Sujet: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Dim 21 Mai - 0:38
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« And at the time I didn't know, just how hard the wind could blow Towards disaster, and the things that I would see
L’air ne passait plus dans ses poumons, râpeux dans sa gorge, lourd dans le goulot d’étranglement qu’étaient devenue sa cage thoracique. C’était la faute de tous ces goulots d’étranglement – et leurs échelles, les tunnels, les couloirs éclairés à la lampe tempête, le sol, le plafond, toujours visible. Toute la journée, cela s’était amoncelé dans sa poitrine, insidieusement. Depuis qu’il était descendu de voiture, avait dit au revoir au ciel bleu, au chant des oiseaux, et avait du donner ses armes à feu. Il avait fait bonne figure, restant la voix calme et posée face à Anita, face aux mineurs, même si parfois son sourire partait de sarcastique pour terminer directement au vitriol, amer, cynique, et même si la lueur dans ses yeux vacillait, trop forte, trop faible, une dynamo qui pète. Casey, Casey.. avait été une bonne surprise, et il aurait pu, il aurait du pouvoir se rappeler à la chaleur de sa peau, de son étreinte, se remémorer la force de ses jambes autour de sa taille pour pouvoir oublier la pesanteur impassible et impossible du plafond. Sauf que tout était parti de travers – y compris avec Casey. Il n’avait que peu d’espoir d’arriver à une alliance véritable, il s’agissait plutôt de mesurer à quel point la pente était glissante. Puis, il y avait eu Maxine, Elias, Arte… pour un dédale souterrain, la mine s’était peuplée de fantômes, d’ombres filantes, trop vives pour être attrapées, aperçues même. La moitié de son corps lui faisait encore mal des dernières bastons, son entrejambe n’était apparemment plus opérationnelle et son vague à l’âme s’était transformée en nausée émotionnelle lorsque tout ce qu’il ne pouvait plus supporter à Olympia semblait être pire ici, sous terre. Et il n’y avait pas d’échappatoire. Cela lui rappelait beaucoup trop la taule, bien que Bass refuse de regarder en arrière, de l’exprimer à voix haute. Et cela l’épuisait, le mettait sur les nerfs jusqu’à ne plus laisser de Bass que l’homme presque animal farouche qui s’était enfuit de l’enfer à barreaux à l’enfer de neige et de walkers. Pas de ciel, pas de fenêtres, juste le plafond et quatre murs, partout où le regard portait. Facile de s’égarer, tout le monde ne cessait de le répéter d’un air presque malveillant. Se sentir observé, en permanence, ne pas comprendre les règles qui régissaient l’endroit. Vivre en collectivité. Il avait déjà mis deux ans à accepter Vladimir et sa fille, alors un dortoir…
Bass s’appuya à la porte du petit dortoir où ils avaient réussi à se faire accepter pour la nuit. Porte – le chambranle, le pan de mur qui encadrait la porte, qui ouvrait faire la pénombre relative des quelques lits abandonnés pour l’heure. Il était encore tôt et ô comme Bass pouvait comprendre qu’on ne désire pas se foutre dans une niche obscure où les murs étaient encore plus étroits qu’ailleurs. Il n’était pas claustrophobe en prison, mais aujourd’hui, après avoir vécu des années dehors, et presque trois ans dans une maison assez grande pour mettre trois fois la vieille baraque familiale… Olympia lui manquait à en pleurer. Il savait qu’il était prêt à crever pour sa famille, son foyer, mais jusqu’à présent il n’avait jamais eu « le mal du pays ». Ou alors ce n’était pas que l’endroit, c’était tout, les emmerdes qui s’empilaient plus haut qu’une pile de rôdeurs durant une migration. Il était fatigué. Fatigué de ne plus savoir qui croire, pour qui, pour quoi se battre – il croyait en Olympia, dans les secondes chances, dans sa famille, adoptive et de sang. Mais l’illusion s’effritait, et il ne savait plus… peut-être que tout cela était mutuellement exclusif, et peut-être, qu’il ferait mieux d’aller mourir au fond des bois en fermant fort les paupières pour ne pas entendre ceux qu’il aimait mourir. Avec un soupire, Bass se décolla de la roche pour s’approcher du lit occupé de la pièce. Vladimir. Il avait accepté de l’accompagner jusqu’à la mine, et Bass lui était reconnaissant. Plus que les mots ne sauraient dire. C’était un ami. Et l’une des rares personnes en qui il avait conscience, l’une des rares personnes qui parvenaient à calmer les terreurs et le brouillard au fond de son crâne. Une des rares personnes qui n’essayaient pas de parler pour remplir le vide dont tous semblaient avoir si peur.
