c'est d'quelle couleur une pomme de terre ?

pop corn crisis + archimmy

La Flemme, la flemme, la flemme. Viens on sort ? La Flemme, la flemme, la flemme. Viens on dort ? Pas la peine, my man, la flemme. Quoi encore ? Tout est gris au dehors, moi j’préfère attendre la mort.

Elle rentrait tout juste d'un de ce raid merdiques, parce qu'aux alentours il n'y avait rien à grailler et de toutes façons les chacals ne se seraient pas aventurés près des autres clans en sous-nombre. Elle avait traqué un olympien pendant de longues minutes. Le pauvre type avait l'air perdu, et très visiblement n'avait rien sur lui, alors elle l'avait laissé filer dans un élan de clémence assez rare. Elle rentrait donc au QG non seulement blasée, mais affamée. Ses réserves personnelles étaient presque à sec : elle conservait ses barres de céréales préférées pour les cas d'extrême urgence. C'en était pas un, très clairement, comme elle pouvait à peine entendre son ventre gargouiller par dessus le boucan généralisé du premier étage. Quand le mal de son estomac vide ferait se retourner un rôdeur, là elle commencerait à s'inquiéter.


Mais du coup, fallait bien manger quand même, et elle n'allait certainement pas gâcher les Natural Valley au miel qu'elle traînait depuis trop longtemps pour qu'elle s'en souvienne... Rentrée du raid, elle avait attrapé une bouteille d'eau trouble à l'entrée et avait monté les escaliers quatre à quatre, direction le magasin où créchaient Guss et Archibald la plupart du temps. Elle aussi y traînait pas mal. Elle ramassait parfois les déchets (à ce stade ce n'était plus du ménage mais réellement de la gestion d'ordures) qui jonchaient le sol : donc elle avait aussi le droit de piocher dans leurs ressources. Deal dont seule elle était au courant, certes, mais deal quand même. Quelque part la blondinette se disait que si elle demandait gentiment, les garçons ne seraient pas contre l'idée de partager. De l'autre... Elle avait quand même quelques doutes. Y'avait rien qu'à les voir à sniffer des paquets de chips vides quand ils en trouvaient.

Une main sur son ventre qui grondait doucement, Immy poussa la porte du magasin alors qu'elle regardait autour d'elle. Valait mieux que Guss et Archi soient pas là, si elle devait piocher dans leurs vivres, quoi. Enfin, elle essaya de pousser la porte. Mais la porte n'était pas sous ses doigts. Et la blondinette n'eut pas le temps de comprendre quoi que ce soit qu'un monstre trébuchait et l'écrasait de tout son poids...

"ARCHI ? Putain ! Qu'est-ce que tu fais, là ?" grogna Immy en reconnaissant le visage du brun au dessus d'elle. Mais... Il y avait quelque chose de bizarre. Son odeur nauséabonde habituelle (sans offenses pour lui) était couverte par une autre, beaucoup plus sucrée. "C'est quoi cette odeur ?" demanda la curieuse, les sourcils froncés tandis qu'elle repoussait difficilement le grand bonhomme, n'ayant pas encore remarqué les dizaines de grains de maïs éclatés qui les entouraient.

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« J'crèche ici, je te signale, j'ai un peu tous les droits de m'y trouver tu crois pas ? Toi c'est quoi ton excuse, tu fous quoi là si tu t'attendais pas à y trouver quelqu'un ? » Immy fronça les sourcils. Archibald, perspicace ? Ca n'était pas vraiment l'adjectif qu'on aposait à son prénom d'habitude. C'était aussi la raison pour laquelle le visage d'Immy se détendit assez vite, se figurant rapidement qu'Archibald ne pouvait très vraisemblablement pas se douter de quoi que ce soit.

