memories (daph)

Je crois que je suis réveillé, mais je n’arrive pas à ouvrir les yeux. J’entends le vent souffler contre les branches au-dessus de moi. J’arrive à distinguer le son d’un oiseau qui chantonne. Je sens la terre, des fleurs aussi, et leur pollen qui semble vouloir venir m’entourer, m’étouffer. Je réussi à entrouvrir la bouche et ma langue claque sur mon palais. Je grimace. Un goût amer, âcre, ferreux. Est-ce que c’est moi qui saigne? Je tapote le sol autour de moi d’une main prudente et je touche à ce qui semble être de la terre, de la mousse, et aussi quelques feuilles mouillées. Soudain, je réalise que j’ai froid. Je ramène mon bras près de mon corps et frissonne légèrement avant de me raidir. J’ai mal, aussi. Mon épaule, mes côtes, mon dos, ils me font mal. Qu’est-ce qui m’arrive? Quelques minutes passent, ou alors peut-être quelques heures, je n’en sais trop rien à vrai dire, et je sursaute en entendant des bruits de pas déjà beaucoup trop près de moi pour que leur auteur ne me voit pas. Je veux me lever, je veux appeler à l’aide, mais je pousse plutôt un grognement étrange et tousse. Les pas s’arrêtent juste à côté de moi, mais je me sens déjà retombé dans l’inconscience. «S’il-s’il… vous plait…» Deux mains s’abattent sur mes épaules et me tirent vers le haut. «Hey…» «Chut, ne parle pas, calme toi.» qu’elle aboie. «Essaie juste de te tenir debout et ça va aller. On vous emmène en lieu sûr, toi et ta sœur.»

C’était un de ses pires souvenirs. Le souvenir du jour où elle et sa sœur avaient déboulées d’une petite falaise dans la forêt derrière chez elles. Elles courraient le plus vite qu’elles le pouvaient. Elles se poursuivaient pour une raison dont elle ne se rappelle même plus aujourd’hui. Peut-être que ça avait été le coup sur la tête, aussi. Probablement. À travers les branches d’arbre qui leur barraient le chemin et les racines qui les faisaient trébucher, elles courraient. À en perdre haleine, elles courraient. Et elles étaient toutes les deux tombées. Elles avaient été secourues peu de temps après, et elles n’avaient pratiquement rien, au final, si ce n’était que beaucoup d’ecchymoses.

Rey regardait le sol dénivelé en se rappelant son histoire et celle de sa sœur, et elle se demandait si elle devrait la raconter à ses compagnons. C’était une histoire assez étrange et invraisemblable, après tout. Peut-être qu’ils la trouveraient simplement trop tirée par les cheveux pour la croire. Ils auraient raison, d’ailleurs. Elle-même se demande parfois si elle n’avait pas tout inventé. Elle tourna la tête dans la direction d’un bruit de craquement. Quelqu’un l’observait. «Qui est là?»