(I) run for your ass + reese.

♔ Reese & Rory

« run for your ass !

C’est trop dangereux. Fais attention. Ne fais pas ça. Tu as pris ton insuline ? Tu prends des risques inutiles. Tu n’es pas capable d’affronter le monde extérieur. Ménage-toi. Elle est sur le point d’exploser, littéralement. Elle a cette très nette impression d’être resté coincée dans l’enfance, bloquée dans les années 90. Cependant, ce n’est plus une gamine, loin de là d’ailleurs. La moindre des choses serait donc d’être traitée comme une personne « normale », « basique », « adulte », à leurs yeux elle est juste « malade ». Alors, elle est surveillée, bichonnée, réprimandée et ce, à longueur de journée. Espace et liberté, deux mots en effet inconnus au bataillon des Olympiens. Un peu d’air, c’est tout ce qu’elle demande, merde ! Elle en a ras-le-bol d’être considérée comme une petite chose délicate, un paquet fragile qu’il faut manier avec précaution et douceur. Son poing dans leurs faces condescendantes, voilà qui la soulagerait bien. À défaut d’avoir recours à la violence, bien que l’option soit tout de même plus que tentante, elle s’éclipse, loin de cette zone de… confinement. Une tour de guet laissée à l’abandon du côté du cimetière, un majestueux pacanier, un peu d’escalade et d’endurance, le tour est joué ! Sincèrement, elle se questionne sérieusement quant à la sécurité du village. Souvent, elle se demande par quel miracle Olympia est-il encore debout, ils sont miraculés, il n’y a aucun doute là-dessus. Une fois la terre ferme retrouvée, elle sent une douce quiétude la gagner, c’est immédiat. Enfin libre, enfin seule. Elle longe les murs en tôle, craignant de se faire repérer et de devoir mettre un terme à ses petites escapades, un coup d’œil du côté du poste de surveillance lui indique que les gardes sont définitivement distraits. Un, deux, trois… elle s’élance, courant de toutes ses forces jusqu’à l’orée du bois, cachette idéale. Elle se sait inconsciente, mais elle s’en fiche. Après de longues minutes de marche à l’affût du moindre rôdeur, se déplaçant précautionneusement afin d’éviter d’attirer n’importe quel type d’attention, elle bifurque à gauche, s’extirpant des feuillages sombres. Pénétrant dans le petit village de Sunnydale, qu’elle connait désormais comme sa poche, elle s'y sent chez elle plus que n'importe où ailleurs. Elle connait tous les bons coins, dans quelle demeure trouver de nouveaux vêtements plutôt sympas, où dénicher des kinders périmés ou encore des cartouches DS, qui plairaient surement à son frère, mais elle se voit mal comment expliquer la provenance de ces jeux au principal intéressé sans devoir griller son secret. Tandis qu’elle déambule dans les rues désertes et silencieuses, un craquement anodin surgit de nulle part lui emballe le cœur. Les sens en alerte, elle se glisse discrètement derrière une vieille palissade de jardin en piteux état, enserrant de toutes ses forces son pied de biche, fidèle compagnon de route. Les pas sont rapides, elle perçoit une respiration forte et saccadée, décidément pas un rôdeur en somme. Elle se tient prête à attaquer, bien décidée à ne pas terminer entre les mains d’un solitaire douteux, tandis que l’inconnu pénètre dans ce qui fut autrefois un jardin par le même interstice qu’elle il y a de cela quelques secondes, elle lève son arme, frappant avec force et vivacité, manquant de justesse… la tête blonde de son frère, désormais accroupi à même le sol, la scrutant d’un air scandalisé signifiant concrètement : " t’es dingue t’aurais pu me tuer ! " Elle soupire d’exaspération mais également de soulagement, rangeant par la même occasion son pied de biche. « T’es malade Reese ! Tu veux terminer avec la crâne ouvert ou quoi ? La prochaine fois que tu me refais ça tu t’en sortiras pas indemne, je peux te l’assurer ! » s’exclame-t-elle hors d’elle. Non seulement, il a osé la suivre, mais de plus elle a bien failli frôler la crise cardiaque par sa faute. Quel crétin celui-là !

