Sujet: We won't forget each other [ft. Bassou] Mer 14 Aoû - 12:47
Bass Ferguson
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Sam 24 Aoû - 15:04
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Août 2019 + On y était. La dette du père contractée le jour où il reçoit son enfant dans ses bras pesait sur ses épaules. Il était père. Et ce n’était pas un accident ingérable, une casserole à rajouter aux boulets de ses chevilles, pas une fille d’un soir qui venait toquer à sa porte en lui demandant comment ils allaient gérer cela. La panique l’empêchait de respirer, l’émotion de parler, et s’il avait pensé ses doigts gourds la première fois qu’il les avait glissé derrière la nuque de Malini, ce n’était rien par rapport au moment où il avait dû soutenir la tête d’Ophélia.
Mais c’était un bon effroi. La tension l’usait jusqu’à la corde, il ne s’endormait que par accident, plus à vif, plus sur ses gardes qu’il ne l’avait été au beau milieu d’années passées à veiller moribond dans les no man’s land des Amériques ou à dormir dans les même 8m² qu’un autre type en prison. La sensation d’avoir quelque chose à perdre, autre que sa peau sur sa carcasse. Par-dessus tout, il avait peur de sortir de cette chambre, et de ne plus jamais ressentir ce qu’il ressentait, il ne pouvait plus se passer d’elles, j’vous jure. Que tout cela ne soit qu’un mirage ou pire : un doigt d’honneur karma qui voudrait se venger, parce que c’était trop beau pour durer. Il ne pouvait plus se passer d’elles et de cette sensation inédite. De la fierté ?? Envers lui-même ?? Dans cette apocalypse et cette caboche barbue ?? Publicité mensongère.
Dans sa poitrine, rien qui ressemble à de l’air frais. On peut accuser la canicule qui prend chaque brise dans un buisson pour lui faire bouffer des orties, ou blâmer Bass. Il suit son ami dehors, mais ne tourne pas le dos à Olympia, ne tourne le dos à rien. Il regarde derrière lui, la tête à demi tournée, juste assez pour que le regard fauve capte les mouvements des branches, des portes, des gardes, de la queue d’Hagen jusqu’à la respiration de l’enfant endormi, par un jeu de ricochets gracieusement fournis par la paranoïa paternelle.
Il n’a pas écouté les arguments de Vladimir pour le tirer de là. Il l’a suivit sans un mot, plus sensible à l’expression enfouie sous les traits du serbe. Pour que celui-ci laisse Jezabel, il devait avoir une raison. La possibilité que Bass en soit cette raison, son bien-être ne lui apparaît pas, ou bien détachée, lointaine, appartement à un autre. “- Tu es un docteur maintenant ?” Cela fait des années qu’il a tiré Vladimir de sa cahute. Le serbe sait que malgré les apparences il n’y a pas de venin dans son sarcasme. Tu ne te fais pas d’amis lorsque tu daignes parler. L’humour est trop mordant, mais il n’y a pas d’animosité. Pas contre Vladimir.
C’est son ami. Et quelqu’un de bien, les deux à la fois, étrangement. Vladimir s’arrête pour boire avant lui, et le recruteur continue une cinquantaine de mètres, le visage comptant ses foulées. Même en plein été, les forêts sont tapissées de feuilles mortes, qui comme des corps viennent nourrir l’humus; c’est comme cela qu’on finit par retrouver des corps lorsque le printemps venus, les étendues gelées re-deviennent des marais. Mais il ne gelait jamais au Texas. Il était loin de chez lui, ils étaient loin de chez eux. Au fur et à mesure du silence et des enjambées, Bass se remet à arrêter de penser. Avant Ophélia, il avait ses propres éruptions d’émotions incontrôlées, poussées sauvages, pulsions primitives. Contrairement à Malini, il avait le privilège de s’éclipser, de garder le pied léger. Il le reprend, dansant dans les ombres des arbres, fluidité féline incongrue pour sa silhouette. Il a beau avoir eu le beau rôle dans l’affaire, une grossesse dans l’apocalypse, mettre un enfant au monde, c’est une bêtise. Est-ce que c’était pire que lorsqu’il créchait sur des canapés de dealers aux coups foireux, vraiment ? C’était un monde plus tendre qu’avant envers Bass.
