière qui vaque à ses occupations, salue un homme de garde et ralenti le pas au fur et à mesure qu’elle s’approche de lui. Elle ne sait pas ce qu’elle est censée lui dire, ne comprends même pas ce qu’il fait ici. Elle ne veut plus parler du passé, rouvrir cette blessure encore douloureuse. Le voir lui rappelle trop ce qu’elle a perdu, ce qu’elle ne retrouvera plus jamais. Et son cœur saigne à cette idée, son esprit se trouble quand ses yeux captent les siens, profonds, perçant. « Qu’est-ce que tu fais là Noah ? » Finalement, pas besoin de trop réfléchir. Sa bouche se met en marche, son cerveau laisse faire, n’émet plus d’objection. « Tout va bien à Olympia ? » Sourcils froncés, la mine soucieuse, elle espère sincèrement que rien n’est arrivé à sa petite communauté. Elle n’imagine pas d’autres raisons pour sa venue, ne conçoit pas qu’il puisse être ici pour elle.

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Il attendait patiemment. Avec l’apocalypse, Noah avait réussi à être une personne patiente, qualité qu’il n’avait pas auparavant. Se rappelant de sa jeunesse, avant l’accident, il n’avait jamais aimé attendre. Après son accident, cela s’était empiré. Il ne supportait plus la rééducation, il ne supportait plus d’attendre que sa guérison fasse effet. Il fallait également ajouter à cela qu’il manquait de soutien… Nombre de personnes l’avait délaissé alors qu’il se retrouvait au fond du trou. Il avait remarqué le peu d’amis qu’il avait. Une période noire de sa vie, une période qu’il s’efforçait à oublier. A ce moment-là, il avait pu compter sur sa famille qui avait toujours été là. Il aurait voulu que Billie soit également présente, elle n’avait pas été mise au courant de ses déboires. Ses yeux se baladaient sur le camp qui s’activaient avant de descendre sur sa main où il portait toujours l’alliance de son mariage raté. Elle n’avait pas supporté le comportement désagréable de Noah, elle n’avait pas supporté passer au second plan quand elle avait compris qu’il était toujours amoureux de son premier amour. Sa vie avait été complètement raté de A à Z.

Il leva son regard, ses yeux croisèrent ceux de Billie. Quelques secondes passèrent dans le silence, ils s’observaient sans que l’un ou l’autre ne prenne la parole. Il n’arrivait plus à lire en elle comme il l’avait toujours fait auparavant, elle avait bien trop changé pour que tout soit comme avant. Elle cassa ce silence en lui demandant ce qu’il faisait là et si tout se passait bien à Olympia. C’est vrai… Il n’avait pas de véritable raisons d’être présent ici, et Billie faisait à peu près tout pour ne pas croiser sa route. Noah se demandait s’il devait lui dire la vérité de sa présence ici ou bien mentir sur les véritables raisons de sa venue ici. Il ne mit pas longtemps avant de se décider.

« Non, non, tout se passe bien. En fait, je… » Il laissa un petit silence s’installer seulement quelques secondes avant de reprendre. « Je voulais juste te voir. »

Ses yeux clairs se posaient sur Billie. Il tentait de se rappeler des bons moments qu’il avait pu passer avec elle dans leur jeunesse, il avait ce maigre espoir qu’ils pourraient se retrouver. Il fixait la brune, espérant apercevoir une quelconque réaction de sa part. Intérieurement, Noah se demandait ce qu’elle pouvait ressentir à son égard. Était-elle encore amoureuse ? Éprouvait-elle un minimum de sentiment pour lui ? Ou alors, elle l’avait décidément oublié pour de bon.

« Alors… Tu vas bien ? On peut marcher un peu, si tu veux… »

Il proposait cela pour couper le silence, il ne savait même pas si les alentours étaient sécurisés ici comme à Olympia. Noah n’avait pas envie de tomber sur des rôdeurs ou des importuns alors qu’il était en présence de Billie.

