Quand elle n'arrive pas à dormir, elle déambule dans les couloirs du centre commercial où malgré l'heure tardive, ou avancée, la fête bat toujours son plein. Dans tous les coins, les hommes et les femmes s'adonnent à des célébrations de vie frôlant parfois l'indécence. Les cris, invectives, bagarres, viols et tueries sont devenus un bruit de fond qui laisse parfois sur sa peau l'impression d'être sale. Elle l'est de toute façon, encrassée malgré elle dans ce mode de vie qui tour à tour la fascine ou la dégoûte. Stonebriar. Cet endroit est la concentration de ce qu'il y a de pire dans l'humanité, et elle aspire pourtant à y faire sa place et à graver son nom. D'une manière ou d'une autre. Ici, il n'y a pas de règles et tout y est démesuré, comme le pays des merveilles dont elle rêve parfois, de jour comme de nuit. À la différence qu'ici, les chapeliers toqués égorgent les jeunes filles qui s'aventurent un peu trop et se baignent dans leur sang. Et comme à chaque fois qu'elle y pense, un frisson l'électrise. Elle resserre son manteau autour de ses épaules et continue.
Gail erre dans les grands espaces vides, se demande si elle ne va pas grimper sur le toit pour admirer la vue, mais ses pas la mènent inlassablement vers l'arène. Cet endroit. C'est là que tout a vraiment commencé, que la nouvelle Gail était née, forgée par la nécessité d'écraser une marée de rôdeurs. C'est là qu'elle avait compris qu'elle aussi, elle pouvait le faire. Elle aussi, elle peut écraser les autres. Pas à pas, elle apprend comment faire. Fièrement, elle se redresse, adapte son port de tête avec la même attitude altière qu'elle. Alors que personne ne regarde, elle défile, imite la reine et ses entrées royales. Une vieille mélodie joue dans son esprit et elle fait un tour sur elle-même, en se demandant pourquoi plus personne ne danse. Une forme de réponse se présente à elle quand elle bute contre un débris et manque de perdre l'équilibre avant de se reprendre finalement. Dans un soupir, elle finit par s'asseoir dans un coin, en quête d'un sommeil qui est devenu une denrée rare.
Le temps s'étire, atteint des proportions infiniment longues. Ici, les secondes tombent lourdement sur les gens, pour laisser à tout le monde le soin d'admirer le plus longtemps possible l'étalage de cruauté. Derrière elle, des pas se font entendre, ainsi qu'un râclement de gorge profond. Elle se retourne juste pour capturer la vision d'un homme en train de cracher un mollard dans un coin. Un spectacle de tous les jours, mais qui arrache toujours une expression de dégoût. Gavin se moquait d'elle parfois, disait qu'elle était bien trop précieuse pour cet endroit. C'est peut-être vrai, mais cet endroit est le sien maintenant, et si elle doit supporter des crachats tous les jours, ainsi soit-il. Elle se retourne quand il la repère et l'interpelle. "Eh mais, ce serait pas la petite pute personnelle de Gabriel ?" Gail lève les yeux au ciel et choisit de ne pas répondre. Peut-être qu'il s'égosillera un peu et finira par partir, là où on répondra à ses provocations. "Eh, je te parle morveuse. Pour une fois que t'es pas flanquée de ton frère ou que tu traînes pas dans les pattes de Rosario, tu crois pas qu'on pourrait avoir une petite conversation en tête en tête ?" Elle persiste, ne répond rien, mais par précaution, ses doigts se referment autour du manche de son couteau de chasse. Les pas se rapprochent et quand elle se retourne à nouveau, c'est pour le voir au-dessus d'elle. Il lui agrippe le bras et la tire vers lui. La jeune femme se laisse traîner d'abord au milieu de quelques décombres avant d'essayer de se dégarer. "Casse-toi !" Il répond par un rire et lui lâche le bras. Les yeux de la blonde deviennent de fente de colère, le défiant de réitérer cette action. Elle se redresse tant bien que mal et pointe son couteau vers lui. "Juste recommence et je te plante." Et à lui de rire encore plus avant de darder un regard mauvais vers elle. "[color:fbf5=##50326E]Cherche pas, y a personne pour te sauver. Ça fait un moment que j'ai envie de te parler un peu, il paraît que tu snobes tout le monde. Tu te crois meilleure que les gens ici ? Je vais te faire redescendre sur Terre, tu vas rien comprendre."
Et il charge, l'attrape d'un bras pour la plaquer contre lui. Elle, elle se débat de toutes ses forces, et quand elle arrive à dégager son bras, elle plante son couteau là où elle peut. La lame trouve une cuisse et s'y enfonce sans difficulté. Son agresseur laisse échapper un cri de colère et elle se dégage. Mais aussitôt, il arme son poing et le balance sur le visage intact de la jeune femme, et la force du coup l'envoie à terre. "Salope ! Je vais t'apprendre le respect !" Tant bien que mal, elle roule sur le dos, la main plaqué sur son visage. Le sang bat intensément dans ses tempes et sa vision est brouillée l'espace de quelques secondes. Elle tente de reprendre ses esprits et réalise que ce sont trop de secondes perdues et qu'en attendant, elle n'est qu'un tas de chair vulnérable.
