Step on the glass, staple your tongue

Un mois à frôler le sol sec de ses pieds fatigués. Un mois à espérer ne pas disparaître. Un mois à se battre contre tout et rien en même temps. Il avait trouvé Olympia depuis une semaine, mais il avait préféré faire ses propres observations avant de demander asile. Ignorant ce qu'il devait observer, il avait étudié les visages qui étaient sortis et entrés, écouté pour n'importe quel bruit de chaos, de paix ainsi que le nombre de walkers qui passaient dans le coin en général. Une fois convaincu, il s'était présenté officiellement. Il s'était même baigné pour mettre toute les chances de son côté, pour paraître plus présentable, comme si cela allait avoir un impact sur la décision le concernant, comme si avoir l'air propre inspirait la confiance. Jude en n'avait aucune idée... Néanmoins, quelque chose fonctionna. On lui posa plusieurs questions, puis on lui expliqua en très grandes lignes ce qui allait ce passer. Pour être honnête, il n'y comprenait rien. Il y allait une demande à la fois. On lui posait des questions, il répondait. On lui demandait de s'asseoir, il s'assoyait. Non seulement, il ne voulait rien discuter pour qu'on l'accepte, mais il était aussi quelque peu habitué à suivre les ordres sans rien répliquer. Enfin, il comprit qu'il était presque au bout de ses peines. Avant, il lui fallait passer l'examen physique. Il savait ce que cela voulait dire, donc cela ne lui causait pas beaucoup d'anxiété.

Il suivit la personne jusqu'à ce qu'il comprit être l'infirmerie. La pièce était ce qu'il y avait de plus normale, tout ce dont on pouvait s'attendre d'un endroit où l'on traite les blessés. Ses yeux trouvèrent facilement l'unique âme qui habitait les quatre murs. Femme, jeune adulte à ses traits, blonde, très blonde, pâle, caucasienne. Ses lèvres souriaient, mais ses yeux restaient éteints pour une raison que Jude ignorait. Une entaille guérie sur sa joue, plutôt fraîche, peut-être quelques semaines. Peut-être que cela expliquait le voile épais qui empêchait toute expression de traverser ses pupilles. Pourquoi souriait-elle alors ? Lui, ne souriait pas parce que ses yeux ne souriaient plus depuis des années. Continuant son propre examen de la jeune femme, on expliqua la situation à cette dernière avant de les laisser tout deux. On lui avait donné son prénom et la raison de sa présence donc pourquoi elle ne pouvait le reconnaître. Lui-même avait intercepté son prénom lors du court échange entre la personne qui venait de quitter et l'infirmière. Elanor. Pas commun, mais joli. Ça lui allait bien. Elle ne semblait pas commune non plus.

Alors qu'elle fit un premier mouvement vers lui, il se raidit et eu un réflexe de recul très bref, très court, très sec. La salive fut avalée et les yeux se baissèrent, coupable.  « Sorry... » souffla-t-il avant d'humecter ses lèvres par habitude. Il s'obligea au calme et prit une grande respiration. « So do you need me naked or...? » Parce que ça avait toujours été le cas et il n'en était plus du tout gêné. Après avoir passé plusieurs années avec des sauvages, il ignorait ce qui était normal ou non.

Elanor gardait le sourire. Parce que c'est ce qu'on attend d'elle. Toujours. Petit être fragile à qui l'espoir ne fait jamais défaut. Elle a peut-être peur de tout, mais elle garde la tête haute, les yeux pétillant. Elanor Barnes, c'est un petit phare pour beaucoup d'Olympien. Une personnalité vers qui se tournait quand tout semble trop noir. Elle accepte son rôle sans broncher, un sourire toujours accroché aux lèvres. Et personne ne voit qu'elle souffre aussi. Elle garde enfoui ses traumatismes. Ses souffrances sont un secret bien gardé. Il n'y a que sa sœur pour voir, comprendre. Qu'Elsie, Peyton et Beckett pour l'épauler. Du mieux qu'ils le peuvent. Chacun a sa façon. Et la petite Elanor avance, son regard se posant encore parfois vers ce passé trouble qui l'effraie tant. Elle n'a le choix. Dans sa petite infirmerie, on compte sur elle. Apaiser les souffrances des autres, elle en a fait sa vocation et Elanor ne peut pas y faillir.

Apres un tour des quelques résidents quasi permanent de l'infirmerie, Elanor s’ en va respirer dans la pièce adjacente, attendant son prochain patient. Elle ferme les yeux quelques instants. Une quiétude de courte durée. Il y a toujours des cauchemars qui sommeillent dans l'obscurité. Quand elle rouvre les yeux c'est pour constater qu'elle n'est plus seule. Le devoir l'appelle. Elle écoute. Jude Lynch. Nouvel arrivant. Elle tressaille. Mouvement impzrpectoble pour ceux qui ne la connaisse pas vraiment. Un nouvel arrivant. Elle fait ce qu'elle peut pour respirer normalement, ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Si il était arrivé jusqu'à elle c'est parce qu'il avait été jugé apte à entrer dans la ville. Peyton n'acceptait plus aussi facilement les inconnus. Olympia s'était un peu refermée sur elle-même et Elanor ne pouvait qu'être d'accord avec cette décision. Les sbires de Lazare pouvait être n'importe où. Il pouvait surtout s'agir de n'importe qui. Et cela suffisait à dresser la suspicion. Cela suffisait à effrayer Elanor. D'une voix faible elle remercie son collègue qui la laisse seule à seule avec l'inconnu. Relisant son dossier avant de s'approcher, Elanor amorce un mouvement qui fait sursauter le jeune homme. Elle-même aurait réagit de cette manière. ”Aucun problème. C'est normal. Je veux juste vous examinez, m'assurer que tout va bien. Mais on peut discuter avant si vous préférez ?” Elle sait combien la confiance est primordiale. Dans ce nouveau monde, c'est une notion presque oubliée et qui fait peur. A trop faire confiance on risque gros. On risque tout. Mais dans sa nature, Elanor avait tendance à faire confiance rapidement. Trop sans doute. Un reproche que Beckett lui avait fait maintes fois. ”Non, non. J'ai simplement besoin d'un peu de sang. Je vais aussi verifier que vous n'avez aucun problèmes respiratoires et que votre cœur va bien.” Elle sourit Elanor, douce, fragile. Elle inspire la confiance. Toujours. Et c'est souvent la raison qui fait qu'on lui amène les nouvelles recrues. Ils ont tendance à s'ouvrir davantage avec elle.