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(the world has changed, and none of us can go back. all we can do is our best, and sometimes, the best that we can do, is to start over.) Elle essaie de rester digne, de ne pas paraître froide, distante. Elle essaie de ne pas lui montrer qu'il la trouble, qu'après toutes ces années elle ne reste pas de marbre. Incapable de l'oublier complètement, trop faible pour tourner la page et écrire un nouveau chapitre dans lequel il n’apparaîtrait pas. C'est la peur de l'inconnu qui lui bloque le passage, la peur de souffrir et de ne pas en donner assez. Le voir ici, sur son territoire en quelque sorte, la trouble plus que de raison. Parce qu'il n'a rien à faire ici, parce qu'il la fait se sentir faible, impuissante. C'est le silence qui les sépare et ces mots qui restent en suspens, tempête bruyante dans sa tête. Juste me voir. S'assurer qu'elle était encore vivante, pas un fantôme, pas une chimère. La regarder, y déceler quelque chose d'invisible. Elle essaie de sourire, fait croire que tout est normal, que tout va bien quand dans sa tête tout se bouscule et que son cœur menace d'exploser. « Je suis en vie. » Elle déteste répondre à ces questions dénuées de sens, trop étranges à son goût. Rien ne va plus depuis bien longtemps. Pour elle et pour les autres. Elle ne s'imagine plus aller bien dans l'avenir. Elle ne se pose même plus la question, ne regarde pas plus loin que la minute d'après. Elle n'ose plus penser à demain, trop effrayée à l'idée d'espérer, d'y voir un brin de soleil. « Je suppose qu'on peut donc dire que ça va. » Ses yeux se perdent un instant dans les siens, y décèle cette étincelle d'amour qu'elle trouvait si touchante à l'époque. Preuve ultime de la tendresse qu'il lui a toujours adressé. Pas certaine de ce que ses yeux à elle renvoyait, elle les détourne, jette un œil sur le camp, se sent épié. Ses yeux à elle sont probablement éteint. L'étincelle de vie a disparu depuis longtemps. Résignée, elle survie. Et autour d'elle le monde continuer sa danse frénétique.

Elle en est presque sûre à présent, la moitié des gens ici les regardent d'un œil curieux. Objet de toutes les conversations, en d'autres temps ils feraient la une des journaux à scandales. Parano, Billie soupir en se passant une main dans ses cheveux légèrement emmêlés. « Ça vaut mieux. Les alentours sont plus ou moins sécurisés... » Et elle le guide jusqu'à l'entrée gardée de la carrière où on les laisse sortir sans objection, sans un mot. En marchant à ses côtés, elle détecte son boitement, se souviens des raisons, se mord la lèvre à l'idée de sa responsabilité. Elle se rappelle aussi des débuts hésitants de leur relation, de ces longs silences agréables qu'ils partageaient. Elle a alors l'impression de redevenir cette adolescente maladroite qui ne sait pas comment agir. Si proche de ce garçon qui a su faire battre son cœur, lui donner des sueurs froides. Si proche et pourtant si loin. « Tu prend des risques inutiles en venant ici tout seul. » Elle brise le silence qui lui pèse, sa voix résonnant dans l'air désertique. « Tu aurais pu tomber sur un groupe. » De morts, ou de vivants, elle ne précise pas. Pas la peine. Ils savent tous les deux ce qui rôdent dans les parages. Les morts sont finalement le dernier de leur soucis.

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Noah ne remarquait pas le changement de Billie, ou non, il préférait s'abstenir de le remarquer. Il savait bien qu'elle n'était plus la même, qu'elle n'était plus la jolie et gentille Billie qu'il avait connu. L'armée l'avait changé, l'apocalypse encore plus. Il lui demandait si elle allait bien, la réponse de Billie le prit par surprise. Comment allait bien avec l'environnement actuel ? Lui-même n'allait pas forcément bien, il se levait le matin en se demandant s'il survivrait une journée de plus. Alors, il ne pouvait pas vraiment être heureux de sa condition de vie. Comme avant, ses yeux se perdaient dans les siens. Il l'aimait encore plus qu'il ne le pensait, ses yeux le trahissaient. Elle détournait son regard, Noah ne comprenait pas vraiment, mais il ne disait rien. Que pouvait-il dire de plus ? Il lui proposa simplement de marcher un petit peu. Avec les regards qui s'attardaient sur le couple, Billie préférait et elle connaissait bien l'endroit pour savoir que l'environnement était sécurisé. Noah haussa les épaules, il avait proposé donc il n'était pas contre de marcher un petit peu.

