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Beckett Wills
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MessageSujet: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyMar 28 Fév - 16:09

Beckett & Elanor
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La saison de la grippe – depuis combien de temps Beckett n’avait pas pensé à quelque chose d’aussi bénin qu’un peu de fièvre et la gorge entravée par le froid de l’hiver ? – l’avait surpris sans doute autant que les premiers cow-boy autoproclamés envoyés chez les olympiens pour endiguer l’épidémie.  De ses journées passées en solitaire si ce n’était des quelques larbins allant et venant pour entretenir les écuries, l’ancien itinérant n’était pas assez en contact avec ses congénères pour s’en voir affecté de leurs états de corps, et des murmures d’une épidémie aussi insignifiante que meurtrière en ces temps de précarités, il n’avait trouvé en cette grippe qu’un prétexte de plus pour s’éloigner des quelques bavards qui venaient encore lui parler. Dire qu’il n’aimait pas sa vie au ranch aurait été un mensonge, le simple fait d’être nourri et logé suffisait à acheter sa loyauté et bien plus, mais il en était dans ses journées où sa tête lui demandait à s’isoler pour ne pas complètement exploser,  à croire que de rester trop longtemps au même endroit, à voir les mêmes têtes, à faire les mêmes choses finiraient par le rendre fou. C’était le besoin de prendre une pause qui le poussa à sortir des limites du ranch, se perdre quelques instants sur les chemins à laisser les rênes lâches d’une monture qui savait pertinemment où elle devait aller, l’excuse trouvée pour s’échapper sans éveiller de soupçon avait été d’aller prendre nouvelle des malades, comme si on ne pouvait attendre que quelques bonnes âmes de l’Olympe viennent les délivrer d’eux même – mais c’en était précisément une qu’il avait en tête, amas de cheveux d’or qui s’évertuait à l’esquiver, venir fouler les terres devenues siennes après qu’elle les ai fui sans pourtant venir lui déposer ne serait-ce qu’un regard. Il avait envie de la voir depuis longtemps, déjà, mais, le dos courbé pour couper de la corne ou les mains à marteler sur les clôtures, Beckett avait toujours trouvé des excuses pour ne pas laisser advenir ce qu’il pensait être de la faiblesse, sans doute ne comprenait-il pas que pour continuer à survivre à cette apocalypse fallait-il plus qu’une force physique, et revoir Elanor ne serait-ce qu’une poignée de secondes suffirait à lui remettre les idées en place.

Arrivé au village qu’il ne connaissait que trop peu, il se laissa vagabonder en essayant de se souvenir des quelques indications qu’on lui avait donné au ranch pour ne pas se perdre et essayer de rentrer avant la nuit – pas que les rôdeurs ne préfèrent sortir une fois la nuit tombée, mais sans doute pour que les quelques guetteurs ne viennent pas à lui tirer dessus à cause du manque de visibilité – avant d’apercevoir l’ancien cabinet vétérinaire qui accueillait maintenant l’infirmerie, reconnaissable à sa vieille croix verte prête à s’effondrer. Il y laissa le cheval à l’entrée, l’attachant grossièrement à ce qu’il pouvait trouver, mais il imaginait mal les quelques badauds qui déambulaient dans la rue avoir l’idée de voler un cheval du ranch, si en ce moment les alliances étaient au beau fixe entre les deux groupes, tous savaient qu’il en fallait peu pour chatouiller les Rhodes et leur paranoïa. Pénétrant dans la pièce sans vraiment y penser, son cœur n’eut pas le temps de se serrer en l’apercevant que, déjà, un sourire en coin vint orner son visage, prêt à embêter cette petite boule qui trouvait toujours assez d’énergie pour ne pas sombrer dans la morose collective. « On m’envoie aux nouvelles, » rien de tel qu’un petit mensonge pour renouer le contact, il ne l’avouera jamais mais elle se doutera bien à le voir aussi loin du ranch qu’il ne serait pas venu s’il n’en avait pas eu l’envie « tu nous as tué personne depuis la dernière fois, princesse ? » Il ne se donna pas la peine de s’épancher dans des retrouvailles, sans doute parce qu’à y penser presque tous les jours, c’était comme s’ils ne s’étaient jamais vraiment quittés.

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Elanor Barnes
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyMar 7 Mar - 15:31


beckett & elanor



and there will come a time, you'll see, with no more tears. and love will not break your heart, but dismiss your fears. get over your hill and see what you find there, with grace in your heart and flowers in your hair.

Debout aux aurores, elle travaille sans relâche, garde l’esprit occupé, évite à tout prix de laisser sa tête vagabonder. Elle prend soin de ses patients, leur offre des sourires réconfortants, débordant d’une sincérité presque dérangeante. Elle n’est pas comme les autres. Consciente de la souffrance, consciente de la mort qui empoisonne chacun de ses pas, elle sourit pour donner un peu d’espoir. Elle sourit pour y croire encore et se persuader que demain sera plus brillant. Noyée dans un tourbillon d’illusions, elle y croit presque Elanor. Elle se sent utile, accompagne ses sourires de quelques mots apaisants. Cette épidémie de grippe ne dura pas. Ce n’est d’ailleurs pas une épidémie. Quelques cas plus virulents que d’autres, voilà tout. Elle espère voir les Riders quitter la ville rapidement et ainsi retrouver un calme relatif. Elle espère parce qu’espérer c’est tout ce qui lui reste. Petit bout de femme pas bien utile en dehors des murs de l’infirmerie, elle essaie de s’affirmer, de prendre position. Les morts se succèdent et les départs précipités n’ont rien arrangés. Son esprit divague, pense à tout ceux qu’elle a perdu et sa gorge se serre. Elle respire un grand coup, ne peut pas se montrer aussi faible. Pas ici, pas maintenant. Elle attendra que le soleil se couche. Dans la solitude de sa chambre, dissimulée par les ombres de la nuit, elle laissera la pression retomber et les larmes couler. Mais pour l’instant, elle se tient bien droite dans son rôle d’infirmière, elle y croit et elle sourit. Elle ne pense à rien d’autre, ne peut pas, ne se l’autorise pas. Il n’y a que le moment présent et les ennuis de la minute. Elle ne peut pas regarder dans le passé et encore moins dans l’avenir. Elle n’a pas le temps pour ça. L’instant présent la tient occupée, elle est certaine de maitriser la situation. Douce illusion.

