Let's get lost | Ft. Eli

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Eli Gauge
« Let's get lost »

Parfois il était nécessaire de s’éloigner des problèmes de la carrière. Le regard noir de Dario, l’audace de Leigh, la colère d’Eliza ; tout cela commençait à peser sur le garçon naïf qui aimait alors partir en direction de la forêt, le temps de se retrouver seul et surtout de chercher des objets avec des formes bizarres pour les ramener dans son coffre-fort. Dans les bois, il espérait bien trouver une branche d’arbre en forme de fusil, ou peut-être même une qui ressemblerait à une épée. Le trajet avait était calme, il avait pu éviter les seuls rares infectés qu’il avait croisé. Il pensait à se faire renommer Gauge pas-de-velours pour son efficacité à rester indétectable. Une gourde, une sacoche en cuir, il était persuadé d’avoir pensé à tout, mais il réaliserait bien vite que ce n’était pas le cas. Alors qu’il s’enfonçait dans les bois, ses pas-de-velours finirent par le trahir : il trébucha sur une racine et sa tête rencontra un tronc de fort bonne taille, éteignant instantanément le garçon.

En se réveillant, il fut déjà ravi d’être toujours en vie. Mais impossible de savoir combien de temps il avait passé dans les vapes. Il passa la main sur son front et détecta une bosse et se mit à jurer. « Tu m’emmerdes la forêt ! » criait-il. Il s’appuya contre son arbre-assassin pour s’aider à se relever. Il but une gorgée d’eau avant de décider qu’il était temps de rentrer, et de ne parler à personne de son escapade. Par où il était arrivé déjà ? Pas par là. Non là-bas c’est un peu trop sombre. Vite la boussole ! Oh, boussole oubliée. Trouver le nord avec la mousse ! Y’a pas de mousse. Une autre technique survivaliste en réserve ? Avec la mal de tête, c’est dur de se concentrer. Par contre, il parvient quand même à distinguer les bruits de pas de quelqu’un qui se rapproche. Il passe sa main derrière lui pour saisir sa batte de base-ball mais… Il ne la trouve pas. Décidément, il avait oublié plus de choses qu’il n’en avait apportées. C’est pas un infecté. C’est une femme. Oh non, encore une pour me tourmenter, pensa Gauge. Il ne la reconnaissait pas, elle ne semblait pas être d’Olympia, ni de la carrière. Il avait encore un peu la tête qui tournait Gauge, mais il put remarquer qu’elle venait de ranger ses armes. Ouf, elle n’était pas là pour le bouffer. « Hé ! Salut » dit-il en se frottant le crâne. « Tu viens du clan des poneys nan ? » dit-il parce qu’il ne se rappelait plus de l’intitulé exact du groupe. La façon dont elle était habillée et équipée lui avait fait plus pensé à une Crimson Rider qu’à autre chose. Il décida de se rassoir parce qu’être debout était assez compliqué avec le choc qu’il avait reçu. « Alors ? Qu’est-ce qu’en endroit comme toi fait dans une fille pareille ? » dit-il en faisant la grimace quand il réalisa qu’il avait inversé les termes par mégarde.