Il marchait à ses côtés, ou il boitait plutôt. Noah lui avait avoué, lui avait tout raconté depuis son départ. Ce qu'il s'était passé pour lui, que sa vie n'avait pas été celle qu'il aurait voulu. On n'avait pas toujours ce qu'on voulait dans la vie, Noah l'avait très bien compris. Le silence commençait à devenir lourd et pesant, mais il n'était pas prêt à le briser. Il n'était pas prêt à écouter Billie lui dire de ne plus revenir, qu'ils ne devaient pas se revoir. Au final, la brune le faisait. Il aurait pu tomber sur un groupe dangereux, il avait pris des risques inutiles. Noah haussa les épaules.

« Donc, vouloir te voir est un risque inutile ? »

Lâchait-il dans un murmure. Il ne savait trop comment prendre tout ça. Devait-il laisser tomber ? Avait-il un avenir ensemble ? Noah se posait énormément de questions, il se demandait maintenant si Billie aurait une réponse à ses questions. Il lâcha un soupir, finissant par répondre.

« Je ne suis pas un homme sans défense, Billie. »

Cette fois-ci, il prit un regard plus sérieux. Il n'était pas chef de la sécurité d'Olympia pour rien, Noah avait fait ses preuves. Capable du meilleur pour sauver la vie de ses proches et de sa ville. Il n'était pas là pour hasard, loin de là. Son regard se détendit, alors qu'ils continuèrent de marcher. Ses doigts effleurèrent ceux de Billie, un frisson le parcourut.

« Tu m'as tellement manqué. Je sais que je me répète... Mais, je ne veux plus être séparé de toi. »

La bombe était lâchée.

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(the world has changed, and none of us can go back. all we can do is our best, and sometimes, the best that we can do, is to start over.) « Ouvre. » Lance-t-elle simplement à un homme près des grilles. Et il s’exécute sans même poser une question. Non pas qu’elle ait une quelconque autorité sur eux mais elle est assez bien placée, et connue, pour qu’on évite de l’emmerder avec du blabla inutile. Elle préfère sortir, quitter le camp trop étouffant à son goût. Euphémisme puisqu’ils étaient à l’air libre. Mais dehors, loin des grilles et du brouhaha de la foule, elle se sent plus légère, sereine, presque libre. Un beau tissu de mensonges dont elle se nourrit avidement. A marcher comme ça à côté de Noah, si proche et pourtant si loin, elle a l’impression de revivre le passé, de peut-être construire un maintenant. Mélange de sensations confuses qui se heurtent brutalement dans sa tête. Elle n’arrive pas à oublier ses paroles, cette triste vérité révélée, lancée en plein visage. Quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, elle restera la fille qui a brisé sa vie, sa carrière. Elle ne pourra jamais effacer ses erreurs et ce passé qui la tourmente au quotidien. Elle a beau vouloir regarder le monde différemment, rien n’y fait. Au réveil, le monde est toujours aussi laid. Elle peut continuer de rêver, d’imaginer ce que sa vie aurait été si elle n’était pas partie. Tantôt heureuse, tantôt misérable. Quoiqu’elle imagine, rien n’est jamais réel. Goût amer d’inachevé, elle déglutit, n’arrive pas à se débarrasser de cette sensation désagréable qui l’enveloppe. Elle vérifie que son couteau de combat est bien à sa place dans sa ceinture, passe sa main dans le bas de son dos. Son Beretta est bien là aussi. Fidèle compagnon dont les balles se font rares. Elle sait qu’elle va vite manquer. Plus que 5 balles dans le chargeur, une dans la chambre. Pas assez à son goût. Mais après la catastrophe de l’inondation, c’était mieux que rien. Elle essaie de se re-concentrer sur ses pas, sur sa respiration, mais rien n’y fait vraiment. Noah la perturbe et elle déteste ça. « C’est ce que je pense oui. » Parce qu’elle n’est personne, pas importante. Parce qu’elle a ruiné sa vie et ne mérite pas tout ça. Il devrait faire quelque chose de plus utile avec son temps et son énergie. Sur la défensive, elle prend ce ton un peu trop autoritaire, un brin protecteur. C’est la militaire qui parle, la jeune femme brisée par le temps. Ils s’arrêtent un instant à peine, juste le temps de se regarder, de se prouver quelque chose. Elle sourit, incapable de refouler cette vague amusée qui l’assaille. Ce petit bout de passé, ce Noah fier et buté qu’elle aimait. Aime ?

