hair of the dog (rayna)

« Bon alors, quelles sont les nouvelles ce matin Dino ? »  Aaren venait de se réveiller, et comme à son habitude, il attendait le rapport du matin de son assistant personnel. En général, Dino lui faisait part des petits soucis qui avaient pu avoir lieu dans la nuit et comment ses chefs de zone avaient géré la situation. Mais en ce moment, avec les vagues de maladie, les nuits devenaient difficiles et Aaren était parfois réveillé en plein milieu de la nuit. Cela dit, ces vagues de maladie n’avaient pas pour l’instant causé d’épidémie et de morts directes. Dino semblait toutefois assez préoccupé ce matin, n’osant pas réellement parler. Aaren, habillé d’un pantalon et d’un débardeur, était en train de se raser lorsqu’il regarda Dino à travers la glace. « Eh bah alors Dino, accouche. »  dit-il en passant le rasoir de fortune acheté au centre-commercial sur sa mâchoire. « C’est que… y’en a encore eu une Aaren. Une overdose. Au Bûcher. »  Dino se grattait la tête pas sûr d’où se mettre. Aaren s’arrêta en plein pendant son rasage, le visage encore humide et pas totalement rasé. Il serra le rasoir entre ses mains avant de le balancer dans le sceau devant lui. Il échappa un juron agacé. C’était la quatrième overdose en une semaine. Comme si Aaren n’avait déjà pas suffisamment de merdes à gérer, voilà qu’il avait découvert par l’intermédiaire d’Almaze et de ses récentes overdoses l’existence d’un trafic de drogue bien en place et qui faisait visiblement un tabac. Il avait bien tenté d’avoir des informations, mais personne de son entourage n’était assez bien renseigné sur les produits utilisés et l’ampleur du problème puisque le trafic était disséminé sur les différentes zones, changeant parfois de location. Il va sans dire qu’Aaren ne portait pas la drogue dans son coeur. Elle avait tué sa femme avant l’apocalypse, privé ses enfants jeunes voire en bas-âge d’une mère. Elle rendait les gens fous, encore plus fous en cette époque terrible, et maintenant le Bûcher était devenu un répère où les junkies tombaient comme des mouches. Aaren avait les mains agrippées à son sceau, pensif. Il fallait régler ce problème maintenant, et vite. Avant que la gangrène ne se propage dans tout le quartier. Il reprit son rasoir avant de dire à son assistant. « Appelle-moi Rayna Malone, l’herboriste d'Auspex, et dis-lui qu’elle doit venir tout de suite ici. Et pas un mot de cela à qui que ce soit évidemment. » Peut-être qu’avec l’herboriste, il aurait davantage de chances de voir le fond de cette histoire. Il lui faisait suffisamment confiance malgré son excentricité pour garder son clapet fermé et enquêter avec lui sur la chose. Il termina de se raser puis enfila une chemise par-dessus son débardeur. Il était en train de préparer son sac lorsque Rayna arriva. « Salut Rayna. Ca va ? Dino t’as mis au parfum ou pas ? »  Il jeta un oeil à la brune qui avait toujours une allure et une présence qui dénotait, quelle que soit la pièce où elle se trouvait. Il ferma son sac avant de le mettre à l’épaule. « Pour la faire courte : une drogue sévit au Bûcher et vient de causer la quatrième overdose de la semaine. Tu es la seule personne suffisamment compétente et en laquelle j’ai assez confiance pour enquêter sur cela avec moi. On va donc se rendre au Bûcher examiner le corps et les restes de drogue sur place. A partir de là, on interrogera autour de nous pour essayer de remonter à la source. »  Aaren n’avait pas de temps à perdre avec ce trafic et espérait tuer le problème dans l’oeuf. La Carrière avait suffisamment de problèmes pour en plus se taper les ravages de la drogue. Qu’il laisse les drogues étranges et suicidaires à la Mine, ça l’arrangerait. Il se leva. « Déjà, est-ce que t’as entendu parler de cette histoire ? On m’a dit qu’il y avait visiblement deux drogues différentes qui circulaient, une est plus dangereuse que l’autre mais dans tous les cas j’aimerais éradiquer les deux. »  Peut-être Rayna avait-elle déjà des informations ou entendu des rumeurs, après tout elle était herboriste et elle devait peut-être sans le savoir fréquenter des dealers. Si elle avait déjà des éléments, ça pourrait grandement les aider dans le début de leur enquête. Car oui, à aucun moment il ne lui avait laissé le choix en fait.

