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 We won't forget each other [ft. Bassou]

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Vladimir Stanković
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MessageSujet: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptyMer 14 Aoû - 12:47


   
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C'était calme. Pour l'instant en tout cas. L'enfant faisait ses dents chaque nuit, ce qui avait tendance à mettre toute la maisonnée sur les nerfs au petit matin. Tu ne pouvais qu'avoir de l'empathie pour Malini et Bass, qui avaient des cernes à faire peur. Tu ne pouvais pas comprendre leur expérience, tu ne l'avais jamais vécu. Jézabel avait trois ans quand tu t'étais enfuie avec elle et ton premier groupe. S'il y avait des pleurs dans la nuit, c'était à cause des cauchemars des plus jeunes à cause du stress et des horreurs qu'ils avaient vu. Mais tu étais content de voir que tout allait bien pour cet enfant, les parents semblaient heureux. Tu participais à leur vie comme tu le pouvais, même si tu restais en périphérique de toute cette histoire. C'est dans ces moments, quand tu les observais, que tu te faisais la réflexion qu'il fallait que toi aussi, tu retrouves ta famille. Elle n'était pas complète sans Wyatt, tu te disais que ton départ s'approchait de plus en plus. Pourtant, tu avais de la culpabilité dans le creux de la poitrine. L'impression d'abandonner Olympia. D'oublier Bass qui avait toujours été là pour toi. Jézabel et toi seriez peut-être morts sans lui.

Bass était épuisé. Il devait sortir de la maison. Tu avais laissé l'adolescente à la maison avec Malini pour lui donner un coup de main avec le bébé. Ce n'était peut-être pas ta fille de sang, mais vous aviez quelques points communs. Non, elle avait peut-être le cœur sur la main, bien plus que toi. Elle était mature, trop mature peut-être pour son jeune âge. Mais au moins, elle donnait un coup de mains avec le bambin avec grand plaisir, sans qu'on est besoin de lui dire. C'est donc rassuré que tu passais le porche de votre maison, une main sur le dos du nouveau papa, tu pouvais presque sentir la tension de son dos. Ça n'avait pas été une mince affaire d'emmener Bass avec toi, l'homme paranoïaque qu'il était ne voulait pas vraiment laisser sa femme ou son enfant, mais tu te disais qu'aller prendre l'air, hors d'Olympia, juste pour quelques heures ne pourraient être que bénéfique pour son ami. Peut-être même pour les deux hommes. Vous passiez silencieusement dans les rues pleines de vie d'Olympia, avant de vous présenter aux portes. C'était la fin de l'après-midi, tu reprenais ton tour de garde que demain vers les cinq heures, tu avais le temps pour une petite balade.

Loin des oreilles de tous, de la vue de tous. Tu ne comptais pas aller bien loin de toute façon. Pas avec les morts d’un côté et les Lazares de l’autre. C’est pour ça que tu l’emmenais du côté de la forêt de Spring Lake. Les arbres vous offrez un moment de fraîcheur, vous protégeant de la chaleur quasi caniculaire du Texas de ce mois. Vous étiez armés, les oreilles quand même aux aguets. Tu remarquais que la forêt reprenait ses droits, les traces de l’incendie devenant un souvenir de plus en plus lointain. L’air était plutôt lourd ici, tu avais parfois un peu de mal à respirer, mais t’éloigner de l’effervescence de la ville et de la maison te faisait le plus grand bien. Vous ne parliez toujours pas, laissant Bass avec ses pensées encore quelques instants avant d’ouvrir enfin la bouche. « Comment tu te sens ? » Ton regard glissait lentement vers l’homme à tes côtés, la voix douce, une main dans sa poche. Tu ne savais pas comment lui parler de ton envie de rejoindre Wyatt chez les cavaliers. Tu te disais que ce n’était pas le plus urgent dans l’instant. Tes pas continuaient de faire craquer l’herbe sèche, quelques oiseaux échangeant des chants juste au-dessus de vos têtes. « T’avais besoin de sortir. Moi aussi. »
C’était toujours compliqué de parler avec Bass. Vous n’étiez pas les gars les plus bavards, les plus doués pour parler sentiments ou faire des confessions. Tu finis par t’arrêter à côté d’un arbre, dégoupillant ta gourde pour boire quelques gorgées avant de la tendre à Bass. Le silence vous enveloppant, la nature en seul témoin de vos mots.
   
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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptySam 24 Aoû - 15:04



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Août 2019 +
On y était. La dette du père contractée le jour où il reçoit son enfant dans ses bras pesait sur ses épaules. Il était père. Et ce n’était pas un accident ingérable, une casserole à rajouter aux boulets de ses chevilles, pas une fille d’un soir qui venait toquer à sa porte en lui demandant comment ils allaient gérer cela. La panique l’empêchait de respirer, l’émotion de parler, et s’il avait pensé ses doigts gourds la première fois qu’il les avait glissé derrière la nuque de Malini, ce n’était rien par rapport au moment où il avait dû soutenir la tête d’Ophélia.

