Plus le temps passait et plus son handicap le rendait fou. D’être capable, désormais, de se déplacer sans aucune autre aide que sa canne qui ne quittait plus son flanc ne signifiait pas grand chose à ses yeux compte tenu de son impotence globale. Cela faisait bientôt deux mois et la douleur était toujours omniprésente même si largement plus supportable qu’à ses débuts (encore heureux d’ailleurs ou alors sans doute qu’il aurait fallu songer à s’en inquiéter). On l’avait prévenu, pourtant, que ça mettrait du temps à guérir : ce n’était pas exactement une petite égratignure qu’il s’était chopé. On lui avait même dit qu’il garderait des séquelles à vie et que celles-ci seraient plus ou moins importantes en fonction de l’efficacité de son métabolisme et du ménagement qu’il daignerait bien accorder à son corps – pas de miracle sans repos. Abel, après tout, n’avait plus cette jeunesse qui vous tolérait bien des écarts et vous permettait de vous remettre sur pied en un rien de temps. Il n’avait pas non plus un suivi médical très rigoureux en ce que les médecins et la médication ne courraient pas les rues. Plus important encore, il n’avait pas ce droit au luxe d’un repos tranquille alors que tous les autres s’échinaient à leurs tâches. De toute façon, il était d’un naturel bien trop vif pour supporter de rester enfermé chez lui à simplement se contenter de tout déléguer. D’avoir été forcé de ronger son frein pendant plus d’une semaine, coincé dans l’infirmerie d’Olympia, lui avait amplement suffi. Pour autant, Abel n’avait à aucun moment sérieusement envisagé la possibilité de retourner à Stonebriar avec ses cavaliers. Lucide au moins sur ce point, il avait commis l’erreur de se croire capable de remonter à cheval à la mi-juillet et en avait payé les frais de longs jours durants. De quoi se forger quelques regrets bien amers sur son impatience à vouloir déjà balayer son handicap le plus vite possible.
Les cavaliers étaient sur le départ et la cour était en pleine effervescence alors que les responsables désignés pour l’expéditions terminaient de rassembler leur groupe et de donner les ordres. Abel, bien sûr, s’était mêlé à eux, vérifiant jusqu’à la dernière minute que tout était bien coordonné et qu’il n’y en avait pas eu un pour déjà faire une connerie à peine le leader aurait-il eu le dos tourné. Une main crispée sur le pommeau de sa canne, l’autre serrant la bride d’un cheval un peu nerveux dont les sabots dansaient dangereusement près de ses propres pieds tandis qu’il causait à son cavalier, son regard croisa celui de Wyatt alors qu’il détournait la tête à l’entente d’une apostrophe. Ce qu’il y lut lui arracha un demi-rictus qu’il ne chercha même pas à lui camoufler avant de se détourner à nouveau de lui. C’est qu’il veillait au grain, son chef sécu. Pour un peu, Abel aurait été tenté de mettre un pied à l’étrier rien que pour voir sa réaction. Après tout, on connaissait très bien la propension de l’aîné des Rhodes à jouer les têtes brûlées : il aurait été foutu, oui, de monter sur ce fichu canasson qui n’avait de cesse de se rebiffer contre son cavalier actuel. Il aurait été foutu, aussi, d’en profiter pour partir avec le reste de la joyeuse troupe en direction du mall ; même s’il n’en avait pas l’intention, même s’il ne s’en savait pas capable, il lui était déjà arrivé d’avoir ce genre de mauvaises idées et Wyatt, qui s’en était déjà sûrement arraché les cheveux plus d’une fois, était de fait en droit de redouter qu’il récidive aujourd’hui.
alternative de mise en page bonus cadeau :
Wyatt Abel « accalmie »
(fin août)
Plus le temps passait et plus son handicap le rendait fou. D’être capable, désormais, de se déplacer sans aucune autre aide que sa canne qui ne quittait plus son flanc ne signifiait pas grand chose à ses yeux compte tenu de son impotence globale. Cela faisait bientôt deux mois et la douleur était toujours omniprésente même si largement plus supportable qu’à ses débuts (encore heureux d’ailleurs ou alors sans doute qu’il aurait fallu songer à s’en inquiéter). On l’avait prévenu, pourtant, que ça mettrait du temps à guérir : ce n’était pas exactement une petite égratignure qu’il s’était chopé. On lui avait même dit qu’il garderait des séquelles à vie et que celles-ci seraient plus ou moins importantes en fonction de l’efficacité de son métabolisme et du ménagement qu’il daignerait bien accorder à son corps – pas de miracle sans repos. Abel, après tout, n’avait plus cette jeunesse qui vous tolérait bien des écarts et vous permettait de vous remettre sur pied en un rien de temps. Il n’avait pas non plus un suivi médical très rigoureux en ce que les médecins et la médication ne courraient pas les rues. Plus important encore, il n’avait pas ce droit au luxe d’un repos tranquille alors que tous les autres s’échinaient à leurs tâches. De toute façon, il était d’un naturel bien trop vif pour supporter de rester enfermé chez lui à simplement se contenter de tout déléguer. D’avoir été forcé de ronger son frein pendant plus d’une semaine, coincé dans l’infirmerie d’Olympia, lui avait amplement suffi. Pour autant, Abel n’avait à aucun moment sérieusement envisagé la possibilité de retourner à Stonebriar avec ses cavaliers. Lucide au moins sur ce point, il avait commis l’erreur de se croire capable de remonter à cheval à la mi-juillet et en avait payé les frais de longs jours durants. De quoi se forger quelques regrets bien amers sur son impatience à vouloir déjà balayer son handicap le plus vite possible.
Les cavaliers étaient sur le départ et la cour était en pleine effervescence alors que les responsables désignés pour l’expéditions terminaient de rassembler leur groupe et de donner les ordres. Abel, bien sûr, s’était mêlé à eux, vérifiant jusqu’à la dernière minute que tout était bien coordonné et qu’il n’y en avait pas eu un pour déjà faire une connerie à peine le leader aurait-il eu le dos tourné. Une main crispée sur le pommeau de sa canne, l’autre serrant la bride d’un cheval un peu nerveux dont les sabots dansaient dangereusement près de ses propres pieds tandis qu’il causait à son cavalier, son regard croisa celui de Wyatt alors qu’il détournait la tête à l’entente d’une apostrophe. Ce qu’il y lut lui arracha un demi-rictus qu’il ne chercha même pas à lui camoufler avant de se détourner à nouveau de lui. C’est qu’il veillait au grain, son chef sécu. Pour un peu, Abel aurait été tenté de mettre un pied à l’étrier rien que pour voir sa réaction. Après tout, on connaissait très bien la propension de l’aîné des Rhodes à jouer les têtes brûlées : il aurait été foutu, oui, de monter sur ce fichu canasson qui n’avait de cesse de se rebiffer contre son cavalier actuel. Il aurait été foutu, aussi, d’en profiter pour partir avec le reste de la joyeuse troupe en direction du mall ; même s’il n’en avait pas l’intention, même s’il ne s’en savait pas capable, il lui était déjà arrivé d’avoir ce genre de mauvaises idées et Wyatt, qui s’en était déjà sûrement arraché les cheveux plus d’une fois, était de fait en droit de redouter qu’il récidive aujourd’hui.
Wyatt E. Wooding
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Sujet: Re: accalmie Ven 6 Oct - 11:29
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"Abel, non."
W.W. & A.R.