Les dents de la quadragénaire se serrent quand Dino vient interrompre son rituel matinal avec la convocation d’Aaren Diggs. Elle est même prête à feuler et ses doigts se resserrent sur le sécateur avec lequel elle coupait la tige de ses fleurs pour faire un bouquet. Qu’est-ce qu’il lui voulait ? Quelque part au fond de son estomac, y a un sentiment de peur. Rayna, elle a souvent eu chaud aux fesses dans sa vie et elle a de la chance que la peur ait sur elle un effet boostant plutôt que paralysant. Alors face au sbire de Diggs, elle affiche un large sourire et son accent vient chanter à quel point c’est avec plaisir qu’elle l’accompagnerait servir Aaren. Mais elle pense tout autre chose. Premièrement, s’il avait besoin d’elle, pourquoi n’était-il pas venu la chercher lui-même plutôt que de la convoquer comme on siffle son chien ? Ensuite, s’il y avait bien une personne qu’elle ne voulait pas vraiment voir en ce moment, c’était bien le roi de la Carrière. Pas qu’elle ne l’apprécie pas, au contraire, mais dernièrement, elle s’était lancée dans un trafic de drogues et elle ne voulait pas vraiment se retrouver sous le feu des projecteurs alors que son activité commençait à fleurir. Littéralement. Déjà qu’il lui avait fait la leçon à cause du cannabis qu’elle faisait pousser et qu’elle avait mis longtemps à le convaincre qu’elle ne distribuait que des quantités inoffensives…
« C’est pour une affaire de drogues. » Dino ne paraît pas entièrement serein et soudainement, elle non plus. Elle baisse les yeux, contemple ses ongles propres et laisse ses cheveux lui tomber devant le visage pour cacher son trouble. Bordel, elle ne pouvait quand même pas déjà être découverte ? Amalia et elle avaient été discrètes. « Aaren pense que tu peux nous aider à comprendre ce qui se passe. » Et le soulagement vient regonfler la poitrine de la Mexicaine quand elle acquiesce et demande quelques minutes pour s’habiller.

Intérieurement, elle rigole de cette ironie mordante. Aaren qui vient la demander pour régler les problèmes de drogue alors qu’elle fait partie du problème : il y avait de quoi se gausser.  Rayna se compose une mine grave et enfile une combinaison verte, des espadrilles et rehausse ses cheveux avec une tresse haute. L’apparence avant tout. Elle défile à travers les zones jusqu’au Domaine où il l’accueille sans vraiment lui laisser le temps d’en placer une. Sur le chemin, elle avait réfléchi à la stratégie à adopter et avait décidé de jouer la carte qui avait toujours fonctionné pour elle : se montrer d’une aide indispensable, coopérer et même papillonner du regard s’il le fallait. Endormir les soupçons pour mieux frapper par derrière. Diggs n’avait aucune idée de ce qui allait lui tomber dessus.
« Oui, j’en ai entendu parler… C’est terrible ! » Elle secoue la tête, la mine affligée. « Je pense savoir ce qu’ils prennent, mais je ne pourrai pas être sûre tant que je n’ai pas de preuves sous le nez. » Elle soupire, main sur la hanche et elle regarde derrière elle, comme si elle s’apprêtait à révéler des informations secrètes. « Ça fait un moment que j’ai des plantes qui disparaissent, arrachées. Je ne me suis pas inquiétée jusqu’à ce que la rumeur de drogue enfle, mais je pense qu’ils utilisent ces plantes à fortes doses pour provoquer des hallucinations. Pour l’autre drogue, je ne sais pas trop, on ne m’en parle pas beaucoup. Certains disent que c’est un nouveau mélange, d’autres disent que c’est un champignon, je ne sais pas trop. » Du bout des doigts, elle joue avec sa tresse, l’entortille d’un sens comme dans l’autre, toujours un peu adolescente malgré le cap des 45 ans qui arrive bientôt. « Peut-être qu’on devrait regarder un peu du côté des gens qui s’improvisent jardinier ces derniers temps pour avoir une piste. »
Et si elle pouvait, un rictus mauvais traînerait sur ses lèvres. Amener Aaren tout droit sur les autres fournisseurs, c’était le moyen le plus efficace de tuer la concurrence.