Elle jette un regard circulaire à la pièce, s’assure que tous les malades sont traités, vérifient qu’ils dorment, respirent encore. Dans la salle adjacente, elle entend Iris discuter gaiement avec un patient. Tout est tranquille et elle soupire, soulagée que la journée n’apporte aucune crise. Elle profite de cette accalmie pour vérifier les stocks de médicaments. Faibles mais suffisamment importantes pour terminer le mois. Elle prend le temps de faire tremper des bouts de tissus dans de l’eau chaude. Et c’est là qu’elle entend quelqu’un entrer et sa voix résonner dans sa tête. Elle se fige, le cœur battant, sa respiration accélérant sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle s’essuie les mains à l’aide d’un linge propre et se retourne pour lui faire face. « Ne m’appelle pas comme ça. » Elle déglutit, mal à l’aise. Son cœur ne semble pas décider à vouloir se calmer et son corps refuse de bouger. Elle se contente de le regarder, espérant presque qu’il disparaisse, comme une chimère qui viendrait hanter ses nuits. « Tu peux vérifier. Tous les Riders qui sont venus récemment sont encore ici. » Sa petite voix résonne dans la pièce. Elle n’a rien de sûre, rien de confiant. Elle se tord les doigts, nerveuse. Perturbée de le voir mais encore plus de l’entendre lui parler comme si rien n’était jamais arrivé. Comme si elle ne l’avait pas laissé. Comme si il ne l’avait pas regardé partir sans rien faire. Les mois avaient passé et elle s’était fait une raison, s’était construit une nouvelle vie ici à Olympia. Sans jamais se retourner, elle garde dans un coin de sa tête le souvenir de ces années passées à deux. Et elle ne peut pas s’empêcher de mordiller sa lèvre inférieure et de demander avec sa douceur légendaire. « Est-ce que tu vas bien ? Tu n’es pas… » Elle ne finit pas sa phrase, certaine qu’il sait déjà ce qu’elle veut lui demander. Il n’a pas l’air malade. Au contraire. Elle baisse les yeux sur le plancher, concentre son regard sur ses chaussures usées par le temps.

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Beckett Wills
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyJeu 9 Mar - 1:55

Beckett & Elanor
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La nervosité d’Elanor était visible par delà même sa voix pincée, encore Beckett préférait prendre ainsi les signes de son épiderme tendue et son teint rendu rose sûrement par la surprise de le revoir, sa poitrine soulevée de quelques soubresauts anormaux à la vue du fantôme qu’était le maréchal – il ne se donnait même pas la peine d’être un revenant, sans doute serait-il reparti dans quelques heures, trop grégaire pour se retourner et lui faire un signe de la main pour apercevoir son sourire une dernière fois avant de retourner s’enfermer au ranch. Elle se tordait les doigts tout en essayant de s’élever contre lui de quelques injonctions qu’il ne respecterait pas avant de laisser s’échapper son regard tout en ramenant la conversation à la première banalité qu’il avait lancé, à peine avait-elle vu surgir une blême émanation du passé qu’elle l’avait puissamment balayé d’un coup de main avant de se retrancher derrière ses défenses de petite fille, pas vue pas prise. « Je te crois, t’as toujours été douée pour jouer à l’infirmière, » puis, maladroitement, comme pour ne pas que son langage au coffrage brut ne soit mal interprété maintenant qu’elle n’y était plus habituée, il rajouta un semblant de compliment mal fagoté mais pourtant sincère « la preuve, t’as réussi à me garder en vie jusqu’à ce qu’on arrive au ranch, c’était pas gagné au départ. » Beckett et sa tête de bois, autant qu’il aimait à être seul, n’aurait sans doute jamais survécu de ses manques de précautions sur la route pour le mener ici si la cascade blonde n’avait pas été là pour recoudre chacune de ses coutures, n’avait pas eu la patience de désinfecter chacune de ses plaies quand lui se contentait d’y passer un peu d’eau des rivières polluées qu’il pouvait croiser. S’il était assez forcené pour survivre aux rôdeurs et autres pillards à la forme humaine mais dont l’âme avait été perdu lors de l’épidémie,  il manquait de bien des bases d’hygiène dans un monde où la terre, l’air et l’eau n’étaient pas propices à un retour aux sources. « J’irais mieux si tu faisais pas la gueule quand je t’appelle Princesse. » Il plongea ses mains dans ses poches tout en s’approchant des lits de quelques malades, la fausse attention qu’il tenta de porter aux quelques bougres endormis, sans doute assommés par les médicaments, était une des plus mauvaises comédies jamais jouée, mais la manœuvre lui permettait de se rapprocher de la gosse qui faisait encore des manières, comme s’il lui avait fait quelque chose d’horrible en la laissant partir après avoir pris soin d’elle pendant des années, à être sûr qu’aucun des décérébrés n’iraient la croquer – et qu’aucun des hommes qu’il pouvait rester ne viendraient la briser et le faire pleurer. Elle avait voulu partir, elle était partie, à se plaindre du ranch il préférait la savoir là où elle pouvait être vraiment utile plutôt que sous la coupe des cavaliers crasseux ou des propriétaires du ranch, pas forcément plus fréquentable, il ne comprenait pas cette réserve qu’elle pouvait avoir, lui, même s’il ne le montrait pas, était content de savoir qu’elle était encore en un seul morceau – raison de plus d’arrêter de s’en faire, qu’elle pouvait se débrouiller sans lui, bien que l’idée continuait de chatouiller son ego. Elle était bien plus douée que lui pour se fondre dans la masse.

