Fermeture définitive de Influenza ! AU NOM DE TOUS LES PÈLERINS ✗ rp évolutif 1614057932 Un grand merci à tous pour ces moments de partage I love you
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 AU NOM DE TOUS LES PÈLERINS ✗ rp évolutif

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MessageSujet: AU NOM DE TOUS LES PÈLERINS ✗ rp évolutif   AU NOM DE TOUS LES PÈLERINS ✗ rp évolutif EmptySam 24 Sep - 7:52

« désert de chihuahua, texas, deux mois plus tôt

Ree Salmons.

Ça lui picotait sous la peau, un murmure d'excitation que partagent les nouveaux mariés ou ceux qui s'apprêtent à sauter dans le vide. Une pointe de nostalgie dans son coeur, mais la césure était faite ; Ariadne Skenandore, celle qui avait toujours obéi même quand la logique s'en voyait bafouée, concept qu'elle idôlatrait pourtant,  était morte. Elle appartenait à un autre monde, semblable aux jeunes filles dans les histoires de Ree qui lui avaient toujours fait se poser des questions quant à la signification de ce que les gens disaient. Sidentifier au personnage. Elle n'avait jamais pu ressentir cette impression, trop séparée de l'abstrait d'un personnage créé de toutes pièces. Alors désormais, cette créature qui l'avait autrefois habitée, elle faisait partie de cette dimension inaccessible. Ça n'était pas pour autant qu'elle oublierait ; elle avait bien compris les leçons que sa propre histoire lui avait inculquées, et elle n'oublierait jamais Robbie. Jamais.

Elle et le conducteur n'avait pas échangé mot depuis le départ. Ree appréciait ce silence, et l'avait depuis toute petite vu comme un confident, un confort, des murs si hauts autour d'elle que rien ne pouvait l'attaquer. Elle s'y sentait dans un nid, et plus besoin de devoir plaire ou se soucier d'être impolie. Elle n'y était qu'elle-même, petite chose impossible aux yeux extérieurs. La route, de sa couleur grise foncé, balafrait le désert jaune clair d'une façon qui laissait les pensées croître en son sein. Il y avait une certaine sérénité à une route qui défilait, Ree trouvait, une paix intérieure dans le vide absolu d'un endroit qui avait pourtant vu des millions de passagers. La fraîcheur de la voiture lui permettait maintenant d'apprécier le paysage, sa puissante beauté sauvage, son étendue infinie de roche lunaire et de lézards fébriles. Elle détaillait les cailloux, les arbres secs, la poussière qui s'élevait sous les roues du pickup, et revoyait l'immense voyage qu'elle avait fait. Le désert peint. La Vallée des Dieux. Monument Valley. Roswell, et la zone 51. Le poids de la séparation entre le maintenant et le avant était si lourd qu'il la faisait voler. Une certaine peur l'habitait, la peur de l'inconnu et du destin, mais elle l'affrontait avec une placide résolution. Elle était solide. Et repoussa ses émotions, pensant plutôt à ce qu'elle pourrait faire et les possibilités d'évolution de sa situation actuelle.

Le conducteur et elle roulèrent toute la journée durant, sans prononcer son. Elle le détailla malgré elle, de toutes les façons, parce qu'il l'intriguait. Lorsqu'il fut temps de manger et qu'ils déballèrent leurs maigres provisions, elle vit quelque chose de triste. Lorsqu'ils évitèrent une petite ville trop touffue en râles désincarnés, elle vit quelque chose de robuste. Et quand la nuit tomba et qu'ils durent s'arrêter pour dormir, elle vit quelque chose de perdu.