Rayna eut une réaction un peu exagérée à la nouvelle d’Aaren. Rien de bien suspicieux là-dedans, c’était dans sa nature et Aaren n’y voyait que la manifestation de l’habitude. Ou peut-être qu’elle ressent simplement davantage les choses qu’Aaren. Il s’était bien énervé en balançant son rasoir lorsqu’on lui avait annoncé, la mort de l’un des siens n’était jamais une nouvelle agréable, même si Aaren ne connaissait pas bien tous ses habitants. Elle semble toutefois se révéler utile puisqu’elle a en effet bien entendu parler de ces récents produits vendus sous le manteau. Aaren suit son regard lorsqu’elle se retourne pour s’assurer qu’ils ne sont pas observés. Elle rentre alors un peu plus dans les détails : plantes arrachées, hallucinations, autre drogue à base de champignons encore un peu mystérieuse… La situation semble s’éclaircir. Mais comme elle le dit si bien elle-même, le seul moyen d’en savoir plus est de voir la drogue de près et surtout de parler aux gens du coin. « Eh bien allons-y, je n’en sais pas plus que toi sur la question, mais entre ton expertise et ma fermeté, je pense qu’on devrait pouvoir arriver à quelque chose aujourd’hui, au moins une avancée. »  Il mit son sac à l’épaule avant de faire un mouvement avec son bras pour l’intimer de sortir de la tente et partir en direction du Bourbier. Ils discutent de la pluie et du beau temps sur le chemin, évoquant notamment les récentes vagues de maladie qui affectent la Carrière. Aaren ne souhaite pas davantage s’étaler, pas sûr de quoi faire à ce propos. Ils arrivent enfin au Bûcher, toujours aussi vide depuis l’incendie et apparemment peu enclin à se reconstruire, probablement habité par des gens blasés en l’absence d’un chef de zone réellement actif. Aaren n’avait pas vraiment le choix d’ailleurs, il était le seul volontaire à la tâche. Et personne d’autre ne voulait gérer la zone. Il vient voir le chef de zone qui le montre vers l’habitation du dernier décédé. Habitation en tôle sommaire mais un peu plus haut-de-gamme que certaines qui peuvent se trouver dans le coin, l’intérieur de son habitation est en revanche d’une crasse sans nom. Nourriture par terre, liquides étranges et peinture mal appliquée sur les murs, Aaren tousse un grand coup, surpris par l’odeur nauséabonde. « Je ne sais même pas si cette odeur vient du cadavre ou tout simplement de chez lui. »  Il porte un vieux mouchoir en soie qui lui sert d’habitude à éponger sa sueur à son nez. Ca ne pourrait pas être plus dégueulasse que le spectacle en face de lui. Il s’approche du cadavre et demande des précisions au chef de zone qui l’accompagne. « On a trouvé ces plantes étranges, sous sa langue et dans sa bouche, on dirait des restes de champignon mais je ne pourrais pas l’affirmer avec certitude, et la peinture était fraîche quand on l’a trouvée, il faut croire qu’il a dessiné ces choses avant sa mort. »  Et par choses, le chef de zone pointa les graffitis au mur. Des formes rectangulaires mais aussi rondes qui se mélangeaient dans une bizarrerie. Aaren accroupi près du cadavre tourna son regard vers Rayna. « Je n’ai pas l’oeil artistique, ça t’évoque quoi comme art contemporain ce truc ? »  dit-il mi-ironique, sait-on jamais vu son excentricité qu’elle ait déjà fréquenté des artistes tarés. Il se releva pour commencer à fouiller dans les alentours pendant que Rayna s’approchait du cadavre pour faire son diagnostic. « Vous n’avez pas trouvé une note, un carnet ou quoi que ce soit qui pourrait nous indiquer un contact ? Vous avez demandé aux gens du coin qui il fréquentait en ce moment ? »  demanda-t-il au chef du zone. Le dealer était peut-être la dernière personne qu’il avait vu avant de rendre l’âme. Ou sinon Rayna et Aaren iraient faire le tour des popotes pour comme suggéré constater les récents jardiniers de la zone.

Apprendre la mort de quelqu’un n’est pas une nouvelle agréable, même pour Rayna, même si c’est quelqu’un qu’elle ne connaît pas. Elle a été élevée avec des principes religieux, et si elle a pris des voies différentes depuis bien longtemps, elle n’en demeure pas moins craintive parfois qu’un véritable châtiment l’attende de l’autre côté. Elle sait très bien qu’elle ne retrouvera pas la grâce d’un dieu aussi facilement qu’elle arrive à trouver celle des hommes, quand bien même tout ce qu’elle a fait dans sa vie – de bon ou de mauvais – a été dicté par la survie. Elle en a entendu bien des lunatiques de la Carrière crier à tous les passants que l’arrivée des rôdeurs était une punition divine pour la débauche capitaliste de la dernière décennie civilisée. Y croyait-elle ? Non. Était-elle vraiment empathique de cette mort survenue la veille ? Non. Ce qui l’inquiétait vraiment, c’est que cela puisse lui retomber dessus. Alors se fondre dans l’ombre imposante d’Aaren en lui prêtant son aide ne pouvait que lui être bénéfique. Il ne penserait pas à regarder sous son nez avant longtemps.
De toute façon, elle doutait que ce put être dû à l’angélus. Sa drogue n’était pas mortelle en elle-même et pour en succomber, il aurait fallu en consommer des quantités astronomiques qui auraient alors dérangé le système digestif. Elle penchait plus sur une surdose de puff, plus dangereuse pour le système nerveux. Elle ne courait aucun risque. Alors sans protester, elle suivit Aaren jusqu’au Bourbier, un endroit où elle ne posait jamais les pieds, toujours horrifiée par la vétusté du lieu depuis l’incendie. Elle était habituée aux couleurs d’Auspex et à la vie qui y fourmillait. Cet étalage de zones calcinées et de mines grises la dépouillait de sa mine toujours souriante pour laisser un visage plus perplexe et concentré. En pénétrant dans la cabane du défunt, elle ne put s’empêcher un hoquet de dégoût avant de plaquer une de ses manches sous le nez. Le parfum de fleur sur ses vêtements ne parvenait cependant pas à couvrir l’immondice. Tout bas, elle pesta en espagnol : « On devrait cramer cet endroit une deuxième fois. »