« Je sais. » Et la voilà qui marche à nouveau, évite son regard trop tendre capable de la faire craquer. Elle oublie déjà le bruit du camp derrière eux. Étrange comme on peut se sentir seul au monde avec toute une ville à une centaine de mètres. Hormis la carrière et la mine, l’endroit est plutôt calme, désert. Elle est pourtant certaine que quelques rôdeurs trainent encore dans le coin. Il y en a toujours. Des égarés à la recherche d’un bout de viande fraiche. Et tandis que son regard s’évade vers le lointain, elle sent le contact de la peau de Noah contre la sienne. Ses doigts qui cherchent les siens, la font frissonner, font cesser de battre son cœur. Elle a envie de refermer sa main dans la sienne. Et puis son cœur cesse définitivement de battre. Elle ne respire plus. Elle l’écoute, entend les mots résonner inlassablement dans sa tête. Elle s’arrête à nouveau, incapable de faire un pas de plus. La bouche à moitié ouverte, elle ne réagit plus, comme si son cerveau avait définitivement cessé de fonctionner. Elle cherche à encore une échappatoire, à nier ses sentiments. Mensonges. Il lui avait manqué aussi. Tellement. Dès le moment de son départ. La douleur dans son cœur n’avait jamais cessé de la lancer. La plaie n’avait jamais guérit. Ses doigts trouvent le chemin des siens, elle les effleure, se cramponnent à eux. Elle perd finalement le contrôle de son être, laisse ses sentiments confus la guider. « C’est mon souvenir qui te manque. » Elle murmure, pas vraiment convaincue par ses propres mots. « L’idée de qui nous étions, ensemble. » Une équipe de choc. Un couple parfois trop parfait. Deux êtres opposés qui s’assemblaient pourtant à la perfection. Deux âmes n’en formant plus qu’une. Ce serait si facile de ne former qu'un. Encore une fois.

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La nouvelle autorité qu'elle avait le surprenait, il ne l'avait pas connu comme cela avant. Autoritaire et directe, ce n'était pas la Billie qu'il connaissait pourtant cela le plaisait. Il aimait cette nouvelle partie d'elle, il avait l'insatiable envie d'en savoir plus sur ce qu'elle était devenue. Pourtant, bien qu'ils s'étaient retrouvés, Noah avait l'impression qu'elle s'échappait à nouveau. Qu'elle allait encore l'abandonner. C'était sûrement une peur inutile, elle n'avait aucune raison de fuir. Noah lui demanda alors si la voir était un risque inutile, sa réponse le laissa perplexe. Billie n'arrivait pas à comprendre ce qu'il ressentait pour elle encore aujourd'hui. C'était sa mission de le lui faire comprendre. Petit à petit, il s'en rendait compte. Il était encore amoureux d'elle. Et pourtant, Noah avait réussi à rencontrer une femme, il s'était marié avec elle (bien qu'ils aient divorcé peu de temps avant l'apocalypse). Il avait réussi à refaire sa vie, mais au final, il n'avait jamais oublié son premier amour. Rien qu'une petite chose lui rappelait un souvenir avec Billie Trager.

Ils marchaient, Noah n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait dire. Il avait envie de la surprendre, mais il se demandait comment il pourrait y parvenir. Ses doigts effleuraient les siens, il eut la sensation de décéder sur place. Ce frisson le parcourut, resta longtemps. Il lui déclara la vérité, elle lui manquait, il ne voulait pas la quitter maintenant. D'après elle, c'est un souvenir qui lui manquait. Noah baissa la tête, haussa les épaules alors que la main de la brune vient croiser les siens pour s’entremêler. Doucement, l'ancien sportif relevait la tête et de sa main libre caressa doucement la joue de Billie. Il la fit s'approcher par leur main accrochée, déposa délicatement ses lèvres sur les siennes. Un simple baiser, un simple baiser pour tout lui rappeler.