« Mais ouais, ça va, toujours la même chose, au ranch. » Il s’éloigna du lit d’un dans malades quand il en reconnu le pauvre qui y roupillait – un gars qu’il n’aimait pas, sans raison particulière. Il avait la tête d’un fuyard, trouillard, pas le genre en qui on puisse avoir confiance, et, heureusement, il ne traînait jamais près des écuries, mais de voir son faciès insupportable au campement était parfois trop pour Beckett, il était presque déçu de le savoir ici plutôt que mort. Il se retrouvait près d’elle, au milieu de la pièce, les mains toujours dans les poches, pas totalement sûr qu’Elanor n’ai envie de ses grosses mains sur sa peau de nacre – c’était sans doute là le charme du lourdaud, il était comme une bête féroce qui pouvait vous croquer d’un coup de mâchoire si seulement il était au courant qu’il avait des dents, au lieu de ça, il observait sa proie à se demander si elle n’allait pas s’offusquer qu’il lui dégueulasse son chandail. « Arrête de regarder par terre, je m’entretiens pas trop, mais quand même, j’ai pas une si sale gueule que ça. » Son visage était tordu par un début d’irritation, sa bouche emmenée sur le côté par une moue un peu boudeuse, finissant par essayer de tirer les vers du nez de celle qui semblait avoir perdu sa langue. « Et toi, ça va ici ? » Il se souvenait encore d’après-midis à marcher où il était impossible de la faire taire, au point qu’il ne l’écoutait plus, maintenant, il avait l’impression que sa voix était comme une source tarie de laquelle il essayait vainement d’extraire les dernières gouttes d’eau.

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Elanor Barnes
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyVen 10 Mar - 14:48


beckett & elanor



and there will come a time, you'll see, with no more tears. and love will not break your heart, but dismiss your fears. get over your hill and see what you find there, with grace in your heart and flowers in your hair.

Prise au piège, enfermée dans son propre jeu, elle devrait se sentir en position de force. Il débarque dans son univers, est entré dans sa nouvelle vie d’un pas ferme, déterminé. Elle devrait dominer la situation parce qu’elle est ici chez elle, que l’infirmerie est son terrain de jeu. Mais comme toujours, elle le laisse prendre le dessus. Les mots lui manque à elle qui sait se montrer si bavarde et qui, avec le temps, a appris à lui faire la conversation. Aujourd’hui, c’est lui parle et lui reproche ce silence trop pesant. Elle lui offre un sourire timide, souvenir lointain d’un temps où il était le seul à pouvoir en bénéficier. Elle replace une mèche dorée derrière son oreille en haussant les épaules. Elle ne trouve rien à dire, fragile petite poupée à qui on a arrachait la langue. Elle reste muette, encore abasourdie par sa présence. Elle jette un regard sur les malades, s’assurant rapidement qu’ils dorment, ou sont évanouis. Elle ne veut pas d’une oreille indiscrète et s’inquiète d’Iris de l’autre côté du mur qui pourrait tout entendre, être témoin de la scène. Elle ne parle jamais de lui. Personne ne sait. Fantôme du passé, chimère de ses rêves, il n’est qu’une ombre lointaine, une sensation flottante au-dessus de son épaule. Elle garde jalousement ce secret, un chevalier pas si galant que ça qui la tient en vie.

Gamine trop rêveuse, elle a finalement trouvé son petit paradis, son refuge ultime. Son utopie presque réelle, elle touche du doigt une vie pratiquement normale. Beckett lui rappelle douloureusement ce qu’elle a laissé derrière les murs d’Olympia. Elle ne peut plus le supporter. Ce regard incisif, ces prunelles trop profondes qui l’examinent, la rendent si vulnérable. Gamine effrayée, Elanor a le regard vissé sur le sol, petite fille qui ne sait pas comment se comporter. Fautive, elle est l’unique raison de sa présence ici. Fuyarde au cœur meurtri, responsable de la situation présente, elle n’aime pas sentir son regard peser sur elle. Et même si il ne nourrit aucun ressentiment à son égard, elle ne peut s’empêcher de se blâmer pour tout. « Je ne suis pas sûre d’être la seule raison de ta survie. » Elle en est même certaine. La vie sans elle doit être moins compliquée. Il n’a plus personne dans les pattes, plus personne à qui dire les choses. Personne à qui penser. Il peut se concentrer sur lui et mieux se protéger. Elle se convainc de tout ça chaque soir en fermant les yeux.

Elle l’écoute presque autant qu’elle écoute son cœur battre et sa respiration résonner dans sa tête. Elle sait que le ranch va bien et que ses habitants prospèrent. Enfin, jusqu’à présent. L’épidémie qui se répand va sans doute très vite changer la donne. Elle se surprend à s’inquiéter pour Jaja, le petit poney que Caden lui a offert. Dieu sait ce qu’Abel pourrait faire à la pauvre bête ! Elle relève brusquement la tête tandis qu’il l’accable d’un demi-reproche. Elle réalise alors sa proximité et combien finalement il lui avait manqué. Des années sur la route, rien qu’à deux, à forger une relation, à se faire confiance. Et puis, du jour au lendemain, elle avait tout balayé d’un trait rageur sur le papier. Elle préférerait presque qu’il la déteste, lui reproche cent fois son départ silencieux et brutal, son manque de reconnaissance. Ni l’un, ni l’autre n’est capable de ces sentiments violents de haine. Elle a longtemps préféré se mentir. Le mensonge avait grandi jusqu’à devenir insupportable. Elle continuait de raconter à qui voulait l’entendre qu’elle était partie pour lui rendre sa liberté de mouvements. Mais elle ne parvenait plus à raconter cette histoire à sa tête. La peur grandissante dans son cœur, la plaie à nouveau grande ouverte, elle saigne. Et c’est cette peur qui l’a poussé à partir, à mettre de la distance entre eux. Trop effrayée à l’idée de le laisser pénétrer son intimité, gamine sans défenses. Elle ne veut plus de ce sentiment contradictoire qui l’a déjà brisé une fois. Elle ne peut pas laisser l’amour l’affaiblir encore. Tétanisée, elle était partie sans se retourner et avait entouré son cœur d’illusions bancales, de mensonges à peine croyables.

