Sujet: Sleep, sugar, let your dreams flood in ft Gail Lun 13 Fév - 14:39
Cela fait longtemps que je n’ai pas vu une photographie de ma petite Leya. Je l’ai perdue de vue il y a bien longtemps dès le début de l’apocalypse. Elle n’était pas avec moi, elle était à une soirée quelconque. Je regrette de lui avoir laissé un peu trop d’indépendance. Je ne savais pas où elle allait. Je ne savais pas où ces jeunes lèvres allaient trainer, contre qui ce corps jeune et ferme pouvait se serrer. Je ne crois pas que je m’en souciais particulièrement. J’en voulais énormément à Archibald certes, je ne voulais pas en vouloir à mon bébé qui n’avait rien fait, et rien demandé dans toute cette histoire. C’était plus fort que moi, blessée comme une louve, mon abandon fut ma plus grande punition. Cela arrangeait sans doute bien la demoiselle, ayant été jeune moi aussi, je savais bien qu’on était content quand les parents nous lâchait la bride. Autant dire que sur les années de ma vengeance, j’ai été plus que démissionnaire. Elle était grande, elle pouvait prendre soin d’elle. Du moins était-ce que je me disais lorsque je rentrais le soir dans un groupe quelconque de survivants et que je savais qu’aucun visage connu ne viendrait égayer ma journée. Le prix de mon horrible forfaiture avait été bien plus élevé que je ne l’aurais pensé. Je n’avais de cesse de chercher ma douce enfant dans tous ceux que je rencontrais. Je demandais toujours à ceux que je croisais, je parlais d’elle rageant que l’électricité soit une denrée rare. J’avais des photos d’elle sur mon téléphone. Cette saloperie esclavagiste se trouvait toujours dans le fond de mon sac rendu au statut d’inutile comme un billet vert après un krach boursier. Je me souviens parfaitement de nos selfies ensemble. Je me rappelle aussi que cela faisait plusieurs années que c’était devenu plus difficile pour moi. Je me voyais vieille et en train de dépérir devant mon petit bouton de rose qui éclosait. J’aurais eu honte de l’admettre mais la jalousie commençait déjà à cette époque à dévorer mon âme turbulente.
Depuis que j’avais retrouvé Archibald, la vision de Leya était plus trouble comme si chaque jour que je passais avec lui aspirait lentement mais sûrement ce qu’il me restait d’elle. L’homme aspirait sans doute ce qu’il restait de moi en même temps car je sentais de tous les jours que j’étais de moins en moins moi et de plus en plus à lui. Je me laissais glisser dans cette extase languissante de ne plus m’appartenir mais je n’avais pas conscience de me perdre. Tout était diffus, j’étais perdue comme un naufragé dans l’océan mais j’avais choisi de me jeter à la mer. Aussi ne pouvais-je dire que c’était la faute du hasard. Le hasard n’avait fait aucun des choix que j’ai fait par hasard. Je pensais avec amertume que retrouver ma fille serait source de problèmes car elle se mettrait entre lui et moi. Je n’avais cessé de me demander depuis leur incartade ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Toutefois, je n’avais pas eu de réponses et n’avait sans doute jamais eu le courage de demander. Je ne l’aurais certainement jamais car penser à la réponse me donnait des frissons incontrôlables. Il y a des questions dont on a une idée de la réponse. Des questions dont on préfère ne plus soucier une fois que le spectre de la réponse qui plane nous semble nous écraser et peser sur nous telle une épée maudite. Le couperet ne tomberait pas sur moi aujourd’hui et il ne tomberait pas sur moi demain. Je préférais rejeter cette situation indéfiniment que de devoir l’affronter. J’étais au moins assez honnête avec moi-même pour l’assumer. Je passais énormément de temps enfermées avec mes propres pensées dernièrement. Ça en devenait lassant, parfois je ne dormais plus. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’ai dormi plus de cinq heures. Il me manque quelque chose, à croire qu’il manque toujours quelque chose, pour être parfaitement satisfaite. Je ne dirais pas que je suis malheureuse mais je ne saurais expliquer ce poids qui pèse sur ma poitrine. Je ne savais expliquer la souffrance qui m’étreignait douloureusement. Et puis un jour, ça m’est apparu comme une évidence. J’avais besoin d’une distraction, j’avais besoin d’être une mère de nouveau. J’ai manqué de rire de cette pensée étrange. Parmi les jackals, cela me paraissait difficile de me trouver une fille. La plupart d’entre eux se comportaient comme des animaux sans cervelle obsédés par la moindre goutte de sang. Pourtant, il y avait quelques femmes. Je listais mentalement celles que j’avais croisées. Certainement pas cette salope d’Irina qui en plus de tourner autour de tout ce qui avait un pénis comme une stripteaseuse autour d’une barre de pole dance, avait déjà trop de dureté pour se laisser aisément manipuler. La petite Immy aurait pu convenir mais son jeu de manipulation ne me plaisait pas, elle paraissait être un loup déguisé en agneau. Soudain j’eu une idée, à tel point que je me demandais comment j’avais pu ne pas m’en souvenir plus tôt. Gail. La petite Gail m’avait paru fragile à souhait. En même temps j’avais perçu un potentiel que je ne m’expliquais pas comme une lueur derrière les fagots.
