(II) it's crazy how fast things change + adam

Depuis l’introduction de l’Angélus au coeur d’Olympia, Elsie a la sentiment d’être épiée. Elle n’a pas totalement tort en réalité. Déjà, il y a Leon. Elle n’aime pas devoir lui rendre des comptes. Mais, en même temps, elle n’a pas réellement le choix. Tant que le shérif est de leur “côté”, la situation est sous contrôle. Elle se fait beaucoup trop de mouron, ce n’est pas vraiment son genre. D’habitude, elle ne pense jamais plus loin que le bout de son nez, elle ne songe pas aux conséquences des ses actes, elle avise au jour le jour, au moment venu. Peut-être qu’elle est soudainement devenue plus mature… Non, même pas ! Elle craint surtout pour ses fesses depuis qu’elle dépend d’Olympia, depuis que Thomas lui a transmis ce fichu virus Lazarus. Alors, elle doit se montrer prudente, redoubler de vigilance si elle veut que son nouveau commerce fonctionne. D’accord, ce n’est pas réellement son commerce, mais disons qu’elle en fait partie intégrante et qu’elle en retire certains avantages. De toute façon, elle estime que les Olympiens ont grand besoin de retirer l’énorme balais disposé dans leur fion, l’Angélus peut considérablement aider. Au final, elle ne fait que les aider à se décoincer et profiter des petits plaisirs de la vie, non ? C’est de cette manière qu’elle considère les choses, ça la rassure. Parfois, c’est fou à quel point la Carrière lui manque, surtout Augures, son ambiance, ses survivants décalés et sa propre insouciance d’antan (quand elle n’avait pas besoin de songer à ne pas oublier la prise de son antiviral). Mais, elle doit reconnaître apprécier les douches et les matelas confortables, même si l’ambiance des lieux n’est pas le moins du monde comparable.

Après quelques coups frappés contre la porte en bois de la demeure Redfield/Havener, Elsie s'introduit au sein des lieux sans attendre une quelconque réponse. La politesse, les convenances, c’est surfait. Adam y est désormais habitué de toute manière. Rapidement, elle inspecte les différentes pièces de la bâtisse, gravissant les escaliers pour finalement s’arrêter face à la chambre d’Adam. « J’espère que tu n’es pas en train de jouer avec ta main droite, parce que j’entre dans exactement trois secondes ! » Un. Deux. Trois. Elle tourne la poignée et pousse la porte avant de s’immiscer au cœur de l’antre de son ami. Insistons sur le terme “ami” qui est aussi adéquat qu’il ne l’est pas en fin de compte… C’est compliqué. Elle jette un regard circulaire au lieu, posant finalement ses prunelles sur la silhouette de l’Olympien. « Tu es donc décent, dieu merci. » Elle esquisse un sourire narquois tout en s’affalant sur le lit trônant au bout de la pièce. Elle fait comme chez elle, oui. Au final, elle est presque chez elle, puisqu’elle passe une bonne partie de son temps aux côtés d’Adam et donc ici. « Leon me casse le cul ! » Qu’elle s’exclame, tirant en même temps la grimace. Elle aimerait pouvoir l’éviter indéfiniment, sauf que c’est impossible. Elle ne le supporte pas, c’est viscéral. « La prochaine fois qu’il requiert une entrevue afin de clarifier les choses, tu t’y colles. Il ne m’aime pas. Je ne l’aime pas. Et, je ne suis ni douée pour jouer les faux-cul et encore moins pour me montrer diplomate. » Elle soupire, exaspérée par la situation. Il faut toujours que quelque chose cloche. La cloche, c’est Leon. D’accord, elle n’est pas sympa. En même temps, on ne peut pas aimer tout le monde. Surtout lui, surtout ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues. De temps en temps, elle aimerait bien qu’on lui foute la paix et que tout aille comme elle le souhaite. Il faut croire que c’est trop demander. Thomas et sa trahison, le virus Lazarus, maintenant Leon qui fourre son nez là où il ne doit pas. C’est trop injuste. Elsie Caliméro, la base.  