Fin aooût 2017
Le titre de chef de la sécurité n’était rien d’autre la version honorifique de baby-sitter pour adultes. Pire, de mère de famille, occupée par des moutards hyperactifs, hyper-stupides avec l’instinct de survie d’une huître par temps humide – et des moutards qu’on n’aimait pas forcément, en plus. La seule réelle différence étant, qu’à la place de ranger les jouets et vérifier que tout le monde avait son goûter, ses gants, et son écharpe, Wyatt devait vérifier qu’ils avaient leur armes, bien serrer la sangle de leurs chevaux….et qu’ils n’allaient pas se faire tuer par accident comme des poules un peu simplettes. Parce que oui, ça arrivait. Souvent. On pourrait s’inquiéter de la préoccupante immobilité de Wyatt qui dure déjà depuis quelques secondes. Le cavalier qui attend que Wyatt lui passe son fusil, attend comme un idiot de centaure manchot alors que le geste du chef de la sécurité s’est ralenti. Il finit par se remettre en mouvement, semblant se reconcentrer sur la tâche à venir, alors qu’il s’éloigne du cavalier. Les cavaliers repartent au centre commercial – il s’agit de finir le travail et de s’occuper que la mauvaise herbe ne repousse plus au centre, qu’ils n’aient pas à nouveau jackals et rôdeurs sur les bras à quelques kilomètres de leurs maisons. ( et que la vie de leur prétendu leader ne tienne qu’à la mauvaise volonté ou au mauvais tir d’un enfoiré fini de la pire espèce. Ce qui n’était pas, du côté de Wyatt, une situation très confortable. Y avait quoi, entre la blessure par balle de Abel, et l’impact qui l’aurait tué ? Un mètre ? Moins si le cœur. Quelques centimètres si elle avait heurté l’artère fémorale. La blessure avait été sérieuse, Rhodes insupportable, et oui, il empoisonnait la vie de Wyatt au point que celui-ci soupire parfois en se demandant pourquoi il était encore en vie. Mais que la vie d’Abel ait tenu à quelques foutus centimètres, alors que le chef de la sécu se tenait à un mètre ou deux, - Non. Wyatt n’était pas confortable avec l’idée de chance et de karma. Il préférait quand on pouvait agir.) Wyatt était concentré sur son plus gros problème, distrait de la préparation du départ, parce qu’il croisait le regard de quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui n’était censé être là pour faire de la décoration ( et inspirer terreur dans ses troupes pour qu’elles filent droit ) et qu’il trouvait… un poil languissant lorsqu’il observait les chevaux et les premiers cavaliers se mettre en route. Nope, pas de sixième sens, de télépathie, de connexion instantanée entre deux êtres. Juste un fichu sixième sens de mère de famille qui pressent que le tyran de cours récrée va lui faire une connerie à l’autre bout de la baraque. L’ancien flic se glisse tranquillement jusqu’à Abel, l’air de rien. Wyatt se rapproche de Rhodes, venant caresser l’encolure du cheval pour murmurer avec gravité, inaudible des cavaliers qui les entourait, le menace roulant parfaitement sur sa langue, comme s’il s’agissait d’un rythme ou de l’annonce de la météo plutôt que ce que c’était. « - Tu fais ça, je tue ton cheval, je t’assommes avec ta canne et je t’attache à ton bureau. Ce sera mon plaisir. » Oh, bien sûr 1) Wyatt ne tuerait jamais un cheval en bonne santé 2) il y aurait des conséquences, mais le jeu en valait la chandelle. Et la menace, quoique « colorée », touchait bien son état d’esprit. Abel Rhodes ne foutrait pas son cul sur son cheval, pas tant qu’il clopine avec sa canne. Wyatt s’écarte de la monture, pour laisser le pauvre cavalier fuir, un sourcil arqué, faussement innocent et interrogatif. Il n’irait pas jusqu’à lui ordonner de rentrer à l’intérieur, là en public, au débotté et il n’y a pas de façon polie de lui demander si ça l’intéresse de rentrer à l’intérieur, pas tant que les cavaliers finissent de se préparer. ( étrange comme les limites bougent, entre les menaces et les demandes). Il demande d’un ton volontairement accentué. « - S’il te plaît.»
Abel avait ostensiblement détourné son attention de Wyatt et, quelques instants plus tard, c’était sans réelle surprise qu’il le découvrait à ses côtés, le regard plein d’un avertissement du genre “essaie seulement pour voir” mais en version un peu moins édulcorée. Guère surprenant, en soit : peut-être qu’il l’avait volontairement cherché, peut-être que ce n’était pas une erreur s’il s’était débrouillé pour insinuer le doute quant à ses actions dans l’esprit de l’autre cavalier. Et pourquoi pas, après tout ? Une fois que tous les cavaliers seraient partis, il allait sûrement se faire un peu chier. Autant reporter cet ennui sur quelqu’un d’autre, dans la mesure du possible. Quelqu’un qui n’avait pas peur de s’en prendre plein la gueule, ni d’y répliquer. « Concernant le cheval, je crois bien que Caden t’as devancé de plusieurs mois. » Oh, il s’en souvenait très bien, de cette sortie durant laquelle son frère avait décidé de coller une balle dans la tête de son canasson. Avec une bonne raison de le faire, certes, mais il n’empêche qu’il ne s’y était pas préparé. Et de voir, comme ça, le dernier souvenir de sa mère se vider de son sang dans la terre sèche et craquelée, ça lui avait quand même fait quelque chose sur le moment. L’insistance de Wyatt lui fit hausser un sourcil et étirer sur ses lèvres un sourire sarcastique. S’il te plait mon cul, ouais. « Tiens donc, tu connais la politesse ? J’aurais pas cru. » C’est-à-dire que cette dernière avait rarement fait partie de leurs échanges, et même si ceux-là s’étaient tassés avec le temps il n’empêche qu’ils étaient tout de même plus familiers des éclats de voix que des répliques agréables. « Va donc voir ailleurs si j’y suis. » Il se détourna de lui, s’éloignant déjà pour s’occuper d’un ultime briefing avec l’un des chefs d’expédition. « Que je sache, il balança par dessus son épaule, je fais bien ce que je veux, non ? Ou t’as subitement décidé de reprendre les rênes du ranch pendant que j’étais pas là ? » La provocation était évidente, glissée derrière la nonchalance de la voix qui se perdait aisément dans le vacarme des bêtes et des hommes. Il n’empêche qu’Abel y avait sérieusement pensé, durant ces presque deux semaines passées à croupir trop loin d’ici, qu’il pourrait bien retrouver quelques changements déplaisants à son retour. Il n’avait pas spécifiquement pensé à Wyatt, bien sûr, mais il savait bien que certains guignaient la sacro-sainte place qu’il refusait de céder depuis déjà sept ans. Il en avait eu la preuve physique à cause de cette foutue histoire avec Bishop mais même sans ça, c’était évident, dès qu’un campement commençait à s’étendre un peu il y avait systématiquement des insatisfaits, des bourrés d’ambition incapables de se contenter de ce qu’ils avaient. Sur ce sujet-là au moins Abel ne s’était jamais voilé la face. « Alors quoi, tu ne vas tout de même pas réellement mettre ta menace à exécution, si ? » Abel n’avait peut-être eut que le temps de faire trois pas pesants loin de lui avant de devoir s’interrompre et se tourner légèrement vers Wyatt, mais il avait senti son regard sur sa nuque aussi clairement que s’il s’était agi de la gueule d’un pistolet. Alors, fatalement, difficile de résister à une énième pique, ne serait-ce que pour contempler le panel d’expressions traversant son visage : les insultes de Wyatt étaient presque plus éloquentes quand il ne les prononçait pas.
Wyatt E. Wooding
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Sujet: Re: accalmie Mar 17 Oct - 17:49
egotrip
"Abel, non."
W.W. & A.R.