Elle sourit. C’est plus fort qu’elle. Sourire c’est tout ce qu’elle sait faire. Consciente que les autres ont besoin de ce petit signe de bonheur qui réchauffe le cœur, elle distribue ses sourires comme autant de pétales de fleurs. Elle sourit, avec ou sans conviction, mais toujours avec l’envie de rendre les autres heureux. « Tout va bien. Je suis utile ici. Et puis, j'ai des amis. » Elle lui ment, refuse de parler des événements difficiles survenus et des épreuves traversées. Pas tout à fait remise des attaques, elle préfère le laisser ignorer les faits. Elle finit par supprimer la distance qui les sépare et, sur la pointe des pieds, elle tend le bras, vient délicatement poser sa main droite sur la joue de son Beckett et essuie d’un mouvement doux du pouce une tache boueuse de son visage. « C’est mieux comme ça. » Son sourire illumine son visage tandis que son cœur s’affole, battements incontrôlables, incompris. Elle laisse sa main redescendre et ses pieds toucher à nouveau le sol.

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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyMer 15 Mar - 3:00

Beckett & Elanor
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Il accueillait son sourire comme il aurait pris soin d’une bonne nouvelle, laissait ses pupilles s’attarder jusqu’au froissement de ses lèvres pour mémoriser comment son visage était influé par la dynamique d’une bonne intention – elle avait toujours cet air triste caché au fond des iris, comme si les souvenirs de son ancienne vie ne l’avaient jamais vraiment quittés quand Beckett s’était résolu à exister dans le chaos, mais pourtant ses pommettes rendues saillantes par le croissant de lune qui ornait ses lèvres était comme une pommade sur tout les événements qui l’avaient fait saigner récemment. Il mémorisait ce sourire qu’il connaissait déjà par cœur, rajoutait à sa mémoire les quelques détails de l’infirmerie derrière les cheveux d’or en bataille d’Elanor, comme un nouveau moment à ajouter à sa collection de réminiscences, bibliothèque cachée au fond de sa boîte crânienne qu’il n’ouvrait que la nuit, quand il se sentait seul, quand il se demandait encore pourquoi il restait là. Il avait une bonne raison de ne pas mourir, ne voulait pas se transformer en ces trucs qui boitillaient et puaient, et il n’en avait plus qu’une seule de rester, Elanor. Il n’avait pas imaginé qu’elle puisse être aussi timide à son retour, et il se demanda quelques instants comment cela équilibrait à nouveau la balance. Pourquoi rester, quant à lui seul et un peu de prudence il pourrait finir par trouver un autre endroit, peut-être un où les terres étaient encore assez riches pour que du blé pousse encore, des grandes étendues vertes pour que les vaches donnent assez de lait pour un campement d’une centaine de personnes. Il avait en tête les images des prairies du Kentucky, bien avant que le monde tel qu’il le connaisse n’explose, et sans doute était-ce là bas qu’était partie son ancienne amante, celle qui au cirque venait s’échouer dans son lit. Il n’avait plus pensé à elle depuis des années, sans doute quelque part sur les routes quand Elanor avait commencé à être trop bavarde pour qu’il puisse encore penser en paix. Il aurait presque pu frisonner de se remémorer des visages oubliés, se sentait bête, à attendre là, entre les mourants et des murmures de l’autre côté de la cloison, que son cerveau ne se décide à prendre quelques décisions en fonction de créatures qu’il ne ferait qu’encombrer de sa maladresse – lui qui avait toujours mis un point d’honneur à vivre seul, être indépendant, il avait fallu que tous lui tournent le dos pour qu’il se rende compte que ses mains calleuses ne suffiraient pas à vivre. Survivre, c’était tellement simple, mais il n’y avait plus de bar au coin de la rue dans lequel allait diluer sa paye, plus de cinéma aux séances de minuit peu fréquentables, plus aucune représentation le soir ni de route à reprendre au petit matin. La nouvelle timidité d’Elanor lui lança en plein visage à quel point il était dur de continuer à vivre en marge d’une société qui n’était plus, et, comme à son habitude, la vérité claqua sur ses airs de benêt comme une gifle qui le sortit de ses pensées : incapable de bouger en même temps que le monde, il se retrouvait encore larbin, larbin des Rhodes et de leurs montures capricieuses, larbin des prunelles bleutées de la gamine qui semblait tenir tout l’espoir qu’il avait au creux de ses mains.

Pourtant, en un geste simple, elle balaya toutes ses inquiétudes, se hissant sur la pointe des pieds pour venir dégager son visage d’une tâche de boue sans doute déposée là par les sabots de son cheval, il en était presque surpris du toucher brûlant de l’infirmière – parce que personne ne se permettait ce genre de familiarité à part elle. « Tu mens mal, princesse. » Ce fut tout ce qu’il se contenta de dire alors qu’il n’osa pas attraper sa main pour prolonger le contact qui lui avait semblé bien trop court. Refusant de se laisser ensorceler par des sorts qui l’avaient déjà fait succomber, il se laissa à s’asseoir sur un des lits près de lui, faisant à peine attention de ne pas écraser les pieds de celui qui y était. Il l’accusait de mentir quand lui même auparavant lui affirmait aller bien – il n’allait pourtant pas mal, pas assez mal pour s’en rendre compte, et il ne voulait pas croire aux mensonges de la gamine quand il plongeait tête la première dans les siens. Il aurait dû dire : nous mentons mal mais Beckett n’était pas théoricien, à peine savait-il quelque chose des scènes de théâtre qui parsemaient sa vie. « C’était mieux avant, quand on était ensemble, » et il refuserait d’entendre autre chose, aussi convaincante pourrait-elle se montrer à plaider sa cause, même des larmes ne le feraient pas changer d’avis, pourtant les quelques perles de nacres qu’il avait pu l’entendre échapper quand elle se pensait silencieuse dans les nuits sans bruits de la route étaient sans doute ce qui l’avait poussé à accepter de venir se perdre ici, il hésita à laisser sortir d’autres inepties de sa bouche, mais se ravisa d’un « y’a trop de monde ici. » Il y avait toujours trop de monde depuis qu’ils avaient quitté leur vie en solitaire, même quand il se retrouvait seul à s’occuper des chevaux trouvait-il que les quelques bruits lointains étaient trop à supporter. Il essayait d’accrocher ses pupilles de charbons aux iris océans d’Elanor, se foutait maintenant de froisser le moment de tendresse qu’aurait pu être leur retrouvaille – sa joue le brûlait encore, comme si l’endroit en contact avec les doigts d’Elanor était devenu un désert de glace, vents de solitude qui le poussaient à demander des réponses, il était énervé de la distance qu'elle laissait entre eux mais assez apaisé par son contact pour ne pas imploser, rendu confus par les signaux contradictoires que lui envoyait l'ancienne cavalière. « Pourquoi tu ne viens pas me voir quand tu passes au ranch ? » chuchota-t-il, comme si, tout à coup, il avait peur qu’on les entende, peut-être un soupçon de tremblement au fond de la voix quand il se donnait des airs de diva vexée pour ne pas laisser surgir les larmes qu’il retenait. Assez des mensonges, assez de la fausse prestance, assez de ses pérégrinations hasardeuses dont il ne connaissait rien des motivations, dans le silence et le secret de la chambre des malades, il était un chien enchaîné à la lune, en aboie aux réponses, à demander ce qu’il avait bien pu faire de mal pour qu’on le punisse ainsi.  
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Elanor Barnes
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyJeu 16 Mar - 21:47


