à ma place | nino

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nino fran
«un geste, un pas vers moi»

Gueule de bois assurée. Fran se massait encore les tempes pendant qu’elle sortait de son baraquement au radar, les cheveux peignés à la va-vite et attachés en une queue désordonnée. Son jean de la veille enfilé à la hâte au même titre que le débardeur et les bottes – aux lacets traînant dans la terre sèche –, elle les avait ramassés au pied de son vieux lit de camp. Lit où elle n’avait pas fini seule et elle devinait d’ores et déjà les railleries d’une certaine brune à stetson. C’était après tout à cause ou grâce à elle que Francesca avait fini complètement ivre et n’était pas rentrée en mauvaise compagnie dans son abri.

Lamborghini devait avoir au moins aussi faim qu’elle mais la priorité restait bien sûr et toujours son cheval. Et puis Fran n’était pas du genre à faire des pancakes pour le premier type venu aussi mignon et doué soit-il. Elle était plutôt du style à soigner le mal par le mal et à ignorer les marteaux qui tambourinaient dans son crâne pour aller braver l’extérieur et se rendre vers la grange afin de récupérer du foin pour son cheval. Cette petite promenade à une heure encore paisible dans le campement lui offrait un calme salvateur et une chaleur douce qui venait réchauffer ses épaules.

La cavalière atteignit la réserve à nourritures et à paille quelques minutes plus tard, étouffant un bâillement prononcé alors qu’elle passait la porte. Un couinement canin attira son ouïe et au lieu de s’en foutre royalement, Fran s’avança un peu plus profondément dans la grange à la recherche de l’origine de ce bruit. Les canidés n’étaient pas rares dans le coin mais elle se demandait bien qui avait laissé le sien dans les parages. Une autre porte s’ouvrit sous le passage de la blonde et baigna d’une douce lumière matinale la frimousse du fameux jappeur en série … et la silhouette avachie dans la paille d’un énième petit génie persuadé que les ballots stockés dans ce coin faisaient un excellent couchage. Le repère des lendemains de cuite. Si cependant Fran était presque déjà partie pour aller chercher un seau d’eau glacée et le balancer dans la tronche du quidam, elle refréna bien vite cette envie en reconnaissant la chevelure d’ébène en bataille de Nino. Ca alors. L’élève prodige avait-il donc pris sa raclée hier soir ? « Tiens, la belle au bois dormant … Salut. » Il émergeait déjà, le son de sa voix ainsi que le son sourd de ses bottes frappant la terre d’un bruit sourd en guise de réveil-matin.

Avec un petit sourire narquois, la blonde s’avança jusqu’à lui pour lui faire de l’ombre, le chien sur ses talons. « Je t’ai vu hier soir. Tu m’évitais ? » Question purement ironique et rhétorique car en effet, s’il y avait bien un individu dans ce ranch à qui il ne risquait pas de vouloir faire la conversation, c’était elle. Il l’avait très bien dit lui-même il y a plusieurs mois : elle n’était pas une fille bien. Depuis ce jour au mall, ils ne s’étaient jamais reparlés et c’était certainement mieux ainsi. Pour lui. « On peut pas esquiver éternellement les mauvaises personnes, tu sais. » Oh, la vengeance était douce quoiqu’encore trop gentille au goût de la cavalière. Mais elle venait de se lever il y a peu elle aussi et la nuit avait été à peine plus reposante pour elle que pour l’autre. « Surtout vu qu’on est maintenant en alliance. » En voilà une nouvelle qui allait l’enchanter. Obligé de coopérer avec la blonde la plus pénible à des kilomètres à la ronde. Qu’avait donc fait le grand Nino Weaver de si vilain pour mériter une telle punition ? Au moins un meurtre.

Il était tôt et elle le cueillait tout juste libéré de Morphée, quelle plaie. Cependant elle ne comptait pas lâcher l’affaire aussi facilement. Alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir la bouche pour reprendre la parole, de l’agitation entre ses mollets lui fit baisser le nez. Le toutou avait dans la tête de s’accaparer l’attention de la Crimson, et elle était une cible bien trop facile. Fran s’abaissa pour caresser le crâne de l’animal, laissant ses doigts farfouiller dans le pelage et un sourire un peu enfantin fleurir sur ses lèvres une subtile seconde avant que finalement sa voix ne transperce le silence lumineux de la grange. « Joey n’est pas venu pour fêter ça ? » Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle ne voulait pas faire une énième déclaration de guerre, mais elle savait que Nino allait vouloir s’enfuir et éviter le conflit. Elle, elle voulait parler. Le provoquer n’était pas une idée sage et mature mais elle ne savait que communiquer de manière brute, il était loin de l’ignorer.