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Sujet: Re: the reaper Mar 31 Jan - 1:20
Il ne dresse pas le crâne assez vite. Il entend la course, le fracas méthodique des pas, mais il est empêtré dans sa violence, penché sur la fille, à vouloir l’empoigner, l’étreindre, l’étrangler, et Dieu sait quoi encore. Il ne dresse pas le crâne assez vite et les phalanges, roulées en poing solide et assassin, le frappent à la trachée. Un cri se bloque dans sa gorge, de surprise et de haine. Il plaque les doigts autour de son cou, comme on chercherait une plaie. Il veut rouvrir le passage qui lui permet de respirer, et sa peur joue contre lui. Alors il ne lève pas tout de suite les yeux. Il a très bien compris ce qu’il se passe, il sait l’ombre qui se tient devant lui, sur lui, pas plus fréquentable que la mort elle-même. Alors il n’a pas tout de suite le courage de la regarder en face. Ses mains se ferment plus fort sur sa gorge, la poitrine douloureuse, et cette sale souffrance âcre et tiède dans la cuisse. Il n’a pas le temps de s’appesantir, la silhouette l’attrape par les revers, le brutalise et le plaque contre le mur. Ses côtes ramassent. Il les sent grogner, puis plier, puis craquer. Une fois. Deux fois. Six fois. Des larmes se répandent le long de son nez, sur ses pommettes. Il se retient de gueuler. D’implorer. Et de regarder. Il a les billes sur Gail Woodstock et ses contours recroquevillés sur le sol de Stonebriar, cette pute de Gail Woodstock, la chienne de Gabriel Rosario. Gabriel Rosario qui se dégage pleinement des ombres du mall, approche son visage du sien et lui chuchote doucement : « Maintenant, supplie-moi. »
Il n’est jamais loin. D’abord, il sait la précarité de la vie de Gail et de Gavin lorsqu’ils arpentent le centre commercial. Ensuite, ils lui appartiennent. Il a saigné l’arène pour ça. Il s’est battu avec Irina pour ça. Si quelqu’un a droit de vie, de mort et de souffrance sur la fratrie Woodstock, c’est lui. Et il déteste qu’on touche à ses affaires. Il déteste plus encore qu’on les abîme. Alors il rôde, trop conscient du sort qu’on veut faire à ses chiots. Car les Jackals n’aiment pas qu’on sorte de l’aire de jeu. Et ils n’aiment pas le déséquilibre créé par ceux qui le font tout de même. En leur permettant de vivre, Gabriel le savait. Et il savait qu’il ne pourrait jamais empêcher ses congénères abrutis et sanglants de s’en prendre à eux. Il savait qu’il serait de son devoir d’instruire Gail et Gavin de la meilleure manière de se défendre.
Quand Gabriel lorgne après la blessure dans le quadriceps de son prisonnier, il est très fier d’elle.
Il ne la regarde pas. Il ne lui demande même pas si ça va. Tout ce qui s’articule dans son crâne consiste à bousiller la vie de ce type. De trois façons, il passe à trente. Et plus les secondes défilent, plus il déborde d’idées. Et les candidats au martyr ne manquent pas… On n’aime pas bien les filles, à Stonebriar. On les trouve bêtes, fragiles et inutiles. On les viole plus souvent qu’on ne les embrasse. Il y en a même certaines qui s’habituent, qu’en paient le prix pour demeurer. Et d’autres ne se laissent jamais faire, tiennent les monstres à distance. Marisa est de celles-là. Gail en sera aussi. Et, d’ici-là, l’ombre de Gabe Rosario rôdera dans le centre commercial, à abréger la vie de tous les types qui lèveront la main sur elle, dégraferont leur braguette en la voyant et se sentiront la bêtise de l’approcher.
« Bute-moi. » Il ne suppliera pas. Parce que ça le révulse et parce qu’il sait que ça ne servira à rien. Il connaît suffisamment le roi de Stonebriar pour savoir qu’il n’a ni pitié ni patience. On dirait quelques fois qu’il tue à tout hasard, pour remplir une sorte de quota divin. Alors le type n’a qu’un seul regret : n’être pas allé au bout de la fille, pour mériter la mort bien sale qu’on va lui administrer de toute façon. « Bute-moi ! » Il s’agite sous les paumes qui le retiennent, et il affronte enfin les deux pupilles qui n’expriment rien. Comment est-il possible de frapper avec autant d’intensité sans rien ressentir, ou plutôt sans rien montrer ? Il ne peut y réfléchir qu’une poignée de secondes, parce qu’il tressaille au bruit du flingue décoincé de la ceinture. Le canon de ce révolver, il l’a vu entrer dans pas mal de bouches… ça l’empêche un moment de desserrer les lèvres. Ce n’est que lorsqu’il sent que résister obligera Gabriel à lui péter les dents avec la crosse qu’il ouvre les mâchoires. Le métal caresse son palais et il se dresse sur la pointe des pieds. Bientôt, il ne peut plus regarder son bourreau dans les yeux. Il ne peut pas plus voir la fille. Cette pute de Gail Woodstock, la chienne de Gabriel Rosario.
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Sujet: Re: the reaper Lun 6 Fév - 0:09
Se préparer à la douleur est un art, un exercice qui implique qu'on accepte son sort et surtout qu'on accepte la peine qui en découlera. Plus vite on s'habitue à ce fait, plus vite on pourra s'en remettre et riposter. Ce n'est pas une technique infaillible, il arrive que le choc soit pire que ce à quoi on peut s'attendre, mais c'est quand même une technique qui a fonctionné la plupart du temps pour elle, à l'époque où elle devait encaisser le désir d'un autre. Alors elle fait le vide, accepte que son corps devienne le réceptacle de la violence qui s'apprête à déferler, réfléchit à une manière de s'en défaire ensuite. Elle a perdu le couteau, sa meilleure chance de s'en sortir et sa priorité est donc de le récupérer. Il faut qu'elle se relève, mais ça ruinerait toute sa préparation... Et pourtant, des secondes entières s'écoulent sans que la vague ne s'abatte sur elle et enfin, la jeune Woodstock lève les yeux et réalise. Il est là. Il a pris la situation en charge, comme il le fait depuis le départ.