La tête pensante, la bonne blague, c’est stupide. Elle en roule des yeux. Elle ne se considère pas vraiment comme le cerveau de l’opération, pas du tout même. C’est peut-être car elle n’a jamais été prise au sérieux. Bref, elle n’a pas l’impression d’être faite pour ce rôle. De toute façon, ce sont plutôt Rayna et Amalia les Cortex de leur team. Même si, elle aimerait bien dominer le monde tout de même. Enfin, peut-être pas ce monde post-apocalyptique en fait. « Arrête de sourire comme un con. » C’est un ordre, ça s'en rapproche du moins. Elle pousse un léger soupir histoire de montrer son agacement, même si elle surjoue plus qu’autre chose. C’est surtout qu’elle n’arrive plus à aligner convenablement deux pensées quand il lui sourit comme un débile. C’est un effet secondaire indésirable lorsqu'on fréquente Adam Redfield. « Tu n’assures pas mon cul avec Leon en tout cas. Pas merci pour ce job à moitié rempli, pas du tout rempli en fait. » Elle fait mine de tirer la tronche mais bien sûr il n’en est rien en réalité. Elsie aime se plaindre, Elsie a besoin de se plaindre et Adam est le seul avec qui elle peut aborder le sujet Leon tête de con. « Parce que si j’arrête de prendre sur moi ça va très mal se terminer, crois-moi. » D’où le fait qu’elle joue la faux-cul en chef, d’ailleurs elle se surprend à aussi bien jouer la comédie. Pourquoi est-ce qu’elle se doit de gérer ce genre de choses de toute manière ? Elle n’est pas le moins du monde diplomate, sans parler du fait que le courant n’est pas vraiment passé entre elle et Leon, même avant cette histoire de drogue. « Minus, ton job n’est pas de défendre la personne dont je viens me plaindre, t’es supposé me soutenir et m’aider à dominer ce putain de monde. » Elle esquisse une moue râleuse avant d’adresser un léger coup de poing contre le torse de l’Olympien. Il le mérite, ou pas, mais elle est frustrée par sa faute et celle de Leon. « Tu m’énerves, tu le sais ? » La question est rhétorique. Il le sait, elle le sait, ils le savent quoi. Quelques secondes défilent alors qu’elle plisse les yeux, scrutant Adam de haut en bas, observant ses pupilles. « Dis-moi, tu pieutais réellement ou t’as décidé de puiser de  l’Angélus dans notre stock ? » Le ton est dénué de reproches, il s’agit d’une simple question. Elsie n’est pas vraiment le genre de personne qui peut se permettre de juger l’Olympien. Elle n’aime pas faire la morale, elle n’est pas Bass. Mais, parfois il est différent, alors forcément elle commence à s’inquiéter. Heureusement, elle se rassure en se répétant en boucle que l’Angélus n’est pas mortelle contrairement au Puff. ça ne l’empêche cependant pas de s’inquiéter et elle déteste s’inquiéter. Forcément, ça signifie qu’elle est attachée à cet abruti et ce n’est pas quelque chose qu’elle apprécie. Disons qu’elle en marre d’être trahie par les personnes auxquelles elle tient et c’est généralement ce qui se produit alors… Autant ne pas y songer maintenant. Rapidement, elle se rapproche de son acolyte, prenant son visage en coupe entre ses mains afin de mieux considérer les prunelles de ce dernier. Elle commence peu à peu à se sentir coupable de lui avoir fait tester l’Angélus. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû, qu’elle a déconné sur ce coup-là (comme sur beaucoup d’autres).

Adam est franchement irritant, tout comme elle en fait. Parfois, elle se demande s’il n’est pas son alter ego masculin. Enfin, elle est moins stupide que lui tout de même, elle en est persuadée. En tout cas, elle, elle ne surconsomme pas de la drogue post-apocalyptique alors qu’ils sont supposés la vendre. Il n’a même pas honte, pas une seule seconde. Mais, soit, elle n’est pas sa mère, elle ne va tout de même pas lui remonter les bretelles… C’est suite à cette réflexion qu’il la prend de court, scellant leurs lèvres sans aucune hésitation. L’esprit d’Elsie bouillonne tout à coup et elle reste figée. Elle pense d’abord à Thomas, une petite fraction de seconde, puis cette pensée s’estompe rapidement tandis qu’elle se prête au jeu, intensifiant leur baiser, profitant de l’instant. Lorsqu’ils se détachent l’un de l’autre, un léger silence s'installe. On aurait pu croire ce silence gênant mais en réalité, ce dernier est franchement moins gênant qu’Adam lui-même. Il ouvre la bouche et elle se renfrogne immédiatement. Il parle, comme si c’était normal, comme si c’était rien. Mais, peut-être que ce n’était rien finalement, ce baiser, puisqu’il est sous Angélus et à côté de la plaque. En tout cas, elle est scotchée par ce comportement, mais pas pour bien longtemps. Elsie ne reste jamais sans voix. « J'pensais à une chose, en toute amitié, un gros pain dans ta tête, ça serait de nature à te convenir ? » Il est con. Il est doublement con même. Déjà de base en fait, il est con. Mais, alors, sous Angélus, il est vraiment mais alors extrêmement con. C’est tout un concept, le concept Adam Redfield de mes deux. Elle sait qu’elle n’est pas vraiment en colère pour la bonne raison, Elsie, elle n’est pas spécialement en colère parce qu’il a osé l’embrasser ou parce qu’il puise dans leur réserve, elle est plutôt en colère parce qu’il ose se moquer de ce baiser. Mais, non, elle ne compte pas l’admettre, c’est une question de dignité. Elle se relève, s’extirpant du lit, prête à quitter les lieux avec classe - ou plutôt de manière