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+ Après une soirée riche en émotion, Nino n’avait malheureusement pas réussi à regagner la mine et après avoir rôder un moment dans le ranch à la recherche d’un endroit où crécher, il avait finalement opter pour la paille de la grange comme matelas. Loin d’être un lit de luxe, cela faisait néanmoins parfaitement l’affaire au vu de son état et après s’être assuré de laisser une petit bol d’eau à son petit chiot, le brun s’était laissé tombé dans les bras de Morphée. Trop assommé pour se réveiller, l’éclaireur ne bougea pas d’un iota malgré la vie qui commençait doucement à reprendre autour de lui et par chance, personne ne poussa la porte du bâtiment avant que les premiers rayons du soleil de pointèrent leur nez à travers les planches en bois des murs. A cause des bruits environnants, le petit chiot commençait doucement à couiner sûrement curieux de savoir ce qui se passait de l’autre côté. « Hmm.. Poutine, arrête de pleurer... » Encore à moitié endormi, Nino essayer de regrouper toute son énergie pour enfin bouger son derrière, ce qui dura un peu plus longtemps que prévu.

Alors qu’il se frottait doucement les yeux, la porte de la grange grinça, indiquant ainsi que quelqu’un pénétrait dans les lieux. Incapable de réellement jauger l’heure qu’il pouvait être, Nino resta immobile dans l’espoir que les différents matériaux agricoles entreposés le camouflaient suffisamment pour ne pas avoir à justifier sa présence. Comme le soleil donnait directement sur l’entrée, l’ancien moniteur de snowboard ne parvenait pas à distinguer autre chose qu’une silhouette féminine et quand cette dernière le remarqua, il était déjà trop tard pour ne pas jouer les squatteurs surprises. Néanmoins, même s’il était un peu gêné d’avoir passé la nuit dans un endroit sûrement pas convenu pour cela, il se doutait de ne pas être le seul dans cette situation -du moins c’était ce qu’il s’imaginait d’après les souvenirs de fin de soirée. « Je.. Je vais... » La gorge un peu sèche et la bouche pâteuse, Nino peinait a prononcer une quelconque explication et alors qu’il cherchait du regard sa gourde, il fut saisi par la voix familière qui l’interpella.

De toutes les personnes au monde, Fran était sûrement dans les dernières qu’il souhaitait voir au réveil, surtout après une soirée si difficile. Sans surprise, cette dernière s’amusait déjà de sa position, visiblement ravie d’être en position de force. Épuisé et pas forcément enclin à faire la conversation, Nino se contenta d’attraper sa gourde pour se désaltérer, en espérant au passage que la blonde passerait sa route. Seulement, c’était mal connaître Fran, la plus chieuse des chieuses, qui adorait se faire détester. Immobile, elle revenait sur la soirée et plus précisément sur la manière dont il l’avait soigneusement évité. Une remarque qu’il ne comprenait pas vraiment, après tout elle devrait être la première heureuse de ne pas s’être retrouvée obligée à parler avec lui. « Pourquoi j’éviterais une pimbêche comme toi ? » Leurs manières de fonctionner n’étaient clairement pas similaire et si au mall il avait essayer de comprendre, il avait après ce jour totalement abandonné l’idée. Fran était quelqu’un d’hystérique et finalement, il aurait mieux fait de suivre les conseils de son meilleur ami. D’ailleurs, alors qu’elle caressait doucement la tête du petit chien en joie de voir une nouvelle tête, la crimson le questionna une nouvelle fois au sujet de Joey, ce qui le poussa presque à se demander si cette dernière n’avait pas une obsession pour lui. « Il te manque tant que ça pour que tu fasses une fixette pareille ? » De toute manière, Nino n’avait pas la moindre idée d’où pouvait bien se trouver son frère de coeur après cette nuit de perdition. Soit ce dernier somnolait aussi dans un coin, soit il était rentré sagement à la mine pour dormir dans un vrai lit.

S’il avait su que son réveil serait orchestré par Fran, il aurait sûrement traverser le chemin qui le menait jusqu’à la mine en pleine nuit. Une réalité qui permettait au moins de mesurer à quel point il n’appréciait pas la blonde et ce malgré l’amitié qu’ils avaient pu avoir autrefois. « Poutine, viens ici. » Encore trop jeune pour être réellement obéissant, le chiot se contenta de regarder son maître avant de finalement s’allonger sur le dos pour présenter son petit ventre. Un comportement qui en d’autres lieux l’aurait sûrement fait sourire, mais malheureusement aujourd’hui rien ne semblait lui sourire. Bien décidé à ne pas s’éterniser, Nino regroupa ses quelques affaires dans son sac à dos tout en veillant à remplir de nouveau le récipient qui servait de gamelle d’eau à sa boule de poil.

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nino fran
«un geste, un pas vers moi»

Elle éclata de rire spontanément. Pourquoi éviter tout contact avec Francesca Swanson ? Vaste question, thématique houleuse, hypothèses nombreuses. Nino était celui qui faisait comme si elle n’existait pas. Elle, elle ne savait pas encore ; elle n’avait pas décidé si elle lui ficherait la paix ou si elle essaierait de le pousser un peu à bout. Pourquoi ? Là encore, grand point d’interrogation. Parfois, le plaisir de se montrer insupportable envers quelqu’un ne souffrait d’aucune justification. « A toi de me répondre. » conclut-elle seulement d’un haussement d’épaules.

