angel with a shotgun (raven)

Les parcs d'attraction, ça n'avait jamais vraiment été le truc de Lucy. A part Disneyland, peut-être. Elle laissait ça à ses frères – suffisamment stupides pour défier la gravité, pour s'embarquer dans des manèges qui font vomir. Alors, quand elle s'était mise en tête de se rendre dans un parc abandonné depuis le début de l'apocalypse, les Jennings ne l'auraient sans doute jamais crue. Mais aucun d'entre eux n'était là pour la retenir.
Remise de ses blessures suite au drame à la Carrière, et les rescapés de son camp n'étant plus en danger de mort imminente suite à l'embuscade à Olympia, Lucy s'offrait cette escapade. Elle voulait comprendre. Revivre l'attaque, même par procuration. Revenir sur les lieux. Prendre de la hauteur. Comprendre les aléas du combat auquel elle n'avait pas participé, confinée au Ranch, assurant leurs arrières de bien trop loin pour être utile. Elle était sans doute encore en vie grâce à ça, alors elle prenait sur elle.
Le danger Lazare semblait être écarté, pour le moment. Après de trop nombreux incidents semblant incriminer ce qu'elle n’appellerait même pas une organisation. La blonde apprenait sur le tas, au cas par cas, au bon vouloir des détails qu'elle parvenait à récolter. Rangeant ses talons hauts au placard pour la journée, ressortant sa veste en cuir à la place, elle parvenait enfin à son but, après une marche épuisante. Ne connaissant ni Olympia ni les alentours – là où elle concentrerait son exploration – il lui fallut un moment pour arriver à sa destination.

Wonder World Park. En périphérie directe de San Marcos, et ne recelant plus de secrets pour personne à vingt kilomètres à la ronde. La mini-ferme avait été vidée de ses habitants, les guichets fermés définitivement, les visiteurs du jour à jamais prisonniers du parc. Pour quelqu'un d'humain, néanmoins, il était simple de rentrer et de sortir. Son objectif était clair, dessiné dans les airs. Tour d'ivoire et de métal, offrant une vue à 360° sur les environs. Et, plus près qu'il n'y paraissait, Olympia. Dernier quartier protégé, et selon leurs propres termes, dernier berceau de l'humanité. Berceau, ça, elle voulait bien le croire – l'attaque de Lazare visait les enfants qui s'y trouvaient, après tout.
Quant à l'humanité … ça, elle y croirait quand elle le verrait.
3471. Un rôdeur solitaire dont le sang tâchait désormais ses mains, son pantalon – fait assez rare pour être souligné – et la moitié de son visage. Balafres de guerres pour mieux berner l'ennemi. A la fin de la journée, son compteur aura encore augmenté. Cependant, pour le moment, elle ne tenait pas particulièrement à faire un massacre, à attirer l'attention sur elle. En priorité, la tour d'observation. Sans doute que les Olympiens avaient réfléchit à ça et étaient venu voir si Lazare n'avait pas utilisé la tour comme observatoire avant de planifier leur attaque. Et peut-être que, dans la panique, personne n'était venu voir ici.

Sauf que Lucy n'était pas seule. Et que la tour était encore trop loin. Complice de Lazare ? Olympienne ? Ou quelqu'un qui n'avait rien à faire ici, comme elle ? Pour l'instant, elle se contentait de se mêler aux revenants – mais bientôt, elle se fera griller. Ou mordre.

Spoiler:

T’avais presque fait le tour de toutes les petites boutiques qui entouraient le bar dans lequel tu avais élu domicile depuis quelques semaines. Et avec ce que tu avais pu voir, tu en avais déduis qui tu n’étais pas seule dans les environs. Pour peu qu’une fraise pousse, elle était ramassée. Pour peu qu’une chose utile apparaisse dans les environs, elle disparaissait. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que tu n’étais pas la seule humaine dans les parages. Et après quelques jours seulement, après avoir remarqué un certain vas et viens, et en particulier des abrutis sur leurs chevaux, t’avais fini par comprendre que yavait des clans - des groupes. Les identifier n’était pas vraiment dans tes priorités pourtant. T’en avais juste déduis que ceux qui se promenaient à cheval venait sans doute du même endroit. Et alors que tu cherchais de quoi fouiller ailleurs que dans les endroits déjà dévalisés par tes semblables, t’es tombée sur Olympia. Yavait des gens, là. De vrais gens, pas ces choses horribles en décompositions qui essayaient sans arrêt de te mordre le fion. T’as pas osé plus t’avancer - t’avais pas envie de tomber sur une secte, ou pire encore. Alors t’es restée à distance, t’as fait le tour, puis tu t’es remise en marche après avoir laissé gagner ta paranoïa.