A l’invitation du roi de la Carrière, elle observa les peintures sur le mur qui étaient forcément les conséquences d’un long voyage de l’autre côté de la conscience. Qu’avait-il tenté de représenter ? Les lignes des différents plans d’existence ? « Tu rigoles, mais ça me rappelle bien du Michaux. » L’air interrogateur qui passa sur le visage du chef de zone l’obligea à expliquer. « Henri Michaux ? Un précurseur de l’art psychédélique. Un européen. » Il hocha la tête, sceptique. Elle balaya la scène, habituée à ce que les autres sous estiment ses connaissances et elle se pencha au-dessus du cadavre pendant qu’Aaren interrogeait le chef de zone. Celui-ci secoua la tête, tout de même un peu penaud avant de déclarer : « On n’a pas encore tout fouillé faut dire. » Puis, comme s’il avait trouvé une excuse à son manque d’investigation, il se justifia. « On voulait pas trop déplacer le corps et les trucs avant d’avoir l’avis d’un expert. » Ça se tenait sûrement, mais le duo d’enquêteurs n’était pas dupe.

Rayna observait les fameux restes de plantes rassemblés et elle s’attarda un peu également sur les traits et les yeux encore ouverts du jeune homme. « Il avait pas que des problèmes de champignons le monsieur. A mon avis, il est tombé dans la bouteille aussi.» Elle se releva pour donner son verdict final à Aaren. « Mais y a quand même une histoire de drogue aussi là-dessous. C'est pas censé être un truc aussi dangereux, mais vu qu'il a l'air de s'en être un peu revomi dessus, je dirais qu'il en a beaucoup trop mangé et qu'il a beaucoup bu et que le mélange bah...» Elle pointa un index donc l'ongle était propre, intact et soigné, comme si la fin du monde n'était pas passée par là. « Voilà le résultat. Pour des champis comme ça, soit ils sont allés les chercher loins dans les bois, soit... » Elle se tut un moment, se demandant si elle elle faisait bien de le dire. « Vu le climat ces derniers temps, pour qu'un spéciment comme ça il faudrait un endroit très humide. Très en profondeur. »
Elle jeta un regard par-dessus son épaule, vers une destination où se trouvait sûrement l'entrée de la mine. « Comme chez les mineurs. » Et tout le génie de cette idée lui apparut. Si Aaren perdait du temps à aller enquêter sur les champignons de la mine et sur qui pouvait bien les faire circuler à la Carrière, ça lui permettait à elle de gagner du temps pour s'assurer du secret de son propre trafic.  

