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 You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

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Beckett Wills
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MessageSujet: You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.   You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe. EmptyMar 25 Avr - 15:40

Elakekette
« You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

Il la cherchait à travers le campement, les jambes encore recouvertes de poussière de corne de la tâche qu’il venait d’interrompre à cause des murmures qu’on avait soupirés jusqu’à son oreille. Le maréchal, essuyant les quelques lieux qu’ils arpentaient à deux, était bredouille de ses recherches, à demander aux quelques riders familiers qu’il pouvait croiser des indices quand à la cachette de sa protégée malmenée, ou donc ce petit être s’était recroquevillé pour cacher ses larmes. « Elanor ? » pas de réponse dans les baraquements, aucune couette roulée en boule dans laquelle l’animal blessé à l’âme serait venu se cacher pour mourir, il n’arrivait pas à se dire que si elle n’était pas venue se réfugier dans ses bras après l’attaque du grand frère Rhodes c’était qu’elle aurait préféré être seule – foutaise, il avait été gardien de son corps quand la route était leur royaume, il se pensait encore garant de son palpitant maintenant que les infectés n’essayaient plus de le croquer. « Ela ? » Le grenier à foin de l’étable semblait vide d’elle autant que le reste du campement et, acculé à sa dernière idée, il se demanda l’espace d’un court instant si elle n’avait pas pris ses jambes à son cou pour échapper au grand méchant loup, inconsciente du danger que représentait les chiens errants, mais ce fut un hoquet qui le retint dans son mouvement d’abandon, puis un autre, qu’on aurait dit plus étouffé, comme si la gamine ne voulait pas être trouvée. Les bottes de foin étaient immobiles, des particules de poussières voletant dans l’atmosphère jusqu’à la saturer et lui brouiller la vue, il ne se donnait même pas la peine de les balayer de sa main en finissant de hisser son corps sur la plate-forme de bois pour trouver le trésor de sa quête, héros d’un conte que personne ne connaissait. Personne derrière la première rangée de bottes, mais les petits reniflements se rapprochaient de lui à mesure que ses jambes avançaient avec précaution, comme s’il ne voulait pas surprendre sa proie du craquement de bois provoqué par ses pas. « Alors, princesse, » elle était là, cachée entre les brins d’herbes séchés et ceux encore frais, ses cheveux perdus quelque part dans les dorures de chaume déshydratée et ses yeux bleus-gris semblable au ciel pleureur inondés du sel de son chagrin, perles de nacres qui laissaient un sillage immaculé sur sa peau diaphane « on te fait encore des misères ? » Avec douceur, il vint poser sa carcasse fatiguée à côté de celle d’Elanor, appuyant son dos contre la paille et son regard sur le visage dévastée de la gamine, accompagnant la compassion au fond de ses iris d’un sourire qui se voulait rassurant, leurs deux corps cachés par les monticules de graminées comme si, à nouveau, ils était deux, lui ôtant toute raison de pleurer.
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MessageSujet: Re: You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.   You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe. EmptyMar 25 Avr - 17:32

Elakekette
« You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

Août 2015
Une journée de plus en enfer à rayer de son calendrier imaginaire. Elle avait perdu toute notion du temps et ne se fier plus qu'aux saisons. Elle n'était plus sûre de rien sauf qu'elle finirait par mourir ici. Des mois et des mois d'une vie nouvelle à laquelle elle ne se faisait toujours pas. Fille de la terre, ce n'est pas le travail qui l'effraie, encore moins le grand air. Il n'y a que les gens pour la faire battre en retraite. Et, en l'occurrence, les cavaliers du ranch Rhodes n'étaient pas les gens les plus sympathiques au monde. Surtout pas après des années de solitude rien qu'à deux. Elle n'arrive pas à se faire à ce nouveau mode de vie, à toutes ces personnes qui la fixe et se rit d'elle. Elle n'est bonne à rien Elanor. Elle tremble trop, n'arrive pas à contrôler sa respiration. Elle panique dès le lever du soleil. Et le pire dans tout ça c'est que Beckett n'est pas là. Elle ne peut plus se réfugier dans ses bras, ni lever son visage pâle et capter son regard ténébreux qui la rassure presque instantanément. Il s'acclimate aux lieux, fait déjà parti du décor. Alors elle prend sur elle, essaie de survivre malgré tout. Elle se persuade que tout ira mieux demain et continue de se balader avec un sourire figé sur un visage trop pâle. Et finalement rien ne va mieux. Elle encaisse les coups, pleure encore au fond de son lit en espérant stupidement que Beckett ne remarque rien. Elle y croit encore. Pauvre enfant naïve.