La chaleur colle son t-shirt dans son dos, sous ses aisselles, sur ses reins, chape de plomb alors qu’il parvient progressivement à respirer. Dans le silence des bois, il lui semble encore entendre les babillements et geignements d’Ophélia. Ils sont inscrits, définitivement, dans sa tête. Bass avait l’habitude des nouveaux-nés, habitué au martèlement des pleurs et jérémiades en tout genre avant d’avoir eu l’âge d’avoir les siens. Son regard fouille les fourrets comme s’il s’attendait à y trouver un petit moïse ou une lame cachée. Ce serait le parfait endroit pour l’assassiner - mais il relève des yeux innocents, éreintés, lumineux au milieu des cernes violacées, comme frappé d’une idée. “- Pourquoi ?” Il interroge avec douceur et une sorte de tendresse dans son discours décousu, où dansent main dans la main insolation, épuisement et sa propre nature - pourquoi Vladimir avait eu besoin de sortir ?
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Sam 31 Aoû - 12:24
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Jeu 5 Sep - 19:17
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Août 2019 +Il acquiesce avant même que Vladimir ne finisse ses paroles. Lorsqu’il opine du chef, la sueur glisse de ses cheveux trop épais, trop blondes, trop hirsutes pour ces contrées, jusqu’à se fondre dans sa barbe. Il n’a pas eu le temps de la raser, il n’a pas eu le temps les raser. C’est pourtant son habitude d’été texan, prise depuis la mort de son frère, de ces habitudes inconscientes, presque malsaines, qui ne disent pas leur nom. Il étouffait. Mettez-en deux pour le prix. Bass acquiesce, adressant un regard à la canopée trouée de trop de soleils, au-dessus d’eux. Le temps passé à l’intérieur des murs de la ville, à l’intérieur de la maison, est vertigineux, s’amoncèle plus que tout le reste de sa vie. Il y a encore quelques mois il voulait s’enfuir, partir sans se retourner, avec un gamin dans les langes. Même avec du plomb dans la cuisse, il s’échappait, garnement trop vite monté en graine. Sans responsabilités.
Comment il allait. Personne lui pose la question, ne lui a jamais posé. Quelque chose se brise, intangible, dans son regard. Tout doux, presque embué, si ce n’était le bout de sa langue, qui perce entre ses lèvres, entre sa moustache et sa barbiche. « - C’est gentil. » Vladimir, le seul de la ville à le lui demander sincèrement. A sincèrement se demander comment Bass se portait au milieu du maelstrom, des décombres d’une vie qu’il ne cherchait plus à comprendre. Il avait dans les bras, dans la peau chaque nuit, une femme aussi magnifique que féroce, dont les abysses s’accordaient aux siennes. L’homme sans père est devenu paternel. Il a la sensation de perdre sa fratrie, de les voir grandir, sans lui, trop vite, trop loin alors qu’ils devraient se serrer les coudes plus encore qu’au fin fond du Winsconsin. Pour une fois dans sa vie, Bass ne bâtissait plus sa vie autour d’eux, malgré les pincements de la culpabilité incessante. « - Je ne sais pas ce que je fais. Mais je vais… bien. » Il semble chercher son mot un instant, puis l’adjectif irradie son visage, soulève quelques années de ses traits tandis qu’il redresse la tête, se tenant pour une fois redressé de toute sa stature. Découverte que oui, il allait bien. La sueur et l’insomnie collait à sa peau, ses oreilles résonnaient de cris de bébés, son cœur boitait de l’angoisse. Mais il allait bien. Depuis le début de l’apocalypse, il allait bien, par rapport à la moyenne.