Aaren n’avait pas l’oeil pour ce genre de choses. Il était donc heureux de la présence de Rayna avec lui pour cette enquête. Ce n’était pas quelqu’un qui voyait les détails, ces petites choses qui échappent souvent à l’oeil nu. Peut-être ne prenait-il pas le temps. Peut-être n’était-ce tout simplement pas son rôle. Il voyait le tableau global, les faits sans nécessairement voir ce qu’il s’était passé avant. Là tout de suite, un homme était mort, dans un taudis d’une odeur sans nom. Immonde. « Je pense qu’un jour, quelle horreur, il a dû comprendre que son odeur au lieu de sentir la fleur soulevait les coeurs. Depuis, il a dû vivre dans sa merde pour éviter qu’on vienne probablement le voler. » C’était la meilleure supposition du Roi de la Carrière, et franchement, la chose n’était pas inconcevable car Aaren ne se serait jamais approché de là sans y être absolument obligé. Il arque un sourcil accompagné d’une mine ébahie à la remarque de la brune. « Henri Michto quoi ? » dit-il avant de rire légèrement. Presque étonné que la jeune femme connaisse cela, ou paraisse si sophistiquée, mais on peut être surpris tous les jours et ça bottait en touche la plupart des préjugés qu’on pouvait se faire sur elle. Aaren regarde encore une fois ces fresques étranges. « En tout cas, il était donc bien sous l’emprise de quelque chose, européen ou non. » L’homme qui les accompagne reprend la parole pour signifier qu’il n’a encore rien fouillé. Aaren regarde autour de lui rapidement, touchant les différentes babioles et bizarreries qui traînent. Il y a aussi des tas de carnet avec des notes éparses et souvent brouillonnes. « Tout est bon à prendre, rassemblez moi tout ce qui a une trace écrite. Dites-moi si quelque chose, un nom ressort et si on pourrait faire un lien avec. Vous allez lire pas mal de… poésie à mon avis, mais ça vaut toujours le coup d’y jeter un oeil. » Il donne un des trois-quatre carnets qui traîne dans le coin au responsable de zone avant d’aller vers Rayna qui étudie le corps de plus près. La drogue est impliquée, mélangée à de l’alcool, un cocktail explosif dont il n’aurait fait d’ailleurs que peu modération selon la brune. Aaren s’approche davantage pour regarder autour du visage des éventuels signes de combat, pour définitivement écarter la thèse du meurtre. « D’accord noté, un de plus donc. Vous pouvez disposer du corps, il ne nous apportera rien de plus que les autres j’ai bien peur. » Ils sortirent avec Rayna de l’abri maudit pour prendre l’air frais à grande bouffée. Aaren s’écarta même de quelques mètres pour s’éloigner de cette odeur putride. C’est à ce moment que Rayna s’interrompit dans sa réflexion, pas sûre qu’ils soient suffisamment seule pour s’exprimer en totalité. Aaren tend l’oreille alors que le ton de la brune se fit plus bas et discret. La Mine. Un endroit humide. Où il serait facile de trouver des champignons en grande quantité plutôt que d’aller les chercher au petit bonheur la chance dans les bois, endroit qui plus est davantage risqué. Aaren serre les dents alors qu’il regarde en direction de l’entrée de la Mine. « Tu as raison, je n’y avais pas pensé, ce serait bien leur genre… » Encore une histoire d’Anita ou de ses compères pour lui foutre des bâtons dans les roues. Ou du moins, c’est comme ça qu’il voyait la chose, lui le leader martyrisé qu’on voulait faire tomber à tout prix malgré ses nobles intentions. C’est pas du Michaux, mais ça restait un beau tableau. Il marcha quelques instants avec Rayna dans le Bûcher désert, regardant les gens dans les environs. « Mais comment faire pour avoir des informations là-dessus, faire parler nos espions ? Directement interroger un ressortissant de la Mine, ou attendre qu’un dealer finisse par sortir de sa tanière pour le choper la main dans le sac ? » Puisque la jeune femme semblait pleine de bonnes intuitions et de connaissances, Aaren lui donnait les cartes en main pour réaliser le fond de sa pensée. Allait-elle les utiliser à bon escient ?

La graine était plantée au moment où les lèvres de la Mexicaine avaient laissé échapper son accusation traitre. Les Mineurs étaient derrière tout ça et elle hochait la tête alors qu’Aaren sautait déjà sur l’occasion, déjà convaincu de leur culpabilité alors qu’il avait la responsable juste sous son nez. Il prenait déjà le ton du leader, à chercher des solutions, à monter des plans et la machination prenait déjà une ampleur qui alimentait un soupçon d’anxiété chez Rayna. Il fallait qu’elle garde un œil sur cette histoire et qu’elle trouve un moyen de maintenir le roi de la Carrière sur cette fausse piste. Heureusement qu’il était tombé sur les champignons, au moins cela donnait de la marge à la quadragénaire pour revoir son plan et augmenter la discrétion de son commerce parallèle.
Mais maintenant elle devait absolument passer par le caveau pour prévenir Thomas de la nouvelle obsession anti-drogues d'Aaren. Elle avait plutôt intérêt à travailler avec le barman sur ce coup, car les relations chaotiques qui se profilaient entre lui et Amalia laissaient déjà présager qu'il pouvait les balancer pour sauver sa peau. Trop de paramètres compliqués entraient dans un calcul pourtant simple : la Carrière était censée être un royaume de liberté. Liberté de vivre, de se déplacer, de baiser, de se droguer... Mais Aaren et ses lois arbitraires commençaient sérieusement à courir sur le sentiment de liberté de la quadragénaire.

« C'est toi le chef ici, moi je ne m'y connais pas en enquête policière. J'étais plutôt douée pour y échapper même. » Elle soupire avant de se rendre compte que sa stratégie n'est pas le bon angle d'approche. Manquerait plus qu'il ait l'idée d'aller chercher un ancien flic installé à la Carrière et de lui faire conduire l'enquête. Il fallait absolument qu'elle reste dans le coup et qu'elle se prouve utile et surtout, au-delà de tout soupçon. Alors la madone se racle la gorge et fait tourner ses méninges. « Mais je peux t'aider à réfléchir comme un criminel, ça je connais. Vu les temps qui courent et si j'avais de telles ressources de drogues, je ne les donnerai pas à n'importe qui, et surtout j'attendrai des choses très spécifiques en échange, des choses qui amélioreraient mon petit confort ou des choses dont les Mineurs manquent. Si on trouve ce qu'ils veulent, on peut s'arranger pour organiser une fausse transaction et démasquer les coupables ? Et puis je doute que ce soit une machination d'Anita donc faudrait quelqu'un qui passe en dessous du radar, quelqu'un qui ait l'occasion de sortir sans qu'on pose de questions et qui est susceptible d'avoir des contacts avec des Carrières sans que ça pose problème. »
Et elle, elle ferait tout l'inverse, elle cacherait son nouveau confort, agrandirait son réseau pour créer le plus d'intermédiaires possibles. L'idée c'était que celui qui achète n'ait aucune idée d'où ça vienne. Il lui faut plus de revendeurs et il faut leur serrer la vis. Mais ça, c'était plutôt du ressort d'Amalia. Rayna danse d'un pied sur l'autre, pas par nervosité mais plutôt parce qu'elle ne tient pas en place tout simplement et finalement la question qu'elle redoute un peu franchit ses lèvres, laissant son sort au bon vouloir du roi de la Carrière : « Qu'est-ce que tu comptes faire à ceux qui ont organisé ça ? »  

