Il lâche sa vieille besace dans la poussière. Une pellicule de résidus - urbains, forestiers et humains - se dépose sur ses chaussures. Elles sont bonnes à essorer car ils ont fait le dernier kilomètre sous une pluie abondante et glacée. Suintant de flotte, Absalom serait de méchante humeur s'il n'était ravi d'arriver à destination. Pas le temps de s'appesantir sur le plaisir que leurs entrailles soient encore dans leur ventre non plus ; ils sont précipités à la tâche de vider les contenus des sacs dans les stockages de l'avant-poste. Le séjour fera dans la brièveté, afin de ne pas consommer plus d'une modique fraction de l'approvisionnement.
On les accueille avec une chaleur savamment austère, très à l’image du clan, et on les fait asseoir à côté d'un bidon crépitant, éventré afin que l'on y jette le tout-venant, le tout-brûlant. Le réconfort des flammes immondes cisaille la première épaisseur de l'humidité. Quatorze phalanges dans sa serpillère de tignasse et Absalom se déleste de ses blouson et t-shirt. Il passe une couverture sur ses épaules et tousse comme un début de cancer. « On va bientôt manger, croit le tranquilliser un camarade. » Il n'a pas vraiment faim, et pas vraiment froid. Loin des terres de son maître, Absalom est serein en même temps qu'impatient que le temps collectif se meurt à petit feu. Ce n'est rien qu'il avouerait mais, s'il s'est porté volontaire, ce n'était qu'afin de revoir sa sœur. Un peu. Il n'ignore pas qu'ils sont tous ses frères et ses sœurs, cependant qu'elle lui manque plus viscéralement encore que si elle était de son sang.
Au demeurant, le cercle ne compte pas seulement ses semblables et le nettoyeur le surprend aux mains qui ballottent la tambouille du soir. « C'est qui ? » Il interroge à sa droite mais c'est la fille elle-même qu'il dévisage. Elle est jeune – peut-être vingt ans, blonde, les yeux verts, et rien qui lui rappelle le votif de ceux de son espèce. Il décide sur-le-champ qu'il ne l'aime pas ; ce qui n'a rien de personnel mais tout du traitement de principe qu'Absalom applique aux étrangers. « Levi, on lui répond avec une lueur de curiosité pour ce qu'il va faire. » Or, c'est un discret. On ne le voit guère sortir du rang, le gaillard. Il effectue sa besogne avec la pire application et l'on ne trouve rien à lui reprocher dans l'exécution. Voilà qui rend probablement son regard plus pénétrant et plus accusateur pour tout à chacun. « Fais pas attention, lance une bonne femme au teint blafard, et compagne d'Absalom dans le chemin, à Erin. Il a l'air méchant mais, en fait, tu verras, c'est juste un chiot. » Le clébard ne dit rien et passe sur les sourires goguenards. Il fixe la fille comme une lame le jarret.
(c) DΛNDELION
Erin Mortensen
Lazarus + Tout l'monde veut devenir un cat
Hurlements : 945
visage : chloe moretz.
crédit : mite. astra.
survit depuis le : 06/04/2018
capsules de troc : 1793
Sujet: Re: enfants de chœur. Mar 12 Fév - 11:46
+ Coincée dans cet avant-poste jusqu’à gagner suffisamment la confiance de ses habitants, Erin jouait l’enfant parfaite, celle à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Afin d’apparaître comme une recrue idéale et prometteuse, la blonde s’activait à la vie du lieu, tout en tentant de sympathiser avec ses occupants. Bien que la plupart commençaient à l’accepter et à la considérer comme une soeur, d’autres restaient encore sceptiques et difficile à approcher. Le temps aidera sûrement à briser la glace, elle le savait et cela la motivait encore plus à s’investir dans son personnage. Si elle souhaitait avoir la chance d’accéder au véritable camps, ou même de pouvoir se promener à son aise dans la nature pour pouvoir donner des nouvelles à Aaren, elle devait redoubler d’énergie et ne pas se contenter seulement des sbires de l’avant-poste. En effet, même si elle vivait à l’écart du véritable groupe, la quarrie avait la chance de se retrouver dans un lieu de passage, où les rumeurs faisaient bon vivre. Dans les quelques pièces et couloirs de la bâtisses, elle entendait des noms, des réputations et surtout des histoires qui pourraient bien lui servir à l’avenir. Laisser traîner ses oreilles devenait une habitude pour la blonde qui vivait depuis déjà trois semaine avec les sbires de Lazare, d’autant plus quand la porte d’entrée laissait apparaître de nouvelles tête.
Ce jour-ci, alors qu’on lui avait indiqué que quelques couverts supplémentaires allaient s’inviter pour le repas du soir. En plus d’avoir préparé les quelques lit, Erin s’était naturellement proposé d’aider pour la cuisine, afin d’occuper une place centrale dans le repas qui allait bientôt débuter. Loin de servir de la grande gastronomie, l’avant-poste était néanmoins bien alimenté par son groupe mère, et c’était justement pour un ravitaillement que les invités arrivaient. Du coin de l’oeil, elle observait qui s’avançaient dans la pièce, trempés jusqu’aux os. La pluie battait son plein à l’extérieur, si bien qu’elle dû attendre de les voir retirer leurs parkas pour découvrir leurs visages. Dans le lot, elle identifia rapidement qui était le chef du petit raid qu’elle avait déjà aperçu à son arrivée. Finalement, le groupe ne possédait aucune nouvelle tête, si ce n’est un brun peu souriant qui s’installait déjà à table.
De ses yeux clairs, elle le guettait, avant de remarquer que ce dernier s’interrogeait sur sa présence. D’après le ton de voix qu’il adoptait, la blonde compris sans le moindre soucis qu’il n’appréciait pas les étrangers, même s’ils avaient plus ou moins dans ses âges. Alors qu’il demandait à ses partenaires qui était cette recrue qui servait les assiettes, Erin lui adressa un petit sourire qu’elle voulait bienveillant. « Enchantée, Levi. » Jouer l’enfant de choeur n’avait rien de naturel chez elle, et pourtant après maintenant trois semaines, elle commençait à s’y faire. De toute manière, il en valait de son intégration et de sa survie, alors autant s’assurait d’être constante. « J’aurai dû me présenter à ton arrivée, désolée ? » Comme pour se faire pardonner, elle lui tendit une assiette, avant de finalement s’asseoir en face de lui pour déguster ce repas de fortune. Faire bonne impression comptait, peu importe la place qu’occupait l’inconnu dans la secte.