Mais c’était un bon effroi. La tension l’usait jusqu’à la corde, il ne s’endormait que par accident, plus à vif, plus sur ses gardes qu’il ne l’avait été au beau milieu d’années passées à veiller moribond dans les no man’s land des Amériques ou à dormir dans les même 8m² qu’un autre type en prison. La sensation d’avoir quelque chose à perdre, autre que sa peau sur sa carcasse.  Par-dessus tout, il avait peur de sortir de cette chambre, et de ne plus jamais ressentir ce qu’il ressentait, il ne pouvait plus se passer d’elles, j’vous jure. Que tout cela ne soit qu’un mirage ou pire : un doigt d’honneur karma qui voudrait se venger, parce que c’était trop beau pour durer. Il ne pouvait plus se passer d’elles et de cette sensation inédite. De la fierté ?? Envers lui-même ?? Dans cette apocalypse et cette caboche barbue ?? Publicité mensongère.

Dans sa poitrine, rien qui ressemble à de l’air frais. On peut accuser la canicule qui prend chaque brise dans un buisson pour lui faire bouffer des orties, ou blâmer Bass. Il suit son ami dehors, mais ne tourne pas le dos à Olympia, ne tourne le dos à rien. Il regarde derrière lui, la tête à demi tournée, juste assez pour que le regard fauve capte les mouvements des branches, des portes, des gardes, de la queue d’Hagen jusqu’à la respiration de l’enfant endormi, par un jeu de ricochets gracieusement fournis par la paranoïa paternelle.

Il n’a pas écouté les arguments de Vladimir pour le tirer de là. Il l’a suivit sans un mot, plus sensible à l’expression enfouie sous les traits du serbe. Pour que celui-ci laisse Jezabel, il devait avoir une raison. La possibilité que Bass en soit cette raison, son bien-être ne lui apparaît pas, ou bien détachée, lointaine, appartement à un autre. “- Tu es un docteur maintenant ?”  Cela fait des années qu’il a tiré Vladimir de sa cahute. Le serbe sait que malgré les apparences il n’y a pas de venin dans son sarcasme. Tu ne te fais pas d’amis lorsque tu daignes parler. L’humour est trop mordant, mais il n’y a pas d’animosité. Pas contre Vladimir.

C’est son ami.
Et quelqu’un de bien, les deux à la fois, étrangement.
Vladimir s’arrête pour boire avant lui, et le recruteur continue une cinquantaine de mètres, le visage comptant ses foulées. Même en plein été, les forêts sont tapissées de feuilles mortes, qui comme des corps viennent nourrir l’humus; c’est comme cela qu’on finit par retrouver des corps lorsque le printemps venus, les étendues gelées re-deviennent des marais. Mais il ne gelait jamais au Texas. Il était loin de chez lui, ils étaient loin de chez eux.  Au fur et à mesure du silence et des enjambées, Bass se remet à arrêter de penser. Avant Ophélia, il avait ses propres éruptions d’émotions incontrôlées, poussées sauvages, pulsions primitives. Contrairement à Malini, il avait le privilège de s’éclipser, de garder le pied léger. Il le reprend, dansant dans les ombres des arbres, fluidité féline incongrue pour sa silhouette. Il a beau avoir eu le beau rôle dans l’affaire, une grossesse dans l’apocalypse, mettre un enfant au monde, c’est une bêtise. Est-ce que c’était pire que lorsqu’il créchait sur des canapés de dealers aux coups foireux, vraiment ? C’était un monde plus tendre qu’avant envers Bass.

La chaleur colle son t-shirt dans son dos, sous ses aisselles, sur ses reins, chape de plomb alors qu’il parvient progressivement à respirer. Dans le silence des bois, il lui semble encore entendre les babillements et geignements d’Ophélia. Ils sont inscrits, définitivement, dans sa tête.  Bass avait l’habitude des nouveaux-nés, habitué au martèlement des pleurs et jérémiades en tout genre avant d’avoir eu l’âge d’avoir les siens. Son regard fouille les fourrets comme s’il s’attendait à y trouver un petit moïse ou une lame cachée. Ce serait le parfait endroit pour l’assassiner - mais il relève des yeux innocents, éreintés, lumineux au milieu des cernes violacées, comme frappé d’une idée. “- Pourquoi ?” Il interroge avec douceur et une sorte de tendresse dans son discours décousu, où dansent main dans la main insolation, épuisement et sa propre nature - pourquoi Vladimir avait eu besoin de sortir ?
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Vladimir Stanković
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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptySam 31 Aoû - 12:24