Un jour de plus. Un jour de trop. Elle s'enfuit en courant, la gorge serrée, des larmes salées dévalant déjà les petites collines de ses joues, s'en vont se noyer dans son cou. Elle ne sait même pas où aller. Elle ne veut pas qu'il la retrouve, ne veut pas de sa compassion ou de quoique ce soit venant de lui. Elle ne veut pas qu'il la voit dans cet état. Faible. Ridicule. Comme une enfant trop fragile pour cette vie. Elle trouve finalement refuge dans le grenier, aux étables. Un endroit pas très confortable, trop poussiéreux. Un endroit où personne ne va jamais, ou presque. On ne penserait pas à regarder ici. Cachée derrière des bottes de foin, elle sent sa gorge se serrer un peu plus et sa respiration devenir difficile. Elle s’assoit sur le sol, ramène ses jambes contre son petit corps tremblotant. Elle ne peut pas s'empêcher de pleurer, de penser à sa vie perdue et à cette nouvelle vie qu'elle déteste. Elle les voit encore ricaner, entend la voix du chef Rhodes résonner lourdement dans sa tête. Et puis c'est un son beaucoup plus proche qui lui fait relever la tête. Elle plaque une main sur sa bouche en espérant faire taire ses sanglots. En vain. Il se rapproche, connaît l'emplacement de sa cachette. Elle repose son bras autour de ses jambes, le regarde un instant avant de cacher sa tête et ses yeux bouffis entre ses bras. Elle le sent se poser à côté d'elle, présence réconfortante qui pourrait tout effacer d'un geste. Elle sanglote d'avantage, relève la tête et consent à le regarder. Elle voudrait lui répondre, ouvre la bouche et essaie. Rien. Elle ne parvient même plus à respirer et voilà que la panique la gagne. Elle vient se blottir contre lui, animal blessé qui pourrait mourir d'une seconde à l'autre. Pas de blessures visibles, seulement une âme usée par le temps, un cœur déchiré en deux. Elle hoquette, incapable de formuler une phrase complète. « Je... peux... pu... » Respirer. Vivre comme ça. Affronter les jours à venir. Vivre sans toi.
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MessageSujet: Re: You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.   You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe. EmptyMar 9 Mai - 4:01

