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 Some things can only be seen in the shadows

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Abel Rhodes
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MessageSujet: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyDim 3 Fév - 21:49

Wyatt Abel
« Some things can only be seen in the shadows »

fin janvier + L’heure, un concept éternellement abstrait pour Abel Rhodes lorsque le cavalier était plongé dans des problèmes à première vue insolubles, et pour lesquels il lui fallait tout de même trouver une solution sans trop tarder. Les roulées à côté de lui s’empilaient dans le cendar jusqu’à en dégueuler et la nuit était tombée depuis un bout de temps déjà.
Ce n’était pas inhabituel : son esprit étant plus éveillé aux heures tardives, il n’était pas rare de le voir veiller jusqu’à des heures indues parce qu’il était tout bonnement incapable de trouver le sommeil. Cela ne l’empêchait pas pour autant de se lever aux aurores le lendemain.
Peyton s’en était allée avec en sa possession quelques échantillons prélevés sur Jackson, cela faisait déjà plus d’une semaine et il avait bien du mal à se le sortir de l’esprit. La solution miracle pouvait-elle se trouver là-dedans ? Silas était malade, et son état s’empirait, et les bonnes nouvelles ne venaient jamais, juste les mauvaises, toujours les mauvaises… Il pensait à la cavalière enchaînée dans la grange, puis à son fils qui faisait au mieux pour se prétendre en bonne santé quand il revenait d’Olympia, puis à Isaac.
Devant lui sur son bureau, le travail n’avançait pas, contrairement à l’heure…

Abel se prit la tête entre les mains, sentant la migraine commencer à poindre derrière les yeux. Sans doute s’obstiner à travailler avec aussi peu de lumière n’était pas une bonne chose mais que voulez-vous, on ne changerait plus les vieilles habitudes…
La fatigue était présente, trahie par la lassitude de ses gestes, mais il savait que le sommeil n’était pas prêt de venir de sitôt. Un peu d’air frais lui ferait du bien, sans aucun doute, et puis la plupart de ses hommes dormaient probablement – du moins ceux qui n’étaient pas affectés à la garde de nuit. L’habitude lui fit saisir le holster et il le sangla autour de ses épaules avec la même nonchalance d’un lambda qui se vêtirait de sa veste avant de sortir. Dehors, l’un des deux cavaliers veillant devant la maison lui jeta un regard interrogatif mais il lui fit signe de rester à son poste, se contenta de siffler le chien : juste pour se dégourdir les jambes, cette compagnie-là lui serait bien assez suffisante.
Le silence du campement était agréable : la vie paraissait étouffée, derrière les parois des cabanes et autres abris, quelques rires en sortaient parfois, des éclats de voix indistincts. Il s’alluma une énième clope, quémandant du feu auprès d’un gars croisé à un moment adéquat, et lui céda l’une de ses cigarettes en retour.

La caravane de Wyatt se dressa devant lui sans qu’il ait réellement eu l’intention de venir jusqu’ici. Peut-être parce qu’inconsciemment, certains tracas associés au chef de la sécurité avaient dirigé ses pas à cet endroit précis, à un moment de la journée où il était à peu près certain que l’autre se trouverait présent et certainement pas  appelé à son devoir. La lumière filtrait sous la porte du mobil-home et de derrière les rideaux tirés ; il frappa.
« Tu me laisses entrer ? » Après quelques secondes de silence, et les regards qui se jaugeaient sans rien dire, le ton de sa voix s’était glissé entre eux deux, calme mais pas départi de son austérité naturelle. Pas vraiment une question, ceci dit, parce qu’un refus n’était pas envisageable. Derrière lui, le chien agita faiblement la queue en apercevant Wyatt. « Faut qu’on cause. » A onze heures du soir ?
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Wyatt E. Wooding
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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyMar 12 Fév - 22:39


Some things can only be seen in the shadows
Fin janvier | Abel & Wyatt
Le lent va et vient de la pierre à affûter sur la lame de son couteau ressemble à une berceuse. Le piège était de ne pas se laisser hypnotiser par le geste lent et régulier et trop affûter, plongé dans ses pensées. Ce n’était pas comme s’il allait dormir de sitôt. C’était un exercice simple, qui ne demandait pas tellement de réflexion, qui n’avait pas d’enjeux. Un moyen comme un autre d’essayer de trouver le sommeil. Deux fumiers avec la jugeote d’un crottin en cours de fertilisation étaient déjà venus lui rappeler son absence de vie privée, alors Wyatt pouvait essayer de dénouer les tensions emmagasinées dans son dos, les non-dits stockés dans sa poitrine et les vieilles angoisses nichées dans son ventre. Tout ça pour dormir quatre pauvres heures efficaces, lové contre le chien à défaut d’un amant et repartir secouer les puces des gardes endormis et des pauvres hères pas assez matinales. Il devait se retrouver du whisky pour le matin.

La journée était terminée, enfin et Wyatt sursaute lorsque l’on toque à nouveau à sa porte. « - Jésus-Fuckin’-Christ » Quand ils n’essayaient pas de faire leurs conneries en douce, les cavaliers faisaient preuve d’un singulier manque d’autonomie et/ou de désir de le faire chier – le second sentiment était presque un critère d’identité au ranch. Sans lâcher son couteau, dont il fait inconsciemment pivoter la lame entre ses doigts, le manche venant se coller contre l’intérieur de son poignet, Wyatt ouvre la porte de la caravane d’un geste ample. La porte vient heurter en douceur la paroi tremblante du mouvement tandis que Wyatt ne regarde même pas dehors, le dos contre les gonds, le bras tendu et la paume appuyée contre l’intérieur de la porte renvoyée vers l’extérieur.