Alors elle ramasse ses jambes sous elle et se pose devant le spectacle de Gabriel Rosario dans toute sa force. Elle se souvient que les premières fois, elle avait tourné le regard. Encore sensible aux effusions de sang et à la morale, elle avait éprouvé de la réticence à ce genre de mise à mort. Mais à force de côtoyer les jackals, on finit par renier sa nature pour intégrer la leur, et les sauvetages sanglants de Gabriel ont fini par ne susciter que de la reconnaissance. Maintenant, elle regarde le roi sans pudeur, elle l'admire quand il remet de l'ordre – ou plutôt du chaos – et qu'il la tire des griffes des quelques psychopathes qui n'ont toujours pas compris la leçon : Gail Woodstock est sous sa tutelle et personne ne peut lever la main sur elle ou l'approcher de trop près à part lui, n'en déplaise à Marisa ou à Irina. N'en déplaise à tous ceux qui auraient voulu la voir crever dans cette arène. Malgré elle, un rictus étire ses lèvres. Ses pensées se réorganisent et se concentrent sur cet homme qui aurait voulu profiter d'elle, et elle ne le plaint pas une seconde. Même, elle trouve une forme de réjouissance dans ce qui va lui arriver. Elle voudrait réunir tout le monde, qu'ils assistent à la fin de la vie de ce pestiféré et qu'ils le prennent tous comme une mise en garde. C'est ce qui arrive quand on l'approche. Et elle aimerait qu'ils comprennent tous, retiennent son nom dans une litanie maudite, qu'ils commencent à éprouver la même crainte qu'ils ont quand ils voient Marisa. Bon Dieu, ce qu'elle aimerait être Marisa maintenant.
Il suffit d'un pas. Ses yeux papillonnent et repèrent le couteau qui baigne dans le sang, là où son agresseur se trouvait encore il y a un instant. La décision est de plus en plus ferme et lui provoque une certaine euphorie tellement prégnante que sa tête en tourne. Elle aussi, elle peut le faire. Alors elle s'étire et récupère son arme, se relève et s'approche du supplicié, pour voir à quoi ressemble le visage d'un homme qui se sait sans issue. Il a l'air beaucoup moins fier, beaucoup moins prompt à fanfaronner. "Gabriel..." Il faut le sortir de sa transe. Elle le voit à son visage, il ne pense qu'au bruit de la détonation, qu'à l'étalage d'un cerveau qui peint le mur, une oeuvre d'art commune à Stonebriar. "Je veux le faire. Je veux lui faire mal." Et pire encore, mais pas tout de suite. Il mérite de souffrir, il mérite d'agoniser lentement, en pensant à toutes celles qui ont pâti de sa propre violence, mais surtout il pensera à elle. À la salope qui s'est pas laissée faire, à la salope qui va tout lui prendre, qui lui a déjà tout pris.
Ses doigts tiennent fermement le couteau, et elle essuie rapidement le sang sur son pantalon pour qu'il soit brillant et comme neuf pour le prochain coup. Son imagination n'est pas aussi fertile en terme de mise à mort mais, elle a déjà quelques idées sur ce qu'elle voudrait faire. Lentement, elle tend la main, fixe le revolver encore enfoncé dans la bouche de son potentiel bourreau qui deviendra bientôt sa victime. "Laisse-moi essayer, s'il-te-plaît..."
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Sujet: Re: the reaper Mer 8 Fév - 14:22
Sa mort sera rapide. Une balle fait proprement le travail. En plus, il aura le privilège de ne pas tourner, ce qui, compte tenu de son crime, est d’une extrême clémence. Gabriel le ferait bien errer sur quelques milles avant de l’abattre à la carabine, ou de le chasser avec négligence en compagnie de Marisa. Mais ce sera ici, alors qu’il le tient à la gorge et que le calibre creuse, la mire alignée avec sa cervelle. Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas dans ne touchez pas à Gail Woodstock ? Combien de nez fracturés ? De phalanges coupées ? D’hémorragies causées au ventre jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Lui déjà si prompt à amputer sa race, il n’aime pas bien ceux qui s’esquintent contre sa protégée, contre elle ou contre son frère. « Supplie-moi, il répète doucereusement. Et fais que je le comprenne… » Même s’il y consentait, il n’arriverait jamais à articuler quoi que ce soit. Le porc salive sur le canon, ses dents brusquées, brûlées, par le métal qui presse. C’est le poignet de Gabriel qui fait tout son supplice, qui le fait souffler bruyamment et gémir. Il sait qu’il ne veut pas mourir. Il sait aussi qu’il n’y peut rien, si fort qu’il pousse sur les épaules ou sur la gorge. « Gabriel… » Gabriel, elle leur rappelle qu’elle existe. Et lui ne l’entend pas tout de suite. Son prisonnier, si. Il s’agite et il tente de baisser le regard pour voir la fille, mais l’angle est impossible. « Je veux le faire. » La nuque du roi se tord légèrement. Il l’entend. Ne l’écoute pas, mais il l’entend. « Je veux lui faire mal. » Ses poumons se vident comme l’adulte face aux simagrées et caprices d’un enfant. Pourtant, quelque chose s’infléchit derrière le soupir. Et il déporte le regard un court instant, l’allure d’envisager plus sérieusement ce qu’elle dit, comme elle le dit, se tient et essuie le couteau. Gabriel sait qu’elle peut tuer. Il ne l’a jamais vue faire, mais il le sait depuis l’arène. Alors une petite lueur éclate, un halo insensible qui se ballade dans ses