Le cerveau d’Aaren est en ébullition. Il n’était pas du genre à envisager toutes les possibilités d’un problème. Il avait tendance à avoir pas mal de conseillers et de chefs de zone qui lui proposaient des plans d’actions concrets et les différents aspects d’une situation. Il n’avait donc que rarement à effectuer cette besogne lui-même. Son job, c’était de prendre une décision parmi tout ce qu’on lui proposait, de s’y tenir, de la mettre en place et d’assumer ses conséquences quelles qu’elles soient. Pas de mener des enquêtes comme un Inspecteur Gadget alors qu’il avait probablement d’autres chats à fouetter. Mais pourtant, il se sentait en bonne compagnie pour avancer. Et il sentait que c’était sa mission. Lui qui avait souffert indirectement des affres de la drogue avec son ex-femme et mère de ses enfants, s’il y avait bien un fléau qu’il avait été heureux de voir disparaître avec l’Influenza, c’était la gangrène de la drogue. Il n’avait donc certainement pas envie que des trafics réapparaissent et encore moins dans ses terres. Si la Mine voulait se droguer entre eux, comme c’était le cas d’Almaze qu’il avait croisé il y a quelques temps sous influence, qu’ils le fassent, qu’ils se tuent à petit feu dans leur trou. Mais il était hors de question que cette merde touche des habitants de la Carrière. « Oui, Anita est beaucoup trop coincée pour laisser passer un trafic sous ses yeux ou même y participer. Dieu sait que pourtant un petit trip allumé lui ferait pas de mal. Le problème c’est que je ne vois pas qui on pourrait contacter chez les Mineurs pour organiser une fausse transaction. Et puis, en tant que chef de la Carrière, je ne pense pas qu’on me fasse exactement confiance comme client. » Il avait beau ne pas connaître grand chose au trafic de drogue, il savait bien que sa gueule ne conduirait pas beaucoup de Mineurs à dévoiler leur trafic, non seulement parce qu’il était un Carrière, mais pas n’importe lequel. Le chef des Carrières. Celui qui pouvait les arrêter à tout moment ou les balancer dans les griffes d’Anita pour avoir un prétexte de plus à la guerre entre la Carrière et la Mine. « Je pense que je devrais envoyer des hommes de confiance espionner quelques membres de la Carrière notoirement connus pour leur usage de drogue. Les suivre pendant plusieurs jours s’il le faut discrètement, jusqu’à ce qu’il rencontre leur fournisseur et ensuite suivre leur fournisseur. Voir s’il s’agit vraiment d’un Mineur ou pas, si ce Mineur collabore peut-être avec des gens de la Carrière ou pas. » Ca lui paraissait être la solution la plus logique, la plus simple à mettre en place avec le moins de risques de bavures. Aaren avait quelques hommes de confiance qui se chargerait de la tâche sans problème et sans en parler à personne. Quant à la question sur le sort des éventuelles personnes arrêtées, il n’eut pas beaucoup à réfléchir. « Si c’est des mineurs, j’irai pousser la gueulante à Anita et ce ne sera plus de mon ressort quant à ce qu’elle va faire d’eux. Si ce sont des Carrières, c’est soit l’exil soit l’exécution. Je peux sauver beaucoup de monde, mais je veux en faire des exemples et je refuse que ce trafic se développe davantage. Et pour cela, je n’ai pas d’autres choix que d’être ferme et implacable. Tu es d’accord n’est-ce pas ? » Il tourna sa tête vers Rayna, qui semblait un peu perplexe. Mais il ne savait pas si c’était sur le plan d’attaque qu’il avait proposé, ou sur ce qu’il comptait faire des dealers. Il sourit légèrement face à sa tête assez rigolote, continuant à marcher dans le Bûcher. « Quoi, tu me trouves trop dur ? Tu penses vraiment que ces enflures qui tuent des gens méritent autre chose ? » Après tout, peut-être qu’il était enfermé dans un carcan anti-drogue, il voulait bien le reconnaître vu son historique.  Mais il devait vraiment entendre de sacrés arguments pour changer d’avis sur le sort qu’il réserverait aux éventuels délinquants qu’il parviendrait à attirer dans les mailles de son filet.