Libérée du poids de brun, et enfin libre de respirer convenablement, la petite blonde se redressa en grimaçant, son dos engourdi. Elle s'étira avant de ne reposer un regard interrogateur sur le jackal. Très vite elle se désintéressa de sa plastique d'Apollon et pivota sur elle-même, muette sinon pour la petite plainte qui termina son souffle. « Bordel Immy ! Regarde ce que t'as causé ! Le désastre, putain t'as gâché ma journée, ma vie, tout ! » Elle n'eut pas le temps de rajouter quoi que ce soit qu'Archibald se jetait presque au sol comme dans le dernier acte d'une tragédie grecque, des petits nuages au bout des doigts et cet air d'illuminé qu'il avait soudainement sur le visage. La confusion s'installa aussi vite qu'elle repartit, alors qu'Immy se forçait à se remettre sur pieds. Du haut de son mètre soixante-cinq, elle avait une vision globale de ce désastre qu'elle avait causé... Et pouvait tout à son loisir regarder de haut ce grand gosse qu'elle appelait vaguement son ami. Et son regard aurait certainement été un peu plus méprisant s'il ne s'était pas accroché à l'un de ces grains de maïs éclaté. Plutôt, il s'adoucit. Ses deux yeux bleus s’agrandirent. Elle se pinça les lèvres, avant de ne s'accroupir aux côtés d'Archibald. Ses doigts traînèrent une seconde dans la poussière avant de n'attraper l'un de ces "pop corn" post-apocalyptiques avec scepticisme et, il fallait le dire, gourmandise. Mais elle le laissa tomber, son intérêt accaparé par une silhouette marron à quelques mètres.

Elle évita de justesse le crâne du brun qui gravitait dangereusement dans sa direction quand elle aperçut le sac de pop corn, et se précipita dessus comme une affamée. Mais sa main ne se servit pas tout de suite. Elle approcha le sac en papier kraft de son nez, ignorant tout bonnement la chaleur malsaine qui irradiait ses empruntes digitales. Et huma lentement. Son ventre fit un horrible gargouillis, et la blondinette grimaça encore. « Arch... T'as fait du pop corn à Stonebriar ? » demanda-t-elle lentement, sans trop oser y croire. Elle était trop claquée et trop affamée pour penser ou agir rationnellement. Et ça n'aurait été d'aucune utilité en face de Flanegan de toutes manières. Elle ramena lentement le sac en papier tout gras contre sa poitrine, le serrant aussi doucement qu'il le fallait pour ne pas écraser les quelques grains qui restaient encore collés au fond. Et ses cils se trempèrent d'eau salée. « T'as fait du pop corn à Stonebriar ? » réitéra la petite blonde en sanglotant, ses épaules se secouant brièvement avant qu'elle ne vienne essayer du revers de la main les crevasses qu'elle avait sous les yeux. La dernière fois que la perspective de manger quelque chose l'avait autant émue, ça avait été la fois où Wesley avait ramené du gibier au centre commercial, tout juste quand elle venait d'arriver. Et encore, elle n'en avait pas pleuré. Et elle n'avait eu que des miettes. Là, elle tenait une bonne poignée de pop corn encore fumant entre les mains, et visiblement, la nouvelle la chamboulait.