entrailles et le fait se tourner franchement vers elle. Le type, s’il ne peut se libérer vraiment, se dégage la trachée. Il inspire l’air à grandes goulées, il en avale de longues bouffées qui le font geindre de soulagement. Il a envie de porter les doigts à la cuisse mais son bourreau le maintient contre le mur, et son putain de flingue ne cesse jamais de lui faire la cour. « Laisse-moi essayer, s’il te plait… » Les pupilles du roi se rétractent. Il paraît considérer la sincérité des syllabes, ou peut-être leur audace et leur pugnacité. Un long moment, il ne fait rien que la regarder tendre la main et le sentir frissonner dans sa paume. Il réserve son jugement, ou il prend le temps de le prononcer. « D’accord. » Le révolver est repris, et il le donne presque aussitôt. Les phalanges de Gail se referment autour de la crosse et Gabriel enfonce le dos du gars dans le béton. « Ne bouge pas. » Ses pupilles glissent sur lui. Elles ne font rien que l’envisager, et elles disent cependant qu’il ne lui faudrait qu’une seconde pour le rattraper, et le massacrer. Ce n’est pas une survie, c’est un répit. « À une condition, il la prévient finalement. » C’est là que Gabriel la contourne. Les phalanges filent comme des voleuses et soulagent Gail de son couteau. Largement plus grand qu’elle, il se glisse dans son dos et la surplombe. Il ne sait plus quand il s’est tenu si près d’une femme qui n’était pas Marisa et qu’il n’essayait pas de tuer. Il sait, en revanche, que ça ne lui cause aucun dommage lorsqu’il s’agit de Gail. « Tu n’essaies pas, il souffle dans le tympan. Tu le fais. » Gabriel est encourageant. C’est un mentor, un père pour elle, quand il dépose la lame sur sa gorge.
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Sujet: Re: the reaper Sam 11 Fév - 17:46
La sensation de contrôle. L'arme se glisse entre ses mains et ses doigts trouvent naturellement leur position. Elle a déjà tiré. Sur des rôdeurs. Par nécessité de survie, par désespoir, par besoin... Jamais par plaisir. Et pourtant, cette sensation de contrôle se répand dans ses veines, un shoot d'adrénaline pure qui restaure sa confiance en elle. Un appel divin qu'on ne peut refuser et auquel, malgré les réticences que devraient nous imposer le monde, on répond avec honneur. Elle plante un regard sûr et froid dans les yeux de sa, un regard qui lui annonce déjà la couleur. Je ne serai pas plus clémente. Il n'y aura pas d'échec, il n'y aura pas de recul, elle ne faiblira pas, et le couteau que Gabriel pose tout contre sa gorge vient renforcer sa conviction. Elle déglutit péniblement à cause de cette menace tranchante, mais en parallèle, ce contact est étrangement rassurant. L'avoir tout contre elle, sentir son souffle dans ses cheveux, savoir qu'il veille sur elle, c'est comme un boosteur qui gonfle sa poitrine de fierté. L'ombre de la mort a choisi de surveiller Gail Woodstock, c'est un honneur dans ce bas monde et elle doit se montrer à la hauteur de cette affection particulière.
Elle ne se montrera pas faible devant Gabriel, plus jamais en tout cas. Mais en même temps, elle se dit qu'un trépas rapide serait trop simple pour lui. C'est une des raisons qui la pousse à dévier la trajectoire au dernier moment, et quand son doigt presse finalement la détente, la balle va se loger directement dans l'entrejambe de son bourreau qui n'a pas osé s'enfuir. S'il pensait avoir une mort rapide, il s'est trompé. Gail a décidé qu'il méritait l'agonie. Sa victime s'effondre dans un long cri de douleur, les mains pressés sur son pantalon à essayer veinement d''empêcher le sang de se répandre. Un rictus sinistre fleurit sur les lèvres de la jeune blonde quand elle remarque des larmes de douleur mouiller les joues du supplicié. "Maintenant il suppliera pour de vrai." Elle laisse sa tête aller en arrière et se poser sur l'épaule du Gabriel. Elle prend une profonde inspiration, en attendant que le remord ne vienne la cueillir au creux de l'estomac, comme la première fois qu'elle a tué un homme et qu'elle en a vomi ses tripes. Mais rien ne vient, si ce n'est la satisfaction d'avoir infligé tant de souffrances à quelqu'un qui le mérite. Les gémissements de l'homme à terre, ses sanglots, tout sonne comme une mélodie à ses oreilles. Et le canon encore fumant entre ses doigts a l'air de réchauffer directement son coeur. Et finalement, une autre sensation grandit en elle. Son estomac se creuse, son esprit se fond complètement dans son corps et elle sent l'appétit prendre possession d'elle. Une faim incontrôlable et frustrante parce que Gail n'a aucune idée de ce qui pourrait l'apaiser. Le couteau toujours sous la gorge, elle soupire. "C'est pas assez." Mais elle ne sait pas ce qu'il faut de plus comme souffrance pour la calmer. Ça va au-delà de ses capacités. C'est pour ça qu'il est là également, Gabriel. Pour élargir son imagination, pour la pousser à faire mieux, ce qui dans leur situation est plutôt synonyme de faire pire. "Je veux qu'il souffre davantage, je veux qu'il se sente sale, qu'il ait l'impression qu'on lui arrache son humanité, qu'on le prive de lui-même, qu'il se sent impuissant." Tout ce qu'elle a pu ressentir elle, quand on la forçait à toute forme de sévices.