Et il n’avait aucune idée de comment aller Vladimir. Son regard se fait vif, un peu trop vif, luciole azimutée qui s’égare sur l’attitude de son ami. Appuyé contre un arbre, le serbe ne semble plus vouloir aller loin, suspendant le temps au beau milieu de nulle part. Il est fatigué, autant que Bass. Et le sourire triste évoque un vague à l’âme qui ne dit rien. Bass n’ose pas le défier de ne pas être heureux pour Malini. Il n’ose rien dire. L’air du sous-bois est un peu frais que l’atmosphère bétonnée de la ville, mais c’est un frisson qui lui prend la colonne vertébrale en otage. « - Quoi ? … Quoi ? » Quitter. Quitter. Ce n’était pas déménager de la maison trop bruyante, trop fouillie, trop chaotique. Plein de mauvaises habitudes, pleine d’enfant inadaptée. Vladimir n’avait pas demandé cette famille, et Bass pouvait comprendre. Quitter, c’est un mot qui parle de deuil et d’absence, de partir pour ne pas revenir. Le regard de Jézabel danse devant ses yeux, le prend aux tripes. Il articule un non sans qu’aucun son ne sorte. Le recruteur s’avance vers Vladimir, de ce genre de pas qui faisait peur aux filles, parce que trop précipité, trop empressé, sans réfléchir. « - Pourquoi ? Où … ? » Les mots lui manquent, et il s’humecte la lèvre en quête de quelque chose à dire. De quelque chose qui lui permettrait de comprendre ou de rester.
Il baisse la voix, les sourcils froncés. « - A cause d’Ophélia ? » Ce n’était pas juste. Il ne pouvait pas choisir, il ne pouvait pas… On ne pouvait pas … On pouvait lui reprocher d’avoir fait un enfant à Malini dans ce monde, on pouvait lui reprocher de n’avoir pas fait attention, de ne pas s’être abstenu de son corps – mais il ne pouvait pas lui reprocher Ophélia. Il reste silencieux, il partage ce regard avec Vladimir comme d’autres des clopes et des vodkas. Il n’a pas accordé à Vladimir l’attention qu’il aurait dû, ces derniers mois. Années ? Depuis Elias, tout est devenu flou, hachés, cœur compressé à en crever comme un chien. Rattraper Malini. Survivre. Tenir Eli. Et Vladimir à son tour se dissolve dans l’ailleurs. Sa présence dans un coin de la maison est irréparable, irremplaçable. Il était là. Pendant tout ça, l’homme était là, pendant que Bass était ailleurs. Ailleurs, il ne l’est pas quand il le regarde, le dévisageant d’un regard plus aiguisé, avide de rattraper le temps perdu, rejetant les excuses, les conneries. De cette façon de faire tranchante, de cette voix soudaine de qui tombe toujours les bonnes questions au milieu des silences. « - Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Ce n’est pas à propos de lui, n’est-ce pas.
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Vladimir Stanković
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Sam 12 Oct - 18:26
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Ven 25 Oct - 10:38
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Août 2019 + Le sourire compatissant de Vladimir attire sur une moue peu convaincue sur le visage du nouveau père, déformant et tordant son visage dont les lèvres disparaissent sous la barbe. Il renifle, sceptique. On fait, sans savoir jamais ce qu’on fait. Par principe général, il avait l’impression d’être le sujet d’une vaste blague où tout le monde savait comment se conduire, comment être, comment réussir, et il était laissé le seul à l’abandon, à patauger dans le petit bassin, de l’eau par-dessus la tête malgré toute l’énergie du monde à bien faire. Malini savait se conduire en mère. Malini était une mère parfaite, peut-être trop. Il l’avait encore vu ce matin, dans leur jambe à bercer Ophélia, perdue dans sa bulle, perdue dans son monde et la ritournelle qui tournait trop souvent en boucle à ses lèvres. Il sentait la femme qu’il aimait glisser hors de ses doigts, à chaque balbutiement d’Ophélia, chaque rire de l’Indienne lui crevait le cœur deux fois, en entrant et en sortant, la culpabilité rajoutant un peu de sel sur la plaie.