Fin aooût 2017
Depuis qu’Abel s’était fait tiré comme un lapin, l’ambiance au sein du ranch avait chuté d’un cran, et les murmures échangés dès qu’il était hors de vue avaient triplés de volume. Un peu comme le petit tas de clopes écrasées derrière l’écurie, dans le coin où Wyatt et Winona fumaient en vidant leur sac de la liste des raisons pour lesquelles Abel les gonflait aujourd’hui. Ce n’était pas un type bien, mais c’était un bon leader, qui prenait des décisions quand il le fallait. Sauf que depuis que les Olympiens l’avaient ligoté à un lit d’infirmerie et lui avaient refourgué la canne sur laquelle il boitillait, il était passé de simple connard paranoïaque imbu de sa personne à petit vieux chiant, qui semblait considérer que foutre les nerfs de Wyatt en pelote était un booster pour l’aider à faire son boulot proprement. Ou que susciter des désirs de fratricide était un hobby comme un autre. Cela faisait quelques années que les deux hommes ne se provoquaient plus trop volontairement : ils avaient toujours des désaccords par paquets, s’engueulez vertement dès la porte du bureau refermées sur eux, et Wyatt n’hésitait pas à le traiter de con a minima une fois par semaine. Mais ils agissaient comme des adultes qui géraient chacun leurs responsabilités, en général. Autant pour la cure de jouvence, Wyatt avait de nouveau l’impression de mettre les pieds au ranch pour la première fois. « - Si ça avait été moi ce n’est pas ce que j’aurais fait en premier. » réplique distraitement Wyatt à l’énoncé de l’action de Caden, avec un air d’évidence nonchalante. .. Flinguer un cheval était bien la seule chose de sa liste qui ne le démangeait pas. Wyatt inspira profondément, patientant gentiment, immobile. Il fit un bref signe à l’un des cavaliers qui l’observait faire avec curiosité, l’incitant à continuer comme de si de rien n’était. Abel fait ce qu’il veut. Mais bien sûr – pour Wyatt, il lui manquait surtout une ou deux raclées dans son enfance. Il tiquait en silence – c’était un combat perdu d’avance qui n’en valait pas la peine tant qu’Abel gardait le cul par terre. Et les derniers brins de sa santé mentale tenaient au fait qu’il était intérieurement convaincu qu’Abel savait que son rôle de leader, dans sa tour d’ivoire, ne lui permettait pas n’importe quoi. Il y avait un minimum de responsabilité – même si Abel appelait ça provocation et risque de trahison. « - Parce que j’ai pas assez à faire à ramasser derrière toi et à supporter tes humeurs, il faut en plus que je fasse ton job ? » Bullshit. Son attitude tranquille n’était pas singée, alors qu’il ne répondait pas à la provocation instillée dans la voix d’Abel. Il ne comptait pas le trahir et encore moins pour prendre sa place. Etre leader d’apocalypse n’était pas une position tellement privilégiée. Et être Abel, cela ressemblait à un cauchemar. Abel y avait pensé, Wyatt le savait. D’autres avaient pensé à prendre sa place, Wyatt s’en doutait, bien que les bouches restent closes en sa présence. Mais si Abel pensait sérieusement que ça lui été passé par l’esprit à lui, il ne méritait pas les quelques onces de patience et de respect que Wyatt avait pour lui. Il laissa tranquillement Rhodes superviser les derniers préparatifs, sifflant simplement le départ d’un groupe de l’expédition. Il avait tout l’air d’un gentil chef de sécurité, larbin aux ordres de son chef, qui les regardait partir vers l’horizon. Wyatt restait derrière Abel, glissant d’un pas sur le côté pour l’empêcher de le regarder tout à fait sans foirer son équilibre sur sa patte folle. Il n’allait pas lui laisser le plaisir de voir son exaspération. Au contraire, sa voix est presque joyeuse tandis qu’il lui souffle dans le cou, un sourire en coin. « - Je ne vais pas te laisser te bousiller intégralement la jambe, ni te laisser te faire tuer, et t’es pas capable de me passer sur le corps en l’état. Il appuie sa main sur l’épaule d’Abel, mais avant que celui-ci ne puisse protester, c’est le pied de Wyatt qui se glisse de l’autre côté de sa canne, pour tirer le bois vers lui, et faire tomber la canne, déstabilisant l’infirme avec la technique digne d’un gamin d’orphelinat ou d’un connard de collégien. La main impertinente vole de son épaule à son poignet, qu’il tord légèrement dans son dos, dans un geste de flic - cela lui sert surtout à le garder debout sur ses pieds, comme si de rien n'était, un rire mal contenu lui chatouillant l’oreille, sans pitié. « - Tu me connais mieux que ça. Et je vais pas te porter, si ? » Il ne pouvait pas vraiment croire qu’il n’était pas capable de mettre sa menace en exécution, si ?
« A quel point faut que tu sois con pour penser que je vais vraiment faire ça, Wyatt ? Tu crois sérieusement que j’ai envie de me pourrir davantage, ou d’être un fardeau pour mes hommes ? » Les yeux l’auraient fusillés sur place s’ils l’avaient pu mais à moins de se tordre le coup juste pour le plaisir de lui jeter un sale regard, Abel n’obtiendrait pas gain de cause cette fois-ci. La voix était pleine d’un avertissement silencieux, défiant Wyatt de répondre que oui, il était déjà un fardeau à l’heure actuelle. Pour son comportement chiant, ou son caractère de merde, dans un cas comme dans l’autre ça n’était pas allé en s’arrangeant ces derniers temps. « Essaye seulement et je me ferai un plaisir personnel de te broyer les couilles. » La main tordue dans son dos lui était dérangeante à souhait, et bien sûr impossible de seulement essayer de se débattre, la canne était tombée au sol lorsque Wyatt avait donné un coup de pied dans la base ; Abel n’avait pas vu venir ce joli coup de pute, et le pommeau lui avait bêtement échappé de la main sous l’effet de la surprise. « T’es content, t’as fait ton petit tour de force ? qu’il continua sur un ton suintant le sarcasme, sans bouger d’un poil, sage dans l’emprise ferme de l’autre cavalier. Colère froide, énervé mais pas fou pour essayer de remédier à cette situation embarrassante : il savait, il en était douloureusement conscient, qu’il n’était pas capable de lutter contre son chef de la sécurité si celui-ci tenait à continuer son petit manège. Tu me lâches, ou t’as l’intention de continuer à me ridiculiser encore longtemps ? » L’ordre était dans la question, la pointe sarcastique de sa voix laissée de côté pour une tonalité d’un calme glacé ; il ne se contentait pas de simplement formuler une demande faussement courtoise. Si le gros des cavaliers était parti sans un regard en arrière, il restait encore quelques quidams pour traîner dans les parages, et les regards ne manquaient pas de se perdre dans leur direction, forcément Wyatt qui le collait comme ça, ça avait de quoi susciter un peu de curiosité. Si on avait du mal à voir ce qu’ils fabriquaient à moins de lorgner dans leur direction avec une insistance qui ne manquerait pas d’être remarquée, on pouvait tout de même se demander ce qu’ils étaient en train de foutre. Toutefois Wyatt, dans sa grande magnanimité, daigna se plier à la requête de son chef et celui-ci, enfin libéré, fut tout de même bien obligé de s’accroché à lui d’une main tandis qu’il se penchait avec difficulté pour récupérer la canne gisant à leurs pieds. Foutue blessure qui lui évoquait un vieillard incapable même des tâches les plus simples… une clope, après ça, n’était certainement pas de trop ; Abel sortit de sa poche intérieure un paquet de roulées, en coinça une entre ses lèvres avant d’en tendre une seconde à l’autre cavalier, à qui il faisait désormais face. « Du coup, il enchaîna, les yeux momentanément baissés sur le zippo crachotant qui s’évertuait tant bien que mal à embraser l’extrémité de la cigarette, tu t’es mis dans la tête de jouer la nounou pendant que les autres sont à Stonebriar juste pour être bien sûr que je vais pas aller faire une bêtise dès que t’as le dos tourné ? » Son regard se releva pour chercher de nouveau celui de son vis-à-vis tandis qu’il exhalait la fumée, les iris bleus assez indéchiffrables en ce qu’on n’était pas bien sûr s’il s’agissait là d’une sorte de plaisanterie ou bien des restes de son agacement. Parfois, la frontière était mince, et il ne fallait pas grand chose pour passer de l’un à l’autre.
Wyatt E. Wooding
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Sujet: Re: accalmie Sam 18 Nov - 16:31
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"Abel, non."
W.W. & A.R.
