Agenouillée près d’un des lits de camp qui composaient la tente d’appoint réservée aux malades, elle acheva les derniers soins à l’un des rares patients jackals qui avait eu l’autorisation de venir jusqu’ici. A moitié endormi, l’homme ne pouvait même pas distinguer très clairement qui s’occupait de lui et c’était tout aussi pratique bien que Whilelmina n’avait jamais vu son visage.
Dans son dos, plusieurs personnes attendaient, d’autres étant prises en charge par les aides du camp qui au même titre que l’ancienne Chacal étaient là pour donner les fameuses doses rationnées aux infectés. Une voix qu’elle distingua un peu trop nettement attira son attention à quelques mètres d’elle. Un bougonnement féminin audible qui ne lui échappa pas, à peine filtré entre les dents d’une mâchoire serrée. « Ces Jackals … Qu'ils aillent tous en enfer au son des tambours de guerre. » La texane se redressa pour pivoter et chercher l’auteur de cette petite remarque peu courtoise, qu’elle reconnut comme étant une habitante du Bourbier qu’elle croisait régulièrement. D’un mouvement instinctif, la mère recula son petit garçon pour le rapprocher un peu plus d’elle, jaugeant la jeune fille d’un œil méfiant. En l’occurrence, quelque chose mettait cette femme dans un état de réticence certain ; alors qu’elle la connaissait et qu’elle l’avait déjà vue, le regard qu’elle posait sur elle avait subtilement changé. « Il y a un problème ? » Sous la couche d’innocence, la plus jeune n’était pas totalement dupe et pressentait déjà que crever l’abcès aussi directement n’allait pas plaire à la femme qui lui faisait face.
Le malaise était d’ailleurs à présent palpable grâce à l’absence totale de diplomatie de Whil, dont la patience commençait à s’effriter très lentement. En quinze jours de temps elle avait eu droit par deux fois à des réflexions et des remarques déplacées – bien que loin d’être erronées – à son égard. La situation avait même dégénéré la première fois, par chance Thomas l’avait tirée de ce mauvais pas. Jusque là pourtant elle s’était montrée exemplaire, elle avait tout fait pour se fondre dans la masse sans jamais poser de problèmes, sans jamais chercher à se faire remarquer. S’il y en avait bien une qui ne pouvait pas craindre d’être accusée de quoi que ce soit, c’était bien elle, non ? Ce n’était pas maintenant, pas après tout ce qu’elle avait réussi à entreprendre, qu’elle allait laisser le soin aux autres de faire tourner au vinaigre son existence.
Clairement l’hésitation coupa court tandis que la matronne finit par répondre d’un ton un peu abrupt, une main posée sur l’épaule de son garçonnet. « … Oui, y en a un. » Loin de se radoucir, son interlocutrice désigna du menton le corps endormi de l’homme près de Willie. « Vous soignez tout le monde ici mais moi je suis pas d’accord. Je passe pas après des pourritures dans leur genre. » La soigneuse retint le soupir de lassitude qui aurait pu trop facilement franchir la frontière de ses lèvres. Elle ne gagnait rien à mépriser une réaction qu’elle s’efforçait de comprendre, et risquait plutôt de tout perdre si elle perdait son sang-froid. Le mieux était de faire comme si de rien n’était, une fois n’était pas coutume ; sourire platement et prendre un air rassurant pour apaiser l’instinct maternel indigné en espérant que cette parade réussisse à calmer le jeu. « Vous les touchez, vous toucherez pas mon fils. »
Celle-là, par contre, c’était différent. Whilelmina, qui s’apprêtait à tendre sa main vers l’enfant, réorienta ses yeux clairs sur la femme dont les propos frôlaient l’inconscience. Libre à elle de risquer son existence pour ses principes, mais son gamin, lui, n’avait pas en payer les conséquences. Il était infecté, elle le savait de source sûre. « Ecoutez, ces gens font partie de la Carrière pour le moment, c’est la décision qui a été prise jusqu’à nouvel ordre, et seuls les infectés peuvent venir ici. » récita t-elle d’une voix égale. Elle s’échinait à rester la plus calme, la plus neutre possible, mais rien ne bougea. Une part d’elle un peu plus orgueilleuse et déterminée s’avança d’un pas résolu vers le garçon. La mère, elle, se plaça un peu plus près de son petit comme prête à faire barrage si besoin. Impensable. « Votre fils est malade, comment voulez-vous que je le soigne autrement ? » Obstinément silencieuse, la mère paraissait écartelée entre sa fierté – soutenue par la présence de quelques quarries qui patientaient non loin mais ne rataient rien de la scène – et la raison qui l’aurait naturellement poussée à faire passer la santé de sa progéniture avant tout le reste. Ce fut la minute de silence de trop qui finit par faire sortir Whil de ses gonds, quitte à élever un peu trop la voix. « Il va mourir si je ne m’en occupe pas, c’est ça que vous voulez ? Mettez votre égo de côté pour lui au moins ! »
Elle n’aurait pas du. Elle le savait. A la seconde où les mots s’étaient faufilés, elle les regrettait d’ores et déjà. Elle n’avait pas le droit de dire des horreurs pareilles devant lui et bien que la colère avait parlé pour elle, Whilelmina avait tout bonnement manqué de professionnalisme. Elle n’avait pas su rester à sa place. « Comment vous pouvez dire un truc pareil devant lui ! Vous êtes un monstre. » La mère la dévisageait, les yeux brillants de rage attestant que Whil avait malgré elle touché dans le mille. « Ca suffit, sortez de cette tente ou … » Au changement d’attitude soudain de la mère, la petite brune comprit que quelqu’un derrière elle venait de faire son apparition et qu’elle ferait mieux de ne pas terminer sa phrase sans réfléchir au préalable. Et lorsqu’elle se retourna de côté pour vérifier, son intuition se confirma.
Leigh. Le vacarme avait du l’attirer à elles, et maintenant toutes les paires d’yeux se retrouvèrent braquées sur elle, attendant une action de sa part pour faire tourner la chance d’un côté ou de l’autre.
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Sujet: Re: land of all | leigh Jeu 28 Juin - 0:48
Land of All
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Elle a mal aux joues à force de sourire. Mal au cœur à force de prétendre qu’elle n’a pas envie de tout envoyer balader. Faut veiller au grain, s’imposer quelques artifices pour pouvoir garder sa place. Alors faut charmer ceux avec qui ça se passe bien puis gueuler un peu plus fort sur ceux qui foutent la merde. Ça la fait enrager de devoir menacer, de resserrer cette maudite visse sous prétexte que Diggs l’a sans doute à l’œil. Foutu Mendoza qui a participé au massacre, qui doit se délecter quelque part au fond de son cagibi. Leigh, elle l’imagine bien en train de rire de façon démoniaque, le chat sur les genoux et les yeux injectés de sang rongeant la pénombre. Cliché totalement erroné, elle ne se rappelle pas avoir vu le pourri de sérieux, rire une seule fois. A croire qu’il tente de courir après un semblant de pouvoir, en dénichant un ascendant sur elle. Peut-être espère-t-il mettre sa sale paluche sur sa zone, étendre son si beau territoire pour obtenir plus d’influence, éjecter la vermine qu’il semble si empressé de pointer du doigt au bourbier. Ça lui ferait une belle jambe à la brune de se retrouver à devoir lui obéir. De longs frissons d’effroi secouent sa carcasse à ce seul songe. Peut-être qu’elle préférerait retourner dans la nature plutôt que d’être rabaissée à ça. Peut-être qu’elle se dit ça pour parvenir à y croire elle-même. Jamais elle ne quitterait l’endroit qui lui apporte un semblant de confort et de sécurité. Encore que tout devient relatif avec les tensions de plus en plus marquées entre les différents clans. Au sein même de la carrière, ça se divise d’ailleurs. Au lieu de montrer l'exemple, de rester unifié face à l'adversité, les gens comme Dario s’amusent à tirer dans les pattes de leur allié. Comment voulez-vous qu'elle le traite avec respect ?