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Au moins tout aussi versatile que le brun, Immy, lorsqu'Archibald lui fit remarquer qu'elle en faisait sans doute des tonnes, se redressa et son visage sembla moins triste. Un peu vexé, comme piqué dans son orgueil, peut-être. Elle se dépêcha de renifler et d'essuyer le coin de ses yeux, même si la laine de son pull irritait plus la peau qu'un bain de white spirit. Elle hocha nerveusement la tête pour ne pas avoir à dire tout haut qu'un crétin comme Flanegan, avec toute l'affection qu'elle pouvait lui porter, avait raison. "Je suis trop fatiguée," avoua seulement la blondinette dans un bredouillement. Elle savait qu'elle ne risquait rien avec lui, du moins le pensait puisqu'il n'avait jamais déchargé sa colère sur elle ou essayé de lui faire du mal, alors Immy s'autorisait une certaine faiblesse qu'elle n'aurait jamais admise devant un autre jackal que lui ou Guss. Mais même en tenant cela comme vérité, quand Archibald s'invita brusquement dans son espace vital, elle eut un sursaut confus. Et regarda le paquet lui échapper des mains sans grande délicatesse, impuissante. Elle n'aurait de toutes façons pas essayé de se battre avec lui pour de la bouffe. Et il était vrai, c'était sa bouffe.  "Non, non, bien sûr que je dirai rien," soupira Immy après une seconde à remettre ses idées en place et tandis qu'elle entrait dans le magasin, pour constater le bazar habituel avec une sorte de bienveillance. C'était le bazar qui lui était familier. Elle pouvait toujours le regarder avec des gros yeux et faire les plus obligeants des commentaires, Immy aimait plutôt bien la planque.

Elle connaissait assez bien l'endroit pour s'y sentir à l'aise alors après avoir refermé ce qui servait de porte, la petite blonde s'empressa de jeter son sac à dos dans un coin pour revenir vers Archibald. La main tendue comme pour réclamer son dû. "S'il te plait ? J'ai eu une journée difficile... Et une nuit aussi. Une semaine difficile ! Non, un mois-" commença à minauder la gamine, "Archi, j'ai eu une année difficile," et elle pensa s'arrêter là, se contenter de faire une tête mignonne, mais elle crut bon d'ajouter avec un petit air triste : "J'ai une vie difficile en fait. Et tu la rendrais trois fois plus belle au moins, là," fit-elle en pointant du doigt le sac en papier. Mais les derniers mots d'Archi faisaient (seulement maintenant) écho et le petit minois d'Immy se fronça.

"Attends. Harry ?" Sa main se referma avant même qu'Archibald n'ait le temps de grimacer à l'idée de lui passer une poignée de popcorn, et elle fit quelques pas vers le placard à balais où le gryffondor du centre-commercial à serpentards tassait sa chair en décomposition. "Vous l'avez encore ?" demanda la blonde, ses doigts sur la poignée. Elle avait souvent été en dehors du mall ces derniers temps, en raids (même si aucun des raiders ne la voulait vraiment dans son équipe) et la lubie Harry n'était pas très vieille - du moins à sa connaissance. Elle n'avait eu vent du projet que très brièvement, et pensait naïvement que les garçons avaient laissé tombé leur connerie pour passer à une autre.

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La Flemme, la flemme, la flemme. Viens on sort ? La Flemme, la flemme, la flemme. Viens on dort ? Pas la peine, my man, la flemme. Quoi encore ? Tout est gris au dehors, moi j’préfère attendre la mort.

Immy avait reculé quand le marcheur avait grogné. Elle pouvait comprendre pourquoi Archibald et Guss avaient cette lubie, pourquoi ils ne voyaient plus le danger. D'abord parce qu'ils étaient complètement cramés du cibolo, mais aussi parce qu'avec le temps même la plus grande des horreurs s'était faite banale. Le danger qu'on avait tous craint au début de l'apocalypse, était réduit à hanter le placard à balais dans un centre commercial quelconque au milieu du Texas. Même elle, qui n'en avait pas tué tant, regardait ces monstres avec un oeil blasé. Chair putride, yeux mornes, et pourtant ils faisaient même plus peur à une môme comme Immy. Sauf quand ils étaient si prêts qu'ils auraient pu lui faire du mal... Un peu comme Harry. "Le placard est bien fermé ?" demanda la petite blonde en testant sans y croire la résistance de la porte. Rien à foutre des commentaires d'Archibald, surtout. Elle ne voulait pas que quoi que ce soit arrive aux deux idiots, certes, mais Immy craignait aussi pour sa vie. Elle passait beaucoup de temps dans le coin. Et y'avait assez de sales morts dans les étages inférieurs pour s'inquiéter d'en trouver un au premier. Suffisait qu'il morde un type quand personne ne regardait... Ça se propageait plus vite que les rats. Et y'avait déjà trop de rats : assez pour qu'un mec un peu plus crétin encore que les deux meilleurs amis ne décide d'en faire des brochettes.

