Qui va à la chasse | Angel

survit depuis le : 05/04/2018

davy harrington rahan jennings
« ... perd sa place ? »

Ses pas craquaient jusque là dans l’herbe partiellement desséchée tandis que ses iris arpentaient minutieusement les alentours. Son fusil Winchester calé contre son bras replié, la brune marchait à grandes enjambées – ce qui était relatif quand on voyait la taille des pas d’Angel à ses côtés.

Ces virées de chasse étaient doublement utiles. Déjà parce qu’il fallait bien trouver un moyen de se nourrir et que ce n’était clairement pas les solutions qui courraient les rues ; aller chercher sa propre viande n’était pas une passion mais un devoir, le genre à être d’autant plus difficile pour les âmes sensibles ou ceux qui avaient choisi un régime spécial. Fini les remords pour la vie de ces pauvres lapins et aux oubliettes les images de Bambi galopant joyeusement dans les forêts : mieux valait avoir la cuisse de la biche dans l’estomac.

A ce pragmatisme primaire s’associait le besoin tout aussi urgent de faire régulièrement le point avec Harrington. Ces bulles d’oxygène qu’ils déguisaient sous l’excuse d’aller remplir leurs gardes-manges respectifs leur permettaient de parler à cœur presque ouvert sur les éventuelles menaces qui les guettaient. En tant qu’ex-jackals et déserteurs officieux, leurs situations étaient devenues plus précaires depuis l’arrivée des chacals restants au sein de la carrière. Si tout allait bien pour le moment, Will n’était plus forcément totalement confiante depuis que la région boueuse des Hamilton s’était pour partie remplie d’anciens alliés, dont certains n’auraient eu aucun mal à la reconnaître même quasiment un an après. D’ailleurs, ils avaient peut-être gardé un trombinoscope des traîtres, histoire d’entretenir la rancœur ?

Un bruit à leur gauche fit s’arrêter la brune qui réarma son fusil aussitôt. « T’as entendu ? » qu’elle marmonna au blondinet près d’elle. Non, Angel n’avait pas du faire attention. Il était rare qu’il se préoccupe réellement des alentours quand il avait l’air plus soucieux du chemin qu’ils empruntaient et de la probabilité qu’il ne se fatigue pour rien. Non, l’idée d’aller chasser en binôme ne venait pas de lui au départ et parfois, l’entêtement scolaire et le sens un peu trop rigide de l’organisation de Willie devaient sérieusement le gonfler. Pas un mouvement, et quelques secondes après, Whilelmina laissa retomber le canon du fusil contre son flanc. « Bon, ça devait juste être une branche. »

Ils se remirent en marche quand une odeur, cette fois-ci plus âcre et autrement familière, fit froncer le nez de Willie. « Sérieusement ? C’est le moment de fumer ? » bougonna la brune dont l’odorat sensible de petite fille bien élevée était à présent incommodé. Elle avait bien essayé une fois de tirer une latte – elle avait trouvé ça particulièrement dégueulasse, pour reprendre ses mots exacts.

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Whilelmina Jennings

La chasse était devenue une nécessité si on voulait survivre et se nourrir sans dépendre de qui que ce soit. Il n’avait jamais été un brillant chasseur, ce titre étant plutôt réservée à sa jumelle, mais après quelques temps à devoir se débrouiller seul, il n’avait pas eu d’autres options que de s’y mettre réellement ㅡ sa survie en dépendant. S’il pouvait se nourrir de boîtes de conserves, les animaux étaient quand même bien plus faciles à trouver, de manière globale. De plus, chasser lui offrait l’occasion de se soustraire aux regards de potentiels jackal mais aussi retrouver Whilelmina pour une petite discussion. S’ils étaient relativement en sécurité, ils n’étaient pas non plus à l’abri de tous les dangers et il ne fallait absolument pas baisser sa garde pour se reposer sur ses lauriers.

Angel se stoppa, à l’injonction de Will. « Quoi ? » fit-il, en suivant son regard. Il jeta un regard furtif à la gauche de la jeune fille, sans avoir pour autant entendu le moindre bruit. S’il n’était pas totalement réticent à l’idée de chasser en compagnie de Whilelmina, il faut avouer que son comportement lui donnait parfois l’impression d’être dans une sortie scolaire où l’enseignante passerait son temps à le réprimander pour le moindre geste. Il s’était amusé de voir ce comportement la première fois, mais certains jours, il le supportait plus difficilement. Angel observa plus en détail la zone, tendant l’oreille et guettant le moindre mouvement, mais il fallu rapidement se rendre à l’évidence: si quelque chose avait bougé, il n’avait pas envie de le refaire ou était simplement déjà parti. Il haussa les épaules et soupira. « Sûrement, ouais. Rien qui se mange, donc pas très intéressant. » fit-il remarquer.