Déambulant avec pour seul objectif celui de garder un œil sur ses précieuses brebis, les ramener dans le troupeau quand elles s’éloigneront trop loin, Leigh se donne la sensation de remédier à ses soucis d'autorité. Travailler la communication interpersonnelle serait idéale mais on lui a plutôt demandé de sévir et donc de gueuler plus fort, de frapper plus violemment. L’ancienne activiste éprouve quelques difficultés à faire la part des choses, en étant profonde pacifiste dans l’âme. Ses méthodes ne semblant pas être approuvées par le Roi, elle doit s’adapter. A croire que le challenge se trouve toujours au coin de l'allée, les voix s’élèvent à l’intérieur d’une tente et l’alertent sur un potentiel nouveau conflit à résoudre. Un bâillement, un grognement et la voilà qui file droit vers la source du fracas. Ils ont que ça à foutre, faut croire, dans ce patelin. Au lieu de s’inquiéter du sort de l’humanité, de penser à la chance qu’ils ont de pas s’être fait dévorer ou même de simplement baiser pour célébrer le seul fait d’être en vie, non, ils se mordent le museau et se picore la rétine. L’homme est un loup pour l’homme, il parait. Ça n’a jamais semblé plus vrai. Avec ses gros sabots, l’américaine fonce dans l’abri de fortune déployé pour traiter avec les blessés. Premier pas posé, tout juste le temps de capter la dernière phrase de Whilelmina et d’en tirer quelques conclusions rapides. C’est pas comme ça qu’il ferait la tête de mufle après tout ? Imite le babouin qu'on a désigné comme modèle, en voilà une idée qu’elle est con. Mais c’est ce qu’on lui a demandé, pas vrai ? « Qu’est-ce qui se passe ici ? C’est pas censé être un lieu de repos où on soigne les gens ? On vous entend brayer à l’autre bout du bourbier. Faut pas demander combien de tympans vous avez laminer ici et combien de cœurs vous avez arrêté avec vos conneries. C'est peut-être le moment de faire de la réanimation. » Le regard passe de l’une à l’autre. La mère tenant son môme tout contre elle comme si l’infirmière s’apprêtait à l’agresser.
Les sourcils se froncent, les lèvres s’entrouvrent, se referment. Elle ne perd pas de vue, Leigh, qu’il y a peut-être des yeux indiscrets dans le coin, des petites fourmis bien soucieuses d’aller rapporter faits et gestes à l’autorité suprême. Elle doit penser à tout, la trentenaire, à tout pour ne pas encore avoir le nez dans la merde. Alors elle se montre directement sèche, aux antipodes de son attitude ordinaire qui aurait été de confronter les versions après les avoir isolées toutes deux. Faut agir dans l’urgence, pratiquer l’action immédiate. Diggs en sera fier peut-être qui sait. Pendant qu’elle, elle a l’impression de faire n’importe quoi. « Depuis quand t’empêches des gens d’avoir accès à un semblant de soins, Jennings ? Leur tête te revient pas, comment ça se passe ? Raconte-moi ! » Elle la prend à partie immédiatement pour mieux aviser ensuite. Mauvaise stratégie selon elle qu’elle devra rectifier si ça ne fonctionne pas. Elle l’aime bien la petite, elle préférerait autant ne pas devoir lui couper une main ou appliquer toute sentence barbare que le grand manitou kifferait depuis sa tour d’ivoire. Inutile de préciser qu’elle ne ferait jamais ça de toute manière, de un parce qu'elle en est incapable et de deux, parce que la brune est un atout bien trop inestimable. Elle ne pourrait aller qu'à de telles extensions que s'il y avait des circonstances atténuantes. Et totalement subjectives d'ailleurs sans nul doute par rapport à son propre système de valeurs. Mais elles n’en sont pas là de toute manière. Du moins, elle ne le pense pas. Mais tout reste à voir.
Whil Jennings
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Sujet: Re: land of all | leigh Dim 1 Juil - 21:52
leigh whil «a one-way ticket for another life»
Si Whilelmina devait son salut à quelqu’un au Bourbier, c’était bien à elle. Leigh Wickham, chef de zone reconnue pour être aussi intransigeante que dotée d’un tempérament qui ne souffrait pas d’être contredit. Une autorité qui n’aimait pas être défiée gratuitement et pour cause, elle avait su montrer par le passé qu’elle n’était pas le genre de personnes qui renonçait à ses objectifs. Will savait pertinemment qui elle était et le service qu’elle lui devait de l’avoir acceptée au sein de sa zone. Entre ex-Jackals, cela pouvait se comprendre.
Néanmoins aujourd’hui était un autre jour, un de ceux où Whil devait jouer les soumises et acquiescer à tout ce qu’on allait lui dire sans broncher. C’était le jeu des leaders et des menés : il n’était pas question de discuter ou de négocier quoi que ce soit. Le raffut qu’elles avaient produit à elles deux ne se justifiait pas dans un endroit où les blessés avaient besoin de calme et de repo et au-delà de ce fait sur lequel Whilelmina et Leigh étaient on ne peut plus d’accord, elle était malgré tout en partie responsable de ce bazar et devait s’expliquer.
Les yeux rivés droit devant elle pour se concentrer sur un point qui la calmerait, la texane se retenait de dire un mot qu’elle ne penserait pas et qu’elle regretterait automatiquement. Après tout la brune n’avait rien à se reprocher, elle faisait son travail et elle estimait que la trentenaire avait bien assez de jugeote – et la connaissait assez – pour croire qu’elle avait eu ses raisons d’ainsi s’énerver. Pourtant, la tournure de son intervention fut tellement inattendue que Whil en ouvrit la bouche sans que le moindre son n’en émane, comme scotchée sur place d’être ainsi brusquement placée sous la lumière du projecteur du blâme. La mère de famille, elle, devait jubiler de voir Wickham intervenir et prendre son parti. « Leigh- » commença t-elle à vouloir dire avant que les syllabes ne s’étranglent dans sa gorge et que la principale intéressée ne lui envoie une réplique qui fit perdre tout sens de la patience et de la demi-mesure à la plus jeune.