Il y en avait un qui n’aurait pas manqué l’occasion de sauter à la gorge de la blonde sans préemption et ce quelqu’un était Joey. Le meilleur ami du brun avait un tempérament peu enclin à engager la paix. Si la cavalière avait eu le plaisir de retrouver Nino, elle n’avait dès lors pas croisé une seule fois son fameux frère d’armes. Il devait visiblement être trop occupé – à se battre, à chercher les ennuis ou à être au service de la Mine. Fran avait du mal à l’imaginer en soldat discipliné mais il y avait une première fois à tout. A défaut de le voir en chair et en os, donc, elle le mentionnait. Cette insistance ne plaisait pas forcément à l’autre, qui commençait à soupçonner un début de maniaquerie chez la blonde qui renifla d’un air amusé. « J’sais pas. Ca me manque de m’engueuler avec quelqu’un qui a du répondant. » Une petite pique pour la route ? Peut-être, peut-être pas. Elle racontait peut-être même la vérité, ou alors elle disait n’importe quoi tant que ça la chantait. Instable comme toujours, un peu trop pour Nino.

Sur l’appel du pied et de la voix de son maître, l’animal réagit mais pas de la bonne façon, s’étalant sur le dos. La blonde arqua un sourcil dubitatif. « C’est ton chien ? » Oui, évidemment, mais elle n’avait pas su retenir l’étonnement. Cette adorable boule de poils appartenait donc à Weaver. Elle aurait du le voir venir : comme si être infiniment trop gentil n’était pas suffisant, il fallait qu’il ait un animal de compagnie tout mignon pour en rajouter une couche. Devant le manque d’obéissance du canidé, la cavalière eut un petit rictus avant de s’accroupir pour caresser le ventre du dénommé Poutine. « Il n’a pas vraiment l’air à l’écoute, sûrement la jeunesse … Mh, n’est-ce pas ? Tu voudrais bien rester ici, hein ? » Le chien, lui, n’avait en effet plus vraiment de raison de partir maintenant qu’on le choyait dès le réveil.

Pendant quelques secondes il n’y eut que le silence, Fran grattant entre les oreilles d’un Poutine satisfait, et Nino attendant sûrement que la farce se termine. Ce n’était pas pour tout de suite. « Je crois qu’il a choisi. » Bah voyons. Et ça l’arrangeait ; au moins, Nino était forcé de devoir attendre que le toutou ait eu sa dose de câlins. « Au fait, Idyl est pas dans le coin ? J’suis surprise. » Ca non plus, ça n’était pas passé inaperçu hier soir. En réalité la brune n’avait rien à lui cacher et pour cause elle n’avait aucune raison de le faire envers la blonde. C’était donc sans détour et avec un minimum de sens de déduction que Fran avait compris que Weaver s’envoyait en l’air avec Hawkins – du genre, régulièrement et sans trop de préambules. Bon, elle ne jugeait pas : l’homme avait ses besoins, la femme aussi. Seulement elle ne l’aurait jamais deviné et pour le coup l’apprendre lui avait arraché une drôle de réaction, à mi-chemin entre le ricanement narquois et le haussement de sourcils. Ouais, peut-être qu’elle l’avait un peu jugé en fin de compte.

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+ Usé par la nuit qu’il venait de passer, Nino sentait son cerveau tambouriner dans sa boîte crânienne sans la moindre retenue. Si la douleur en elle même restait plus que gérable, il devait avouer que la voir combiner à la présence de Fran relevait désormais plus de la torture qu’autre chose. Néanmoins, malgré sa bonne volonté, il n’avait pas vraiment le choix de composer avec, à moins bien sûr de déclencher un scandal à une heure si matinale chez leurs nouveaux alliés. Le genre de conflits qu’il préférait largement éviter, au moins pour son groupe, malgré la tentation plus que présente. Comme la blonde ne lâchait pas l’affaire, Nino se voyait forcé de rentrer dans son petit jeu, sans avoir pu émerger totalement. « Désolé de t’annoncer que cela ne lui manque pas vraiment. » Si Joey se tenait dans la grange, l’échange ne se déroulerait clairement pas ainsi et curieusement, il était certain que l’autre ne ferait pas autant la maline si cela avait été le cas. Néanmoins, même s’il aurait apprécié la présence de son meilleur ami dans la pièce, ce n’était malheureusement pas le cas et il fallait se faire violence pour encaisser une nouvelle fois le caractère hystérique de la crimson.

Une fois relevé, l’éclaireur passa rapidement sa main dans ses cheveux, histoire des coiffer un minimum et surtout de retirer la paille qui aurait pu s’y glisser. Une fois prêt à repartir, le brun tenta de rappeler son chien qui lui ne semblait pas vraiment d’accord avec cette proposition. Heureux de se faire papouiller, Poutine présentait désormais allégrement son ventre à la jeune femme qui le lui rendait bien. Trop gentil pour retirer son chien de cette dose de douceur, Nino poussa un soupire avant de finalement se reposer résigner sur la botte de paille. Alors qu’il fouillait dans son sac à dos, Fran s’hasarda sur une question rhétorique vis-à-vis du lien qui reliait l’animal et le mineur. « Oui. » Une confirmation qu’il affirmait avec fierté, avant de finalement lever les yeux en l’entend prétendre que la bête à poil préférerait rester à ses côtés.

