daxarte
forks and knives
« Comment tu t'appelles déjà ? » La voix du mec la sort de sa réflexion, et un moment Arte pose sur le garde ses deux prunelles brunes comme si elle le voyait pour la première fois. Elle prend le temps de le dévisager. On l'appelle
Rogers à ce qu'il parait, mais son nom importe très peu au final ; ça n'a pas l'air d'être quelqu'un de mauvais mais son personnage est terriblement plat, son rôle au sein de la mine n'est pas particulièrement trépidant et il ne sait pas faire la conversation. Il doit avoir cinquante ans, peut-être un peu moins et alors c'est l'Influenza qui l'a vieilli. Son visage est triste, pas mal gris, mais c'est le lot de tout le monde au sein de la Mine : la grande majorité n'a pas vu le soleil depuis des semaines. Il ne la suit que parce que Casey n'est pas là pour la surveiller. Le jeune médecin finit par pousser un soupir, et croise les bras sur sa poitrine tandis qu'ils marchent tous les deux vers la salle commune où se trouvent plusieurs petits groupes de mineurs.
« McMahon. » Le garde hoche la tête, comme si les trois petites syllabes étaient déjà trop longues pour qu'ils les retiennent, et laisse la jeune brune retourner à la lecture de son bouquin. Lui non plus ne l'intéresse pas plus que ça, mais il constitue une barrière plutôt efficace avec le monde extérieur - si l'on peut appeler ça ainsi après avoir reconsidéré l'environnement, et lui donne une couverture pour mieux se perdre dans ses pensées. Le nez plongé dans son bouquin, emprunté à l'infirmerie et sobrement intitulé
Encyclopédie des Plantes Médicinales, elle n'est plus obligée de rendre à tous et à toutes leurs regards curieux qu'on lui lance - parce qu'elle vient d'arriver, et d'arriver au beau milieu de la quarantaine. Ils comprendront bien assez vite qu'elle est en fait le nouveau médecin de la Mine mais en attendant elle ne compte pas le leur expliquer.
« Tu ne manges pas ? » lui demande Rogers après un moment de silence à leur table, et Arte abat cette fois son livre sur la surface plane pour hausser les épaules. Elle jauge sans grand intérêt le paquet posé devant elle, ce avec quoi elle est censée tenir toute la journée donc, puisque c'est ainsi que fonctionne le rationnement de la Mine.
« Pas faim, » répond-t-elle pâteusement, pas encline à parler, sans se douter un seul moment qu'elle vient de s'attirer l'attention (ou plutôt attirer l'attention sur ses rations) de quelqu'un d'autre que Rogers à sa table - et de beaucoup plus sympathique que ce dernier.