théâtrale. Mais, en fait non, elle se retourne finalement, dévisageant son acolyte, mains sur les hanches. « Peut-être que tu n’as pas d’orgasme parce que tu es tout bonnement trop défoncé à longueur de temps pour ressentir quoique ce soit. » Oui, elle a bien remarqué qu’il se sert beaucoup trop souvent dans le réserve d’Angélus qu’ils sont supposés vendre. Elle a pertinemment conscience qu’il ne s’agit guère d’un acte isolé. Et, ça aussi, ça la fout en rogne en fait. Il n’est plus totalement lui. Alors, elle ne sait pas ce qui est réel entre eux et ce qui ne l’est pas. Franchement, il faudrait qu’elle arrête d’avoir des sentiments débiles pour des idiots finis. « Je te jure que si on se fait choper par Amalia ou Rayna parce que t’es pas foutu de faire fonctionner tes deux neurones, je te castre, comme ça t’es certain de ne plus jamais ressentir aucun orgasme, Redfield. » Les joues d’Elsie sont en feu, elle est presque certaine d’être rouge pivoine. Pourtant, elle n’est pas du genre prise de têtes, loin de là. Elle laisse couler d’habitude. Mais, il faut l’avouer, il mérite de se faire recadrer. Elle s’avance à nouveau vers lui, en profitant d’être assez proche pour le pousser juste assez afin qu’il vacille complètement sur le matelas. Pas très compliqué étant donné qu’il était déjà à moitié affalé et complètement défoncé. « Alors, petit génie, comment tu comptes faire en sorte de palier à la disparition d’une partie de notre stock d’Angélus ? » Le timbre de voix est plus calme, mais son comportement non-verbal est toujours aussi fermé qu’il y a trente secondes à peine. Il va en baver, c'est décidé.

Clairement, Adam s’en fout. Et, clairement, ça l’agace au plus haut point bien qu’elle essaye au maximum de faire abstraction du comportement de l’Olympien. D’ailleurs, elle préfère ignorer ses moqueries et continuer sur sa lancée. Le silence s’installe finalement et elle prend sur elle pour ne pas le secouer tel un vieux prunier. Elle reste plantée là, face au lit, l’esprit bouillonnant. Il la pousse vraiment à bout. Elsie n’est effectivement pas reconnue pour sa patience et elle a le sentiment qu’il se fout sacrément d’elle. Elle songe à s’éclipser, parce qu’elle a l’impression de devenir folle. Mais, en fin de compte, il daigne reprendre la parole, se relevant par la même occasion. Elle le fixe, furieuse. Peut-être va-t-elle l’étrangler avant la fin de cette conversation. Elle roule des yeux face à la connerie d’Adam. Non seulement, il minimise ses actes, mais en plus il pense pouvoir s’en sortir en un claquement de doigts. Il est franchement à côté de la plaque, déconnecté de la réalité. « J’espère bien que tu comptes payer, c’est la moindre des choses. Je vais faire les comptes et calculer ce que tu nous dois. » Et, le montant sera salé, c’est sur et certain. Elle n’est pas encore complètement stupide, Elsie, elle a pertinemment conscience que sa consommation d’Angélus est fréquente. « Et, non, ce n’est pas la fin de l’histoire contrairement à ce que tu peux bien penser. » Parce qu’il ne peut tout simplement pas continuer de la sorte. Il les met en porte-à-faux et elle déteste ça. Le ton est sec, coléreux, mais l’inquiétude est franchement décelable dans sa voix. Elle n’est pas juste en colère, non, c’est bien plus que cela. Il est surement trop défoncé pour s’apercevoir de quoi que ce soit. « Je ne veux rien de toi, si ce n’est que tu ne nous foutes pas dans la merde avec tes conneries. » Elle soupire, troublée par cette situation. Elle a le sentiment de revoir certains clients de son frère alors qu’il était dealer. Vous savez, ces drogués qui prétendent savoir ce qu’ils font, qui prétendent ne pas être addict. « Tu devrais arrêter avec tes putains de mensonges, y’a d’autres moyens de passer le temps. On sait d’ailleurs tous les deux que ta consommation n’est pas occasionnelle. Mais bon, ça ne me regarde pas, tu fais bien ce que tu veux du moment que tu ne me mets pas dans une position délicate. » Ce n’est pas vrai, elle ment éhontément, bien sûr que ça lui importe, qu’elle s’inquiète. Mais, il est probablement trop à l’ouest pour s’en rendre compte, alors elle peut bien dire ce qu’elle veut. Elle n’aurait jamais dû lui faire tester l’Angélus, grossière erreur, c’est un peu de sa faute s’il est dans cet état, accro. « T’as intérêt à payer, je vais pas douiller pour toi, je veux être au courant à chaque fois que tu puises dans notre stock. » Au moins, elle pourra le surveiller, c’est la seule chose de bien qu’elle retire de cette conversation. En tout cas, c’est sûr et certain que son attention sera désormais focalisée sur lui. Elle n’a pas confiance, pas quand il est comme ça. Elle l’observe un instant. Il a toujours ce sourire rivé aux lèvres et il semble… la déshabiller du regard. C’est gênant et agréable, mais surtout gênant connaissant son état. L’Angélus déforme la réalité. « D’ailleurs, toi, tu devrais arrêter de sourire. Je te promets, ça devient malsain. » Elle ancre ses prunelles aux siennes, le visage se voulant fermé, l’expression se voulant froide, mais Elsie n’est pas certaine d’être bonne comédienne. Puis, elle le sait, il adore la voir dans cet état, se jouer d’elle, même lorsqu’il est clean c’est son passe-temps favori. Peut-être devrait-elle arrêter de se mettre dans tous ses états pour lui. Le problème ? Elle n’y arrive pas.

