I'm held hostage by your love. - ft Elsie

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elsi thomas
« dear heart, could you carry a little less pain ?»

mi-mai 2018

Il tourne en rond. Depuis des jours. Des semaines. Il a cessé de compter depuis un moment ! Il ne veut pas avoir à se rendre compte de combien de temps cela fait. Il préfère rester dans son ignorance plutôt que de souffrir avec cela. Il se protège comme il peut. Mais il n’empêche qu’il souffre malgré tout. Il la voit au loin parfois, mais elle l’évite. Il sait comment cela finirait s’il s’approchait trop prêt. Il a bien essayé de la confronter. Mais à chaque fois elle lui a hurlé dessus. A sens unique ! Chose bien étrange, car il n’est pas du genre à se laisser marcher dessus, Thomas. Seulement il sait que tout est de sa faute et il parait qu’une faute avouée est à moitié pardonnée. Pourtant, il n’a pas constaté que ce proverbe pouvait être vrai ! Qu’est-ce qu’il doit faire pour faire comprendre à cette femme têtue que tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour elle, en pensant bien faire. Il se stoppe en plein milieu de l’habitation qui couvre sa tête, cette dernière qui s’enfuis dans ses paumes alors qu’il tremble, qu’il tente de maîtriser l’angoisse qui fait rage dans tout son corps et son être. Comment pourrait-elle lui pardonner un jour… Il l’a condamné à mort ! Purement et simplement. Et rien que pour cela, il s’en veut et il ne cherche même pas à se défendre face à elle. Il a merdé. Et c’est irréversible…

Puisqu’il n’arrivera de toute façon pas à fermer l’œil. Il n’y arrive plus depuis … Autant qu’ilse rende au caveau pour travailler un peu, de toute façon les clients neseront pas contre être servis un peu plus tôt ce soir. Au moins, lorsqu’il travaille il y pense moins. Et si cette merde de MST post-apocalyptique à ruiner la seule histoire qu’il a pu avoir, qu’il a voulu avoir surtout.Elle non plus il ne peut pas l’oublier… La pâleur de sa peau, mais aussi son manque d’appétit ! Encore que lui est aussi dû à cette rupture beaucoup trop brutale pour lui. Mais il lui arrive souvent en plein service de sentir son pouls qui ralentit il a même une fois eu l’impression que son cœur allait s’arrêter. Est-ce qu’il serait allé se faire vacciner s’il n’avait pas eu Elsie dans sa vie ? Bien sûr que non. Il se foutait bien trop de savoir s’il allait vivre ou mourir. Il s’était toujours dit que le moment viendrait au moment où il serait temps. Mais elle avait tous changé. Elle l’avait changé… Et durant les cinq dernières années, il n’avait été que lui, que Thomas.Purement et simplement. Et il s’en fallait de peu pour que cela change. C’était palpable, il le sentait comme la rosée du matin qui vient satiner la peau. Ses oreilles traînaient ici et là tandis qu’il s’occupait à troquer un verre d’alcool fort contre une marchandise de valeur supérieure. Seulement ce mec était bien trop con pour s’en rendre compte alors Thomas s’évertuait à cacher l’anguille sous la roche pour réussir deal sans avoir à fournir plus d’effort. « Tu connais une autre voyante dans l’coin, parc’que l’actuelle s’tire il parait ! » Il stoppe net et regarde les deux hommes qui sont en train de discuter un peu plus loin. Il embarque la marchandise et cesse toute négociation avec son client et lorsque Thomas s’éloigne pour rejoindre le duo un poil plus loin, il ignore les protestations du premier qui finit par se taire en avalant à grande goulée son verre d’alcool. « C’est quoi cette histoire ? » Qu’il demande en se penchant, les deux mains en appuie sur le comptoir. « La p’tite brune là, qui nous fait la voyance dans sa boule. Parait qu’elle ferme boutique pour aller en ville, t’es pas au courant ? » Il sent la moutarde lui monter au nez.Pourtant il se contient a tel point qu’une petite veine apparaît même sur son front. Il essaie de ne pas partir dans l’une de ses crises de colère sinon il le sait, il va mettre à sac le caveau et ça va être très mauvais pour les affaires… « Mais comment t’es pas au courant, c’pas toi qui sors avec la p’tite ? » Qu’il enchérit. « Ta gueule et sors d’ici. D’ailleurs cassez-vous tous ! » Dit-il dans un premier excès de rage en envoyant valser d’un geste du bras sur le comptoir, tous les verres présents.