Elle avait une certaine douceur, elle me regardait parfois sans me voir comme perdu dans son propre monde. Je lui avais parlé un peu après l’avoir observé. Une chose intéressant m’avait frappé à cette époque, c’était sa proximité avec notre charmant leader Gabriel. Peut-être lui n’en avait-il pas conscience mais la petite Gail ne le laissait pas indifférent, il y avait dans son attitude plus d’une preuve qu’il avait au minimum une légère inflexion, peut-être plus si on creusait. Mon esprit avait fait les mathématiques rapidement. Elle pouvait avoir un intérêt, être une clé de voûte qu’on ne suspectait pas. Je comptais bien avoir plus d’influence un jour dans ce groupe et je voyais en elle une manière de compenser ce que j’avais perdu depuis longtemps. Egalement une manière d’assouvir mon besoin de pouvoir. On n’était pas la femme d’un homme d’affaires émérite sans vouloir également sa part du gâteau. Je me rappelle l’avoir abordé, et lentement j’ai senti que c’était une petite chose fragile qui avait besoin d’un référentiel. Ses yeux se perdaient dans les miens avec une certaine passion. J’étais de nouveau heureuse parce qu’elle avait besoin de moi. Elle aurait eu besoin de n’importe qui. Je sentais dans sa détresse un écho à la mienne. Toutefois, je savais que je n’avais besoin de personne, comme cette petite avait besoin d’un référentiel. Je m’étais glissé dans son existence comme une jeune servante se glisse dans le lit de son maître. Je me rappelle ses grands yeux impavides m’observer avec admiration. J’avais senti à l’époque que je commençais à gagner son respect et son affection. Je m’en flattais et puis sans m’en rendre compte, j’avais commencé à l’aimer pour de vrai. J’étais touchée par ses attitudes douces et perdues, je voulais l’aider autant qu’elle allait m’aider sans le savoir. J’avais commencé à la former à devenir une femme accomplie dans tous les sens du terme. Cela faisait un bien étrange à mon ego. Je ne crois pas que j’avais déjà eue ce genre de conversations avec ma propre fille un jour. Je me retrouvais aujourd’hui encore à lui caresser les cheveux lentement. Je lui lançais un sourire diffus.
« Tes cheveux sont si beaux et si doux. » Je continuais de les caresser lestement alors que ma main se perdait pour caresser l’envers de sa joue. « Tu as fait les soins dont je t’ai parlé n’est-ce pas ? » Ce n’était pas grand-chose, avec l’apocalypse, c’était difficile de continuer à s’occuper de soi alors il fallait souvent improviser. Heureusement la nature avait plus d’un bienfait et un simple masque à base d’argile et d’œuf pouvait faire des miracles. Ce n’était pas parce que nous étions en pleine apocalypse qu’il fallait oublier qu’on devait toujours se montrer sous le meilleur jour possible. Je m’asseyais en face d’elle. Elle était posée sur une chaise et je m’accoudais contre la table de fortune installée là. Mon regard se fit plus sévère mais aussi presque taquin et caressant. « Tu as bien révisé les leçons que je t’ai données ? As-tu commencer à les appliquer ? » Je me sentais comme une répétitrice d’un autre. Je me sentais comme Madame de Merteuil apprenant à Cécile de Volanges les secrets d’une femme accomplie. Il y avait cependant un détail majeur qui différait : ma réalité était bien pire que cette fiction. Je pouvais dire sans ambages que je m’en sortais mieux que ce que n’importe quel écrivain, fusse-t-il français, aurait pu apprendre à toute jeune fille qui se respecte. Mes deux doigts se posent contre son menton que je redresse alors que je lui demande lentement. « Raconte-moi un peu comment se passe notre plan ? Gabriel s’intéresse-t-il plus à toi ? » Cette question est posée sans pression et sans violence mais avec suffisamment pour fermeté pour faire comprendre qu’il est temps de tout me raconter comme elle le fait si bien.