Rayna hoche la tête à chacune de ses paroles, enregistre toutes les mesures qu'il prend devant elle, inconscient qu'il livrait sa stratégie à l'ennemi. Si elle parvient à maintenir un air impassible, elle jubile pourtant à l'intérieur. Elle note qu'elle doitéviter tout contact avec les gros consommateurs pour quelques temps, les pousser à se tourner vers le puff et ainsi précipiter la chute de son trafic rival. Il fallait bien entendu qu'elle en parle à Amalia, mais cette dernière avait aussi connu le monde de la drogue et saurait très certainement comment contrecarrer les plans de Diggs. À l'époque où elle était mariée à Vicente, ils avaient semé les autorités de nombreuses fois, elle savait comment faire. Peut-être qu'elle pourrait trouver un taupe à l'intérieur même des hommes de confiance du chef de la carrière, à l'image des policiers ripoux. Il n'existait pas d'homme qui ne puisse être acheté.
Mais sa célébration intérieure tourne court quand Aaren commence à énoncer ses intentions envers les transgresseurs. L'exil ? La mort ? Ça paraissait un peu extrême. Peut-être parce qu'elle prenait conscience de sa place précaire, du danger qu'elle courait maintenant qu'elle jouait dans la cour des grands. Il ne s'agissait plus de vendre des crèmes, des cigarettes et un peu de cannabis, elle distribuait un poison et cette fois, les effets étaient incertains. L'angélus lui paraissait tout de même plus inoffensif, elle avait du mal à croire qu'une plante qu'elle utilisait dans de nombreuses décoctions médicinales puissent guider à la mort. Si on venait à remonter à elle un jour, elle devrait bénéficier d'un peu de clémence. Elle, elle n'avait tué personne.

« ¡Ay! Un peu quand même... Je ne pense pas qu'ils méritent d'être graciés, mais les tuer me paraît un peu excessif. Surtout qu'un trafic c'est comme une hydre, si tu coupes un fournisseur, un autre prendra sa place. Tu ne peux pas tous les tuer. Le moyen le plus sûr serait tout simplement couper la source, trouver les champignons et s'en débarrasser. » Il fallait bien qu'elle paraisse un minimum honnête pour éloigner les soupçons d'elle. Mais l'idée qu'elle ait pu donner à Aaren les clés pour se débarrasser de ses précieuses plantes lui tordaient l'estomac. Il fallait qu'elle reste dans la course, d'une façon ou d'une autre. « Tu veux que j'aille fouiner un peu de mon côté ? Ils ne me verraient pas venir. » Qui pourrait soupçonner la voluptueuse et chaleureuse herboriste, personnage un peu criard, un peu loufoque... « Et j'ai l'air d'une consommatrice plus convaincante que tes hommes. » Et ça c'était vrai. Mais son but c'était surtout d'étendre sa toile autour du plan de Diggs, se rendre indispensable, au-delà de tout soupçon. Et l'idée de trouver quelques vendus au sein même de cercle proche du roi de la carrière commençait à la séduire de plus en plus. Elle roulerait un peu des hanches, papillonnerait des cils, elle savait faire en sorte qu'on la regarde.
Doucement, elle dépose ses longs doigts sur l'épaule d'Aaren, un geste qui se veut amical, fraternel, mais qui ressemble plus aux pattes de la veuve noire qui se referment sur sa proie. Elle a un sourire simple mais percutant, le sourire qui renferme le péché originel. « J'ai envie d'aider. Je n'apprécie pas qu'on détourne les plantes comme ça. » Elle va la lui mettre à l'envers, pas de doute là-dessus.

