freeze | alex

Dormir... C'est un moment de la journée que j'appréhende toujours. C'est toujours à ce moment-là que mon plus vieux cauchemars décide de pointer le bout de son nez. Et j'ai beau vouloir en sortir, ouvrir les yeux, je suis obligé de le revivre jusqu'au bout. C'est toujours le même, le même déroulement, la même fin. Ce mauvais rêve, je l'ai vécu, il y a des années de cela. Il n'est pas tout à fait pareil que ce qui s'est vraiment passé, mais l'issue est là même. La mort de Maureen, assise dans ce fauteuil qu'elle ne quittait plus depuis des mois, la main tendue, pointant du doigt l'arme du crime. Son sang glissant le long de ce bras qui a servi à mettre fin à ses jours, tombant en gouttes sur une marre déjà bien grosse. Dans mon rêve, je me vois dormir dans mon lit, paisiblement, oubliant l'horreur qui se trouve à l'extérieur. Lorsque la détonation retenti dans tout l'appartement, je me réveille en sursaut. Puis, je me lève d'un bon pour rejoindre ma colocataire. Dans mon songe, je suis incapable d'avancer, je cours, mais impossible d'aller dans le salon, le couloir s'étend vers l'infini me donnant l'impression de faire du surplace. Je cris le prénom de mon amie, or aucun son ne parvient pas à mes oreilles. Je tends les bras comme pour agripper quelque chose d'invisible qui pourrait m'aider à avancer. Malheureusement, mes doigts rencontrent que le vide. Colère, frustration, tristesse, peur, tant de sentiments me submergent en même temps. J'aimerais abandonner, arrêter de courir car de toute façon, je sais ce qui m'attend au bout, le corps sans vie de la seule personne que je considère comme une amie. Mais ce putain de rêve en a décidé autrement. Je me retrouve propulsé devant Maureen, les yeux vides de toute vie qui me fixent et elle me parle. Elle m'accuse de ne pas l'avoir aidé. D'après elle, j'ai vu qu'elle n'allait pas bien mais j'ai préféré fermer les yeux. Une fois qu'elle a fini de m'accabler de reproches, elle se lève d'une façon tellement irréelle, comme dans ces films d'horreur où l'esprit frappeur attaque sa victime. Puis elle s'arrête juste devant moi à quelques millimètres avant de disparaître. Mes doigts se referment alors sur un objet et je baisse les yeux pour l'observer. C'est le pistolet du père de Maureen que je tiens dans ma main droite. Instantanément, des bruits me parviennent aux oreilles, dans le couloir de l'immeuble des rôdeurs se sont regroupés et se dirigeaient vers notre... l'appartement. Sans perdre une seconde, j'attrape le sac à dos que j'ai préparé la vieille et passe par la fenêtre où se trouve un escalier pour m'enfuir.

L'histoire est finie, je me redresse dans mon lit au ranch des Rhodes. La sueur perle mon front. Mes draps et mon oreiller sont sur le sol. J'ai dû arrêter de respirer pendant mon sommeil parce qu'en me redressant, je prends une grande inspiration. Après quelques minutes à reprendre mes esprits, je décide de sortir prendre l'air. Il faisait bon dehors, la chaleur de la journée s'était dissipée. Sans un bruit, je passe près du feu de camp où dorment quelques camarades. Avec les beaux jours, certains aiment dormir à la belle étoile. Pour ma part, j'estime dormir suffisamment à la belle étoile quand je suis à l'extérieur de Crimson Valley. Toujours aussi silencieuse qu'un félin, je me dirige vers les puits pour remplir ma gourde. J'en profite également pour me rafraîchir le visage et la nuque. C'est là que je les entends. Deux mecs à la lisière des cultures. Ils chuchotent et avec le calme qui règne, je pouvais les entendre clairement. Leur comportement pique ma curiosité. J'éteins ma lampe torche pour ne pas attirer l'attention et me glisse derrière un puits par précaution. Le fait que la lune ne soit pas pleine me donne également un avantage. Mes yeux s'habituent à la nuit assez rapidement, ce qui me permet de discerner assez bien les formes. Prudente, mais déterminée à connaître le mot de la fin, je prends l'initiative de suivre les deux suspects jusqu'à leur destination : la grande. C'est en approchant des cabanons que je me rends compte que quelqu'un me suivait. Et merde ! C'est bien ma veine. Depuis quand j'étais suivie ? Qui est-ce ? Dois-je l'ignorer et continuer ma filature ? Voilà une situation très agaçante, mais je devais me débarrasser de cet importun car personne ne devait savoir ce que je faisais au sein de mon propre groupe.