Fin aooût 2017 A quel point fallait-il être con pour penser Abel capable de faire ça, pourrir sa jambe, ses hommes, la mission toute entière ? A quel point Abel Rhodes était-il parfois capable d’agir à l’opposée de la décence et de la logique, contre ses propres intérêts juste par les défauts propres à son caractère ? Ce n’était pas une question sur laquelle Wyatt avait envie de s’appesantir - quelque soit la réponse, elle le pousserait à boire dans un monde où les mini-bars sont plus souvent vides qu’en libre-service. Rien qui penser empêcher Wyatt de pouffer, ou de se moquer, de garder la lignée humoristique de leur sorte de dispute. Nah. Ce n’est pas drôle, et tout au plus montre-t-il les dents dans le cou d’Abel. C’était terrible que son leader ne soit pas tout à fait au courant d’à quel point il pouvait être un fardeau et pénible ces derniers jours. Et ce n’était pas un avis personnel et subjectif - Rhodes vivait mal sa blessure, et il avait tendance à reporter sa frustration sur ceux qui l’entouraient, et jeter aux orties les conseils des olympiens. Wyatt ne mord pas à l’hameçon cette fois, ayant appris au fil des années à sélectionner ses batailles lorsqu’il s’agit de provoquer Abel Rhodes, de répondre aux perches que son humeur envoie à la ronde. Ne pas lui donner de quoi douter de lui, ne pas lui donner de quoi réveiller la haine ancienne qui les liait autrefois, qui parfois ressurgir entre deux paroles acerbes, de pas lui donner une excuse pour en revenir aux mains, dépasser les limites. Ils regretteraient tous les deux de franchir un point de non retour, suspendu entre eux comme une épée de Damoclès. Peut-être est-ce pire, quand Wyatt garde le silence. Pire, d’ignorer si ce silence est éloquent ou respectueux. Ou que ce soit les deux cas.
Wyatt ne bouge pas d’un pouce, il attend calmement, un signe connu de lui seul pour qu’il lâche son boss. Qu’Abel comprenne le message, ou plutôt, qu’il passe du côté de la ligne et lui ordonne d’arrêter. Il y a une différence entre les jérémiades humiliées, les menaces qui ont le mérite de lui donner envie de s’écarter d’Abel pour protéger son entrejambe, l’ordre glacial qu’il lui adresse, cessant la plaisanterie immédiatement. Cette fois, le chef de la sécurité le relâche, sans geste brusque - au contraire le laissant s’accrocher à lui sans paraître le remarquer. Il n’enfonce pas le clou, conscient qu’Abel ne le tolérerait, pas plus qu’il n’en a envie. Wyatt se contente de l’effleurer, le stabilisant, pendant qu’il se baisse pour retrouver canne, équilibre, autonomie, et dignité. Le silence s’est abattu sur le ranch, et le brun n’a aucune intention de le troubler. Son regard se pose plutôt sur les chevaux, le cavalier qui range plus loin, les sons confortables de l’univers familier, d’une entente entre deux hommes incapables de se souffrir qui se rétablit lentement.
Il récupère sans un mot sans un mot la cigarette proposée. Wyatt livre un regard amusé à Abel, tandis qu’il puise dans sa poche pour récupérer son propre zippo et allumer le calumet de la paix. Un regard presque complice, détendu, si Abel daignait ne pas monter sur ses grands chevaux. Mais l’une des raisons pour lesquelles Wyatt était encore là après tout ce temps, à ce poste, malgré leurs éclats de voix c’était bien qu’il parvenait à lire Abel comme dans un livre, et parfois, parfois, être un formidable duo ensemble. Dommage que cela soit si rare. Il inspire profondément à sa cigarette, avant d’expirer vers le sol sans regarder Abel, prenant de répondre, avec un sourire en coin. “- Je joue à la nounou depuis cinq quand, c’est mon job je te rappelle. J’essaie juste d’assurer la pérennité du ranch et de ta personne.” Il ne pouvait pas tourner le dos sans qu’un cavalier fasse de la merde. Une fois, il avait été malade, en six ans, et bizarrement, Abel avait manqué d’être assassiné dans la même période de temps. Cela l’empêchait de retourner à Olympia, et le fichait, les deux pieds au sol, à assurer la sécurité du ranch pendant que les cavaliers partaient nettoyer un centre commercial dont Wyatt n’avait que foutre.
De la clope, il désigne le chemin d’où les cavaliers sont partis. “- 80% des idiots les plus incompétents osnt partis, il ne me reste plus que toi. Et je n’ai pas l’énergie de crier sur des idiots copulant sur un toit ou parlant aux chevaux au lieu de bosser. ” Les deux cas étant bien trop fréquents au goût de Wyatt. Une certaine lassitude apparaissait sur ses traits, maintenant que la malice - et la paranoïa s’estompaient. Il jette un coup d’oeil à Abel, l’air de rien. “- Un verre ?” Au lieu de parler de lui broyer les couilles et lui faire des cheveux blancs. Il enfonce sa main libre dans sa poche, tirant sur sa cigarette de sa main libre. Refusant d’avoir l’air trop plein d’espoir ou d’avoir vraiment envie de se faire, d’une accalmie, d’un trêve, alors même qu’il en a besoin, fixant le ranch, les yeux plissés, les épaules basses, en attente.
« Quand je t’entend parler, j’ai l’impression qu’il faudrait te décerner une médaille pour tes services » il rétorqua avec un sarcasme amusé, choisissant de ne pas s’offusquer du sous-entendu glissé dans les idiots incompétents encore présent sur ses terres. Il lui arrivait, parfois, de ne pas se vexer pour un rien et peut-être, à ce moment précis, Abel avait-il un désir de paix tout aussi présent que celui de son interlocuteur. Un petit rire, plus souffle amusé qu’autre chose, fit suite aux propos de Wyatt alors qu’il retenait une énième raillerie, assez conscient quoi qu’on en dise du calvaire de la charge qu’il avait infligée à son chef de la sécurité en lui donnant ce poste – aussi bien preuve de confiance que réel fardeau, ce n’était pas un cadeau qu’il lui avait fait là, ça n’avait d’ailleurs jamais été le but. Et, pour en avoir été témoin à plusieurs reprises au cours de ces sept dernières années, le leader du ranch ne savait que trop bien quelles choses incongrues l’on pouvait parfois attraper du coin de l’œil. Alors il acquiesça, léger hochement de tête, à la proposition de l’autre, et tourna les talons en direction de la grande bâtisse familiale, faisant signe à l’autre par dessus l’épaule de le suivre sans s’embarrasser de paroles superflues. Un répit pour les idiots qui baisent sur les toits, et tous les autres aussi d’ailleurs, puisqu’au moins tant qu’il était avec lui Wyatt leur foutrait la paix. Le mégot fut écrasé dans le cendrier abandonné sur un guéridon à l’entrée de la demeure et il se dirigea vers son bureau, seule pièce de la maison où il était à peu près certain qu’on ne l’y dérangerait pas à moins d’une urgence, et aussi parce qu’il se trouvait peu désireux d’une escapade à la cave – les marches de l’escalier, trop raides (à plus forte raison pour un handicapé incapable de se déplacer sans s’appuyer lourdement sur une canne), étaient tout autant de raisons pour lui de ne pas arriver en bas sur ses pieds – quand il avait tout ce qu’il fallait là-bas pour satisfaire à la requête-proposition de Wyatt. Le petit meuble à alcools, dans son office, ne manquait jamais de satisfaire les exigences de ceux qui s’y intéressaient... surtout en cette période indéterminée de vaches maigres où ce qu’il avait à offrir était largement supérieur à ce qui circulait sur les marchés et entre les cabanons. Abel leur servit un verre à tous les deux sans s’embarrasser de demander à son invité ce qu’il voulait – il aurait été culotté de sa part de faire la bouche fine mais, d’un autre côté, vu l’énergumène… – et lui tendit le sien, tandis qu’il allait s’installer dans son fauteuil et accueillait avec un certain soulagement le repos de ne plus avoir à maintenir la station debout. La bouteille trônait devant lui, abandonnée là pour ne pas avoir à se relever dès lors qu’il aurait de nouveau besoin – il avait une assez bonne descente quand il s’y mettait et se contentait rarement d’un verre ; levant d’ailleurs ce dernier à la santé de Wyatt en un geste à peine esquissé, il ne tarda pas à y porter ses lèvres pour y goûter l’alcool ambré qui s’y agitait, tranquille. « Comment ça se passe en ce moment, sur le campement ? » Forcément, il n’y passait plus guère ces derniers temps, déléguant tout ce qui pouvait l’être dans la mesure du possible. Vaste question en soit, en ce qu’elle englobait aussi bien la gestion des tensions qui y régnaient toujours, plus ou moins excitées que… tout le reste, les problèmes divers de sécurité ou les incidents qui arrivaient parfois malgré tout, les conneries qui se disaient dans le dos d’Abel de la part des (plus ou moins) insatisfaits de leur sort actuel – et Wyatt avait au moins ce privilège de pouvoir les lui rapporter sans qu’il s’énerve contre lui, exploit en soit, mais le fait est que ça intéressait toujours le leader de savoir les divers mécontentements qui s’infiltraient parmi ses survivants – et la possibilité, encore existante, de mettre la main sur un indice concernant un des enfoirés qui avaient conspiré contre lui quelques mois plus tôt. Ces brebis galeuses qui continuaient de se perdre dans la masse, et à cause desquelles il ne pouvait jamais écarter complètement ce sentiment oppressant de danger imminent même lorsqu’il était chez lui.