La manière dont il lui répond… Elle le claquerait bien volontiers. Mais, autant continuer de l’incendier plutôt, la violence physique ne sert à rien, même s’il est vrai qu’elle adorerait passer ses nerfs sur l’Olympien à l’heure actuelle. Tout ce qu’elle retire de cet échange tumultueux est qu’Adam se voile la face, il nie tout bonnement la réalité. Tôt ou tard, il se plantera, foncera droit dans le mur, tombera de haut. Elle espère que cela se produira assez tôt, parce qu’il est franchement chiant pour l’instant. Et, d’ailleurs, elle est chiante également il semblerait. En même temps, il s’agit de l’effet secondaire de l’inquiétude ça. Mais, elle assume, elle ne se ment pas à elle-même elle. « Tu peux faire tout ce que tu veux, je t’ai dis que je m’en fichais, t’es sourd ou quoi ? » Elle pince ses lèvres, bien qu’à force elle sent son énervement baisser d’un cran. Elle ne veut pas rester fâchée contre lui. Elle en a marre des conflits. Elle a été en colère contre Bass, contre Jamie. Elle ne parle plus à Thomas. Adam est le seul avec lequel elle ne souhaite pas reproduire ce genre d’expériences. Il est celui qui la fait sourire, celui qui la comprend, qui partage sa condition. Elle ne veut pas que leur relation se détériore. Par contre, elle est toujours autant agacée. Il s’évertue à faire l’inverse de ce qu’elle lui demande. Le sourire toujours omniprésent, taquin. Il se fout d’elle, n’est-ce-pas ? En tout cas, elle en a l’impression. Elle roule des yeux face à sa remarque tendancieuse. Il a vraiment les neurones grillés. Hors de question qu’elle cède à ses avances douteuses alors qu’il est complètement à l’ouest. Elle ne va tout de même pas profiter de lui. Enfin, surement qu’il ne visualise pas la chose sous cet angle… Mais soit, non, surtout qu’à l’heure actuelle a plus envie de le frapper que de lui arracher ses vêtements. « Oui, tu sais, comme la lecture, le jardinage, les mots-croisés, ce genre de choses… » Elsie joue rudement bien à l’autruche, il faut le reconnaître. C’est un domaine dans lequel elle est passée experte il y a longtemps. Mais lui, il n’écoute pas vraiment ce qu’il dit. De toute façon, il la connait suffisamment pour savoir qu’elle a pertinemment saisi le véritable sens de ses propos. Propos qu’il n’hésite pas à éclaircir d’ailleurs que ce soit avec des mots ou des gestes. Il pose ses mains sur les hanches de l'Olympienne et un léger frisson parcourt l'entièreté de son corps. Elle se flagelle mentalement. Heureusement, il est trop à côté de ses pompes pour le remarquer. Elle hausse un sourcil perplexe et décide finalement de jouer légèrement de la situation, glissant ses paumes derrière la nuque de l’Olympien, ses pouces frôlant son visage. « J’aurais peut-être pu, qui sait après tout ? Mais, c’est trop tard, t’as loupé le coche mon pauvre, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. » Comme pour ponctuer sa phrase, elle lui adresse une légère claque sur la joue, rien de bien méchant, juste un petit rappel à l’ordre à peine douloureux. Elle le délaisse finalement, le laissant en plan, il le mérite. Cependant, avant qu’elle ne franchisse le seuil de la porte, elle se retourne une dernière fois vers son acolyte. « Reviens me voir quand tu seras clean, Redfield. » Et, elle s’éclipse, claquant la porte derrière elle.