Plus malin qu’elle, Nino ignora la provocation et extirpa finalement de son sac son paquet de clopes pour venir en glisser une entre ses lippes. Malgré la gueule de bois évidente qu’il se tapait, l’éclaireur se voyait mal se passer de son petit rituel du matin qui restait certainement son plus gros vice. Une fois la précieuse allumée, il reposa ses yeux sur l’animal qui semblait aux anges entre les mains de la blonde. Ce bref moment de sérénité lui faisait presque apprécier le charme de la grange, mais c’était sans côté l’endurance de la crimson. Pour une raison étrange, cette dernière s’amusait de sa relation avec Idyl qu’il ne cachait au final pas vraiment. Dans la soirée, ils s’étaient effectivement offert un petit moment d’intimité dans les draps de la brune, mais il ne voyait pas du tout en quoi ça concernait Fran. « Jalouse Swanson ? » Amusé, il lui adressa un sourire moqueur persuadé qu’elle profitera de l’occasion pour venir encore une fois les critiquer pour des vérités extrapolées et mal interprétées.

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nino fran
«un geste, un pas vers moi»

Intérêt non partagé entre elle et Joey : la cavalière aurait du s’y attendre. « J’m’en remettrai. » fit-elle, faussement nostalgique, clôturant ainsi la parenthèse sur le larron toujours manquant de leur ancien groupe. Celui-là appartenait désormais au passé, enterré et oublié pour de bon.

Jalousie. Fran manqua de s’étouffer et de s’esclaffer face au ridicule de la chose. Il en avait de l’imagination, le Nino. « Ben voyons. T’aimerais bien ? » Ses yeux croisèrent les siens, indéchiffrables, avant de se rabaisser vers Poutine. « Désolée mais non. Vous faites ce que vous voulez, je m’en tape. » Un reniflement sec avant que son ton ne devienne plus sec et cassant. « J’espère juste que tu te fous pas de sa gueule. » marmonna t-elle. Elle savait à quoi s’en tenir maintenant qu’elle avait intégré que Nino Weaver n’était pas le gentil garçon inoffensif qu’on pouvait croire sur parole et dont on ne devait pas se méfier. Et qu’il ait ou non sauvé cette fille en abattant son agresseur ne changeait qu’une partie de la donne. Elle y avait réfléchi, plus que de raison et sûrement parce qu’elle réagissait un peu trop avec ses tripes au lieu de raisonner avec pragmatisme. Le mensonge, peu importe ce qu’il représentait et justifiait, pouvait prendre plusieurs formes. Fran appréciait de toute manière un peu trop Idyl pour qu’elle la laisse fricoter avec un mec trop compliqué, trop problématique, et surtout bien trop cachottier à son goût.

L’odeur de la cigarette lui chatouilla les narines ; Francesca tiqua. Soit il le faisait exprès, soit il n’avait aucune idée de l’ampleur des dégâts qu’un peu de paille séchée et une cigarette mal éteinte pouvait causer. « Au cas où … On fume pas ici. Tu risques de foutre le feu à la grange et c’est le genre d’accident qu’on préfère éviter. » Il y avait eu suffisamment de fumée et d’odeurs de brûlé comme ça au Ranch des Rhodes pour un petit moment. Les derniers incendies bien que facilement maîtrisés avaient fait des dégâts dont ils se remettaient depuis peu. Fran se montrait plus protocolaire qu’elle n’en donnait l’air de prime abord mais le Ranch était devenu sa maison. Elle y tenait farouchement et n’avait guère l’intention de le voir partir en fumée pour un peu trop de laxisme.

De toute façon il n’était pas si stupide. Il l’éteindrait, cette clope. Ou elle irait s’en charger elle-même. En attendant, la cavalière retourna à ses activités, suivie de très près par un Poutine désappointé que les caresses ne s’arrêtent là. La mécano remarqua le manège canin et retint un sourire tandis qu’elle charriait un peu de paille dans un grand seau destiné à Lamborghini. « Tu l’as trouvé où ton chien ? » La réponse l’intéressait très sincèrement. Ici, ce n’était pas rare que des gens possèdent un animal de ce genre, ils servaient surtout pour la chasse et avaient toujours fait plus ou moins partie du paysage. Mais avant d’être arrivée jusqu’aux contrées des cavaliers, Francesca se souvenait très bien du peu de chiens, chats et autres compagnons du même acabit qu’elle avait croisé. Certaines espèces animales avaient du tout bonnement disparaître avec l’apparition des walkers. Alors elle se demandait naturellement où Nino avait déniché la brave petite boule de poils qui le suivait partout.

Sans mot dire, la blonde se dirigea vers un autre recoin de la grange d’où elle ressortit avec un petit pot d’eau et quelques sticks de ce qui ressemblait à du bœuf séché. « Tiens. » Le bref repas improvisé fut posé sous le nez du chien, qui n’allait clairement pas se contenter de renifler la nourriture qu’on venait de lui servir. Certains avaient semble t-il un léger traitement de faveur.

