(II) I bring war without an end

survit depuis le : 06/08/2016

Meera Abel
« I bring war without an end »

Mi-juin L’altercation avec Malini l’avait certes foutu en rogne, mais pas au point de perdre le sens des priorités. Et, à l’heure où il était conscient du départ imminent de la recruteuse, et de son aînée avec elle, il n’avait pas oublié ce qu’il avait déclaré à cette dernière quelques mois plus tôt. Il n’oubliait jamais ce genre de détail, à plus forte raison quand il avait quelque chose à y gagner et surtout quand la personne concernée avait vis-à-vis de lui une relation peu susceptible de lui donner envie d’effacer son ardoise. L’idée, cela faisait déjà quelque temps qu’il l’avait laissée germer dans son esprit mais le moment de la mettre en application ne lui avait pas encore semblé opportun. Seulement aujourd’hui, elle se parait d’un nouvel aspect à l’intérêt non négligeable : en venant réclamer paiement de sa dette à Meera, Abel avait en ses mains la possibilité d’une petite vengeance purement mesquine à l’égard de Malini. Quelque chose qui ne changerait rien, il en était parfaitement conscient, mais dont il ne tirerait pas moins de plaisir pour autant.
Trouver l’aînée des Kapoor ne lui fut pas spécialement compliqué, la seule chose dont il avait à s’assurer en premier lieu étant qu’elle ne soit pas avec sa sœur. Face à la petite habitation, son point heurta par deux fois le battant de la porte avec une tranquillité de surface, tandis qu’il terminait sa clope et en piétinait le mégot incandescent du bout de sa godasse sur le seuil. Le bruit du verrou que l’on ôte, la porte s’ouvrit et le cavalier se retrouva face aux yeux noirs de l’indienne. Un bref geste de la tête en guise de salut puis, d’autorité, le plat de sa main contre le panneau de bois força l’ouverture en grand et il s’invita de son propre chef dans le cabanon avant qu’elle n’ait eu le temps de prononcer quoi que ce soit. « Déjà dans les préparatifs de départ ? » il lança alors que la porte se refermait derrière lui et qu’il parcourait d’un regard bref mais scrutateur les quelques mètres carrés qui s’offraient à lui, spectateur indésirable (et très certainement indésiré) de la vie privée de Meera. « J’imagine bien que tu dois avoir hâte de te tirer d’ici maintenant que tu n’as plus la moindre raison d’y rester. » Autant ne pas se voiler la face, pas vrai ? Et puis, l’indienne n’avait jamais prétendu l’apprécier ou quoi que ce soit d’autre. S’était contentée de faire ce qu’on lui demandait sans pour autant s’enrouler dans des faux-semblants ; il pouvait au moins respecter ça chez elle. « Mais, tu me dois encore quelque chose, j’espère que tu n’as pas cru que j’allais l’oublier, ou passer l’éponge dessus. »

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Quitter ce trou maudit qu’est le Ranch, c’est le seul et unique désir de Meera depuis qu’elle foule le sol poussiéreux du Texas. Elle n’a jamais dissimulé son aversion envers les lieux. Cet univers n’est tout simplement pas fait pour elle, les règles d’Abel Rhodes encore moins. Pourtant, si ce n’est son unique faux-pas, elle s’est toujours contentée de faire ce qu’on lui demandait sans jamais rechigner et ce, afin de préserver la réputation de Malini au sein de ces terres. Mais, il semblerait que le vent tourne à présent. Et, sincèrement, elle est très loin de s’en plaindre. Ces quelques mois plongés au cœur de la Crimson Valley se sont apparentés à des années et elle rêve déjà de cette ville que l’on nomme Olympia et qu’elle a entraperçu il y a un moment déjà. Là-bas, elle se sentira chez elle, elle en est persuadée. Malini aussi, même si elle a le sentiment que sa cadette est mitigée à propos de ce départ, bien que sa dernière discussion avec le grand manitou des lieux se soit déroulée avec fracas, Meera a conscience qu’une part de sa sœur regrette ce départ. Elle peut se mettre à sa place, la comprendre, après tout elle a vécu cette situation. Cet endroit l’a sauvée, pour cela elle est reconnaissante envers Abel, elle sait que Malini aurait pu sombrer sans lui, cependant il est temps de passer à autre chose, peu importe que cela semble difficile. Un mal pour un bien concernant Malini. Un bien pour un bien concernant Meera.