« J’empêche rien à personne, c’est complètement faux ! » s’insurgea la petite brune qui aurait mieux fait de se tempérer, voire de s’écraser plutôt que de se rebiffer. D’habitude les gens choisissaient de faire profil bas face aux chefs de leur zone. Et c’était ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas trouvé le contexte particulièrement inapproprié pour l’accuser de tous les torts. Elle voulait bien endosser les erreurs qu’elle commettait mais certainement pas celles de jugement d’autrui. C’était complètement idiot de croire que Whil se prenait pour Dieu et refusait de soigner quiconque, loin de là. « Au contraire, c’est plutôt cette femme qui refuse qu’on s’occupe de son petit sous prétexte que d’autres gens de la Carrière ont droit aux mêmes traitements et que ce n’est pas normal ! » Son regard vint cueillir la femme dont elle parlait, qui se réveilla de sa léthargie satisfaite pour s’énerver à nouveau – mais un demi-ton plus bas que précédemment.
« Ce sont des meurtriers, ils ont massacré des gens de notre camp, de nos familles, et on devrait les laisser être soignés à côté de nos enfants sans rien dire ?! » Will expira une profonde bouffée d’air, raidie par l’irritation et la colère. Elle pouvait comprendre qu’une jeune recrue comme elle n’inspirait pas la confiance à tout Hamilton Quarries mais c’était absurde de remettre ses agissements en cause alors qu’elle n’avait jusque là jamais failli à ses missions. « Je suis là pour soigner tous les gens qui en ont besoin, pas pour faire une différence entre les infectés d’ici et les Jackals infectés ! » Sa voix trembla et finalement la brune ravala tout ce qu’elle aurait voulu dire en plus, ne laissant place qu’à une amertume et une fureur rentrée qui ne lui allaient guère.
« Mais je dois me tromper, j’imagine. » Ses yeux retournèrent dans la direction de Leigh. C’était à elle de décider, après tout. « Je vais être sanctionnée ? » S’il ne s’était pas agi de Whilelmina Jennings, on aurait pu croire qu’elle provoquait presque son interlocutrice, qu’elle n’attendait que ça d’être punie pour quelque chose qu’elle n’avait pas fait. Whil ne comprenait tout simplement pas le changement d’attitude injuste et illogique de celle qu’elle pensait être de son côté, et elle n’arrivait pas à faire semblant de penser le contraire.
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Sujet: Re: land of all | leigh Mar 3 Juil - 13:34
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La colère de la jeune infirmière se dispense par les mots, par la posture et ajoute un peu de nervosité du côté de la chef de zone. Il est drôle, Diggs. A croire qu’on peut canaliser les émotions et sentiments des autres aussi simplement. L’oppression de la pensée d’autrui ne mène qu’à plus de révolte. Sans plus ajouter le moindre mot, la brune observe à tour de la jeunette et la vieille hystérique, reçoit les informations avec beaucoup de prudence. Les lèvres se redressent un instant, sèchement. Faut avouer qu’elle peut comprendre que la présence des chacals dérange. Elle-même n’est pas très à l’aise à la perspective de partager le camp avec certains de ses potentiels anciens bourreaux et pourtant, c’est comme ça que ça fonctionne, la paix. Autant que l’unité et donc la force, tout ce qui s’en suit. Leigh ne leur a pas pardonné. Elle a juste appris à passer au-dessus de sa propre expérience pour le bien commun, leur accorder le bénéfice du doute, une seconde chance. Chose que tout un chacun n’est pas prêt de réaliser. Pas besoin de dessin pour comprendre ce qu’il se passe de ce fait. Les nerfs légèrement entaillés, la trentenaire revient poser son regard dans celui de son vis-à-vis. Sentence ? Elle ne pourra définitivement pas s’y résoudre. Pas pour quelques chamailleries de toute manière. Tout cela est stupide. Ça l’est toujours d’ailleurs. Marks et William ne font pas exception. Pas de quoi fouetter un chat de les voir s’empoigner. Ils n’ont pas après tout été attaquer la mine ou même attenter à la vie d’un supérieur. Peu importe. C’est du passé.
La prétendue figure d’autorité hoche de la tête d’un air entendu avant de pointer du bout du nez la sortie. « On va voir ça ensemble, suis-moi hors de la tente, je te prie. Excusez-moi madame, ne bougez pas de là, s’il vous plait. Nous revenons dans un court instant. » Les doigts se lèvent un bref instant en l’air pour appuyer les propos. Elle dégage la voie pour que la blouse blanche passe devant elle avant de la replier. Elle fait quelques pas en silence, s’éloigne à distance raisonnable des oreilles trainantes pour finalement s’immobiliser. Les paluches se placent au fond des poches, exit l’attitude autoritaire. Chassez le naturel et il revient au galop, pas vrai ? « On pourrait croire que les gens, ils retiennent leurs leçons d'Histoire, la ségrégation, les camps de concentration, l’étoile jaune. Et j’en passe des meilleurs. Bientôt tu verras, ils demanderont si on peut pas les empiler dans une pièce pour les gazer. Alors ouais les Jackals peuvent avoir été parfois de belles enflures, ça justifie rien, faut se calmer, putain. » Qu’elle grogne finalement, expulsant tout ce qu’elle a contenu à l’intérieur pour ne pas envenimer la situation. Besoin de s’aérer, de prendre du recul pour mieux arriver à jouer la diplomate. Parce que finalement, y a que ça à faire là. Tant pis pour Aaren et sa politique de la terreur. « J’ai pigé que c’était une vieille conne aux idées de merde. Mais moi, on m’a demandée que ça fasse plus de vagues par ici. T’es réfléchie, je crois ? T’as rien trouvé de mieux à lui répondre que ça ? Au lieu de tenter de désamorcer le conflit ? » Réprimandes pour la forme. Faut bien qu’elle fasse un minimum son foutu job. Soupir, le regard balaie les environs, les quelques visages qui s’y perdent.
Combien d’autres disputes éclateront maintenant que la lumière est mise sur ce groupuscule ? La stigmatisation est en marche et Leigh n’aime vraiment pas ça. « L’inconnu, ça fout les jetons, hein. C’est son marmot, ça peut se comprendre aussi. La plupart de ces crevards ont buté des familles entières, torture et compagnie. Après, y en a chez nous qui sont pas mieux et qui ont la cervelle à l’envers, je sais bien. Ça rassure de pointer du doigt les minorités, on le sait. » Leigh sait très bien ce que c’est de se retrouver de l’autre côté de la barrière, à combien de propos misogynes et homophobes a-t-elle dû faire face au cours de sa vie ? Les dents grincent, les bras se croisent. « Qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ? Tu ne peux pas la renvoyer sans solution, c’est pas très pro. Y aura d’autres gens qui viendront avec des idées similaires, tu crois que c’est en te tapant un stress dessus et en leur disant d’aller se faire foutre que ça va changer quelque chose ? » Les yeux se plantent dans ceux de son interlocutrice. Elle sait que Whilelmina est assez intelligente pour apporter des réponses sensées à tout ça.[/color]
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Sujet: Re: land of all | leigh Mer 4 Juil - 23:02
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Leur sortie de la tente se fit sous les regards tantôt courroucés et inquisiteurs des quelques personnes présentes dans l’assistance. Whil les ignora sans vergogne, trop immergée dans sa frustration pour constater quoi que ce soit. De toute manière, tout le monde dévisageait tout le monde ces derniers temps, tout le monde était suspecté d’agir pour tel clan ou contre tel groupe, comme si une véritable chasse aux chacals et aux pro-chacals avait été lancée. Tout ça, c’était de la perte de temps comparé à la vraie lutte qu’ils devaient considérer, celle pour leurs vies et contre les rôdeurs toujours debout, nombreux et hostiles, eux. Une fois éloignées de l’infirmerie improvisée, la plus âgée parla enfin à cœur ouvert et la plus jeune sauta sur l’occasion pour s’insurger de nouveau tout en baissant la voix. « Comment tu veux que je reste calme après ce qui s’est passé sur la Grand Place ? Tu l’as vu, non ? Tu étais là ! » Le meurtre d’une innocente, les accusations directes de certains envers Angel, l’agitation ambiante et les insultes … Comment Leigh pouvait, sinon oublier volontairement, faire comme si de rien n’était ? Elle devait forcément partager ou comprendre son inquiétude. « C’est la vie de son enfant qui est en jeu, je pensais qu’en lui montrant ce qui se passerait si elle n’obéissait pas, elle … » En formulant son plaidoyer, Whil se rendait bien compte que les gens n’aimaient en général pas être confrontés à leurs torts paradoxaux. Elle avait pensé bien faire en jouant la carte du rationnel et elle s’était plantée en beauté.