Sans réponse de la part du brun, Immy se retourna pour constater qu'il n'était même plus à ses côtés et était allé s'échouer un peu plus loin sur le canapé. Ou ce qu'il en restait. Elle poussa un petit soupir en venant s'asseoir à ses côtés (en prenant bien soin d'esquiver le ressort, ce qui résulta en une proximité assez étrange entre le brun et la blonde), les yeux rivés sur le placard. Ça puait la mort. Ça sentait aussi le pop corn. Et après le dernier commentaire d'Archibald, quand bien même Harry les gratifiait encore, faiblement certes, de ses intentions les plus sincères, le pop corn était tout ce qui intéressait Immy. Elle ne prit pas trop de précautions pour plonger sa petite main dans le sac en papier et en ressortir quelques grains de maïs, qu'elle garda dans le creux de sa main le temps de les manger un à un. Elle voulait les savourer - naturellement, parce qu'elle ne savait pas quand, ou plutôt ne savait pas si elle aurait encore l'occasion de recroiser cette texture, ce goût, ce genre de nourriture pour faire court. Et Archi avait raison (encore ?!). "C'est genre meilleur que..." Elle referma sa bouche, plutôt. "Plein de trucs," finit-elle quelques secondes plus tard, sévèrement à cours de point de comparaison. Puis elle tourna la tête vers Archi. Elle aurait voulu dévorer le paquet, y'avait pas à dire, mais elle se retenait. "Pourquoi tu vas jamais en raid toi ?" Immy hésita. "T'as l'oeil, tu pourrais trouver plein de trucs cools." Elle désignait du regard le paquet de popcorn.

J’étais partie me dégourdie un peu les pattes. Ça faisait drôlement du bien de prétendre que je faisais encore du shopping. Certes, j’étais pas de ceux qui vont acheter le dernier jean slim mais quand même. Ça permettait aussi de laisser du temps au bro pour se ressourcer. Il ne l’admettrait jamais mais il aimait bien passer du temps au calme. Peut-être qu’il finirait par lire le livre que je garde caché dans un coin de mon tas de couvertures. S’il le trouvait nul doute qu’il serait excessivement déçu. J’espère que ça n’arrivera jamais.  Après une bonne heure de ballade, je décide de rentrer parce que j’avais plein de trucs à raconter à Archibald et que je m’en étais souvenu en rentrant. Je me disais qu’on pourrait en parler autour du popcorn qu’on avait découvert y’a pas si longtemps. Je me faisais une telle joie à cette idée. J’en avais un peu trépigné, ça serait comme au bon vieux temps. On discuterait, on mangerait des popcorns et ensuite on materait Chuck sur le lecteur dvd portable préchargé que j’avais miraculeusement trouvé dans cette zone. Je savais que c’était son émission préférée. On se foutait un peu de lui parce qu’il ressemblait pas mal au nerd qui jouait dedans. En tous les cas, on passait toujours des bonnes soirées.

