Sujet: Conversation entre quatre yeux Dim 19 Mar - 20:01
♔ Caden & Abel
« Conversation entre quatre yeux
D’un point de vue familial, les choses allaient de mal en pis au ranch depuis quelque temps. On aurait pu croire qu’avec le départ de jenna, la relation de Caden et d’Abel aurait retrouvé la dynamique qu’elle avait avant le retour au foyer de leur petite sœur, mais dans la pratique ça ne s’était pas du tout passé comme ça. La mort de Cirilla avait plongé le cadet dans un état qu’il ne lui avait jamais vu auparavant – et pourtant, en plus de trois décennies à se fréquenter au quotidien, il avait eu le temps d’en voir plusieurs, de ses facettes. Mais là, il avait simplement l’impression de ne plus connaître son frère et forcément, leurs interactions en avaient salement pâti, se dégradant au fur et à mesure que les jours passaient et que la dynamique de leur duo devenait bancale en ce qu’elle ne possédait plus cet équilibre entre calme et impulsivité. Quand Caden avait demandé à partir en raid, Abel n’avait rien dit, se disant d’abord qu’il avait besoin de se changer les idées (normal) puis pensant que s’endurcir un peu de ferait pas de mal à son frangin. Il se souvenait encore avec une acuité très nette de cette expédition qu’ils avaient mené à deux et au cours de laquelle il avait bien failli y passer dû à l’absence de réaction de son partenaire – il se souvenait aussi qu’il lui avait tiré dessus mais cela allait avec, ce n’était qu’une preuve de plus à son inaptitude à survivre au monde extérieur. Seulement, il avait eu des échos de son comportement lors des sorties, et rarement des positifs. Alors Abel avait commencé par fermer les yeux dessus, préconisant simplement aux autres raiders qu’ils gardent un œil sur la “nouvelle recrue” quitte à l’écarter discrètement si jamais la situation venait à s’envenimer. Ça avait plus ou moins marché mais le problème n’avait clairement pas été réglé. Puis était arrivé l’incident du campement, la bagarre générale qui avait bien manqué de mettre le feu aux poudres et l’implication de Caden en plein cœur de tout ça. Là, le leader lui en avait voulu, bien que ce qui s’était passé par la suite ne lui avait pas laissé l’occasion d’une discussion sérieuse avec lui. Et finalement il avait repoussé, avait eu d’autres choses à faire. Alors en surface, ils avaient fait semblant, mais les tensions étaient si réelles entre eux qu’on les ressentait rien qu’en pénétrant dans une pièce où ils s’y tenaient tous les deux. Le moindre accroc suscitait une poussée d’agressivité et ils montraient directement les dents avant de finalement reculer au dernier moment, comme s’ils cherchaient encore malgré tout à ne pas dépasser une certaine limite, comme s’ils croyaient que tout apaiserait avec le temps et qu’il suffisait d’éviter de pousser trop fort. Sauf que la situation devenait ingérable. Et que non, rien ne s’améliorait au fur et à mesure que les jours passaient.
Abel se trouvait dans l’armurerie lorsque les bruits de cavalcades l’informèrent du retour d’une équipe partie au petit matin. Il attendait beaucoup de cette expédition en ce qu’il avait envoyé ses raiders sur une zone qu’un des éclaireurs avait découverte deux jours plus tôt, riche en ressources électriques, clairement quelque chose dont ils avaient un besoin évident ici. Avec du matériel adapté et les compétences de quelques hommes bossant au campement, il y avait bon espoir d’apporter quelques améliorations non négligeable à leur lieu de vie. Impatient, donc, de voir si le raid s’était avéré fructueux, le rider s’était avancé jusqu’à la cour où le groupe débarquait à peine, les chevaux encore énervés de la course du retour piétinant sur place dans un concert de bruits de sabots et d’éclats de voix. Il ne lui fallut pas deux secondes pour déceler la colère évidente du chef d’expédition, lequel l’alpagua aussitôt que leurs regards se croisèrent. S’ensuivit une discussion assez brève au cours de laquelle le raider désigna d’un mouvement de bras emporté l’autre Rhodes présent sur la scène et il était aisé de deviner que ce n’était pas pour en faire l’éloge quoique les propos échangés ne fussent audibles qu’à ceux qui se trouvaient directement à côté d’eux.