Wickham avait raison et cela la tuait : ils n’apprenaient pas de leurs erreurs et n’attendaient de fait qu’une chose, l’occasion de pouvoir les recommencer allégrement. L’optimisme utopique de quelques individus isolés n’y changerait rien. Pour autant, qu’est-ce qu’elle pouvait bien préconiser ? Feindre de ne pas remarquer les attitudes irrespecteuses des autres ou pire encore, jouer leur jeu ? Les Jackals n’avaient pas tous demandé ce qui leur était arrivé. Ils n’étaient pas tous comme on le pensait, on ne pouvait pas généraliser et laisser faire cela en toute impunité. Personne, ni Quarry ni Chacal, n’était totalement innocent dans cette apocalypse. Par la force des choses ils avaient tous un jour tué, il ne valait mieux pas qu’ils l’oublient. Son interlocutrice en avait d’ailleurs bien conscience. « Leigh, je ne vais pas pouvoir composer avec les humeurs de tout le monde, si les gens commencent à faire les difficiles alors qu’on a déjà pas beaucoup de moyens pour les guérir, je suis censée faire quoi ? Trier sur le volet les malades et mettre dehors ceux qui ne plaisent pas à la majorité ? » Si elle ne pouvait pas comprendre le niveau d’incohérence d’une telle demande, alors autant arrêter là de suite la conversation.
Trouver un compromis alors qu’elle était sûre de ne pas avoir tort. Ben voyons. « Peut-être. » rétorqua t-elle d’un air de défi. Ce n’était pas la réaction la plus mature qu’elle pouvait montrer et bien vite, ses yeux roulèrent vers le ciel avant qu’elle ne poursuive sur un ton résigné. « Non, évidemment que non je vais pas faire ça… » Tout ce qu’elle pouvait faire en vérité, c’était s’incliner sagement et accepter la décision de la mère … Et celle de tous les futurs habitants de la Carrière qui estimeraient qu’ils méritaient mieux que de partager leur campement avec des tueurs et des fous furieux. Cette issue avait la saveur de l’échec, mais Willie ne pouvait pas vraiment faire autrement maintenant qu’elle avait un peu trop dévoilé son opinion personnelle. « J’en sais rien. Je peux toujours la renvoyer vers un des soigneurs d’une autre zone. Elle veut pas que je m’occupe de son petit. C’est son choix, je vais pas l’y contraindre. C’est elle l’adulte, après tout, hein ? » Ses épaules se haussèrent, une pointe d’ironie difficilement contenue transparaissant sous sa question rhétorique. Comme quoi l’âge n’amenait pas nécessairement le recul et la dose de sagesse nécessaire à tout être humain …
Whil eut un petit mouvement de tête, vérifiant furtivement les alentours avant de reprendre la parole sans plus élever la voix. « On est pas tous des enfoirés sanguinaires. Tu le sais autant que moi. On pourrait … On pourrait faire la différence. » Ses paroles étaient dangereuses et elle était bien loin d’ignorer ingénument qu’évoquer cette possibilité ici n’était absolument pas la chose la plus intelligente à faire. Pourtant Whilelmina le faisait. Elle avait peut-être placé un peu trop d’espoir et de confiance en sa chef de zone, ou bien la folie lui était montée au cerveau en même temps que le surmenage des dernières semaines. Mais concevoir qu’elles avaient été elles aussi des Jackals et qu’elles n’en restaient pas moins des personnes humaines qui avaient changé et qui faisaient de leur mieux, n’était-ce pas la preuve la plus vivante qu’il fallait laisser une chance au groupe dissolu et reclus des Chacals ?
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Sujet: Re: land of all | leigh Ven 6 Juil - 1:29
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La fougue de Whilelmina lui arrache un léger sourire. Elle l’aime vraiment beaucoup cette petite, elle se revoit même un peu en elle. A une autre époque, elle aurait pu vraiment le conquérir sans doute, cette jeune femme tout juste sorti de l’adolescence aux yeux de Leigh. Mais désormais, rien ne peut se jouer aussi frontalement. Plus de manifestations, de médias à utiliser pour faire passer des messages humanistes et pacifistes. A l’heure d’aujourd’hui quand on crache un slogan éclairé, on se mange en pleine face des ricanements. Faut être sacrément naïfs pour vouloir réveiller la population à coup de sagesse. Personne n’en a quelque chose à foutre de ce qui est juste ou de ce qui est bien. Ils veulent tous de quoi se vêtir, de quoi remplir leur assiette et de quoi les rassurer sur la prochaine aube. C’est tout. Des raisonnements atrocement basiques contre lesquels même l’audacieuse ne pourrait totalement lutter. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Y aura toujours des trucs de ce genre. Les gens sont cons, ils sont cons, hein. Ça ira pas en s’améliorant alors qu’on s’essuie le cul avec des feuilles et qu’on manque de tout, sécurité, confort, stabilité, bouffe, munitions et j’en passe. Ça rapproche pas les gens ce genre de merde, nan. Ça les déchire seulement. Et ça pense qu’à sa gueule. Puis ce qui les rassure, c’est souvent de la merde. Agir pour agir, tuer pour tuer. On oublie le cerveau, on devient des bêtes. » Peut-être qu’elle se laisse prendre au jeu, la chef de zone, qu’elle se met à s’insurger avec sa comparse au lieu de l’apaiser. Décidément, elle est bien mauvaise dans ce rôle de représentante de l'autorité. Faut qu’elle se reprenne, la furie. « T’énerver, ça changera que dalle. Faut agir plus intelligemment. Sinon tu veux faire quoi ? Leur ouvrir le crâne ? » Exagération pour prouver son point. Un haussement d’épaules et le regard qui se perd dans le vague.