Angel attendit qu’elle se remette en marche pour faire de même, fouillant dans la poche de son pantalon pour trouver la petite boîte métallique qui contenaient ses dernières clopes et son briquet. Il la glissa entre ses lèvres, s’arrêtant à peine quelques secondes dans ses enjambées le temps de l’allumer puis reprit sa marche. Il eut à peine le temps d’en prendre une bouffée que la voix de Will se faisait entendre de nouveau. « Quoi ? » répéta-t-il de nouveau, cette fois d’un ton un peu plus agacé. Il se tourna vers la brune. « Excuse-moi poupée, de vouloir me détendre un peu et m’occuper les mains alors qu’on fait que marcher. » soupira-t-il, mais néanmoins, Angel éteignit la cigarette tout juste allumée, la glissant de nouveau dans le paquet, quasiment intact ㅡ ces petites choses n’étaient pas toujours disponibles, il s’en serait voulu d’en gâcher une ainsi. C’était probablement encore plus mauvais pour ses poumons, mais c’était bien le cadet de ses soucis. « Voilà, contente? » Ils reprirent leur chasse, Angel un peu grognon d’avoir été ainsi interrompu ; observant un peu ou il mettait les pieds, il jeta un coup d’oeil à la soigneuse. « Sinon, besoin de rien ? » Une petite phrase nonchalante, lancée l’air de rien, mais qui voulait dire beaucoup. Angel n’était sûrement pas du genre à s’étaler en mièvreries et exprimer son inquiétude: mais avec l’ancienne jackal s’était tacitement établi un espèce d’accord où ils se viendraient mutuellement en aide, en cas de besoin. En tant que déserteurs, nombreux devaient être ceux qui pourraient vouloir leur peau et au final, il s’agissait de la moindre des choses. Un effort qui en valait la peine, en somme. « T’as une nouvelle colocataire, d’ailleurs ? Petite, blonde, parle pas beaucoup. » Il décrivit Erin rapidement et simplement; il n’était pas sûr que Will ait réellement conscience de qui squattait son pas de porte. C’était peut-être mieux comme ça; la situation serait sûrement plus compliquée si Erin et Will étaient au courant de tout. Pour l’instant, il garderait les informations pour lui.

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davy harrington rahan jennings
« ... perd sa place ? »

Poupée. Rien que ça, ça expliquait pourquoi parfois il pouvait être aussi difficile de cohabiter avec quelqu’un comme Angel Harrington. Ses joues rosirent automatiquement d’agacement comme à chaque fois qu’elle écopait d’un de ces surnoms absurdes dont les beaux-parleurs comme lui usaient et abusaient jusqu’à leur faire perdre leur sens primaire. « Pff. Si tu veux t’occuper les mains et te détendre t’as qu’à … J’sais pas moi, ramasser des plantes pour faire un bouquet de fleurs ! Ca puera moins que ton machin. » Les répliques de Whil pouvaient s’avérer aussi hilarantes que risibles et celle-là frisait des records. Ah, douce et sage petite Willie pour qui les insultes n’étaient pas faites … Jurer, même en temps critique, ce n’était pas excusable pour elle.

Malgré son incommensurable aptitude à aller à l’encontre de l’avis général, le blondinet accepta le compromis et éteignit sa cigarette pour la ranger. La jeune fille suivit chacun de ses gestes avec attention jusqu’à ce qu’il ait terminé de pester et la provoqua, attendant une approbation qui vint sans traîner. « Je te remercie. » insista t-elle avec une politesse à en rendre chèvre le premier individu un tant soi peu caractériel.

Leur avancée se poursuivit mais alors qu’ils gagnaient des recoins moins abîmés par le feu ravageur qui était passé ici, l’ex-Jackal choisit de l’interroger un peu plus sérieusement. Voir Angel parler premier degré avait toujours un petit effet déstabilisant. « Euh, non, non, ça va. Tout roule. Toi aussi ? » Dur à croire qu’il pouvait être en mauvaise posture : Willie l’imaginait plutôt comme cet homme qui même avec un pain de TNT scotché sur le torse au beau milieu d’une fosse aux lions s’en sortait indemne. « Erin ? » répondit t-elle en reconnaissant rapidement la description de la petite blonde qui ne parlait pas, un poil intriguée par le sujet ramené brusquement sur la table d’Angel. Il avait donc aperçu sa nouvelle colocataire, comme il le disait si bien. La vérité n’était pas totalement exacte bien que la cohabitation se déroulait sans accroc particulier – elle qui avait craint le pire au départ en voyant sa hache constamment pendue au bout de son bras et son cotât de trois mots par jours avait été étonnamment surprise. « C’est temporaire. Ca lui laisse le temps de pouvoir s’installer tranquillement. » Whil avait préféré corriger les informations, non pas qu’elle eut besoin de rassurer Angel sur son entourage et sur les gens qu’elle invitait à vivre avec elle – mais d’une certaine façon, puisqu’il parlait d’Erin, c’était qu’il devait se poser des questions sur ce qui les liait.

« Elle est arrivée à la Carrière dans un sale état, je l’ai juste soignée. » Elle avait rempli son rôle, en somme. Ce pourquoi elle était présente le plus souvent possible, et ce qui expliquait que sa tente restait toujours ouverte à ceux qui en ressentaient la nécessité plus ou moins vitale. La brune repoussa du pied quelques hautes herbes avant de s’enfoncer un peu plus dans la densité du végétal, ses pensées absorbées par une nouvelle question qu’elle ne tarda pas à poser. « Tu la connais ? » Le monde se rapetissait avec le temps et les morts, alors tout était envisageable, tout même – ses sourcils se froncèrent une demi-seconde plus tard. « … Vous êtes sortis ensemble ? » Elle le regarda tout à coup d’un air hautement suspicieux comme si elle venait d’activer un radar invisible à détection des mensonges et des couples passés. Harrington avait pu facilement sortir avec la moitié des survivantes du Texas, il n’était pas impossible que la petite blonde en ait fait partie. Tout le monde commettait des erreurs – c’était d‘autant plus tentant avec un tel physique face à soi.