beckett & elanor



and there will come a time, you'll see, with no more tears. and love will not break your heart, but dismiss your fears. get over your hill and see what you find there, with grace in your heart and flowers in your hair.

Dans la retenue, les gestes hésitants, les mains presque tremblantes. Après toutes ces années passées à deux on pourrait croire que rien ne peut se mettre entre deux êtres. Erreur. Elle impose une certaine distance, mal à l'aise, pas certaine qu'il apprécie encore son toucher. Après des mois et des mois d'absence, de silence, elle ne sait plus où est sa place. Seule fautive de la situation, elle est déstabilisée par autant de calme. Elle aurait presque préféré des cris, qu'il la pointe du doigt, la déteste, même pendant un court instant. Mais pas ce silence gênant, pesant. Pas ces quelques mots vides de sens qu'on se balance entre voisins. Après tout ce temps, les voilà à nouveau devenu des étrangers. Elle avait appris à apprivoiser Beckett et sa brutalité animale. Elle avait su un jour quand se taire et quand élever la voix. Elle savait exactement quand il ne voulait pas parler mais seulement écouter sa voix lui chanter quelques airs d'antan. Elle avait exploré sa peau blessée, recousu ses plaies à vif, nettoyé le sang. Elle avait osé se perdre dans le silence et dans ses regards. Il lui avait sauvé la vie, encore et encore. Elle s'était accrochée à ses mains caleuses, la gamine trop fragile qu'il aurait dû abandonner au bord d'une route. Elle s'était accrochée de toutes ses forces jusqu'à ne plus pouvoir se mentir à elle-même. Et les voilà, des mois plus tard à se raconter des conneries. Ils ne devraient pas se contenter de banalités. Ils devraient en vouloir plus. Elle n'exige rien. Elle le laisse prendre de la distance, ne le rattrape pas. Trop faible, trop fragile, elle sourit tristement, et pendant quelques secondes, jette un œil vers le sol. Il prend place sur un lit, se met presque à sa hauteur, lui évite de lever le nez en l'air.

Leur route avait été parsemé d’embûches et ensemble ils avaient toujours pu s'en sortir. Le ranch et sa vie mouvementée s'était finalement mis entre eux. Ils avaient retrouvé un semblant de vie mais ça ne suffisait pas. Pas épanouie pour un sous, elle aspirait à mieux Elanor. Incapable d'affronter son regard, d'y déceler la moindre pointe de tristesse ou l'inévitable déception, elle a préféré fuir sans se retourner. Et, avec chaque lever de soleil, elle regrette cette décision. Elle sourit de ce sourire si rayonnant et pourtant si triste. Elle ne se cache pas. Pas avec Beckett. Seule personne au monde a avoir le droit à ses petits moments de vérité, à son vrai visage qu'elle ne dissimule plus derrière un masque de joie. Son cœur menace de rompre, elle le sent se serrer dans sa poitrine, en a le vertige. « C'est vrai. » Rien qu'un souffle, un aveu, difficile mais nécessaire. Une réalité qui lui vient du cœur. « Mais on ne peut plus partir. Ça ne peut plus être juste toi et moi sur les routes. On doit se construire une vie. Une vraie vie. » Elle y croit Elanor. Elle voit cette vie se construire peu à peu, même à travers les moments difficiles. Le regard tourné vers le futur, elle croit encore que le monde peut trouver son salut. Dans ses yeux brille le feu de l'espoir. Un espoir fou, peut-être un peu bête. Et ses iris aux reflets d'océan rencontrent les siennes faites d'un noir d'abysses. Elle s'y accroche, lui sourit avec l'espoir d'apaiser son cœur. Il lâche finalement la question qu'elle voulait éviter, qui lui donne un frisson et accélère son rythme cardiaque. Elle le regarde, incrédule, incapable de rassembler ses esprits. Elle décèle de la fragilité dans son murmure et elle panique quelques secondes, la voix chevrotante, la respiration encore incertaine. « Parce que c'est trop difficile. » Elle se mord la lèvre avec l'espoir fou que cela empêchera ses larmes de la submerger. Gamine trop fragile, trop émotive pour les grandes choses de la vie. Elle ne veut plus de cette conversation ni de ce regard qu'il lui porte. « Et puis, j'avais peur de ta réaction. » Elle se détourne juste à temps pour voir Iris entrer dans la pièce, l'air mal à l'aise. « Je ne veux pas vous dérangez... » Le regard sombre de la jeune femme passe de Beckett à Elanor sur qui elle s'arrête finalement. La petite tête blonde parvient à aligner quelques mots, la gorge en feu. « Je serai derrière en cas de besoin. » Elle adresse un signe de tête à Beckett, lui indique de la suivre et sort en silence vers l'arrière de l'infirmerie, à l'extérieur. Enfin dehors, elle respire profondément un air relativement pur. Un air qui sent la mort. Elle ne peut plus lui faire face, pauvre petite chose fragile qui voudrait disparaître, s'enfuir encore. Douée pour rien sauf pour courir et se cacher. Elle se concentre sur sa respiration, ferme les yeux tandis qu'elle l'entend bouger dans son dos.