L’infirmière présente tellement de bon sens et de propos cohérents qu’il devient de plus en plus ardu pour la carrière de tenir la distance avec son objectif de remontrances qui au final, n’en ont pas spécialement la forme. « Tu peux pas non plus sauter à la gorge de tous les connards de la zone, je crois qu’il reste plus que ça limite comme vivants là. Alors à moins de se tirer une balle, faut trouver d’autres solutions. » Grognement pour marquer la frustration, la tête qui se jette en arrière. Quelques pas d’un côté puis de l’autre côté. Elle tient pas en place, Leigh. « Oui, ça peut être aussi une alternative de l’envoyer ailleurs voir si on y est. » Bien qu’elle n’approuve l’idée qu’à moitié. Parce que ça finira par vider sa zone à force. Mais c’est toujours mieux une zone moins remplie qu’une zone en conflit permanent et habitée par une bande d’arriérés par-dessus le marché.
Alors qu’elle croit tenir le bon bout avec la petite, cette dernière retourne quelque peu la discussion pour lancer un débat plus houleux. Pour marquer le désaccord viscéral et instinctif, la trentenaire recule de deux pas. « Tous les chacals ne l’étaient pas par plaisir ou même par choix, c’est surtout ça. Jamais, je me suis considérée comme l’une des leurs. C’était marche ou crève. C’était pas vraiment une option envisageable de carrière selon moi, tu m’excuseras. » Elle aspire l’air pour diluer la colère qui gronde à l’idée qu’on la classe parmi ces bouffons, ses tortionnaires et puis, reprend avec davantage de sang-froid.. « Foutre une étiquette sur les gens, ça pue du cul, ouais. Après on peut piger la méfiance. Je sais très bien quel salaud a butté mon pote Stevie. Et je t’avoue que ça me démange de lui enfoncer ma lame dans la gueule. Sauf que je suis civilisée. Et que je tiens autant à mes fesses qu’à la paix mais tout le monde a pas le même recul. Tu dois le piger ça. Certains ont peut-être vécu des trucs qu’on imagine même pas, quand on butte ton frère, ton père ou pire ton gosse, forcément tu deviens légèrement haineux. Tout le monde va pas tendre l’autre joue. On sait pas ce qu’ils ont vécu alors le bénéfice du doute, c’est pas que pour les chacals, c’est aussi pour les autres. » Elle se fait l’avocat du Diable. Elle le réalise bien et tente d’arrondir une fois de plus les angles. Surtout qu’elle apprécie la franchise de son interlocutrice autant que la confiance qui émane de sa démarche alors l’américaine aimerait autant conserver ça. Puis lui rendre la pareille.
Pour conserver les apparences, elle se rapproche et lui murmure la suite « Je sais que ça craint, ok. Moi aussi ça me débecte ce genre d’attitude mais tu veux faire quoi sincèrement ? Si tu fais trop de boucan, c’est Diggs qui va débarquer ici et je t’avoue que ça va me retomber méchamment sur la gueule mais que tu seras pas en reste, toi non plus. Je veux pas commencer à devenir une andouille qui cogne ou qui coupe des mains dès que ça gueule. Et si le Roi s’en rend compte puis que ça lui va pas, je te laisse déduire ce qui ça va se produire. » Regard insistant, honnêteté sans doute bien trop directe. Mais c’est une confession qu’elle ne ferait pas à n’importe qui. Elle ne tente même pas de remettre son autorité sur le régisseur de l’endroit, elle ne veut pas être comme toutes ces mères qui refoutent leurs pouvoirs sur le dos du père. Loin de là. La féministe assume très bien sa position et tout ce qui va avec. Elle veut juste que la révoltée comprenne les enjeux à ces scénettes qui lui paraissent sans doute anodines.
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Sujet: Re: land of all | leigh Dim 8 Juil - 17:40
leigh whil «a one-way ticket for another life»
Certaines issues s’avéraient déraisonnables dès le départ, et désosser la boîte crânienne de qui que ce soit ici présent en faisait partie. Ca peut aider, pour la science aurait-elle pu tout aussi ironiquement répondre sous le coup de l’énervement, mais ce genre de trait d’humour noir n’allait pas jouer en sa faveur. Surtout pas avec le passif qu’elle se traînait.
Alors la voilà, la seule et unique solution : elles devaient agir raisonnablement pour relever la moyenne. Ce n’était pas parce que tout le campement se jetait d’un pont que Whil devait les suivre benoîtement. La logique de Leigh était d’autant plus irritante qu’elle disait vrai, les habitants de la Carrière n’étaient pas tous de doux drogués pacifistes juste bons à peupler Auspex. En attendant, l’enfant et sa mère iraient voir un autre soigneur – quelqu’un qui n’avait pas la moitié de son temps dédié à aider des rebuts et des parias.
Les tremblements d’une indignation péniblement contrôlée dans la voix et dans la silhouette de sa chef de zone n’inspiraient rien de très avenant à Whilelmina. Elle non plus ne revendiquait pas le chemin qu’elle avait pris, forcée par le destin et par la survie. Elles ne se cachaient néanmoins ni l’une ni l’autre derrière des excuses bidons. Mais elles étaient toutes les deux habitées par la volonté tenace de passer à autre chose, de montrer un autre visage, celui qu’elles auraient aimé toujours avoir si elles en avaient eu l’occasion. L’expérience parlait et Willie approuvait par hochements de tête réguliers ; mais ça ne suffisait pas. Comme si autre chose retenait Leigh de croire en cette utopie qu’ils pourraient finir un jour par faire comprendre aux plus réticents qu’il n’y avait parfois pas toujours plus à craindre de son voisin que d’un parfait inconnu. « Justement, on a tous du vivre la même chose, on a tous fait des trucs dont on n’est pas fier, et certains n’ont pas eu la même chance que d’autres ! Si les gens ne comprennent pas ça, ils ne comprendront jamais. » Là encore, elle se heurta à la désapprobation rationnelle de son aînée. Tendre l’autre joue. Evidemment, personne n’accepterait jamais un truc pareil alors que c’était la guerre à tout bout de champ, et que presque n’importe quel type traînant dans les parages aurait été capable d’égorger son voisin simplement dans l’optique de voir si son sang était rouge ou blanc. La brune regretta en son for intérieur que certaines valeurs empruntées par la religion et jugées bien trop niaises et inutiles dans un tel contexte n’étaient pas davantage plébiscitées. Cela leur aurait peut-être évité bien des massacres pour rien – mais il ne fallait pas trop en demander aux gens, oh non, et surtout pas de prendre du recul.
Ses épaules se haussèrent, ses bras retombant lentement en même temps que sa ferveur. « D’accord, que chacun fasse comme il veut. Mais qu’est-ce que ça changera de laisser mourir les Jackals ? Tuer n’a jamais apaisé personne. Tout le monde le sait, ici. Leigh, tu l’as dit toi-même, il y a sûrement autant de meurtriers d’un côté que de l’autre. Et je doute qu’on puisse compter les personnes en paix avec elles-mêmes sur les doigts de mes deux mains. » A ce rythme, autant tenir un procès pour chaque crime commis par chaque personne ici présente.