Sans un mot, Bass vient se poser sur le lit à côté de lui, s’allumant une cigarette machinalement. Il avait essayé de faire durer celles trouver en raid, ces derniers mois, mais au fil des émotions, elles s’étaient envolées. Parce qu’ils étaient encore vivants et que des clopes serviraient à rien si les jackals les pendaient. Parce qu’une fois que l’on a traversé l’enfer, on ne parle plus beaucoup et que rien ne semble plus déranger les survivant qui se contentent de porter la nicotine à leurs lèvres fendues, assis sur un lit-dortoir, au fond d’une grotte, côte à côte dans la solitude. Le recruteur tendit la clope à Vladimir sans même le regarder avant de se laisser tomber en travers du lit avec un long soupire. Les deux pieds ancrés dans le sol, le corps installé dans le sens de la largueur et sa main frottant son front.
Vladimir Stanković
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Mar 23 Mai - 13:43
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Dim 11 Juin - 21:04
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Etre immobile, allongé, fixant le plafond creusé à la va-vite dans la roche, sur un lit dont il sent le matelas usé contre sa colonne, et le sol sous ses semelles presque inexistantes au rythme où il arpente la vallée texane. Et pourtant tout semblait tourner, creuser dans le sol avec une vitesse folle pour que le recruteur se sent aspiré par un puit sans fond. Ou pire. Il s’en fichait, c’était la pensée qui perdurait, alors qu’il se passait la langue sur les lèvres, goûtant encore peu la précieuse nicotine, qui se consumait entre ses doigts, hors de son champ de vision, vers Vladimir. L’impression qu’il pourrait bien crevé, allongé au milieu de l’asphalte à attendre qu’un rôdeur dévore sa chair, et que tout lui était indifférent. C’était un jeu auquel il s’était essayé, quand il était seul. Ce n’était pas dur, de se traîner sur la route, avec un gémissement de douleur quand tout ce que vous aviez vous a été arraché. Vos frères et sœurs disparus. Votre mère, un pieu dans le crâne, un rictus défigurant le visage pour qui vous étiez prêt à mourir ou à crever au boulot. La solitude et le silence à vous rendre fou, le froid et la puanteur qui ne partent jamais vraiment, chaque plaie qui brûle et qui suinte. Plus rien n’a d’importance. Puis, la chair décomposé touche la votre, encore chaude, vivante et l’instinct du survie fonctionne et vous rappelle que vivre comme un chien, comme un fantôme c’est toujours un degré supérieur à vivre comme un rôdeur. Il paraît parce que même s’il est heureux de savoir Elias, Maxine en vie, cette joie lui apparait soudain distante par rapport au poids dans sa poitrine qui le coule et lui fait baiser le sol.
Vladimir met un temps infini à répondre à l’invitation muette, et Bass expire, lentement la fumée qui s’envole droit vers un ciel bouché. Jusqu’à ne plus avoir d’air dans les poumons et une toux lancinante qui menace d’exploser comme une tumeur, comme des larmes ou un cri vers l’absurdité du karma. Lorsqu’il sent les doigts du serbe récupérer la cigarette, Bass s’autorise à respirer, à inspirer un soulagement dont il n’avait pas confiance. Au moins n’avait-il pas ce problème. « - Je crois que c’est pour ça que… » Il hausse les épaules toujours allongé. Sa voix est atone, malgré l’hésitation d’un sourire en coin, fausse joie sur ses lèvres. Je crois que c’est pour ça que je t’ai proposé d’emménager chez moi, que je t’ai demandé de venir ici. Je crois que c’est pour ça que je t’aime bien Il jette un coup d’œil dans la pénombre à l’homme assis à côté de lui. Une grande carcasse silencieuse, mais dont il sait, physiquement qu’il peut avoir une confiance absolue. « - Tu es le seul qui force à rien. » Il confesse dans un murmure. Et la chaleur du serbe à portée de doigt, le timbre de sa voix agissent, souvent, comme une berceuse contre ses démons. Pas cette fois. Bass passe ses mains sur son visage. Reste avec nous Bass. Relève toi, ne fais pas l’enfant. Il en était incapable, il était juste… tellement fatigué. Les cernes de son existence à batailler pour survivre avait laisser place à une ombre plus immense sous ses joues. Il avait eu du mal à se remettre de l’assaut donné contre Olympia en novembre, de l’horreur, même s’il faisait bonne figure pour Jezabel. Mais ces derniers temps, c’était pire, et il ne savait juste… pas quoi faire. Comment faire. Il en était incapable.