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+ Apprendre que Fran et Idyl étaient amies ne l’étonnait pas vraiment et pour dire vrai, il devait même admettre que les deux jeunes femmes possédaient finalement un caractère assez similaire. Cependant, à l’instar de la blonde, l’ancienne militaire ne lui piquait pas ses vivres et ne lui promettait rien de plus que ce qu’elle pouvait offrir. Malgré ce que semblait penser la rideuse, leur relation était aussi simple que saine et si elle restait qu’un plan cul, cela ne sous-entendait pas qu’il ne prenait pas un minimum soin d’elle. Idyl comptait, pas parce qu’il avait des sentiments pour elle, mais simplement parce qu’elle occupait une place dans sa vie, un détail qui dans ce monde comptait. « Contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas le croque-mitaine. » Une réalité que la blonde continuait de refuser corps et âme, et ce malgré le comportement pacifique qu’il adoptait avec elle -bien que l’envie de l’envoyer péter ne manquait pas.

Blasé par le comportement puéril de la blonde, Nino extirpa en soupirant son briquet de la poche arrière de son jean avant de finalement se faire reprendre comme un enfant. Pas si stupide qu’elle le pensait, l’éclaireur ne comptait effectivement pas fumer dans la grange, mais simplement s’assurer qu’il avait de quoi l’allumer pour la savourer au niveau de l’entrée. Trop fatigué pour répondre, le brun se contenta de lever les yeux au ciel, avant de traverser le lieu et ainsi s’adosser au cadre de la porte qui donnait sur un ranch tournant un peu au ralenti. La soirée n’avait pas été compliqué que pour lui et à en voir les quelques riders éveillés, ils n’allaient pas passer une journée très productive. Pour ce qui était de la sienne, l’éclaireur comptait avant tout faire un tour du ranch pour ramasser les quelques miners encore endormi avant de reprendre la route de la mine pour veiller à ce que tout le monde soit rentré.

Une fois sa cigarette allumée, Nino ferma un instant les yeux pour profiter de la chaleur du soleil, avant d’être de nouveau coupé par la crimson. Moins agressive qu’auparavant, la blonde s'intéresse de prêt à l’animal ou plus précisément à sa provenance. Croiser des petits chiens dans ce genre n’était pas commun, surtout aussi jeune. « Poutine ? Je l’ai trouvé dans un restaurant canadien en bord de route, il était pas en forme, mais visiblement il va mieux. Pourquoi ? » Malgré une fierté évidente dans sa voix, Nino restait sur ses gardes, persuadé de se voir encore une fois critiquer par la blonde qui adorait le provoquer sans raison. Néanmoins, comme elle se montrait plutôt généreuse avec la boule de poils, il osait imaginer qu’elle se montrait simplement curieuse vis-à-vis de son compagnon qui à défaut d’être utile à la survie, savait redonner le sourire.

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nino fran
«un geste, un pas vers moi»

Sur la défensive. Le brun n’avait pas digéré leur dernière rencontre et il avait adopté une attitude méfiante comme si Fran eut été porteuse de la peste ou pire encore, de l’Influenza elle-même. Elle l’avait cherché, quoi qu’à ses yeux elle méritait davantage d’ouverture que ce qu’il lui en offrait. Certaines explications avaient été données et si depuis le temps elle n’avait pas vraiment eu le temps de cogiter sur les accusations qu’elle avait imputées à Nino jusqu’ici, elle avait été contrainte de revoir son opinion. Maintenant qu’il n’était plus seulement un tueur, mais un défenseur de la veuve et de l’orphelin ; elle était repassée dans le camp des méchants à qui on ne pouvait pas faire confiance sans risquer de se faire dévaliser. Si seulement c’était aussi simple !

S’intéresser à son chien, bien que cela eut été intelligent, n’était même pas une tentative de stratégie de sa part. Elle aimait sincèrement la présence des animaux, passant plus de temps que de nombreux cavaliers auprès des montures ou des chiens de chasse quand elle en avait la faible opportunité. C’était amusant et un brin réconfortant de voir que lorsque les humains étaient encore en train d’aggraver un peu plus leur cas, les quelques autres êtres vivants menaient une existence plus paisible et éloignée de leurs soucis. « Comme ça, par curiosité. » Pas la peine de chercher un autre prétexte.

Le toutou finissait déjà son petit encas avec enthousiasme, l’odeur de cigarette venant chatouiller les narines de la mécano. Décidément, il ne tenait pas à lui simplifier la tâche. Elle pouvait au moins reconnaître sa ténacité. « J’sais que t’es pas un croque-mitaine. » finit par répondre avec un peu de retard la cavalière. Ses iris échappaient toujours au regard de Nino, volontairement ou non elle restait entièrement concentrée sur le chien. Finalement Poutine lui-même décida de mettre fin à cette facilité d’esquive, se remettant sur ses pattes pour aller rôder non pas près de son maître, mais dans un autre recoin de la grange. C’était donc l’animal qui choisissait quand mettre fin à leur cohabitation forcée, ce qui aurait pu l’amuser – en vain. La blonde s’épousseta les mains, a priori à court d’arguments cinglants et de répliques piquantes. « Y a quand même une chose que je me demande. »