Wyatt faisait peur, mais il ne faisait pas trop peur, puisqu’il fallait bien qu’on s’adresse à lui en cas de souci. Cela lui donnait une prérogative pas vraiment inscrite dans la fiche de poste qu’on ne lui avait jamais adressé : servir parfois d’intermédiaire entre les cavaliers et le manoir, porteur des mauvaises nouvelles. A force de jouer aux partenaires de travail fonctionnels à mi-temps, efficaces à plein temps et de parfois s’entre-sauver la vie bon gré mal gré, les cavaliers semblaient croire que Wyatt ne subissait pas les colères du patron, et que celui-ci réfléchirait à deux fois avant de lui faire sauter le caisson. Si Wyatt pouvait rationnellement croire au « deux » fois, ce n’était pas trois, et ce n’était pas pour autant que Abel lui épargnait les engueulades. Il avait juste le droit de dire ce qu’il pensait et/ou de grogner son mécontentement, en fonction. « - Vous allez me lâcher les noyaux, oui ? Y'a pas assez à faire dans ce camp sans venir me les péter toutes les deux minutes ?! Faut forcément que je vous colle un ordre à chaque fois qu'il s'agit de pelleter un tas de crottin ?! Allez emmerder l’autre abruti voir s’il y est aussi gentil que moi ?! Oh fuck me, bordel de... » La tirade manquait déjà de punch à la base, malgré son exaspération, mais elle finit littéralement en queue de poisson et soupir.

« - Yeah. » Wyatt observe Abel sur le pas de la porte, et roule des yeux, le visage agacé d’une grimace et d’un soupire. Evidemment. Pourquoi était-il surpris ? Bullet n’avait pas bougé. Et cela cadrait bien avec le karma général de sa vie. Il savait très bien que le fait que Abel toque et demande la permission était déjà… en soi, quelque chose proche du respect. Mais le fait était qu’il ne pouvait réellement lui claquer la porte au nez. Il pourrait. Mais Abel et lui étaient censés faire équipe et il n’était pas réellement agacé. Ce n’était pas le pire visiteur nocturne qu’il pourrait avoir.   « - T’es chez toi, après tout. » Wyatt écarte légèrement les bras, exposant ses paumes dans un geste d’impuissance, il hausse les épaules. Et puis, Abel avait un chien avec lui après tout. Le cavalier s’écarte pour le laisser entrer, et s’accroupi pour caresser le cabot, en ignorant son maître. En se donnant le temps d’aborder un air calme et composé avant de se glisser sur l’une des banquettes qui encadre la table, étroite, où repose encore son équipement. Il fallait absolument qu’ils causent, à 11 heures du soir, sans alcool. Un poids s’enfonce dans l’estomac de Wyatt qui demande, tranquillement, presque trop neutre dans son attitude, les bras avant-bras posés sur la table, mains jointes.   « - Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?»


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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyMer 6 Mar - 22:29

Wyatt Abel
« Some things can only be seen in the shadows »

Abel aurait pu s’énerver de la gueulante du chef sécu’ à son égard, cela aurait été bien son genre s’il s’était trouvé dans un de ses mauvais jours malgré la conscience nette que l’obscurité ne dénonçait guère plus que sa silhouette à l’homme qui se tenait dans l’embrasure de la porte. Il aurait pu se vexer du qualificatif peu flatteur dans lequel il s’était indéniablement reconnu, s’il ne savait pas déjà qu’on lui donnait d’autres sobriquets bien pires dès qu’il avait le dos tourné – et son vis-à-vis, en ce qui le concernait, se le permettait même parfois les yeux dans les yeux.
Il aurait pu s’en amuser, aussi. Surtout à partir du moment où Wooding avait commencé à réaliser que la personne qui se tenait en face de lui était, de fait, l’autre abruti en question.
Mais il n’eut compte fait pour tout ça qu’un maigre rictus assez fade, fatigué et de toute manière complètement avalé par la pénombre environnante. Et puisqu’il savait qu’il l’aurait de toute manière, il attendit poliment l’approbation du propriétaire de la caravane avant de s’immiscer dans cette dernière, Icare sur les talons quoique bientôt arrêté en plein vol afin de répondre aux attentions affectueuses de l’autre cavalier. Oui, il était ici chez lui, et il avait tous les droits s’il le souhaitait, mais disposait néanmoins encore de suffisamment de savoir-vivre pour ne pas en abuser à tort et à travers quand cela n’était pas une nécessité.

L’intimité retrouvée une fois la porte de l’habitation refermée sur eux deux, Abel imita son hôte du moment en venant prendre place sur l’autre banquette, face à lui. Le jeune clébard, en ce qui le concernait, alla tout de suite s’intéresser au plus vieux, quoique suffisamment fatigué (les journées étaient longues pour lui, étant donné qu’il mettait un point d’honneur à suivre son maître à la trace dès lors que celui-ci quittait la maison de maître) pour ne pas l’embêter à trop vouloir jouer. « M’éclairer sur quelques points, pour commencer », il déclara très succinctement avant de finir posément le bout de clope qu’il lui restait, et d’en écraser le mégot dans le cendar qui traînait sur la table au sein du silence quasi-religieux.
Il sentait bien le regard de l’autre rivé sur lui mais cela ne le dérangeait pas, ne l’incitait pas à presser ses gestes ou ses paroles. « Tu m’évites, Wyatt. J’suis pas encore devenu assez con ou aveugle pour pas m’en rendre compte, tu sais ? » Finalement, le regard s’était relevé pour croiser celui du concerné, adoptant dans la voix et l’attitude cette même neutralité tranquille : ni chaleur particulière – ce n’était pas pour une bonne soirée entre amis qu’il s’était pointé ici –, ni hostilité, colère, accusation. Guère plus qu’un simple désir de tirer les choses au clair et ce soir n’était ni pire, ni meilleur qu’un autre moment pour ce faire. « C’est pas vraiment un luxe que tu peux t’autoriser, t'es passé d'âge pour ces caprices. » Entendre : un cavalier lambda y avait droit, beaucoup d’entre eux en usaient régulièrement sans la moindre vergogne et Abel n’en avait que faire, du moment que le boulot était fait – et bien fait –, les ordres suivis, ses requêtes satisfaites…
Sauf que là où il se fichait comme d’une guigne de l’avis d’un palefrenier, il avait besoin de Wyatt, et cela faisait longtemps qu’il avait accepté ce fait sans en tirer encore trop de répugnance. Il avait besoin de sa coopération, de ses avis, parfois de ses conseils – et même de ses reproches, quoique très modérément et en fonction de ses humeurs. Alors quand celui-là s’évertuait à ne lui fournir que le strict minimum, lui faire ses rapports quand il le fallait, se pointer aux réunions quand il était convoqué, la différence se posait là, nette, profonde. Et cela faisait déjà quelque temps qu’Abel s’en était rendu compte bien qu’il s’était trouvé avec d’autres chats à fouetter. Ce n’était qu’à partir du moment où il s’était trouvé inconsciemment attiré par la caravane qu’il avait compris, en son for intérieur, qu’il n’était plus question d’accorder le bénéfice du doute au comportement de son interlocuteur actuel.
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Wyatt E. Wooding
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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyDim 24 Mar - 21:50