Après l'avoir semé, je contourne l'inconnu et me tient derrière lui. Malheureusement, mon pied dérape sur un caillou provoquant ainsi du bruit. Une grimace se dessine sur mon visage. La réaction de la personne ne se fait pas attendre. Elle fait volte-face, la lampe torche braquée sur mon visage et le fusil aussi. Eblouie, je ne pouvais pas voir qui s'était, mais je peux l'entendre. Elle se fait clairement entendre en s'adressant à moi. Je lève donc les mains au-dessus de ma tête en signe de reddition. « Oooh... Du calme ! » Un sourire espiègle étira mes lèvres. Je ne savais toujours pas à qui j'avais affaire. La voix, je ne l'ai pas reconnue. D'un côté, je ne connais pas tout le monde ici. Les gens viennent et partent très régulièrement. Certains se faisaient tués par les rôdeurs, les autres survivants, le virus lazarus ou par Abel. « Baisse ton arme avant de faire un truc que tu vas regretter. » Derrière son dos, je vois la porte de la grange s'ouvrir sur les deux hommes que je suivais plus tôt. L'un d'eux s'adressa à nous. « Qu'est-ce qui se passe ici ? Alexandra, c'est toi ? Tout va bien ? » Sur ses questions, je lui réponds avec un ton sarcastique : « C'est Alex déjà ! Et ça va à merveille ! Je fais seulement connaissance. » Pas très rassuré, le garçon dont j'ai reconnu la voix, regarde la scène sans oser bouger le petit doigt. « Circuler ! Il n'y a rien à voir ici. » Finalement, lui et son ami abandonnent et retournent dans la grande. « Je m'appelle Alex Wright. » A nouveau, je m'adresse au garde en face de moi. L'intervention de Shawn a eu du positif, après tout le fait qu'il est dit mon prénom prouve qu'on me connait ici.

C'est là que je me rends compte que j'aurais mieux fait de fuir au lieu de jouer les malignes. Cette gonzesse en face de moi n'était vraiment pas commode. Une garde un peu trop zélée qui ne sait même pas qui je suis vraiment. Ou alors, elle s'en fiche et veut juste me faire chier. Chose qu'elle réussit très bien en quelques minutes. Comme si Phoebe et Winona ne me suffisait pas. Je me retrouve avec une troisième que je ne reconnais pas. Pourtant, avec un caractère pareil, difficile de l'oublier. En tout cas, à partir de ce soir, je ne l'oublierais pas. Vivement ma prochaine expédition que je n'ai plus à supporter tout ce bordel. Entre les incendies criminelles, les pétages de plombs du leader, le virus lazarus, la paranoïa des uns et des autres et j'en passe, la vie au ranch est devenue pire qu'à l'extérieur. Parfois, je ne serait pas plus mal si j'allais voir ailleurs, les olympiens peut-être ou à la carrière. Néanmoins, si je pars d'ici, je perds tous mes privilèges et pas sûre qu'ailleurs on m'en donnera. Cependant, je n'aurais certainement pas des emmerdeurs qui veulent se faire valoir en m'apportant comme trophée. Un soupir m'échappe en pensant à cette idée. Cette nana était peut-être du genre à avoir la gâchette facile et si c'est le cas, je risque de crever bêtement, juste parce que j'ouvre ma gueule. Malgré que je m'amuse de la situation, je préfère ne pas trop la chercher, être franche et lui obéir. Même si ça fait mal à mon ego, je tiens à la vie, aussi merdique soit-elle. Sur le point de lui demander son prénom, l'inconnu me coupe aussi la parole. En plus, elle ne me laisse pas parler cette bougresse ! Ca ne va pas être facile de la convaincre qu'elle fait une grosse erreur. Je me mords l'intérieur des joues pour me retenir de dire une bêtise qui pourrait aboutir à une balle dans ma tête blonde.