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Sujet: Re: the reaper Dim 26 Fév - 13:25
La détonation cingle dans Stonebriar. La hauteur sous plafond en fait une cathédrale, un temple de vacarme et de poudre. Et le type beugle, il beugle en oubliant d’avoir de la dignité. Ses doigts sont incapables de contenir l’hémorragie et il roule sur le sol, avec ces hoquets de créature, d’animal aux abois. Puisqu’elle n’a plus besoin de flatter pour encourager à agir ou dissuader de renoncer, la lame de Gabriel relâche immédiatement la gorge – encore qu’elle continue de s’y promener, sans doute par habitude ou complaisance. Gail n’a pas hésité, n’a pas tremblé. Et ce qu’elle vient d’infliger à son bourreau devenu victime est bien au-delà de la mort. Elle colle une de ces fiertés à Gabriel… un orgueil qu’Oona n’a jamais logé dans son ventre. Jamais. L’arrière du crâne repose sur son épaule, et ils contemplent, ensemble, un long moment toute la carcasse qui geint sur le sol, dans le béton, et le silence opaque que lui opposent ses camarades. Ceux qui ont haussé un sourcil, pour voir que c’était le roi, ne viendront pas l’aider. On prie, peut-être, pour qu’il meurt rapidement et cesse de pépier sa souffrance. On prie, peut-être, pour qu’on l’achève et qu’on retourne dormir, forniquer et violer, tranquille. « C’est pas assez. » Toutes les syllabes détachent une impatience plus grande chez Gabriel. L’appétit de Gail est légitime, et il ne ferait rien pour la réfréner. Bien sûr, il n’a aucune connaissance de son passé, et de la revanche qu’elle veut prendre sur tout le monde et sur n’importe qui. Mais, d’être un grand prédateur, il flaire sa brutalité, sa soif de violence, son frémissement rien qu’à l’idée de ce qu’ils pourraient faire, ensemble, au bougre étalé dans son sang. Aussi, et quand il la dépasse, de l’épaule à l’épaule, ça a des effluves d’à vos ordres, princesse.
« Lève-toi. » C’est certainement la dernière chose dont il a envie, mais Gabriel l’empoigne par le col et le fait se dresser sur les genoux. À chaque mouvement, il chuinte et il gémit, ses paumes pressées sur l’entrejambe. « Si tu t’étais pas mis à bander, y’aurait pas tant de sang à sortir par là… » En bloquant la mâchoire, le roi lui sourit comme on crache à la figure. « Mais tu l’as entendue, nan ? T’as pas fini d’en chier. » Il abat une paume camarade, et brutale, sur le type qui a toutes les difficultés à se maintenir. « Pit - » « Oh, putain, ferme ta gueule. » Le revers de la pogne lui assène une gifle qui le fait taire. « C’est trop tard. » Accroupi devant lui, Gabriel use du couteau pour tailler dans les tissus. Il le déshabille comme on dépèce une proie, alors qu’il prend grand-soin de ne toucher ni à la carne ni à la peau. Les lambeaux se décrochent et s’étalent tout autour, pas plus regardants qu’un linceul. « Tu vois… si t’avais supplié tout de suite, je t’aurais sûrement ouvert la tête avec un .43 tout propre. Mais t’as choisi de faire le malin, pas vrai ? Et, moi, tu sais, je suis très sympa, bon chrétien. Le coeur sur la main, j’te jure. Mais elle... » Doucement, il penche sur le côté, découvre la silhouette immobile, jamais distante, de Gail. De la pointe de la lame, il la désigne par-dessus son épaule puis tapote sur sa propre tempe. « Elle t’a dit de pas recommencer, pourtant. Et toi, t’as répondu quelque chose comme... » Les phalanges de Gabriel plongent dans les chairs étrillées, entre les cuisses. « Salope. » Contre le hurlement, la voix est froide, même plate. Contemplative. « Je vais t’apprendre le respect. » Les doigts tirent et tordent, s’amusent du sang qui coule dans la paume et des formes indistinctes qui roulent sous l’épiderme. « Alors voilà ce qui va se passer : je vais finir de te mettre à poils et tu vas lui demander pardon. Vraiment pardon. » Il souffle dans le tympan. « Je crois pas que t’aies envie de savoir ce que je vais te faire si tu le fais pas. »
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Sujet: Re: the reaper Lun 6 Mar - 20:42
L'étalage de violence lui arrache à la fois un frisson d'appréhension et en même temps creuse son appétit. Une question lui travaille l'esprit depuis que l'ombre de Gabriel plane sur le centre commercial pour protéger Gail des incartades de tous les fous qui traînent. Gavin irait-il aussi loin pour elle aussi ? C'est une comparaison qu'elle avance un peu honteusement, mais elle ne peut pas s'en empêcher. Son frère la protègerait, pas de doutes là-dessus, mais il ne la laisserait pas faire ni ne l'encouragerait comme le fait Gabriel. Il prendrait les choses en main et enfermerait à nouveau la jeune femme dans sa bulle. Et cette faim de grandeur ne serait jamais née, aurait été étincelle au fond d'elle même, à peine assez forte pour provoquer un battement du palpitant. Le roi en revanche... Il est magistral. Gail l'observe alors qu'il passe à l'action et elle capture chaque instant, profondément inspirée par sa manière de faire et de parler, par le danger qui émane de lui et de chacun de ses pas. Il attise l'appétit de la jeune Woodstock, la sort de sa bulle pour l'entraîner sur un chemin dont on ne revient pas. Il partage avec elle la charge d'être le bourreau, il met du pouvoir entre ses mains qui n'ont jamais torturé et il agite sous son nez ce qu'elle a cherché toute sa vie : le frisson d'une véritable aventure. Il l'abîme. Elle aime ça.