Elakekette
« You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

Le premier réflexe de la gamine à la vue du maréchal fut de se cacher au fond d’elle-même, d’enfouir son visage là où Beckett ne pourrait le voir, au creux de ses bras diaphanes, mais son subterfuge ne dura pas longtemps quand Beckett lui, avait la journée à perdre à attendre qu’elle ose l’affronter.  Ses yeux inondés de pleurs étaient bien assez pour l’attendrir, nuages d’orage qu’il ne pensait plus revoir maintenant qu’ils étaient à l’abri, reniflements qui rythmaient leur vie à s’enfuir d’une nature devenue trop hostile pour eux – mais il ne pouvait pas comprendre, Beckett, qu’un endroit où dormir sans prendre la pluie et une gamelle immonde pour ne pas s’évanouir de faim ne soient pas assez pour arrêter de pleurer. Il n’avait pas eu besoin que le cœur de l’humanité s’arrête de battre pour s’endurcir, le gamin des champs laissé à la rue, il n’avait pas attendu les zombies pour connaître la précarité et faire les tâches les plus ingrates contre les plus mauvais salaires dans des endroits en ruine, il n’avait pas eu besoin du retour des morts pour voir se déliter son passé et devoir se trouver une nouvelle famille. Son cœur à lui battait toujours, tout comme celui, plus tendre et vulnérable, d’Elanor, et d’être en sécurité était bien assez pour ne pas demander le luxe d’en plus d’être bien traité. Pourtant, elle pleurait, apeurée, affolée, à venir se blottir contre lui pour qu’il la recouvre de ses bras, laissant ses larmes de sel venir mouiller son tee-shirt sale de poussière et de poils sans s’en formaliser, peinait à laisser s’échapper des mots hachés par des sanglots intarissables – et lui ne donnait que la chaleur de son corps pour la rassurer, être de pierre aveugle de l’âme, dont l’esprit stupide n’avait qu’une seule appréhension du monde, la sienne. « Mais si, tu peux. » Il déposa un baiser, simple et discret, sur le haut de son crâne, avant de laisser sa main s’aventurer jusqu’à sa joue pour essayer d’en essuyer les larmes d’une douceur qu’on ne lui connaissait pas, qu’il ne se permettait qu’avec elle, qu’il aurait oublié si elle n’avait pas été là. « Allez, regarde-moi. » Il ne lui laissait pas le choix, à la princesse capricieuse, attrapant son menton pour que son regard embué de tristesse vienne rencontrer le sien, aussi calme qu’une forêt d’automne n’ayant jamais connu de tempête pour venir apaiser les vents agitant l’enfant. « Tu as survécu à bien pire que ça, on a survécu à l’enfer nous deux, non ? » Il se revoyait à essayer de calmer sa respiration défaillante lorsque sur les routes le danger ne leur permettait pas de s’asseoir et de s’envelopper de mots doux, et maintenant tranquillement affalés contre une botte de foin sans craindre d’être surpris par les râles de la mort, il ne pouvait pas penser que cette situation soit pire. « Respire, reprend ton souffle et calme toi. » Presque avec diligence, il laissa sa main fendre l’air pour éloigner les particules de poussière qui les entouraient, comme si cela lui dégagerait les poumons du nœud qui l’empêchait de respirer, avant de reposer sa main autour de son corps frêle, presque grelottant. « Allez, raconte-moi ce qui s’est passé, pourquoi tu pleures. » Dans les moindres détails, qu’il puisse aller toucher deux poings à quiconque aurait osé secouer sa complice assez fort pour en faire tomber des larmes.  
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MessageSujet: Re: You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.   You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe. EmptyMar 9 Mai - 14:51

Elakekette
« You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

Août 2015
Elle ne sait pas ce qui la panique le plus. Abel Rhodes, ses sbires, la vie au ranch, les morts. Ou lui. Son regard bienveillant et pourtant si dur, ses rares sourires, sa voix rêche, ses bras autour de son corps. Son âme brisé et son cœur de pierre. Ses silences pesants qu'elle a appris à apprivoiser et son manque de foi en l'humanité. Pas de quoi paniquer. Sujet de bonheur qui devrait la faire sourire. Elle ne peut pas. Elle en a peur. C'est trop difficile. Alors elle panique à l'idée de lui ouvrir son cœur, d'être entière. Plus elle y pense, plus elle a peur et plus elle manque d'air. Elle ne peut pas lui dire parce qu'elle ne commence même pas par se le dire à elle-même. Trop perturbée par ses sentiments, trop perdue dans cette nouvelle vie qui ne lui convient pas. Elle s'enfonce dans un silence qui ne lui ressemble pas, lui sourit pour ne pas perdre la tête. Elle sombre Elanor et ça lui fait peur. Elle garde pour elle son malaise, essaie d'être plus forte. Pour lui. Il le mérite. C'est elle qui a besoin de stabilité, de se sentir en sécurité, d'avoir un semblant de vie. C'est elle qui a voulu ça et il le lui a donné. Elle n'a pas le droit d'abandonner, de l'arracher à ce foyer qu'il n'a pas demandé mais qu'il a adopté. Elle baisse la tête, courbe l'échine, essaie très fort pour que ça fonctionne. Elle ravale ses larmes, cache ses tremblements jusqu'à ce que la nuit l'enveloppe. Roulée en boule, recroquevillée sous ses maigres couvertures, elle croit qu'il ne sait pas qu'elle souffre. Noyée dans un torrent de larmes salées, elle ne vit plus. Elle survie. A peine vivante.