Some things can only be seen in the shadows
Fin janvier | Abel & Wyatt
Un long moment, il n’y a que le soupir de Bullet dans l’air. Abel était fatigué, à sa manière de plisser les lèvres et de laisser planer l’épée de Damoclès, et si ce qu’il y a éclaircir entre eux, ne plaît guère à Rhodes, il y a peu de chances que cela enchante Wyatt au passage. Il y a rarement des conversations plaisantes entre eux, même lorsqu’ils regardent dans le même sens et sont du même avis, et la lassitude d’Abel se répand par vagues dans la caravane mal éclairée, changeant l’ambiance ton à ton. Abel était fatigué. Ils étaient deux. Trois et quatre.Dommage qu’ils n’étaient pas deux chiens à pouvoir dormir l’un sur l’autre par terre, en écoutant les conservations que d’une oreille. Il avait besoin de plusieurs nuits de sommeil et il ne les aurait pas. Wyatt inspire profondément, gonflant sa pointrine inconsciemment, il expire lourdement fixant Abel, le visage fixe, l’avant-bras appuyé sur la petite table pliable. C’est parti pour les emmerdes.

Il l’avait vu venir, il l’avait attendu cette conversation. L’attente s’était dissoute en acide dans ses veines, son pas s’était fait plus lourd, tout plus pesant. Cela avait tardé. Assez pour produire un semblant irréel d’orage passé. Mais Abel ne laisserait pas couler, ça il s’y était attendu - il avait juste pensé qu’il le retiendrait quand il déposerait un de ses rapports, avant qu’il ait le temps de tourner les talons avec le strict minimum.  Il a un rire contenu, une grimace qui lui tord les tripes. Wyatt se frotte le nez, étouffant sa réaction et la bille dans sa gorge, fermant sa grande gueule. Un caprice, eh. Les paroles d’Abel ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd, encore moins d’un abruti. Le timbre neutre d’Abel résonne pourtant dans l’air, la voix une mélodie propre, différente des mots. Les sous-entendus sont clairs, compris. Et pour l’heure, ce n’était pas aussi pire qu’il l’aurait pensé. Mais il connaît Abel, son calme et ses colères froides. Mais il n’a rien à craindre de lui, rien à cacher. Et son rappel à l’ordre n’est que cela - il piquerait, pour un homme comme Wyatt, si Wyatt n’avait pas attendu, voire provoqué cette discussion, inconsciemment.

” - Quoi, je te manque maintenant ? Tu as besoin de moi ?” Il va trop loin, l’amertume narquoise perçe dans sa voix. Dès qu’il s’entend parler, Wyatt se mord l’intérieur de la joue, et lève un doigt, quémandant une grâce, encore une. Il prend le temps de parler, les lèvres serrées après une brève inspiration - non pas parce qu’il se sentait sur la corde raide, mais parce que tout le monde avait beau le prend pour une grande gueule, Abel pensait sans doute qu'il lui faisait trop de reproches et le critiquait trop … ces commentaires étaient en réalité à peine 10% de ce qui lui passait par la tête. Il avait 40 ans et cessé de faire des caprices à l’orphelinat. Roule toi par terre, ou boude, personne n’en a rien à faire de ta sensibilité mon grand. L’expérience et quelques bastons de bar lui avaient appris à se retenir des commentaires hasardeux, même s’il n’en donnait pas l’impression.

Il reprend, plus doucement, comme s’il craignait d’élever la voix, de prononcer un mot plus haut que l’autre. Mais la sincérité, calme, est présente. “- Je fais mon travail, et je le fais correctement, est-ce que tu as quelque chose à redire là dessus ?” La vérification lui échappe, il croise le regard d’Abel. On pouvait lui reprocher sa froideur, et ne pas donner de sa personne - pas de son professionnalisme. Mais il ne comptait pas jouer au con et nier. Il ne comptait pas prendre Abel pour un con, le minimum de leur relation tenait là dessus après tout. Respect. “- Je suis d’accord avec toi, sur la manière de gérer le ranch. Cela ne veut pas dire que j’aime ça - appelle moi un boy-scout, sentimental, je m’en tape, pas un traître. J’ai fermé ma gueule le temps de me faire à l’idée, plutôt que merder, plutôt que dire quelque chose que je regrettais, que je pensais pas. ” Il écarte largement les bras, s’adossant un peu plus au dossier du canapé, grandiloquent sur la gamme de la lassitude. “- J’aurais pensé que t’aurais aimé ça, depuis le temps.”

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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyJeu 25 Avr - 22:13

Wyatt Abel
« Some things can only be seen in the shadows »