Je me rapprochais et je pénétrais dans l’endroit. Quand j’étais partie, Immy n’y était pas. Je la gratifiais d’un « coucou » en espérant qu’elle se casse vite car je voulais proposer mon idée à Archibald et qu’Immy s’immisce pas. Alhaha, qu’est-ce que je suis super drôle. Je m’aime parfois vous savez. Je regarde Archibald un long moment. « Tu m’as cherché ? » Je suis un peu dubitatif, je veux dire, il sait que je kiffe passer mon temps à regarder les vieux dvd que plus personne peut voir parce qu’on a pas de quoi lire. Il aurait été regardé là. Je fronce un peu les sourcils mais bon si ça se trouve, il l’a fait.  Soudain, je comprends ce qui se trame sous mes yeux. Je vois…mon dieu, mes amis, qu’est-ce que je vois. Je vois les popcorns ou du moins ce qu’il en restait. Je jette un regard accusateur sur Archibald alors que mes yeux se mouillent de fausse larmes et d’accusations. «  T’as rien à expliquer, j’ai bien compris. » Je prends mon air de victime le plus absolu. « Tu préférais manger les popcooornns avec Immy plutôt que moiiiiiiiii » Je secoue la lèvre pour faire comme si j’allais pleurer. En vrai, je me sens trahi malgré tout. J’essaie de faire culpabilité ce bâtard le plus possible. Je me doute qu’il voulait surtout se les taper tout seul comme un égoiste. Je jette ce que j’avais trouvé sur un tas de couverture au loin. « Je regarderais Chuck sans toi ! »dis –je conservant mon air boudeur et allant m’asseoir dans mon tas de couverture à moi.

Elle notait de ne plus faire de compliment à Archibald avant longtemps. Et lui souriait mécaniquement, pour s'excuser de la maladresse qui ne l'avait de toutes façons pas vraiment touché. Immy avait remarqué le caractère instable du brun. Il ne la dérangeait pas - la prenait de court parfois (souvent) mais Immy savait qu'elle ne devait plus le prendre pour elle-même. Ses cils s’abattirent quelques fois tandis qu'elle finissait sa poignée de grains de maïs éclatés dans le silence. Elle ne voulait pas attiser un peu plus la rancœur toute nouvelle qu'il avait contre elle, et surtout qu'au ton qu'il employait, il semblait être prêt à tordre chacun de ses arguments. Immy l'observa juste mâcher ses popcorns lentement, et ne put vraiment s'empêcher de se laisser secouer par un  faible rire. Étouffé par la main qu'elle mit devant sa bouche, autant pour faire taire l'amusement qui la gagnait alors que pour empêcher quelques miettes de se faire la malle. "Hey Guss," fit la blondinette sans s'imaginer que la scène qui se déroulait quelques secondes avant que le jackal n'entre allait le mettre dans un tel état. Lui aussi, avait un caractère instable. Là aussi, elle se retenait de rire. Voir un adulte se forcer à pleurer, car son jeu d'acteur n'est pas franchement bon et Immy qui était plutôt bonne actrice et ne pouvait pas s'empêcher de le remarquer, semblait surréaliste. Et Archibald se levant pour défendre son honneur...  Ça lui prenait pas mal de ne pas éclater de rire, pas forcément par mépris d'ailleurs, plutôt parce que les deux idiots étaient assez attachants dans leur stupidité.

La petite blonde se décida rapidement, levant ses fesses menues du canapé. Son regard chercha celui d'Archibald, tandis que ses doigts se posaient doucement sur son avant-bras pour lui signifier qu'il pouvait s'arrêter là. "Guss, écoute," commença Immy en s'avançant un peu. "C'est de ma faute. J'ai..." Elle hésita sur les mots, comme le mensonge était bien plus gros que ceux qui lui avaient sauvé la vie. Là, elle mentait pour sauver une amitié qui n'aurait de toutes façons pas souffert ou si peu de la haute trahison popcorienne d'Archibald. "Je rentre de raid, j'avais trop faim, j'ai piqué le paquet de popcorn. Archibald vient de rentrer, il voulait me reprendre le paquet. Je suis désolée," fit-elle en feignant un ton coupable, ses yeux tombant sur le bout de ses godasses pleines de boue avec désolation.