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LET’S GET LOST

Gauge & Eli

Pour une fois elle n’avait pas besoin de se faufiler hors du ranch en mode rebelle pour pouvoir aller se balader tranquillement dehors. Elle accompagnait un petit groupe qui se rendait en forêt pour chercher fruits, herbes, bois et autres matériaux qui pourraient être utile. Elle s’était immédiatement proposée pour être du voyage et pouvoir profiter de cette journée hors du camp. L’hiver avait des périodes de grand froid et il était important de faire des provisions pour ne pas être pris de court. Le froid n’avait jamais fait peur à Eli même si elle savait que celui-ci pouvait être redoutable si on se retrouvait dehors trop longtemps et sans vivres. Aujourd’hui les températures étaient agréables et un grand soleil occupait le ciel chassant la grisaille des derniers jours. Quelques averses par ci par là dans la matinée mais rien qui ne les arrêteraient. Elle avait pris soin d’aiguiser la lame de sa machette comme à chaque fois qu’elle sortait à l’extérieur des murs du ranch. Elle savait le danger qui régnait dehors et il était hors de question qu’elle prenne des risques inutiles avec une lame émoussée. Etre préparé face aux rôdeurs était le meilleur moyen pour rester en vie et éviter de se faire croquer. Ils croisèrent quelques rodeurs isolés en route mais rien qu’ils ne puissent gérer facilement en groupe et quand ils arrivèrent dans la forêt ils se séparèrent en restant à portée de voix. Eli ouvrit son sac à dos et elle commença à ramasser ce qu’elle trouvait sur son chemin en restant attentive au moindre bruit dans les alentours.

Des échos lui arrivèrent aux oreilles et elle releva la tête en observant autour d’elle. Sa main s’était automatiquement retrouvée sur la hanse de sa machette et elle était prête à la dégainer à tout moment. Elle avança doucement vers la provenance du bruit, elle entendait gigoter derrière le buisson qui se tenait devant elle. Elle espérait juste qu’il n’y en avait qu’un ou deux à la rigueur. Elle sortit son arme en la pointant devant elle et elle traversa l’obstacle qui l’empêchait de voir l’ennemi. Sa première réaction fut de froncer les sourcils en voyant l’homme en face d’elle et quand elle jugea qu’il était à priori inoffensif, elle rangea son arme mais en gardant tout de même une certaine distance. Le clan des poneys ? Sérieusement. Elle arqua un sourcil en le dévisageant. « Les poneys. Dans le mille. » Elle répéta son dernier mot en laissant échapper un petit ricanement. Il avait au moins le don de la faire sourire avant même de la connaître, ça n’arrivait pas souvent. « C’est plutôt à moi de te poser cette question vu ton incapacité à faire une phrase dans le bon sens. » Elle remarqua le haut de son crâne encore rougi. Elle le pointa du doigt. « Qu’est-ce que t’as foutu ? Tu viens d’où ? T’es seul ? » Appelez ça de la méfiance dans toute sa splendeur. Eli avait croisé assez de tarés pour se laisser amadouer trop facilement. Il avait un visage qui ne lui disait rien ceci dit il ne semblait pas bien méchant. Elle se risqua tout de même à faire quelques pas vers lui.

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Eli Gauge
« Let's get lost »

Comme quasiment toutes les femmes que rencontrait Gauge dans sa vie, elle était plus jolie mais n’avait pas l’air commode non plus : c’était son destin de ne rencontrer que des bouts de femme au caractère bien trempé. Le garçon n’était pas dangereux, encore moins dans cet état-là et il fut grandement rassuré de voir qu’elle n’avait pas l’intention de le bouffer, dans tous les sens du terme. Il avait vu juste, c’était bien une Rider. S’il y avait eu un quiz, il aurait gagné des points. Quelle heure pouvait-il bien être ? Combien de temps s’était déroulé entre le moment où il s’était assommé et le moment où il avait repris connaissance ? Il l’aurait bien demandé à cette jeune cavalière si elle ne lui avait pas posé une question la première, maintenant il allait devoir attendre son tour, parce qu’il était poli Gauge. « C’est une longue histoire ! » finit-il par dire. Et il ne dit plus rien du tout, il se contentait de sourire en regardant la Rider s’impatienter : il lui fallut un peu de temps pour comprendre qu’elle en attendait bien plus que ça.