Son petit corps pressé contre le sien, elle ne se calme pas, incapable de retrouver une respiration normale, de faire cesser les larmes. Elle n'est plus son rayon de soleil. Elle a peur qu'il la regarde et découvre la supercherie. Et si après ça il ne l'aimait plus ? Si il la voyait telle qu'elle est, une pauvre fille paumée qui n'a rien à offrir ? Elle ne veut pas lever la tête et lire dans ses yeux cette inévitable déception qu'il doit ressentir. Elle ne veut pas y voir de la pitié ou le fantôme d'un sourire narquois. Le souffle coupé, elle n'a pas le choix, guidée par sa main, elle ouvre des yeux brillants de larmes vers lui et n'y voit que de la tendresse. Ça la panique d'avantage, ça lui ouvre le cœur en deux. Pourquoi faut-il qu'il soit si gentil avec elle ? Pourquoi l'avoir sauvé ? Il chasse ses larmes et elle hoche de la tête, incapable de faire sortir le moindre son de sa gorge nouée, en feu. Elle voudrait bien se calmer et pouvoir enfin respirer. Sa voix la rassure, ses doigts sur sa peau aussi, même si ils sont imparfaits, même si ils abîment sa peau de porcelaine. Oui. L'enfer ils l'avaient vécus. Lui et elle. C'est tout. Personne ne pourra jamais leur enlever ces années et les souvenirs qu'ils gardent jalousement dans leurs têtes. Elle se console à l'idée qu'elle sera toujours avec lui. D'une manière ou d'une autre et espère que son souvenir sera suffisant pour qu'il poursuive sa route. Sans elle pour lui tenir la main, lui sourire et lui dire que la vie vaut le coup. Elle n'a plus la force de se battre. Ses petites mains s'accrochent désespérément à lui, son regard s'accroche à ses yeux sombres et son esprit se concentre sur sa voix. Elle ne ferme plus les yeux. Comme si il allait se dérober, disparaître, l'abandonner. « Je suis... stupide. » La crise n'est pas passée, elle hoquete encore, tremble et respire trop fort. Il y a trop d'irrégularité dans son comportement. Il proteste et elle voudrait sourire. Les sentiments heureux restent coincés dans sa tête. « J'y arrive pas. » Elle ne peut pas formuler de phrases plus longues, ses poumons l'en empêche. Et elle ne veut pas qu'il sache la vérité. Elle ne peut pas tout lui raconter et le priver de cette vie à laquelle il appartient désormais. Ce serait trop cruel, trop égoïste. « Je suis trop fragile. » Trop jolie, trop douce, trop naïve. Pleine de bonnes intentions qui finiront par la tuer. Une princesse perdue au milieu de brigands.

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MessageSujet: Re: You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.   You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe. EmptyLun 15 Mai - 17:26