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Whilelmina Jennings

Angel leva les yeux au ciel, agacé par les remarques de la brune. Si elle pouvait être parfois de bonne compagnie, quoiqu’un peu trop coincée au goût du blond, il y avait des jours où elle semblait vouloir constamment lui taper sur les doigts pour la moindre raison. Avec le sentiment d’avoir été injustement puni, Angel commençait déjà à grogner. « Bien sûr, des fleurs. Tu veux pas que je fasse des colliers de pâquerettes, tant qu’on y est ? J’ai une gueule de gamine de huit ans en sortie scolaire, ou quoi ? » Il continua à marmonner son mécontentement tout en rangeant la petite boîte dans le fond de sa poche, sous le regard de la brune qui prenait un soin tout particulier à vérifier qu’il ne cherchait pas à l’entourlouper. « Tout le plaisir est pour moi. » Fit-il d’un ton grognon et très peu sincère.

Heureusement, ça ne durait jamais longtemps. Quelques enjambées plus tard, si Angel prétendait encore de bouder pour la forme, son côté un peu plus sérieux qui existait malgré tout reprenait le dessus pour lancer une tout autre conversation. Il hocha un peu la tête, soulagé de voir que la jeune femme n’avait pas de soucis. « Tranquille. Tout va bien. » Angel haussa les épaules. Rien à signaler; il espérait d’ailleurs que cela reste comme ça le plus longtemps possible. « Ouais, c’est ça, Erin. » Visiblement, sa description était assez explicite. Il n’y avait sûrement pas foule de blonde peu bavarde qui squattait l’abri de Whilelmina, quand bien même elle devait recevoir du monde en tant que soigneuse. Et au moins, Erin avait assez parlé pour se présenter, ce qui était un petit miracle en soi; il imaginait très bien la blonde se contenter du strict minimum de paroles, elle qui semblait aussi farouche d’un chat sauvage. « Je vois. Pas de problème alors ? » Erin ne devait pas savoir non plus chez qui elle se trouvait. Bien; on évitait sûrement un drame.

Il allait en rester là, d’ailleurs ㅡ sa curiosité satisfaite, Angel ne comptait pas s’attarder trop longtemps sur le sujet Erin et risquer de commettre un impair en révélant des choses qu’il ne fallait pas. Il hésita un peu avant de répondre, et finit par hausser les épaules en s’enfonçant un peu dans les herbes grillées par le soleil. « On peut dire qu’on se connaît, ouais. » fit-il, sans donner plus de détails pour autant. C’était clairement un euphémisme que de dire qu’ils se connaissaient; mais il n’avait pas plus que ça envie de se lancer sur des explications compliqués et de raviver des souvenirs depuis longtemps enterrés. Angel jeta un regard à la brune, amusé par sa question qui lui offrait d’ailleurs un excellent moyen de détourner légèrement la conversation. Elle lui tendait une perche ㅡ et il n’allait pas se priver. « Pourquoi ? T’es jalouse ? Y’en a assez pour tout le monde, tu peux encore tenter ta chance, Will, t’inquiète. Ca serait dommage de passer à côté d’un truc. » Il s’arrêta un peu pour la regarder, un petit sourire en coin avant de rire un peu et reprendre sa marche. « Ca va, fais pas cette tête, je plaisante. Peut-être. » Il jeta un oeil par dessus son épaule à la jeune fille; il aimait bien la taquiner ainsi, surtout quand il était certain de la faire réagir.

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davy harrington rahan jennings
« ... perd sa place ? »

Sous ses airs de dur à cuire, l’attention d’Angel à son égard était un brin touchante. Pas mignonne, il se serait vexé et aurait senti son égo de mâle enfler à vue d’œil – il y avait quand même une pelletée d’adjectifs plus charismatiques que ça pour qualifier ses attitudes. Whil devait admettre qu’elle n’aurait pas parié sur lui pour devenir un de ses rares alliés mais en ces temps troublés, il ne fallait tout bonnement jamais dire jamais. « Pas de problème. » assura t-elle, sans mentir le moins du monde. Jusqu’ici tout allait bien, peut-être un peu trop bien pour que cela dure, mais Willie préférait croire qu’après deux ans et demi d’une vie dangereuse, le calme lui allait à ravir. « Par contre maintenant que tu en as parlé je te verrais bien avec une couronne de pâquerettes sur la tête. » Elle se mordit la lèvre, bien en peine de ne pas pouffer en imaginant Harrington coiffé d’une multitude de grosses marguerites.

Son rire s’étouffa dans sa gorge quand à son tour, il eut tout le plaisir de se moquer. Les talents de déduction de la petite brune n’étaient pas au beau fixe et si la réponse de son acolyte l’intriguait néanmoins par son côté flou – qu’est-ce que ça voulait dire ça, se connaître plus ou moins ? – ce fut le reste des sous-entendus on ne peut plus vaseux du blondinet qui la firent aussitôt réagir au quart de tour. « Jalouse ? » demanda t-elle une première fois, son timbre de voix montrant clairement qu’elle était passée à côté de la chose avant d’enfin lire entre les lignes et de presque s’écrier, au risque de les faire remarquer. « Jalouse ?! Mais … non je pensais juste que cette fille et toi vous … Ses balbutiements un peu trop indignés s’éteignirent progressivement. Bah, laisse tomber. » Ses épaules s’affaissèrent et elle roula des yeux, pas forcément enchantée d’être encore tombée dans le panneau pendant un temps.