Ça allait un peu mieux. C’était le bon moment pour raconter ce qu’il s’était passé. En mentant un peu bien sûr : « Je viens de la carrière, j’étais parti chasser… En voulant éviter un sanglier je me suis assommé contre cet arbre-là, dit-il en désignant un champignon. Ah non, ça c’est un champignon… Hé ! Il a l’air comestible ! » déclara-t-il en essayant se relever. Il titubait encore un peu mais put s’approcher relativement facilement du fongus. Il se mit à quatre pattes pour le renifler avant de murmurer « Des chanterelles ! » Il en oubliait presque la Rider à ses côtés, s’apercevant même qu’il n’avait pas répondu à la totalité de ses questions. « Je suis seul. Oui. » dit-il après s’être remémoré tout ce qu’avait voulu savoir la jeune femme. Elle s’était rapprochée de lui entre temps, il ne pouvait pas s’empêcher de la dévisager, comme s’il essayait de lire son histoire sur son visage et dans ses yeux. Il lui adressa un sourire un peu benêt avant de lui repose à peu près la même question que tout à l’heure, en remettant tout dans le bon sens cette fois-ci. « Et toi alors ? Tu fais quoi dans les bois ? dit-il en se relevant. Je m’appelle Gauge au fait. Ça ne se prononce pas comme ça s’écrit. Et toi ? »

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Gauge & Eli

Eli n’est pas du genre à s’arrêter pour bavarder avec des inconnus, encore moins en pleine foret mais faut croire qu’aujourd’hui elle est de bonne humeur. Le mec en face d’elle semble complétement paumé et à en juger par la marque rouge sur son front, ça a dû cogner fort. Sa main reste tout de même appuyer sur l’anse de sa machette, juste au cas où il déciderait de lui sauter dessus sans prévenir et qu’il s’avère être un putain de psychopathe. L’apocalypse a rendu certaines d’entre eux fous, meurtrier et cannibale même, chose qu’elle n’arrive pas à comprendre et à assimiler mais à force elle a pris l’habitude de se méfier des étrangers qu’elle croise. Plus particulièrement quand ils sont seuls, c’est comme ça qu’elle avait été forcée de tuer son premier humain au début de l’épidémie. La voix de l’homme en face d’elle la fait revenir à la réalité et elle arque un sourcil en posant ses mains sur ses hanches. Elle attend sans un mot qu’il précise parce qu’elle ne se contentera pas de ce qu’il vient de lui dire. « Des sangliers hein ? » Ça faisait un petit moment qu’elle n’en avait pas croisé. Elle plisse doucement les yeux en le jaugeant de haut en bas. Ni une ni deux elle fit un pas en arrière en sortant sa machette quand il se lève soudainement beaucoup trop vite à son goût. Elle soupire d’exaspération quand elle le voit tituber jusqu’à un simple champignon. « Non mais ça va pas ou quoi ?! » Elle grogne doucement en rangeant à nouveau son arme. Clairement il n’a pas l’air dangereux, plutôt perché. Elle secoue la tête et elle s’approche doucement de l’inconnu. « Faut croire que t’es plus chanceux à la chasse aux champignons qu’à celle du sanglier » Petit pique sympathique faisant référence à son équipement pas du tout adapté. « Eli. » Ni plus, ni moins, elle n’est pas là pour faire la causette à la base, elle a du travail. Son groupe doit d’ailleurs être loin à l’heure qu’il est mais elle le rattrapera sans problème. « Je cherche des vivres et des matériaux avec mon groupe. » Elle pointe du doigt le champignon qu’il tient entre ses mains. « Comment tu sais.. s’il sont comestibles ou non ? » Eli n’a jamais été doué pour ça, elle ramasse et de retour au camp ils se démerdent au tri. Ceci dit, si elle pouvait apprendre quelque chose de nouveau ça ne serait pas de refus et puis de toute manière elle avait de la marche à faire pour rattraper les autres. « Par contre, je sais pas si tu sais où tu vas mais rester ici trop longtemps c’est pas la bonne solution. » Elle pointe du doigt deux rôdeurs au loin. Traduction, soit il fait un bout de chemin avec elle, soit ils repartent chacun de leur côté.