Wyatt E. Wooding
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Sujet: Re: accalmie Lun 15 Jan - 0:27
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Fin aooût 2017Il suit son leader, sur ses talons comme un chien fidèle, le pas calme et nonchalant en plus, le mégot meurt sur la terre devant la porte. Wyatt refuse d’être empressé pour Abel, même si le désir de concorde mutuelle rend ses yeux pétillants. Malice. Et aussi pour juste ce moment entre eux, baisser la garde, les poings, les murs et atténuer la tension grandissante dans son dos. Leurs dos, leurs fronts barrés de rides soucieuses. Le besoin de provocation entre Wyatt et Abel est présent depuis le premier jour, et Wyatt le prend comme un désir de survie, le besoin de marquer son espace, sa dignité, et de garder une distance autant que chercher les limites. Un désir sain, mais usant, éprouvant et il se laisse tomber dans l’accalmie comme dans le fauteuil de l’autre côté du bureau. Lourdement, les mains appuyées sur les accoudoirs et son regard doux observe Abel leur servir à boire.
Le toast entre les deux hommes et silencieux, bonne raison pour ne pas s’attarder à trouver de quoi se réjouir, un mensonge entre eux. Ils ne sont pas morts. Ils boivent. Une banalité en moins même si Wyatt referme les yeux et laisse passer un soupire de contentement, alors qu’il savoure, buvant lentement mais sûrement. Il lève un instant le verre pour contempler les dernières gouttes d’or liquide. « - Est-ce c’est mon 13e mois ? Parce que cela vaut le coup dans ce cas là. » Le goût du whisky perdure en bouche, délicieux, valant plus qu’une médaille pour ses services. Il n’a jamais reçu de médailles, même étant flic, le boulot bien fait et rentrer chez lui entre son chien et son partenaire lui suffisait. Wyatt pousse un grognement à la question suivante, attendue et croise les bras, fixant Abel. Calme, serein, évitant la question et les angoisses d'Abel. « - Cela se passe, c’est sous contrôle. » Le mouvement de menton qu’il fait vers la bouteille sous-entend clairement « bois plutôt », injonction pour le leader de lâcher prise sans lui prendre la tête. Il n’a peut-être pas la blessure d’Abel, mais il sent la journée peser sur ses jambes, et les tâches qu’il a repris de la prétendue délégation d’Abel, lui comme d’autres, accentuent encore la fatigue de son corps. Gérer le camp avec le leader enfermé dans le manoir est dur, plus dur qu’habituellement mais Wyatt refuse de se plaindre à Abel, pas avec ce taux d’alcoolémie. Et cela pourrait lui donner des idées et rendre ça un enfer.
Wyatt se redresse et se penche en avant, les resservant sans demander à Abel, et reposant la bouteille avec un soupire secoue la tête. « - Plaisanterie mise à part, Abel. Si je trouvais qui conspire, tu le saurais déjà. Je te le dirais, en premier. » Il assène fermement la promesse, rivant son regard à celui si clair, comme au vitriol, d’Abel. Qu'il ne doute pas de ça, ou Wyatt ne répond de rien. Ils n’ont rien. Il était inconscient, à moitié mort de fièvre lorsqu’Abel avait failli mourir, lorsque la sécurité du ranch était partie en sucette et cela le frustrait ... peut-être même plus qu’Abel lui-même. Etre chef de la sécurité était peut-être une punition, peut-être un cauchemar, mais il tirait de la fierté de son devoir. Il tend son verre vers Abel presque comme une menace alors qu’il fait la moue, exaspéré. « - Je veux ces bâtards crevés autant que toi. » Il n’avait même pas eu le temps d’interroger lui-même l’homme… Il soupire lourdement en contemplant Abel depuis le fond de son siège, la vérité sortant de ses lèvres sans être poussée par l’alcool traître. « - C’est mon job d’être ta némésis et l’enfoiré qui rêve à ta mort, je ne compte pas laisser n’importe qui avoir ta peau. C’est entre toi et moi ces conneries. » Au-delà du respect, il y avait cela. Il était le seul à avoir le droit de le haïr. Si quelqu’un devrait le tuer, ce serait lui – et pourtant, c’était une pensée que Wyatt, à la loyauté chevillée au corps, n’exaucerait jamais. En tous cas, pas tant que Abel ne mettrait pas en danger le camp, sa sœur, Vladimir. Il ne le ferait pas - et ne laisserait personne le faire, mourrait pour cela, féroce comme un chien enragé, et fatigué. « - Je ne les laisserais pas. » maugrée-t-il, observant l'alcool au fond de son verre avant de le laisser glisser dans sa gorge comme pour clore l'argument.
Ça se passe. La réponse voulait à la fois tout et rien dire mais, d’un autre côté, à moins de lui demander explicitement un compte rendu du dernier jour, mois voire semaine, Abel devrait bien s’en contenter. Et, il faisait confiance à Wyatt pour ne rien lui cacher qu’il aurait dû savoir alors le simple fait qu’il lui affirme que tout était sous contrôle suffisait. Presque. Mais ça, son chef sécu l’avait pertinemment compris puisqu’il ne fut guère long à surenchérir, entre deux gorgées du whisky servi – Abel en ce qui le concernait, avait déjà (rapidement, pratiquement cul sec à vrai dire) descendu le sien, parce qu’il savait que plus l’engourdissement de l’alcool arrivait vite et plus la douleur dans sa jambe s’atténuerait tôt.
L’agressivité, presque, mise dans le geste de Wyatt alors qu’il lui rendait son verre à nouveau rempli, lui arracha un léger haussement de sourcil suivi de près par un petit rire de gorge tandis qu’il s’en saisissait sans plus tarder, et sans rajouter un mot. « C’est la concurrence qui t'insupporte à ce point ? », il glissa, moqueur et pas spécialement sérieux alors que son interlocuteur évoquait à haute voix un désir sur lequel ils semblaient avoir exactement le même point de vue. Au plus tôt les semeurs de discorde étaient démasqués et tués, au mieux cela serait, que ce soit pour sa propre sécurité à lui ou bien pour l’ambiance qui régnait sur le campement, la paranoïa contagieuse de leur chef et la loyauté qui pouvait fort bien flancher chez certains du fait de quelque langue de serpent ayant su choisir les bonnes proies à tourmenter. Le vent de la rébellion était ce qu’il pouvait arriver de pire dans un clan qui ne tenait que par la cohésion de tous puisque, si les gens cessaient de faire ce qu’on leur demandait de faire pour plutôt prendre les armes les uns contre les autres (ou contre lui), alors les rôdeurs n’auraient plus aucun mal à prendre le dessus, ou le manque de vivres, d’organisation. Et puis, le cavalier aimait de toute manière à penser qu’aucun, ici, ne serait foutu de tenir sa place comme il l’avait fait lui, sept années durant et sans flancher, sans perdre la tête, péter un câble et tout foutre en l’air. Excès d’ego ou simple réalité, il n’y avait de toute manière qu’une seule façon d’avoir le fin mot là-dessus. « J’ai pas l’intention non plus de me laisser avoir par n’importe qui » Abel rétorqua, faisant un écho presque immédiat aux paroles de son compagnon. Après tout, n’avait-il pas eu le dessus sur Bishop alors même que celui-ci l’avait trouvé dans la situation la plus vulnérable possible ? N’avait-il pas férocement lutté pour ne pas faillir alors que la balle de Rosario avait manqué de l’avoir par hémorragie ou par infection entre les murs infects de Stonebriar ? Et pourtant il était encore là, boiteux, fatigué et foutrement réduit, mais toujours aussi fier et obstiné à survivre envers et contre tout. « Je sais, Wyatt. » Merci. Et il le suivit dans son geste, buvant à son tour sans retenue. Il ne les laisserait pas, certes… peut-être aussi qu’il n’aurait pas le choix. Mais rétorquer ce genre de choses ne servait à rien parce que ce n’était pas ça qui comptait, dans cette espèce de promesse balancée au dessus de deux verres d’alcool, mais sa fidélité, et qu’ils se détestent mutuellement ne faisait qu’en forcir le trait parce que Wyatt, au moins, n’avait jamais prétendu être un de ces lèches-culs qui vous poignarderaient dans le dos à la première occasion.