On se met à marcher, loin de la grange, plus près du campement. Bien que tout le monde soit endormi à cette heure si tardive, l'idée me va. Silencieuse, j'attends enfin qu'elle m'adresse à nouveau la parole pour enfin la convaincre de me laisser partir. J'ai bien évidemment déjà réfléchie à tout ce que je vais lui dire. Au semi-mensonge que je vais lui servir sur ma présence dans le coin en pleine nuit. Mais avant cela, je veux savoir qui elle est ! L'ai-je déjà vu ? Est-ce une nouvelle ? « Je répondrais à aucune question tant que je ne serais pas qui tu es ma belle. » Et bam ! Le "ma belle" est vraiment de trop. La fatigue et l'agacement ne m'aident pas à avoir les idées claires. Noyons la bourde avec une information inutile mais vraie : « De plus, franchement entre nous, me croirais-tu ? Je pourrais te dire que je viens d'un groupe de survivants, que je me suis introduite ici pour vous espionner et savoir combien vous êtes. Que dans la forêt, ils sont 30 à attendre un signal de ma part pour vous attaquer. Non, attends, on est 60... 100... 2 ou juste moi... » Comme ça on est deux à jouer.

Je n'oublie pas que j'ai un flingue prêt à servir contre moi, mais si vraiment, elle veut vraiment me tuer, elle l'aurait fait déjà depuis un moment. Je parle pour ne rien dire et ça agace les gens qu'ils se disent qu'ils n'obtiendront rien de moi et bye bye. Mais là rien, elle me laisse parler et elle parle plus que moi. Puis, elle évoque Wyatt, là je ne peux plus retenir un petit éclat de rire avant de lui lancer une raillerie. « Tu crois vraiment que tu vas faire dans la cours des grands une entrée triomphale, hein ? Dommage pour toi, tu me flingues, tu prives nos troupes d'une éclaireuse. Tu me laisses à Wyatt et c'est toi qui va subir son courroux pour l'emmerder pour rien. Mais vas-y fais-toi plaisir. Je suis impatiente de voir la tête de ce bon vieux chef de la sécurité lorsqu'il nous verra arriver. Par contre, si tu m'abats, j'espère que les anciens ont raison quand ils parlent d'un haut delà et qu'il y a un écran géant que je puisse voir la réaction des Rhodes quand tu annonceras fièrement mon exécution. » Si après ça, elle ne me tue pas sur-le-champs, je ne sais pas. J'ai vraiment poussé le bouchon très loin. Elle aurait mieux fait de me laisser partir, maintenant, elle se retrouve avec une emmerdeuse qui ne lui a fourni aucune réponse. Elle est en train de perdre son temps alors que moi je m'occupe puisque de toute façon je n'ai rien à faire avant l'aube. Je pourrais me recoucher, mais je ne pourrais plus m'endormir. Le cauchemars est toujours aussi présent dans mon esprit et il me nargue, il attend que je m'endorme à nouveau, pour venir me perturber.

Je sens ses mains fouiller mes poches et diverses endroits susceptibles d'accueillir une arme. Malheureusement, elle ne trouve rien. Il faut l'admettre c'est très imprudent de ma part d'être sortie sans arme. Or, à ce moment-là, j'avais juste envie de boire de l'eau fraîche et retourner me coucher. Un aller-retour qui devait me prendre que quelques minutes.