   
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Tu pourrais presque rire des mots de Bass. Tu laissais un sourire peindre ton visage tranquille, amusé par ces mots. Peut-être, dans une autre vie, tu aurais pu être médecin oui. Si tu avais eu l'intelligence, la patience pour les études que cela engendrait. Mais il y avait tant d'autres moyens de pouvoir aider les gens autour de ça, pourquoi se tourner immédiatement vers la médecine. Tu n'étais même pas certain que tu aies eu l'estomac assez solide pour supporter la pression. Quoi qu'à la réflexion, tu avais aussi eu ton lot d'emmerdes et de nuits blanches à presque rendre jaloux un chirurgien aguerri de son métier. Bass était un drôle d'ami, mais un ami tout de même. Tu aurais toujours voulu en faire plus pour lui, pour l'aider dans sa paranoïa et le reste. Mais toi aussi, tu devais te protéger un minimum pour rester debout. Maintenant, Bass avait une double raison de vivre. Malini et le bébé. Tu étais heureux pour eux, en toute sincérité. Mais cela ne faisait qu'appuyer l'idée que tu n'avais plus vraiment ta place dans cette maison. Tu savais qu'ils avaient les idées très lointaines de vouloir te chasser de sous ce toit qui t'avait accueillie ces dernières années.

Mais peut-être que c'était justement la bonne occasion de dire au revoir. Si tu te laissais aller au sarcasme, tu dirais que la venue d'Ophélia était à double tranchant. Une bénédiction et une malédiction. Tu aimais la petite et tu ne lui voudrais jamais aucun mal, qu'elle puisse échapper aux cauchemars qui allaient être son monde peut-être pour toujours. La venue d'un enfant, ça voulait dire que la vie continuait, que la vie faisait son chemin et que les hommes étaient décidés des parasites très tenaces qui ne laissaient pas une infection apocalyptique digne des pires prédictions de la Bible les faire disparaître de la surface de la Terre. Mais un enfant, c'était aussi dangereux, cela avait des besoins particuliers, ça faisait du bruit de façon incontrôlés que cela soit dans la joie ou la tristesse. Même si tu l'avais vécu à moindre échelle avec Jézabel à l'époque qui n'avait que trois ans, difficile de tenir une enfant aussi jeune et pour qu'elle comprenne que chaque bruit, chaque mouvement pouvait signer son arrêt de mort, celle de Vladimir et ceux de ses proches. Si tu étais croyant, tu prierais pour les épreuves qui se dressaient déjà fièrement sur le chemin d'Ophélia et ses parents.

« Parce que j'étouffais. » Tu ne voulais pas être ce genre de type qui dit que parfois, les garçons ont besoin de se retrouver entre hommes. Tu voulais simplement être avec Bass. Parler de tout, de rien, de ton départ qui approche, tu es persuadé – tu l'espères – que le chef des recruteurs sait que depuis que Wyatt est revenue dans ton monde, cela signifiait que tu quitterais un jour Olympia. Le contraire était impossible à imaginer. Son amant deviendrait complètement fou entre ces murs. Tu ne voulais même pas imaginer le cavalier au milieu de la ville trop propre sur elle. « Parce que je voulais savoir comment tu allais. » Il s'appuie sur un arbre, son épaule tout contre, soulageant un peu son propre poids. La sueur perlant déjà dans son dos, il ne supportait vraiment pas la chaleur du Texas. C'était toujours autant l'enfer sur terre pour toi, cela ne changerait jamais. Dans ces moments-là, tu te souvenais de la Serbie, de ton pays natale, la mélancolie tenace. Un certain manque, la nourriture, les rues de Belgrade, ces bâtiments, ces musiques, les beuveries et les hommes ivres-morts sur les trottoirs ou les bancs sous les abris-bus, les parties de cartes avec ton père ou simplement vos silences remplient d'affections, buvant et fumant en observant la vue de votre appartement.


Tu as un sourire un peu triste à ces souvenirs. Comme quoi, on a toujours besoin d’un parent. C’est la chose quand un parent meurt. Ça veut tout simplement dire que c’était toi le prochain sur la liste et que c’était toi l’adulte à présent. Face à son père ou sa mère, quand on avait des problèmes, on n’était plus Vladimir, 30 ans, majeur et vacciné. On redevenait un gamin qui avait besoin d’un soutien émotionnel et des conseils avisés. « Je suis heureux pour toi et Malini. » Son visage s’illumine un peu, on ne pouvait y lire que de la sincérité et de la tendresse pour l’homme en face de lui. « Je pense que bientôt, il sera temps pour moi et Jézabel de vous quitter. » Et la bombe était ainsi lâchée.
   