Elakekette
« You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

Ses manières de statue de pierre finissaient toujours par la calmer, lui laisser les paupières ouvertes sur le monde alentour, plus si horrible que ça depuis que les clôtures du ranch les laissaient à l’écart des corps en décomposition et d’une nature sans beauté, mais sa panique toujours présente ne permettait pas à Elanor de retrouver une respiration apaisée alors que ses mains minuscules agrippaient encore Beckett, incapable de lui dire qu’il ne partait nul part sans elle. « Mais non. » Il balayait tous les doutes de sa compagne de mésaventures d’une phrase lâchée sans aucune précaution ni bouchée de miel pour la rendre moins amère, il l’avait laissé tomber comme un couperet bien aiguisé sur sa nuque laissée nue de ses cheveux d’or, parce qu’il n’acceptait plus qu’elle continue à se diminuer, à pleurnicher sur un futur qui, à défaut d’être redevenu viable, était au moins vivable. Refermer le chapitre des doutes et de la survie précaire pour commencer à se pencher sur celui de la vie en communauté et des jours à venir, bien plus certains qu’avant, comme si le fil de fer sur lequel ils marchaient depuis des années s’était enfin transformé en une poutre moins glissante, que le vent ne remuait pas à chacune de ses apparitions. Pour Beckett, c’était bien assez, lui et sa tête de bois incapable de comprendre qu’on puisse vouloir autre chose qu’un peu de calme pour dormir sans compter ce que l’on pouvait donner en échange. Il pensait encore qu’Elanor en demandait trop, espérait trop à vouloir trouver une communauté parfaite comme il n’en avait jamais existé. Infectés ou pas, ranch ou ailleurs, les grands gaillards seront toujours saouls et bêtes, à jouer de leurs muscles et à bousculer les plus faibles. Ça ne pouvait pas en être autrement puisque ça avait toujours été comme ça, des fois il se surprenait à espérer que cela puisse changer, mais les habitudes avaient été gravé en lui il y a bien trop longtemps et il était fait d’un bois bien trop dur pour être sculpté à nouveau, mais, surtout, il était un rouage bien huilée de cette mécanique qu’il faisait tourner sans s’en rendre compte, à essayer d’y précipiter Elanor pour qu’elle s’y trouve une place rassurante. Se recréer un monde à son image, incapable d’ouvrir les yeux pour se rendre compte que la petite blonde n’y avait pas sa place. « Faut le temps de se réhabituer à tout ça, on a dû rester seuls trop longtemps. Mais on a de quoi dormir la nuit, on a de quoi manger un peu, y’a des gens autour de nous qui nous défendrons si jamais les rôdeurs attaquent. » Il commençait à remettre les cheveux d’Elanor en place, finit d’essuyer ses joues encore humides de ses larmes chaudes, se demandait quand est-ce qu’elle se rendrait compte que le ranch était la meilleure chose qui pouvait leur arriver ici, le seul endroit où il pourrait se fondre dans la masse tout en restant eux-mêmes, du moment qu’ils rendaient service au ranch. C’était surtout la distance que les riders mettaient entre eux qui plaisaient à Beckett, pas besoin de faire semblant de s’aimer les uns les autres, du moment qu’on se laissait tranquilles, aucuns problèmes ne se profileraient au-dessus de leur tête, mais il fallait qu’Elanor y mette trop d’importance, trop de sentiments, trop sensible pour la boue et la poussière desquelles était composé le ranch. « Faut plus que tu fasses attention aux remarques des autres, ils continuent parce qu’ils voient que ça te blesse, si tu réagis pas, ils arrêteront. » Après tout, lui, on le laissait tranquille, sourd aux murmures qui l’entouraient, inconnu à presque tout les cavaliers, même ceux qu’il arrivait à apprécier un peu. Il n’avait jamais vraiment été un grand bavard, de toute façon. « Et puis il y a des gens que tu aimes bien, tu n’as qu’à rester avec eux, et ignorer les autres. Mais faut que tu arrêtes de pleurer pour rien. J’aime pas quand tu pleures. » Ça lui rappelait à quel point il était inutile, quand il la retrouvait cachée quelque part, sanglotante, puisque c’était comme ça qu’il l’avait trouvé, trop candide pour fuir quand ses dernières repères s’étaient effondrés, des litres de larmes quand New-York avait déjà disparu derrière eux, et, maintenant encore, des larmes. « Allez, viens dehors respirer l’air frais, tu vas finir par t’étouffer sinon. »
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MessageSujet: Re: You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.   You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe. EmptyJeu 18 Mai - 17:53

Elakekette
« You made flowers grow in my lungs & although they’re beautiful I can’t breathe.

