mars 2018 + San Marcos ne ressemble en rien aux lieux où elle a pu vivre auparavant. A la fois plus vaste et plus habité, le groupe de son sauveur semblait vouloir participer à quelque chose de plus grand, là où son ancien groupe avait toujours pensé à sa petite survie. Mal à l’aise à l’idée de ne pas avoir sa place dans un lieu d’un tel calibre, Romy longeait les murs, évitait soigneusement le regard des autres et se contentait d’ouvrir la bouche seulement quand on le lui demandait. Depuis son arrivée, plus d’une personne s’étaient montrées avenante à son égard, visiblement interpellés par son apparence quelque peu écorchée. Après quelques jours passés sous surveillance, Romy obtenait enfin le droit de se promener comme bon lui semblait. Pour marquer son “acceptation” dans les rangs de la tribu, le leader en personne l’avait renommé, tout en lui annonçant que bientôt, une tâche lui sera attribué. En attendant, elle avait le droit de se remettre de ses blessures, et ainsi découvrir l’étendu de ce nouveau chez-elle.
Dans son esprit, le visage de Juan la hantait toujours et même si elle se passait bien de le dire, une partie d’elle désirait encore le retrouver. Sa dépendance envers l’homme continuait de subsister et ce malgré les marques qui achetaient son corps, rejoignant les cicatrices passées. Peu importe à quel point elle réfléchissait, Romy -ou plutôt Keren désormais, ne comprenait pas pourquoi on l’avait abandonné, que ce soit Jared, ou les autres. Une question qui lui faisait atrocement mal au coeur, elle qui depuis le début de l’épidémie -et bien avant, avait toujours vécu à leurs côtés. Désormais, elle se retrouvait parfaitement seule au milieu de visages inconnus, sans savoir réellement quoi faire de sa peau.
Encore perdue, la blonde marchait avec prudence, avec la peur permanente de déranger ou de se sentir de trop. L’heure du repas sonnait et de ses yeux clairs, elle cherchait un coin tranquille pour s’alimenter, avant de remarquer son sauveur à une table. Même si elle ne le connaissait pas, elle lui devait la vie, ce qui lui donnait immédiatement de la sympathie à son égard. Parmi la foule d’inconnus, il servait de repère, si bien qu’elle n’hésita pas à s’approcher de lui. « Je… Peux ? » Timidement, elle pointa une chaise qui se tenait à côté de l’homme, attendant que ce dernier accepte ou non la requête. S’imposer ne lui ressemblait pas, et peut-être que ce dernier n’avait aucune envie de passer du temps avec elle. Après tout, il avait simplement ramener un chaton égaré, rien ne sous-entendait qu’il souhaitait s’en occuper.
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Sujet: Re: el salvador + juan Ven 17 Mai - 15:32
keren rufus « birds »
La matinée s’était écoulée sans heurt à San Marcos. Levé comme bien souvent parmi les premiers, Rufus n’avait pas tenté de chercher le sommeil. Il ne le trouvait plus depuis un moment – sa compagnie s’était envolée avec elle, il avait fait le rapprochement durant l’une de ses insomnies passagères.
Optimiser son temps était une priorité pour celui qui depuis quelques jours avait une nouvelle charge à gérer. Elle n’était pas bien lourde et pas si encombrante que cela. Maintenant qu’il avait pris les précautions nécessaires pour s’assurer qu’il ne s’agissait évidemment pas d’une manœuvre pour les infiltrer, elle devait être surveillée au moins le temps qu’elle se fasse à sa condition et qu’elle montre qu’elle était fiable à Lazare. Keren, ainsi l’avaient-ils renommé après son baptême, était encore une nouvelle arrivante timide et en retrait. Juan s’interrogeait toujours sur ce qui était arrivé à cette fille sortie de nulle part – pourquoi ces coups, pourquoi cette mine terrorisée, pourquoi ce silence anormalement long et fermé. Sans savoir ce qu’elle avait essuyé avant de croiser sa route, le garde soupçonnait qu’elle n’avait pas eu une survie simple mais surtout qu’elle méritait au moins une chance. Lui en avait eu le droit et il en remerciait Cassidy chaque jour.
Malgré les premiers jours passés en sa muette compagnie et les tentatives de discussion, il n’avait pas arraché grand-chose des lèvres de la pauvre gosse. Sa jeunesse était frappante – alors qu’il n’avait pas la moindre idée de son âge réel, il avait tout de suite eu l’impression de faire face à une enfant égarée. Peut-être était-ce de là que venait ce sentiment spontané d’avoir voulu faire un pas vers elle et l’épargner. Parce qu’elle avait cet air particulier, naïf et fragile qui le touchait. L’œil alourdi par des cernes devenus partie intégrante du paysage de son faciès, le rouquin se releva une fois sa prière terminée, clignant des paupières comme pour sortir d’un refuge abstrait et se diriger d’un pas tranquille vers le repas du midi qui les attendait tous.