Elle quitta sa position accroupie pour se redresser de toute sa hauteur et cette fois observer fixement le mineur. Son visage n’exprimait pas le moindre signe d’ironie, de colère ou de ressentiment. Elle n’était plus l’arrogante Crimson d’il y a quelques minutes, plutôt une sorte d’individu en quête de jugement, dans l’hésitation entre deux choix. Quelqu’un qui avait besoin d’informations supplémentaires pour savoir comment agir. « Pourquoi t’en as jamais parlé ? » Pour un tas de raisons valables ou non, Nino avait décidé de ne pas préciser ce fait d’arme à l’un des deux Swanson. Son meilleur ami non plus. Le mal était fait et rien ne changerait cela mais Fran ne pouvait pas empêcher ses quelques maudits neurones de parfois un peu trop s’agiter pour rien. « On a vécu deux mois dans la même cabane juste à côté du macchabé. » Ou pas bien loin … enfin trop près de ce foutu corps crevé. Elle aimait moins la mort qu’on pouvait se le dépeindre, et quelque part ce n’était pas parce qu’on avait une tendance un peu trop cyclique à la violence qu’on souhaitait détruire tout autour de soi. « Ca en fait, du temps, pour discuter. » Deux fois trente jours à vivre dans le même espace restreint. Il y avait bien du en avoir, des occasions de peut-être avouer. Après tout, si ce qu’il avait révélé l’autre fois était vrai, il était très loin d’être en tort. Il avait seulement défendu une pauvre fille, il avait fait ce que tout humain aurait du spontanément faire.

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+ Moins agressive que lors de leur dernière rencontre, Fran semblait soudainement vouloir lui accorder le bénéfice du doute et ainsi écouter sa version des faits. Un revirement de situation un peu tardif aux yeux de l’éclaireur qui hésita d’ailleurs à offrir une quelconque réponse. Après la trahison et les insultes passées, la blonde ne méritait clairement pas autant d’attention et si Joey s’était lui aussi trouvé dans la grange, il aurait sûrement coupé court à l’échange. Seulement, à l’inverse de son meilleur ami, Nino savait se contrôler et faire preuve de maturité quant-il le fallait, même face aux personnes qui ne le méritait pas forcément. De plus, après avoir espéré tant d’année avoir cette conversation, il ne pouvait tout bonnement pas se retirer aussi rapidement -du moins sans le regretter immédiatement. Parler n’engageait à rien, et avec un peu de chance il parviendra peut-être à rendre l’autre un minimum coupable face à ses actes.

Une tâche qui s’avérait difficile quand on connaissait l’insolence de la blonde, qui au mall s’était presque vantée de son hold-up surprise. Une mauvaise blague qui malheureusement restait au travers de la gorge des deux garçons, sans jamais réellement s’atténuer. Le manque d’explication n’avait que aggravé et alimenté la haine ressentie à l’égard des Swanson et aujourd’hui peut-être, ils parviendraient à refermer quelques plaies ouvertes. « Parce que j’étais pas très fier de ce que j’avais fait ? Je voulais pas que vous pensiez qu’on était dangereux. » Pour Nino, tuer un être vivant restait, peu importe la nature de cette personne, un acte cruel et difficile à accepter. Seulement, comme Fran avait débarqué le lendemain sans prévenir chez eux, on ne pouvait pas vraiment dire que le brun avait réellement réussi à digérer complètement l’information. Faute de savoir géré, il avait finalement préféré se taire, persuadé que le temps aiderait.

Malheureusement, c’était sans compter sur la découverte macabre de la trop curieuse Fran qui au lieu de venir lui poser directement la question, avait préféré fuire comme une lâche. Le genre de comportement que le loyal et fidèle Nino ne concevait pas, même avec la meilleure volonté du monde. « Puis au final on s’est dit que c’était plus simple de garder ça secret, étant donné que ça datait d’avant votre arrivée. » Le passé appartenait au passé, tous les survivants s’accomodaient en général plutôt bien de cette règle officieuse, à commencer par la blonde dont il ne connaissait finalement que trop peu de chose. « On aurait peut-être fini par vous en parler, mais malheureusement on a pas eut ce droit. » Une conclusion ironique qu’il ponctua d’un sourire cynique, avant de lui tourner légèrement le dos pour profiter de la chaleur du soleil.

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survit depuis le : 23/07/2018

nino fran
«un geste, un pas vers moi»

Il semblait gamberger, se demandant si répondre valait mieux qu’un silence de sa part. Il ne devait pas vraiment voir l’intérêt de sa question ou peut-être se poser celle du mérite de sa franchise. Fran attendait des explications alors que l’autre voulait sûrement clôturer le chapitre et passer à autre chose. Pour lui, tout ceci appartenait au passé et elle avec.