Un parc d’attraction. Un putain de parc d’attraction finit par se dresser devant toi et tu arques un sourcil. Tu ne t’es jamais aventurée jusque là. À vrai dire, tu ne penses même pas savoir dans quelle ville tu te trouves, ni dans quel état. Il te semblait avoir passé la limite du Texas un bon mois plus tôt mais tu n’en étais même plus certaine. Autour de tes épaules, de ton cou, Maya semble se réveiller devant cette vue, elle aussi. Elle lève la tête en sifflant et tu souris. « On va faire un tour, ma belle ? » que tu lui demandes avant de franchir un grillage qui te permet de te retrouver à l’intérieur du périmètre du parc. Tu atterris sur le sol souplement, camouflant le bruit de ton saut autant que possible en pliant tes genoux. Tu sors ton sabre, le serrant dans ta main gauche tandis que tu t’avances dans l’inconnu, essayant d’éviter les endroits où les rôdeurs s’attroupent les uns autour des autres. Les cabanes semblent prometteuses. Tu te demandes si tu peux pas y trouver quelque chose d’intéressant. Alors tu t’avances, ton arme de prédilection à la main, l’esprit aux aguets.

L’endroit serait presque beau. T’as toujours eut des goûts spéciaux, toi. T’as toujours aimé les trucs abandonnés, vides, un peu glauques. Sauf que les zombies te gâchent la vue - et la vie. En levant les yeux, tu remarques une tour d’observation et tu as une idée. T’as envie de voir le parc en entier. T’as envie de voir ce qui se trouve aux alentours. T’as un nouvel objectif : celui de monter au sommet.

Les questions remplissaient l'espace libre entre toutes ses neurones, sur les raisons de la présence de l'inconnue dans ce parc autrement … désert. Humainement parlant. Or, plus son attention était dévouée à la brune, et moins la blonde faisait attention à son environnement. Écopant de peu une collision avec un rôdeur, Lucy s'écarta au dernier moment, attirant sans doute l'attention sur elle. Le rôdeur finit par lâcher l'affaire mais … elle se retrouvait dans une zone dégagée.
Plantant ses prunelles sur la tour – qui comportait un espace couvert à mi-hauteur et qui faisait donc une bonne planque – elle décida de changer de stratégie et s'y dirigea d'un pas vif. Jouant avec le destin, en se disant peut-être que si la brune remarquait sa présence, ce serait elle qui resterait en arrière. D'un autre côté, une balle dans son crâne était si vite arrivée. Mais Lucy était si proche de la tour … qu'elle tenta le coup.

Pour autant, elle ne perdit pas de temps à gravir les marches, et si son chemin croisant celui d'un revenant, elle réussissait à les faire dégringoler dans les marches, ou à défaut, de leur planter l'une de ses dagues dans le crâne. L'ascension se révèle plus fatigante qu'elle ne l'avait prévu, surtout après le chemin qu'elle avait fait depuis le Ranch. C'est le souffle court qu'elle arrive au niveau de l'observatoire couvert – pas vraiment en haut de la tour, mais loin d'être au sol. Si la porte semblait fermée, la fenêtre avait dû être fracturée des années auparavant. Aussi n'eut-elle eut aucun mal à se glisser à l'intérieur.
La pièce était aussi grande que vide, à l'exception d'un bureau renversé, dans un coin. Habité par quelques licornes du mal aventureuses seulement. L'inspection est rapide – la poussière recouvrait le sol de manière égale, rien qui n'attestait d'un passage deux semaines à peine auparavant. Si elle peut voir les toits d'Olympia, sa vue est plus que limitée. Lucy devait donc monter jusqu'en haut de la tour pour vérifier que rien ne s'y trouvait – même s'il lui semblait peu probable que quelqu'un se soit mis à observer Olympia sur une longue durée en étant à découvert.
Elle n'eut pas le temps de sortir de la pièce qu'elle croisa une silhouette, de l'autre côté de la vitre brisée. D'où tu viens ? La question était stupide, et elle doutait fortement qu'un sbire de Lazare se pavane. Mais elle devait savoir. Si elle devait mourir ce soir.
Parce que plus elle regardait la femme, et moins elle y comprenait quelque chose. Si sa première pensée avait été "sympa, le rouge à lèvres", la seconde, suivant de près, était "QUI se trimballe avec un SERPENT autour du cou ? QUI ?" Autant dire que Lucy était loin d'être rassurée, malgré les dagues dans ses poings. Elle n'était pas particulièrement dangereuse, elle ne faisait pas peur. Mais elle devait reconnaître que la brune savait y faire, ou au moins y donner illusion.