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Eli Gauge
« Let's get lost »

Il fallait reconnaitre qu’au fur et mesure, ça allait mieux : Gauge reprenait peu à peu ses esprits. La tête dans les champignons, il prenait progressivement conscience de ce qui se passait autour de lui, notamment cette rencontre fortuite. Il avait souri quand il avait surpris l’inconnue à cause de ses mouvements brusques : cela l’amusait de s’imaginer que quelqu’un puisse le craindre, il se sentait fort et impressionnant. « Désolé ! Pas de panique, je ne suis pas vénéneux ! » dit-il pour faire une analogie avec les fongus. Elle avait l’air de se détendre, puisqu’elle se rapprochait du garçon, peut-être plus convaincue par ses actes que par ses propos. Gauge sourit de nouveau à sa remarque très juste en hésitant à lui admettre qu’il s’agissait d’un mensonge et qu’il s’était en fait assommé tout seul. « Hé bien salut Eli. Marrant je connais aussi une Eli à la mine. Tu connais la mine ? Attends une seconde : on est pas censé être ennemis ? Toutes ces histoires d’alliances, ça rentre dans une oreille et ça ressort par l’autre, moi j'préfère n’avoir que des amis… » dit-il innocemment.

C’était un pacifiste Gauge, il avait du mal à envisager que les hommes puissent se foutre sur la gueule avec des évènements pareils. C’était être incroyablement naïf certes, mais à la fin de l’humanité, il était persuadé que ça allait être les gens comme lui qui allaient refaire le monde : les gens honnêtes, les gens de confiance… Le garçon apprit ce qu’Eli faisait là et il approuva d’un petit signe de la tête. Il se demandait simplement où se trouvait son groupe puisqu’ils n’étaient visiblement pas avec elle. Il se demandait aussi si les Riders prenaient parfois des gens de la Carrière comme prisonnier, pour demander une rançon ou quelque chose dans le genre : Gauge n’était vraiment pas du tout dans le coup. « Ça ? Hum, avant… tout ça… je passais pas mal de temps dans les livres et dans la forêt nationale de Cherokee, j’étais devenu expert en champignons ! » dit-il fièrement. Ils durent mettre un terme à la conversation pour le moment puisque deux infectés s’approchaient dangereusement d’eux ou tout du moins de l’endroit où ils se situaient. Même si ça allait mieux, Gauge était encore sonné et pensait qu’il était risqué de voyager seul, mais comme il pensait qu’Eli allait le prendre pour un trouillard, il trouva autre chose à dire. « On doit pouvoir les contourner ou… Euh, je te suis, c’est toi qu’est armé… Moi je l’ai oublié à la maison ! »

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Gauge & Eli

Eli doit bien l'admettre, elle a du mal à garder son sérieux et son air mi dangereux mi fais gaffe à toi si t'essayes de me la faire à l'envers sur le visage face à Gauge. Il ne cesse d’enchaîner ses phrases avec un touche d'humour et il arrive finalement à lui arracher un sourire. Il fait parti de la carrière et il marque un point, le ranch et la carrière ne sont pas les meilleurs amis du monde. Ceci dit, Eli, même avec son caractère bien trempé, a toujours mis un point d'honneur à laisser sa chance à quiconque croiserait son chemin. Ils ne peuvent pas être tous mauvais là bas, idem au ranch. Ils ont chacun un leader plutôt.. complexe et qui campe sur ses positions. Les querelles entre eux, ça lui passe au dessus de la tête, clairement. "Là dessus on est au moins d'accord même si bon, je n'ai pas QUE des amis. Certaines personnes ne recherchent que la haine et la destruction.." Elle fronce les sourcils en baissant la tête, c'est à cause de gens comme ça qu'elle a du tuer. Trois fois. Trois humains. Trois êtres vivants qu'elle n'oubliera jamais malgré qu'ils aient tenté de la tuer d'abord. Sauf le premier, celui là c'était un simple accident, un regrettable accident.