Elle grimace légèrement quand les doigts de Gabriel s'enfoncent dans la chair exposée de leur victime. Ce n'est pas vraiment le genre de spectacle après lequel elle aime s'endormir, mais elle garde tout de même les yeux résolument ouverts. Elle ne veut pas faiblir, pas alors qu'elle commence tout juste à s'élever. Et puis il y a quand même une certaine satisfaction à voir cet homme à genoux, alors qu'un peu plus tôt il était prêt à la défigurer et pire encore. La menace avait l'air de porter ses fruits, car le supplicié leva un regard implorant vers elle. Aucun signe de regret, mais plutôt un appel désespéré à le tuer le plus vite possible. Entre deux râles de douleur, il murmure. "Suis d'solé." Gail hausse un sourcil, perplexe et s'approche lentement de lui. "Pardon ? J'ai pas bien entendu." Complètement désarmé, il bredouille quelque chose avant de recommencer en articulant. "Je suis désolé." Sans qu'elle s'en rende compte, un rictus avait étiré ses lèvres. Elle s'accroupit à sa hauteur, observe de plus près les ravages causés par la balle, par "Désolé pour quoi ? Pour m'avoir traité de salope ? Pour m'avoir frappée ? Je suis pas vraiment convaincue par tes excuses. Peut-être que Gabriel devrait t'aider encore à trouver la contrition." Il râle, proteste et reprend avec un peu plus de sincérité dans la voix. "Je suis désolé. Gail, je suis vraiment désolé !" Elle se redresse précipitemment, fait un pas en arrière et reste plantée là. Cette fois, il avait l'air d'y croire, alors elle est destabilisée, ne sait pas quoi faire ou quoi ajouter.
Son estomac se tord. L'enthousiasme retombe, dans un festival d'émotions plutôt intense. "C'est quand même trop tard pour ça." Ses doigts se referment à nouveau sur la crosse du pistolet qui n'avait cessé de danser entre ses doigts. "Où est-ce que je peux tirer encore pour t'arracher d'autres excuses ? Le genou ? L'épaule ? Où est-ce que ça fait encore mal sans que je te tue ?" Et des yeux, elle cherche l'approbation de Gabriel. "Qu'est-ce que je peux faire d'autre ?" Pour satisfaire la soif de vengeance ?
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Sujet: Re: the reaper Lun 13 Mar - 0:37
Après qu’il a scrupuleusement fait part de ses instructions, Gabriel se redresse, et il s’écarte de plusieurs pas sans tout à fait quitter la scène. Il coince la lame à sa ceinture, la garde bloquée par un passant. Ses paumes essuient le sang contre son pantalon, et il agite les mains au rythme qu’on prend, en temps normal, après se les être lavées. Dans la pénombre morbide de Stonebriar, on ne distingue pas, de toute façon, où finit le carmin et où commence la peau. Ses yeux, en plus, sont froidement fixés sur Gail. Il se fiche bien des excuses de l’homme à ses pieds. Elles sont factices. N’importe qui, du plus coupable au plus innocent, saurait broder un millier de je suis désolé pour peu qu’on le bouscule ou qu’on lui taille comme il faut dans la viande. Tout le monde est capable d’excuse, spécialement quand il est question de rester en vie. C’est aussi vrai quand il s’agit de se la faire abréger. Ce type dirait n’importe quoi pour mourir, pour que la douleur s’arrête. Pour que l’humiliation cesse, aussi. Car, quand même on l’épargnerait, quand même il réchapperait de cet épisode affreux, à quelle sorte de vie pourrait-il encore prétendre ? Et, ce spectacle, Gabriel l’a déjà lorgné une bonne centaine de fois. Alors c’est Gail qu’il scrute.
D’abord, elle flotte au-dessus de ses espérances. C’est tout le parti de la vengeance. Mais ensuite… Le flottement est saisissant, et le grondement du roi s’enfouit profondément dans sa gorge. Il n’intervient pas, en dépit de l’oeillade que le bougre lui lance. Si elle faiblit, est-ce qu’il la laissera faire ? C’est ce qu’il demande, là, vautré dans son hémoglobine et tous les enfants qu’il ne pourra plus concevoir. Est-ce qu’il l’épargnerait, lui aussi, si ses excuses plaintives suffisaient à la faire flancher ? Il doit rapidement comprendre qu’il n’en sera pas ainsi et que, passé sa latence, Gail Woodstock réinvestit sa place d’apprentie Rosario. Et le flingue qui se promène encore en travers de sa figure le fait gémir. Il dirait n’importe quoi pour mourir, pour que la douleur s’arrête.