Préoccupée à l’idée d’oublier quoi que ce soit, Meera sursaute légèrement tandis que deux coups distincts frappés à la porte l’extirpent de sa torpeur. Elle délaisse son sac à dos pour découvrir un visiteur indésirable sur le seuil de sa porte. Elle qui pensait y trouver Malini, c’est complètement loupé. « Abel. » Il s’invite sans attendre, jetant un regard circulaire au lieu. Un instant, elle regrette de lui avoir ouvert, d’avoir autant traîné pour empaqueter ses affaire. Elle aurait déjà dû avoir rejoint Malini à vrai dire. En somme, ça sent le roussi. Elle a une dette envers lui, elle est sur le point de partir, forcément il est venu l’heure du remboursement. Elle ne répond pas à sa question, ni à sa première affirmation. Oui, elle a sacrément hâte de se tirer d’ici, elle n’a pas l’intention de nier, il le sait, c’est l’évidence même. « Comment est-ce que je pourrais oublier au juste ? Tu n’as pas vraiment pour réputation d’accorder quelconque faveur. » Et, étant donné la manière dont s’est terminée son entrevue avec Malini, ça risque encore moins. C’est fou à quel point tout en cet homme l’exècre. « Alors ? » Il semble que le suspense n’a plus raison d’être, elle apprécierait de connaître son sort. Elle ne va pas l’aimer, c’est sûr et certain, mais elle fera ce qu’il faut. De toute façon, elle n’a pas la choix et de plus, ce n’est pas vraiment son genre d’accumuler les dettes, elle préfère s’en acquitter rapidement.

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Meera Abel
« I bring war without an end »

Il haussa les épaules, pas son genre en effet de faire une fleur à qui que ce soit et ce n’était certainement pas avec elle que ses bonnes vieilles habitudes allaient changer. Mais au moins Meera savait-elle à quoi s’attendre de sa visite ici. Ou peut-être pas, tout compte fait. Peut-être ne mesurait-elle pas encore pleinement la volonté d’Abel quant aux bouleversements qu’il était désireux d’apporter aux plans des sœurs Kapoor concernant leur avenir loin d’ici. Et, le cavalier ayant bien autre chose à faire que de s’amuser à faire durer le suspense, il ne lambina pas davantage tandis qu’elle le relançait d’une simple question.
« Tu ne pars pas à Olympia. » L’annonce s’était faite avec dans la voix une assurance tranquille et l’air de lui annoncer quelque chose de parfaitement bénin, sans réelle sorte d’importance. Le visage à l’expression soigneusement neutre, mais son regard n’en guettait pas moins la réaction de la concernée. « J’ai besoin d’yeux et d’oreilles à la Carrière. A plus forte raison depuis ce qui est arrivé le mois dernier. » Les attaques simultanées contre la Mine et le Ranch ? On avait certes attrapé des coupables, mais on était loin de tout avoir appris à ce sujet. Et Abel avait Diggs en ligne de mire, peinait à exclure la responsabilité de ce dernier dans ces assauts conjugués. Peut-être se trompait-il, cependant… et peut-être Meera saurait-elle lui apporter des éclaircissements là-dessus. Même autre chose, il n’était pas bien difficile : il voulait simplement des infos, quelque chose de concret à se mettre sous la dent. Ou, plus simplement, le remboursement de sa dette. « Avec le départ de ta sœur, ton exclusion ne va pas soulever le moindre soupçon. » Départ, pour ne pas dire bannissement. Mais si on commençait à jouer sur les termes… « Et toi, tu as une porte ouverte pour te faire accepter là-bas. » Il s’était renseigné, bien sûr. Depuis qu’il l’avait surprise la main dans le sac il y avait de cela déjà quelque temps, le leader avait veillé à garder un œil discret sur cette histoire impliquant l’un des hommes de main du roi de la carrière. Puisque l’information pouvait potentiellement devenir un outil utilisable à bon escient plus tard, alors il avait tout intérêt à en savoir les détails. Ainsi, il savait donc parfaitement où il s’engageait aujourd’hui en venant requérir son remboursement, et il n’avait nullement l’intention d’accepter un non pour réponse. Le deal était non négociable, du moins pas dans les grandes lignes.