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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptyJeu 5 Sep - 19:17



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Août 2019 +Il acquiesce avant même que Vladimir ne finisse ses paroles. Lorsqu’il opine du chef, la sueur glisse de ses cheveux trop épais, trop blondes, trop hirsutes pour ces contrées, jusqu’à se fondre dans sa barbe. Il n’a pas eu le temps de la raser, il n’a pas eu le temps les raser. C’est pourtant son habitude d’été texan, prise depuis la mort de son frère, de ces habitudes inconscientes, presque malsaines, qui ne disent pas leur nom. Il étouffait. Mettez-en deux pour le prix. Bass acquiesce, adressant un regard à la canopée trouée de trop de soleils, au-dessus d’eux. Le temps passé à l’intérieur des murs de la ville, à l’intérieur de la maison, est vertigineux, s’amoncèle plus que tout le reste de sa vie. Il y a encore quelques mois il voulait s’enfuir, partir sans se retourner, avec un gamin dans les langes. Même avec du plomb dans la cuisse, il s’échappait, garnement trop vite monté en graine.
Sans responsabilités.

Comment il allait. Personne lui pose la question, ne lui a jamais posé. Quelque chose se brise, intangible, dans son regard. Tout doux, presque embué, si ce n’était le bout de sa langue, qui perce entre ses lèvres, entre sa moustache et sa barbiche. « - C’est gentil. » Vladimir, le seul de la ville à le lui demander sincèrement. A sincèrement se demander comment Bass se portait au milieu du maelstrom, des décombres d’une vie qu’il ne cherchait plus à comprendre. Il avait dans les bras, dans la peau chaque nuit, une femme aussi magnifique que féroce, dont les abysses s’accordaient aux siennes. L’homme sans père est devenu paternel. Il a la sensation de perdre sa fratrie, de les voir grandir, sans lui, trop vite, trop loin alors qu’ils devraient se serrer les coudes plus encore qu’au fin fond du Winsconsin. Pour une fois dans sa vie, Bass ne bâtissait plus sa vie autour d’eux, malgré les pincements de la culpabilité incessante. « - Je ne sais pas ce que je fais. Mais je vais… bien. » Il semble chercher son mot un instant, puis l’adjectif irradie son visage, soulève quelques années de ses traits tandis qu’il redresse la tête, se tenant pour une fois redressé de toute sa stature. Découverte que oui, il allait bien. La sueur et l’insomnie collait à sa peau, ses oreilles résonnaient de cris de bébés, son cœur boitait de l’angoisse. Mais il allait bien. Depuis le début de l’apocalypse, il allait bien, par rapport à la moyenne.


Et il n’avait aucune idée de comment aller Vladimir. Son regard se fait vif, un peu trop vif, luciole azimutée qui s’égare sur l’attitude de son ami. Appuyé contre un arbre, le serbe ne semble plus vouloir aller loin, suspendant le temps au beau milieu de nulle part. Il est fatigué, autant que Bass. Et le sourire triste évoque un vague à l’âme qui ne dit rien. Bass n’ose pas le défier de ne pas être heureux pour Malini. Il n’ose rien dire. L’air du sous-bois est un peu frais que l’atmosphère bétonnée de la ville, mais c’est un frisson qui lui prend la colonne vertébrale en otage. « - Quoi ? … Quoi ? » Quitter. Quitter. Ce n’était pas déménager de la maison trop bruyante, trop fouillie, trop chaotique. Plein de mauvaises habitudes, pleine d’enfant inadaptée. Vladimir n’avait pas demandé cette famille, et Bass pouvait comprendre. Quitter, c’est un mot qui parle de deuil et d’absence, de partir pour ne pas revenir. Le regard de Jézabel danse devant ses yeux, le prend aux tripes. Il articule un non sans qu’aucun son ne sorte. Le recruteur s’avance vers Vladimir, de ce genre de pas qui faisait peur aux filles, parce que trop précipité, trop empressé, sans réfléchir. « - Pourquoi ? Où … ? » Les mots lui manquent, et il s’humecte la lèvre en quête de quelque chose à dire. De quelque chose qui lui permettrait de comprendre ou de rester.

Il baisse la voix, les sourcils froncés. « - A cause d’Ophélia ? » Ce n’était pas juste. Il ne pouvait pas choisir, il ne pouvait pas… On ne pouvait pas … On pouvait lui reprocher d’avoir fait un enfant à Malini dans ce monde, on pouvait lui reprocher de n’avoir pas fait attention, de ne pas s’être abstenu de son corps – mais il ne pouvait pas lui reprocher Ophélia. Il reste silencieux, il partage ce regard avec Vladimir comme d’autres des clopes et des vodkas. Il n’a pas accordé à Vladimir l’attention qu’il aurait dû, ces derniers mois. Années ? Depuis Elias, tout est devenu flou, hachés, cœur compressé à en crever comme un chien. Rattraper Malini. Survivre. Tenir Eli. Et Vladimir à son tour se dissolve dans l’ailleurs. Sa présence dans un coin de la maison est irréparable, irremplaçable. Il était là. Pendant tout ça, l’homme était là, pendant que Bass était ailleurs.
Ailleurs, il ne l’est pas quand il le regarde, le dévisageant d’un regard plus aiguisé, avide de rattraper le temps perdu, rejetant les excuses, les conneries. De cette façon de faire tranchante, de cette voix soudaine de qui tombe toujours les bonnes questions au milieu des silences.   « -  Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Ce n’est pas à propos de lui, n’est-ce pas.