« Je suis sérieux, Billie. Je ne veux plus qu'on se quitte, je... »

Il n'arrivait pas à terminer sa phrase, il appréhendait sa réponse. Il serra la main de Billie, qui était toujours dans la sienne. Prenant son courage à deux mains, il se lança enfin.

« Je veux que tu viennes à Olympia, je veux qu'on soit ensemble. Toujours. »

Cette fois-ci, il n'avait pas faibli. Son regard était fixé dans celui de Billie, l'empêchant de fuir. Elle n'avait pas de choix que de répondre : briser à nouveau le cœur de Noah en fuyant ou commencer quelque chose qui pourrait s'annoncer merveilleux pour eux deux.

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(the world has changed, and none of us can go back. all we can do is our best, and sometimes, the best that we can do, is to start over.) Elle ne sait plus ce qu’elle veut. Perdue dans un tourbillon de pensées et de sentiments, elle sent emporter par les flots, ne cherche même plus à lutter. Elle sert sa main, sent la chaleur qui s’en dégage, s’accroche à ce petit bout de passé qui la consume. Elle ne devrait pas. Parce qu’au bout de ce torrent capricieux se trouve une chute vertigineuse à laquelle aucun d’eux ne peut échapper. C’est écrit. Elle ne répétait pas pour rien qu’elle avait changé, que la jeune, l’insouciante Billie Trager, avait disparu avec le temps. Il en reste peut-être quelques traces mais la majeure partie de cette personne s’est effacé au profit de la femme qu’elle est aujourd’hui. Plus dure, plus sûre d’elle, plus défaitiste aussi. Et encore plus perdue qu’avant. Ses changements étaient marqués à l’encre noire dans sa peau. Des bouts d’elle, des bouts d’histoire sous la forme de dessins. Tatouages indélébiles, morsures dans sa chair pâle. Le contact de sa peau contre la sienne la ramène en arrière, en ce temps où tout était si simple, si pur. Elle se revoit rire à ses blagues (parfois pas forcément très drôles), se voit dans ses bras, capte son regard aimant. Elle ne veut rien d’autre que lui tout en sachant que ce serait une erreur. Dans les deux cas, elle se réveillerait avec des regrets. Pourtant, lorsqu’il pose ses lèvres sur les siennes, sans trop s’attarder, qu’il y laisse un doux baiser, son cœur s’arrête. Elle ne pense plus. Elle veut s’abandonner à ce désir qui la consume, ce plaisir qui l’appelle du passé. Les yeux clos, elle entend clairement leurs deux respirations, ne veut plus lâcher sa main, ne peut plus le lâcher. Serait-ce vraiment si mal d’essayer à nouveau ? Quelle honte peut-il y avoir ? Elle voudrait qu’il l’embrasse encore, qu’il la serre dans ses bras. Il ne le fera pas.

Douloureusement réveillée de sa petite utopie, Billie rouvre les yeux, se heurte à la réalité. Elle aussi se leurre, essaie de convaincre son cœur qu’elle est encore capable de l’aimer. Mensonge. Elle ne peut plus. La simple pensée de le perdre la brise de l’intérieur, lui fait perdre les pédales. Et pourtant, elle ne parvient pas à mentir, à dissimuler le malaise qui grandit dans sa tête. « Non. » Lâche-t-elle, à demi-consciente des mots qu’elle prononce, le regard soudainement perdu, revenu des années en arrière. Et le silence se fait dans son esprit. Elle avait évité ce moment dix ans plus tôt. La vie est une chose amusante. On n’échappe pas au destin. Cette conversation qu’ils auraient dû avoir avant son départ, voilà qu’ils l’avaient enfin. La situation était à la fois différente et terriblement similaire. « Tu ne peux pas me demander ça. » Elle avait perdu sa voix assurée, ne semblait plus si forte que ça. Elle s’accrochait encore à sa main, sans s’en rendre compte, inconsciente, trop focalisée sur ces mots qui étaient restés trop longtemps enfouis. « Ce n’est pas chez moi. Ce n’est pas ce que je veux. » L’égoïsme exacerbé la consumait encore. Égoïste elle pouvait bien l’être cette fois. Âme solitaire, cœur à prendre, elle n’appartient à personne. Elle n’hésite pas, la parole lui vient naturellement, les mots avaient trop longtemps attendus leur heure. « Qu’est-ce que tu attends de moi Noah ? A quoi est-ce qu’on jouerait une fois là-bas ? » Elle garde cette image de femme parfaite, celle toujours là pour sa famille. Une image qu’elle avait peut-être apprécié un temps mais plus depuis longtemps. Elle ne peut pas jouer à être quelqu’un d’autre, ne pourra jamais vivre normalement comme tous les autres. « Je ne peux pas être celle que tu veux. » Ne peut pas. Ne veut pas. Elle se force à lâcher lentement sa main, ses doigts s’attardant contre les siens. Elle ne lâche pas complètement, pas encore. Un brin de folie, un peu d’espoir. Un soupçon d’amour qui subsiste.