Un éclair traversa les iris bleus pâles devant le trait moqueur et si un rictus étira brièvement ses lèvres, ce n’était pas du genre à traduire un amusement quelconque ; plutôt même tout l’inverse à vrai dire. Or si Abel n’était pas d’humeur à laisser exploser l’une de ses colères redoutées sur le simple prétexte d’une patience aux abonnés absents, il n’en était pas non plus au stade de se laisser moquer sans rien rétorquer derrière, sans un rappel à l’ordre mordant.
Wyatt lui coupa l’herbe sur le pied alors qu’il s’apprêtait à lui rendre la pareille et, plus ou moins disposé à lui laisser le bénéfice du doute – au moins pour cette fois – le cavalier garda le silence, se contenta d’attendre sagement la suite.
Finalement un sourire un peu las vint se peindre sur ses traits alors que son compagnon se taisait. « Joue pas au con avec moi, Wooding. » L’était pas venu pour faire la guerre, Abel, même s’il savait très bien que l’heure indue à laquelle il s’était présenté devant la caravane avait, à elle seule, suffi à faire chier son hôte. « J’te garde pas chef pour que tu fermes ta gueule et acquiesce stupidement à tout ce que je demande. » Alors ravale ton ironie de merde, compléta le regard rivé à celui de son subalterne. « Du reste j’ai pas critiqué ton taff, pas plus que je t’ai accusé de traîtrise. » Bien qu’il conservât encore son calme, un léger agacement ne put s’empêcher de pointer le bout de son nez dans les intonations de sa voix. Parmi la liste – longue comme son bras – des choses qu’il n’appréciait pas, extrapoler à partir de quelque chose qu’il avait dit, et qui n’avait pas grand-chose à voir avec ça, figurait en bonne place dans le classement. « Et si j’avais des doutes à ce sujet, crois bien qu’on serait pas là à en causer tranquillement en tête-à-tête. » Et pas maintenant, surtout pas maintenant au vu de ce qu’il avait vécu avec la trahison de Winona : Abel n’avait certes pas besoin d’un second coup de poignard dans le dos, que celui-là soit réel ou fictif. Wyatt ne lui avait jamais réellement donné la moindre raison de douter à son sujet et, dans l’absence de preuves indiquant le contraire, le leader du ranch n’avait que son instinct pour lui souffler qu’il pouvait encore continuer de lui faire confiance.
Ce même instinct qui, pourtant, s’était fait rouler en beauté par les beaux yeux et la langue de vipère de Jackson.

Abel avait donc deux choix face à lui : soit sombrer dans la paranoïa la plus totale, regarder en permanence par-dessus son épaule et ne plus faire confiance à personne – et ainsi précipiter sa perte, car aucun règne ne pouvait perdurer dans de telles conditions –, soit accepter que ceux que son ancienne bras droit n’avait pas entraîné dans sa chute lui soient, eux, encore fidèle. Et accepter, donc, avoir besoin de leur appui, de leur force, pour ne pas se retrouver seul dans l’adversité.
Il estimait Wyatt de ceux-là. Ce pour quoi il ne pouvait pas tolérer certaines choses venant de lui, ce pour quoi il se retrouvait ici ce soir sans aucun signe précurseur quant aux motifs de sa présence. « Maintenant qu’on a éclairci ça, il reprit non sans un certain cynisme, une chose : depuis quand tu fermes ta grande gueule quand un truc te plaît pas, hein ? Depuis quand tu préfères m’éviter plutôt que me lâcher cash le truc qui te colle en travers de la gorge ? » Alors même qu’il savait, lui, qu’il en avait le droit, au contraire de beaucoup d’autres. Il continua, reprenant par mimétisme la formulation de son vis-à-vis : « J’aurais pensé que tu savais que c’est exactement ce que j’attends de toi, depuis le temps. » En sus de son travail au ranch, forcément. « Mais soit : t’as préféré ruminer plutôt que venir me péter une crise ? C’est tout à ton honneur. Sauf que là, j’suis plus d’humeur patiente à bien vouloir attendre que t’ai fini de bouder. J’aime pas voir un truc qui tourne pas rond juste sous mon nez et pas piger pourquoi. Donc, j’t’ai laissé assez le temps pour réfléchir là, non ? » Une question qui n’attendait pas de réponse puisque, forcément, Abel se serait pas pointé ici en acceptant qu’on lui demande encore quelques jours de plus, à faire gentiment demi-tour à ce genre de réponse. Putain, il venait pas mendier à sa gonzesse qu’elle accepte de mettre fin à leur break, merde, il l’exigeait juste en bonne et due forme.
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Wyatt E. Wooding
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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyDim 19 Mai - 11:49


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Fin janvier | Abel & Wyatt

C’est imperceptible, la manière dont ses doigts agrippent le rebord de la table, le bras tendu pour attraper l'extrémité de la table, no man’s land entre vous - le geste moins tendu, moins propriétaire qu’il en a l’air. Joue pas au con, Wooding. Combien de fois l’a-t-il entendu ? Dans les regards, les mimiques, les saisies au collet pour le lui cracher au visage. L’avertissement arrive toujours trop tard, mais il est devenu bon à ce jeu. Alors l’homme ravale son gloussement nerveux, il ravale son envie de lui demander si vraiment Abel ne préfèrerait pas qu’il acquiesce stupidement. Au fond, Wyatt sait que c’est ce que Abel attend de lui, depuis le temps - l’homme en face de lui ne l’aurait pas laissé depuis tant d’années si ce n’était pas le cas. Et Wyatt ne renâcle pas à cette tâche.

Il sait aussi qu’il avait de la chance d’avoir cette conversation. De pouvoir percevoir l’agacement qui fait vibrer la voix d’Abel, de voir la ligne, surlignée au jaune fluo, à ne pas franchir. Cela ne l’empêche pas de tiquer - il grimace, mais n’interrompt pas Abel, se mordant l’intérieur de la joue. Il se contente de laisser échapper un instant plus tard : ”-Tu sais depuis quand.” Wyatt murmure, secouant légèrement la tête. Depuis Isaac. Depuis qu’Abel l’avait menacé de son flingue. Depuis qu’il avait pété les plombs. Surtout : depuis Winona. C’est aussi faux que vrai. Il a préféré l’éviter, plutôt que de lui lâcher ce qu’il avait sur le coeur. Mais il ne comptait pas fermer sa grande gueule quand quelque chose ne lui plaisait pas. Ce n’était pas lui. Ou du moins pas une part de lui avec laquelle il avait l’habitude de frayer, et encore moins quelque chose qu’il aimait découvrir. La trahison avait peut-être remué quelque chose de plus profond qu’il ne pesait Mais même si cela lui ferait clairement mal au cul de mourir comme ça après tant d’années, il préférait qu’Abel en finisse avec lui dans un coin sombre parce qu’il aura eu le mot de trop et avoir fait ce qu’il fallait. Ne pas s’être tenu en simple spectateur quand quelque chose qui ne lui plaisait pas se déroulait sous ses yeux.

“- Plus de temps que ce que je m’attendais.” Confesse le chef de la sécurité, croisant le regard d’Abel. Et il doutait que ce soit pas pure patience et vertue - Abel avait eu autre chose à foutre que les états d’âme de son chef de la sécurité - Wyatt avait compté dessus. Compté que tant qu’il faisait son job correctement, Abel s’occuperait du reste avant de sa gueule et que ça lui laisserait le temps d’encaisser, de reprendre son calme. Il expire lentement, venant croiser les bras sur sa poitrine, et glisser un peu plus contre le dossier de son siège. Il observe Abel lentement, une sorte de regret perçant dans son regard. Il était… il avait encaissé. Mais il avait continué d’éviter Abel.