« Caden. » Encore juché sur sa jument, l’autre ne semblait pas l’avoir vu ni entendu approcher, son attention visiblement perdue à des kilomètres d’ici. « Il faut qu’on cause, toi et moi. Maintenant. » Sa voix agacée traduisait le mécontentement qui l'animait déjà alors que la conversation n'avait même pas encore commencé. Machinalement, sa main s’était portée à la bride de l’animal, attrapant le montant du filet comme un parent qui tiendrait le cheval de son enfant pendant que celui-ci en descendait de peur qu’un écart subit ne le fasse chuter.
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Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Mar 21 Mar - 9:58
Manifestement, on ne peut pas lui foutre la paix cinq minutes. Il venait à peine de descendre de cheval et déjà son aîné voulait lui parler. Il avait suffisamment d’expérience de la vie pour savoir que ça ne pouvait que rarement présager autre chose qu’une conversation sérieuse. Son frère n’était pas de ceux qui sont des blagueurs. Cependant, le plus pisse-froid des deux en ce moment ça restait lui. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il avait ne serait-ce qu’esquisser un sourire. D’un autre côté, il ne s’amusait pas tous les jours de la vie avant. Alors maintenant, il se contentait de subir son existence en espérant secrètement qu’un foutu rôdeur vienne le faire sortir de sa monotonie. De toute façon, il se sentait comme un zombie. En un sens, il en était déjà un, passant son temps à se traîner de son lit à l’écurie, de l’écurie à son lit et parfois, comme aujourd’hui, il partait en raid. Et souvent, comme presque tous les raids, il avait manqué de toute faire foirer. Le brun n’était pas suffisamment dans son assiette pour l’admettre mais c’était ce qui avait failli arriver. Le vétérinaire se sentait honteux. Pour la première fois depuis des années et presque pour aucune raison, il était tombé de cheval. La bête ne s’était même pas rebiffée, il avait juste eu un mouvement d’écart en entendant un bruit de branchage. Sauf que ce sont les petites actions qui ont de grandes conséquences. Ça avait eu le don de mettre tout le monde sur les nerfs et de déconcentrer complètement Caden, qui avait tiré dans un arbre en pensant que c’était un zombie qu’il avait vu. Le futur lui donna raison étant donné qu’une masse de morts-vivants attirés par le bruit s’étaient jetés sur eux. La complication avait largement réduit le temps de l’expédition et donc les gains. Le chef des raiders n’avait rien dit mais il avait ordonné que tout le monde rentre après cette incartade.
Caden bouillonnait encore parce qu’il savait que c’était sa faute mais ne voulait pas non plus l’admettre. Il aurait été prêt à faire preuve de la plus grande mauvaise foi possible. Lorsqu’ils rentrèrent et que son frère attrapa la bride de son cheval, il avait bien failli se montrer particulièrement cassant. Au lieu de cela, et comme les cinquante précédentes fois, il avait grommelé un truc plus ou moins intelligible. « Fais pas ton chef avec moi, j’arrive. » Le ton était simplement froid pas même particulièrement agressif. Il tira sur les rênes pour signifier à son frère qu’il était temps qu’il les lâche. Il descendit ensuite de cheval et ramena sa jument à une stabulation. Il lui ôta le mors et la désella malgré tout. Il savait qu’Abel allait finir par venir le tuer s’il ne venait pas avant d’avoir fini de s’occuper d’elle. Il posa le tout sur une rambarde et partit rejoindre son frère qui manifestement l’attendait de pied ferme. Ses bras se croisèrent instinctivement montrant qu’il n’était pas véritablement disposé à avoir une conversation à cœur ouvert. Il sentait que qu’importe ce qu’Abel allait lui dire ça allait avoir le don de le mettre de mauvaise humeur. Ce n’était pas difficile, tout ce qui n’allait pas dans son sens le mettait d’une manière ou d’une autre de mauvaise humeur. « Je t’en prie c’est le moment où tu me sermonnes pour un truc et que je prends un air docile et que je m’excuse non ? »
Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Mer 22 Mar - 23:52
♔ Caden & Abel
« Conversation entre quatre yeux
Abel se contenta d’essuyer la remarque maussade de son frère sans se donner la peine d’y répliquer mais l’expression de son visage trahissait plutôt bien le fond de sa pensée quant au comportement de son frère qui, visiblement, était au moins aussi bien luné que lui. Alors pendant qu’il le regardait s’éloigner avec sa jument, il se demanda un instant si Caden avait réellement l’intention de revenir ou s’il allait se contenter de rester dans les écuries jusqu’à ce que son aîné s’impatiente et revienne le chercher par la peau du cou. Vu son attitude de ces derniers jours, ça ne l’aurait pas franchement étonné qu’il s’enferme dans le bureau au fond des écuries où il passait le plus clair de ses journées dès lors qu’il en aurait terminé avec son cheval. Mais parce qu’il ne voulait pas se montrer trop prompt au jugement et qu’il voulait bien lui accorder le bénéfice du doute, Abel se résigna à prendre son mal en patience et resta à l’extérieur au lieu de lui coller au train, profitant du moment pour avoir une discussion plus posée avec le chef d’expédition ainsi qu’un vrai compte rendu détaillé au lieu de quelques phrases lapidaires dictées par la colère et l’échec. L’occasion de savoir le fin mot de l’histoire et d’avoir toutes les cartes en main afin de confronter son frère ensuite. Lequel se manifesta finalement après quelques longues minutes et alors que James s’en était retourner vaquer à ses affaires. D’entrée de jeu, l’apostrophe donnait la couleur : Caden ne risquait pas d’être bien réceptif et Abel doutait déjà que la conversation puisse se dérouler sans que l’un d’eux ne finisse (rapidement ?) par hausser la voix. Vu comme leurs caractères avaient tendance à faire des étincelles, ces derniers temps… Il leva les yeux au ciel avant de finalement lâcher un « Suis-moi » autoritaire et déjà excédé, tournant les talons pour s’éloigner dans un lieu plus calme qui leur éviterait d’avoir à se coltiner des témoins trop curieux pour leur propre bien. « Déjà, si tu pouvais arrêter de te comporter comme un gamin réticent simplement parce que tu sais que tu ne vas pas aimer ce que j’ai à te dire, ce serait un plus. A ce stade-là, même Silas est plus mature que toi je te signale. » Guère décidé à faire preuve de diplomatie quand son frère se montrait aussi peu désireux de faire ne serait-ce que le moindre effort pour se tenir face à lui, sa voix avait claqué sèchement tandis qu’il se faisait miroir de Caden en croisant lui aussi ses bras sur sa poitrine. « Ensuite, j’aimerais avoir des explications sur ce qu’il se passe avec toi en ce moment. Quelle mouche t’a piqué au juste ? Parce que j’ai bien l’impression que tu fais n’importe quoi là. Je veux bien être tolérant cinq minutes mais il faudrait voir à ce que tu te reprennes en main. » Et si Abel ne pouvait pas le sanctionner de la même manière qu’il pouvait sanctionner n’importe quel rider lambda, cela ne l’empêcherait certainement pas de prendre d’autres mesures afin de tenter au mieux de pallier à ce qu’il considérait comme un véritable problème pour la dynamique du ranch.