Est-ce vraiment ce qui est en train de se passer ? Qu’elle le quitte, ok. Qu’elle ne lui adresse plus la parole de façon temporaire, il peut l’accepter aussi. Il comprend qu’elle ait besoin de temps.Mais partir de la carrière ? L’abandonner littéralement ! Il ne peut y songer réellement. L’accepter non plus. Nerveusement et d’un pas décidé il marche jusqu’à sa cabane. Il sait qu’il va surement se heurter encore à un mur, mais il en a besoin. De savoir si c’est vrai ou non. Une fois devant cette cabane qui est la sienne, il tambourine à la porte. Il le fait jusqu’à ce qu’elle ouvre. Il manque presque de lui donner un coup lorsque le vide s’ouvre soudain sur son poing. Il reprend contenance et essaye d’adoucir les traits de son visage si crispé à cet instant. « Est-ce que c’est vrai ? » Demande-t-il alors qu’il sent son cœur battre à toute vitesse. Il en a presque envie de vomir tellement le malaise et la peur s’empare de lui.

survit depuis le : 31/01/2017

« My heart is so tired,
but my mind is full of you. »

Partir. Le mot lui semble encore abstrait. Pourtant, c’est ce qu’elle compte faire. Tout quitter, recommencer à zéro. Elle devrait y être habituée, à ce rituel. Ce n’est pas la première fois qu’elle quitte un lieu pour un autre. Déjà avant que le monde ne parte en vrille, elle a été ballottée d’une maison à une autre, elle n’avait que cinq ans à l’époque. Ce n’est pas l’endroit où l’on est qui compte, mais avec qui on est. C’est probablement pour cette raison qu’elle ne se fait toujours pas à l’idée que d’ici quelques jours à peine, elle ne foulera plus le sol boueux de la Carrière. Non, elle ne part pas à l’autre bout du monde, mais tout de même. Elle a du mal à tourner cette page précise. Bien sûr, tout est lié à Thomas, elle ne se voile aucunement la face. Elle est bornée à souhait mais pas encore au point de se mentir à elle-même. Presque six ans, ça ne s’oublie pas en a claquement de doigts, c’est impossible à moins d’être doté d’un cœur de pierre. Et, pour l’instant, Elsie a surtout l’impression d’avoir un vrai cœur d’artichaut à la place d’un organe fonctionnel. Alors, elle a besoin de prendre ses distances, de s’éloigner de lui, de prendre soin d’elle. C’est le moment de se montrer égoïste, de penser un peu à soi. Il faut qu’elle avance, elle ne sait trop comment. Elle se sent vide, elle a perdu sa joie de vivre et son optimisme déconcertant. Ce n’est pas elle. Elle a besoin de se retrouver, ni plus ni moins. Olympia ne pourra que l’aider. Là-bas, elle retrouve son frère, sa meilleure amie, c’est sur eux qu’elle compte désormais, ils sont sa bouée de sauvetage, ils lui maintiennent la tête hors de l’eau, l’empêchent de sombrer encore un peu plus. Elle a vaincu la leucémie, elle peut vaincre ce foutu virus, remettre de l'ordre dans sa vie. Elle va se soigner, remonter la pente, redevenir elle-même, elle se le promet. Et, pour cela, il lui faut prendre ses distances. Il s’agit de l’étape la plus compliquée à ses yeux.