Comme si ça ne suffisait pas, Monsieur en rajouta une louche et la jeune fille accusa sa fausse proposition d’un œil très, très mitigé. « Angel … » Elle le regarda, une moue clairement dubitative à présent apposée sur son visage. « T’es bête. » Conclusion tirée, ce garçon n’en loupait jamais une pour la mettre mal à l’aise avec ses petites blagues de dragueur invétéré ; en même temps, c’était tellement un jeu d’enfant que ça aurait été un tort de s’en priver. De là à le qualifier sérieusement d’idiot, non, Willie n’en était pas là. Au fond, elle l’aimait bien Angel – il lui apportait au moins un peu de gaité et de divertissement au sein de la carrière. Peut-être était-ce pour cela que certains de ses choix de vie la dépassaient – l’Angélus, par exemple, n’était pas forcément le genre de passe-temps récréatif qu’elle lui aurait conseillé. Mais bon, elle ne se sentait pas encore légitime de lui dire des trucs pareils. Il ne l’écouterait pas de toute manière : il ne l’écoutait pas, « Sainte Whilelmina priez-pour nous ».

Maintenant intéressée par l’hypothèse qu’Erin et l’ex-Jackal se connaissaient, Willie poursuivit les questions. Pas par jalousie, évidemment. « Tu l’as rencontrée où exactement ? Avant ou après être passé chez les Jackals ? » Là résidait toute la substance réelle derrière cette interrogation : quelle facette du jeune homme connaissait-elle ? Quelques pas encore avant que la soigneuse n’avoue, un brin espiègle. « En tout cas si elle et toi vous êtes amis, ça doit faire des étincelles. » Ouais, Erin la peu loquace et Angel le grand orateur. Elle aurait bien aimé voir ça, maintenant qu’elle y songeait.

Cette fois, l’alarme pouvait être tirée ; Willie tendit son bras pour arrêter Angel à sa hauteur, et montra d’un signe de menton le petit pécari qui ne les avait pas encore vus et qui paraissait lui-même se régaler d'une touffe de verdure bien entamée. « Là. » Une chance pour eux, car rares étaient les spécimens d’animaux de ce genre dans les environs. « Tout doux … » murmura t-elle en se saisissant de son Winchester. Elle baissa son canon pour l’aligner dans un geste lent et à la fois précis contre son épaule. Extension presque parfaite de son bras droit qui visait l’animal, le fusil hésita un instant entre la tête et le cœur avant de trancher en pressant la gâchette – la tête, c’était le plus propre.

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Whilelmina Jennings

Une couronne de pâquerettes, mais bien-sûr ! Le blond souffla en levant les yeux au ciel, moqueur. De toute façon, les fleurs ne poussaient pas en masse dans la région; elle n’aurait donc pas le droit à la vision d’Angel coiffé d’une couronne de fleurs, ni le plaisir de s’adonner à une telle activité. Puis, taquiner Will pour la faire réagir était, d’ailleurs, bien plus divertissant.
Un éclat de rires échappa à Angel: pas forcément la meilleure idée quand on essayait de chasser et de ne pas faire fuir les animaux aux alentours, mais la réaction de Will était bien mieux que ce qu’il imaginait. La voir s'emmêler dans ses paroles était plus que satisfaisant; il faisait toujours son petit effet. « Ben voyons. Te mets pas dans tous tes états, tu sais bien que t’es la seule femme dans ma vie. » fit-il, ajoutant une nouvelle couche. Toujours plus, toujours dans l’excès; Angel afficha son sourire le plus charmeur et innocent. « Peut-être, mais je suis sûr que t’aimes ça. » C’était bon enfant, même s’il fallait avouer qu’Angel n’avait pas que de saintes pensées. Il l’aimait bien, Will, mais elle était aussi mignonne et visiblement pas prête à finir dans son lit à la première occasion. Cela tombait bien, Angel avait toujours apprécié un peu de challenge pour diversifier son quotidien. Et si cela ne menait à rien, eh bien… Au moins, il aurait tenté; et il était quasiment sûr que Whilelmina l’appréciait malgré ses remarques dragueuses dès que l’occasion se présentait.

Il donna un petit coup de pied dans un caillou avant de répondre. « C’était avant. Vachement avant, genre, avant tout ça. » Cela semblait presque une autre vie, un temps où ses seuls soucis étaient de savoir quelle fille du lycée avait des vues sur lui, ou quand était son prochain match de boxe. Angel se demandait encore parfois ce que sa vie serait à présent, à vingt-trois ans, si elle avait continué sans épidémie. Peut-être qu’il serait aller à la fac, avec sa soeur. Ses parents seraient encore là. Angel y pensait encore parfois, avant de balayer rapidement ces pensées qui ne menaient à rien. Il haussa les épaules, balayant du pied quelques brindilles sur son chemin. Il fixait le sol en marchant, repensant à cette époque et à sa dernière rencontre avec la blonde. Etaient-ils encore amis à présent ? Rien n’était moins sûr. Mais il n’avait pas envie de verser dans le sentimental et se laisser aller à des confessions émouvantes avec Will; il n’était pas là pour ça et ce n’était pas très viril, surtout aux yeux d’Angel. « On est pas vraiment… amis. » se contenta-t-il de dire. « Enfin… On l’était y’a longtemps. Maintenant c’est différent. » Cela n’allait sûrement pas calmer la curiosité de Whilelmina, peut-être même simplement l’attiser d’autant plus. Angel mordilla l’intérieur de sa joue, un geste qu’il espérait qu’elle n’ait pas remarqué.