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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyDim 26 Mar - 1:04

Beckett & Elanor
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L’aveu tiré à demi-mot lui permit de ressentir à nouveau l’air frais dans ses poumons, comme si de ces deux mots en demi-teinte avoués sans rage ni confidence la masse noire qui le consumait de l’intérieur avait été dissoute, en appuyant les délires de Beckett venait-elle de tuer le démon qui le rongeait, le repousser dans les ténèbres de son être pour le rendre inaudible jusqu’à leur prochaine séparation. C’est vrai. Un murmure soupiré entre les dents de son sourire qui la rendait à nouveau fragile, à nouveau humaine, ce petit bout de chair qu’il avait porté en regardant défiler les paysages pour que personne ne le mange, son bout de viande à lui qu’il avait dû partager une fois arrivé ici, qu’il avait dû laisser partir à se demander si les affamés avaient fini par l’avaler toute crue. Pourtant cela ne sonne que comme une douce caresse sur sa carcasse mourante avant de lui asséner le coup de grâce, à peine leurs regards qui se croisèrent ne permirent à Beckett de voir les failles dans ce nouveau mensonge qu’il prenait comme un reproche – se construire ici une vraie vie à défaut de s’en fantasmer une impossible dans un ailleurs qui n’existait pas. Mais ne s’était-elle pas rendue compte qu’il n’était pas de ceux qu’on pouvait mettre dans un petit baraquement et s’attendre à ce qu’il soit heureux de donner à la communauté ? Elle ne l’avait connu que dans son réel élément, le confort de la vie de nomade, et ce malgré la dissolution du monde, c’était en le ramenant à ce simulacre de civilisation qu’elle l’avait poussé à se perdre dans ce qui pour tout le monde était le dernier espoir, lui l’avait vécu comme une dernière violence de la part d’une vie de laquelle il n’avait jamais réussi à s’accommoder. La fin du monde non plus, n’était pas faite pour lui, quand Elanor et les autres semblaient s’accorder parfaitement dans une danse dont il ne connaissait pas la musique. Le malaise grandissait inexorablement entre eux à mesure que la distance semblait se creuser alors qu’aucun d’eux ne bougeait, Beckett stoïque sur un lit qu’il ne trouvait pas confortable, muré dans un silence dont il ne trouvait pas les mots juste pour en sortir et Elanor, sur ses deux jambes flageolantes, à se lacérer le visage pour ne pas perdre la face, il savait qu’ils devaient avoir l’air ridicule, à se regarder ainsi, essayer de justifier une histoire qui n’aura pas lieu, éloignés depuis trop longtemps des civilités pour encore être rompus à l’exercice de se parler comme deux adultes. C’était, au fond, pour cela qu’il regrettait leur grande escapade à travers le pays pour se trouver un havre de paix, pas d’étiquettes au fur et à mesure que leurs chaussures se défonçaient sur le sol, rien d’autre que des murs à faire tomber et de ponts à construire pour ne pas succomber à la division du continent.

Il était sur le point de se défendre, de se battre pour éloigner les préjugés stupides qu’elle aurait pu avoir de lui, mais il n’eut pas le temps de se redresser qu’ils n’étaient déjà plus seuls, un visage inconnu pour venir percer la bulle qu’ils avaient tant de mal à reconstituer autour de leurs corps étrangers, des malades aux yeux s’ouvrant difficilement au son des voix qui s’entassaient dans la salle minuscule, il prit soin suivre boucle d’or jusqu’à l’air frais duquel elle semblait s’enivrer sans fin, lui tournant le dos, comme si elle avait été prête à s’évanouir entre les baraquements et la boue qui constituait la si mauvaise nommée Olympia, prendre ses jambes à son cou pour disparaître derrière la ligne d’horizon sans jamais se retourner pour le voir une dernière fois. Il attendit quelques instants, parce qu’il ne trouve rien à dire sans avoir peur d’être surpris, écoutant les quelques bruits qui pouvaient les entourer sans jamais trouver assez de silence pour le briser, regardant la courbe de ses épaules en se demandant si elle n’allait pas, tout simplement se mettre à pleurer. Est-ce que c’était trop, pour des retrouvailles ? Il n’était pas sur que cela en soit, à peine quelques bribes échangées avant qu’on ne se rappelle à eux sous la forme d’une infirmière au regard douteux, comme pour bien lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu ici, responsable d’un mal qu’il ne se souvenait pas avoir causé. Il posa une main sur son épaule fragile, presque squelettique, celle dont le visage d’enfant s’était creusé au fil du temps pour ne jamais reprendre les airs de chérubins qu’il avait la première fois qu’il y avait posé les yeux, pourtant il s’éffrontait à toujours lui donner des sobriquets d’enfants, sa princesse, la gamine, autant de raison de ne pas la voir comme la femme qu’elle était pour tout rendre plus simple, avant que sa seconde patte ne vient se refermer sur son autre épaule libre en imitation de la première. Il était avide de ce contact retrouvé, ne pouvait s’empêcher de ramener ce petit corps contre le sien pour l’emprisonner dans ses bras d’une étreinte bienveillante, leur écart de taille lui permettant de poser allégrement son menton sur le haut du crane blond alors que ses poignets barraient la petite poitrine dont il pouvait maintenant entendre le rythme à travers les tissus en mauvais états qui les habillaient. « Comment ça, peur de ma réaction, j’suis pas un animal sauvage qui s’est échappé de sa cage, j’allais pas te sauter à la gorge non plus. » Il était comme un être difforme qui avait laissé partir la seule âme assez bonne pour s’occuper de lui malgré son physique répugnant et se languissait de son retour, apeuré qu’elle ne revienne entourée de villageois prêt à le faire brûler. Il avait toujours cette désagréable sensation qu’on le regardait mal dès qu’il lui arrivait de mettre un pied hors du ranch, comme si à Olympia tous les cow-boy échappés le temps d’aller aux nouvelles avaient répandu la sale rumeur qu’il était la raison de sa fuite des riders, qu’il était l’affreux qui l’avait poussé à s’envoler d’un nid qu’il aurait rempli de ronce pour qu’elle n’arrive plus à s’y endormir quand avant son corps était la plus chaude couverture contre laquelle elle pouvait se blottir. « Je sais pas vraiment comment j’aurais réagi. J’attendais juste que tu reviennes, même pour cinq minutes. C’est comme dans ce film où c’est toujours le même jour à l’infini, c’était pareil. » Toujours la même routine aseptisée du ranch malgré les têtes changeantes, les quelques rixes et autres éclats de rire provoqués par des corvées trop ingrates pour ne pas en rire, mais Beckett restait toujours à se mettre à l’écart pour n’entendre que des échos répétitifs de choses qui ne l’intéressaient pas, dans l’attente qu’elle revienne sans savoir de quoi serait fait ce futur toujours sur la verge de la réalisation sans jamais être rendu possible.  
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Elanor Barnes
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyDim 26 Mar - 22:58