Il grimace, un peu trop fort, un peu trop cyniquement, comme un gamin qui fait une grimace, mais l’homme est absent derrière ses yeux trop pâles. « - Rien à dire. » Le fait qu’il parle, à la place du silence qui lui sert d’animal familier est évocateur. Il esquisse un sourire pincé, et détourne les yeux vers le plafond, comme si de rien n’était. L’oppression, de nouveau. Bass ferme les yeux pour oublier, et invoquer les rues, larges et bordées d’arbres d’Olympia. La suite passe ses lèvres sans qu’il y pense : « - Tu as déjà fait de la prison ? » La question danse sur ses lèvres comme de la nicotine, dont il inspire l’odeur à plein poumon. Entêtant. Cette question-là lui permet de fuir celles qu’il n’a pas le courage d’aborder – Malini et le pouvoir qu’elle a sur lui, Maxine, qui le renvoie à son adolescence et à ses erreurs, Elias qui le brise en tout petits morceaux de ne pas pouvoir le ramener avec lui. Olympia. Peyton. Elanor. La longue liste de ses foirages et des cailloux jetés depuis le bord de la route. La prison. Elle lui colle aux basques ces dernières semaines. Les premiers temps, il n’y pensait que terrifié d’y retourner et parce que sa survie, il la doit à ce qu’il a appris entre les barreaux. Maintenant… Il a les yeux clos, et une larme qui s’attarde à ses cils.
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Jeu 13 Juil - 15:07
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Jeu 13 Juil - 16:54
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A quoi s’attendait Bass en jetant ça sur le tapis était une question fourbe. Aucune idée, mais l’ancien dealer n’était pas connu pour sa clarté d’esprit et la fermeté de ses décisions. Pour un type qui n’avait jamais consommé, son esprit était un brouillard marécageux dans lequel même lui ne se sentait pas à sa place. Le seul moment où il arrêtait de fuir, c’était pour foncer la tête la première dans les ennuis. Pour la bonne cause, il jure en feulant presque. Il n’était jamais très curieux du passé de ses compagnons de galère. On s’en fout aujourd’hui. Et son passé à lui, c’était loin. Une autre vie. Et il avait besoin de vider son sac, d’arrêter de penser au béton qui l’oppresse. La quinte de toux déchire ses poumons comme une brûlure à l’acide. T’as l’air con, félicitations mon vieux. Il s’esquinte sur la bouffée de fumée qu’il venait d’inspirer lorsque Vladimir insinuait en lui la bonne vieille sueur froide, la peur qui serre son cœur et l’oppresse. Rien de plus qu’un réflexe, les morts sur ses mains menacent sa conscience et son sommeil et pas sa place à Olympia, encore moins son droit de survivre libre dans ce monde à chier. Il porte son poing à ses lèvres, serrant toujours sa cigarette à l’écraser entre ses doigts. Respirer, calmement, dissimuler. Mourir ou tout comme. Il se rallonge, lentement, de marbre. Ou de glace – les traits d’une statue, inexpressifs au possible, et la respiration trop silencieuse, inexistante pour ne pas déceler en lui l’angoisse du dealer fouillé par les flics mais trop familiarisé à l’exercice du mensonge pour se faire remarquer. De glace parce que ses extrémités et organes internes ont été rejetés dans un seau de glace pillé, sous les douches glaciales de la taule.
