Yeah, baby, trust me, this could get ugly (Balthazar)

Début septembre

Le nettoyage du mall avait été des plus éreintant pour le maréchal et les quelques autres volontaires forcés de s’y rendre, pourtant malgré les cernes qui s’accumulaient sur son visage on en venait encore à lui imposer des tâches qui n’étaient pas les siennes pour alléger les autres riders irrités par la fatigue. Enlever quelques heures de sommeil pour les donner à quelqu’un d’autre, et ainsi de suite, c’était un cercle vicieux dont le ranch n’arrivait pas à se débarrasser et auquel il ne pouvait pas dire non, parce qu’on rigolerait de sa défiance, incapable de prendre au sérieux ne serait-ce qu’un signe de provocation au sein des riders – bien sûr, ils étaient pour la plupart des rustres qui n’attendaient qu’une minute de liberté pour se lâcher, d’où les débordements toujours plus fréquents, mais en même temps, ils avaient tous pris la bonne manie d’obéir aux ordres, dressés par la main de fer de l’aînée des Rhodes. On ne lui donnait même pas quelques jours pour se reposer de l’épreuve des rôdeurs, son dos et ses bras le lançaient encore des efforts fournis pendant ces journées d’enfer à tuer et traîner les corps pour les faire brûler en masse, mais, après tout, comme s’amusait à lui rappeler tous les cavaliers qu’il croisait, il avait eu la vie douce pendant quelque mois, avec sa côte fêlée qui lui faisait tourner la tête de douleur à chaque respiration trop enthousiaste. C’était tout de même en maugréant que Beckett se dirigea jusqu’à la tour de garde qui l’hébergerait pour la nuit, la dernière fois qu’on l’avait forcé à rester éveiller à scruter l’horizon à peine éclairé par les étoiles était il y a plusieurs mois déjà, dans les chaleurs encore fraîches et humides du mois de mars, au moins en ce début du mois de septembre, les températures étaient encore clémentes et il n’avait pas peur de se diriger sans rien d’autre que son vieux tee-shirt sale vers la petite cabane sur-élevée, un des vieux fusils calés dans son dos, pour accueillir les infectés qui auraient la mauvaise idée de vouloir venir visiter le ranch en pleine nuit. Le soleil commençait déjà à se coucher vers l’horizon denté d’arbres, pourtant il restait encore assez de luminosité pour qu’il reconnaisse parfaitement son partenaire pour la nuit en se hissant sur la plateforme. « Oh non. » laissa-t-il échapper, sans ménagement ni même une once de politesse. « Pas toi. » La vue du visage encadré de lunettes de Balthazar lui donnait envie de redescendre, d’aller demander aux gars postés à la porte d’échanger avec lui, mais il connaissait déjà la réponse. Tout le monde s’était accoquiné de son partenaire de garde. Et lui devrait se coltiner le monsieur je-sait-tout pendant des heures rendues interminables à cause de sa présence.