Angel manqua heurter de plein fouet le bras de la brune, s’arrêtant juste à temps et suivit des yeux ce qu’elle désignait. Il hocha rapidement la tête, se taisant immédiatement. Ce n’était pas le moment de faire un bruit qui ferait disparaître leur festin. Il observa les geste de la jeune femme.
Il retint son souffle le temps que Will tire - l’animal, bien que mignon, représentait un gibier idéal. Une aubaine, car si quelques animaux subsistaient malgré tout, ils n’étaient pas non plus très nombreux, surtout dans cette zone où la flore peinait parfois à pousser sous le soleil brûlant. « Pas mal. » fit-il, en commentant le tir de la brune. Angel n’était pas un excellent chasseur et finalement, trouvait toujours quelqu’un pour l’aider dans cette tâche qui ne le passionnait pas vraiment. Une chance d’être tombée sur Will, en somme. Il s’avança alors vers l’animal pour s’assurer qu’il ait bien été touché et l’achever, si besoin. « C’est un bébé. » Il observa l’animal quelques secondes et au vue de sa taille ㅡ bien que largement suffisant pour nourrir deux voire trois jeunes adultes, il s’agissait quand même d’un pécari bien loin de sa maturité. Angel balaya du regard les environs tout en espérant ne pas apercevoir la maman pécari en colère. « J’espère qu’on va pas se faire charger par une maman de quarante kilos. Même si pour le coup, on aurait largement de quoi bouffer. » Et même de quoi partager, si le coeur leur en disait. Mais pour l’instant, il n’y avait qu’eux et leur futur repas.

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« ... perd sa place ? »

L’ex-Jackal était on ne peut plus satisfait du trouble qu’il avait provoqué. Même si ce n’était pas bien difficile de mettre mal à l’aise Whilelmina par le premier sous-entendu un poil scabreux, le plaisir de la réussite n’en restait pas moins entier et visible sur son visage et pour quelqu’un d’aussi joueur que lui, il aurait été dommage de se priver de voir les pommettes de la jouvencelle virer un peu plus au carmin et les mots trébucher dans sa bouche. « Je me mets dans aucun état … » commença t-elle avant de capituler, parfaitement capable de prédire que tout dans son expression faciale indiquait l’exact contraire. Le rictus enjôleur qu’il lui décocha acheva de la faire bougonner. « Sans commentaire. » coupa t-elle court pour éviter de s’enfoncer un peu plus profondément dans le malaise – malaise qu’elle n’allait pas disséquer pour le comprendre. Angel plaisantait toujours mais il avait bien du mal à savoir quand s’arrêter : même si ça n’avait clairement rien de sérieux, Whil était bien trop ingénue pour le spécimen Harrington. Ah, s’il avait seulement eu connaissance du petit médaillon religieux abrité sous l’épaisseur de son tee-shirt et de son sweat, il aurait certainement déjà été pris d’un sérieux fou rire – ou d’un arrêt cardiaque, au choix.

Distraitement, la brune observa le pauvre caillou se faire maltraiter et rouler plusieurs mètres devant sous le shoot d’Angel alors que la conversation dérivait vers la petite nouvelle qui venait de s’introduire dans son existence. Bon, la thématique « Erin » ne lui inspirait pas les gestes les plus doux qui soient, aussi Whil pouvait-elle aisément en conclure que les relations entre les deux n’étaient pas si faciles qu’elle le pensait. Plus vraiment amis, mais pas non plus ennemis. Cela se confirmait à ses dires, et si la jeune soigneuse aurait pu sobrement en conclure qu’il valait mieux ne pas creuser trop profond, elle était plutôt partisan de crever l’abcès.

Ce qu’ils durent reporter à plus tard : un pécari fraîchement abattu se tenait à leurs pieds. La faim était une priorité qui dépassait tous les motifs de curiosité dans ce monde, ils en incarnaient la preuve vivante. Leurs deux paires d’yeux fixaient à présent l’animal mort sous les commentaires d’Angel. Il n’avait pas totalement tort ; si les mammifères se faisaient rares, un petit l’était encore plus et incluait logiquement la présence d’un parent beaucoup plus dodu et surtout beaucoup plus menaçant. « Eh bien si la mère débarque, tu t’en occuperas ! répondit sans se démonter une Whilelmina bien décidée à repartir avec son butin. Elle s’abaissa pour vérifier brièvement que la bête était en bon état et transportable avant de relever le menton en direction du blondinet, croisant son regard. C’est toi l’homme de la situation, non ? » L’ombre d’un sourire presque taquin fit enfin son apparition sur la frimousse de Willie. « Je ne doute pas de tes capacités. » Il savait largement se servir d’une arme pour se défendre ou attaquer ; chasser, c’était une autre paire de manches – mais là encore, Angel Harrington avait une réputation d’homme viril et fier à tenir.

Histoire d’enfoncer le clou, Will continua son petit monologue en s’efforçant d’avoir l’air la plus sérieuse possible pendant qu’elle fouillait dans son sac à la recherche de liens pour nouer entre elles les pattes du pécari. « Sauf si t’as peur ? Je te protègerai, va. » Elle pouvait bien s’autoriser de l’embêter après ce qu’il lui avait fait quelques minutes auparavant, d’autant plus qu’il s’en tirait bien pour le moment puisqu’ils ne parlaient plus de la fameuse Erin qui semblait causer tant de mystérieux tracas au jeune homme.