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Sujet: Re: Sleep, sugar, let your dreams flood in ft Gail Jeu 2 Mar - 23:23
Et que se passe-t-il sous cette tête blonde ? C'est une question qu'elle a entendue des centaines de fois, qu'on murmure à son passage tout en la pointant discrètement du doigt. Qu'est-ce qui la transporte ? Qu'est-ce qui lui donne cet air si triste mais ce pas si sûr ? Elle ne s'en est jamais rendu compte, mais tout au long de sa vie, Gail a fait partie des intrigantes. Il y en a de deux sortes et il faut bien les distinguer, car elles sont à des années lumières l'une de l'autre. Il y a celles sur qui on se retourne, l'oeil baignant dans l'admiration, à se demander ce qu'elles pouvaient bien faire dans la vie et où elle se rendaient, et puis il y avait les autres, celles qui tanguent et qu'on a envie de rattraper, celles dont les yeux délavés vous regardent sans vous voir. L'aînée des Woodstock avait tout pour coller à ces marginales. Le visage indifférent à la vie qui passait, comme spectatrice de sa propre existence, embarquée dans un train qui ne va nulle part. Nombreux ont été ceux à vouloir remettre un sourire sur ce visage et parfois les méthodes ont été un peu brusques, mais toujours pleines de bonnes intentions. Les mêmes qui pavent l'enfer. Et nombreux donc ont été ceux à échouer, incapable de comprendre qu'ils n'étaient pas à la hauteur, qu'ils ne pouvaient pas offrir à Gail ce dont elle avait le plus besoin sans vraiment le savoir : une aventure.
Bien des fois elle s'était imaginée dans le rôle des héroïnes tous les contes et histoires qu'elle lisait. D'abord, c'était avec la candeur des enfants qui rêvent de vie de princesse, et ensuite ça a été avec perversité, celle qui colle à la peau des gens qui veulent s'oublier et renaître. Pour elle, rien n'était assez grand et rien n'était assez beau, elle était plongée dans un idéal impossible à réaliser. Une soif impossible à rassasier, un bourdonnement de fond impossible à éteindre, le besoin d'aventure l'a toujours déconnectée du monde jusqu'à ce qu'elle ne vive plus que de sa quête. Il n'y avait qu'une chose qui puisse vraiment la lier à la réalité, et il s'agissait en fait d'une personne : Gavin. Lui aussi au fond, il rêvait de la grande aventure, mais il avait trouvé un autre moyen de la vivre. Il était aussi extraverti qu'elle était introvertie, aussi doué pour manipuler les gens qu'elle ne l'était pour les tenir à l'écart. Ils étaient uniquement l'un à l'autre et c'était ce qui était merveilleux, c'était ainsi depuis leur plus tendre enfance. Petits, déjà, ils se suffisaient amplement, vivaient entre eux comme si leur maison n'abritait pas un couple de parents. Parents qui, pour les jeunes Woodstock, sont vite devenus des étrangers. Ils ont essayé pourtant, d'occuper leur place, de se battre pour avoir l'attention de leurs enfants, mais ils ont fini par être dépassés puis effacés par l'amour que Gail portait à Gavin et qu'il lui rendait. Il n'y avait qu'eux et ça avait été ainsi même après l'apocalypse et ça l'est toujours, à peu de choses près.