Le nœud réel qui tenait la trentenaire un peu trop serrée et l’empêchait véritablement de se débattre, ce n’était pas ce qu’elle pensait. C’était Aaren Diggs. Les représailles et les conséquences que cela pourrait leur attirer et surtout, ce qu’elles pouvaient perdre à finir par trop se rebiffer contre l’autorité. La monarchie n’était pas un concept aussi usité qu’on pouvait le croire. Et convaincre un roi n’était pas devenu chose aisée, même des siècles après la naissance du tout premier. « J’ai pas envie qu’on ait le moindre problème. Ce qui s’est passé là ne se reproduira pas. Je suis venue ici pour une chose très précise, je pense qu’on en a déjà discuté. » Etre là pour aider le Bourbier et tous ceux qui auraient besoin de son aide médicale, assurer de se faire discrète et en quelque sorte, se blanchir de tout soupçon. « J’espère juste que tout ça ne se retournera pas contre nous. On essaie de faire du mieux qu’on peut mais j’ai l’impression que … » Elle avait baissé la voix non sans garder une attitude qu’elle souhaitait la plus sereine possible, ce qui donnait un contraste assez curieux avec ses paroles. « Je sais pas. Je ne veux juste pas qu’on soit mises dans le même panier que d’autres alors qu’on se bat pour éviter ça. » Ca n’aurait été ni juste ni objectif. Whilelmina ne savait pas tout de Leigh mais elle doutait qu’elle ait été une chef de zone médiocre, sinon elle ne serait déjà plus à la place qu’on lui avait attribuée. « Ils ont déjà commencé à accuser des gens devant tout le monde. Ca pourrait nous arriver. » Sauf qu'elles ne seraient pas pointées du doigt à tort. La peur qui lui avait empoisonné l’esprit dès la première nuit passée après l’accident de la Grand Place sortait enfin de ses tripes. « Et si le Roi vient un jour jusqu’ici parce qu’il apprend certaines choses ? Qu’est-ce qu’on est supposés faire ? Qu’est-ce que tu feras ? » Une véritable question pour laquelle elle n’envisageait à l’heure actuelle aucune réponse valide, les grands yeux bleus de la plus jeune fixant le visage de son interlocutrice avec une attention accrue.
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Sujet: Re: land of all | leigh Lun 9 Juil - 22:34
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La vérité de Whilelmina supplante largement les raisonnements basiques de Diggs aux yeux de Leigh. Elle a envie d’approuver chaque parole qui franchit ses lèvres mais elle se retient de se montrer aussi réceptive. Parce que la réalité la force à refréner son propre idéalisme, à traiter avec les autres comme on le lui a demandé. Ce n’est pas tant qu’elle change pour rentrer dans le moule. Plutôt qu’elle s’adapte dans la mesure du possible afin de préserver ses miches en premier mais aussi par extension, celles des petits gens qui sont sous sa protection. Les priorités se réarrangent et l’utopie perd de son sens quand on voit en quoi le monde en est réduit. Elle s’en veut un peu, la chef de zone de butter sur ses propres valeurs humanistes pour servir ce pessimisme intolérable. Sauf qu’il faut garder les yeux en face des trous pour ne pas se prendre des coups. La loi du plus fort règne de façon impérieuse sur leur quotidien et rend toutes leurs belles théorises obsolètes. Le faire comprendre à la petite ne l’enchante pas, de moins en moins à vrai dire parce qu’elle marque des points et que la trentenaire ne fait qu’effacer le score. « Les gens ne veulent plus rien comprendre. Ils sont redevenus des animaux, des cons qui montrent les crocs dès qu’ils ont peur pour leur cul. » Encore un haussement d’épaules, toujours cette impuissance qui ressort non-verbalement. Un peu de ras-le-bol quant à cette mentalité arriérée et abjecte qu’elle se permet de montrer.
Après tout, elle ne veut pas non plus la faire fuir, l’infirmière. Elle est un des meilleurs éléments que compte le bourbier après tout. Alors autant la conserver à proximité et donc lui prouver qu'elle partage sa vision des choses. « Ca servirait à rien, toi et moi, on le sait, hey. Si les Jackals crevaient, ils iraient pointer les gens de la mine puis ceux d’Olympia et ainsi de suite avant que tout le monde ne finisse par s’entretuer quand y aura plus personne à accuser pour cette misère. T’as vu comment ça se passe en temps de crise, ça finit en guerre et idées de merde bien extrémistes de mes deux. Alors à moins que t’aies ça dans tes affaires, on peut pas les lobotomiser ou bien manipuler leurs pensées, je suis pas le professeur X perso. Qu’est-ce que tu veux y foutre ? Faire de la propagande ? Les secouer comme des pruniers ? Les forcer à faire des bisous à ceux qu'ils détestent ? » Elle se montre peu indulgente dans cette exagération. Pourtant, l’ancienne activiste aimerait pouvoir travailler de concert avec la brune afin de faire prévaloir le bon sens et l’empathie mais ça lui parait impossible. Voir même dangereux pour elle si ça venait à remonter aux oreilles de ses détracteurs.
Les promesses de la jeune révoltée suffisent à amener un début de sourire sur les lèvres de la chef de zone. Elle se doute bien, Leigh, que ça lui coûte de ravaler à ce point ses conceptions pour réussir à lui obéir. Les remerciements de l’américaine restent en bordure des lèvres cependant. Son interlocutrice enchaine, dépeint un futur pour le moins obscur dans lequel la carrière refuse de se projeter. Inutile d’anticiper le pire tout de même. Puis, surtout, elle n’a jamais songé que son bref passage chez ces ramassis de crétins finis puisse un jour ressurgir pour lui nuire. Alors, elle a du mal à vraiment intégrer le propos. Désinvolture qui se fait chasser par la colère, émotions qui oscillent. « Je danserai la macarena en espérant que ça suffise à le distraire ? On avisera si ça vient qu’est-ce que tu veux y faire ? Moi je continue de me juger comme une prisonnière de guerre, je me suis tirée dès que j’ai pu pour venir ici. J’ai rien à cacher perso. Surtout que j’ai butté personne pour ces fumiers. » Longue inspiration, regard qui se pose sur la tente qu’elles ont quitté, se posent sur les environs déserts. La trogne se rapproche de l’oreille adverse, le souffle vient effleurer le lobe. « A moins que t’aies envie d’aller te confronter à Diggs, je vois pas trop ce que t’espère. T’aimerais ça être Reine, toi ? Avoir les quatre cent mille responsabilités qui te collent au cul ? » Simple réflexion, caillou jeté à l’eau. Elle ne s’attend pas à y percevoir beaucoup de vagues cependant. Mais ça lui plait peut-être un peu trop de débattre sur le Roi pour éjecter sa propre frustration. Retour au sérieux sans transition néanmoins tandis qu’elle reprend une posture un chouïa plus solennel pour indiquer le chemin emprunté du bout du nez. « On devrait retourner à l’intérieur, faut régler le souci encore. Tu sais ce que tu vas faire alors ? » Mesure qui veille à vérifier que la conversation a fait germer les bonnes plantations dans la cervelle voisine. On n’est jamais assez sûr que le message est passé et que l’énervement s’est apaisé à défaut d’être totalement étouffé.
Whil Jennings
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Sujet: Re: land of all | leigh Mar 24 Juil - 22:44
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Intransigeante et inflexible. Ainsi était dépeinte la réalité ; il n’était pas envisageable de faire changer l’opinion publique à leur sujet. Trop d’œillères, trop d’esprits obtus, pas assez de bons exemples pour prouver que non, tous les individus qui avaient porté le masque des chacals ne l’avaient pas fait pour assouvir des pulsions primaires et malsaines. Tous n’étaient pas assoiffés de chaos, tous n’étaient pas venus là par choix. Pas au départ, pas à l’arrivée. Et si ce n’était pas eux les boucs émissaires, on en trouverait d’autres à qui faire porter le chapeau de toutes les morts disséminées.