« Si j’avais su à l’époque qu’on en serait rendu là… » Il étouffa un petit rire étranglé, bu à nouveau. Non, il ne l’aurait pas cru. Il avait toujours du mal à le croire d’ailleurs même encore maintenant, parfois, et pourtant la réalité était que Wyatt avait, au fil des ans, prouvé qu’il faisait partie de ces rares personnes sur lesquelles Abel pouvait compter même malgré ce qu’il pouvait dire, la suspicion dont il lui arrivait de faire preuve à l’égard d’absolument tout le monde quand il avait ses lubies. Pourtant si Abraham Rhodes – qui avait été un long temps durant le seul faire valoir de l’autre cavalier au sein de la Crimson Valley – avait suivi bien plus tôt les traces de Louise dans la tombe, le leader n’aurait pas hésité plus d’une seconde avant de le foutre à la porte. Il n’aurait jamais su, en passant, ce qu’il perdait ainsi. Et peut-être même qu’il en serait mort, à présent, pour ce qu’ils s’étaient mutuellement sauvé la vie plus d’une paire de fois. « Et s’il s’agissait de quelqu’un que tu connais ? Que t’apprécie, à qui tu fais confiance ? » Question délicate. Et qui méritait d’être posée tout de même, même s’il pouvait parier le voir à nouveau s’offusquer. Aucune importance ; et Abel termina son verre, avant de le faire glisser devant lui sur le bureau. « Si tu devais faire un choix, Wyatt. »
Wyatt E. Wooding
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Sujet: Re: accalmie Mar 13 Fév - 21:08
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Fin aooût 2017
Qu’est-ce qu’il engourdit dans l’alcool, lui ? Ses cicatrices et ses blessures sont devenues ténues, presque des amies avec l’âge, et le whisky sur sa langue plombe ses jambes, appuie la lassitude de la journée. Il engourdit peut-être la rage qui parfois au cœur en regardant Abel. Il engourdit peut-être les devoirs qui l’ensevelissent pour se détendre et retrouver une personnalité humaine au milieu de ce bordel. La concurrence l’insupporte, lorsqu’on en vient à tuer l’homme pour qui il travaille, l’homme à qui, bon gré malgré, il obéit. Il grogne un peu, pensivement et admet, dans un soupire face à la taquinerie d’Abel. « - Y a de ça. » Il y a de cela, plus qu’on pourrait le penser. Wyatt à sauver la vie d’Abel plusieurs fois aujourd’hui, et l’autre homme lui a rendu la pareille – cela ne peut pas se finir ainsi, et qu’Abel finisse par mourir autrement que par sa main. Par la main de n’importe qui d’autre, tout ça pour ça, cela reste en travers de la gorge du cavalier. Wyatt lève lentement son verre à demi plein aux paroles d’Abel, à ce qui ressemblerait le plus à un merci dans la bouche de l’autre homme.
Ces demi-mots prononcés au-dessus de verres vides, dans un ranch déserté, pansent des blessures qu’il n’avait pas conscience d’avoir. Explorer les non-dits, promettre de faire son possible, ratifier à nouveau un partenariat qui s’est mis en place au fil des ans, qui n’a jamais été vraiment mieux dits qu’un homme en aidant un autre à se relever, un autre prenant un coup en traître à sa place, se salir les mains en silence, et toujours persévérer – en regardant dans la même direction, bien que les mâchoires crispées. Peut-être parce que lorsqu’ils se parlent, ils risquent toujours d’en venir aux mains, fantôme de leur relation passée, pas enterrée. Les derniers mois avaient été plus compliqués qu’auparavant, et Wyatt sentait le regard méfiant d’Abel sur lui, sur ses actions parfois et cela réveillait la fureur en lui. L’envie de lui fracasser le visage, tuméfier les yeux inquisiteurs et lui gueuler au visage qu’il ne méritait pas ça. Pas après tout ce temps.
« - Je serais parti. » Intervient presque immédiatement le chef de la sécurité. S’il avait su à l’époque, qu’il se retrouvait là, de l’autre côté de ce bureau, à boire un verre avec un homme qu’il détestait. Il le détestait toujours. Le barbu a un rire étranglé, maussade et il gratte sa barbe, le regard perdu un instant. « - Je n’aurais pas vraiment cru passer ma vie à tes côtés Abel. » Encore moins aimer ça, parfois. Non, ce n’était pas ce qu’il avait voulu, et si on avait dit au jeune homme débarqué dans les jupes d’Abraham Rhodes qu’il finirait comme suppôt de son aîné, chargé de la sécurité et à parler de manière civilisée avec lui… Il aurait craché à terre et tourné les talons. Il ne voulait pas de la confiance d’Abel Rhodes, et il ne lui donnerait jamais son estime. Il ne voulait rien avoir à avec ce genre d’homme. Il ne voulait pas être là et parfois, Wyatt ne parvenait pas à comprendre ce qu’il faisait encore là – pourquoi Abel ne l’avait-il pas foutu dehors, quelque part en sept ans, pourquoi n’avait-il pas pris ses affaires, à présent que la soudaineté de l’apocalypse s’était estompée, qu’il connait d’autres camps. Des lieux où vivre sans Abel. Mais il restait là, ne faisait pas mine de bouger et en quelque sorte ne le voulait pas. Abel n’était pas le pire leader que l’on pouvait avoir par les temps qui courent.
Il ne répond pas de suite. Wyatt reste silencieux un long moment, pesant la question, faisant couler l’alcool dans sa gorge, sans lâcher son chef du regard. On pourrait facilement croire qu’il sonde Abel, son regard dans celui clair à devenir fou du cavalier, qu’il pèse le pour, le contre dans son silence. Pas tout à fait. Et n’est pas une question à laquelle il aime répondre, mais ce n’est pas une question nouvelle non plus. Parfois, lorsque son regard se pose sur les cavaliers du ranch, lorsqu’il surveille leurs faits et gestes appuyé contre un mur, caressant Bullet ou un cheval, il se prend à se la poser. Qui serait sacrifiable pour la communauté ? Pour qui renierait-il sa promesse ? Qui n’avait-il pas envie de voir cloué au pilori. Il détestait la part pragmatique de son esprit qui s’y préparait, qui savait qu’un jour, il devrait faire un choix. Il ne répond pas de suite non, et garde le silence alors qu’il se redresse et remplit son verre, et demande d’une voix calme, assourdie. « - Tu as quelqu’un en tête ? » Il y a une once de provocation pourtant, même si Wyatt ignore lui-même qui il le défie de menacer.