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Suicidaire, peut-être pas. Inconsciente, certainement. Il est vrai que dans le monde actuel, gorgé par la mort, il n’y a qu’un pas entre ces deux états d’esprit. Elle vit pour Reese, rien d’autre n’a de sens à présent, personne d’autre ne compte. Mais parfois elle l’oublie, au profit de ses dangereuses escapades, escapades libératrices. Un moment d’égarement dont elle se délecte avidement. Si elle revient toujours, c’est pour lui, sa moitié. Il est ce pour quoi elle lutte chaque jour, tandis qu’elle pourrait tout simplement abandonner comme beaucoup. Abandonner, elle y a souvent réfléchi, pour finalement en conclure qu’il ne s’agit rien d’autre qu’un signe de faiblesse. Elle n’est pas faible, elle n’est plus faible, pas après tout ce qu’ils ont traversé, enduré, car derrière ce faciès innocent et doucereux se dissimule peine et noirceur.
Outre l’agacement très net qu’elle discerne dans le ton de son frère, son expression faciale traduit cependant tout autre chose : inquiétude, appréhension, peur et toute une panoplie de sentiments du même genre. « Peut-être que si tu ne m’avais pas suivie dans l’ombre… » commence-t-elle, excédée. Elle souffle tandis que les mots se coincent dans le creux de sa gorge. Elle n’a pas envie de gâcher ses forces dans une énième dispute, un dialogue de sourds. « J’ai juste besoin d’espace, d’oxygène. Si désormais même toi, tu ne daignes m’en accorder, alors on touche le fond. » se justifie-t-elle d’une voix posée. Elle a pertinemment conscience qu’il a cette folle impression de devoir la protéger envers et contre tout. Pourtant, ce n’est clairement pas son rôle. Tout comme ça ne l’était pas il y a cinq ans de cela, triste année durant laquelle il s’est sali les mains pour ses beaux yeux. Ça la rend malade rien que d’y songer. Elle aimerait pouvoir tout effacer, ne plus se souvenir, ne plus se rappeler. Pourtant, dès qu’elle ose fermer les paupières, les images s’enchainent, défilent à vive allure, tel le film de cette année dévastatrice. Elle pose instinctivement sa main à hauteur de sa nuque, caressant sa cicatrice, sentant encore le fer brûlant mutiler sa peau d’opale. Marquée tel du bétail, traitée comme un animal. Elle a eu le bon rôle cependant, le rôle qui ne demandait pas de sacrifier tout principe, toute dignité. L’objet du chantage, voilà ce qu’elle était. Un refus d’obtempérer de la part de Reese, une lacération pour Rory, ni plus ni moins. Il n’a pas fallu longtemps à son jumeau pour se soumettre totalement, la sauver, la préserver, c’était son unique but lorsqu’il a maladroitement saisi la lame acérée, mutilant, lacérant, écorchant à vif quiconque s’immisçant entre la jeune femme et sa sécurité. Elle lui est redevable, clairement. Lui, il n’a rien à se reprocher, il ne lui doit strictement que dalle.
« De temps en temps. Quand Olympia m’étouffe. » avoue-t-elle, un air coupable rivé au visage. Stupide n’est pas synonyme de Reese (n’allez guère lui dire), elle préfère cependant omettre toute précision supplémentaire par pur instinct de préservation. Ce qu’il ne sait pas ne peut pas lui faire de mal, de plus il n’y a pas besoin d’un nombre futile pour l’affoler encore plus qu’à l’accoutumée. Maintenant qu’elle est découverte, elle espère juste que son frère ne se la joue pas rabat-joie. L’idée de rentrer au camp l’éreinte déjà. Olympia est telle une prison dorée, tel un gros paquet de faux-semblants. Des sourires qui camouflent de la pitié, des rires qui trahissent de la fourberie, des visages rayonnants où se cachent désillusion et harassement. Il ressent la même chose, elle le sait, elle le voit. Tout en lui trahit une certaine lassitude, de l’accablement. Leur vie est inodore, incolore, sans saveur.