Est-ce que je regrette d'avoir énervé cette femme ? Pas du tout ! Elle peut m'insulter autant qu'elle le veut, je ne suis pas en tord. Wyatt connait la vérité. Il sait que j'espionne notre propre groupe pour dénicher les traîtres. Après tout, ce que je fais concerne aussi la sécurité du domaine. De plus, avec le comportement de notre leader adoré ces derniers temps, je préfère d'abord venir voir Wyatt pour discuter des soupçons que j'ai sur un de nos cavaliers. Je ne veux pas avoir sur les mains le sang d'un innocent. Donc, il nous faut des preuves et des preuves tangibles à exposer à l'aîné des Rhodes pour ne pas voir un innocent se faire exécuter. Autrement, je préfère taire mon instinct qui me dit que un tel est un suspect. Par exemple, tout à l'heure, j'ai entendu des choses étranges venant de la bouche de deux hommes près des cultures. Je les ai suivis pour en apprendre davantage. Je n'étais sûre de rien et lorsqu'ils sont sortis de la grande et que j'ai reconnu Shawn, j'ai su de quoi il parlait. Lui et son ami sont des fans de jeux sur plateau. Souvent, lors de mes sorties, ils m'ont souvent demandé de leur rapporter des pièces pour leur truc du geek en échange de deux ou trois services. Savoir qui ils étaient m'a bien évidemment rassuré. Malheureusement, je m'étais foutu dans de beaux draps avec cette garde qui ne veut pas lâcher le morceau.

A force d'avoir mes bras au-dessus de la tête, ils commencent à être douloureux. Toutefois, je ne dis rien, je ne montre aucun signe de faiblesse. Je continue à marcher en directement du poste de garde, telle une bonne petite prisonnière obéissante. Je peux très bien m'enfuir, mais je ne suis pas sûre de m'en sortir avec l'autre derrière moi. Elle a l'air déterminé à me faire passer un sale moment juste parce qu'elle n'obtient rien de moi. De mon côté, je ne suis pas obligé de rendre des comptes à des sous-fifres. Les seules personnes à qui je fais mes rapports sont les Rhodes. Je n'ai pas t'intermédiaire entre, alors qu'elle, il y a Wyatt.

Elle m'ordonne de tourner à droite et je lui obéis. Va-t-elle vraiment m'emmener jusque chez Wyatt ? Se serait drôle d'un côté et d'un autre, je sais qu'il a autre chose à faire que de s'occuper de ce problème qui n'en est pas un. Il va nous passer un savon à toutes les deux. Elle pour l'avoir dérangé et moi parce que j'ai fait ma maligne. Bref, ça va jaser dans les prochains jours avec cette histoire. Je m'en fiche, je serais sans aucun doute de sortie dans les prochains temps, mais cette gonzesse, elle va avoir les oreilles qui sifflent. « D'accord, ton pouvoir de réflexion vole plus bas qu'un derrière de cochon, mais il faut savoir ce que tu veux à la fin. Tu veux que je parle. Ensuite, tu me dis de la fermer... Oh, ça va !  Je me tais à présent. » Promis, après cette dernière raillerie, j'arrête. Il y a assez de gens sur cette Terre qui me détestent. Je ne sais pas combien nous sommes encore à être en vie, pas beaucoup sans doute, mais je ne tiens pas à avoir la moitié des survivants sur le dos. Et celle-là va certainement être la première à me détester au point de désirer ma mort. Ou peut-être pas... J'ai presque oublié les Jackals. Enfin, ceux qui ont réussi à échapper à l'attaque au centre commercial. Ils sont plus très nombreux, mais j'ai rencontré quelques uns récemment et leur rancune est tenace. Ils n'ont toujours pas digérés le fait que j'étais une taupe au service des Riders. Un grognement sur ma droite stoppe mes pensées. On peut entendre nos petits camarades endormis ou presque. Certains se sont réveillés. Entre les ronflements et les toux, on peut entendre : "Vos gueules !", "Putain, il y a des gens qui veulent dormir!" et "Qu'est-ce que se passent bordel !". Que des mots d'amour à notre attention.

Sans crier gare, je tourne à droite et je sens que je viens de perdre quelques secondes la garde. Alors je m'arrête et l'attends sans bouger, toujours les bras levés. « Par ici, c'est plus rapide. » Lui fais-je savoir.