Il descend son verre d’un trait sans penser à resservir Abel cette fois. Ce n’est pas pour se donner du courage, ni se donner du temps pourtant, car il a l’esprit clair. Wyatt relève les yeux vers Abel, tranquillement. « - Eli plutôt que toi. » Jamais il ne ferait de compromis sur elle. Sa sœur plutôt que le monde entier, elle pourrait tuer Abel sous ses yeux qu’il n’interviendrait pas. C’était sa sœur, sa seule famille, la famille qu’il avait mis 16 ans à obtenir. Il fait la moue. Vladimir aussi, plutôt qu’Abel, évidemment. Il n’aime qu’un des deux hommes. Mais Vladimir n’est pas une menace, pas même un cavalier, et Wyatt s’il aimerait le voir ne tient pas à le voir au ranch, près d’Abel. « - J’aurais tendance à me fier au jugement de Jenna, mais je refuse de m’occuper de vos affaires familiales.. » continue-t-il plus pensivement, examinant les options Il appréciait la cadette Rhodes plus que l’homme en face de lui, et lui faisait confiance, mais malgré les tiraillements qui agitaient la famille… « - Je te choisirai. Contre l’ensemble du ranch. Drôle, hein ? » Non ce n’était pas drôle et il expire par le nez en faisant cet aveu, visiblement dégoûté, tandis qu’il se mord la lèvre et fixe Abel. « - Tant que tu gardes le ranch debout. » Et son regard se durcit un instant à cette idée et il secoue la tête. « - Merde. Quelqu'un te choisirait, dans le monde, contre tout le reste. Garde ça à l'esprit et explique le moi, car je ne pensais pas que ça serait moi. »
Personne en tête, non, et pourtant Dieu savait à quel point Abel aurait aimé que ce soit le cas, que la montagne formée par ses soupçons divers et variés puisse désigner un cavalier en particulier, n’importe qui de son ranch ou des clans avoisinant pourvu que cela lui permette d’avoir une piste à suivre dans cette quête de ceux qui voulaient le voir mort, et s’y étaient essayés sans succès. Il aurait aimé pouvoir clairement dire, oui, “je pense qu’untel ou untel pourrait avoir fomenté le coup” mais peu importait à quel point il avait conscience que certains, ici, le dépréciaient au plus haut point, le chef des lieux était tout bonnement incapable d’en juger un capable d’avoir fait ça – du moins en se basant sur ce qu’il savait de ses hommes, il n’était pas ignorant du fait qu’il lui manquait bien trop de cartes cruciales afin de pouvoir décider, finalement, qui sacrifier et qui garder. Il fronça légèrement les sourcils face au défi qui sourdait de la question de Wyatt mais n’y répondit rien, se contentant simplement d’un léger signe de négation de la tête.
« L’inverse m’aurait étonné. » Pas offusqué de voir le nom de la jeune femme balancé sur la table, propulsé au premier plan dans une affirmation absolue. Abel ne pouvait pas réellement lui chercher des noises à ce sujet, lui aussi ferait passer sa famille avant n’importe qui, n’importe quoi, et ce même malgré les tensions qui les divisaient parfois (trop souvent). La famille, à ses yeux, représentait quelque chose de sacré, presque inviolable. « Tu m’aurai annoncé être prêt à sacrifier ta sœur, que j’aurais aussitôt remis en question ta sincérité et ton honnêteté vis-à-vis de moi. » Glissé sur la même voix calme, manière de lui concéder qu’il lui accordait ce droit, cette faille dans son job de veiller à sa survie. Et puis, Eli n’avait jamais figuré dans sa liste des personnes à surveiller de toute manière. Un long silence fit office de suite au reste des propos du chef de sécurité, durant lequel Abel l’observa une poignée de secondes, fixement et sans mot dire, avant de finalement se resservir et faire descendre l’aveu de Wyatt en même temps qu’une bonne rasade d’alcool. « Fais gaffe. On dirait presque une déclaration, je vais finir par croire que tu tiens pas le coup. » Petit sourire moqueur en coin, alors qu’il jetait un regard en biais à l’état de la bouteille trônant fièrement entre les deux hommes, et qui mine de rien avait déjà pris une sacrée raclée depuis le début de cette conversation. C’est vrai qu’ils tenaient là un bon rythme, et s’ils continuaient sur cette piste… eh bien, mieux vaudrait sans doute qu’il n’y ait pas d’urgence à gérer avant la fin de la journée. « J’aimerais avoir une explication pour toi, mais va falloir que tu te démerde comme un grand pour aller la dénicher. » Un petit rire lui échappa, qu’il musela bien vite. « Ou alors que tu te décides finalement à admettre que je suis pas rien qu’un connard bon à rien. » Réminiscence de toutes ces fois où ils s’étaient pris le bec jusqu’à en venir aux mains et qu’on doive les séparer, cette période révolue depuis quelques années déjà; difficile de manquer l’ironie dans sa voix, et qui se reflétait dans son regard. Mais Wyatt et Abel avait un lourd passif plus marqué par leurs désaccords que par la plus minime preuve d’amitié. Pourtant, aujourd’hui, le leader des cavaliers laissait sa vie entre les mains de son partenaire sans battre d’un cil. Preuve était que les gardes ne l’avaient même pas désarmé à son entrée dans la demeure familiale, ils ne le faisaient plus depuis longtemps. Rien ne lui aurait plus facile, ici et maintenant, de profiter de la moindre seconde d'inattention du leader afin lui loger une balle entre les deux yeux. « Je garderai le ranch debout. Je le garde debout depuis plus de sept ans. » Affirmation nette, et qui ne souffrait pas de contestation. Il fallait tout de même garder à l’esprit que, dans les environs immédiat, la Crimson Valley était le plus vieux campement à avoir traversé le chaos de l’épidémie sans s’effondrer, si subit un changement au niveau de sa direction. Debout malgré les guerres intestines et celles, plus ouvertes, contre les autres clans. Debout malgré les chacals, les maladies et les morts qui n’avaient de cesse de revenir à la charge, les tentatives d’assassinat. Debout même malgré la nature et ses cadeaux impitoyables qui ravageaient tout sur leur passage. « Du coup, t’es bien dans la merde, pas vrai ? », il souligna, le ton plus léger et retrouvant son traditionnel aspect moqueur. Bien dans la merde, pour être obligé de rester à ses côtés. Mais, après tout, c’était son choix.
Wyatt E. Wooding
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Sujet: Re: accalmie Ven 13 Avr - 20:24
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W.W. & A.R.
Fin aooût 2017 Wyatt observe Abel avec attention, l’esprit encore clair, l’oeil encore vif malgré l’alcool qui s’apaise dans sa gorge. Le dos appuyé contre le dossier de sa chaise, les mains jointes autour de son verre, posées au niveau de la boucle de sa ceinture, il mesure du regard les pensées du “maître” des lieux. Comme si la paranoïa qui parfois s'empare de l’homme allait le laisser être lu comme un livre ouvert. Comme si. Nulle grande révélation à faire trembler le sol du ranch, pas d’accusation, pas de colère ni de confession et le signe de tête d’Abel retombe dans le silence, et Wyatt referme les paupières un instant. Si cela avait été une surprise, il aurait poussé un lourd soupire, mais ses lèvres restent closes. Personne en tête. Il aime à penser que si Abel avait un tête à couper, un accusé en tête, il lui en parlerait, quitte à taire le nom si cela faisait sens dans son esprit parfois, souvent, indiscernable pour Wyatt. Il aurait aimé un nom, un indice, quelque chose pour étancher sa frustration et l’anxiété rampante dans sa poitrine. L’ancien flic aimait savoir sur quel pied danser, mentir, ruser il n’avait aucune pitié, il comprenait la nuance grisée des moralités, sans problème. Mais il aimait savoir de qui se méfier et avoir ses priorités claires. Une lueur amusée éclaire son regard, sans qu’un sourire ne le trahisse : Rhodes se montre grand seigneur, de lui autoriser sa soeur, sa petite soeur comme faille, comme priorité numéro un. Grand seigneur qui s’avance dans le terrain conquis des compromis de longue date. C’était un non-dit, une affirmation entre eux, que la famille était au-delà des limites. Pourtant, quelque part dans son corps, un muscle qu’il n’avait le souvenir de contracter se détend, une alarme qu’il n’avait pas entendu siffler s’éteint dans son crâne. Ils étaient toujours sur la même longueur d’onde, en dents de scie.