beckett & elanor



and there will come a time, you'll see, with no more tears. and love will not break your heart, but dismiss your fears. get over your hill and see what you find there, with grace in your heart and flowers in your hair.

D'aucun dirait que la peur doit être rayée de nos vies. On ne peut plus laisser la peur dicter nos actions. Il faut agir, même si ça semble stupide sur le moment. Malheureusement, Elanor n'est pas de ceux là. La peur, c'est un poison qui coule dans ses veines en permanence et lui ronge les entrailles. Elle ne s'en défait pas, laisse cette peur, inconsciemment, dicter ses mouvements hésitants. Au fond, ce n'est pas les réactions de Beckett qui l'inquiète. Elle ne sait pas ce que son cœur risque de lui dire et préfère ne pas le savoir. Alors elle prend des décisions précipitées, stupides. Comme sa fuite du ranch vers Olympia. Il la fait douter. Il n'a suffit que de quelques minutes, de quelques mots pour que le doute s'injecte dans ses veines, se mélange à la peur. Au fond, n'aurait-elle pas pu composer avec Abel ? Peut-être qu'avec le temps elle aurait réussi à s'intégrer. Peut-être aurait-elle pu se faire aux aboiements du chef des Riders. Non. Sûrement pas. Il la rendait nerveuse, lui faisait monter les larmes aux yeux à chaque fois qu'il élevait la voix contre elle ou n'importe qui. Elle ne supportait pas son regard, trop dur, trop meurtrier. Il la mettait mal à l'aise. Partir était la seule solution viable. Pour elle et pour elle seule. Égoïste, elle s'était persuadée que c'était mieux pour tout le monde. Et maintenant il la faisait douter. Elle se mordille la lèvre, nerveuse, et lorsqu'elle sent sa main se poser sur son épaule, elle tressaille, se mord trop fort et goûte à son propre sang. Elle n'attendait aucune marque de tendresse, ne pense même pas la mériter. Ni celle-là, ni aucune autre. Mais lorsqu'il l'enlace, rapproche leurs deux corps et pose sa tête sur la sienne, elle ferme les yeux, le cœur au bord des lèvres. Enfin rassurée. Elle se souvient de ces froides nuits blottie contre son corps, les battements réguliers de son cœur comme berceuse, le son de sa constante respiration pour calmer ses angoisses. Elle garde les yeux clos et tente de calmer ses battements de cœur, de caler sa respiration à la sienne. Souffle chaud au-dessus d'elle. Sa voix résonne dans sa tête et elle prend le temps de répondre, visualise les mots dans sa tête. « Je ne voulais pas qu'on se dispute. » Tempérament de feu, elle n'est pas le remède à ses sauts d'humeur. Elle ne se rend compte de rien. Trop naïve, trop aveuglée par ses mensonges. Elle le regarde sans vraiment le voir.

Dans le noir, les yeux obstinément fermés, elle se concentre sur la sensation de ses bras autour de son petit corps fragile. Il ne l'oppresse pas, ne force pas sur sa poitrine. D'une douceur qu'on ne lui connaît pas, il la réchauffe de sa présence, la calme par son toucher. Pauvre Elanor, trop faible pour le repousser. L'infirmerie s'évanouit, disparaît de son esprit. Plus de malades, plus de collègues. Plus personne. Seuls au monde, comme avant, ils sont les seuls maîtres de leurs destins croisés. Elle ose ramener ses mains vers lui et les poser sur ses avants bras qui la serre avec tendresse. Elle se sent terriblement bien. Et terriblement honteuse. Elle aurait pu lui accorder ces cinq petites minutes et peut-être alléger le cœur de son protecteur en même temps que le sien. Trop sotte, trop apeurée. Petit animal blessé qui se laisse dominer par une peur irrationnel. Elle ne peut pas se retenir, les sanglots lui tordent la gorge, lui brûlent les entrailles. Tout son corps menace de la trahir. Alors pour ne pas craquer complètement, pour paraître toujours plus forte, elle laisse ses larmes salées couler sur son visage qui continue de rayonner. La mélancolie dans l'âme, elle meurt. Elle ne contrôle plus rien, comme à chaque fois qu'il est là, tout près. Trop près. Ses doigts glissent, jouent sur sa peau abîmée. Elle sourit en l'entendant, savant mélange de tristesse et de joie. Plus rien n'a de sens. « Je n'ai jamais vu ce film. » La voix à peine plus forte qu'un murmure, comme si à tout moment leur bulle pouvait éclater. Comme si on pouvait les surprendre et les séparer. Elle refoule ses sanglots, espère qu'elle peut encore se maitriser. Peut-être que sa voix ne tremble pas. Peut-être que tout ça ce n'est que son imagination. Gamine un peu perdue, elle déteste l'effet qu'il a sur elle, cette façon qu'il a de la rendre moins femme. Elle n'a plus ses vingt-huis ans et toute l'expérience qui va avec. Petite adolescente qui doit encore tout apprendre. Elle ne le lâche pas, l'empêche de desserrer son étreinte, trop dépendante. Elle s'accroche. « Peut-être qu'on peut le trouver. Ici. » Elle marque une rapide pause, juste le temps de respirer à pleins poumons. Deux petites secondes de répit pour stabiliser sa voix. « Peut-être qu'on pourrait le regarder tous les deux. » Faible Elanor, trop malléable. Sa naïveté en serait presque amusante, son innocence risible. Elle a besoin de lui et ça la panique. Ça la fait fuir. Ici, elle n'a nulle part où aller. Pas de cachettes, personne pour la sortir de cette situation. Elle s'enfonce dans sa chimère, se brise le cœur de minute en minute. La vielle blessure s'ouvre à nouveau, inonde le sol d'un sang fictif. La douleur dans sa poitrine, elle, est bien réelle et irradie tout son corps. Douleur de l'amour qu'elle fait taire, ignore complètement et laisse pourrir au fond d'un trou.