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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptySam 12 Oct - 18:26


   
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Il était plaisant d'entendre Bass dire qu'il allait bien. C'était comme entendre un miracle. Même si dans le fond, tu te disais que c'était une sorte de demi-vérité. Bass n'allait jamais parfaitement bien. Mais maintenant qu'il avait Ophélia entre ses mains à protéger, peut-être qu'un nouveau rayon de soleil était apparu dans sa vie. Douce enfant dans un monde si cruel. Tu savais que son père et sa mère étaient féroces, ils feraient tout pour la protéger. Mais comme tous les enfants de ce nouveau-monde, ils étaient mieux préparés que vous pour ce qui les attendaient. Ils survivraient sûrement, mieux qu'eux. Mais en attendant qu'ils soient totalement prêts à cela, vous seriez encore leur bouclier. Un jour, ils deviendraient vos boucliers lorsque les vieux jours deviendraient votre pire ennemi, que vous deviendrez des poids pour cette nouvelle société. Si vous aviez la chance de vieillir assez pour ne plus à avoir à vous battre. Peut-être seriez-vous dans une société où on sacrifierait les anciens, passé un certain âge, si la survie de la majorité l'exigeait. Peut-être que ces enfants-là, seront les premiers à mourir d'une mort naturelle et paisible. Tu étais curieux sans cesse de ce que vous alliez devenir. Épuisé.
   

« On ne sait jamais ce qu’on fait. On fait. » Vérité universelle de toute personne étant un parent. Tu as un sourire qui se veut compatissant. Malini avait plus d’expérience que lui. Elle serait une bonne guide pour lui, tu l’espérais en tout cas. La pauvre femme n’avait pas signé pour s’occuper de deux enfants à la fois. En pensant à elle, tu te disais peut-être qu’elle était contrariée que tu partes. Ou pas du tout. Tu sais qu’elle t’appréciait autant que toi. Mais impossible de savoir qu’elle serait sa réaction face à ta décision. Décision que tu imposais à ta fille. Tu sais qu’elle te suivrait. Mais son caractère était affirmé. Elle était en colère. Elle ne voulait pas partir loin de Bass. Elle aimait le grand géant un peu étrange et effrayant. C’était un peu comme un second père pour elle depuis toutes ces années. La réaction de Bass ? Tu t’attendais à tout : la colère, la surprise, l’hébétement, la panique, le silence. C’est l’incompréhension qui frappe ton ami, pendant que tu restes tranquille, impassible. Et puis quand il vient vers toi, tu lèves doucement la main, comme pour l’apaiser. Tu sais qu’il ne te veut aucun mal.

« Bass, écoute-moi. » Tu essayes de le calmer. Il parle, il continue de demander. Mais quand il met en cause Ophélia à ta raison de ton départ, ta mâchoire se serre. Tu es légèrement plus tendu. Tu ne voulais pas la jouer cliché, mais si tu étais une femme, tu lui aurais donné une gifle. Ton regard est plus froid que précédemment. Tu n'aimes pas ce qu'il essaye de dire. Tu essayes de te dire que c'est simplement la surprise, pris de court qui lui fait dire n'importe quoi. « Ne sois pas ridicule. » Ton accent tranche bien plus qu'à l'habitude. Tu inspirais lentement. Bass savait pour Wyatt. Il se demandait même comment Bass ne pouvait pas le deviner. Malini avait fait la même chose que ce qu'il s'apprêtait à faire. Quitter sa première maison, pour être avec celui qu'elle voulait. Et aussi parce qu'elle était devenue une persona non grata au sein du ranch. Deux pierres d'un coup. Les planètes s'étaient parfaitement alignées pour elle.
« Je veux être avec Wyatt. Rien de plus. J'ai attendu trop longtemps. Je ne dis pas demain ou dans la semaine. Mais bientôt, je partirais là-bas. Je ne serai pas loin. » Il voulait penser à lui pour une fois. Est-ce que c'était trop demander de retrouver la personne qui l'aimait ? Oui, ça ressemblait à un foutu conte de fées leur retrouvailles improbable au beau milieu de ce maudit pays. Mais c'était comme ça. C'était dans le fond, pas plus intelligent que d'avoir trouvé une princesse aimant se recouvrir d'entrailles au milieu de l'apocalypse. Chacun son fétichisme. Lui, c'était les cow-boys texans.