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Ce baiser représentait bien trop de choses pour lui. Il se demandait encore si cela avait été la bonne chose à faire, s'il avait eu raison de l'embrasser. Noah s'était retenu depuis qu'ils s'étaient revus la première fois et se contenir encore plus de temps aurait été une perte de temps pour l'ancien coach. Il avait mis fin à ce baiser aussi vite qu'il l'avait donné et déjà qu'il regrettait d'avoir quitté les lèvres de son premier amour. Noah aurait voulu que ce baiser soit interminable, qu'il dure jusqu'à la fin de leurs vies, mais ce n'était malheureuse pas possible. S'écartant, il avait vu que Billie ne voulait pas la fin du baiser tout comme lui. Ils étaient si proche à ce moment, mais si éloigné en même temps. C'était trop difficile à supporter pour Noah, il se rendait compte qu'il avait toujours besoin d'elle au quotidien maintenant qu'il pouvait la revoir. Il s'était donc lancé, il lui avait clairement dit qu'il ne voulait pas continuer sans elle et lui fit part de son envie : qu'elle l'accompagne à Olympia et qu'elle y reste. Avec ce baiser, ce ressenti qu'il avait et le passé qu'ils avaient en commun, Noah ne pensait pas que la réponse de Trager soit négative. Il restait optimiste quant à une réponse positive de sa part, elle l'accompagnerait et ils pourraient enfin être ensemble. Tout le temps. Il savait que Billie s'acclimaterait parfaitement à la vie d'Olympia.

Non. Elle lui lâchait un non si froid, avec si peu de compassion. Noah restait impassible physiquement et à l'intérieur, il pleurait. Il pleurait, mais il ne voulait pas montrer sa faiblesse à Billie. C'était sa faiblesse, elle. Il se mordit la langue, se maudissant de lui avoir demandé une telle chose. Il venait de recevoir une grosse claque, il ne s'attendait pas à cela. Sans s'en rendre compte, il avait reculé, lâchant tout contact physique avec Billie. Il n'osait même plus la regarder. La voix de Billie lui venait de loin, elle ne voulait pas ça pour elle... Au final, Noah se rendit compte qu'il avait peu d'importance à ses yeux. Il s'était trompé, c'était une parfaite désillusion. Doucement, il leva la tête, un sourire était affiché sur son visage, cependant ses yeux étaient tristes.

« J'aurai du m'en douter. »

Il continuait de sourire, il était blessé mais ne souhaitait pas lui en faire part. Il reculait encore un peu plus, ne sachant plus quoi faire d'autre. Sa présence ici était inutile, il ferait mieux de repartir pour sa ville.

« Je repars pour Oympia. Maintenant. »

Lâcha-t-il, sans grande assurance, sans émotion dans sa voix.