Autant je pouvais en vouloir à Archie et faire un peu mon cinéma, autant pour la gosse, je pouvais pas. Elle te regardait avec ses grands yeux tout innocents et j’avais envie de la croire. Ce qui était super con car je la connaissais un peu cette môme. C’était une comédienne qui mentait comme un arracheur de dents. Archie et Moi on avait sans doute pas dit autant de mensonges que la p’tite Immy dans toute sa vie. Je lui tapote le crâne avec gentillesse parce que malgré tout elle me fait un peu de peine. « T’en fais pas, Immy, je sais que c’est dur de résister à du popcorn. » J’observe maintenant Archibald, qui lui aussi est un assez bon menteur. Le problème avec lui c’est que c’est mon bro et même s’il me fait des crasses, j’ai tendance à vouloir lui pardonner tout. Je sens bien qu’il y a anguille sous roche, je regarde à tour de rôle les deux coupables. Je ne doute pas un seul instant que mon salop s’est bien servi. Il ne l’avait sans doute pas regardé sans rien faire. Je fronçais les sourcils pour me concentrer. Diantre, comme disait ma maman, c’est que c’était pas facile ! Il voit Archie qui en rajoute une couche et qui réprimande la petite puce. « Arch’ fait pas un cinéma pour un paquet de popcorn ça en vaut pas la peine. Regarde là ». Je m’approche et je pince un peu les petits joues mignonnes de la jeune fille. « Elle est trop mignonne. On peut pas lui en vouloir ». Comprenez surtout que je peux pas lui en vouloir. Toujours était-il qu’ils ne pouvaient pas s’en sortir comme ça si facilement les deux fourbes. Je devais me venger d’une manière ou d’une autre. Je savais pas trop ni quand ni comment mais ça arriverait. Pour le moment, j’observais les deux et décidait de reprendre mon air sérieux pour leur asséner à tous les deux ma conclusion sur cette affaire. « Néanmoins, Arch t’aurais pu mieux cacher le paquet. Je pensais que tu ferais plus attention. Et toi Immy, c’est la dernière fois que tu te permets de fouiller dans les affaires des autres. Si vous déconnez encore comme ça les gars, la prochaine fois, vous allez m’entendre. » Peu de gens m’avait déjà entendu réellement pousser ma gueulante. Archibald savait à quel point c’était terrible.

ma colère sera terrribllle:

La petite blonde commence sérieusement à se dévorer l'intérieur des joues quand Archibald en rajoute une couche. Même si d'un côté, elle est un peu vexée qu'il se rue aussi vite pour attraper la perche qu'ellel lui tend. Comme quoi... C'est franchement chacun pour sa gueule. Elle ne lui en tient pas vraiment rigueur. "Mais j'ai honte..." gémit-elle à l'intention d'Archibald tandis qu'elle ramène les genoux vers sa maigre poitrine. Posture défensive. Ses rotules cachent aussi le sourire qui creuse son visage. Jusqu'à ce que le blond ne s'avance et ne vienne pincer les pommettes de ses doigts crasseux. Elle ne peut s'empêcher de sourire. Ouais, personne peut en vouloir à cette bouille d'ange ; c'est précisément ce qui lui a permit d'entrer à Stonebriar sans se faire plumer. C'est même plutôt étonnant qu'avec cette bouille d'ange, personne n'ait essayé de lui punaiser les ailes. Ce n'est pas ce qui la tourmente. Et certainement pas ce qui la préoccupe à ce moment. "Je suis vraiment désolée Guss, tu sais," elle fait en ouvrant grand ses yeux bleus.  Elle ne sait déjà plus pourquoi elle s'excuse. Pour le popcorn qu'Archibald a consenti à partager avec elle ou... ? Ah. Oui. Oui, elle se souvient. "Je recommencerai plus, promis." Sans doute qu'elle estime que c'est bien assez pour tempérer le grand adolescent, car l'instant d'après elle jette un regard à Archibald et semble se rappeler d'un détail, tandis que ses lèvres s’entrouvrent. La gamine cherche ses mots et un petit sourire perce son air faussement désolé. "Mais je veux que vous m'emmeniez en raid avec vous la prochaine fois. Vous trouvez toujours des trucs sympas. D'accord ?" Elle inspire, se tourne vers Guss pour attendre sa réaction. Elle pense qu'Arch doit être intérieurement en train de bouillir, comme il finissait tout juste de lui expliquer qu'il y avait une raison pour laquelle il ne partait pas en raid avec elle. "Puis je trouverai de quoi me faire pardonner. C'est promis." La môme penche un peu la tête sur le côté, et esquisse un petit sourire timide. Elle tend son auriculaire vers l'un des deux hommes pour conclure les promesses. Comme en maternelle. Et évidemment, elle leur fait la bouille... Et renfonce le clou. "Je l'aurais pas fait si j'avais pas été désespérée et à l'article de la mort, vous savez. C'est... C'était une question de survie, je le jure ! Et je sais au fond de moi que si vous aviez vu que j'en avais besoin, vous n'auriez pas hésité." Son petit doigt s'effondre sur lui-même. La petite main blanche se referme. "Pas vrai.. ?" Ses cils papillonnent. Un semblant de doute passe dans son regard. "Vous... vous m'aimez, non ?"