Bass, écoute-le. Les mots fatidiques. Ceux qui bloquent toute tentative de se faire écouter, ceux qui le transforment en animal rétif. Ils n’annoncent jamais rien de bon, le paternalisme, et la raison face à lui, qui n’avait pas de mot à dire. Qu’il avait tort et qu’il devait arrêter de réagir ainsi, comme un enfant mal éduqué. Ceux qui l’empêchent d’écouter, vraiment. « - 10 kilomètres c’est l’autre bout du monde, maintenant. Tu sais ça. » Il se mord la langue pour murmurer, pour ne pas sonner accusateur. Quel que soit la façon dont son ton sort, c’est déjà un effort immense sur lui-même. Jamie était là-bas, à quelques kilomètres et à un empire de distance. Il ne l’avait pas revu depuis la mort d’Elias, et les frontières du ranch avaient la gueule de barricades.
Vladimir voulait être avec Wyatt. Il n’y avait pas eu de grands discours, de grandes révélations, simplement le cavalier qui sortait de sa jambe et ses mains baladeuses. Bass n’avait rien dit, rien demandé, et Vladimir n’avait pas vraiment parlé. Et maintenant, il partait. Il était vraiment con de n’avoir rien vu venir. A penser que Vladimir continuerait à découcher comme un adolescent, pendant que Bass s’occuper de son bonheur et de tout ce qui se casse la gueule. Il défait l’étreinte de Vladimir, se libère de sa main comme un animal un peu trop sauvage, effarouché. Il ne montre pas les dents, non, au contraire, ses pas qui glissent sous le tapis de feuilles mortes dansent au corps au corps, près de son ami. L’un des rares qui a survécu à tout. Bass secoue la tête, les poings cachés dans les poches défoncées de son jean, creusant un peu plus le tissu sous ses jointures blanchies. L’une des pièces qu’il trimballe depuis des années est froide au creux de sa paume, gelée, elle pénètre dans sa paume. « - Qu’est-ce qui va se passer, quand Rhodes voudra de nouveau Olympia ? Quand Silas aura besoin de soins plus importants ? Lorsqu’il aura envie de tirer son coup ? » Le géant faisait à peu près confiance au chef des cavaliers aussi loin qu’il pouvait le jeter. Et le fait que Jamie soit là-bas, près de lui, plutôt qu’auprès de sa sœur et de grand frère n’aidait pas. Et Vladimir partait aussi là-bas.
Il échappe à la main sur son épaule et recule d’un seul pas. Le regard brûle d’intensité, lumineux dans sous les rayons du soleil. Et Bass le fixe, le visage fermé, bien droit. Il articule, calmement, trop calme peut-être. « - Tu es mon ami. » Et il s’en va pour un homme. Cela faisait des années, qu’il l’avait tiré de ces bois, sur une impulsion naturelle, sur un bon instinct. Repenser à la toux de la fillette lui tordait l’estomac. Il l’avait vu grandir et jamais le rejeter. Ils étaient unis comme le doigt de la main. Bass la comprenait mieux qu’il ne comprenait la plupart des Olympiens. Mais c’était sa fille. Il reprend, plus dur, la langue claquant contre son palais, l’incompréhension cogite dans son crâne. « - Tu emmènes Jézabel, là-bas ? Est-ce que c’est une place pour une adolescente ? Olympia a l’école. Olympia a les médecins. Les bibliothèques. Et tu l’emmènes dans cette jungle pour tirer un coup ? Si il tenait à elle, à toi, il viendrait. » Défi qui gronde dans ta gorge, pourtant trop nouée. Tu le savais que le bonheur, ça ne veut pas durer.