Bass lui jette enfin un regard, vif comme l’éclair. « - J’ai jamais dit… » Réflexe. Le blond se mord l’intérieur de la joue et se distrait du goût du sang. Comme s’il était pas crédible. Déjà au quotidien, son comportement le dénonce plus qu’un avis de recherche placardé. L’ombre dans les yeux, l’habitude de frôler les murs et de garder la tête baissée pendant qu’on entend des hurlements et des types se faire taillader dans l’indifférence totale. Bass ne l’avouerait pas, mais c’était l’une des choses qu’il appréciait dans Olympia – et leur faiblesse, son pragmatisme de survivant et de taulard rétorquait. L’idée qu’on ne doit pas regarder quelqu’un se faire massacrer au-delà de l’humain sans remarquer sa présence à un mètre de sa propre peau. Et même si Vladimir n’avait deviné, sa terreur mêlée de retenue depuis dix secondes l’auraient balancée. L’allure d’un animal sauvage qui vient d’apercevoir le chasseur, sans être encore persuadé du bien-fondé de la fuite versus l’attaque. Il se redresse en position assise, lui tendant le cul de la clope sans oser le regarder. Des erreurs. Il en avait fait plein. Sa vie est une colossale suite d’erreurs, jusqu’à Olympia. Ses doigts étaient gelé et il les plie et les déplie machinalement. Avant de sursauter. « - Je toucherais jamais à un gosse. » Son regard s’est assombri soudainement, raidit. Il avait tout fait pour empêcher les ados de lui acheter, les esquivant autant qu’il pouvait. Et le reste ? Il avait fini en taule pour massacrer un violeur contre un mur.
« - Je sais que tu diras rien. Certains savent. » Il grimace et rit un peu, sardonique. « - Trop. » Elijah, qui connaissait tous ses crimes. Elias, Jamie, Ada, sa famille. Maxine – il ne pourrait plus la regarder dans les yeux. Avalon son ancienne cliente. Il l’avait vu dans un sale état, une épave. Mieux que quiconque Bass connaissait les ravages de la drogue et à quel point il fallait se méfier d’un camé en manque, prêt à vous bouffer pour avoir sa dose. Mais… « - Olympia croit aux secondes chances de toute façon. » Il se calme et respire plus calmement, passant dans son esprit les paroles de Vladimir, maintenant que ses nerfs lui laissent l’opportunité de penser. Brigade des mineurs. Le dégout lui tord l’estomac et pour une fois, il n’est pas adresse à sa propre personne, mais à tous ces enculés que Vladimir avait du croiser. Ses doigts tremblent et il tend sa main ouverte à Vladimir, demande muette de cigarette. « - Meurtre. Il avait voulu violer ma sœur. » Encore aujourd’hui, la fureur incontrôlable brûle. Sa petite sœur, son bébé, son adorable tempétueuse peste à l’esprit bien trempé. Il n’a pas besoin de se justifier, il le sait, il veut… juste clarifier. Qu’il soit un salaud, un pauvre type, Bass en a une conscience assez forte. Mais il n’est pas comme ça. Plus un paumé qu’un enfoiré. La drogue, cela pèse sur sa conscience. Il ruinait leur vie, même s’ils le demandaient…Mais il le méritait et il se force à ajouter, à confesser ses crimes. « - Trafics. Pour l’argent. » Un type plus intelligent argumenterait que la société l’y avait poussé. Pas de père, pas de contraception maternelle, pas d’études, trop instable pour l’armée ou un job tout court. Nah. « - Je le méritai. Mais tu peux me faire confiance. » Il lui jette un regard, esquisse un sourire amical, venant tapoter son genou doucement avant de relâcher avec un soupire, alors qu’il se frotte les yeux. « - Je déteste juste être ici. Enfermé avec des fantômes. »
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Jeu 13 Juil - 19:24
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Mar 18 Juil - 16:49