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Whilelmina Jennings

« Tu peux dire ce que tu veux, je sais que je te fais de l’effet. » déclama Angel avec un sourire satisfait. Il ne savait, décidément, pas quand s’arrêter. Malgré la gêne apparente de la brune, rien ne semblait mettre un terme aux remarques toujours plus lourdes du jeune homme. Il haussa les épaules alors que Will lui faisait comprendre que cela n’irait pas plus loin: mais pour le blond, ce n’était seulement que partie remise. La seule chose qui pouvait le stopper, peut-être, était de gratter un peu plus loin que la surface en essayant d’en savoir plus sur lui et Erin.

D’ailleurs, il remercia presque Will de ne pas s’attarder des heures sur le sujet « Erin » . Il gardait encore un goût amer de leur dernière conversation: les reproches qu’elle lui avait fait ne cessaient de tourner dans un coin de sa tête et de refaire surface à certains moments, pour le remettre en question. Angel ne voulait pas se lamenter sur son sort ou admettre qu’elle ait pu avoir raison ㅡ mais sa petite voix lui soufflait que s’il voulait retrouver l’amie qu’il avait eu auparavant, il allait devoir mettre sa fierté de côté et accepter ses torts. Pas une chose facile à faire pour le blond, c’était certain. Pour l’instant, il n’était pas encore prêt à faire un tel effort et se contentait de passer ses sautes d’humeur sur les pauvres gravillons qui n’avaient rien fait; si ce n’est se trouver sur son chemin. Heureusement, le hasard ou Dieu, peu importe, mis l’animal sur leur chemin: reportant, sûrement momentanément, le moment où Will poserait plus de questions. Une distraction qu’Angel accueillit joyeusement. En plus de fournir leur prochain repas, le pécari offrait à Angel un excellent moyen de détourner la conversation. Le pauvre pécari n’avait sûrement aucune idée de la reconnaissance que lui portait le jeune homme et ne le saurait probablement jamais ㅡ mais Angel ne s’attarda pas plus longtemps sur l’arrivée presque ex-machina de l’animal.

Planté devant Will, il gardait un oeil averti sur les herbes avoisinantes pour éviter une vilaine surprise. Mais au bout de quelques minutes, il fallait se rendre à l’évidence ㅡ si mère il y avait, elle ne se trouvait pas à proximité. Peut-être que le petit s’était perdu loin de ses frères et soeurs pour finir en rôti. Triste fin, mais Angel n’était pas du genre à pleurer sur le sort de son futur repas. Il jeta un regard à Whilelmina. « Bien sûr. J’ai vu des trucs pires que ça, tu sais. » fit-il, bombant presque le torse pour se pavaner. Angel Harrington en avait vu d’autres: ce n’était pas une maman pécari qui allait l’impressionner. Il avait survécu jusqu’à maintenant, ce n’était pas pour mourir bêtement embroché par un lointain cousin du sanglier. Il croisa les bras en observant la brune fouiller dans son sac à dos. « Moi ? Peur ? Tu m’as pris pour qui ? » Il eut un rire. « C’est pas toi qui a besoin qu’on te protège ? Je veux dire, tu te débrouilles bien avec un fusil mais… Tu restes une fille. Mieux vaut avoir un homme à ses côtés, c’est quand même plus sûr. » déclama-t-il, sans voir de faille dans son raisonnement. Angel avait beau avoir côtoyé des femmes des plus capables, sa soeur, pour commencer, il restait accroché à sa logique parfois un peu archaïque. « Mais t’inquiète pas, » il s’accroupit à côté d’elle pour l’aider à préparer l’animal pour le transport un peu plus rapidement, « Je laisserais rien t’arriver. » Nouveau sourire se voulant charmeur ㅡ s’il y avait une part de drague et de légèreté, il y avait aussi une part de vérité. Après tout, il n’avait pas pu protéger Gabrielle ou même Erin… Il comptait bien se rattraper en protégeant la brune.

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davy harrington rahan jennings
« ... perd sa place ? »

Whilelmina ne répondit pas. Elle savait bien que son silence comme ses paroles donnaient raison et victoire à Harrington, alors autant économiser sa salive : il arrêterait de lui-même son petit numéro de drague avec un peu de chance. Ou prendrait son mutisme pour acquiescement, au pire.

Et puis elle avait trouvé plus divertissant pour l’embêter à son tour. Le taquiner sur son courage, chose à ne pas faire quand on connaissait bien l’intéressé. Whil ne niait pas qu’il était sacrément téméraire, parfois versant jusque dans l’inconscience et l’impulsivité, mais il avait le mérite de préférer les actes aux mots. Bien évidemment, il mordit à l’hameçon de ses plaisanteries à peine voilées, ce qui avait le mérite de faire beaucoup rire la soigneuse intérieurement alors qu’elle se concentrait pour finir de ligoter leur prise. « Je sais, Angel. » Et là-dessus elle ne riait qu’à moitié ; de source sûre, elle pouvait confirmer qu’il avait vu des choses – qu’il en avait faites, nécessairement – qui faisaient autrement plus froid dans le dos que la menace d’un gibier.