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(the world has changed, and none of us can go back. all we can do is our best, and sometimes, the best that we can do, is to start over.) Les mots lui écorche le cœur, lui brûle la gorge. Elle déteste sa tête, trop pragmatique, qui lui fait prendre cette décision. Face à elle, c’est un flot de tristesse qui envahit le doux visage de son cher Noah. Elle aimerait tant lui dire qu’elle veut exactement les mêmes choses. Elle aimerait ressentir les mêmes émotions qu’avant dans ce baiser. Elle aimerait sentir une vague de chaleur irradier son corps. Mais rien. Elle reste droite, impassible, le cœur lourd. A peine humaine, à moitié en vie. Comme lors de son départ. Elle sait que cette décision la poursuivra toute sa vie. Tout comme ce moment présent. Elle le regarde s’éloigner encore, seule responsable de tous ses malheurs, corbeau de mauvais augure. Pire que l’éloignement physique et la perte de repères, pire que ses mains qui ne la touche plus, c’est son regard qui la fuit qui assène le coup fatal. Il lui retire ce privilège, elle devenue indigne, elle dont il ne supporte plus la vue. « Ce serait une erreur. » Tentative vaine de se défendre, ultime essai pour paraitre raisonnable. Elle a besoin qu’il entende ses paroles, qu’il y voit une certaine vérité. Elle ne peut plus vivre dans le mensonge et se dire que tout ira bien, que demain sera meilleur. Demain n’est jamais meilleur. Demain n’est qu’un mensonge de plus. Elle préfère se mentir seule, ne mêler personne à son destin brisé. Et surtout pas Noah. « Tu sais combien je t’ai aimé. » Elle marque une pause, baisse la tête, impuissante, honteuse, la gorge nouée, les larmes menaçants de déborder, de la submerger. Elle respire un grand coup, se donne un dernier élan de courage. « Je ne peux plus aujourd’hui. Trop de chose ont changé, à commencer par moi. » Comment pourrait-elle l’aimer alors qu’elle n’est pas certaine de s’aimer elle-même ? Ravagée par le temps, détruite par la haine, elle ne sait plus vraiment qui elle est. Incapable de répondre à des questions simples, elle ne peut décemment pas le mêler à ses interrogations sans fin. Il ne serait qu’une équation de plus à résoudre.

Elle ouvre les yeux, le regarde sourire tristement et affirmer avec force qu’il doit partir, la laisser. Une fois pour toute. Elle acquiesce sans conviction, hoche de la tête. Elle sait qu’elle devrait le laisser partir sans un mot, sans essayer. Mais elle ne peut s’y résoudre. Pas encore. « Je préfère être honnête avec toi. Je l’ai toujours été. » Elle soupire, lasse, fatiguée de ne pas réussir à l’aimer comme avant. Dégoûtée par son propre comportement, elle hait son cœur, hurle dans sa tête. « Je crois que je pourrais prétendre t’aimer. Comme avant. Être avec toi… Mais ce serait trop douloureux. Ce ne serait pas réel. » Et c’est ça qui la retient, cette petite pensée trop réelle qui la pousse à faire demi-tour. Elle ne serait jamais plus sincère avec lui. Le spectre du passé tournoierait sans cesse autour d’eux, ombre malfaisante rappelant combien la souffrance fait parti d’eux. Elle ne peut pas lui faire ça. Ni à lui. Ni à elle. Ce ne serait pas juste. « Tu peux me détester. J’ai l’habitude. » Elle redeviens à moitié forte, femme faite qui n’a pas le choix que d’avancer sans trop se retourner.

Invité

Noah ne savait plus quoi penser, il s'était trompé sur toute la ligne. Il avait pensé, après l'avoir revu, qu'ils pourraient reformer un couple. Le couple phare des années lycéennes, mais il n'en était rien au final. On ne reverrait pas de si tôt Billie et Noah à nouveau ensemble. C'était impossible, Billie le confirmait. D'après elle, ce serait une erreur qu'elle vienne à Olympia et qu'ils se remettent ensemble. Noah ne parlait pas, restant silencieux pendant qu'elle parlait. Elle l'avait aimé de ce qu'elle disait, mais ce n'était plus possible aujourd'hui. Elle avait changé. Tout se rapportait à elle. Noah n'arrivait pas à réagir, sa tête était baissée et il ne savait pas quoi lui dire. Qu'est ce qu'il pourrait dire, en réalité ? Le chef de la sécurité avait tout tenté, d'après lu, pour pouvoir récupérer son premier amour et cela n'avait clairement pas suffi. Qu'avait-elle besoin d'autre ? Sûrement qu'il la laisse tranquille et fasse comme s'ils ne s'étaient jamais recroisés. Au final, Noah lui dit qu'il doit partir, qu'il n'avait pas le choix. Il sourit tristement, sans grande émotion de sa part. Il se sentait déstabilisé, pas très bien mentalement.

