We die to each other daily.

Il n'est pas bien intéressant, le passé d’Adam. Une enfance plutôt classique, pas vraiment malheureuse malgré la pauvreté du foyer. Ses parents se séparent alors qu’il n’a que sept ans mais il ne vit pas mal l’évènement : déjà dans les basques de son père à l’époque, il ne tarde guère à voir dans l’absente, l’image de la méchante sorcière et finit par s’en persuader à force de calquer les réactions du géniteur. Grandir dans cette famille brisée ne lui pose pas de réel problème, parce qu’il ne semble pas en souffrir. Après tout, ce n’est pas lui le mouton noir de la famille, c’est la tête blonde plus jeune que lui de quelques années, celle qui très vite n’a jamais vraiment eu l’air de trouver sa place ici - mais sans doute est-ce parce que personne n’a pris la peine de lui en ménager une, que ce soit le père ou le frère.
On lui trace un avenir tout décidé pour lui : parce qu’il n’y a pas beaucoup de possibilité dans cette petite ville, il suivra les traces de son père, il sera ouvrier comme lui, comme beaucoup d’autres ici. Et Adam il s’en fiche, ça lui va, il grandit sans beaucoup d’ambition alors qu’on éradique soigneusement tout projet un peu farfelu qu’il pourrait bien avoir à l’égard de son avenir pour mieux le formater à ce qu’on veut pour lui.
Il se trouve une femme quand la solitude commence à lui peser un peu trop, qu’il envisage l’idée de fonder sa propre famille. Un foyer médiocre, gris : Claire, il ne l’a pas épousée parce qu’il était amoureux d’elle, mais elle n’est pas bien méchante. Pas très jolie non plus mais elle s’occupe bien de la maison, de lui, des deux filles qu’elle lui a données puis du petit dernier, Jason. Août 2010, quelques mois avant que tout bascule.


Elle lui a tout pris, l’Apocalypse, comme un raz-de-marée venu balayer sa maison, son train-train, la tranquille monotonie de sa vie. D’abord les enfants, trop faibles, proies faciles puis Claire, et les autres qui n'ont pas su comment réagir à temps. Très vite, Adam et tout ceux qui ont gardé la tête sur les épaules voient en la proximité de la mine d'Hamilton un refuge potentiel qui ne pourra pas être pire que leur village exposé à la merci de n’importe qui. Néanmoins encore trop mal préparés, loin d'être bien assez organisés, ils sont mis en déroute plus d'une fois. Rôdeurs ou hostiles vivants, rien ne les épargne et le groupe finit par éclater dans un sale traquenard qui disperse la pauvre bande aux quatre coins. Persuadé d'avoir vu son père trouver la mort dans la bataille, Adam ne cherche même pas à faire demi tour vers ce qu'il considère être une cause perdue et charge son deuil sur ses épaules pour s'en aller trouver une meilleure chance de survie ailleurs en compagnie de quelques autres.
Ils ne parcourent pas des milles avant de se faire ramasser par quelques cavaliers. Et parce qu'ils savent se montrer utiles, ils intègrent bien vite l'enceinte du ranch de la Crimson Valley. Pour un temps, Adam y trouve son compte, se satisfait d'aider à l'intérieur des terres sans avoir besoin de retourner tutoyer le danger qui rôde de l'autre côté des barricades.

Il faut attendre début 2013 pour que sa vie bascule de nouveau : avec les rumeurs de l'installation d'un important groupe au sein de la mine, on a besoin d'envoyer en "reconnaissance" quelqu'un qui saura aisément se fondre dans la masse. Et qui de meilleur, pour ça, qu'un ancien habitant du coin ? Si Adam prend grand soin de s'inventer un joli tissu de mensonges pour se faire accepter là-bas, tout se passe bien plus aisément qu'il l'aurait cru tandis qu'il reconnait dans les rangs inconnus le visage de son père. Et personne, parmi les quelques autres connaissances qu'il y retrouve, ne questionne la sincérité de l'histoire qu'il leur sert pour justifier sa longue absence.
Dès lors, il ne faut pas longtemps pour que le fils Redfield voie sa loyauté tiraillée : d'une part, les Rhodes, de l'autre, le paternel. Au milieu il y a lui, les informations qu'il passe au ranch en mentant à son père et sa décision de leur cacher son existence afin qu'on ne le retire surtout pas de là et qu'il puisse continuer à rester avec lui. Ceci est juste une phrase pour vérifier que tu lis bien ma fiche.  Cette situation un peu délicate pour lui prend fin trois mois plus tard alors que le ranch décide d'attaquer la mine : dès le début des affrontements, on lui arrange une "disparition" fort pratique puisqu'elle lui permet de ne pas avoir à dévoiler son double jeu.
Sauf que l'attaque est un échec. Et Adam, qui craint les représailles d'un leader mécontent, ses accusations peut-être pas si éloignées de la vérité quant à quelques informations erronées qu'il aurait bien pu transmettre, décide de fuir cette probable confrontation dont il redoute l'issue : aidé du cadet des Rhodes dont il s'est fait l'ami, il fuit les terres du ranch.

Les années qui suivent le voient vagabonder bien loin de son Texas natif, se trouver une place dans d'autres groupes au fil de ses pérégrinations, gagner en assurance aussi bien qu'en expérience. Mais jamais cesser de regarder derrière son épaule, vers ces personnes abandonnées dans la peur instinctive de se voir ôter la vie. Et si les regrets sont très forts au début de son long périple, c'est finalement la quasi certitude de ne pas être reconnu qui le pousse à finalement revenir sur ses pas prendre la température, et retrouver sa place chez qui le soupçonnera le moins de trahison.