Si une autre personne est à ma place, elle pensera qu'elle aurait dû réagir autrement, mais pas moi. Je suis sûre que si je n'aurais rien dit ou même dit la vérité, l'issue aurait été la même. Cette jeune femme dont je ne savais toujours pas le prénom, m'aurait de toute façon amené devant Wyatt. Soit, il n'y aurait pas eu toute cette esbroufe, ses paroles qui n'ont ni queue ni tête. L'agent de la sécurité serait moins énervée aussi. On aurait pu devenir amie, ou peut-être pas. Comme on pourrait devenir amie après ce soir-là, rire de cette rencontre complètement loufoque en buvant des bières et jouant au poker au coin du feu. Qui sait ? Au moins, c'est une nuit qu'on se souviendra pendant longtemps. Un moment où on a oublié les autres emmerdes que nous avons au ranch et dehors. De mon côté, j'ai oublié les derniers fragments de mon cauchemars. J'ai arrêté de penser à Maureen. En y réfléchissant, je me rends compte que ça fait longtemps que je n'arrive plus à me remémorer les détails de son visage. Avait-elle les yeux vert ? Bleu peut-être ou marron ? De quoi je me souviens encore ? De ses cheveux ! Brun clairs, longs et ondulés... Fins aussi car c'est un sujet de dispute entre nous. J'ai les cheveux épais et elle avait les cheveux fins. Toutes les deux, on rêvait d'avoir les cheveux de l'autre. C'était drôle, on donnait les arguments pour convaincre l'autre qu'elle avait une chevelure parfaite. Les cheveux épais tenaient mieux quand on fait des coiffures. Les cheveux fins se démêlent facilement. Notre relation pouvait être explosive. Parfois, il nous arrivait vraiment de nous fâcher vraiment. Cependant, on ne boudait pas très longtemps. L'ennuie nous obligeait à revenir l'une vers l'autre. Maureen était plus que ma colocataire, c'était ma seule amie et je l'ai perdu. Je ne m'y attendais pas et pourtant, j'aurais dû voir venir le coup. Aujourd'hui, je dois vivre pour deux.

Une petite brise vient caresser ma peau en sueur et déranger mes mèches de cheveux. Mes bras ne me faisaient plus mal maintenant, je les sens plus du tout. Il ne manquerait plus que je ne sois pas capable de les redescendre. J'aimerais bien vérifier si je peux encore les bouger. Malheureusement, avec l'autre grognasse derrière moi, il vaut mieux que j'évite. Je ne tiens pas à dépasser la limite de sa patience et surtout, je tenais à ne pas me retrouver avec un trou dans le corps. Se serait totalement débile de me faire tuer là parce que j'ai joué à l'imbécile. Surtout après huit ans de survie dans ce monde hostile. J'ai échappé à des rôdeurs, des Jackals, des tempêtes, des maladies mais pas à cette femme !

Du coup, comme promis je ne dis plus un mot. Je la laisse parler sans broncher, ni même bouger. Qui sait comment elle va interpréter un signe de tête, elle pourrait croire que je tente un truc idiot juste en bougeant un doigt. On continue de marcher en directement du poste de garde. Est-ce que Wyatt y est déjà ? Je l'espère car je n'ai pas très envie de rester plus longtemps que nécessaire dans cette posture. Je ne sais pas ce qu'il y a de pires entre vivre dehors ou se faire démonter par Wyatt ? Je me souviens de ce jour à l'orphelinat, un petit groupe de brutes se tenait autour de moi. Chacun d'eux me pousser vers un de leur camarade pour voir combien de temps je tenais avant de tomber. Leur jeu avait duré dix bonnes minutes déjà quand un grand gaillard est venu frapper le chef de la bande. Ce grand gaillard c'était Wyatt. Il m'a appris à me défendre contre ces idiots. Puis il est parti dans une famille d'accueil, me laissant seule avec mes bourreaux. Seulement, je savais rendre les coups à ce moment-là et ça les avait surpris.

Ca y est, nous y voilà enfin devant le poste de garde. A présent, il faut que je me mette à genou, je le fais sans me poser de question. La comédie a assez duré, l'autre commençait sérieusement à ne plus tenir. Pourtant, elle aurait eu la paix si elle ne s'était autant obstinée. C'est un peu de sa faute tout ça d'un côté. Elle ne s'était pas dit une fois que je suis partie boire un coup au puits et que je retournais sagement vers mon cabanon ? Parce que c'est ce qui s'est passé au final ! Il y avait juste deux mecs devant moi en plus qui chuchotaient sur une stratégie pour faire tomber les tours de guets, mais à part ça, rien de vraiment louche. Le second chapitre de cette nuit étrange commence maintenant.