Depuis son lit – s’apparentant plutôt à une sorte d’amas de couvertures qu’à un vrai lit -, Elsie observe le sac à dos plein à craquer traînant à l’autre bout du cabanon. Elle part dans deux jours, elle n’a pas peur, elle est simplement triste. Pas parce qu’elle quitte un clan pour un autre, parce qu’elle a essentiellement le cœur en miettes et l’âme en peine. Ça dure depuis des semaines et pourtant, la douleur reste inchangée. Ceux qui disent que le temps apaise les blessures ne sont que des foutus menteurs, ni plus ni moins. Complètement paumée dans les tréfonds de ses pensées, le regard fixe, elle sursaute alors qu’un bruit sourd lui vrille les tympans. Plusieurs coups frappés à la porte. Elle fronce les sourcils, au fond elle sait pertinemment sur qui elle risque de tomber en ouvrant la vieille porte branlante. Elle soupire tout en se trainant lentement hors du lit. Franchement, elle pensait ne plus revoir Thomas avant son départ. Elle s’est fait un point d’honneur à l’éviter ou à le rembarrer sans ménagement. Elle a également tout fait pour que son départ ne lui parvienne aux oreilles. Apparemment ses efforts sont vains. Il lui faut prendre son courage à deux mains, c’est l’heure. Elle ouvre la porte et s’immobilise, bras croisés contre sa poitrine, l’air renfrogné, le regard filant du poing aux prunelles de Thomas. Elle joue parfaitement la comédie. « Est-ce que tu pourrais être plus explicite ? » En réalité, elle sait exactement de quoi il parle, pourtant elle préfère jouer à l’autruche, prétendre qu’elle ne comprend pas. « Est-ce que c’est vrai que tu m’as refilé un virus ? » Elle fait mine de réfléchir, l’index posé sur ses lèvres. « Est-ce que c’est vrai que tu as tout foutu en l'air ? » Elle frappe fort, peu importe que ça fasse mal, peu importe que ça heurte, peu importe qu'elle se comporte comme une garce. « Est-ce que c’est vrai que je t’ai quitté ? » Oui, bel et bien réel, sans conteste. Il lui a menti, il l’a trahie, de surcroît elle le soupçonne de se taper Dolly. Elle est jalouse comme un pou bien qu’elle ne l’avouera jamais. « Est-ce que c’est vrai que je t’ai complètement oublié ? » Non, mais elle fait mine que si. De toute façon, elle ne peut pas l’oublier, elle peut juste prétendre. D’ailleurs, elle prétend plutôt bien. « Sois précis, je n’ai pas envie de perdre mon temps. Qu’est-ce que tu veux savoir, Thomas ? » Elle se sent odieuse, mais en même temps elle est tellement blessée, elle se sent si seule, qu’elle ne s’en veut même pas pour son comportement.

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elsi thomas
« dear heart, could you carry a little less pain ?»

mi-mai 2018

Lorsque ce qui lui sert de porte s’ouvre sur elle, son cœur rate un battement. Il a l’impression qu’il ne l’a pas vu depuis des semaines. Des années même ! Et pourtant cela fait bien moins, mais c’est déjà trop au gout de Thomas. Il n’avait jamais connu ce sentiment avant elle. Il ne savait pas ce que cela faisait. D’avoir quelqu’un dans la peau au point qu’à l’instant où elle ne se trouve plus près de vous, elle vous manque. Qu’au moment où elle vous quitte, vous avait littéralement l’impression de crever. De vous embrasser de l’intérieur, pour peu à peu, n’être plus rien. Ne plus trouver aucun sens à ce qui était déjà un semblant de vie… Ses bras croisés sous sa poitrine ne lui annonce rien de bon, il l’a suffisamment côtoyé pour savoir que les choses ne se passeront pas si facilement. Il espère simplement, à cet instant, qu’un jour elle ne lui en voudra plus. Et s’il comprend que ce moment pourrait ne jamais arriver, cela ne veut pas dire qu’il l’accepte pour autant. Pas depuis qu’il est sorti de son déni et qu’il sait qu’il l’aime. Qu’il l’aime au point de pouvoir crever pour elle !