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Vladimir Stanković
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Ven 15 Nov - 11:38
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Sujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou] Mar 7 Avr - 10:26
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Août 2019 +
Tu perds pieds. Tu redeviens sauvage, le vernis qu'Elijah t'a appliqué sur la couenne se fait la malle par plaques. Ce qui en soit, est peut-être révélateur de pourquoi il tenait encore. Pour Jezabel. Pour Vladimir. Certainement pas Malini, qui l'émiette un peu plus à chaque baiser, lentement, intentionnellement. Mais pour Vladimir, pour Jezabel et le premier regard qu'ils t'ont porté, il y a des années de cela. Pour leur faire croire la masquarade qu'Elijah t'a édicté en religion. La civilisation. Les secondes chances. Qu'il pouvait être éduqué, dressé à tuer pour la bonne cause, que tes mains pouvaient créer quelque chose de bien, pouvait tenir Ophélia sans la casser. Tu détruis tout ce que tu touches et tu feules entre tes dents serrées : “- Je ne sais pas, raconte-moi, cavalier.” Mathématiquement, Vladimir de diminuer les chances de survie d'Ophélia. Un combattant de moins pour Olympia, un bon combattant de moins. Sans doute un de plus dans le camp adverse, tu ne te fais pas trop d'illusions sur la politique. Est-ce que c'est comme cela que l'histoire finit ? Les camps phagocytés par la loi du plus impitoyable ? Les tableaux volés dans les musées en feu de joie, les livres en purin, et le claquement du fouet ? Est-ce que pour protéger ta fille, tu vas devoir abandonner la femme que tu aimes et rallier le ranch, sans elle, la pestiférée ?
Tu secoues la tête, comme un chien fou cherche à chasser l'eau de ses oreilles. Tu recules. Rhodes crée en toi en une révulsion instinctive, comme si tu savais que tu n'aurais aucune chance sous ses ordres. Réaction naturelle du délinquant face à l'autorité, alors qu'elle vient des mêmes égoûts que la sienne. L'amour ne sauve personne. Tu n’as aucune idée de ce que c’est qu’un homme, un père, un ami, un amant. On ne t’as appris qu’à être un grand frère et un survivant. Tu aimes Malini, Ophélia avec tout ton coeur et tes paluches trop rustres, tu défairais le monde pour elles. Tu sais juste que l'amour ne sauve personne. Il n'a pas sauvé ta mère, en tous cas. « - Nah. Mais il y a des plus mauvaises solutions. » C'est difficile de ne pas le prendre personnellement. Vladimir a compris ce qu'était d'aimer quelqu'un, mais toi tu finis sur la touche. Tu finis rejeter, comme toujours. Tout le monde s'en va. A l'armée, à l'université, au ranch. Vers quelque chose de meilleur.
«- Alors tu t'en vas. » Et il prend Jezabel avec lui. Tu te retournes, reprend ta marche dans les bois. Les branches te gifflent les paumes. Tu ne regardes pas s'il te suit. Tu as la poitrine compressée, et tes pensées se tournent vers le ranch. Pendant des années, tu regardais ses feux briller avec envie, imaginant Malini évoluer là-bas. Il avait fallu qu'elle en soit chassée, certes volontairement, pour qu'elle arrive meubler ta demeure. Maintenant, le premier ami, le premier homme bien, que tu avais repartais. Et ton amie adolescente au passage. Tu joues avec une pièce entre tes doigts, la faisant passer de phalange, signe de nervosité évidente. « - Et ce que tu lui as dit ? Ils ne la comprendront pas là-bas. Elle sera toute seule. » Tu baisses la voix. Ce n'est pas juste. Tu peux comprendre l'amour de Vladimir oui. Mais tu vois ton monde se fracasser sur la jetée comme les rôdeurs sur des murailles. Tu as perdu une ancre, tu vrilles. Et bientôt la maison dans laquelle tu as eu tant de mal à te sentir sauf sera dévastée de moitié.
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