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Cela rampait sous son épiderme, la sensation à peine perceptible d’être dévisagé et observé. Analysé. Décortiqué pour mettre à nu ses faiblesses et culpabilités. C’était un sentiment que Bass avait appris à ignorer tant il lui était permanent. Depuis la prison, il ne se sentait jamais véritablement en sécurité, détendu, seul. Toujours observé, toujours une proie sur un terrain de jeu qui s’était étendu à l’intégralité du Texas. Le retour à la civilisation avait empiré les prémices de sa paranoïa, et Bass préférait souvent la sensation de trop grand isolement des bois et des plaines dévastées. Mais cela faisait longtemps qu’il n’avait pas senti la chair de poule marbré sa vue sous l’œil d’un ami. D’ordinaire, il parvenait à ignorer la sensation, à persuader son esprit malade que ce n’était rien. Maintenant, c’était pire, merci Vladimir – mais Bass plaidait coupable. Il n’osait pas le regarder, se laissant examiner. Cela mettrait du temps à disparaître, la sensation qu’il était jugé pour chacun de ses faits et gestes. Surtout autour de Jézabel. L’argument « tu pourrais être un père de merde » se voit dans la manière dont il hausse les épaules mais l’insulte (car c’est en est une, elle serait entendue comme telle) ne franchit pas ses lèvres. Bass n’est pas le benêt auquel ses silences et études académiques pourraient faire penser : ses silences lui font écouter et comprendre autrui, même s’il n’en dit pas grand-chose. Vladimir est un bon père, et Bass éprouve autant d’admiration, de respect que de jalousie. Jézabel a de la chance, alors même qu’elle grandit comme une herbe folle dans l’apocalypse – un père qui l’aime, la protège et l’éduque. Et un genre de tonton un peu instable qui n’aimait rien de plus que faire sourire la gamine et qui pourrait rester la journée assis sur le tapis à ignorer le reste. Le monde trop bruyant. Le sourire de Vladimir est un baume, une ancre à laquelle se raccrocher à ce monde qui part en couille. Bass esquisse un sourire en réponse – il est… heureux, de savoir que Vladimir peut lui pardonner. Il n’en est pas sûr – il ne se pardonne pas, et il est sans doute le juge le plus sévère envers lui-même. Prison à vie. Il écrase leur mégot sous sa botte, dans la pierre de la mine. Un nouvel échec, sa bouche se tort – Arte n’était pas ici, et ils n’obtiendraient rien d’Anita. C’était amer pour Bass de revenir à Olympia les mains vides. « - J’en pense que je ne veux pas rester ici. Je sais même pas si… dormir enfermé, je sais pas si j’y arriverais encore. » Il acquiesce, bien que son ton soit amer, un peu creux. Non, il ne veut pas, il étouffe, et cela le rend fou à petit feu. Mais, ce n’est pas comme s’il avait le choix. Bass plie et déplie ses doigts, les observant plutôt qu’il regarde Vladimir quand il soupire. « - Je ne peux pas. » L’oppression de sa poitrine, l’impression d’être enterré vivant, cela ne tenait pas qu’au tombeau de la mine. Il perdait le contrôle de son existence, la maigre impression de seconde chance qu’il avait eu… tout cela lui filait entre les doigts. Il avait terriblement peur de tout faire foirer, pire que tout disparaisse à nouveau. Olympia lui manquait – plus encore, l’espoir que lui donnait autrefois Olympia lui manquait.
Il se redresse sur le lit, et amène un peu plus sa jambe dessus pour faire face à Vladimir assis à côté de lui. Bass s’y remet à plusieurs fois, avalant sa salive pour finir par lâcher d’une voix ferme, trop calme. « - Mon frère est ici, le plus petit, Elias. » Il a un rire étranglé, sans joie et noir. Il fait un peu craquer sa nuque, tendant d’alléger ses pensées, sa poitrine et la panique qui s’y niche. « - Et… Maxine. » Techniquement, le terme d’ex pourrait la désigner, mais le mot tourne court. Elle n’est pas juste une petite amie, une copine de lycée. Amour de jeunesse, amie d’enfance – Bass n’est pas sûr d’être capable d’employer des mots aussi profonds à voix haute, mais c’est le sentiment qui bat dans son cœur. « - C’est devenu si compliqué, très vite, je… c’est trop d’un coup. » Il se coupe, et inspire profondément, les lèvres agitées d’une grimace. Non. Il n’a pas le droit de pleurer – lorsqu’on s’occupe de trouver de quoi manger à une fratrie et à remplacer un père absent, on apprend à ne plus pleurer et à tout garder en soi, jusqu’à ce que les larmes contenues créent des fêlures dans votre crâne, assez pour faire pénétrer les doutes et les fantômes. Bass ne se lamente pas, Bass ne se plaint pas. Même avec sa famille passée pour morte, son père un enfoiré, des dettes à la banque et à des types pas recommandables. Il y a toujours pire que lui, à ses yeux. Il n’a pas le droit de craquer. Les plaintes et les larmes n’ont jamais sortis quiconque des emmerdes et Bass préfère les actions aux mots – mais il ne sait pas quoi faire.