Tu passais une main sur ton visage, posant l’autre sur l’épaule de ton ami. « Tu sais que tu es mon ami le plus cher. Et je te serais toujours reconnaissant d’avoir sauvé ma fille. » Le et moi ne suit pas. Ça revenait du pareil au même. Tu avais une énorme dette envers lui que tu ne pourrais jamais complètement rembourser. Même si tu lui avais sauvé les fesses une fois ou deux. Et il avait fait de même.
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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptyVen 25 Oct - 10:38



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Août 2019 +
Le sourire compatissant de Vladimir attire sur une moue peu convaincue sur le visage du nouveau père, déformant et tordant son visage dont les lèvres disparaissent sous la barbe. Il renifle, sceptique. On fait, sans savoir jamais ce qu’on fait. Par principe général, il avait l’impression d’être le sujet d’une vaste blague où tout le monde savait comment se conduire, comment être, comment réussir, et il était laissé le seul à l’abandon, à patauger dans le petit bassin, de l’eau par-dessus la tête malgré toute l’énergie du monde à bien faire. Malini savait se conduire en mère. Malini était une mère parfaite, peut-être trop. Il l’avait encore vu ce matin, dans leur jambe à bercer Ophélia, perdue dans sa bulle, perdue dans son monde et la ritournelle qui tournait trop souvent en boucle à ses lèvres. Il sentait la femme qu’il aimait glisser hors de ses doigts, à chaque balbutiement d’Ophélia, chaque rire de l’Indienne lui crevait le cœur deux fois, en entrant et en sortant, la culpabilité rajoutant un peu de sel sur la plaie.

Bass, écoute-le. Les mots fatidiques. Ceux qui bloquent toute tentative de se faire écouter, ceux qui le transforment en animal rétif. Ils n’annoncent jamais rien de bon, le paternalisme, et la raison face à lui, qui n’avait pas de mot à dire. Qu’il avait tort et qu’il devait arrêter de réagir ainsi, comme un enfant mal éduqué.  Ceux qui l’empêchent d’écouter, vraiment. « - 10 kilomètres c’est l’autre bout du monde, maintenant. Tu sais ça. »  Il se mord la langue pour murmurer, pour ne pas sonner accusateur. Quel que soit la façon dont son ton sort, c’est déjà un effort immense sur lui-même.  Jamie était là-bas, à quelques kilomètres et à un empire de distance. Il ne l’avait pas revu depuis la mort d’Elias, et les frontières du ranch avaient la gueule de barricades.

Vladimir voulait être avec Wyatt. Il n’y avait pas eu de grands discours, de grandes révélations, simplement le cavalier qui sortait de sa jambe et ses mains baladeuses. Bass n’avait rien dit, rien demandé, et Vladimir n’avait pas vraiment parlé. Et maintenant, il partait.
Il était vraiment con de n’avoir rien vu venir. A penser que Vladimir continuerait à découcher comme un adolescent, pendant que Bass s’occuper de son bonheur et de tout ce qui se casse la gueule.  Il défait l’étreinte de Vladimir, se libère de sa main comme un animal un peu trop sauvage, effarouché. Il ne montre pas les dents, non, au contraire, ses pas qui glissent sous le tapis de feuilles mortes dansent au corps au corps, près de son ami. L’un des rares qui a survécu à tout. Bass secoue la tête, les poings cachés dans les poches défoncées de son jean, creusant un peu plus le tissu sous ses jointures blanchies. L’une des pièces qu’il trimballe depuis des années est froide au creux de sa paume, gelée, elle pénètre dans sa paume. « - Qu’est-ce qui va se passer, quand Rhodes voudra de nouveau Olympia ? Quand Silas aura besoin de soins plus importants ? Lorsqu’il aura envie de tirer son coup ? » Le géant faisait à peu près confiance au chef des cavaliers aussi loin qu’il pouvait le jeter. Et le fait que Jamie soit là-bas, près de lui, plutôt qu’auprès de sa sœur et de grand frère n’aidait pas. Et Vladimir partait aussi là-bas.

Il échappe à la main sur son épaule et recule d’un seul pas. Le regard brûle d’intensité, lumineux dans sous les rayons du soleil. Et Bass le fixe, le visage fermé, bien droit. Il articule, calmement, trop calme peut-être. « - Tu es mon ami. » Et il s’en va pour un homme. Cela faisait des années, qu’il l’avait tiré de ces bois, sur une impulsion naturelle, sur un bon instinct. Repenser à la toux de la fillette lui tordait l’estomac.  Il l’avait vu grandir et jamais le rejeter. Ils étaient unis comme le doigt de la main. Bass la comprenait mieux qu’il ne comprenait la plupart des Olympiens. Mais c’était sa fille. Il reprend, plus dur, la langue claquant contre son palais, l’incompréhension cogite dans son crâne. « - Tu emmènes Jézabel, là-bas ? Est-ce que c’est une place pour une adolescente ? Olympia a l’école. Olympia a les médecins. Les bibliothèques. Et tu l’emmènes dans cette jungle pour tirer un coup ? Si il tenait à elle, à toi, il viendrait. »  Défi qui gronde dans ta gorge, pourtant trop nouée.
Tu le savais que le bonheur, ça ne veut pas durer.