Août 2015
Il ne cherche pas à la rassurer, balance une phrase toute faite qui marche à tous les coups. Pas besoin de contexte. Mais non. ça veut tout et rien dire. Ça l'a frappe en plein cœur comme un coup de poignard violent. Elle le sait lassé de ses plaintes, de ses faiblesses à peines dissimulées. Elle sait le poids mort qu'elle est et qu'il a porté jusqu'ici, durant ces longues années. Non, c'est vrai, elle n'est pas stupide. Seulement naïve. Petite fille de chiffon perdue dans des rêves, guidée à l'aveugle dans une utopie qu'elle refuse de quitter. Elle préfère fermer les yeux sur les ténèbres et s'imaginer des jours plus lumineux, ensoleillés par un astre qui s'ignore. Elle ferme les yeux, un bref instant de faux répit. Une parenthèse qui lui permet de se recentrer, de se concentrer sur les battements affolés de son cœur, sa respiration haletante. Elle compte jusque dix, rouvre les yeux pour rencontrer les siens, aussi sombre que la nuit et pourtant ils la rassure. Il n'y a pas de mensonges dans ce regard qui la transperce, rien que des promesses d'avenir. Elle n'en voit aucun quand lui semble respirer à nouveau. Les rôles se sont finalement inversés. Elle n'est plus capable de regarder en avant, trop apeurée à l'idée d'y voir sa propre mort. Elle marche dans un flou continu qu'elle entretient, avec pour seuls repères ses yeux et sa main dans la sienne.

Elle boit ses paroles, s'autorise un sourire timide. Mission accomplie. Elle lui a insufflé sa joie de vivre, sa petite étincelle d'espoir. Et tandis qu'il sèche ses larmes, retire des mèches rebelles de son doux visage, elle sourit. Pas parce qu'elle peut respirer à nouveau mais parce que lui le peut. Il a trouvé sa place, découvert que le monde avait encore quelque chose de beau à offrir. Soulagée, elle sait enfin que tout ira bien et que son départ ne sera pas une fatalité. Il n'y a guère que ses mensonges qui sonnent comme une fatalité à ses oreilles. Elle n'a pas le choix, joue le jeu hypocrite, s'engage dans cette pente glissante qu'elle déteste. Elle acquiesce d'un mouvement de tête, la gorge encore trop serrée pour prononcer quelques mots. Trop effrayée à l'idée de craquer et de le laisser voir qu'il y a plus derrière cette histoire. Ce ne sont pas les rôdeurs qu'elle craint mais tous ces gens comme il dit. Ces quelques personnes qui, inévitablement, prendront sa place dans son cœur. Rien qu'une question de temps. Elle partira et un beau matin il aura oublié sa petite tête blonde, ses angoisses, son sourire et ses yeux clairs. Tout ça remplacé par une autre qui saura lui redonner goût à la vie. Elle s'est faite à l'idée, se persuade que c'est la meilleure solution. « J'essaierai. » Promesse dérisoire dénuée de sens. Elle ne cherche pas à essayer, n'en a pas besoin puisque bientôt elle sera loin de ces affreuses personnes. Et loin de ceux qu'elle aime. Elle se mord la lèvre inférieure et vient, encore une fois, se réfugier dans ses bras, pressant sa tête contre son torse d'où elle peut entendre les battements frénétiques de son cœur. Un son constant, rassurant, qui la tranquillise. « J'arrête. Pour toi. » A peine un murmure, une promesse qu'elle voudrait bien tenir. Pour lui. Parce que les autres ne comptent pas. Parce que les autres ne savent pas.

Elle pourrait rester là éternellement, tout contre lui à écouter son cœur et sa respiration. Elle le sent bouger, essayer de se dégager. Alors, à contre cœur, elle desserre son étreinte. Elle le laisse se lever, prend la main qu'il lui tend et se lève à son tour, serre plus fort cette main qu'elle ne veut plus lâcher. Ne peut pas lâcher. Elle respire mieux, le corps encore fébrile, le cœur pas certain de la cadence à adopter. Elle se dresse sur la pointe des pieds, s'appuie sur lui et il comprend, consent à courber un peu le dos pour qu'elle puisse venir déposer un baiser sur sa joue, les siennes prenant une teinte rosée. « Merci. » souffle-t-elle, tout simplement.

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