Ce qui voulait dire qu’il allait rouvrir sa grande gueule. Wyatt inspire profondément comme pour donner le temps à Abel de claquer la porte, puisque Wyatt arrêtait de bouder, et il n’avait pas besoin d’entendre pourquoi n’est-ce pas ? La boutique tournait, plus rien à voir, on se serre la main et chacun fait sa part de leur partenariat impossible, sans se concerter ni faire de longs discours. ”- Une personne dont j’étais proche, a trahi ma confiance, et le ranch.” Certes, il n’avait pas … le lien d’Abel avec Winona, que Dieu l’en sauve, mais ouvrir les yeux sur les conneries de son ami, ses sous-entendus lui avait fait plus qu’une gifle ou un coup dans les couilles. Il n’avait jamais plaisanté avec les histoires de loyauté. ”- Bien sûr qu’elle méritait d’être exécutée pour ça. Après, j’ai des questions à lui poser, on m’interdit l’accès, ce que, à l’exception d’endroits où j’ai clairement pas envie de mettre les pieds, j’ai pas l’habitude de trouver au ranch. Parce que c’est mon job d’en assurer la sécurité. Puis, j’apprend que tu as fait des expériences… Je ne suis qu’un bon texan chrétien. Cette merde… C’est pas ce qu’on a l’habitude.” Il coince ses mains sous ses aisselles et rive son regard à celui d’Abel, sans animosité. Merde, si le chef le demandait aussi gentiment…   “- Alors j’ai pris le temps de réfléchir, grand mal m’en fasse. Je te l’ai dit. Je suis d’accord avec cette décision. Je pense que c’était la chose à faire - mais il y a des raisons pour lesquels toi, fieffé connard est le leader du ranch et que je n’ai pas les couilles nécessaires pour faire ton job. J’avais juste pas particulièrement envie de te voir le temps de digérer.” A long terme, bien sûr que c’était une bonne chose pour les survivants. Mais ça laissait un sale goût en bouche. La goutte d’eau qui faisait déborder le vase, après la trahison, après toutes les emmerdes des derniers temps. Plutôt que dire des conneries qui pourrait franchir une ligne que j’ai pas envie de franchir. Il n’avait juste pas envie eu envie de voir Abel après ça, pas plus que nécessaire. Il avait pris le temps de réfléchir, à observer ce qui restait de ses principes. Mais si Wyatt avait été certain qu’Abel ne pouvait pas tenir la barque … ils ne seraient pas là. Wyatt expire par le nez, décroisant les bras pour les appuyer sur la table, et plisser les yeux quand il observe Abel. Et la lueur ravivée dans son regard ressemble à toutes ses fois où il vient exposer point par point ce qui le chipote tout en réfléchissant à comment l'annoncer à Abel pour que ça soit productif, sa voix calme, presque trop veloutée. ”- Est-ce que t’avais vraiment envie que je te dise ce que je pensais, de toute façon ? J’ai pas eu l’occasion de dire quoique ce soit à temps pour que ça serve. Tu voulais que j’acquiesce, j’ai eu le message. Les signaux sont parfois confus sur ce que t’attends de moi, chef.”

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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyDim 16 Juin - 19:20

Wyatt Abel
« Some things can only be seen in the shadows »

Si on avait demandé à Abel de décrire Wyatt en quelques mots, bon texan chrétien ne serait sûrement pas la première chose qui lui serait venue à l’esprit. Et sans doute qu’il l’aurait relevé à un autre moment, mais pas maintenant ; il n’y eut guère plus qu’une brève petite lueur railleuse pour s’allumer au fond de son regard, aussitôt venue, aussitôt repartie. Il le laissa continuer, sans l’interrompre de quelque manière que ce soit. Et même quand l’autre donna l’impression d’en avoir terminé, le leader resta encore silencieux durant une longue poignée de secondes, jusqu’à ce que la question posée le pousse à se tirer de son mutisme attentif.
Est-ce qu’il avait vraiment envie ? La question n’était pas aussi simple qu’elle le paraissait au premier abord : on ne pouvait pas juste y répondre par oui ou par non et s’en contenter, aller de l’avant. « Je voulais rien du tout, te concernant : avoir ton accord ou non n’aurait rien changé de toute manière, Abel se décida enfin à lâcher. J’ai pris ma décision sans concerter personne, c’était bien pour une raison. » Parce que malgré tous ceux qui le qualifiaient de monstre, lui-même avait eu une conscience très nette du manque cruel d’éthique dans ce qu’il avait fait. Non pas qu’il eût plaint Jackson d’une manière ou d’une autre durant le long chemin qui l’avait menée à ce qu’elle était désormais, mais il n’y avait pas tiré un plaisir particulier pour autant. Certes il la détestait pour ce qu’elle avait fait, Winona, mais il n’était toujours pas parvenu à la détester elle : n’était-il pas le seul à blâmer pour avoir été trop aveugle dans cette histoire ? Jenna l’avait averti, Peyton aussi et Abel… eh bien, il avait continué à la laisser le manipuler sans y voir plus loin que le bout de son nez. Pauvre con, va…