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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptyVen 15 Nov - 11:38


   
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IT'S TIME FOR SOME TALKS
Comment pouvais-tu répondre en le regardant dans les yeux quand il te disait de telles choses ? Tu savais qu'il avait raison. À chaque fois qu'il ouvrait la bouche, c'était comme un coup de poing dans le ventre. Sur beaucoup de points. Et tu avais réfléchi à tout cela, mais tu étais aveuglé par l'amour que tu pouvais porter à Wyatt. Tu étais un homme, faible. Et tu penses que tu l'étais devenu pour plusieurs raisons que tu préférais taire. Quand il fuit ta poigne, ta main de l'amitié, celle qui ne lui veut que du bien, tu te sens déjà coupable de tous les maux du monde. Alors que dans le fond, tu veux être à ta place : aux côtés de Wyatt. Le Ranch, c'était presque le bout du monde oui. Pourtant, ce n'était qu'à quoi, deux heures de marche ? En comptant le fait qu'on est sur les dents, prêt à se faire attaquer, à courir pour sauver sa peau ? Il te faudrait moins de temps pour y arriver sinon. Même pas une heure et demie. « Et qu'est-ce qui se passera, quand les murs d'Olympia tomberont ? » Réponse du tac au tac.
Tu lui jettes un regard, les bras, un peu croisé sur ta poitrine. Plusieurs fois Olympia avaient manqué de tomber, ses murs avaient été éventrés à maintes fois, violés par des assaillants sans foi ni loi. Et un jour, peut-être qu’il n’y aura plus de cavaliers pour venir les sauver, telles des chevaliers blancs dans un vieux conte pour enfants. En somme, tu tentais de renvoyer son argument à Bass. Plutôt maladroite certes. Alors qu’honnêtement, les barricades du Ranch étaient beaucoup moins sûres que Olympia. Mais tu ne pouvais pas combattre ce sentiment, cette obsession de partir. « Tu sais aussi bien que moi que je ne n’apprécie pas plus Rhodes que toi. » Ça te bouffait littéralement, l’impression qu’il était temps pour toi de tirer ta révérence, tiraillé avec cette partie de ton âme qui te disait de ne pas partir, parce qu’il y avait des gens comme Malini, Ophélia et Bass. Il y avait de l’incompréhension aussi. À la fois surpris et heureux de voir quelqu’un te retenir. C’était un sentiment… Agréable. Si tu n’essayais pas de garder contenance, de faire celui qui est un « vrai homme », masculinité toxique qui vient de ton père. Celui qui ne montre pas ses émotions, tu n’essayerais pas de cacher les larmes qui viennent te piquer les yeux. Une poussière dans l’œil.

De la poche arrière de ton jean, vêtement qui a un peu trop vue le monde, le sang et la boue, tu en sors un paquet de cigarettes où il ne reste pas grand-chose. Peut-être deux ou trois cigarettes qui se battent en duel pour être la prochaine à être consommée. Tu en tires une au hasard, venant la prendre entre tes lèvres trop sèches pour te l'allumer avec un briquet qui ne va pas tarder à rendre l'âme. La nicotine te donne cette impression de faux calme, placebo inutile puisque c'est ton cerveau qui l'associe à un sentiment de détente. L'odeur est une erreur ici. Entre la terre chaude, l'herbe sèche et les quelques feuilles qui pourrissent au pied des racines des arbres. « Tu crois que je n'y ai pas pensé mille fois ? Que je ne retourne pas le problème dans tous les sens possibles et imaginable pour trouver la bonne solution ? » Que c'est fait sur un foutu coup de tête. Tu commençais peut-être à vieillir, mais tu n'étais pas encore sénile. Le monde n'avait pas encore brisé ton esprit, pas en entier en tout cas.

Tu restes aussi calme que tu peux l'être, mais tes yeux percent l'homme. Tu n'as pas de colère, bien que celle-ci veuille monter en toi pour exploser au visage de ton ami. Ta main libre joue nerveusement avec l'air autour de toi, alors tu inspires profondément, cherchant à trouver les mots. Ta voix claque dans l'air cette fois-ci. « Ça fait plus de dix ans que je suis amoureux de lui. Dix putain d'années Bass. C'était mon partenaire, mon ami, le gars qui était là alors que je faisais que le rejeter parce que j'étais incapable de lui donner de l'affection, incapable de comprendre ce que c'était que d'aimer quelqu'un. » Alors qu'il ne vienne pas te dire que c'était pour une histoire de cul. Alors oui, tu étais qu'un sombre connard égoïste s'il le voulait. Mais que celui qui t'avait sauvé des bois il y a plusieurs années ne viennent pas mettre en doute tes sentiments concernant l'homme du ranch. Tu claques ta cigarette pour faire tomber la cendre, écraser celle-ci sous le talon de tes chaussures.


