A new miner versus an old one

Riley ⚜ Casey

❝A new miner versus an old one❞

Début septembre

C’était la dernière fois qu’elle franchissait cette porte et ce n’était pas sans lui faire quelque chose. Une douleur dans la poitrine puis dans les tripes. Le stress sûrement… plus vite, elle serait loin de la mine et de la carrière, plus son corps s’apaiserait. Enfin, c’était ce qu’elle espérait. Mais avant ce road trip – pas du tout improvisé, il lui fallait compléter ses réserves. Ses seules monnaies d’échange était son M4 et ses deux bouteilles d’alcool. De quoi compléter le stock de bouffe qu’elle avait dans le sac à dos. Certes, ça l’amenait à être armée seulement d’un couteau par la suite mais ça suffirait. Ça devait suffire. En soit, son stock aurait pu suffire pour elle pendant les dix prochains jours mais il y avait Jack et un chien ça se nourrissait. D’autant plus que l’animal avait preuve d’une loyauté indéfectible depuis leur rencontre et étrangement, une partie d’elle s’en voulait d’arracher le chien à son foyer. Leur foyer.
Examinant les visages qu’elle croisait, elle faisait son chemin vers le commerçant avec qui elle avait l’habitude de faire affaire. Le bon côté de son départ, c’est qu’elle n’aurait pu à se soucier des carrières, de la situation politique avec les carrières. Une raison d’énervement en moins, ça ne pourrait pas lui faire de mal. Casey entra enfin dans la boutique, enfin boutique qui servait aussi de bar improvisé aux hommes qui venaient là pour acheter de l’alcool et n’était pas assez patients pour rentrer chez eux le boire. Ou ceux qui n’étaient juste de passage avant de repartir vers on ne sait où. Faisant un tour d’ensemble des bancs et tables qui se trouvaient là, elle vit un vieux de la mine qu’elle connaissait. Par réflexe, elle mit sa capuche sur sa tête : valait mieux prévenir que guérir. Les vieux et leurs questions, ça allait cinq minutes. Alors que son regard était fixé sur le vieil homme assis, elle bouscula un homme qui était déjà devant elle dans la file d’attente. La blonde grogna (pour changer) avant de porter ses yeux sur son obstacle."Tu… " Reprenant sa respiration, elle se dit que ce n’était pas le moment de faire des siennes alors autant se la jouer tranquille et polie. "Ouais… Faut pas rester au milieu du passage comme ça." Okay, pour la politesse on reviendra mais elle avait au moins le bénéfice d’avoir utilisé un ton calme pour lui parler. Faisant fi de l’homme, elle passa devant lui. Fallait pas rêvasser sans rien faire. Jack prit le temps de renifler l'homme avant de s'asseoir à côté d'elle. "Salut Tom, j’ai besoin de provisions, si t’as des boites de bouffe pour animaux, je suis preneuse." C’était assez courant et surtout moins cher. De plus, dans son cas, ça lui serait beaucoup plus utile. "J’ai ça pour toi." Elle posa son fusil d’assaut sur le comptoir, les deux chargeurs allant avant puis commença à fouiller dans son sac pour trouver les deux bouteilles d’alcool. Les deux dernières bouteilles qu’elle possédait. Ça faisait deux semaines qu’elle avait arrêté de boire, non sans grande difficulté mais ça lui faisait quand même mal de s’en séparer. Entre s’arrêter de boire et se priver de toute possibilité de le faire, il y avait un gouffre. Les deux bouteilles rejoignirent l’arme sur le comptoir alors que le vendeur s’amusait déjà à regarder si les chargeurs étaient pleins. Le connaissant, il allait aussi vérifier l’arme et son fonctionnement avant de lui proposer de marchander. En attendant, Casey jeta un œil curieux vers le vieil homme, il semblait contempler son repas ou son verre, peu importe, tout ce qui comptait c’était qu’il ne prête pas attention à sa présence. Comme s’il avait entendu ses pensées, il leva la tête dans sa direction, du moins pas vraiment, plutôt celle de l’homme derrière elle. "Riley, ramène les verres qu’on finisse de boire et qu’on rentre." Qu’on rentre ? Casey s’était déjà détournée du vieux et dévisagea l’autre homme avec attention. Non clairement, il ne faisait pas partie de la mine. Ils étaient pas assez nombreux pour que Casey ne connaisse pas chaque tête qui rôdait dans la mine. Et lui c’était qui ? D’où il sortait ? De quel droit il allait « rentrer » dans sa mine ? La blonde se contenta de lui jeter un regard suspicieux, fermant sa grande gueule. Elle n’avait plus rien à dire sur la question, elle devait se le rentrer dans la tête.