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Une fois les états d’âme partagés, le ton redevient plus léger, même si rien qu’à la vue de l’omoplate marquée de son frère, son estomac se noue d’effroi. « Une chance que l’alarme ne se soit pas déclenchée ! » s’exclame-t-elle en observant un Reese triomphant, BD à la main, l’agitant tel un trophée inestimable. Il a toujours été le jumeau solitaire et geek sur les bords, préférant largement la présence de ses nombreuses consoles plutôt que le contact humain. Elle entend encore à la perfection leur père s’écrier d’un ton dissimulant une pointe d’incompréhension : " sort un peu de ta bulle mon grand, le monde est à portée de main !" Trop à portée de main pour Rory, campant le rôle de la jumelle malade mais néanmoins téméraire et têtue comme une mule. Nul doute qu’elle savait croquer la vie à pleines dents, parfois – souvent – de manière excessive, quitte à mettre sa vie en danger afin de démontrer aux yeux de tous la force de caractère qui l’a toujours animée, brisée cette image d’apparente fragilité, contredire toutes ces personnes qui l’imaginaient moulée en sucre glace. En y resongeant plus amplement, elle n’est plus aussi fière de son comportement pour le moins inconscient. Dieu sait à quel point et surtout combien de fois ses parents si aimants et protecteurs ont dû se ronger les sangs. Elle tire un trait sur ces pensées éprouvantes d’un geste de la tête, non elle ne veut plus se remémorer leurs visages, leurs expressions si caractéristiques, c’est beaucoup trop douloureux.
Tandis que Reese se questionne concernant la suite des évènements, une lueur espiègle illumine le regard de la jeune femme qui sait ô combien son frère manque cruellement d’occupation ces derniers temps. Voilà désormais quatre fois qu’elle le voit relire le premier tome de la saga game of thrones, sans parler du bouquin " vingt mille lieues sous les mers " de Jules Verne. L’ultime moment de rire reste tout de même le fameux jour où elle l’a entraperçu s’essayer aux livres " confession d'une accro du shopping ", fait dont elle se servira un jour ou l’autre en guise de chantage, ce n’est qu’une question de temps, vous pouvez en être persuadé. Pour l’instant, elle garde cette précieuse information bien au chaud dans sa caboche afin de pouvoir la ressortir au moment le plus opportun. « Il y a un lycée à quelques centaines de mètres d’ici, grouillant plus que probablement de casiers ‘geekeste’ autrement dit à ton image, sans parler de la bibliothèque. »  Elle n’attend guère une quelconque réponse pour se mettre en route, elle connait assez bien Reese pour savoir qu’il lui est impossible de résister à une telle offre. D’ailleurs, elle peut le sentir jubiler intérieurement rien qu’à l’idée de nouvelles BD et bouquins en tous genres. « Par contre, il vaut mieux rester loin du gymnase et de la cour principale, c’est infesté de rôdeurs. » L’unique fois où elle s’était aventurée au lycée de Sunnydale, c’était en vue de dénicher de nouveaux vêtements, malheureusement le vestiaire des filles adjacent le gymnase, elle avait bien failli servir de petit-déjeuner aux marcheurs affamés. Mauvaise expérience qu’elle ne racontera jamais à son frère, évitons de l’inquiéter pour si peu. « J’espère que tu sauras aussi bien vandaliser les casiers que cette voiture. » lâche-t-elle tout en lui adressant un clin d’œil complice. Il ne leur faut qu’une poignée de minutes pour atterrir devant les grandes portes en bois indiquant « Lycée de Sunnydale, où l’éducation est reine. » Elle se sent soudainement telle une adolescente surexcitée à l’idée de rencontrer le joueur phare de l’équipe de basketball, le sexy basketteur en moins malheureusement et son frère en guise d’acolyte. D’accord, vu sous cet angle c’est déjà moins grandiose mais il faut savoir se contenter de ce qu’on a sous la main par les temps qui courent.