Tu pourrais l’attaquer sur le fait qu’il connaissait Malini depuis peu de temps comparé à toi. Et pourtant regarde où il en était. Je sais que tu as raison. Je ne suis pas encore fou. « Ce n’est pas un monde pour une adolescente, pas plus que pour un bébé. Ni même pour nous. Et pourtant, regarde où on en est aujourd’hui. » Tu as Malini, une petite-fille avec elle. Tu tires ta cigarette, lançant ton paquet à Bass au niveau de sa poitrine. Tu lâches longuement une bouffée de celle-ci. « Il n’y a pas de bonne ou mauvaise solution. » Et ça, c’était la vérité.
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MessageSujet: Re: We won't forget each other [ft. Bassou]   We won't forget each other [ft. Bassou] EmptyMar 7 Avr - 10:26



I am going to the deep of the woods to scream a little. Anyone wanna join ?

Août 2019 +

Tu perds pieds. Tu redeviens sauvage, le vernis qu'Elijah t'a appliqué sur la couenne se fait la malle par plaques. Ce qui en soit, est peut-être révélateur de pourquoi il tenait encore. Pour Jezabel. Pour Vladimir. Certainement pas Malini, qui l'émiette un peu plus à chaque baiser, lentement, intentionnellement. Mais pour Vladimir, pour Jezabel et le premier regard qu'ils t'ont porté, il y a des années de cela. Pour leur faire croire la masquarade qu'Elijah t'a édicté en religion. La civilisation. Les secondes chances. Qu'il pouvait être éduqué, dressé à tuer pour la bonne cause, que tes mains pouvaient créer quelque chose de bien, pouvait tenir Ophélia sans la casser. Tu détruis tout ce que tu touches et tu feules entre tes dents serrées : “- Je ne sais pas, raconte-moi, cavalier.” Mathématiquement, Vladimir de diminuer les chances de survie d'Ophélia. Un combattant de moins pour Olympia, un bon combattant de moins. Sans doute un de plus dans le camp adverse, tu ne te fais pas trop d'illusions sur la politique. Est-ce que c'est comme cela que l'histoire finit ? Les camps phagocytés par la loi du plus impitoyable ? Les tableaux volés dans les musées en feu de joie, les livres en purin, et le claquement du fouet ? Est-ce que pour protéger ta fille, tu vas devoir abandonner la femme que tu aimes et rallier le ranch, sans elle, la pestiférée ?

Tu secoues la tête, comme un chien fou cherche à chasser l'eau de ses oreilles. Tu recules. Rhodes crée en toi en une révulsion instinctive, comme si tu savais que tu n'aurais aucune chance sous ses ordres. Réaction naturelle du délinquant face à l'autorité, alors qu'elle vient des mêmes égoûts que la sienne. L'amour ne sauve personne. Tu n’as aucune idée de ce que c’est qu’un homme, un père, un ami, un amant. On ne t’as appris qu’à être un grand frère et un survivant. Tu aimes Malini, Ophélia avec tout ton coeur et tes paluches trop rustres, tu défairais le monde pour elles. Tu sais juste que l'amour ne sauve personne. Il n'a pas sauvé ta mère, en tous cas. « - Nah. Mais il y a des plus mauvaises solutions. » C'est difficile de ne pas le prendre personnellement. Vladimir a compris ce qu'était d'aimer quelqu'un, mais toi tu finis sur la touche. Tu finis rejeter, comme toujours. Tout le monde s'en va. A l'armée, à l'université, au ranch. Vers quelque chose de meilleur.

«- Alors tu t'en vas. »    Et il prend Jezabel avec lui. Tu te retournes, reprend ta marche dans les bois. Les branches te gifflent les paumes. Tu ne regardes pas s'il te suit. Tu as la poitrine compressée, et tes pensées se tournent vers le ranch. Pendant des années, tu regardais ses feux briller avec envie, imaginant Malini évoluer là-bas. Il avait fallu qu'elle en soit chassée, certes volontairement, pour qu'elle arrive meubler ta demeure. Maintenant, le premier ami, le premier homme bien, que tu avais repartais. Et ton amie adolescente au passage.  Tu joues avec une pièce entre tes doigts, la faisant passer de phalange, signe de nervosité évidente. « - Et ce que tu lui as dit ? Ils ne la comprendront pas là-bas. Elle sera toute seule. » Tu baisses la voix. Ce n'est pas juste. Tu peux comprendre l'amour de Vladimir oui. Mais tu vois ton monde se fracasser sur la jetée comme les rôdeurs sur des murailles. Tu as perdu une ancre, tu vrilles. Et bientôt la maison dans laquelle tu as eu tant de mal à te sentir sauf sera dévastée de moitié.
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