Il veut s’en aller, rentrer. De quoi, et pour aller où, cela n’a pas de réponse adéquate. A Olympia, où il doit soutenir le regard déçu d’Elanor, de Peyton, d’Elijah… Nathan qui lui fait peur, parce qu’il a peur pour l’un des premiers amis qu’il ait jamais eu, dont il ait jamais été fier. Si Nathan se perd, comment Bass peut-il tenir ? Il se sent devenir fou, et tout s’accélère dans son esprit. Bass fixe le vide, l’air hagard – fou. Il ne s’entend plus parler alors qu’il murmure, précipitamment. « - Peut-être que je suis juste fou. Comme prévu. » Comme prévu, incapable de tenir ses promesses, instable, dangereux. Les docteurs avaient raison, et Vladimir tort. Sa poitrine se gonfle pour chercher de l’air qu’il n’obtient pas – la vengeance dont il rêve à crever, sentir l’odeur du sang sur la peau satinée de Malini, pourquoi aime-t-il cela tant ? Pourquoi est-il ballotté sans cesse entre leurs regards, à se noyer sous leurs yeux ? Il prend une brève inspiration, une bouffée d’air pour un noyer qui n’atteint pas vraiment ses poumons quand il rouvre des yeux qu’il n’avait pas sensation d’avoir clos et laisse tomber : « - Tu devrais rentrer à Olympia. Jézabel t'attend. »
Vladimir Stanković
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Mer 9 Aoû - 16:22
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Sam 30 Sep - 13:52
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Pourquoi s’était-il mis à parler ? Le silence, l’obscurité, la respiration calme de Vladimir et l’odeur familière de la nicotine artisanale. Voilà de quoi l’ancrer dans la réalité, lui faire passer la nuit, la poitrine lourde et oppressée, les mains croisées sur sa poitrine comme s’il était dans un tombeau. Une tombe de l’homme déjà mort. C’était pour cela qu’il était silencieusement venu se glisser sur la couche du dortoir, fuyant ses ombres personnelles. Il aurait dû. Mais le chat était sorti de sa gorge et il ne s’arrêtait plus de parler. Une parole pour quinze pensées. Il ne dit pas la moitié de ce qu’il ressent de ce qu’il pense et pourtant les mots s’affolent passé sa bouche. Cela n’a pas de sens, pas de suite, pas de fin, parce que leur locuteur est pris de vertige, seul dans son crâne. Ou pas assez seul. Il essayait de se refermer, de se taire, juste de se taire mais la confession amorcée ne lui appartenait plus et il s’en voulait de chacun des mots prononcés. Vladimir écoutait, Vladimir ne le forçait pas à parler et Bass le forçait à écouter. Bass secoue la tête, laissant ses mèches devenues un peu trop longues retomber sur son visage, alors que Vladimir lui parlait doucement. Se lâcher – il se lâchait, contre des rôdeurs, avec un cri sauvage et l’impression de massacrer un visage autre, dans ses rêves contre les jackals. Il était trop craquelé pour craquer. Syndrome du grand frère que d’encaisser toute sa vie, serrer les dents et dissimulé derrière son côté asocial à quel point il ne tenait plus debout. Il a les yeux clos, et perd pied. Pourtant les mots qu’il a prononcés sont sincères – demande, décision qui brûle ses lèvres comme du sel sur une plaie, lui arrache les poumons et lui retourne les tripes. Chose qu’il n’aurait jamais envisagé de demander. Ne pas rentrer à Olympia. Parce qu’il est dangereux et qu’il a honte, et que le chien dort aux pieds de son maître avec l’estomac creux. Rentre à Olympia. Rentre, rentre, rentre, les mots brûlent son crâne à l’acide, et il oscille un peu.