Un regard vers l'arrière lui confirma que son groupe devait sans doute être loin désormais. Elle sait se débrouiller seule et ils le savent aussi alors ils ont du continuer leur cueillette sans trop se préoccuper d'elle. "Pratique. Tu peux dénicher plus facilement et rapidement ce qui est comestible ou non.. J'ai du tout apprendre, j'étais assistante de rédaction pour un magasine de mode." lâche t-elle dans un sourire en rangeant enfin sa machette dans son étui. Clairement ça ne lui ressemble pas du tout de raconter un bout de sa vie d'avant à un parfaite inconnu mais étrangement elle le trouve sympathique et elle est persuadée qu'il n'est pas dangereux, qu'il ne va pas soudain se mettre à lui sauter dessus pour l'étrangler ou la jeter dans les griffes d'un bouffeur de cervelles. En parlant du loup, les voilà qui débarquent en duo et Eli se tourne les yeux grand ouvert vers Gauge qui lui indique qu'il n'a aucune armes. "T'es sérieux? Tu comptais faire comment si tu tombais sur un nid que tu ne pouvais pas contourner?" Oui, elle lui fait un peu la morale sans même s'en rendre compte, c'est dans ses gênes de garde. Ils ne sont que deux, heureusement pour eux. Alors elle sort le petit couteau de sa botte et le tend à Gauge. "Autant qu'on les extermine, ça fera toujours ça en moins" Elle épargne rarement un rôdeur sauf quand elle voit que ça risque de mettre sa vie en danger. "Prend celui de gauche." qu'elle lui dit tandis qu'elle s'avance vers celui de droite, machette en main. Un coup sec et précis au milieu du crâne et voilà le premier à terre. Elle se retourne vers Gauge. "Tu t'en sors le génie?"

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Eli Gauge
« Let's get lost »

Gauge se demandait comment on pouvait être aussi jolie mais avoir un visage aussi dur à la fois. Et ce n’était pas seulement parce que cette fille avait dû en baver non, il se posait également des questions sur les gênes. Il plaçait délicatement les champignons dans une petite sacoche avant d’en tendre un à Eli : il comprit alors pourquoi les fleurs étaient devenues le canon du romantisme contrairement aux fongus. Il était rare que quelqu’un soit d’accord avec lui, et quand cela arrivait, il avait les yeux qui brillaient. « Oh c’est vrai ? Ouais, la haine ouais ! dit-il pour reprendre les termes d’Eli. Moi ça me casse les pieds. Oh, désolé si je m’emporte un peu, pardonne mon langage ! » Il ne faisait même pas exprès de ressembler à un petit garçon.

Décidément, il se passait des choses à chaque fois qu’il venait dans cette forêt. Si ce n’était pas aussi épuisant ou douloureux pour la tête, il viendrait peut-être plus souvent dans le coin. Le contact avec la nature avait quelque chose de rassurant. Il aurait bien construit une cabane dans les bois s’il avait des planches, mails il n’avait pas de clous. Ni de motivation. Eli se dévoilait un peu en parlant de son ancien métier. Le garçon hésitait à lui dire que juste avant l’épidémie, il était chômeur, alors il se contenta de répondre « Ah ? » Elle avait enfin rangé son arme, mais ce fut pour le ressortir peu de temps après. Gauge répondit par un haussement d’épaules : normalement, il trouvait toujours un moyen de s’en sortir. Lorsque Eli lui tendit un petit couteau, il fit une grimace parce qu’il savait ce qu’elle attendait de lui et cela ne l’enchantait guère. « J’étais employé de bureau avant… » dit-il blasé.

Il n’avait plus d’excuses pour ne pas l’aider, il était armé maintenant. Pourquoi tous les gens qu’il rencontrait voulaient toujours se battre ? Il comprenait parfois ce que pouvais ressentir sa copine dans Olympia. La fuite était-elle aussi passée de mode que cela ? Bon, puisqu’il fallait le faire… Il utilisait toujours la même technique : il faisait un croc-en-jambe au rôdeur, l’os était à la limite de se briser. Une fois au sol, il ne restait plus qu’à planter le couteau à l’arrière du crâne, sans même avoir à se soucier que les bras de la créature puisse gêner en assenant le coup de couteau. « Oh, c’est dégueulasse ! » se plaignait Gauge. Il détestait toujours autant faire ça, surtout qu’il avait un peu de sang sur ses habits. « Mais ouais… Je m’en sors… » dit-il en serrant les dents. De manière générale, il s’en sortait toujours. « T’es balèze toi ! Pourquoi toutes les nanas que je rencontre sont plus balèzes que moi ? »