C'est une soirée dont Alexandra Wright se souviendra longtemps. Elle se souviendra surtout de cette brune qu'à présent elle observait à loisir. Cette dernière avait un doux visage et des longs cheveux bruns qui lui encadrent le visage, c'était tout ce que l'éclaireuse pouvait voir. En tout cas, à première vu, Idyl donnait l'impression d'être une personne douce et agréable et non pas ce pitbull qui ne lâchait pas le bâton. On peinait à croire que c'était la même personne qui se tenait en face de la blonde, assise sur les marches à fumer sa clope. Mae détestait la cigarette, aussi bien l'odeur que le goût, cela lui rappelait de mauvais souvenirs. Celui d'un de "ses pères" qui éteignait les siennes sur la peau fragile d'une Alexandra âgée de neuf ans. Heureusement, cette nuit, le vent était de son côté, les rares fois où il se levait, sa direction ne permettait pas à la fumée d'aller vers elle. Le reste du temps, la distance suffisait à la préserver.

Le silence régna entre les deux jeunes femmes. Ce qui leur permit d'entendre les pas lourds d'un homme s'avancer dans leur direction. C'était Wyatt, Idyl se tourna aussitôt vers lui et se leva, tandis que Mae resta immobile. On lui avait ordonné de ne pas bouger sous peine d'être criblé de balles. Alors, elle ne bougea pas, même pour regarder le chef de la sécurité. « Je sais. Cependant, je préfère être ridicule, mais en vie. » Lui répondit-elle du tac au tac. Sa voix était neutre, il n'y avait pas de moqueries comme avec Idyl. Vu l'humeur maussade de l'homme, c'était à éviter et Alexandra avait suffisamment joué avec le feu ce soir. Pourtant, au début, elle était persuadée que Hawkins la lâcherait rapidement pour s'éviter de l'entendre parler. Malheureusement, il fallait bien reconnaître, cette femme avait des nerfs d'acier pour ne pas avoir buter Wright tout du long.

Une fois debout, Alexandra s'étira de tout son long pour se dégourdir le dos. Puis elle s'attaqua à ses épaules et sa tête. D'abord, elle passa son bras gauche devant son cou en le tendant au maximum, tandis qu'avec la main droite, elle appuyait sur le coude. Puis, elle fit quelques mouvements de rotation avec sa tête pour débloquer les tensions dans les cervicales. Une fois ses exercices d'étirement finit, elle jeta un petit coup d’œil à Idyl au cas où cette dernière souhaitait parler la première. Mais comme cette dernière garda le silence, Alex se lança. « Je suis allée boire au puits et j'ai surpris une conversation louche. Avec tout ce qui se passe en ce moment, je me suis dit qu'il était normal que je découvre si ils étaient vraiment une menace, après tout, c'est ce que je fais aussi dehors en temps qu'éclaireuse avant d’alerter tout le monde. Je sais qu'ici c'est pas pareil, que j'aurais peut-être dû chercher un garde. Sauf que le temps de trouver quelqu'un, les deux autres se seraient fait la malle. Du coup, je les ai suivi sans savoir qui s'étaient et ce qu'il voulait. Puis, Elle est arrivé pour m'arrêter, les deux sont sortis de la grange et j'ai reconnu Shawn. Lui et son pote jouent à... Je crois que ça s'appelle donjon et dragon et leur matos pour leur truc de geek se trouve dans la grange. » La texane marqua une pause et se demanda si elle devait parler de son comportement. Il vaudrait certainement mieux. Faute avouée est à moitié pardonnée comme disait le dicton. « Ensuite, comme je ne la connais pas et vu que tout le monde se méfie de tout le monde aujourd'hui, j'ai raconté n'importe quoi pour qu'elle m'emmène jusqu'à toi. Je crois que je l'ai un peu... Enfin, beaucoup énervée. » A noté qu'Alexandra est la seule à s'être fait arrêter alors que les deux autres types étaient encore dans la grange. Si Idyl voulait bien faire son job, elle les aurait embarqués tous les trois. A présent, l'éclaireuse était la seule à trinquer pour avoir était un peu trop vigilante. Vigilance justifiée, car comme elle disait, tout le monde se méfiait de tout le monde. Des alliés d'hier étaient devenus des ennemis à présent, juste par le simple fait d'une divergence d'opinion sur leur leader adoré. « Désolée, sans rancune. » Lança-t-elle à l'attention de la garde.