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Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Lun 27 Mar - 9:34
Il y avait le Caden qui savait faire preuve de diplomatie quand il fallait annoncer une mauvaise nouvelle ou soutenir une famille en deuil d’un fidèle compagnon et il y avait la tête de pioche. La tête de pioche c’était celui qui se comportait comme un mioche , qui n’écoutait personne et bougonnait. Impossible d’en tirer autre chose qu’une immense frustration. On ne pouvait pas dialoguer comme des adultes avec ce dernier. Heureusement qu’il ne venait pas souvent. Malheureusement lorsque c’était le cas, on avait envie d’un avoir un bon vieil exorciste à la mode d’antan. Il fronça les sourcils (il avait découvert un nouveau degré de fronçage depuis quelques semaines) soupira déjà excédé par la conversation et rétorqua avec un certain mordant. « Je me demande qui tu penses que tu es pour te permettre de me donner des leçons sur la maturité. » Il sait que ça n’était pas la bonne réponse à donner à son frère mais ça lui semblait la seule qui valait la peine d’être verbalisée. La situation entre les deux frères étaient si tendue qu’une personne passant entre les deux auraient pu finir compresser sous la pression à coup sûr. Son attitude se fait plus crispée et plus pincée alors qu’il entend Abel lui reprocher quelque chose. Comme s’il avait besoin de ça. Comme s’il avait envie de s’entendre dire qu’il déconnait sévère en ce moment. L’homme en avait parfaitement conscience. Le fait que son frère le remarque ne faisait qu’amplifier le malaise le faisant complexer comme un adolescent qui a été pris en faute par son père. Comment pouvait-il ne pas savoir ? Comment n’avait-il pas déjà compris ? S’il avait compris un tant soit peu quel genre de personnes il était, il aurait déjà dû faire les maths. « Toi t’es tolérant ? La bonne blague. T’es tellement insensible qu’on se demande fréquemment comment autant de gens peuvent avoir l’impression que tu te soucies d’eux. Si t’étais plus observateur, t’aurais pas besoin de me demander. Tu n’as pas d’empathie en fait ? » rajouta-t-il cinglant et acerbe comme il sait si bien le faire depuis plusieurs semaines. Il constate brusquement qu’il avait envie de se défouler sur quelqu’un quitte à être injuste. Ce qui était bien avec le fait d’avoir Abel Rhodes pour frère, c’était que ça n’était pas bien difficile de trouver une justification. « Dieu seul sait que toi, on doit toujours faire les aveugles quand tu déconnes sévère. Tu sais une fois par mois au minimum et plus peut être. » Il avait envie de lui dire qu’il savait pour janissa et pour des milliers d’autres choses et que lui au moins l’avait couvert autant que faire se pouvait. Il n’allait pas lui faire la moral tous les quatre matins comme si c’était un enfant de cinq ans.
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Ce texte a été écrit par une âme qui a dormi moins de quatre heures et qui s'excuse par avance si du bullshit s'est perdu en chemin Si tu me réponds ce soir, je devrais pouvoir te répondre ce soir ou demain matin :marisa:
Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Lun 27 Mar - 19:41
♔ Caden & Abel
« Conversation entre quatre yeux
Caden avait définitivement l’art de lui taper sur le système aujourd’hui. Ça ne faisait même pas cinq minutes qu’ils se faisaient face et déjà la moindre de ses paroles lui donnait envie de lui coller un bon aller retour afin de lui remettre les idées dans le bon sens. Mais vu l’état dans lequel était son frère, il se doutait bien que ça ne servirait à rien : au mieux, il jouerait les victimes offusquées par le comportement tyrannique de l'aîné, au pire il ripostait aussi sec et les deux roulaient par terre. A l’instinct, Abel aurait directement opté pour la seconde option. Alors il prit sur lui, quoique plus les secondes passaient et plus cela s’avérait difficile. La première remarque désagréable, il l’encaissa en prétendant ne pas l’avoir entendu afin de continuer son petit laïus moralisateur – à priori, s’il commençait à s’attacher à chacune des piques qu’il se prenait en retour, ils n’aborderaient pas le vif du sujet avant demain soir. Mais qu’il se fasse railler sur sa tolérance, c’était pousser le bouchon un peu loin. Il ne niait pas tenir la bride haute à la très grosse majorité de tous ses survivants, mais Caden faisait justement partie de ceux qui passaient souvent entre les mailles du filet et il le savait pertinemment. Vu ses frasques de ces derniers