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Dans une réalité alternative, Rory aurait pu éprouver une pointe de culpabilité tandis que son frère s’étonne de sa grande connaissance des lieux. Mais il n’en n’est rien. Si elle ne lui a guère parlé de ses allées et venues plus tôt, c’est pour la simple et bonne raison qu’elle tient à la vie de Reese. Pas question qu’elle prenne le risque de le perdre dans des sorties qui en plus d’être interdites se révèlent être dangereuses. De plus, le fait est qu’il n’est autre qu’un boulet, pas tout le temps encore heureux, mais tout de même. La jeune femme s’avance d’un pas assuré vers l’entrée du lycée, elle n’y est plus revenue depuis un moment, elle sait cependant que la plupart des salles sont à priori " sûres " si tant est qu’ils évitent le gymnase et la cour principale. Alors qu’elle pousse les portes battantes, Reese lui attrape vivement le bras, le regard de ce dernier est brillant d’excitation, il gigote, se balançant d’une jambe à l’autre. Elle avait oublié ce que le nom de cette ville représente pour eux, autrement dit une sacrée partie de leur enfance. Époque radieuse et regrettée. Buffy the vampire slayer. Leur série du vendredi soir. Ils ne l’auraient manquée pour rien au monde, ça non ! « En effet, j’avais oublié de te préciser ce léger détail. J’ai cru mourir en découvrant ce village, j’en croyais pas mes yeux ! » Eh oui, Sunnydale, la bouche de l’enfer n’est autre qu’au Texas, qui l’aurait cru ! D’ailleurs vu l’état actuel du monde, il est clair que Buffy n’a pas mené sa mission à bien, ni aucune autre tueuse. « On se trouve au centre même de la bouche de l’enfer mon biquet ! » s’exclame-t-elle tout en montrant d’un geste théâtral le lycée public trônant derrière elle.  « Tu vois Rory, que tu quittes Olympia pour risquer ta vie passe encore, mais que tu me caches l’existence de cette ville, me déçoit beaucoup. » Elle éclate d’un rire franc et cristallin. Sacré affront, en effet ! Un soir, lorsqu’il se plaignait de sa triste vie dénuée de sens sans l’intégrale de la série BTVS auprès d’une Mina qui se serait bien jetée par la fenêtre, elle avait songé lui parler de tout ça, puis s’était finalement ravisée. Le connaissant, il aurait été capable de sauter les barrières en tôle en plein milieu de la nuit afin de visiter Sunnydale.  « Viens ma poule, on joue à Buffy ? J’fais Buffy ! » s’exclame-t-il complètement euphorique, on dirait presque fou ! L’idée est plus que tentante, il faut l’avouer et puis, personne n’est là pour les juger après tout. Il est cependant hors de question qu’il incarne Buffy, ça ne colle pas du tout avec son caractère ! Elle a toujours été Buffy Summers, c’est comme ça et pas autrement, Rory est très à cheval sur les traditions. Heureusement, il finit par se rétracter, essentiellement grâce à son regard noir vraiment très impressionnant. « Tu sais bien que je te verrais mieux dans le rôle d’Alex le boulet de service, mais bon va pour Willow. » Ah oui, Alex, cette tête à claques ! Rory a toujours eu un rapport vraiment très étrange voir même indéfinissable avec ce personnage, oscillant entre la sympathie et la haine. Dieu sait ô combien de fois elle a voulu zigouillé Alex Harris de ses propres mains. Sérieusement, on ne peut pas faire pire dans le genre personnage agaçant ! « Il faut absolument qu’on aille prévenir Giles, j’ai rêvé du maître la nuit dernière, ça ne peut pas être qu’une simple coïncidence ! » déclare-t-elle sur un ton assuré tout en pénétrant dans le bâtiment, pied-de-biche à la main. Elle jette un coup d’œil furtif à gauche, puis à droite. Le couloir est aussi désert que sa vie sentimentale. Mais où se cache son Spike sérieusement ? « La voie est libre. »