Riley ⚜ Casey

❝A new miner versus an old one❞

Il y a du monde, beaucoup trop de monde dans ce lieu. Ce n’est guère étonnant vu qu’il s’avère être une place centrale pour les échanges mais cela ne change rien. Plus il y a de personnes, et plus il y a de risques. La prudence veut qu’il mette les voiles. Pour une fois, le reste n’est pas de cet avis. Ses prunelles se perdent sur l’homme qui l’accompagne à quelques mètres de là. Il est installé à une table et patiente, attendant son retour. Le visage de son grand-père s’interpose dans son esprit. Il est pris à son propre piège, un jeu d’affection qu’il s’interdit de ressentir, ou même d’envisager. Il rêvasse, détourne son regard. Le retour de son attention est trop tardif, une personne le bouscule. Instinctivement, Riley sert un poing. Maître de lui-même, il n’en demeure pas moins que les pulsions primaires reviennent au galop dans ce monde. Et une bousculade s’apparente à une agression. Et d’une agression, il faut se défendre. Sauf que là, ce n’est qu’une jeune femme en capuche et il n’a aucune raison de lui mettre son poing dans la figure, ni même de l’agresser. Surtout qu’elle tente de s’excuser pour son geste, du moins ceci peut être considéré comme des excuses dans une société primitive et cela tombe bien, c’est ce que le monde est devenu.

Il s’écarte d’un pas, non désireux d’engager une discussion avec une maman ours qui semble sortir de sa caverne, à la recherche de nourriture pour donner la becquée à ses petits. Le regard de l’homme se baisse sur le chien durant quelques secondes, avant de retourner en direction du comptoir à l’écoute d’un bruit familier, celui d’armes que l’on vérifie. Il se reporte ensuite sur le chien. Ainsi, c’est lui le petit qu’elle cherche à nourrir et elle tient suffisamment à lui pour se séparer d’une arme. « T’es un veinard mon vieux. » dit-il à voix basse à l’intention du chien. Sa maitresse est encore pourvue de conscience et l’idée de le dépecer pour se nourrir n’a pas l’air d’actualité. La voix du vieil homme, installé à la table s’élève alors, le réclamant. « J’arrive, j’ai juste laissé passer une demoiselle, ma galanterie me perdra. » Ce n’est pas la vérité mais qu’importe. Elle est juste plus pressée que lui, à croire qu’elle a oublié que toutes les horloges se sont arrêtées un beau jour. Il jette un œil vers elle, puis s’en désintéresse, avançant vers le comptoir.

« Bonjour Tom, c’est ça ? Trois verres s’il vous plait, mais seulement deux pleins. Je paie pour les trois. » L’homme le regarde comme s’il débarque d’une autre planète. Mais il hausse les épaules, et finit par s’exécuter, mettant provisoirement en suspend son inspection de l’arme. Il sort trois verres, en remplit deux. Riley sort de quoi les payer. Le troc est devenu monnaie courante dans ce monde, et quand on parcourt les Etats depuis de nombreux mois, on trouve toujours quelque chose à échanger. Une fois les verres payés, il s’en empare de deux, dont celui qui est vide. Le troisième reste sur le comptoir, il le fait glisser légèrement. « Pour vous. Ou votre chien, au choix. » Il détourne ensuite les talons pour rejoindre le vieil homme. Peu lui importe ce qu’elle pense de son geste, que cela la touche ou la mette en colère. Il ne cherche pas à l’analyser, surtout que sa capuche dissimule en parti son visage.

Riley tire une chaise et s’installe, de telle sorte à avoir cette femme dans son champ de vision. Il donne le verre plein au vieil homme, gardant le vide dans sa main. « Tu ne bois pas mon garçon ? » Un léger sourire glisse sur les lèvres de l’ancien militaire. Il ne peut pas savoir, personne ne le peut. L’alcool et lui représentent une grande histoire d’amour qui remonte à plusieurs années. « Plus depuis huit ans. » Il répond simplement et lève son verre vide pour trinquer. Il adresse alors un léger signe à la femme à qui il vient d’offrir un verre, trinquant à distance. Puis il repose l’objet et regarde l’homme goûter au breuvage.