Maintenant il faut composer avec d'autres personnes. Il faut qu'elle sorte la tête de son monde et qu'elle jette un coup d'oeil à l'extérieur, à l'immondice qui leur sert de toit. Calmement, elle s'expose chaque jour aux regards des autres, avance au milieu d'un océan de murmures et d'index accusateurs, pointés vers elle, la fille qui a eu l'insolence de survivre à l'arène. Pire encore, la fille qui a trouvé grâce aux yeux de Gabriel Rosario et bénéficie maintenant du statut d'intouchable. Ceux qui ont osé s'approcher en ont payé le prix fort et ne sont même plus de ce monde pour s'en vanter. À chaque pas qu'elle fait, elle devient un peu plus redoutable, mais en parallèle, elle se fragilise aussi. En équilibre sur les rebords de sa conscience, elle menaçait de tomber dans un gouffre qu'elle savait sans fond. Gabriel essayait de l'y plonger et Gavin ne faisait rien pour la retenir, lui même en chute libre dans la décadence. C'est une danse mortelle dont elle connaît un peu mieux les pas, mais elle ne se sent pourtant pas prête à aller au bal. Mais autour d'elle, ils dansent tous et de plus en plus vite et elle a peur de trébucher, car si ça a le malheur d'arriver, on découvrira son imposture.
Alors elle apprend. Elle a trouvé, au milieu de cette marée inhumaine, la seule personne qui semble capable de la mener sur le mauvais chemin sans trop d'écarts. C'est une intrigante elle aussi, mais de la première catégorie. Elle est fascinante de bien des manières et peu à peu, Gail s'abandonne à ses paroles, à ses conseils. Face à une Marisa qui la déteste et à une Irina déterminée à mettre fin à sa vie, la jeune blonde trouve un certain plaisir coupable à s'être faite une alliée féminine. Elle est grâcieuse et apaisante, comme une apparition qui n'a rien à faire dans ce monde. Octavie, c'est le genre de femme qui inspire, exactement ce à quoi Gail aspire. Alors elle boit chaque parole, laisse la douceur de sa main la bercer, lui caresser les cheveux et scruter ce qui se passe sous cette fameuse tête blonde. Petit à petit, Gail se confie. Des morceaux de vie ci et là, imagés comme un puzzle, se constituent et bientôt Octavie sera en mesure de l'assembler pour en comprendre le sens. Avec elle, la jeune Woodstock ne se sent pas le besoin d'inventer des pans de son existence, comme elle s'amuse à le faire aux autres en citant des passage de livres, de Lewis Carroll à Stephen Chbosky. L'intrigante est donc au courant de presque tout, il n'y a que l'épisode traumatisant des viols que Gail prend soin de laisser de côté. C'est la partie la plus vulnérable d'elle-même, une partie qu'elle ne peut et ne doit absolument pas céder.
Alors que les doigts d'Octavie s'égarent sur sa joue pâle, Gail hoche la tête pour répondre à sa question. Oui, elle a bien appliqué les soins, oui elle a bien appris ses leçons. Elle a retenu les mots, les sourires, les attitudes et même les mimiques qu'elle doit adopter pour séduire quiconque et surtout pour le séduire. Mais peu importait son insistance, Gabriel avait de ne pas y faire attention, pire, il avait l'air de ne pas comprendre ce qui se tramait. C'était dire à quel point son regard pour la jeune Woodstock ne penchait pas de ce côté-là. Elle ne s'en doutait pourtant pas vraiment, incapable encore de vraiment mesurer les effets de ses charmes, elle qui était persuadée de n'en avoir jamais eu. Elle doit pourtant bien raconter quelque chose à la femme qui attend et l'observe d'un regard sévère. Et il y a peut-être bien quelque à dire après tout... "Je ne sais pas vraiment s'il s'intéresse à moi de cette manière... Mais je sens bien qu'il y a quelque chose. Il a tué pour moi, encore." Et rien que ça, c'est une confession et une avancée. Gabriel Rosario tue pour bien des raisons, et parfois même il n'en a pas, mais il le fait rarement pour protéger quelqu'un. Gail se prend même à espérer qu'il ne l'ait jamais fait pour quelqu'un d'autre que Marisa, ça lui donnerait une raison de croire qu'elle est vraiment spéciale aux yeux du roi. "On se rapproche, c'est indéniable. Il m'apprend beaucoup, il m'apprend à me défendre, il m'apprend à être plus ferme." Et à être plus cruelle... "Mais c'est tout ce qu'il attend de moi, j'ai l'impression... Le reste, il l'obtient de Marisa."
Un soupir s'échappe de ses lèvres pour mourir dans les airs, alors qu'elle penche la tête en arrière pour observer le plafond. Elle est dans sa position préférée, recroquevillée contre elle-même, comme toujours en pleine contemplation. La véritable confession est un murmure qui n'englobe qu'elles deux. "Il faut que je sois plus comme elle... Mais je ne sais pas comment." Et c'était son appel de détresse. Voilà ce qu'elle devait apprendre, à être moins comme elle l'était et plus comme celle que tout le monde craignait en ce bas monde.