« Est-ce que tu pourrais être plus explicite ? » Ses yeux dans les siens, ça le glace ! Littéralement. Pourtant il n’en a jamais eu peur de ses yeux là. Mais aujourd’hui, c’est différent. Parce qu’il n’y a plus que lui dans cette caboche. Il n’est plus le centre de son attention. C’est même tout le contraire ! Elle est devenue le centre de son monde. Elsie est la seule chose qui lui reste, qui le maintient en vie alors qu’est-ce qu’il va bien pouvoir faire si même ça, il ne l’a plus ? « Est-ce que c’est vrai que tu m’as refilé un virus ? » Outch.. Il trouvait ça plutôt marrant lorsqu’il n’était pas la cible de ses attaques, mais à cet instant précis il n’aimait pas forcément qu’elle appuie dans la plaie ouverte. « Est-ce que c’est vrai que tu as tout foutu en l'air ? » Il a l’impression de se prendre une seconde claque dans la gueule avec cette seconde façon de détourner la question de base et il regrette déjà de ne pas avoir été plus précis. Et il sait que ce n’est pas fini, il le lit dans son regard… « Est-ce que c’est vrai que je t’ai quitté ? » Son cœur tombe en miette une fois encore à cette idée. Les mots sonnent comme un point de non-retour alors qu’il avait espéré que le temps calme les esprits et qu’il pourrait ainsi la reconquérir. « Est-ce que c’est vrai que je t’ai complètement oublié ? » Cette fois ce n’est pas seulement le doigt qu’il sent s’enfoncer dans la plaie qu’est son cœur, c’est carrément une lame ! Une lame tout sauf tranchante et parfaitement aiguisée, au contraire la lame est tellement émoussée qu’il souffre le martyre au plus profond de lui et il lutte pour ne pas perdre totalement la face alors qu’il le sait. Son visage laisse paraître la douleur qui s’engouffre au plus profond de son être. D’aussi loin qu’il se souvient, il n’a jamais eu autant mal. Et Elsie est surement la première et unique spectatrice de cette douleur qui transparaît enfin sur les traits de son visage qui se noie dans une profonde détresse. Pourtant il garde cette lueur d’espoir, même infime. Ils ont vécût bien trop de choses pour qu’elle l’ai déjà oublié. Et pourtant il ne trouve rien sur son visage a elle qui lui donne envie d’y croire. Mais Thomas n’est pas le genre d’homme à lâcher si facilement, pas pour elle. Elsie est bien trop encrée en lui pour ça. « Sois précis, je n’ai pas envie de perdre mon temps. Qu’est-ce que tu veux savoir, Thomas ? » Tout ! Il veut savoir si les mots qu’elle prononce sont les mêmes que ceux que lui dicte son cœur. Il veut savoir si elle est vraiment déjà passée à autre chose, si elle ne l’aime vraiment plus. Et soudain il a l’image de lui, seul dans cette foutue carrière, lui sans elle.

Il ferme les yeux tout en baissant la tête, son poing qui se sert à en faire blanchir ses jointures. Il n’arrive pas à y croire, même si elle joue bien. Ça il doit le reconnaître, elle joue bien ! Mais il est hors de question qu’il se mette à y croire. Pas maintenant qu’il a enfin trouvé un sens à sa vie. Pas maintenant qu’il a enfin réussit à lutter contre lui-même et ses démons intérieurs. Il n’est pas prêt à redevenir celui qu’il était avant, pas après avoir goutté à cela. A l’humanité qu’elle lui a apportée ! Il ouvre la bouche et s’apprête à répondre au bout de longues secondes à calmer son for intérieur pour ne pas avoir la voix qui tremble, mais se retient alors qu’un groupe passe derrière lui et le dévisage. Il soupire avant de pousser du bout des doigts Elsie sur le haut de la poitrine, bien décidé à lui parler loin des regards indiscret qu’elle le veillent ou non. Il ferme aussitôt derrière lui et pose ses mains sur ses hanches, le regard de nouveau par terre, prenant une nouvelle inspiration pour se lancer. Ce qu’il ressent est indescriptible pour lui, il n’a jamais eu aussi peur de sa vie, pas même face aux rodeurs. Et il a comme le sentiment que le reste de sa vie se joue à cet instant. Comme s’il passait un examen et qu’il était déjà quasiment sûr de le foirer, mais qu’il tente pour sauver les meubles ! Il trouve finalement le courage quelque part, il ne sait trop où, car il reste honteux de lui. Pour ce qu’il lui a fait ! Et pour cette raison il ne devrait même pas être là, mais c’est plus fort que lui. Il a besoin d’elle et il le sait à présent… « Est-ce que c’est vrai que tu t’en va de la carrière ? » Il a envie de pousser plus loin, de savoir où elle va. Si elle part seule. Quand aussi ! Histoire de pouvoir se préparer lui aussi. Pas à la voir partir, mais pour partir avec elle ! Parce qu’il l’a laissé une fois, il ne veut plus recommencer. Mais il n’arrive à s’en défaire, de cette impression dégelasse qu’il a déjà tout perdu. Il se rappelle soudain, pourquoi il n’avait jamais voulu aimer qui que ce soit. Pour ne pas se retrouver un jour dans la situation dans laquelle il se trouve présentement. L'amour s'amène et eux pauvres pouilleux, ils les jettent tous les deux… « C'est pour t'éloigner de moi ? » Ça lui compte énormément pour le dire, mais il ne voit que cette raison pour qu'elle parte. Dans le fond, il ce piège lui-même en demandant, mais il veut savoir, jusqu'où elle ira pour le repousser. Et c'est pour cette raison qu'il la fixe sans ciller. Il regarde le plus loin qu'il le peut dans le fond de ses yeux pour y déceler le moindre signe qui pourrait la trahir.