Jusqu’à ce que Vladimir le remette sur pieds, le traîne dehors. Il tique violemment en s’entendant dire de la fermer. Souffle coupé, il plisse les yeux, cherchant à comprendre, à se la fermer – demander de la fermer à un asocial quasiment muet n’était pas une méthode excitant les confessions et Bass se prend l’équivalent d’un coup de poing dans l’estomac. Puis, l’instinct prend le dessus, il attrape le poignet de Vladimir, serre, les jointures blanches. Il resiste de tout son poids, un mauvais sentiment entre les côtes. Le slave le domine de sa silhouette, et sa force contraste avec la fragilité mentale de Bass à cet instant. Bass n’a pas l’habitude d’être dominé par quiconque, encore moins lorsque il vacille sur ses jambes et que les couloirs de la mine lui donnent le vertige et l’impression d’être dans un cauchemar, une fuite sans fin. « - Vladimir. » C’est un crachat presque, un feulement menaçant et sauvage. Il titube lorsque Vladimir le relâche. Dehors, il fait quelques pas chancelants sous la lumière des étoiles. Il reprend son souffle, reprend un rythme lent à sa respiration. Inspirer, expirer, son torse oscillant légèrement, ses bras ballants le long de son cœur. Bass ferme les yeux et expose son visage à l’air frais de la nuit, soulagement face à la chaleur du printemps texan, à l’étouffement de l’intérieur. Un, deux, reprendre sa respiration. Les cauchemars étaient moins étouffants à l’air libre. Il lui porte un regard perplexe, surpris, destabilisé et répond avec douceur. « - Tu n’as pas à faire ça. » Sans réfléchir, il le suit et laisse ses jambes céder sous lui. Il s’avachit brusquement au sol, pour s’asseoir les jambes croisées, le dos contre le rocher où s’appuie le slave. « - Tu n’as pas à faire ça. » Il tire un peu sur son col tiré par Vladimir, dévoilant la légère rougeur des ongles de Vladimir sur sa peau, indifférent. Invoquer Jézabel est bas, et un sourire qui ressemble à une grimace apparaît sur le visage de Bass alors qu’il se rappelle la gamine. Elle arrive à toujours à le faire sourire, même si parfois il y a de la tristesse dans ses sourires, de la mélancolie. Il pense à d’autres enfants, morts, grandis, détruis. Il pense à ce qu’il voudrait faire pour la protéger et à la place qu’il n’aura jamais.
Il sort machinalement de la poche interne de sa veste un morceau de papier coloré, qu’il commence à plier avec soin, les jambes repliées contre son torse, et lentement les mots reprennent vie, plus mesurés, plus lents. « - Les responsabilités. L’attachement. Cela… j’aimerais tout oublier. Le silence et la paix. Je suis sérieux. J’aimerais… pouvoir ne pas rentrer. » La trahison demande une force qu’il n’a pas. Pour les protéger, il pense souvent qu’il devrait partir, mais sa ville lui manque, et la mine lui rappelle à quel point il ne peut pas vivre autre part, à quel point il s’écorche contre les autres humains. Il secoue lentement la tête, expire longuement, le dragon prenant forme sous ses doigts abîmés. Il se frotte doucement les yeux, abandonnant la créature en papier en équilibre sur ses genoux et après un long moment reprend dans un souffle à peine audible – sans timidité, sans gêne, mais qui pose la question, précise, sourde de crainte. « - Tu crois vraiment qu’elle m’attend ? » Il savait ce que c’était pour un enfant, d’attendre et ne pas voir l’adulte revenir. L’abandon et la solitude, le monde qui crie qu’il est injuste. Jézabel aimait Vladimir. Jézabel attendait Vladimir. Mais lui ? Il a un nœud dans la gorge – si Jézabel l’attendait, il reviendrai toujours. Mais il ne demande pas tant, éternel étranger.
Vladimir Stanković
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Sujet: Re: (II) Lost boy | Vladimir & Bass Dim 22 Oct - 21:31
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(II) Lost boy | Vladimir & Bass
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