Son menton se releva dans la direction d’Angel pour croiser ses yeux bleus, un sourcil arqué d’incrédulité. Oh oui, elle avait bon dos pour endosser le rôle de la petite créature douce et fragile. Mais lui n’avait vraiment aucune excuse pour faire perdurer le cliché. « Vraiment ? » Elle secoua la tête d’un air clairement désapprobateur avant de refermer son sac et de le balancer sur son épaule. « Non mais quel macho tu fais. » Ses yeux levés au ciel déplorèrent la fierté mal placée du jeune homme. Ce débat-là était stérile, encore plus que la plupart des discussions où ils ne tombaient pas d’accord. Et il y en avait un certain nombre, à vrai dire. « Aide-moi plutôt à porter ce gros bébé, Monsieur Je-ne-laisserai-rien-t’arriver. » Sa joue se creusa d’un petit sourire en coin tandis que d’une main elle attrapa la corde qui maintenait les deux pattes arrières de l’animal bien en place. Une fois redressée, le poids de la charge calé le long de son bras, la petite brune se remit en marche mais cette fois-ci dans le sens inverse. Ils avaient déjà eu bien assez de fortune de réussir à tuer et à trouver un animal de ce calibre en vie, autant ne pas rêver que l’occasion se reproduise aujourd’hui. Ce serait tout ce qu’ils auraient pour le moment et c’était déjà amplement suffisant. Pour atténuer le silence entre eux et aussi parce qu’elle n’avait pas complètement fait la sourde oreille à tout ce qu’il lui avait dit, elle finit par reprendre la parole l’air de rien. « Et figure-toi qu’on est deux : moi non plus, je ne vais rien laisser t’arriver. » L’ex-Jackal pouvait être sûr que ses mots étaient aussi sincères que ceux qu’il avait prononcés.

Une intuition intime suggérait à la brune de continuer à parler de tout et n’importe quoi pourvu qu’ils ne s’enfoncent pas dans le mélodrame – ils n’étaient clairement pas doués là-dedans et Angel était très talentueux pour rouler des mécaniques, mais parler à cœur ouvert ne devait pas être dans ses activités de prédilection. « Donc Erin ignore que tu as été … Tu vois ce que je veux dire. » Si la concernée n’avait aucune idée du passé de chacal de leur ami commun, alors Willie était rassurée. Elle aurait moins de mal à devoir se couvrir qu’à les couvrir tous deux. Et le cas contraire … Eh bien, elle ferait avec. C’était ainsi qu’ils vivaient maintenant, en s’accommodant des difficultés qu’on leur plaçait sur la route. « C’est une bonne chose. » avait-elle continué à marmonner un peu nerveusement avant de laisser voguer son regard distrait sur le paysage végétal. « Moins les gens en sauront, mieux ça vaudra pour la suite, crois-moi. J’ai déjà bien assez de mal à vivre dans la Carrière sans avoir peur de tomber sur une vieille connaissance ennemie … » La description pouvait correspondre à la moitié des partisans de Marisa qui avaient élu domicile dans la carrière – dieu merci leur zone n’était pas la sienne -, tout comme elle pouvait correspondre à tous les traîtres qui les avaient quittés bien avant et qui n’auraient eu aucun scrupule à la dénoncer.

Invité

qui va à la pêche

Whilelmina Jennings

Même si elle se contentait de rester silencieuse, Angel n’en démordait pas. Ce n’était simplement qu’une question de temps avant que la jeune femme accepte ses sentiments et se rendre compte de l’évidence. Angel n’était pas particulièrement patient, mais il pouvait parfois surprendre surtout lorsqu’il s’agissait d’obtenir quelque chose d’une jeune fille comme Whilelmina. Tant pis s’il n’obtenait pas satisfaction aujourd’hui. Sûrement, ses efforts finiraient par payer, c’était quasiment certain.

Il fronça un peu les sourcils devant le regard de la brune. « Macho ? » s’offusqua-t-il, un peu vexé quel tel terme puisse lui être associé. Ce n’était pas du machisme c’était l’ordre naturel des choses. Les femmes étaient plus fragiles et délicates que les hommes. Il suffisait de jeter un coup d’oeil à Whilelmina pour en être certain. Elle savait se débrouiller avec un fusil, d’accord; mais la force brute restait ㅡ aux yeux d’Angel ㅡ entièrement masculine. « Pas du tout. Je disais juste ça pour toi, tu sais. » Ajouta le blond en levant les yeux au ciel, décidant de, pour une fois, ne pas se lancer dans une explication qui n’aboutirait nulle part. Un sourire se dessina néanmoins sur ses lèvres alors qu’il posait un genou à terre pour lui donner un coup de main. « Je peux le porter, tu sais, si c’est trop lourd pour toi. » Whilelmina semblait cependant vouloir lui prouver qu’elle n’était pas si faible que ce qu’il pouvait croire, reprenant le chemin du retour en portant leur proie. Angel l’observa un peu avec un sourire presque songeur; Whilelmina, malgré ses apparences de sainte nitouche n’était pas non plus du genre à se laisser marcher sur les pieds; ce qui était loin de laisser le blond totalement indifférent. Il se redressa pour emboîter le pas et lui reprenant au passage le pécari pour le porter lui-même, négligemment jeté par dessus son épaule. « Trop touchant, Minnie. » l’affublant d’un tout nouveau surnom. « Si tu continues, je vais pleurer. » Angel mima d’essuyer une larme; même si la sincérité de la soigneuse le touchait, verser dans le sentimental, ce n’était pas trop pour lui.