survit depuis le : 31/01/2017

« My heart is so tired,
but my mind is full of you. »

Elsie est douée pour magner les mots, elle en a parfaitement conscience. Elle sait exactement où appuyer, sur quelle corde sensible tirer, quel ton adopter afin de semer le trouble. Elle pourrait s’en vouloir, dans le fond elle s’en veut un peu d’ailleurs, à l’exception près qu’elle est bien trop en colère pour tenir compte des sentiments et états d’âme de Thomas. Peut-être qu’elle s’en mordra les doigts par la suite mais en attendant, ça lui procure un bien fou de lui cracher son venin, peu importe qu’elle heurte une personne à laquelle elle tient. Il l’a blessée, ce n’est qu’un juste retour de bâton. Elle a toujours fonctionné de cette manière, Elsie, elle rend coup pour coup. Ce n’est pas forcément la solution la plus adéquate, mais elle s’y tient. Elle observe un instant son ancien compagnon de route, elle voit son visage se décomposer au fur à et à mesure que les mots franchissent le seuil de ses lèvres, elle saisit son trouble, décèle la douleur au fond de ses prunelles. Pourtant, ça ne l’empêche pas de conserver son petit air hautain et franchement agacé. D’accord, peut-être est-elle trop dure avec lui, mais c’est trop tard maintenant. Ce qui est fait est fait, ce qui est dit est dit, pas de retour en arrière. De toute manière, elle est bien trop fière et bien trop amochée pour se radoucir.

Toujours bien droite dans l’embrasure de la porte, les bras croisés contre sa poitrine, le regard défiant, elle attend elle ne sait trop quoi. Qu’il s’énerve ou qu’il s’excuse. Qu’est-ce qu’il compte faire au juste ? Elle n’en a aucune idée parce qu’au final il reste une saloperie d’énigme irrésolue à ses yeux. Elle déteste ça. Il ouvre la bouche et elle est pendue à ses lèvres, prête à écouter ses dires. Cependant, aucun son ne semble vouloir s’échapper de sa bouche. Elsie n’aime pas trop le silence pourtant elle s’abstient de toute remarque désobligeante. Elle se contente de s’exécuter, reculant de quelques pas au sein de sa propre cabane qu’elle est sur le point d’abandonner. D’abord, elle hausse les épaules tandis que les deux questions s’entrechoquent dans sa caboche. Est-ce que tu t’en vas de la Carrière ? Oui. Est-ce que c’est pour t’éloigner de moi ? Double oui. Il faut qu’elle quitte cet endroit, qu’elle prenne ses distances, qu’elle songe à elle et uniquement à elle. Le regard de Thomas la transcende et elle a bien du mal à le soutenir, elle l’admet, pourtant ça ne l’empêche pas de relever le menton, de conserver sa mine fière et imperturbable. « Je pars dans deux jours. Je vais à Olympia. » Les faits, elle s’en tient aux faits, ni plus ni moins. De toute façon, elle ne lui doit rien, encore moins des explications. Mais, au final, elle a pertinemment conscience qu’elle ne s’en sortira pas aussi facilement, pas avec lui. Elle soupire bruyamment avant de se détourner de lui, s’éloignant de quelques pas, le regard divaguant vers son sac à dos plein à craquer. « Arrête de tout ramener à toi, Thomas. » Mais oui, elle l’avoue, il n’a pas tort. Oui, elle souhaite s’éloigner de lui. Elle a besoin de savoir si elle peut se passer de lui, s’il finira par arrêter de lui manquer. « Je quitte la Carrière parce qu’Olympia dispose de matériel médical, de médicaments, de scientifiques et de médecins. » Parce qu’elle s’accroche à la vie et qu’elle n’a guère envie de passer l’arme à gauche dans l’immédiat. Elle saisit sa chance, c’est tout. « Je m’en vais à Olympia parce que c’est là que se trouve Bass, mon frère, et Elanor, une amie proche. Des personnes sur qui je peux compter. » Pas comme toi. Elle retient la pique de justesse. Pas la peine de se montrer odieuse non plus. Finalement, elle plonge à nouveau ses iris dans les siens, comme pour souligner ses propos, le défier. Elle est prise entre deux feux, tiraillée par l’envie qu’il parte et celle qu’il reste à ses côtés. Elle se giflerait bien pour remettre ses neurones en place.

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