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LET’S GET LOST

Gauge & Eli

Eli se déride doucement au fil de la conversation, sans le vouloir il l'amuse et ça fait du bien pour une fois de baisser sa garde et de pouvoir discuter normalement avec une autre personne sans avoir peur qu'on lui saute à la gorge. Elle parle rarement du passé et pourtant ça lui fait du bien de se remémorer le temps où le monde tournait encore rond. Le temps où les zombies ne bouffaient personne et où les êtres humains ne s'attaquaient pas entre eux pour de la nourriture ou des terres. La bonne époque comme elle se plait à l'appeler. C'est important de se souvenir selon elle, de qui on était avant tout ce bordel. "Sérieux?" Elle lâche un petit rire en continuant d'avancer. "Je t'imaginais dans beaucoup de choses mais pas employé de bureau" C'est la vérité, elle se plait à imaginer ce que les gens étaient avant et Gauge elle le voyait comme une sorte de botaniste un peu fou ou bien un gardien de zoo passionné par la faune et la flore. Elle hausse les épaules. "Des fois ça me manque, ce bureau, ce boulot pas très bien payé mais où j'aimais bien m'y rendre, les fêtes le vendredi soirs, ma vie normalement banale.." Elle s'en est plaint plus d'une fois de cette vie par le passé, elle réclamait sans cesse de l'aventure et elle avait été servi du jour ou lendemain. Elle n'y était juste pas du tout préparée.

Ils reviennent vite à la réalité de leur monde quand deux rôdeurs pointent le bout de leur nez. Eli n'hésite pas à tendre une arme à Gauge pour qu'il puisse l'aider, ça ira plus vite comme ça. Une fois son rôdeur à terre, elle se retourne vers Gauge avec un petit sourire aux lèvres. "Oubli pas d'essuyer ta lame." Précaution qu'elle avait assidûment apprise pendant ses entraînements avec Ethan des années auparavant. Elle lâche un petit rire en le rejoignant finalement. "On a tous des faiblesses mais si on veut s'améliorer il faut s’entraîner et s'adapter. Tu te débrouilles bien aussi hein" qu'elle dit en pointant la pointe de sa lame sur l'autre rôdeur à terre. "J'vais essayer de trouver quelques trucs à ramener au ranch, tu peux rester si tu veux. Tu m'aides pour les champignons, avec tes connaissances et j'te retourne la faveur, ce que tu veux. Dans la limite du raisonnable hein." Elle laisse un sourire s'étirer sur ses lèvres et elle tend une main vers Gauge. "Et.. ça me fait du bien de discuter un peu de choses normales" Autrement dit, elle a bien envie que ça dure encore un peu avant de rentrer au camp et de reprendre son rôle de garde.

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Eli Gauge
« Let's get lost »

Évoquer le passé était quelque chose que Gauge appréciait assez peu. Il embrassait pleinement l’apocalypse zombie, il en rêvait depuis tout petit, et c’était enfin arrivé. Il voyait surtout cette possibilité de repartir de zéro pour l’humanité et une liberté avancée. Bien sûr, tout n’était pas une partie de plaisir, mais clairement, cela avait tout de même ses bons côtés. Ce ne semblait pas être le cas d’Eli qui préférait sa vie banale comme elle disait : c’était naturel, c’était ce qu’une personne normale voulait retrouver, mais Gauge était loin d’être normal. Rien ne lui manquait, peu de choses avaient changé pour lui finalement. « Pas moi. L’entreprise où j’étais, c’était les outils de jardinage et tout ça, c’était chiant… Et j’étais pas invité aux fêtes le vendredi soir, voilà… » déclara-t-il en levant les bras comme s’il venait d’admettre un crime. Avant l’épidémie, il n’était vraiment pas le garçon le plus populaire et cela l’angoissait énormément. Maintenant, il est toujours aussi peu populaire, mais il s’en fiche.