Il avait envie de rire quand Billie lui dit qu'elle a toujours été honnête avec lui, c'était un mensonge. Encore un. Elle fuit, comme d'habitude. Elle pourrait l'aimer à nouveau, mais ce ne serait pas réel d'après elle. Il pouvait la détester, mais comment alors qu'il l'aimait réellement ? Il lâcha un soupir, long et ennuyeux avant de prendre la parole.

« Tu n'as pas été honnête quand tu es partie sans un mot. Et là, tu me dis que tu m'aimes sans pouvoir être avec moi ? Billie, tu me rends fou. Et tu as raison, c'est mieux comme ça. »

Il avait lâché cela sur un ton légèrement froid et distant, il préférait se mettre tout de suite des barrière plutôt que de souffrir encore. Il s'approcha et déposa un simple baiser sur le front de la Trager. Il murmura un 'je t'aime" à son oreille avant de lui tourner le dos et d'avancer là où ses pas le guideraient. Intérieurement, il espérait que Billie l'empêcherait de partir. Que ce soit pour une dernière nuit ensemble ou pour qu'elle revienne sur sa décision. Il espérait peut-être un peu trop...

survit depuis le : 04/08/2016

(the world has changed, and none of us can go back. all we can do is our best, and sometimes, the best that we can do, is to start over.) Elle se demande comment ils ont pu en arriver là. A se détester, à se montrer si distant, froid. Comme si rien ne s’était passé. Comme si leur passé commun avait été effacé. Mensonges. Rien n’effacerait jamais leurs sentiments, les sensations, les souvenirs vivaces. La douleur ne partirait pas non plus. Ni les mensonges et la trahison. Elle s’était faite une raison, avait laissé la fatalité entrer en jeu et avait cessé de se battre. A quoi bon ? En revoyant Noah, bien vivant, tout lui était revenu en mémoire, les bons moments mais aussi les mauvais. Et toujours cette décision qui avait tout foutu en l’air. Elle avait cru, durant un court instant, pouvoir changer la donne. Revenir en arrière, redevenir la fille du sheriff, innocente, pleine de vie, drôle parfois. Elle en avait trop vu pour pouvoir simplement tout effacer. Elle n’y arrivait plus. Bousillée par la vie, écorchée vive, elle traine des pieds, attends la mort. « Je suis douée pour mentir. » Triste vérité qu’elle jette sans conviction. Elle essaie si fort de le repousser que c’en est ridicule. Il demeure un fond de vérité dans toutes ses paroles. Poison vivant, elle sait qu’elle ne peut le satisfaire pleinement. Elle sait qu’elle finirait par mourir à ses côtés. « Je suis désolée, sincèrement. » C’était mieux pour tout le monde. Mieux valait qu’il s’éloigne d’elle tout de suite avant de se brûler les ailes. Elle est si sûre qu’il peut rendre ce monde meilleur, si sûre que, quelque part, une jeune femme peut lui rendre son sourire. Mais pas elle. Elle a perdu ce droit et cette capacité. Elle ferme les yeux tandis qu’il s’approche, dépose un baiser bienveillant sur son front et prononce ces deux petits mots qui changent tout. Elle inspire profondément, le cœur en bouilli, le ventre tordu. Deux petits mots qu’elle n’entendra plus jamais. Dernier petit espoir, chaleur intense dans son cœur. Le feu s’éteindra trop vite, la laissera vide. Sentiment horrible de perdre pieds, de tourner dans le vide. Déjà les regrets l’envahissent, lui hurle de faire quelque chose, de bouger. Rien. Elle reste immobile, les bras le long du corps, les yeux humides, prêts à lâcher quelques larmes salées. Elle le regarde tourner les talons, partir sans un regard en arrière. C’est mieux comme ça. « Adieu Noah. » murmure-t-elle, pas certaine qu’il l’entende. Peu importe au fond. Elle a besoin d’une fin, de quelques mots griffonnés sur un bout de papier. Oh son cœur saigne, crie. Elle aimerait lui courir après, l’embrasser, sentir son corps contre le sien. Rien. Elle ne bouge pas. Attends qu’il disparaisse définitivement en emportant le peu d’humanité qui restait en elle. C’en est fini.