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Sujet: Re: Sleep, sugar, let your dreams flood in ft Gail Ven 21 Avr - 22:32
Il n'est pas prêt mon petit bouton de rose. C'était un petit sucre d'orge encore perdu non loin de sa maison en pain d'épices. La mission que je voulais lui confier ne me semblait pas lui être destinée. Elle avait besoin qu'on se soucie d'elle et qu'on la prête comme un enfant. Ma charmante, ma magnifique petite poupée. J'étais en train de la façonner lentement mais sûrement. Je me sentais comme un sculpteur devant un superbe bloc de marbre. Je regardais sa peau d'albâtre et je caressais sa joue avant de recommencer à brosser ses longs cheveux blonds. Je plaignais presque cette petite de s'être retrouvé au milieu de ce conflit dont elle ne savait rien. Au fond d'elle, elle aurait dû maudire le jour où Gabriel Rosario avait posé ses yeux sur elle. Je ne peux m'empêcher de sourire quand je l'entends parler. Elle est si douce, si pure et innocente et en même temps je ressens la noirceur qui pourrait irradier de son cœur si elle me laissait l'imprégner un peu plus. Comme un scorpion je plante mon dard plus profondément dans son âme sans qu'elle sache quel mal perfide est en train de s'enraciner en elle. Elle ne voit pas les signes aussi clairement que ce que je vois. Gail n'a simplement pas l'âge ni les clés pour entrevoir quel destin elle peut avoir.
Ma main glisse contre ses cheveux, j'ai besoin d'avoir plus d'informations avant de donner mon avis définitif mais je suis déjà certaine de plusieurs choses. Je me permets d'en faire part à ma petite protégée. "Je ne pense pas que Gabriel tue pour beaucoup de gens. Pourquoi crois-tu que c'était pour toi mon enfant ?" Cela peut être très bon pour nous même si la pauvre n'a pas la moindre idée que son plan est en réalité notre plan. Mes doigts se nouent lentement les uns contre les autres. C'est un signe évident que je suis en train de réfléchir et d'analyser, j'essaie de tisser la toile qui représente l'esprit tortueux de Gabriel Rosario. On ne peut pas dire que ça soit un homme facile à cerner d'un coup d'œil. Ils le sont rarement en vérité. On pourrait croire que les hommes sont des créatures simples mais ils sont en réalité plus torturés qu'ils ne voudront jamais l'admettre. Je plonge mon regard dans le sien afin de donner du poids à mon avis et de montrer que je suis certaine de cette conviction-là. " Crois-tu que Gabriel s'occuperait de toi pour avoir un garde du corps ou un singe savant ? Il me semble bien qu'Arthur remplissait suffisamment bien cette fonction. Je pense qu'il voit en toi quelque chose que tu ignores." Quelque chose que je commence à entrevoir quand je repense à son évocation de Marisa. Il veut forger Gail à l'image de Marisa c'est certain mais je pense que Gail se trompe dans son interprétation. Ce que je m'empresse de lui expliquer avec toute la force de conviction que je suis capable de donner. Je me rappelle avoir déjà utilisé ce ton pour faire du chantage à un homme haut placé afin d'être certaine qu'il n'ennuierait pas mon époux, paix à son âme. "Que pourrait-il bien faire d'une seconde Marisa ? Il en a déjà une, il n'a pas de raisons de vouloir une copie. Je suis certaine que tu lui évoques quelque chose qu'il ne peut pas expliquer et c'est ce quelque chose qu'il recherche. Ce quelque chose que sa chère Marisa n'a pas." Je pose mon pouce et mon index contre son visage fin et je m'arrête un moment pour pouvoir exprimer ma théorie. " Tu es un bijou d'innocence, une lumière vacillante dans un hiver perpétuel. Je suis certaine qu'il a vu au moins cela et que ça l'a touché. Pour le reste, il faudra que tu te débrouilles par toi-même pour savoir ce qui te rend spéciale. Plus une femme sait tôt quels sont ses atouts et plus elle peut en jouer facilement. Ce sera notre leçon du jour."
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Sujet: Re: Sleep, sugar, let your dreams flood in ft Gail