Alors il avait pris cette décision, seul avec toutes les cartes en main, incertain du résultat. « Tu sais pourquoi j’ai choisi de rien te dire ? il demanda après un temps. Il fallait savoir ce qu’on risquait avec ce putain de virus. » Non pas par curiosité déplacée de laborantin fou mais parce que l’inconnu, dans un monde qui avait déjà la fâcheuse tendance à trahir toutes ses promesses, n’était vraiment pas une donnée acceptable dès lors que l’on avait un moyen d’aller à son encontre. « Sauf que personne était foutu de prendre cette décision. »
Or, cette donnée avait été Winona dès lors que la nature de ses crimes avait été mise à jour. Elle avait été vouée à mourir à partir du moment où sa trahison avait été avérée. Mourir ou… pire. « Si j’avais annoncé mes intentions, il y en aurait eu pour s’insurger, pour la plaindre indépendamment de ses actes. Et ils auraient eu raison, bien sûr. Imagine si elle avait juste fini par devenir un rôdeur basique ou… je sais pas, moi, simplement canner. » Alors, tous ceux qui auraient su la vérité en aurait porté le poids aux côtés Abel : de longues semaines de souffrance, une torture pure et simple pour un seul résultat : rien. « Et toi ? Vous étiez proches, je savais très bien que t’aurais jamais cautionné que je lui fasse ça. Alors je pouvais pas plus t’en causer qu’aux autres. » Ce quand bien même si, sur le moment, garder le silence et dresser une barrière infranchissable sur le chemin de son chef’ sécu lui avait attiré les foudres de ce dernier.
Des foudres qu’il s’était toutefois bien sagement gardé d’extérioriser.
« A vrai dire, j’avais pensé que tu serais venu me voir dès que j’ai annoncé ce que je lui avait fait. » Ou plutôt, ce qu’il avait laissé faire, nuance infime mais nuance réelle malgré tout. « De là à en avoir envie… » Il eut un rictus sans joie, un vague rire qui mourut en un souffle au fond de sa gorge. « Mais tu vis pas dans un monde où tu peux te permettre de m’éviter juste "parce que t’as pas envie de me voir", Wooding. Tu crois que j’ai envie de voir ta sale gueule, peut-être ? Ou celle de tous ces connards qui s’empressent de me cracher dessus dès que j’ai le dos tourné ? J’aurais pas dû avoir à venir te tirer de ton nid ce soir, parce que t’aurais dû te pointer de toi-même avant que j’estime que cette connerie avait assez duré. » Il se tut momentanément, regrettant lui aussi cette foutue bouteille d’alcool qu’il n’avait pas prise avec lui. « J’ai besoin de te savoir à mes côtés et que je peux compter sur toi, pas à faire la diva dans ton coin parce que t’as mal digéré ce qui s’est passé avec Jackson. »
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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyDim 14 Juil - 18:23


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Fin janvier | Abel & Wyatt

Il garde son regard ancré à celui d’Abel, en silence. Sa moue traduit un qu’est-ce que je disais éloquent, mais la grande gueule du ranch se la ferme. Bien sûr que Abel avait eu ses raisons – Abel avait toujours des raisons d’agir, ce qui faisait sans doute son charme, lorsque ses raisons n’étaient pas une poussée d’entêtement ou une paire de couilles. Wyatt ôte ses coudes de la table comme une réponse muette – il savait pourquoi Abel avait choisi de ne rien dire. C’était ça qui l’avait pris aux tripes lorsque ses gardes lui avaient interdit le passage. Il n’était pas question d’honneur, d’ego, de crainte d’être remplacé (et si Abel trouvait quelqu’un de plus à même de faire son boulot… déjà Wyatt n’aurait pas chauffé la place pendant autant d’années, ensuite, il lui souhaitait bien du plaisir). Plutôt l’estomac retourné comme une chaussette par la certitude que quoi que Abel lui cache, quelle que soit la décision qu’il avait prise, il n’aimerait pas ça. Et pour que Abel le lui cache plutôt que penser qu’il avait raison et ses raisons… C’était pire que voir Winona tourner devant ses yeux. Il y avait un abysse d’imagination dans cette grange. C’était la certitude que quoi que ce soit, une fois qu’il le saurait, il regretterait de le savoir.

Abel ne lui avait pas dit parce que c’était à lui de prendre cette décision.
Ironiquement, c’était ça qui laissait la marge à Wyatt de bouder dans son coin, détester Abel, détester cette décision, détester Winona et pas se détester lui-même d’avoir à accepter cette décision. Les sables mouvants nauséabonds, transformés en glaise du ranch lui donnaient assez de tracas intérieurs. Il l’écoute et récupère lentement du tabac sec et un morceau de papier où on lit encore un verset imprimé à l’envers.
Il procède avec lenteur, précaution, comme si Abel pouvait se méprendre, son regard descendant par instants sur ses mains, mais toujours là, présent, toujours figé sur son leader. Il n’était pas acculé par le diable entré sans toquer, après tout – la dureté qu’il y a parfois derrière les prunelles d’Abel peut faire confondre, puisqu’il est le genre d’homme à être aussi propriétaire que conquérant, à faire vaciller les murs de son chez lui, avec sa présence. Mais Wyatt le connaissait mieux que ça, trop pour trembler dans ses bottes, mêmes quand il devrait peut-être.
Ils étaient dans le même camp.

Il se roule lentement une cigarette, les doigts gourds, la voix d’Abel résonne à ses oreilles. Ils avaient été proches avec Winona. Et parfois encore, Wyatt se retourne vers le vide, clope au bec pour lancer une blague adressée à un fantôme qui fait à peine dresser une oreille à Bullet, encore moins rire quelqu’un.  Une des rares personnes avec qui il avait baissé sa garde ? Une traîtresse. Et il avait été presque aussi aveugle qu’Abel avec aucune bonne excuse. Il aurait dû le savoir. Il aurait dû le voir venir. Et elle ne devrait pas lui manquer, cette gourgandine. Elle ne devait lui foutre des dilemmes morals bien après sa mort et sa décomposition.   « - Je suis la diva, moi ? » Et s’il pouffe, ce n’est pas que par de vagues réminiscences d’années de jeunesses et de soirées qui foutraient le chef suprême dans le malaise. Wyatt faisait partie des rares à encore avoir les pieds sur terre et à ne faire d’esclandres en place publique, merci. Ou se cacher dans les bois, ou…
« - Tu crois peut-être que ça m’en coûte de te dire ça, Abel, mais on est d’accord sur la même putain de ligne. » Il fait rouler d’une pichenette la cigarette en travers de la table, le tube s’immobilisant près d’Abel, calumet de la paix. Il commence à en rouler une seconde, sans plus le regarder, réfléchissant aux mots de l’homme. « - Tu savais très bien ce que j’en pensais, non ? » Ce n’est pas comme si son mutisme et sa trogne ne faisaient pas un long discours, en interlignes du service minimum de paroles. « - Je devais faire quoi ? Dégonder ta porte, te gueuler dessus, alors qu’il était trop tard ? T’agripper comme un chiot parce que t’es sur une pente glissante, même pour nous, même pour maintenant ? »  Il se coupe, les lèvres serrées, mâchant ses mots. Je ne vais pas te dire comment gérer le ranch sonnait faux, parce que clairement, son poste incluait d’avoir des opinions sur la gestion du ranch, dans certains domaines. Sa personnalité faisait le reste. « - Eh quoi, ça va faire… dix ans ? Que je ne t’ai pas foutu mon poing dans la gueule sans que tu essayes de me tuer avant. Ce n’était pas forcément l’envie qui lui en manquait. Ces marges de manœuvres étaient limitées.   « - J’avais pas envie de retourner le couteau dans la plaie, pour tous les deux. À moins que ça soit que tu voulais ? Tu n’es pas le grand méchant Rhodes, le plus grand connard du ranch, peut-être. » Il hausse les épaules, avec un vague geste de bras inachevé. « - Mais celui qu’on mérite. ».