La salle de repas était déjà bien remplie lorsqu’il arriva pour s’y installer et se restaurer d’une sorte de gruau de maïs épais qui, à défaut d’avoir bon goût, calait l’estomac. C’était alors qu’il entamait sa troisième bouchée que l’impression d’être fixé lui fit relever le nez. Le visage pâle de la petite Keren le regardait avec un mélange d’anxiété et de curiosité et pour la première fois il entendit vraiment le son de sa voix distincte et claire. Il hocha la tête lentement en signe d’invitation, l’observant s’asseoir face à lui avec prudence et timidité. Elle semblait apeurée au point qu’un simple mouvement un peu trop brusque aurait suffi à la faire détaler comme un lapin. Mais comme tout animal sauvage, elle avait choisi de s’approcher de lui de son propre chef. C’était donc de sa volonté qu’elle venait le voir et sait enfin lui parler – il y avait de fait moins de chances pour qu’elle prenne la poudre d’escampette. « Tu as faim ? » qu’il lui demanda calmement, posant devant elle le morceau de pain qu’il n’avait pas encore touché pour compléter sa ration. « Tu devrais te nourrir. On dirait que tu vas t’envoler au moindre coup de vent. » Si sa bouche ne souriait pas, ses yeux posés sur elle n’en disaient pas autant.
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Sujet: Re: el salvador + juan Lun 20 Mai - 22:01
mars 2018 + D’un signe de la tête, son sauveur accepte sa compagnie, l’invitant ainsi à partager un repas. Soulagée de ne pas avoir à s’inviter à une autre table, Romy s’empresse de s’assoir sur l’une des chaises vacantes, tout en grimaçant de douleur en se baissant. Encore en convalescence, la jeune femme sentait encore la plupart de ses blessures, même si elle se passait bien de se plaindre. En la ramenant dans cet ancien aéroport, l’inconnu l’avait sauvé d’une mort certaine, même si elle peinant encore à comprendre pourquoi son ancien groupe l’avait abandonné. Aussi blessée physiquement que moralement, Romy s’accrochait à ce qu’elle pouvait et quelque part, elle espérait que cet homme puisse l’aider. « Merci. » Pour le repas, on lui avait donné quelques morceaux de viande séchée, ainsi qu’une sorte de compotée de chose non-identifiées, qui à défaut d’être appétissante devait très certainement caler l’estomac. Face à sa mine déconfite et surtout à sa forme peu olympique, l’homme l’invita à manger son assiette, tout en lui proposant son propre morceau de pain. L’attention la touchait sincèrement, si bien qu’un peu mal à l’aise, elle baissa les yeux en direction de son plat. « On m’a donné ça déjà... » Comme pour prouver que cela lui convenait, elle plongea sa fourchette dans son récipient, avant d’en prendre une bonne bouchée.
Manger faisait du bien, même si elle ne méritait sûrement pas toute cette bienveillance. Que ce soit son sauveur, ou les membres de cette communauté, tout le monde semblait avenant avec elle, sûrement soucieux de ce qui avait pu lui arriver. Son jeune âge jouait peut-être en sa faveur, Romy le savait, mais malgré tout, elle se sentait infiniment redevable. Avant de rendre la pareille au groupe qui venait de l’accueillir à bras ouverts, la blonde aimerait pouvoir remercier son ange gardien, mais ne parvenait pas réellement à savoir comment elle pourrait le faire. Fort et brave, l’homme ne devait sûrement pas avoir besoin d’une incapable comme elle, et sans surprise, elle se sentait un peu ridicule de rester dans ses pattes.
Néanmoins, maintenant qu’elle se retrouvait en tête à tête avec lui, Keren ne pouvait pas rester muette, au moins par respect. Le minimum qu’elle pouvait faire aujourd’hui, c’était le remercier pour son acte héroïque. Cela dit, avant de se montrer réellement reconnaissante, la blonde aimerait savoir à qui elle devait la vie ou du moins pouvoir mettre un nom sur celui qui lui avait évité de pousser son dernier souffle sur la banquette arrière d’une voiture. « Tu… C’est quoi ton prénom ? » Par manque de confiance en elle et par peur de déranger, sa voix était aussi faiblarde que son regard fuyant. Une attitude qui trahissait les coups passés et surtout une résignation de longue date. Jared lui avait fais beaucoup de mal et avant de s’en remettre, la route était encore longue.
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el salvador + juan
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