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Immature. Ils le sont c’est certain. Mais qui peut leur reprocher ce comportement ? Sincèrement, après les chemins sinueux et obscurs qu’ils ont empruntés ces dernières années, ils méritent ce moment, cette dose de profonde inconscience, plus que quiconque. Leurs traits ne sont ni tirés ni durs, ils n’ont pas ce regard sombre et triste caractéristique de ceux qui ont connu le pire, rien ne traduit leur passé douloureux. Ils sont plutôt bons comédiens au final, il faut le reconnaitre, personne ne se doute de rien, personne ne peut ne serait-ce qu’envisager ce qui leur est arrivé. Il n’empêche que c’est ancré tout au fond d’eux, marqué au fer rouge et ce, peu importe l’acharnement et l’ardeur avec lesquels ils tentent de refouler le moindre souvenir éprouvant. Ça fait partie intégrante d’eux. Ils sont tourmentés, ils le seront toujours. Mais si l’espace d’un instant, ils ont le droit de gouter à cette totale ignorance, alors Rory ne raterait cette occasion, cette chance de tout effacer quelques minutes durant, pour rien au monde.

Il a toujours été aisé pour la jeune femme de se mettre dans la peau mais également dans la tête de Buffy Summers, tueuse de vampires, héroïne insoupçonnée et bien trop souvent contredite (ou pas assez écoutée). Non pas qu’elle ait la prétention de se comparer à ce personnage fictif mais pour le moins badass, autrement dit tout ce qu’elle n’est pas. Elle sait cependant ce que c’est d’être ignorée, minimisée, reléguée en arrière-plan. Personne ne la prend au sérieux à Olympia, elle ne fait même plus aucun effort pour que cela change. À quoi bon après tout ? Elle a déjà dépensé bien assez d’énergie comme ça. « Bon... Il se passait quoi dans ton rêve ? » s’enquit Reellow. Elle sourit, heureuse que son frère soit également totalement imprégné du personnage. En même temps, ce n’est guère une surprise, ils sont régulièrement sur la même longueur d’onde. « Pour faire court… » Elle est interrompue par une grognement sourd et tandis que sa prise se resserre autour de son pied-de-biche, elle termine poussée contre le mur. Un poil trop protecteur ce Reese ? Oui, la réponse est un oui sans détour. « C’était un jeunet, les jeunets n’ont pas d’aussi bons réflexes que les anciens. Et puis, faut admettre que tes talents en magie font leurs preuves ! » Si seulement ils étaient dotés de pouvoirs magiques. Ils pourraient nettoyer la surface de la terre ou alors remonter le temps (ou juste enquiquiner le reste des Olympiens, plus particulièrement Mina, ce serait bien leur genre).  « D'ailleurs Buffy, en parlant de crânes vides… Alex est pas là aujourd'hui ? Je l'ai pas vu ce matin. » Ruffy ne peut s’empêcher de rouler imperceptiblement des yeux à l’entente de ce prénom. Sa " passion " pour Alex Harris et sans failles. « Il doit surement bécoter Cordelia dans un placard à balais ! » rétorque-t-elle sur un ton mi-dégoûté, mi-réprobateur. Elle n’a jamais vraiment compris la relation liant ces deux personnages, enfin, comment est-il possible d’en pincer pour un mec pareil sérieusement ? Il n’est ni classe, ni joli garçon, ni marrant et ne parlons pas de son charisme à deux balles. Non, elle ne lui trouve rien, si ce n’est qu’il s’agit d’un boulet à l’état pur. Tandis qu’elle rumine intérieurement, le trajet jusqu’à la bibliothèque se déroule sans encombre. Elle connait les lieux comme sa poche. « Giles ? » s’écrie-t-elle à voix basse, elle ne veut tout de même pas attirer l’attention des putréfiés, elle tient un minimum à sa vie. « Il n’est pas là, c’est bizarre… Depuis quand il quitte son antre ? » Giles ne quitte au grand jamais son sanctuaire, jamais ! « Je te laisse fouiller les bouquins parlant du maitre, je vais regarder si je ne trouve rien sur la marque étrange dont étaient affublés les vampires dans mon rêve. » Traduction : je te laisse partir à la recherche de bandes dessinées pendant que je m’affale sur une chaise quelconque. Elle a déjà inspecté l’endroit de fond en comble sans jamais rien trouver d’intéressant, du moins à ses yeux, alors autant éviter de se fatiguer pour que dalle. Paresseuse la Ruffy ? Oui, c’est un fait plus qu’avéré.