La potentielle menace de Diggs ne l’effrayait pas, au pire il réveillait chez elle une fureur de lionne qui seyait trop bien à Leigh pour qu’elle s’en défasse. Whilelmina admirait sa force d’esprit et surtout sa résistance. Elle était bien plus guerrière que de nombreux hommes ici-bas. Et surtout, elle était bien moins noircie par le vice qu’elle. La jalousie était un sentiment bien mal placé, après tout ce n’était que de sa propre faute si elle n’était pas la blanche et utopique brebis qu’elle aurait préféré se targuer d’être. L’aînée avait su tenir bon au beau milieu de la tempête quand la cadette avait plus d’une fois failli chavirer. Face à ce constat, la brune ne put que s’incliner sobrement et conclure d’une voix légèrement blanche. « Tant mieux pour toi alors. » Oui, bénie soit la chance de celle qui n’avait jamais tué en leurs noms.
A côté de ça, la question de sa chef de zone passait presque pour une boutade destinée à détendre l’atmosphère. Whil manqua de s’étouffer et secoua la tête comme si une mouche l’avait piquée. « Bien sûr. C’est exactement ce qu’il me faut pour ne pas me faire remarquer. » C’était déjà bien suffisant pour elle de s’être retrouvée si près du Roi lors de l’esclandre qui avait eu lieu sur la Grand Place, elle ne tenait absolument pas à être mise sur le devant d’une telle scène. « Je voulais juste dire que ça m’ennuierait de devoir partir d’ici alors que je commençais à … » Sa phrase se perdit dans des hésitations qui lui coûtaient cher. A me plaire. Oui, il se pouvait bien qu’en dépit de l’absence de toute famille et dans la précarité de sa situation, la jeune soigneuse se trouvait bien mieux lotie qu’elle n’avait pu l’espérer. La maigre compagnie qu’elle avait lui suffisait, dépassait parfois même son imagination. Ces songes, elle les déglutit et les garda pour elle – la mièvrerie ne devait pas être au goût de la trentenaire. « Peu importe. Je n'ai juste pas l'intention d'attirer des ennuis à qui que ce soit ici en rameutant la cavalerie. »
Le sermon avait été passé, Leigh avait recadré la pauvre âme supposément égarée ; ne lui restait plus qu’à plier l’échine pour que tout rentre dans l’ordre. Une morale digne d’un verset religieux. « Je vais pas lui hurler dessus, c’est bon. » Grondée comme une gamine vexée, la jeune demoiselle leva les yeux au ciel d’un air résigné avant de pivoter pour reprendre la direction de l’infirmerie improvisée. Retrouvant le regard attentif des quelques patients qui attendaient sûrement le dénouement ô combien trépidant de cette stupide querelle, la plus jeune reprit la parole en même temps que sa contenance perdue et après un raclement de gorge, elle rompit le silence tendu qui s’était installé. « Ecoutez, je suis désolée pour les paroles que j’ai tenu. Ce n’était pas à moi de juger de vos choix. » Certes. Pas plus juge qu’arbitre, Whilelmina devait au moins avouer sa soi-disante faute. Ses pupilles observèrent alors le garçonnet. « Je veux bien m’occuper de votre enfant si vous le souhaitez. Sinon … » Furtivement elle consulta alternativement la mère et la chef de zone, une attitude presque trop diplomate contrastant avec la vivacité de sa précédente rébellion. « … Vous pouvez vous rendre du côté de Plovers ; leur tente médicale a aussi tout ce qu’il faut pour votre fils. » En son for intérieur, le goût de la défaite qui tapissait ses lèvres était bien fade.
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Sujet: Re: land of all | leigh Mer 8 Aoû - 13:20
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Elle croit percevoir des notes d’amertume derrière la réplique, s’en accommode par souci de diplomatie. Face à ses déblatérations, la brune finit par courber l’échine ou du moins, parait découragée de se lancer dans d’autres joutes. Leigh gratte le sol du bout de sa semelle, un peu incertaine sur ce qu’elle va en retenir, la petite, de cette discussion. A force de devoir scinder idéaux et devoir, l’ancienne activiste devient aussi pourrie de sérieux que Dario. Inutile de préciser qu’elle espère que ses relations avec autrui soient plus amicales et plus détendues que ça. Elle aimerait autant que Whilelmina revienne vers elle par la suite, pour partager ce qui traverse son esprit. La dissuader de le faire reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Un peu partagée quant à la conclusion à tirer, la chef de zone tente d’adopter une expression neutre et bienveillante pour le reste de l’entrevue, bien consciente de ce qu’elle pourrait perdre. A croire que la cadette a grappillé un peu de ses songes en chemin, puisqu’elle lui offre de quoi se racheter et clarifier ses propres pensées. Phrase inachevée qui étire les lèvres de la trentenaire en un léger sourire. « Et moi, ça me ferait chier que tu partes. T’es un bon élément, t’as le cerveau bien en place, t’es intelligente et tu causes que pour dire des trucs intéressants. » La sincérité de ses propos se retrouve appuyée par le léger coup de coude amical qu’elle balance contre le bras de l’infirmière. « J’aurais voté pour toi comme Reine, je t’aurais même fait des putains de banderole pour ta campagne. Un peu de bon sens et d’humanité, ça ferait pas de mal. » Qu’elle ose même ajouter à voix néanmoins plus basse. Plaisanterie qui prend des airs de vérité cependant. Mais la furibonde tente de ne pas de s’attarder trop longuement sur cette remarque de peur de se faire avoir à son propre jeu.
Un hochement de tête pour approuver les dires adverses et elles reviennent sur leurs pas, à l’endroit même de la confrontation. Dans son coin, Wickham avise l’échange et ne vient en soutien qu’à la fin, pour marquer seulement sa présence, asseoir son autorité pour calmer d’emblée la riposte possible de la femme agacée. « Je pense qu’on sera d’accord pour dire que tout le monde a autre chose à glander que de s’étriper au milieu d’un lieu de repos. » Le regard se fait un peu plus dur qu’à l’accoutumée pour produire l’effet désiré. Sans même oser répondre, la mère entraine son gosse à l’extérieur. Les yeux de l’américaine la suivent jusqu’à la sortie. Un soupir est dispensé avant qu’elle ne dépose ses doigts sur l’épaule de sa comparse. « T’as fait le bon choix. Et t’as bien parlé. » Haussement d’épaules qui accompagne le constat. « Redis leur ça si ça en dérange d’autres. Puis si t’as besoin de hurler en fin de journée, tu sais où me trouver. On ira foutre des coups de pied dans le cagibi de Mendoza si tu veux, tu verras, c’est une vraie thérapie. » Sourire carnassier qui survient, grand enfant qui finit par se calmer pour se refaire un peu plus sérieuse. « Puis si t’as un autre tracas, une autre emmerde… » A défaut d’être très efficace, elle aimerait avoir au moins le mérite d’être là pour ceux qui en ont besoin. D’ailleurs en y pensant, elle se rappelle d’une autre âme venue échouer par ici. « Au fait, tu connais la petite blonde là, Erin, non ? Ça a l’air de bien de se passer ici pour elle, il me semble ? » Tâtonnement un peu bancal, tombant comme un cheveu sur la soupe. Impulsivité naturelle, dans sa tête, ça passe toujours du coq à l’âne sans connecteur logique. « Simple question, je me demandais. » Moue qui exprime une certaine nonchalance comme toujours avec elle.