temps, n’importe qui à sa place aurait déjà eut le douloureux loisir de regretter ses écarts de conduite à de nombreuses reprises. « Arrête de jouer au plus con avec moi Caden, parce que ça va mal se finir et tu gagneras pas contre moi. » Quant à l’idée de tenter de garder son calme, ou du moins le peu qu’il lui restait encore à ce stade, elle s’effritait doucement au fur et à mesure qu’il se confrontait à l’hostilité apparente de son frère : l'avertissement qu'il venait de lancer trahissait déjà la colère menaçant de déborder à tout instant et il enchaîna avant de laisser à son vis-à-vis l'opportunité de répliquer : « Or et contrairement à ce que tu sembles penser, je me soucie de mes hommes, et c’est justement parce que c’est le cas que je peux pas ne rien dire quand un imbécile pas foutu de se gérer correctement met en péril l’ensemble de son équipe. Une fois, passe encore, mais j’en ai ras le cul de recevoir des plaintes à chaque fois que tu décides de t’incruster dans une mission d’expédition. » Et puis, fatalement, les butins ramenés n’étaient pas ceux qu’on escomptait. Toute action avait des répercussions dont certaines bien trop importantes à son goût. Le pugilat du campement en avait été un bon exemple et même s’il savait que Caden n’en avait pas été l’instigateur, il avait certainement contribué à aggraver les faits, non seulement par son implication dans la bagarre générale mais en plus au niveau de l’image qu’il renvoyait de lui-même, en tant que Rhodes, et en tant que bras droit d’Abel. « Alors non, la mort de Cirilla n’est certainement pas une justification recevable pour être aussi épais que le dernier des abrutis. »
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Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Mar 28 Mar - 10:13
« Ah ça c’est sûr que tu te soucies de tes hommes. Y’en a toujours pour les autres. T’en as rien à foutre de moi tant que je ferme bien ma gueule et que je soigne les animaux. » Il est vexé comme un poux, il se sent comme toujours pas important. Abel a choisi la mauvaise manière de lui parler. C’était très probablement le point le plus récurrent de toute leur relation. Au lieu d’attaquer et de traiter dans un domaine quasi-professionnel comme s’il était en train de le virer, il aurait mieux fait de le prendre par les sentiments de lui montrer qu’il se souciait de lui. Evidemment Abel n’aurait pas deviné tout seul quelle était la marche à suivre pour lui parler ainsi. La diplomatie et la discussion de sentiments, ça n’avait rien d’inné pour les frères Rhodes. Personne ne leur avait appris et on ne pouvait pas dire qu’ils étaient naturellement doués pour cela. En temps normal, le cadet aurait pris sur lui. Il aurait simplement tenté de prendre le message caché derrière les termes durs et de comprendre ce qui lui permettait de l’écouter sans s’énerver. Cependant, aujourd’hui il était à bout, il n’arrivait juste plus à penser à se sacrifier encore. Le fait qu’il se permette de lui parler ainsi de Cirilla comme d’un fait divers n’avait rien arrangé. Il avait l’impression étrange qu’il salissait sa mémoire. « La mort de Ciri n’est sans doute pas très importante pour toi à la manière dont tu en parles comme d’un fait divers mais merde, j’ai jamais demandé qu’on soit tolérant avec moi. Je demande jamais rien, je me contente de supporter tes petites crises de dictateur. Tu crois que tu es une promenade de santé peut être ? Toi t’as même pas l’excuse d’aller mal pour te comporter comme tu le fais. L’apocalypse ne t’a pas rendu meilleur en tous les cas. En attendant, c’est toujours moi qui essuie la merde de tout le monde. Pour une fois que c’est moi qui craque ça y est c’est « caden t’es un con, caden t’es irresponsable, caden ci, caden ça. » J’ai compris, c’est bon, de toute façon j’avais oublié que je détestais les raids. Je vais me contenter de me remettre à ma place de sous-fifre obéissant et soumis à son frère. Visiblement, c’est tout ce qu’on attend de moi. » Il serre les dents conscient que quelque part Abel prend plus qu’il ne le mériterait. Même si d’un autre côté, il mériterait sans doute plus souvent que quelqu’un s’oppose à lui pour lui faire comprendre à quel point il peut se montrer difficile à supporter. Il se détourne un peu de lui. « Maintenant, vu que tu as obtenu ce que tu voulais, j’ai le droit de disposer maître ? »
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Moi quand je lis les conneries que dit Caden et que je me rappelle que c'est moi qui les écrit. Si tu réponds ce soir en rentrant, je pourrais rerépondre ce soir
Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Mar 28 Mar - 23:39
♔ Caden & Abel
« Conversation entre quatre yeux
Les bras finalement retombés le long du corps alors qu’il retenait une impulsion soudaine, ses poings se serrèrent jusqu’à tant que les articulations se blanchissent alors qu’il se faisait violence pour ne pas en lever un à l’encontre de son frère. D’où venait cette récente tendance à vouloir se battre, alors que jusqu’à quelques mois plus tôt ils avaient encore cette confiance et cette bonne entente (relative) pour les lier ? A présent, ils semblaient ne plus être en mesure de se comprendre, et que chaque minute du temps qu’ils passaient ensemble était un fardeau tout juste utilisable pour se balancer toutes les rancœurs contenues à la face l’un de l’autre. « Non » répliqua Abel d’une voix lapidaire, essuyant l’insolence de Caden avec un léger mouvement de recul, comme si ce dernier venait de lui cracher au visage. « Attends, tu crois peut-être que tu peux t’en tirer simplement en crisant et reconnaître tes torts ? Va falloir que tu révises tes plans. » Et il s’abstint de relever les contradictions contenues dans les propos de son interlocuteur, quoique les dénoncer n’aurait fait que souligner son comportement irrationnel. « C’est pas en m’attaquant comme ça que tes ennuis vont se résoudre miraculeusement. Alors j’espère que ça a au moins le mérite de te soulager, parce que j’en ai certainement pas terminé avec toi. T’as jamais demandé qu’on soit tolérant avec toi ? J’imagine que tu saisis le fond du problème, du coup. » Comme deux ressorts dotés de vie propre, ses mains se détendirent d’un coup alors qu’elles s’accrochaient sans crier gare au haut de Caden, pour en repousser brusquement son propriétaire vers l’arrière. « Ça fait un mois, que tu craques et que tu fous la merde ! Tu crois qu'on a le temps pour ces conneries ? Et j’en ai sérieusement ma claque de ton comportement. Donc soit t’encaisses et tu fais comme tout le monde, parce qu’au cas où t’aurais pas remarqué, t’es pas le seul à avoir perdu quelqu’un ici (et il ne parlait même pas de lui, Abel, se contentant d’évoquer tous ceux qui avaient perdu un ou plusieurs proches des suites de l’épidémie) et personne n’est en train de se rouler dans sa misère comme toi. La vie ici va pas se mettre en pause juste pour que chacun puisse pleurer ses morts. » La voix enflait crescendo alors qu’Abel renonçait finalement à tenter de maîtriser sa colère. Et vu le morceau auquel il s’attaquait depuis quelques minutes, c’était un exploit en soit qu’il ait tenu aussi longtemps. « Soit tu vas chialer dans ton coin et t’apitoyer sur ton sort, mais au moins tu viens pas te foutre en travers de la route des autres. » Et s’il avait conscience que ses paroles étaient trop dures, il ne les retint pas pour autant. Après tout, Caden ne lui avait pas fait de cadeau alors pourquoi devrait-il se montrer compatissant en retour ? Pourquoi fallait-il qu’il prétende, lui, que tout allait bien alors que leur père venait juste de mourir, et laisser son frère péter un câble sans lever le petit doigt ?
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Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Mer 29 Mar - 15:49
Quelque chose venait de se briser. C’était comme s’il avait entendu un objet tomber sur le sol et se fracasser en un million d’éclats. Il avait attrapé les mains de son frère quand il avait commencé à le secouer. Il tentait de se débattre, en vain, il n’avait jamais eu la force physique de son aîné et ça n’était pas aujourd’hui qu’il prendrait le dessus. Ses mains se crispent et malgré l’agitation de la scène il analyse les mots de son frère, il les entend. Une chose très étrange se passe, il aurait dû vouloir lui hurler dessus et continuer de se défouler. Il aurait dû décider de s’obstiner sur cette pente qui ne menait nulle part mais au lieu de la colère qu’il pensait venir déferler en lui, il ressent une étrange lassitude. Dès cet instant une étrange sensation le guette. Si on lui demandait plus tard, c’était ce moment de réalisation qui l’avait fait partir. Rien n’allait ici, rien ne se passait jamais dans son sens. Il avait fini par être tellement frustré et blessé au quotidien que tout le faisait partir en vrille. Il avait changé, s’était transformé en cette boule d’ego mal digérée prête à tout pour se faire entendre. Les mots de son frère avaient très probablement été un peu exagérés par celui-ci sous le