« - Et je ne te crache pas dessus quand tu as le dos tourné. Plus depuis que Winona n’est plus là, en tous cas. » Pour le putain de bien que ça lui faisait. D’avoir cru que quelqu’un pouvait partager ce qu’il pensait. Il ne pouvait pas vider son sac, il allait devenir fou à réfléchir seul, à parler à des saints qui n’avaient même pas été capables de survivre eux-mêmes. Il tapote avec un peu trop d’acharnement sur sa propre cigarette pour la tasse et peut-être fouler aux pieds ses propres émotions. Il avait juste eu besoin de prendre des précautions avec lui-même. D’être sur qu’il n’était pas Abel, de ne pas emporter cette merde avec lui. Et après il ne savait plus comment se pointer sous le nez d’Abel. Pas avec le fantôme de Winona. Il savait qu’il allait devoir le faire – au fait Vladimir emmenagerait bien – il faut remplacer Winona, il est blond et peut se battre. Ah ah ah. A plus ! Voir aussi : risque de pourrissement de l’atmosphère. Il a un rire nasal et secoue la tête – ce n’était pas comme s’il pouvait juste lui faire un câlin, une embrassade viril et que tout soit pardonné.   « - Ne t’inquiète pas. Te gueuler dessus est l’un des rares plaisirs qui me reste. » Il glisse la cigarette à ses lèvres, sans l’allumer, observant Abel avec attention, pesant chaque mot : « - Je suis à tes côtés. Derrière toi. A te couvrir les arrières et à écouter ceux qui crachent dans ton dos pour savoir s’ils ont besoin d’une fessée ou d’un coup de fusil. Je suis du côté du ranch Abel, tu sais ça. Et tu peux compter sur moi. Je te fais confiance, Rhodes. » Il s’humecte la lèvre inférieure et s’appuie contre le dossier de sa chaise, lentement, massif colosse las, avec une ombre de sourire.  « - Fais moi confiance, aussi. Te dire ce que je pense et te gueuler dessus est l’un des rares plaisirs qui me reste. »


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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyJeu 29 Aoû - 23:05

Wyatt Abel
« Some things can only be seen in the shadows »

La cigarette roula sur la table, paresseuse dans le mouvement que lui avait donné l’impulsion de Wyatt et les yeux d’Abel s’égarèrent dessus avant qu’il ne s’en saisisse, geste machinal et tranquille comme celui d’un seigneur récupérant ce qui lui était tout naturellement dû. « Peut-être que t’aurais dû, ouais, il glissa, pensif. Peut-être que ça aurait été plus simple comme ça. Tu sais que j’aime pas les non-dits. » Mais ce n’était pas ce qui s’était passé. Ce n’était pas ce qui allait se passer maintenant non plus et, puisque revenir en arrière n’était pas envisageable, s’attarder dessus n’avait sûrement aucune importance.
Cela n’aurait pas changé grand chose, de toute manière…

Un maigre rire s’échappa de ses lèvres, ricanement fatigué et teinté d’amertume qui eût tôt fait de s’éteindre à peine formé. Il avait les hommes qu’il méritait, et eux le leader qu’ils méritaient ? Quelque chose dans le genre, ouais. Fallait-il qu’ils aient un sérieux grain, tous, pour arriver à se supporter… Ceci étant, Abel pouvait pester autant qu’il le voulait sur ses survivants, il ne les échangerait certes pas contre ceux d’Olympia ou du Royaume – ou alors, pas tous. A sa manière, il les aimait. Ou… du moins, il s’attachait à leur survie, à la valeur qu’ils avaient et à leur utilité dans le bon fonctionnement de son camp. Et la machine marchait plutôt bien ainsi : il était le connard fini qu’on détestait par principe mais qui permettait la cohésion de l’ensemble et les décisions dont personne ne voulait la responsabilité ; eux, étaient les petits rouages sans qui rien ne pouvait marcher.
Et un équilibre certain naissait de tout ça, que d’aucun jugeait précaire mais qui persistait pourtant depuis de longues années.
« Ceci expliquant pourquoi mes oreilles ne sifflent plus autant depuis qu’elle n’est plus à ta disposition. » Il décocha à son interlocuteur un sourire en demi-teinte, conscient de ce que Wyatt ne s’était jamais gêné pour dire tout haut certaines choses que d’autres n’osaient même pas penser tout bas. Dans son dos, ou en face… mais même pour Wyatt, restaient des critiques ou propos limites qu’il ne faisait pas bon de prononcer devant le leader.