Dans la tête d'Immy...:

Cette môme est trop mignonne . C’est vraiment difficile de lui tenir tête. Au moment où elle fait la mignonne, elle pense déjà qu’elle a tout gagné. Dans un sens, elle a parfaitement raison parce que dieu seul sait que je ne sais pas dire non à ce petit bouchon tout trognon. En revanche, je sais qui en est parfaitement capable. Le bro. C’est sa décision qui déterminera si on l’emmène ou non de toute façon. Personne n’est dupe sur la dynamique qui se dégage du duo. Enfin, je suppose que les autres savent, ça nous paraît tellement évident. J’observe donc Immy et je réponds avec un petit air attendri. « On verra mon petit bouchon. Ça me parait pas une si mauvaise idée. » Je l’ai entendu se crisper avant même de le voir. Ça lui apprendra à cet inconscient de se laisser siffler la bouffe par une gosse. Je l’adore Immy et c’est évident que je l’aime. D’ailleurs, je lui réponds en passant. « Tu me fais penser à ma petite sœur Immy. Evidemment que je t’aime. » De nous deux, c’est toujours moi le plus communicatif. Je perçois un peu plus tard le regard en coin de mon frère d’arme et de cœur. Je me contente de l’observer d’un air bouffon. J’ai très bien compris ce qu’il veut me dire mais je ne suis pas certain qu’il mérite que je lui signifie tout de suite. Il faut bien le torturer un peu. Lui aussi quand il est bougon, c’est presque mignon. Ça me rappelle toujours le gamin de douze ans qui voulait qu’on fasse s’envoler une poule. Ça m’attendrit l’air de rien. Je suis trop sentimental, faut pas qu’il l’apprenne sinon il va croire lui aussi que je suis pd comme un phoque. Je me rapproche pour confirmer Archibald dans ses propos. « On a déjà du mal à pas tout faire capoter nous-mêmes. » Quand je dis le mot capoter, je repense à l’époque où le sexe était facilement obtenable. Aujourd’hui faut se battre ne serait-ce que pour trouver une capote et je parle même pas d’une nana décente.  En plus, c’est terrifiant comme certaines sont poilues maintenant. Y’a plus de rasoirs et pas mal de meufs s’en badigeonnent le nombril avec le pinceau de l’indifférence. Tout ça pour quoi, pour survvire ? C’est d’une connerie. Survivre si on peut pas coucher c’est genre vraiment la douille de l’univers. Me rendant compte que mes pensées ont dérivées un peu de la situation je m’approche et je fais les gros yeux sérieux à Immy comme si j’essayais de lui faire avouer que c’était elle qui avait volé l’orange. « Alors petiote, t’as quoi dans le ventre ? »