En deux enjambées, Gabriel lui arrache le révolver des mains. Le coup part tellement vite qu’on dirait que les armes n’ont été inventées qu’afin de le tuer, lui, cette nuit. Et sa respiration meurt aussitôt, et son corps tombe brutalement sur le béton. Il n’existe déjà plus. Ce n’est même pas un souvenir, puisque son nom n’est certainement pas connu du roi et probablement pas de la fille non plus. Et c’est elle, c’est elle que Gabriel épie et qu’il inspecte de ses pupilles frénétiques. À la crispation qui se lit un peu partout, et notamment dans la façon dont il empoigne la crosse, il se retient de la frapper au visage. Le revirement est tellement brutal – y compris pour lui – qu’il met un temps infini à récupérer son poing serré et à abandonner son funeste projet. « Si t’as pas l’intention de les torturer à les faire supplier leur mère de les reprendre dans le ventre, bute-les d’un coup. » Au prix de douloureux efforts, il desserre quelque peu les mâchoires. « J'aime pas leur causer, moi. Je les préfère morts, bien raides. » D’un geste preste et habile du poignet, il retourne le flingue, canon entre les phalanges, et le lui tend sans jamais avoir l’intention de le lâcher vraiment. Là, il patiente qu’elle le tienne. « Choisis ce que tu préfères, il souffle lentement. Mais la prochaine fois que tu hésites… c’est moi qui te tue. »
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Sujet: Re: the reaper Lun 10 Avr - 13:01
Le corps s'effondre sans vie sous ses yeux qui s'écarquillent – d'horreur ? D'indignation ? Elle observe d'abord ses mains, dépouillées sans qu'elle ait pu riposter, puis son regard se pose sur le roi, sur le poing qui se lève, menaçant et qui s'apprête à s'abattre sur elle pour lui donner une leçon. Elle comprend qu'elle a échoué, et ça lui troue l'estomac et sa gorge se serre dans une tentative de tout refouler. Elle a échoué et elle déteste ça, elle déteste le fait de ne pas avoir pu le tuer, et elle déteste le fait qu'on la croit incapable de le faire. Gail Woodstock a déjà tué. Quatre fois. C'est peut-être dérisoire quand on compare avec les massacres des jackals, mais c'est la preuve qu'elle y arrive, que ça coule aussi dans son sang. Mais ce qu'elle oublie, c'est qu'elle, elle tue par nécessité. Elle tue pour se défendre et parce que ce sont les codes de la survie. Mais jamais, ô grand jamais elle n'a envisagé de le faire juste par plaisir. Or, c'est de ça dont il s'agit vraiment. Gabriel, il aimerait qu'elle y prenne goût, qu'elle s'imprègne de la cruauté de contrôler la vie des autres. C'est une forme de pouvoir qu'elle n'a fait que fantasmer jusque-là. Est-ce qu'elle en est vraiment capable ? Mettre un terme à la vie de quelqu'un juste parce que cette personne ne lui revient pas, jusque parce qu'elle en a envie...
Piégée par sa propre faiblesse, elle n'a d'autre choix que de lui tendre la joue. La violence qu'il est capable de déchaîner ? Elle l'accepte sans condition et est même prête à reconnaître ses torts. C'est dire le pouvoir qu'il avait sur elle. Mais le roi se fait violence et la punition ne tombe pas. Sûrement a-t-il conscience de ça, sûrement sait-il que malgré son apparente docilité, Gail a cette chose à l'intérieur, celle qui est prête à faire couler le sang si sa vie est vraiment en jeu. Cette chose gronde sous la menace, redonne un peu d'assurance à la jeune blonde qui bombe alors fièrement la poitrine, un air un peu plus déterminé sur le visage. "Je n'hésiterai plus." Elle tend la main et ses doigts serrent jalousement la crosse. "Je l'ai en moi. Tu sais que je l'ai en moi. Je ne serais déjà plus là sinon, n'est-ce pas ? J'ai juste besoin... Qu'on la réveille." Il lui faut des défis, il lui faut être mise en face de la réalité, il faut qu'elle intègre la notion de la nécessité de tuer et la chose se réveillera. Comme dans l'arène. Si Gabriel commençait à douter d'elle, alors elle se devait de lui rappeler qui elle était vraiment et qui elle pouvait vraiment être. Il n'y a qu'une seule façon de faire : replonger dans la frénésie meurtrière. Son doigt pointe l'arène en contrebas."Tu as des doutes ? Alors renvoie-moi là-dedans. Et vous verrez tous que j'ai ma place ici." Dans la cour des grands, là où les décisions se prennent, là où personne ne remet en cause votre autorité ou votre force. Et s'il fallait, pour s'asseoir à la table, prendre les pires décisions alors elle le ferait. Ici à Stonebriar, personne ne semblait accorder de l'importance à sa vie s'il fallait prouver sa valeur. Pour jouer le jeu des fous, il faut aussi perdre la tête.
Elle n'attend même pas qu'il réponde et lui arrache le flingue des mains avant de faire demi-tour pour prendre le chemin vers la folie. Ou vers la mort. Gavin lui en voudrait sûrement. À condition qu'elle s'en sorte évidemment.
Spoiler:
Bonjour, je fais n'importe quoiiiii. & j'ai la désagréable impression qu'il va pas l'en empêcher.
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Sujet: Re: the reaper Jeu 13 Avr - 10:27
Il est si plein de fureur, furieux contre elle et furieux contre lui. Il est si proprement inapte à la frapper que sa rage double ; il lui veut tout le mal qui lui fera du bien, à lui, il lui veut tout le mal qui le soulagera d'être enchaîné à elle. À chaque syllabe qui coule des lèvres de Gail, Gabriel sent pourtant sa patience qui ronronne sous le timbre. Il la croit, ou tout du moins il veut la croire. La conviction, profonde et invincible, qu'elle peut marcher de son côté du charnier, qu'elle peut vivre aux dépens des autres, est incrustée dans son crâne. Les frère et sœur Woodstock ont une chose précieuse, très rare. Plus que de la préserver, Gabriel se sent le devoir de l'encourager, de l'exciter, de l'accroître. Et tant pis s'il doit en passer par cette sourde frustration, cette hargne brûlante et le sentiment galopant qu'il ferait mieux de lui coller le canon du flingue dans le fond de la gorge et de presser la détente à voir le cerveau de cette fille se répandre sur le sol par la béance.