Et si la cavalière admettait sans aucune difficulté avoir la mémoire vive et les reproches aussi faciles que tenaces, elle voulait savoir ce qui avait poussé Nino au silence. On n’avouait pas au premier venu une telle confession et la sagesse d’un pacte entre Joey et lui pouvait amplement s’imaginer. Sauf que quelque chose ne collait pas. Ils n’avaient pas tué un innocent ou un humain lambda, ils avaient éliminé un cinglé. Il n’y avait pour elle pas de remords à éprouver d’avoir mis fin à la vie d’un décérébré incapable de la garder dans son froc. Et pourtant c’était précisément ce qui avait hanté le brun ; la culpabilité.

C’était compliqué. Il y avait peu de chances qu’il mentait et malgré ça Francesca continuait à douter, à chercher la petite bête, à vouloir trouver l’incertitude faillible qui lui offrirait une raison réelle de se méfier de lui. Vieux réflexes pour se dédouaner et faciliter l’acceptation qu’elle avait peut-être tout gâchée pour une mauvaise excuse. « T’as dit qu’il essayait de violer cette fille. Ce type était forcément plus dangereux que vous. » C’était une façon comme une autre de lui signifier qu’il n’y avait même pas à discuter : il avait fait le bon choix mais pas le plus simple assurément. Elle passa une main sur son visage, se frottant les yeux grossièrement. Cette discussion était moins simple qu’elle ne l’avait voulu, mais trop tard pour reculer. « Je vois. » Pour ce coup, Fran se sentit légèrement piquée au vif. Elle, elle n’avait pas eu la même prudence vis-à-vis de lui ; elle lui avait parlé, elle lui avait raconté certaines choses – par faiblesse d’esprit ou par seul besoin d’être écoutée une fois sans être jugée. Une erreur qu’elle n’allait pas refaire deux fois.

Alors qu’une lueur d’espoir avait partiellement éclairé la grange, l’orage ne grondait jamais très loin d’eux. Rattrapé par le souvenir aigre de son mauvais coup, Nino eut le mot de trop, celui qui fit retomber tout le calme que s’était évertué à maintenir Fran. Supporter la haine, la colère et les accusations, d’accord, mais pas les choses qui n’étaient pas de sa responsabilité. « Oh mais c’est tellement facile de dire ça. » soupira t-elle dans un râle agacé en décroisant ses bras. Il fallait croire que ça dépannait de coller des étiquettes sur la tête des gens et la sienne était plutôt précise sur le rôle qu’elle avait aux yeux du mineur. « Ca aussi ça va être de ma faute. » Un rire sec et mauvais qui claquait comme un coup de tonnerre, Fran s’écartant de son point d’appui pour s’approcher de Nino lentement. « Tu veux que je te dise ? Si tu fais confiance aux gens de ton groupe, t’es honnête et tu dis les choses, même si c’est moche et que ça peut faire flipper. C’est le risque. Peu importe que ça soit du passé ou pas. » Ils auraient très bien compris. Jack et Fran n’étaient pas des anges, ils étaient des escrocs, des opportunistes et des bagarreurs-nés alors ils savaient bien mieux que lui ce que c’était que de devoir sauver leur peau coûte que coûte. Ils avaient lutté comme des diables pendant quatre ans pour avoir leur répit. Jamais l’un des deux Swanson n’aurait eu le culot de les critiquer là-dessus, surtout pour la vie d’un salopard de violeur. En réalité ils avaient rendu un gros service à bon nombre de femmes. « Sinon ça veut juste dire que tu leur fais pas totalement confiance. » Et s’il pouvait le lui dire rapidement, elle serait au moins fixée. Elle serait peut-être un peu déçue. Non, elle s’en foutait complètement. Ce mec était insupportable, trop parfait pour comprendre que le reste du monde lui, se foirait régulièrement et n’avait pas un parcours digne d’un super-héros.

La blonde n’était plus qu’à quelques mètres de lui et elle s’arrêta, laissant une distance de sécurité presque trop réduite pour en être réellement une. Dos tourné ou non, elle s’en moquait : ça ne la privait pas de continuer ses questions toujours plus étranges. « Si t’avais découvert que j’avais buté quelqu’un et que je t’en avais pas parlé, tu serais resté ? T’aurais vécu sous le même toit que moi en attendant gentiment que je m’ouvre à toi ? T’aurais pas songé une seule seconde à garder ton arme près de toi la nuit, je suppose ? » Mais non, la confiance régnait, évidemment.

survit depuis le : 24/07/2018

+ Hargneuse et visiblement bien décidé à lui faire porter le mauvais rôle, Fran continuait de gratter en surface pour tomber sur la caverne d’Alibaba. Malheureusement pour elle, l’éclaireur, bien loin du dessin qu’elle peignait de lui ne pouvait tout bonnement pas lui offrir ce qu’elle semblait profondément souhaiter. Ni lui, ni Joey n’étaient de dangereux psychopathe en herbe et si elle le pensait vraiment, elle ferait sûrement mieux de passer son chemin, plutôt que de risquer sa vie pour des broutilles. Un paradoxe qui collait parfaitement à la blonde et que le plus âgé essayait de lui faire comprendre, tout en gardant son calme. Plus détaché que lors de leur conversation au mall, Nino prenait son temps pour formuler ses réponses, histoire de conserver ce semblant de calme qui régnait encore dans la grange. « Oui, enfin ça change rien au fait que je l’ai quand même tué. » Violeur ou pas, il restait avant tout un être humain abattu de sang froid comme un vulgaire lapin. Savoir s’il l’avait mérité ou non importait finalement peu au brun, qui désormais devait vivre avec son choix sur la conscience. Contrairement à ce que la crimson pensait, Nino n’avait tué que deux être humains depuis la fin du monde, à savoir sa mère pour lui abréger ses souffrances et ce parfait inconnu pour l’éviter de faire le mal. Un compte qui pourrait paraître bien maigre pour la plupart des vivants, mais qui pour lui était déjà trop important.

