Anita vous ?
« the world is tearing itself apart »
début décembreIl n’était pas question de l’enterrer au sein même de la mine : comme Anita, il avait clairement exprimé le souhait d’être enterré à la surface parce que dans une mine, ça faisait mauvais genre. Oh, elle l’aimait bien sa forteresse sous-terrain, mais elle n’avait pas envie d’y rester dans l’au-delà. Elle se disait peut-être même qu’en étant trop profondément enfouie, Dieu ou… quelqu’un d’autre là-haut, aurait trop du mal à l’atteindre. Peut-être même que l’inverse se produirait, peut-être même que Satan n’aurait qu’à tendre la main pour récupérer son cadavre placé aussi bas… Même si elle n’était pas croyante convaincue, cette pensée la terrifiait. Doug avait ses raisons, Anita ne les remettait pas en question, elle se contentait d’obéir à ses funestes volontés.
Dans les bois, son âme serait probablement en paix. Probablement… de toute façon, c’était trop tard pour changer d’avis, elle avait déjà commencé à creuser. Impassible, elle répétait le même geste avec la même force, la même hargne… et la même tristesse.
« Abruti… » dit-elle lorsque le trou fut assez profond et qu’elle se rapprocha du cadavre de l’homme enveloppé dans de nombreux tissus.
« C’était comment de jouer les héros, hein ? » elle s’était emparé de la brouette qui avait fait office de corbillard et d’un geste sec, elle fit tomber le cadavre dans le trou, sans vraiment se soucier de la position étrange dans laquelle se trouvait désormais la dépouille dans sa sépulture de fortune.
« T’as dû te sentir puissant… Abruti… » déclara-t-elle en reprenant sa pelle.
Douglas Reed était mort. C’était un emmerdeur, mais c’était un miner, et peut-être même un ami, un peu. Énergiquement, elle recouvrait son corps cette terre parfumée au pétrichor. Elle faisait ça rapidement, car dehors, dans la nature, elle n’était pas à l’aise : le danger pouvait venir de toutes les directions, c’était angoissant au possible. Dans la mine, tout était plus simple, tout était plus rassurant… C’était cependant cet état d’alerte exagéré qui lui permit d’entendre une branche craquer derrière elle : quelqu’un ou quelque chose s’approchait de sa position. Elle fit tomber sa pelle et se saisit promptement de son arme de poing.
« Qui va là ? » demanda-t-elle. Ce n’était pas un rôdeur, car elle eut droit à une réponse faiblement articulé ce qui l’empêcha de reconnaître la voix de qui que soit, de plus, elle était assez distante…
« Montrez-vous, allez… vite… » ajouta-t-elle.