« Everybody has a chapter
they don't read out loud. »
Olympia, nostalgie amère. Durant toute une période, elle s’est sentie en sécurité au sein de cette ville, tout autant que brimée. Vaste fumisterie. Les gardes ne sont qu’humains et les barrières ne sont qu’en tôle. Facteurs dissuasifs mais pas infranchissables. Preuve en est octobre 2016. L’évocation de ce souvenir pénible lui donne des frissons. Elle a eu une sacrée chance, pas comme Marnie, pas comme un paquet de personnes. Elle n’aime pas y penser. Elle a déserté au pire moment, quelques semaines après l’attaque, alors que tout le monde était au plus bas à l’instar du camp. Maintenant, Olympia est comme neuve, presque scintillante, lieu idyllique. Il faut avouer que l’endroit fait rêver. Pourtant elle n’a plus sa place ici, de toute façon ce n’est pas comme si elle se sentait réellement à sa place quelque part. Mais, désormais elle peut se montrer utile, au moins son existence post-apocalyptique n’aura pas été complètement vaine et sans aucun intérêt. L'œil rivé au microscope la voix de Douglas l'extirpe de sa torpeur.
« Il va falloir bientôt remballer, il faut rentrer avant la nuit. » Elle opine du chef, délaissant l’instrument d’optique et ses notes griffonnées rapidement au crayon. Elle observe Reed dont l’attitude dénote parfaitement avec les propos tenus quelques secondes plus tôt. C’est tout lui, incapable de s’arrêter.
« J’ai quelque chose à régler, je reviens. » Il ne sourcille même pas, d’ailleurs elle n’est même pas certaine qui l’ait entendue. Tant mieux, au moins ne doit-elle pas s’expliquer, toujours ça de pris.
Un garde coltiné aux basques, elle s’élance sur le porche d’une maison à l’allure beaucoup trop belle pour sembler réelle et pourtant… Elle s’arrête devant la porte en bois, frappe trois coups et patiente. Si, Harrison pensait s’en tirer aussi facilement, il se trompait largement. Ryce est tenace, elle veut des réponses, elle l’exige. Et, aujourd’hui, il n’aura pas l’occasion de se défiler, n’est-ce-pas ? Trente secondes, une minute.
Il en met du temps, s'impatiente-t-elle intérieurement. Finalement, la porte s’ouvre et l’ancien Mineur apparaît dans l’encadrement de cette dernière. Toujours aussi pâle que la dernière fois, le même air, les mêmes traits légèrement tirés. Donc, ses doutes se confirment. Elle aurait aimé se tromper pour une fois. Au moins représente-t-il une raison de plus pour laquelle elle se doit de travailler sur ce nouveau fléau qu’est le virus Lazarus.
« Salut, Roe. » Elle esquisse un sourire en coin, le regard fier, la posture droite. Tout en son attitude traduit un seul et unique fait : elle n’en démordra pas, elle veut ses réponses. Il va les lui fournir, point barre.
« Est-ce que tu pourrais gentiment demander à ce garde de me lâcher la grappe et lui promettre de me ramener à l’infirmerie une fois qu’on aura terminé de discuter ? Non parce qu’il faut qu’on cause toi et moi et donc lui, il est clairement de trop, tu ne crois pas ? » Il peut toujours ne pas accéder à sa requête, lui refuser l’entrée et ainsi la rembarrer, mais elle mise sur l’envie de l’éclaireur de la revoir, même si cela inclut qu’il se fasse incendier et interroger jusqu’à ce que réponses s’ensuivent. Il connaît Ryce et il doit pertinemment avoir conscience qu’elle risque de se comporter comme une emmerdeuse de premier ordre au cours de cette visite improvisée. Mais, après tout, c’est lui qui a décidé de s’accrocher à elle deux ans plus tôt, de s’obstiner, il l’a cherché, maintenant il récolte ce qu’il a semé. Et, encore une fois, c’est lui qui a décidé de reprendre contact il y a quelques temps de cela après l’avoir lâchement abandonnée pour des raisons obscures. Une double erreur de sa part qui a conduit à ce moment précis. Autrement dit, Ryce Rosenberg plantée sur le seuil de sa porte et avide de vérité.