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Sujet: Re: land of all | leigh Lun 13 Aoû - 22:57
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La franchise de Leigh faisait un bien fou. Que ce soit parce qu’elle se faisait disputer pour son emportement ou parce qu’elle lui balançait en pleine tête des mots de gentillesse inattendus mais non feints, elle ne faisait pas semblant, elle ne jouait pas de rôle ou le cas échéant, pas un rôle qui ne lui convenait pas entièrement au point qu’elle puisse l’embrasser sans la moindre difficulté. Sur bien des plans, Leigh Wickham était un leader bien moins insoupçonné qu’elle ne pouvait le croire et Whilelmina était confiante en elle. Sinon elle n’aurait pas choisi de venir s’implanter là, et elle n’aurait pas parlé à coeur aussi ouvert avec elle.
S’imaginer reine avait un petit côté délirant et fantasmagorique qui prêtait sérieusement à rire, surtout avec la trentenaire en fervent soutien. La petite brune n’oublierait pas son trait d’humour pince-sans-rire lâché du bout des lèvres bien qu’une fois de retour dans la tente de soins, l’ambiance était déjà plus délétère et sensible. Sans surprise et malgré sa neutralité, la soigneuse dut essuyer le départ de la mère et de son fils – deux patients qu’elle ne reverrait pas de sitôt, tant pis pour elle.
Les autres s’étaient déjà remis à vaquer à leurs occupations et Whilelmina en profita pour ranger le matériel qui traînait par ci par là sous le regard attentif de sa chef de zone. « Merci Leigh. » répondit-elle non sans lui adresser un sourire sincère et discret. Leur échange importait plus qu'elle ne pouvait l'imaginer et c'était parfois exactement ce dont Whil avait besoin pour repartir d'un pied plus serein et confiant. Quant à la proposition d’aller se dégourdir les jambes et les bras pour éviter un nouvel accès de colère, celle-ci n’était pas dénuée d’intérêt et la benjamine d’opiner du chef. Ca pouvait toujours lui être bénéfique de passer un peu plus de temps avec quelqu’un comme Leigh ; elle en ressortirait forcément grandie. « Je note. Parfois, ça fait du bien de se défouler un peu. » plaisanta t-elle avant de la rassurer d’une dernière parole. « T’en fais pas. Tout va bien. » Les soucis qui la concernaient ne regardaient qu’elle, il n’était pas question d’obscurcir les pensées déjà bien chargées d’une personne qui avait tout un campement à surveiller et la vie au quotidien de nombreux survivants à gérer.
Alors qu’elle pensait voir l’entretien impromptu s’arrêter là et Leigh retourner à d’autres activités sûrement bien plus palpitantes, un thème tout aussi inattendu surgit de nulle part. « Erin ? Oui, je la connais oui. On est voisines, je l'hébergeais au début. » Légèrement prise au dépourvu, Whil s’arrêta quelques secondes de ramasser les emballages de compresses vides pour les rouler en une boule compacte et froissée. « Elle est chouette si tu veux tout savoir. Elle m’aide beaucoup depuis qu’elle est arrivée. » Whilelmina ne savait pas exactement où cette discussion était supposée la mener par rapport à son amie, mais elle ne tarirait pas d’éloges à son sujet si on lui donnait l’opportunité d’en dire plus. « Je pense que c’est quelqu’un de confiance. En tout cas moi je lui fais confiance. » Les arguments ne viendraient que si Leigh en avait l’impérieuse nécessité, ce qui amena la question suivante de la jeune fille, cette fois-ci bien plus curieuse. « Pourquoi tu me demandes ça ? »
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Sujet: Re: land of all | leigh Jeu 30 Aoû - 23:21
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La main glisse contre le menton, les yeux se perdent quelque part dans le vague. Se tourner vers l’avenir, c’est sa devise. Profiter du présent, c’est carrément son motto. Dès lors, l’incident déjà relégué au passé n’alterne plus le cours chaotique de ses pensées. Désordonnée de la façon la plus improbable qu'il puisse exister, la chef de zone n’en reste pas moins centrer sur l’instant. Ses prunelles suivent les gestes un peu empressés de la brune. Elle se dit qu’elle devrait la laisser faire son taf plutôt que de rester planter là à lui taper la discussion, à la distraire en lui parlant d'Erin. Après tout, c’est à la bergère qu’il incombe d’assurer le bien-être de ses petites brebis. Seulement, cela lui parait si facile de communiquer avec Whilelmina et de trouver en elle, une alliée qu’elle outrepasse quelque peu ce que le protocole lui ordonnerait. Leigh doute qu’une telle chose existe réellement mais si c’est le cas, pour sûr que c’est Mendoza qui l’aurait inventé. Un léger rictus vient éclairer sa mine quand la petite semble s’inquiéter de cette interrogation pour le moins incongrue. « Oh pour rien. J’avais l’impression qu’elle avait moyennement envie de rester mais je crois que ça a changé. Au moins un peu, pour le moment. J’aimerais qu’elle se sente bien par ici. Du coup, si tu peux aider à ça, sait-on jamais. Tu auras ma reconnaissance éternelle. » Petite courbette guindée pour faire bonne mesure, annoter son propos. « Je le pense aussi, qu’on peut avoir confiance. Raison de plus pour la garder à proximité, hey ! Par les temps qui courent, c’est une denrée rare. » Le sourire se craquelle à ce songe. Elle-même ne compte sur personne à part sur elle-même. Triste époque à laquelle ils vivent, baigné dans un climat de paranoïa qui amenait ainsi des mères à refuser l’accès aux soins à leur gosse malade. Tout ça la dépasse, l’ancienne activiste.
L’expression légèrement songeuse bascule vers plus de sérieux. « Allez, je vais te laisser bosser. » Petits pas exécutés vers la sortie qu’elles viennent d’emprunter. Les mains s’enfoncent dans les poches tandis que la nonchalance reprend totalement ses droits sur la carcasse de la furibonde, elle a un pied dehors déjà. « Fais gaffe à toi, Jennings, les bons cœurs, ça a tendance à attirer les charognes. » Avertissement pas vraiment pensé mais tout juste bon à balancer à ceux qui auraient tendance à s’oublier. Et Leigh pense que la soignante se range aisément dans cette catégorie. Peut-être qu’elle commence à l’idéaliser la gamine. Mais peut-être pas. Peu de gens se dévoueraient à bosser dans cet endroit, à prodiguer des soins comme elle le fait. L’humanité de la gosse est une aubaine pour l’américaine. N’en déplaise aux plus endurcis, aux plus aigris qui s’appliquent à utiliser l’option pragmatique pour balayer les questions qui comptent. Celles qui rappellent qu'ils sont tous humains. Et tous égaux. (Normalement.)