Miroir de son vis-à-vis, Abel l’imita en se fichant la clope au coin du bec mais l’une de ses mains inspectant rapidement ses poches se chargea bien assez vite de lui rappeler qu’il n’avait pas de quoi l’allumer et la cigarette retrouva bien vite sa place entre ses doigts, inutile, dans un geste trahissant une pointe d’agacement frustrée. « Et pourtant tu t’es tenu coi ces derniers temps. » Un parfait petit soldat modèle. Longtemps qu’il ne lui avait pas gueulé dessus Wooding, hein ? Longtemps qu’il ne lui avait pas causé pour autre chose que le strict minimum… « Alors que j’pense bien qu’il y en aurait ici, qui seraient prêt à payer pour avoir seulement le droit et les couilles de me dire en face le tiers de ce que t’oses, toi. » Le rictus revint, un peu plus franc et piqué d’un sarcasme qui n’avait aucun mauvais fond. « Enfin, bon… » Et il balaya le sujet d’un vague geste, l’air de considérer le sujet clôt. « Je te fais confiance, Wooding. » Les mots furent comme martelés, un à un alors que les regards continuaient de s’affronter. La confiance d’Abel était tout à la fois un cadeau inestimable et un poison mortellement dangereux en ce qu’il ne l’accordait pour ainsi dire à pratiquement personne et qu’il n’y tolérait aucune trahison. Un fardeau lourd à porter, pour qui en était jugé digne.
Et la plus belle marque de respect qu’il pouvait lui donner malgré leur lourd passif et le flingue appuyé contre sa glotte avec la furieuse intention d’aller plus loin, qui ne datait que de quelques mois à peine. « Tu comptes me filer du feu ou t’attends le déluge ? » Et l'abcès était-il ainsi crevé ou n’était-ce là qu’une trêve temporaire avant la resucée ?


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MessageSujet: Re: Some things can only be seen in the shadows   Some things can only be seen in the shadows EmptyMer 4 Sep - 17:59


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Fin janvier | Abel & Wyatt

“- Peut-être que j’avais juste rien à redire, hm?” Est-ce que c’était si difficile à imaginer, que les oreilles d’Abel ne sifflent plus car il faisait ce qu’il fallait ? Parce que sa personnalité ne frottait pas la couenne de Wyatt dans le mauvais sens et que les deux hommes, partenaires, marchaient sur un terrain d’entente ? Peut-être bien que oui, et la moue de Wyatt, s’il simule l’innocence tient surtout de la grimace d’un garnement couvert de boue jusque derrière les oreilles.
En réalité, Wyatt ne s’est plus préoccupé de rien ces dernières semaines : sourd et aveugle à ce qui outrepasse ses fonctions immédiates. Qu’Abel danse le fran cancan sur le toit du manoir si cela lui plaisait, le chef de la sécurité aurait fait semblant de rien voir (ou pas. Cela semblait quelque chose qui valait le coup pour le plaisir de le rappeler sans cesse à son patron). Est-ce que c’était une réaction stupide et contre-productif que de porter muselière et œillères ? Peut-être. Réaction qui relevait plutôt de l’instinct de survie, de l’orphelin, du flic, du gay, du survivant. Une chose après l’autre. D’abord lui, puis le ranch, puis son chef, qui semblait soudainement très fatigué sous la lumière agonisante de la caravane, qui accusait sévèrement leurs cernes et leur âge, microscope à la recherche de cicatrices dans les peaux tannées. Wyatt allume sa cigarette lentement, ses doigts joints en coupe autour de la cigarette, dont la lumière vacille à ses lèvres.

Son souffle manque de l’éteindre aussitôt. Il ne devrait pas rire à ça, hein ? Faut dire qu’il aurait prêt à payer lui-même pour pouvoir garder sa liberté de parole, bien américaine. Pour pouvoir dire ce qu’il pensait à Abel, porter ses couilles et son flingue en bandoulière. Puis, il faut des premières fois à tout. Sa toux et son rire s’enrayent, entravés dans sa gorge. Le cavalier disperse la fumée entre eux d’un geste de main. Lorsque le voile gris s’écarte, c’est bien le regard tranchant, clair et vif d’Abel qui lui fait face. Il lui fait confiance. Malgré leurs différends, les fois où ils ont cru s’entre-tuer, les fois où ils se sont sauvés.

Il faisait partie de ce petit cercle à l’épée de Damoclès au-dessus de la tête, celui qui tombait comme des mouches, celui qui regardait Abel avec une certaine inquiétude - lui en tous cas. Mais le chef des cavaliers s’était relevé, sans son aide. Wyatt n’était pas inquiet pour lui-même : S’il finissait par trahir Abel, il le ferait, l’aurait fait avec des raisons en béton armé. Et avant ça, Abel aurait entendu ses arguments en long, en large et en travers. C’était ce qui l’avait tellement troublé avec la trahison de Winona : l’apparition soudaine d’un dilemme moral. Ce n’était pas que Wyatt était simple ou voyait le monde en noir et blanc. Il était conscient des nuances de gris tâchées de sang. Mais il savait ce qu’il faisait, ce qu’il acceptait, ce qu’il n’acceptait pas. Où il se tenait et quel moyen il s’accordait pour réaliser ce qu’il devait faire - appliquer sa vision de la justice, ou garder les cavaliers, avec tous leurs défauts, en sécurité. Mais il n’y avait pas d’hésitations. Pur pragmatisme. Alors Wyatt ne passait pas son temps à se demander comment garder la confiance d’Abel : il faisait ce qu’il fallait, se dépatouiller avec le fardeau de son job pour le faire le mieux possible. Et on verra plus tard si le boss était content, ce n’était pas ses oignons.

Le zippo serbe glisse sur la table, et marque son arrêt à côté d’Abel après avoir tourbillonné sur le pvc. “- Je vérifiais que j’étais pas en train de rêver que tu venais me casser les couilles au beau milieu de la nuit pour me dire des joliesses.” Il réplique du même ton, maussade et tapageur. Le déluge qu’il allait savourer. Cela lui allait lui filer des insomnies, cette discussion, Abel surgissant dans la nuit opaque avec sa gueule funeste et ses yeux surréels. Le simple fait qu’Abel se soit déplacer pour crever l’abcès parle avec l’éloquence d’un coup de poing dans l’estomac et un canon contre la gorge. Le chef de la sécurité conforté dans son poste renverse sa tête en arrière, fumerolles entre ses lèvres, se pinçant le nez pour étouffer dans l’oeuf un bâillement. Il devait dormir un peu avant qu’un autre débile ne vienne brayer à sa porte. “- Tu sais le chemin du retour à ton manoir, je suppose ?” Le ton nonchalant, ce qu’il fallait d’insolence trace une case départ, le retour à la trève. Je viendrais te dire ce que j’ai à te dire. Sans se faire prier.Wyatt a un frisson sans cause - il avait à nouveau à obéir à Abel, à travailler avec lui. Pour la bonne marche du ranch. Et la perspective, étrangement, après ces mois de non-dits… yep, elle lui fait plaisir.

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