Les coups contre la porte tirent Adam d’un sommeil involontaire causé par la fatigue d’une longue journée, la reprise très récente de sa nouvelle dose d’antivirus et, accessoirement, par le confort traître du canapé sur lequel il a eu le malheur de s’avachir une heure plus tôt. C’est donc avec l’air un peu coupable du type qu’on attrape au saut du lit à une heure où il devrait être occupé à tout autre chose que l’olympien se traîne les godasses jusqu’à la porte d’entrée et ouvre cette dernière sans avoir eu le temps préalable d’effacer de son visage les dernières traces du sommeil.
Face à lui, la détermination brute d’Andy le heurte avec la puissance d’un seau d’eau glacé jeté en pleine figure.
«
Wow. Ralentis un peu, tu veux ? » Il se frotte les yeux en un geste qui peut tout aussi bien avoir l’intention de lui éclaircir les pensées puis, tandis que les mots du gosse font tranquillement leur petit bonhomme de chemin jusqu’à sa caboche, qu’il les remet dans l’ordre et qu’il comprend
enfin, bien qu’avec un léger retard, ce que son vis-à-vis vient de lui déballer tout d’une traite, Adam ouvre la porte un peu plus largement et s’écarte d’un pas sur le côté. «
Entre. »
Tout d’un coup, toute envie de sommeil semble l’avoir définitivement déserté.
Andy veut partir. Une expédition ? Pourquoi pas après tout, il peut bien l’appeler
gamin autant qu’il veut, son compagnon est grand, suffisamment pour prendre ses décisions tout seul, suffisamment pour n’avoir pas à rester confiné à l’intérieur d’Olympia si son désir est autre.
Ah, mais si seulement les choses pouvaient se contenter d’être aussi simples…
S’il te plaît. Les mots résonnent encore longtemps après avait été libérés. Silencieux, Adam contemple le jeune homme d’un œil désormais un peu plus vif et considérablement plus sérieux aussi.
Pourquoi faut-il que cela arrive maintenant, hein ? «
Je ne sais pas, Andy. » La voix est calme, peut-être même un peu dure, tandis qu’il se détourne de son interlocuteur pour s’engouffrer dans la pièce qui s’ouvre à leur droite, la cuisine ; là, il s’y tire un tabouret haut et s’y laisse choir dans le carré de soleil découpé par la fenêtre.
Olympia est sur le pied de guerre depuis ce matin, depuis la mort de Diggs et la décision des autres leaders de s’en aller marcher contre les Lazarus. Tout le monde ne parle plus que de ça, désormais. Ce peut-il que l’envie subite d’Andy ne soit qu’une pure coïncidence ? Il n’y croit pas une seule seconde : de toute façon, il n’y a pas d’autre expédition annoncée pour le moment…
«
Je ne sais pas, reprend-t-il en secouant la tête et le geste tout aussi bien le ton employé dénoncent plus un refus qu’une hésitation.
Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. » Ou plutôt, il est sûr que cela n’en est pas une. «
Tu veux partir avec les autres demain ? » Et en même temps qu’il pose la question, il a encore un léger espoir qui persiste en lui : celui qu’il se trompe, que Blondie ne parle pas du tout de cette guerre annoncée mais d’une simple envie arrivée subitement aujourd’hui comme elle aurait pu frapper hier ou dans deux semaines.