Gail dit tout ce qu'il veut entendre avant qu'il ne songe à le réclamer. Les pupilles de Gabriel fouillent les siennes en silence. Des effluves de métal et de sang dans le nez, il reste planté là, à retenir l'arme dans son main, sans approuver ni non plus prétendre qu'elle lui ment. Il est perclus par les sermons de Marisa, qui voudrait tant qu'il relâche les gamins dans la Nature – ou, selon les mêmes vœux qu'Irina, qu'il les renvoie froidement se faire mâchonnés dans l'Arène. L'éclat dans le regard de Gail veut le persuader du contraire. Et il se rend à cet éclat. Comme s'il les voyait encore, elle et son frère, se battre pour se sauver l'un l'autre, Gabriel capitule volontiers. Il ferait aussi bien de le dire tout de suite... Quelque chose le retient, sans qu'il comprenne quoi. C'est trop tard, alors, parce qu'elle lui échappe. Elle dit qu'elle retournera dans l'aire de jeu et elle entame presque immédiatement de le faire. Les phalanges de son enseignant se referment sur le vide, en même temps qu'il grogne entre ses mâchoires serrées. Oh, il devrait la laisser faire, accomplir sa bravade et voir combien de secondes elle mettrait à la regretter... Combien de secondes avant d'être blessée ? Et combien avant d'être tuée ? Cette perspective est insupportable pour le Roi : quelle rançon est-ce de les avoir aidés à survivre, de les avoir fait survivre, si c'est pour que l'idiote aille se faire mourir, sur un suicide, sur un orgueil ? Aussi le Jackal se jette-t-il dans ses mains. D'abord, il l'attrape par le coude. Puis l'épaule. Et, finalement, Gail est fragile entre ses doigts. Il la pousse brutalement contre un de ces pylônes gigantesques qui soutiennent Stonebriar tout entier. « Au cas tu l'aurais oublié, t'étais pas seule en bas. » Gabriel gronde et lui reproche comme on le ferait à une enfant – ce qu'il n'a jamais fait avec sa propre fille. « Tu sais combien de temps ça m'a pris avant de pouvoir descendre seul ? » Étant sous-entendu avec une chance à peu près correcte d'en sortir. Sa sœur le désapprouve avec toujours autant de violence, et lui ne se départit pas de son goût de le faire. Survivre à l'Arène n'est pas seulement exceptionnel, c'est revigorant : ça réagence la peur, la colère et la détermination, ça reconstitue l'essence, remet les évènements en perspective, redonne du sens à chaque minute passée à seulement respirer. L'Arène, c'est la vie dans son plus pur aspect, intimement proche de la mort. « Tu te crois vraiment capable de ça alors que t'es juste pas foutue de buter ce porc, là-bas, qui te serait tellement passée dessus que t'en aurais oublié le nom de Gavin... ? »
Spoiler:
Heureusement, le roi est bon prince. :marisa: Enfin, presque.
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Sujet: Re: the reaper Sam 22 Avr - 14:01
Pas après pas, sa détermination est comme une flamme au vent. Elle vacille, tente de résister à la voix de la raison qui supplie de s'arrêter là plutôt que de se livrer à une armée de rôdeurs. Mais la peur de décevoir encore une fois Gabriel est plus forte et lui fait presser le pas. Elle ne veut pas et ne peut pas se permettre de perdre l'attention du roi, autrement, c'est tout Stonebriar qui lui tomberait sur la gueule. Et il n'y a pas qu'elle... La vie de son frère est également en jeu, et c'est la plus grande responsabilité qu'elle porte. Ce qu'elle fait, c'est pour Gavin. Alors le feu retrouve un peu de panache et elle avance, pleine de conviction, jusqu'à ce que la poigne du Rosario se referme autour de son coude et la tire en arrière. Elle finit par s'échouer contre un des piliers et elle serre les deux pour pouvoir encaisser le choc. Il est loin d'être tendre avec elle. Les reproches lui tombent dessus et son air désorienté trahit son incompréhension. Damned if I do, damned if I don't. Que veut vraiment Gabriel Rosario ? Une question à laquelle lui-même ne saurait répondre. Il veut qu'elle s'endurcisse rapidement, mais ne la laisse pas aller au bout de ses tentatives. Il veut qu'elle vive mais menace de l'achever à tout bout de champ. La confusion finit par arracher une moue à Gail. Elle se redresse et ses yeux dérivent vers le corps de celui qu'elle n'a pas réussi à tuer. La remarque du roi lui arrache une grimace alors que des souvenirs désagréables se rappellent à elle. Des porcs, elle a déjà connu par le passé et elle a déjà mis fin à leur vie. Des porcs lui sont déjà passés dessus et elle n'en a pas oublié Gavin pour autant. Ce porc-là ne serait arrivé à rien. On ne peut pas briser ce qui est déjà en morceaux.
"Il FAUT que je fasse quelque chose pourtant. Pas seulement pour toi, mais pour leur prouver que je mérite de survivre. J'y suis arrivée pendant longtemps, je peux encore le faire." Et le ton monte peu à peu. Fatiguée des réprimandes, lasse d'être sous estimée, elle serre les poings et s'emporte. "Qu'est-ce qu'il faut faire pour se faire respecter dans cet endroit ? Buter le premier qui nous revient pas ? Se mettre en danger juste pour le plaisir ? J'en ai marre des types qui pensent pouvoir prendre des droits sur moi, j'en ai marre de les fuir pour tomber sur trois fois pire. Alors dis-moi, est-ce que tu veux m'aider ou est-ce que tu veux m'écraser toi aussi ? Est-ce que tu veux m'apprendre à me défendre ou est-ce que tu veux m'exploser la cervelle ? J'ai besoin de savoir, parce que je peux pas apprendre uniquement par la peur." Gabriel et Marisa n'ont pas peur, et elle, elle ne peut pas s'approcher de la grandeur de la reine si elle ne s'affranchit pas de cette crainte.
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Sujet: Re: the reaper
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