coup de la colère mais ils avaient bien été proférés. Caden n’avait plus de réactions, il se laissait juste ballotter par son frère. Et quoi, ils allaient encore en venir aux mains pour la énième fois en quelques mois ? Il devait répondre et s’énerver contre ce mur qui ne peut pas le comprendre et qui ne cherche pas à le faire contrairement à ce qu’il dit. Pas cette fois, non cette fois il n’aurait pas la satisfaction de le pousser dans ses derniers retranchements. Cette fois les règles venaient de changer et il avait suffi que son frère profère à voix haute ce qu’il voulait certainement lui dire depuis très longtemps. Alors pire que de s’énerver, pire que de menacer de le frapper, sans se débatte, il se mit à lui sourire. C’était un sourire sans joie tintée d’une amertume et d’une résignation inhabituelle. Caden venait d’abandonner d’expliquer à son frère ou de tenter de lui faire comprendre quoique ce soit. Il se sentait juste vidé. Son regard se fit malgré tout un peu provocateur alors qu’il se contentait d’une simple phrase en réponse à la tirade d’Abel. Il hausse sobrement les épaules. «Je ne serais plus en travers de la route de personne. Tu as raison. » Il n’y avait pas de colère, il n’y avait plus grand-chose d’autre qu’une immense montagne. Il s’était retenu depuis des mois et des années de craquer et de partir. Il allait le faire. Malini n’était pas là, tant mieux, elle ne le retiendrait pas alors. Personne n’était plus capable de le retenir, Abel venait de perdre cette possibilité. C’était la seule solution. « Est-ce que tu peux me lâcher et arrêter de crier maintenant que tu as obtenu gain de cause, s’il te plait ? »
Sujet: Re: Conversation entre quatre yeux Jeu 30 Mar - 6:41
♔ Caden & Abel
« Conversation entre quatre yeux
Sans crier gare, toute la tension retomba brusquement alors que Caden modifiait brusquement son attitude. Le changement fut perceptible, net, comme une brisure ou un signal d’alarme qui indiquait à Abel que les limites avaient été, une fois de plus, largement dépassées. La fois de trop. A la manière d’un animal maté après une difficile lutte, le cadet rendit les armes alors que son aura agressive se dispersait subitement, balayée par une brise inexistante. Et plus que le reste, ce fut le sourire, les quelques paroles suivantes, qui le blessèrent, alors que l’évidence du mur qui se dressait entre eux deux se faisait d’autant plus nette. Ses mains, libérées de la prise de celles de son frère, retombèrent le long de son corps alors qu’il restait là, les bras ballants, momentanément muet face à l’ultime question qui demandait implicitement un congédiement impossible à refuser et qu’il ne pouvait pour autant se résoudre à donner. S’il restait là, s’il tentait de faire un soudain effort de conversation, de retrouver cette connivence qu’ils possédaient avant… ne restait-il pas un moyen de recoller les morceaux, de remettre les choses à plat et au clair, mais de manière plus pédagogue ? Ou bien était-ce déjà trop tard ? Parce qu’il n’avait au final pas la moindre idée de comment procéder, parce qu’il se rendait compte qu’il ne connaissait plus l’homme qu’était devenu Caden et qu’il ne savait pas davantage comment il convenait d'interagir avec lui, Abel opta pour la seconde hypothèse : trop tard. Et peut-être, lorsqu’il aurait l’esprit un peu moins agité, chercherait-il un moyen de relancer la discussion sans tomber dans l’aspect facile de la colère et des reproches. Ou peut-être l’occasion de le faire ne se présenterait-elle jamais et qu’ils continueraient de s’éloigner chaque jour un peu plus. « C’est de mon frère dont j’ai besoin », il lâcha tout en amorçant un mouvement de recul. « Pas d’une énième bourrique sans cervelle. » Calmé malgré lui par l’attitude de Caden qu’il avait pris de plein fouet à la manière d’une douche froide, voilà qu’il ne lui restait guère plus que l’amertume pour ponctuer ses phrases. Sa soumission ne lui procurait aucune satisfaction, elle lui apparaissait fausse, seulement dictée par une parole trop dure. « En attendant, tu ferais bien de te conforter à ce que tu viens de déclarer, et ce n’est pas la peine de venir demander quoi que ce soit. » Ensemble quoique étrangers l’un à l’autre, ils s’engageaient sur une voie de non-retour. Caden repartit en direction des écuries et Abel le suivit du regard sans esquisser un seul geste, cherchant encore là où ils avaient merdé et loin, bien loin, de se douter que ce que son frère venait de déclarer était à prendre au pied de la lettre.