C’est un rire qui le surprend, qui éclate du fond de sa poitrine, bref et sourd lorsque Abel met en doute son degré d’alcoolémie. Certainement. L’alcool lui tient chaud au creux de l’estomac, remplaçant depuis longtemps, bien avant l’apocalypse, l’affection, la sécurité et la sensation d’une famille ou la probabilité d’une journée qui ne soit pas intensément merdique; Qu’il soit encore plus damné si ce genre de conneries suffisaient à lui altérer son jugement. Tout au plus cela le plongeait dans une chaleur confortable et paisible, un peu de douceur qui le clouait au fond de son siège. Mais pas assez pour émousser son esprit, merci. Wyatt écarte légèrement les mains dans un signe nonchalant. “- Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? I am a big softie.” Il se frotte la barbe, faussement songeur. Peut-être se laissait-il à être sentimental avec le temps. La pause au ranch avait pris plusieurs années, et il faisait partie des murs, y compris à l’intérieur du manoir où il était un jour entrer la queue entre les jambes et la tête baissée, humblement. Le ranch était devenu chez lui. Il ne partirait plus, et ne reviendrait pas sur cette décision - qui s’était tournée bénéfique, malgré les heurts entre lui et Abel. “- Si tu considères ça comme une déclaration, ta vie sentimentale doit être vraiment à chier. Ne te sur-estimes pas.” Les chevilles d’Abel n’avaient pas besoin d’aide même si, en général, l’homme avait de l’ego à bon droit. En général - Wyatt lui accordait ça, dans un coin de son esprit, bien que les compliments ne comptaient pas passer clairement sa bouche. Il ne fallait pas le prendre pour un con.
Wyatt pourtant à la suite des propos d’Abel lève poliment un doigt. ”- Je n’ai jamais dit un bon à rien. Et je maintiens que tu es un connard; ” Il ne pouvait pas s’en empêcher, même si l’insulte sonne étrange dans sa bouche, dans sa voix calme et posée, dans l’atmosphère apaisée du bureau, réchauffée par les verres partagées et les sourires, les rires que pour une fois les deux hommes se laissent voir, derrière leurs apparences austères au milieu du ranch et des débris wyatt>“- Je n’écouterais pas un bon à rien. Je sais ce que tu vaux. Mais je ne suis pas assez ivre pour l’admettre. ” Ses doigts grattent son menton, se perdant dans sa barbe avec douceur tandis qu’il prête une oreille attentive à Abel. Comme pour confirmer ses propos, la fierté et l’assurance des Rhodes, qui leur cours dans le sang depuis que le premier des paysans à décider de labourer ce sol et d’y faire survivre les siens contre les sécheresses et les tempêtes. Fierté du patriarche, promesse du survivant. Ne pas lui dire qu’il lui faisait penser au père. Machinalement, Wyatt acquiesce du chef, laisse passer un murmure d’approbation. “- Je sais.”
Et c’était bien pour cela qu’il ne voulait pas tuer Abel, malgré ses grands discours et le grognement peu enthousiasme. Malgré sa grande gueule, et ses rêves plus ou moins avoués de l’étrangler à mains nues, Wyatt est avachi dans le fauteuil en face de lui, à partager un verre avec lui, tranquille, paisible. Un autre pourrait confondre leur discussion avec l’amitié. En réalité... est-ce que parfois, Wyatt est démangé par l'envie de lui foutre son poing dans la gueule ? Parfois, comme tout le monde. Le tuer ? Nah. Pas plus que partir, ou le trahir. Wyatt se redressa un peu, les yeux étincelants de la moquerie d’Abel. “- On est deux.” Deux à être dans la merde, à devoir supporter jusqu’à la fin alors que la perspective que l’un deux craque avait disparu pour céder à une entente, à une certaine compréhension. Dans le crottin tout au plus, mais ce genre de jeu de mots est relativement chiant à entendre quand on passe plus de six mois à bosser dans un ranch ou une ferme. Wyatt se frotta légèrement la barbe, faisant mine de réfléchir tandis qu’il ne relâchait pas son attention du grand chef. “- Si tu es la pire chose de ma vie, ça pourrait être pire. J’ai de l’alcool, ma soeur...un chef à blâmer si ça tourne au vinaigre. Pourrait être pire.” Il y avait pire comme vie qu’au ranch, n’importe où d’autre ; il était heureux de participer à ce camp, d’une manière ou d’une autre. Il y avait pire comme vie au sienne que le ranch. Il relève son verre vide, pour un toast interrogateur, le sourire en coin sous la barbe : “- Au ranch ?”
Le rictus s’allongea davantage sur ses lèvres, il n’allait pas s’insurger devant cette allusion à sa vie sentimentale qui, de toute manière, était relativement inexistante. « You said it » se contenta-t-il simplement de confirmer, peu motivé pour débattre sur un sujet à priori inintéressant et dont, de toute manière, son interlocuteur se fichait royalement. Ce qu’Abel appréciait, chez Wyatt, c’était son franc parler et son attitude, le fait que l’autre homme ne craignait pas de lui dire les choses sans pour autant estimer le besoin de les enjoliver. Beaucoup d’autres de ses hommes, mis à sa place, auraient préféré s'étouffer avec leur langue plutôt que de le traiter de connard en face de lui et les yeux dans les yeux. A l’époque, au tout début, il avait exécré tout ça, appréciant chez les siens qu’on marche au pas et qu’on courbe l’échine devant lui, il avait détesté Wyatt qui s’était pensé en droit de casser bien des règles sous prétexte qu’Abraham l’avait pris sous son aile. Une part de lui le détestait toujours à ce jour, mais l’autre avait appris à le respecter, à finir par le considérer en ami. Ou quelque chose s’en rapprochant, en ce qu’Abel Rhodes n’avait pas vraiment d’ami à proprement parler en dehors, peut-être, de Mercy.
« C’est vrai que t’es plutôt bien loti, ici. » Ils l’étaient tous, de fait, et ce quoi que puisse en dire les dissidents. Ils avaient des terres cultivables, ne manquaient pas de vivres ni d’eau courante. Peut-être pas un confort optimal mais de quoi survivre, et la sécurité des armes et des clôtures tout autour. « Faudrait voir à ce que tu t'habitues pas trop à ça non plus. » Après sept ans dans un retour à des conditions de vie pratiquement moyenâgeuses, il existait bien pire qu’eux parmi ces hommes et femmes, à travers tout le globe, qui s‘étaient obstinés à survivre à l’Influenza. Mieux, aussi, mais ils restaient tout de même loin d’être à plaindre. « Au ranch », il répéta, répondant à la question tout en récupérant la bouteille. Les verres furent remplis, puis vidés encore une fois. Et l’après-midi passa à ce rythme, parsemée une fois n’est pas coutume d’une conversation à peu près civilisée où ils s’efforcèrent d’oublier le ranch et tout ce qui s’y rapportait. L’alcool délia les langues et les propos, les emmerdes s’abstinrent de venir toquer à la porte alors que les heures filaient. A un moment, Wyatt finit par quitter les lieux, et sans doute cela fut-il préférable tant qu’il marchait encore (à peu près) droit, abandonnant seul à son sort le leader des cavaliers, sa canne et un fond de bouteille. Il faudrait bien qu’Abel ait le temps de s’éclaircir à nouveau l’esprit (au moins un peu) d’ici à ce que tous les autres reviennent, mais il restait encore de la marge avant que cela arrive, et l’aîné des Rhodes goûtait à un certain plaisir face à la constatation que son corps engourdi par les effets de la boissons lui envoyait bien moins de signaux de douleurs que ce dont il avait l’habitude depuis ce jour en juillet qui avait signé la fin de Stonebriar. Dans le silence et la solitude revenus au sein du bureau, il se laissa aller dans le siège de son fauteuil, son énième clope de la journée glissée entre les lèvres et se consumant tranquillement pendant que son propriétaire se laissait aller à quelques rêveries abstraites dictées par le poison qu’il avait généreusement ingurgité en compagnie de son chef sécu. Une après-midi de répit, une après-midi de pause loin des problèmes et de tout le reste, voilà qui avait fait plus de bien à son humeur qu’il aurait bien voulu l’admettre.
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accalmie
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