Même s’il avait passé une partie de sa vie à tirer sur des cibles, tuer un infecté au corps à corps n’apportait pas du tout de satisfaction comparable : aucune sensation dans le bras, pas de groupements à analyser sur la cible après coup. Certains semblaient vraiment y trouver du plaisir cependant. Suivant les conseils avisés d’Eli, Gauge essuya la lame ensanglantée sur une feuille de fougère avant de la lui rendre. Gauge n’avait pas envie de s’entrainer, Gauge n’avait pas la motivation. Elle avait sans doute raison, mais de toute façon, lorsqu’elle lui dit qu’il se débrouillait bien, il se dit qu’il n’avait pas besoin d’en faire plus. « Eh ben merci ! » dit-il totalement satisfait. Gauge avait une imagination débordante, mais il savait déjà que ce n’était pas la peine d’essayer de profiter sexuellement d’Eli, c’était sans doute d’ailleurs ce qu’elle voulait faire comprendre en mentionnant la limite du raisonnable. Mais malgré tout ça, il ne put s’empêcher de sourire et d’imaginer. « Ok je vais t’aider. J’ai besoin de rien en ce moment. Oh attends : tu crois que je peux garder le petit couteau de tout à l’heure ? Il était bien en fait et j’en ai pas à la maison, demanda-t-il les yeux grands ouverts. Mais tu sais, pour ce qui est de parler de choses normales, je pense quand même que t’es mal tombé ! Il était gêné et croisait ses bras dans le dos, mais ne voulait pas décevoir Eli, alors il fit un effort. C’est quoi la chose qui te manque le plus ? Moi c’est sans doute les glaces ! J’avais ce camion qui passait devant chez moi, il faisait parfum marron glacé… C’était au top ! » dit-il en levant les yeux au ciel.

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LET’S GET LOST

Gauge & Eli

A la différence de Gauge, Eli aime énormément se rappeler du passé avant que tout ce bordel ne commence. Certes, elle avait une vie simple et bien rangé, rien de bien palpitant mais quand elle voit désormais les horreurs que certains être humains font subir à d'autres de leurs espèces, ça l’écœure. Elle a déjà du tuer. Pour sa propre survie, elle a éliminé trois vivants depuis le début de cette merde. Un accident suite à une bagarre pour de la bouffe et les deux autres c'était elle ou eux. L'instinct de survie prend le dessus dans ce genre de moment mais ce qu'elle n'arrive pas à comprendre ce sont ces personnes qui tuent sans scrupule, qui aime répandre la peur et qui accentuent encore un peu plus la notion d'apocalypse. Elle lâche un petit rire en sortant de ses pensées et en relevant la tête vers Gauge. "Je suppose que chacun vit différemment cette apocalypse zombie.. en tout cas moi je t'aurais invité les vendredis soir, t'es plutôt drôle et sympa comme mec" Elle affiche un franc sourire sur ses lèvres tandis qu'elle enjambe un des rôdeurs qu'ils venaient de tuer. Elle hoche la tête. "Ouais garde le j'en manque pas au ranch à condition qu'il ne te quitte plus désormais quand tu sors.. chasser le sanglier" Elle lui fait un petit clin d’œil parce qu'il était totalement désarmé quand elle l'a croisé et ça ce n'est jamais une bonne idée encore moins quand on veut soit disant chasser du gibier. Elle hausse les épaules quand il lui annonce qu'elle est tombée sur la mauvaise personne pour les choses normales. "La bizarrerie c'est bien aussi" qu'elle balance pour le taquiner parce qu'il faut bien avouer qu'il a l'air un peu perché. Elle ferme les yeux en souriant. "De la glace.. mon dieu que ça me manque maintenant que tu en parles. Quand j'y réfléchis je ne saurais même pas te dire ce qui me manque le plus.. Tellement de choses.." Elle lâche un long soupir avant de poursuivre. "Je donnerais tout ce que j'ai pour partir d'ici, pour caresser les grains dorés du sable chaud, le bleu de l'océan, prendre un bon bain chaud, me promener en pleine nature sans avoir à regarder par dessus mon épaule de peur qu'on me bouffe la cervelle.." Elle marque une pause en baissant les yeux. "Mais au fond ce qui me manque le plus c'est mes parents.. l'humanité en elle même." Elle secoue la tête en levant les mains en l'air. "Ta raison, c'est déprimant en fait de parler du passé. Très mauvaise idée de ma part je te l'accorde !" Elle relève la tête pour scruter les environs, ils vont devoir encore marcher un moment mais ils devraient arriver à atteindre leurs camps respectifs avant la nuit en espérant que rien ne leur tombent sur le coin du nez en attendant.