Aaren n’était pas connu pour être particulièrement violent ou sanguin. Il essayait toujours d’appliquer la diplomatie, donner des secondes chances tant que cela était encore possible, chose qu’on lui reprochait même parfois. Le complexe du sauveur qu’on l’appelait. Pourtant, sur ce point précis, il était inflexible. Cela remontait bien sûr à ses antécédents avec la drogue, ou plutôt les dommages collatéraux qu’elle a causée. Trois enfants sans mère, un père seul et modeste pour les élever, obligé de donner lieu à des matchs de boxe clandestins dans son bar pour subvenir correctement aux besoins de sa tribu. Forcément, quand on grandit riche, on peut se payer des cures, replonger quelques mois plus tard et retourner à la case départ. Mais dans le monde d’Aaren, l’addiction perdurait jusqu’à la mort. Rares étaient ceux dans son entourage plus ou moins proche qui avait réussi à remonter la pente de la drogue. Et aujourd’hui, dans ce monde précaire et dangereux, la logique était la même. La preuve avec cette vague d’overdoses. Mais la chose ne semblait pas aussi claire pour Rayna qui le regarda un peu surpris. « Et pourquoi pas ? Aux dernières nouvelles, dans ce monde, donner des secondes chances à des personnes aussi avides de destruction et d’empoisonnement des autres n’a jamais fonctionné. » Probable que dans le monde tel qu’on le connaissait avant, il aurait fait totalement confiance à la justice pour les placer en prison et les mener sur le chemin de la rédemption. Il ria à sa propre remarque avant d’ajouter. « Et ne me parle pas des jackals, car c’est différent. » Il voyait déjà l’argument de sa collègue lui arriver en pleine face et préférait donc déjà l’éliminer. Les jackals étaient beaucoup plus nombreux, et certains étaient plus embrigadés que profondément méchants. Les dealers étaient parfaitement conscients de ce qu'ils faisaient. Il sonda la brune du regard lorsqu’elle se proposa d’aller mener son enquête de son côté. Pouvait-il lui confier une telle tâche ? Il ne voulait pas prendre de risques à la fois pour sa vie à elle et pour l’ensemble de l’opération. S’ils étaient repérés, Aaren n’aurait sûrement plus beaucoup de chances de mettre la main sur les fournisseurs derrière. Cette dernière prit donc l’initiative d’ajouter un argument de poids : il y avait en effet marqué « Suspect » sur l’ensemble des hommes de Diggs, probablement trop loyaux au sein de l’ensemble de la Carrière. Il finit par tendre la main à Rayna. « C’est d’accord, mais  tu me fais ça bien ok ? Et si à un seul moment tu te sens en danger, tu viens me voir moi ou Dario, il saura t’aider, je le mettrai légèrement au parfum. » Amalia était le chef de zone de Rayna, et donc la personne la plus proche qui saurait gérer une urgence s’il y en avait une. Il espérait simplement que cela allait fonctionner.

Le portrait qu'il dresse est assez radical et Rayna ne s'y reconnaît absolument pas. Elle se voit plutôt comme une marchande de rêves, à jeter de la poudre enchantée sur les yeux fatigués des survivants. Elle ne souhaite pas leur mort, elle ne souhaite la perte de personne au fond, mais la vie a choisi qui allait s'en sortir et qui allait périr et son idée de la morale était assez baisée comme ça pour qu'elle puisse dormir sur deux oreilles la nuit. Elle avait réussi à survivre alors que tout jouait contre elle, les autres n'avaient qu'à mettre autant de dévouement.
Mais elle n'est pas en position de protester, Rayna. Encore moins quand il la fait taire d'avance alors qu'elle s'apprête à lui placer l'argument jackal sous le nez. Il doit en avoir par-dessus la tête d'entendre ces reproches, mais c'était une décision qu'il devait assumer. Si la Mexicaine n'avait pas eu à souffrir de leur présence personnellement, l'idée de toutes les atrocités commises dans leur petit empire de cruauté lui suffit pour ne pas vouloir s'en approcher. Bien sûr, ce n'était pas eux qui tombaient dans l'addiction et faisaient des overdoses, hein. Peut-être qu'Aaren n'aurait pas trouvé à redire alors.

La madone jugule un petit sourire satisfait quand le chef des lieux lui tend la main pour conclure le marché. Oh oui, elle allait faire ça bien. Le seul danger qui la guette, elle vient de se le mettre dans la poche. Maintenant, elle doit juste trouver un moyen de voir au-delà de la chaîne de commandement, derrière les tentes où Diggs ne laisse que ses proches. Si elle parvient à apprendre où il ne regarde pas, elle saura où frapper. Et pour ça, il faut danser la danse des sept voiles, entrer dans les jeux les plus vieux et les plus destructeurs de l'histoire : entrer dans la tête des hommes et les dérouter. Ça elle sait faire, la bruja. Elle roule des hanches depuis qu'elle a seize ans et que la chair s'est formée sur ses hanches. Attaquer Aaren lui-même est inenvisageable : Jenna est encore trop présente dans son esprit à n'en pas douter, et il a trop à faire pour ne serait-ce que baisser sa garde même entre deux bâillements. Il faut aller piocher auprès de ses collaborateurs. « J'ai grandi à Tijuana, j'en ai vu des caïds et je m'en suis sortie, je t'assure. Et puis au pire, tu m'enverras un de tes hommes pour me protéger s'il m'arrive une bricole, hein ? » Un sourire fin lui étire les lèvres, comme si elle plaisantait alors qu'elle compte bien sur le roi de la Carrière pour la prendre au mot. Trente ans d'expérience dans le domaine parlent à sa place.
« Bon, je ferais mieux de me mettre au boulot maintenant, je connais quelques personnes à la Mine qui m'achètent des crèmes de temps en temps, ils auront peut-être des informations. » Elle attrape le bout de sa tresse avant de glisser, soudainement plus malicieuse. « Et ne te fais pas trop de soucis, ça creuse des rides plus rapidement. J'ai de bonnes tisanes pour te détendre si tu veux. » Elle lui adresse un clin d'oeil avant de faire demi-tour, comme si de rien n'était, comme si elle était maîtresse de la situation. Elle est maîtresse de la situation.