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« Giles et une femme… Pourquoi cette perspective me semble-t-elle si étrange ? » Rory a toujours adoré le personnage de Giles, malgré son côté bibliothécaire coincé, elle apprécie par-dessus tout cette part d’ombre caractéristique le rendant d’autant plus intéressant. En y repensant, les producteurs se sont acharnés sur ses relations amoureuses, comme tout le reste des personnages de la saga, il n’a pas échappé aux drames romantiques. Enfin, tout le monde sait de toute manière que Joss Whedon est un grand sadique, il lui manque clairement une case. Elle ne compte plus les fois où elle a déversé un torrent de larmes devant la série, Reese est d’ailleurs tout aussi concerné qu’elle. à deux, ils auraient pu remplir une piscine municipale. Elle donnerait n’importe quoi pour pouvoir revoir ne serait-ce qu’un petit épisode de BTVS. Elle soupire, prise d’une soudaine nostalgie. Tout était tellement simple autrefois. Elle n’en avait tout simplement pas conscience à l’époque. Elle peinait à se lever le matin, ruminant contre la terre entière, s’imaginant coincée dans un train train quotidien détestable : études qu’elle déteste – transport en commun – dodo. Si seulement elle avait su que l’apocalypse pointerait le bout de son nez, elle aurait profité un peu plus au lieu de se plaindre.

« Je ne pensais pas que les bibliothèques te faisaient un tel effet ! » déclare-t-elle sur un ton moqueur, tout en observant Reese s’agiter dans tous les sens. En réalité, elle est vraiment heureuse de le voir si… vivant ? À Olympia, ils se sont enfermés dans une nouvelle routine sans saveur. Elle ne se doutait cependant pas à quel point son frère avait besoin de prendre ses distances avec la ville. Peut-être qu’elle l’aurait emmené plus tôt si elle avait su. Trois ans à lui cacher ses escapades interdites, c’est long, vraiment très long. D’habitude, elle ne lui dissimule rien, du moins pas depuis l’Influenza. Dans le cas présent, elle n’a pas réussi à anticiper la réaction de son jumeau, préférant garder tout ça secret par peur qu’il décide tout simplement de l’empêcher de continuer ainsi. Après tout ce qu’ils ont traversé, Reese a développé un sacré instinct de protection, ça ne l’aurait donc pas étonné. Fatalement, elle ne l’aurait pas écouté, ça lui aurait fait du mal, elle ne voulait pas en venir jusque-là. Elle est désormais soulagée. « Non pas vraiment. Je vais continuer à chercher pendant que tu commences à feuilleter les bouquins, ok ? » Elle n’attend aucune réponse et s’en va à son tour se promener entre les rayons. Elle n’est pas vraiment très axée lecture, mais il faut bien trouver de quoi s’occuper. De longues minutes plus tard, ses yeux finissent par se poser sur le premier tome de la sage Harry Potter. Nostalgie le retour. Elle s’assied à même le sol et se plonge dans l’univers fantastique de J.K Rowling.

Il en faut beaucoup pour captiver l’attention de Rory plus d’une heure, cet instant précis n’échappe pas à la règle. Quarante-cinq minutes plus tard et les fessiers en compote, la jeune femme reprend son petit tour du proprio. Sait-on jamais qu’un bouquin utile lui soit passé sous le nez. « Oh mon dieu Reese ! » s’écrie-t-elle un peu trop fort en regagnant le centre de la pièce. « Regarde ce que j’ai trouvé, tout à fait ton genre. » Elle brandit ensuite sa trouvaille : L’accro du shopping à Manhattan. Bon, elle souhaitait à la base garder ce dossier pour plus tard, mais elle aurait été bête de laisser passer l’occasion. « Eh ouais… tu pensais être tranquille et tout seul ce soir-là, mais il n’en n’était rien ! » Elle plaque une main sur sa bouche afin de refouler le fou-rire imminent face à la tête déconfite du principal concerné. Et puis, son regard se fige d’effroi tandis qu’elle aperçoit par le hublot des portes battantes un amas de putréfiés fonçant droit sur eux. La porte des vestiaires a dû céder entre-temps. La réalité finit toujours par nous rattraper à un moment ou un autre.