Traversant de nouveau les herbes séchées qui peinaient à repousser pour retourner vers la Carrière, Angel resta silencieux un petit moment. Lui qui ne perdait pas une occasion pour l’ouvrir semblait avoir épuisé son quota de paroles pour la journée. Il espérait que Whilelmina oublie qu’il avait parlé d’Erin ㅡ mais comme si le simple fait d’y repenser avait fait renaître la pensée dans le cerveau de la brune, elle rompit le silence pour ramener le sujet sur la table. Angel mordilla un peu l’intérieur de sa joue en hésitant à répondre. Il hésitait à mentir; Erin ne leur causerait sûrement aucun problème, ce n’était pas la peine de rajouter du soucis inutile à Will. Le blond haussa les épaules. « Je crois pas qu’elle sache. Peut-être. J’suis pas sûr. » marmonna-t-il. « Mais c’est Erin. Si elle sait, elle dira rien, ça lui apportera rien ? » Ils n’étaient pas ennemis. Ce n’était pas dans l’intérêt de Erin d’aller raconter à droite à gauche qu’il était un ex-chacal. Angel eut un léger rire pour détendre un peu l’atmosphère. « Clairement. Des fois je me dis que je devrais quitter la carrière, c’est un peu chercher la merde que de rester. » Il finissait par croire qu’il ne retrouverait jamais Gabrielle. Il ferait sans doute mieux de chercher un groupe où il risquerait moins sa vie juste en se baladant dans les allées. Mais au fond, n’était-ce pas ce qu’il appréciait ? Ce frisson d’adrénaline à l’idée de flirter si quotidiennement avec le danger ? En revanche, Whilelmina aspirait peut-être à une vie un peu plus sûre et moins dangereuse. « Mais on se débrouille bien. On a pas trop de soucis. Ca va sûrement continuer comme ça. » fit-il d’un ton qui se voulait rassurant. Il n’y avait pas de raisons pour que les choses changent de si tôt.

black pumpkin

survit depuis le : 05/04/2018

davy harrington rahan jennings
« ... perd sa place ? »

Macho-man avait parlé et son verdict était sans appel : il avait très sûrement peur qu’elle se brise un bras à la simple portée d’un poids de plus de trois kilos pour être aussi vindicatif au sujet de la fragilité féminine. Whil hésita à lui rappeler qu’elle n’avait pas besoin de lui pour alimenter le bois de son feu, se nourrir ou aller chercher son eau mais elle se souvint qu’Erin l’aidait à présent en partie dans toutes ces tâches – et aussi qu’il n’aurait pas hésité à lui répondre que de surcroît, il faisait le livreur pour elle de bonne grâce. Dans le doute, elle s’abstint non sans afficher un petit sourire énigmatique qui aurait le seul mérite de piquer la curiosité Angel et peut-être de l’agacer un petit peu.

Comme prévu, les effusions de sentiments ne durèrent d’ailleurs pas bien longtemps avant qu’Angel ne se paie de sa tête. Du Harrington tout craché. En guise de réponse à ses mimiques dramatiques, Willie lui décocha une petite tape sur le bras qui était tout sauf réellement douloureuse. « Je veux bien voir ça, tiens. » Lui, pleurer ? Ca ne risquait pas d’arriver de sitôt.

Leur retour s’assagit en même temps qu’elle ramenait sa nouvelle amie sur le tapis. Visiblement le jeune homme n’était pas sûr de ce qu’Erin savait ou pas de lui, ce qui n’augurait pas forcément de bonnes choses ; et alors que les sourcils de Whil se froncèrent un peu, sa mine se détendit à peine en l’entendant certifier qu’elle ne dirait rien tant qu’il n’y aurait pas d’intérêt. « Il vaut mieux que ça ne lui rapporte rien. Si elle sait pour toi, ça sera juste une question de temps avant qu’elle comprenne. Ca peut aller vite. » objecta d’un ton un poil calculateur la texane. Pour le moment, cette fille ne posait pas de problèmes et il n’y avait aucun conflit qui justifiait qu’elle se retourne contre Angel. Mais si ce jour-là devait se produire, Willie n’aurait pas d’autre choix que de choisir un camp – et les deux ex-Jackals n’oubliaient pas leur accord tacite.

Elle ne put cependant réprimer un demi-sourire légèrement désabusé quant au jugement que son comparse portait sur leur nouveau lieu de vie. Angel disait vrai sur un point : s’être réfugiés là où échoueraient fatalement quelques mois plus tard leurs anciens camarades chacals n’était vraisemblablement pas une bonne stratégie. « C’était le seul endroit où on avait une chance de pouvoir aller … » Techniquement, ils n’avaient pas le luxe de pouvoir arriver dans d’autres campements certes bien mieux lotis mais également beaucoup moins tolérants envers des gens comme eux – déserteur, ça n’était jamais un avantage pour s’intégrer au sein d’un groupe. Le temps de manœuvrer leurs mensonges pour parvenir ailleurs, ils avaient choisi de se réfugier à la Carrière le temps que tout se tasse en espérant que cette situation précaire ne dure pas indéfiniment. « … Et comme tu dis, pour le moment, tout va bien. Pas de raison de s’inquiéter. » tempéra en accord avec son acolyte la jeune femme, persuadée de ses dires. Tant qu’ils menaient leur barque comme ils le faisaient actuellement en discrets membres des Hamilton Quarries, il n’y avait rien à craindre. Il aurait fallu que le hasard ou le destin interfèrent délibérément pour changer la donne.

Finalement et histoire de pas paraître excessivement louches si jamais au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de la Carrière, ils croisaient des homologues, la brune leva brusquement la corde qui tenait deux pattes du pécari pour le secouer un peu, ses fossettes creusées par l’espièglerie. « C’est moi ou je porte ce machin toute seule ? » Nul doute que le restant de la route du retour serait ponctuée des démonstrations de force d’Angel pour lui prouver à quel point il était l’homme de la situation.