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Eli Gauge
« Let's get lost »

Voilà, un autre exemple des bienfaits de l’apocalypse : les femmes s’intéressaient un peu plus à lui ; avant il n’était pas grand-chose, maintenant, il était soit drôle soit sympa, voire les deux dans des cas encore plus rares comme celui-ci. Pour lui, ce n’était qu’une preuve supplémentaire qu’il était maintenant dans le bon monde, celui où il était important. Il ne put s’empêcher de sourire bêtement à la remarque d’Eli, même si son invitation avait 8 ans de retard. Où était-elle dans sa vie précédente celle-là ? Il venait d’obtenir un couteau, mais c’était comme s’il venait de trouver le Graal. Plus que l’objet lui-même, c’était le geste qui l’enchantait. « Oh merci ! Je vais en prendre soin ! Avec ça, je ne t’oublierai jamais ! » Il n’avait pas besoin du couteau pour ça.

La bizarrerie hein ? Bon, elle avait bien cerné la personnalité de Gauge. Il lui adressa ce petit sourire gêné, mais en même temps, complice. Gauge savait ce qu’il était, et ça ne l’avait jamais gêné d’être l’original, que ce soit dans cette vie ou celle d’avant d’ailleurs. Il valait mieux faire rire que faire pleurer de toute façon, non ? Il avait visé juste en parlant des crèmes glacées, Eli était aux anges. Elle avait des envies de voyage, de plage ; Gauge acquiesçait en silence, comme pour valider les choix d’Eli. Finalement, la liste des choses qui lui manquait s’allongea, et Gauge regretta d’avoir lancé le sujet, elle était clairement nostalgie de la chose : n’importe quel être humain normal serait nostalgique. Il arriva d’ailleurs à la conclusion qu’il ne valait mieux pas lui poser des questions sur les parents absents qu’elle venait d’évoquer. « Non c’était pas… une mauvaise idée. C’est juste... loin tout ça. C’est dommage ouais, mais c’est pas déprimant. Je dirais qu’il faut y repenser de temps en temps, dans les moments les plus difficiles ! » dit-il en souriant.

Après cela, ils se mirent à la collecte des champignons. Il essaya de lui expliquer du mieux qu’il put lesquels étaient comestibles et lesquels ne l’étaient pas, mais il s’exprimait assez mal et se mélangeait un peu les pinceaux. Éventuellement, Eli dut rejoindre son groupe avant de retourner au ranch, le soleil n’allait pas tarder à se coucher et il valait mieux se mettre en route maintenant. Le garçon n’aimait pas trop les au revoir, surtout lorsqu’il s’agissait de l’ennemi et que la possibilité de se recroiser un jour était très mince. Il se contenta de lui lancer un « Stay safe, Eli ! » pratiquement à l’endroit où ils s’étaient rencontrés d’ailleurs, et Gauge détesta encore plus les alliances, les clans et tout ce bazar.