Idyl s'exprima également sur les raisons qui l'ont poussé à appréhender l'éclaireuse. Alexandra tiqua en entendant qu'elle avait l'air plus suspecte que les deux autres. Elle se mordit la joue pour éviter de répliquer. Elle aimerait bien, mais n'en fit rien. Elle voulait éviter des histoires en plus. Au ranch, il y avait déjà beaucoup de tension, pas besoin d'en rajouter. De plus, c'était inutile, sa mésaventure de la soirée allait bientôt prendre fin. C'était vraiment idiot de s'être présenté devant la garde au lieu de prendre la poudre d'escampette. Pour sa défense, Alex pensait gérer la situation, elle pensait être assez attentive pour ne pas se faire repérer. Au final, les événements lui ont prouvé le contraire. Elle s'était fait avoir en beauté et elle va apprendre de ses erreurs. Déjà, elle se méfiera davantage des compétences des gardes et si elle trouve une ouverture, elle disparaît sans se soucier du reste.

Après son récit terminé, Hawkins était sur le point de partir. Elle s'arrêta pour questionner une dernière fois son supérieur. Lorsqu'elle reçue sa réponse de Wyatt, Mae en profita pour lui poser une énième fois la question qu'elle lui posait depuis le début. Elle ne s'attendait pas une réponse de sa part, mais qui ne tente rien n'a rien. « Est-ce que je peux au moins savoir ton prénom maintenant ? » Il est vrai que même Wyatt ne l'avait pas nommé devant la petite blonde comme si s'était fait exprès. Puis son attention se porta sur le chef de la sécurité. Il s'avança vers elle et posa sa main sur son épaule. Wright se crispa au contact, elle n'avait pas l'habitude de ce genre de familiarité. La seule qui osait la toucher sans arrière penser, c'était Maureen. C'était bête d'avoir cette réaction, Alexandra savait très bien que Wyatt n'était pas intéressé par les femmes, mais cette atmosphère de méfiance avait vraiment un impact sur toutes les relations. Au final, ce n'était peut-être pas les rôdeurs ou des traîtres qui allaient détruire le ranch, mais ses occupants eux-même en s'entre-tuant.

Alex leva ses yeux bleus sur le visage de Wyatt. Il était grand par rapport à elle. Si elle était encore un peu endormie suite à son cauchemars, maintenant, elle était bien réveillée. Son esprit était vif et ses sens alertes, ce qui allait rendre sa tâche d'espionne plus facile. Mais Wyatt a raison, ils ont tous les trois gâchés du temps à cause d'elle. Mais il faut aussi dire qu'Idyl était très douée. Elle n'avait fait aucun bruit en suivant Alexandra. Puis, elle ne l'a pas lâché malgré un profond agacement. C'était une très bonne garde, sans doute a-t-elle été militaire avant l'invasion de zombies. Alors que Mae était escorte girl avant. Ses aptitudes principales étaient l'éloquence et l'adaptation aux circonstances. C'est d'ailleurs grâce son côté autodidacte, qu'elle a développé rapidement ses autres capacités comme la discrétion.

« Compris. » Lui répondit-elle simplement avant qu'il ne s'en aille. Les justifications et les excuses ne servaient à rien. Il fallait qu'elle fasse son job correctement, c'était tout ce qu'on attendait d'elle et c'était ce qu'elle allait faire. Elle allait retourner à la grande pour vérifier exactement ce que faisait les deux garçons et cette fois-ci en faisant bien attention qu'aucun garde la saisit sur le vif.