Honteux d’afficher déjà deux meurtre à son actif, Nino s’était effectivement bien gardé de cette information auprès des Swanson, mais cela ne faisait pas de lui le monstre qu’elle semblait percevoir. « Je connais Joey depuis que je suis petit, forcément qu’on vous faisez moins confiance ? » Un manque de confiance qui ne lui semblait finalement pas si blâmable et qui surtout devrait attester de sa culpabilité. Si Fran ne s’était pas enfuie sans crier garde, ils auraient peut-être pu en discuter calmement, autour du feu, comme ils avaient l’habitude de le faire à l’époque. « Non, j’aurai posé la question. » Même si c’était plus facile à dire qu’à faire, Nino était réellement persuadé qu’il serait venu la voir en découvrant le corps. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait fouillé la maison et elle avait découvert les cadavres de sept gosses de la région, alors pas la peine d’en faire tout un scandal.

De plus, au-delà de se sentir vexer d’apparaître comme un tueur à ses yeux, Nino était réellement blesser de l’entendre dire à tort qu’il aurait pu la tuer. « Comment tu as pu penser qu’on aurait pu te faire du mal ? » Une déception qui résultait de ces deux mois passés à sympathiser et surtout à contempler l’humanité qui les habitait encore, alors que le monde s’écroulait autour d’eux. Seulement, une fois de plus, Nino avait donné sa confiance au mauvaise personne et en récoltait aujourd’hui encore les résultat.

egotrip

survit depuis le : 23/07/2018

nino fran
«un geste, un pas vers moi»

Quand bien même elle lui offrait une possibilité de rédemption, il la refusait tout net tout accroché à ses principes. Ils n’étaient vraiment pas faits du même bois, Fran en avait la confirmation dans le cas où un ultime doute l’aurait prise. La suite allait être compliquée – à expliquer, à désamorcer, à gérer. La cavalière aurait préféré pouvoir répondre à ses questions en toute sincérité et sans retenue aucune. Mais c’était difficile, l’exercice rendu périlleux par le temps, la force des choses et cette volonté écrasante et inconsciente de ne pas laisser la moindre opportunité à Nino de la cerner. A quoi bon ? Ce n’était pas vraiment ça qui l’intéressait. Il n’avait même pas choisi cette rencontre, seul le hasard et son insistance désobligeante l’avaient mis dos au mur. Le jour où il aurait envie de renouer quoi que ce soit … Oh, ce jour-là ne semblait plus prêt d’arriver. Il était loin le temps des nuits paisibles et boisées à discuter de tout et de rien. « … Laisse tomber. » Dans un soupir, elle s’arracha à la contemplation de la ligne d’horizon au-dehors pour s’éloigner dans le fond de la grange et à son tour tourner le dos à l’entrée et à son interlocuteur..

Tandis qu’elle remplissait le vieux seau de foin, sa voix s’éleva dans la grange, monocorde. « Jack m’a demandé de vos nouvelles. » Son père était à bien des égards un homme critiquable mais depuis qu’il avait appris que les deux mineurs étaient toujours bel et bien vivants, il s’était étonnamment mais honnêtement enquis de leur sort. Pas forcément par remords ou par charité ce qui ne lui ressemblait guère mais plutôt parce qu’en dépit de leur fuite brutale, son père avait noué de bons liens avec Joey. S’il avait eu un fils, il aurait sûrement aimé en avoir un de la même trempe. Oh, mais quelle idiote, il en avait déjà un, de fils. Et lequel … « Pour info, c’était pas son idée. » Elle n’avait pas pu le dire auparavant et l’information ne changerait globalement pas la face du monde pour le brun. Mais quitte à ce qu’il en veuille à quelqu’un, autant que ça soit à la bonne personne plutôt qu’à un homme pour une fois innocent.

La cavalière acheva de récupérer ce pourquoi elle était venue ici sans perdre plus de temps qu’elle n’en avait déjà gaspillé. Pourquoi avait-elle voulu discuter avec lui alors que c’était très clairement inutile et peine perdue, le mystère restait entier. La prochaine fois que ça lui prendrait, elle irait faire un tour à cheval. Alors qu’elle passait à côté du miner, la blonde s’arrêta pour poser son regard sur lui puis sur le chiot. « Ravie d’avoir rencontré Poutine. » Elle repartait déjà avec son foin avec la volonté vivace d’oublier au plus vite cette conversation qui risquait de la faire réfléchir plus que de raison. Elle avait déjà assez mal au crâne comme ça, pas besoin d’en rajouter une couche.