L'homme portait un poids singulier en lui, de larges épaules d'ouvrier. Le temps et l'itinérance avaient fait de lui du papier rêche ; ses mains étaient calleuses comme celles d'un travailleur, et sa barbe et cheveux avaient poussé de façon incontrôlée de sorte qu'ils frisaient dans le bas malgré la sécheresse. Il était grand, bien plus grand que Ree, et il aurait pu la casser s'il l'avait voulu. Or, il se contentait de rouler, de lui proposer de l'eau de temps à autre, de réfléchir. Ses grands yeux bleus, étonnamment féminins des longs cils qui les encerclaient, pensaient à voix haute dans le silence le plus absolu. Seul le moteur ronronnait des histoires sur cet homme, sur comment il avait couru derrière le soleil alors que le passé le pourchassait dans le but de le manger. Ses vêtements étaient ceux de peu de moyens, mais elle écarta cette supposition ; elle aurait été une aviatrice, avec le bomber de Robbie qui la protégea du froid lorsque le soir vint. Elle avait du mal à imaginer que les vêtements soient toujours menés par l'argent, et c'était impossible. Rois et mendiants se partageaient la couronne, sur la terre des déchus.

Vint le moment de s'arrêter pour la nuit. Ils se garèrent là, à côté de la route, où il aurait été interdit de le faire quelques années plus tôt. Nul besoin de camoufler le véhicule comme Ree le soupçonna au début, parce qu'au milieu du terrain le plus plat de la Terre, ils seraient visibles depuis Vénus de toute façon. Suffisait de bien verrouiller les serrures, et de ne pas dormir trop dur, et dans ce cas peut-être seraient-ils avertis de la venue des extrêmement rares survivants de six ans d'Apocalypse. La jeune fille l'aida à placer quelques nécessaires, surprise de ne voir aucun arrêt touristique depuis la ville grouillante de nécropodes quelques heures plus tôt. Elle se sentait en devoir de redevance envers cet homme, aussi cryptique que les chances qu'il ne la ramène avec lui.

Décide de ta vérité.

C'était comme pour son nom. L'homme pouvait être un meurtrier, ou un père de famille aimant. Ree choisit qu'il était un artiste, parce que les artistes étaient les plus belles personnes du monde. Il peignait pour sa mère, morte deux ans plus tôt, qui lui avait dit de poursuivre son rêve. Et, au moment de la Chute, il regrettait encore de ne pas avoir apporté son nécessaire de peinture ; c'était à présent avec les yeux, devant les étendues grandioses d'une morte civilisation, qu'il exercait sa passion. Ree se sentit en confiance, devant cet être qui ressemblait à Robbie ; et c'était lui qui avait dit qu'inventer des fausses réalités, même si elles étaient fausses, ça transformait la vérité en une chose meilleure. Elle eut de la difficulté à croire son mensonge à elle-même, parce que les faits gardaient l'identité de l'homme un mystère, et la vision de l'artiste correspondait tout autant à celle de l'ouvrier. Les indices se bousculèrent dans sa tête, dans ses sens, dans ses questions. Le chaos, l'indécision. Elle décida de briser le silence, chose qui la surprit elle-même. Mais elle était trop curieuse, trop avide de savoir, et elle saurait au moins si le conducteur mentait lorsqu'il lui répondrait.

"Qui êtes-vous ?"

Elle s'attendit à ce qu'il lui dise son nom, alors elle corrigea.

"Je crains ne pas être comprise. Permettez-moi de clarifier ; je souhaite savoir qui vous êtes, qu'est-ce qui vous a amené sur cette route et pourquoi m'avez-vous sauvée."

Elle souhaitait entendre qu'il l'avait fait par altruisme, parce qu'elle voulait croire que l'altruisme était une chose qui existait. Les conseils de Mère s'étaient envolés, et l'impolitesse lui paraissait en vagues concepts semblables aux liens de paternité dans la mythologie gréco-romaine.

"Je vous ai vu regarder cette photographie. Je n'ai pas vu ce qu'il y avait dessus. Puis-je savoir ?"

Elle-même devait sembler encore plus étrange, six-cent quatre-vingts quinze grues de papiers diverses accrochés à ses habits par du fil à pêche, ses cheveux châtains foncés en une queue de cheval pratiquement figée par le manque d'hygiène de six mois dans le désert.
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