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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyMer 29 Mar - 7:46

Beckett & Elanor
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La réponse d’Elanor n’eut pas besoin de se répercuter à l’intérieur de son crâne comme l’aurait fait un écho contre les parois rocheuses des montagnes pour que sa gorge ne se pince l’espace d’un instant, conséquence d’un soubresaut du palpitant qui ne se rendait compte que maintenant, au son de la voix de l’infirmière, à quel point il pouvait, parfois, vivre dans un monde différent de celui des autres. Elle redoutait une poussière mais tous savaient que Beckett était comme ces salles oubliées à l’arrière des maisons, si emplies de saletés que quiconque y pénétrait en avait la gorge prise et les larmes aux yeux, s’il était cette force tranquille qui bougeait et parlait peu, avec des êtres aussi familiers que la gamine, il était sans doute la pire épine dans le pied qu’on pouvait imaginer. Bien sûr, qu’ils se seraient disputés, qu’il lui aurait reproché de l’avoir abandonné, et c’était sans doute le temps que son ressenti ne s’évanouisse pour ne laisser place qu’à la peine et la solitude qui avait permit qu’il soit aussi doux en ce moment, à lui créer un cocon de ses bras pour que les quelques minutes qu’ils partagent ne soient pas impactées de la vie qu’ils avaient aujourd’hui, une réminiscence du passé quand il était la seule chose solide sur laquelle elle pouvait s’appuyer. La bêtise de la chose lui sauta aux yeux, l’utopie de son entreprise se révéla à lui alors qu’Elanor le ramenait à lui-même, il se sentait stupide à penser que les choses aurait pu en être autrement, qu’il aurait pu avoir quelque chose de mieux que ce qui était en train de se passer, ce moment d’accalmie qui se déliterait de lui-même dès qu’ils ne seraient plus seuls. Il se demandait maintenant à quoi tout cela était destiné, si, stupidement, il n’était pas en train de se recouvrir d’un baume factice qui ne serait qu’un combustible pour mieux l’enflammer une fois que tout se serait évanoui. Une balle de plus qu’il se tirait dans le pied, trop fatigué pour en ressentir la douleur et se rendre compte qu’il ne pourrait plus marcher après que la plaie ai cessé de saigner. Alors, envahi par ses craintes, se disant qu’à être seul il risquait moins de peine, il hésita à desserrer son étreinte pour partir silencieusement, mais pourtant se furent les mains d’Elanor doucement ancrées sur ses avant-bras qui le poussèrent à rester immobile, laissant ses pieds s’enfoncer encore un peu plus dans le sol pour qu’il se transforme en colosse de pierre aux fondations robustes.

C’était une sensation bizarre, comme le souvenir d’une palette d’émotions dont il n’avait pas vu une des peintures depuis si longtemps, trop longtemps pour qu’il s’en souvienne vraiment, cette sensation de calme, de paix qui vinrent apaiser l’angoisse qui l’habitait depuis qu’elle s’était enfuie du ranch. A nouveau deux, comme une force immuable, entourés des bâtisses de bois et de la vie qui ne faisaient pas attention à eux, à nouveau deux dans un semblant de sécurité qui leur ouvrait le champ des possibles, et les propositions délirantes d’Elanor pour les perdre un peu plus dans quelque chose qui n’était plus. Cela faisait des années que Beckett n’avait pas vu un film, lui qui hantait les dernières séances des cinémas miteux des centres-villes comme un fantôme refusant de quitter la troposphère pour un au-delà mystérieux, lui qui aimait tant se perdre sur les fauteuils troués pour ne pas avoir à faire une conversation maladroite et laisser ses mains se balader dans l’obscurité, comme si les rétroprojecteurs fatigués plaidaient en sa faveur mieux que n’importe quel avocat de la défense. S’il n’y avait pas eu tout ça, est-ce que ça aurait changé quelque chose entre eux deux ? Se seraient-ils au moins rencontrés ? Il en doutait, ou plutôt était persuadé que cela ne serait jamais arrivé, parce qu’il n’y avait que la fin du monde pour réussir à coller deux aimants contraires ensembles, à les faire s’entrechoquer avec tant de force que les séparer semblait impossible, et, pourtant, maintenant que cela était fait, il n’y avait plus assez de danger dans les différents camps pour réussir à les réunir à nouveaux. « J’suis pas sûr que ce soit une bonne idée. » il délaissa son perchoir pour venir déposer un baiser affectueux dans le creux de ses cheveux avant de rapprocher sa bouche de son oreille pour la ramener doucement à la réalité, d’un murmure, pour ne pas qu’elle en soit trop surprise. « L’infirmière peut pas disparaître deux heures, on s’inquiéterait pour elle. » Deux heures, il en fallait bien moins pour que tout ne bascule à nouveau, à peine cesseront-on de surveiller un malade l’espace de quelques secondes qu’il se changerait en infecté aux râles dégoûtants. Bien d’autres aléas se présenteraient sans doute à eux, et bien que Beckett ne connaissent pas les ressources exactes de la ville, il doutait que regarder un film à l’aide d’une machine quelconque soit indiqué, si tenté qu’il y ait encore de quoi se distraire de la sorte ici. Il était habitué au rythme de vie rudimentaire du ranch, à se satisfaire de rien, se baigner dans l’eau glacée pour tenter de se décrasser et vivre dans des baraquements où l’électricité n’était qu’une chimère présente à travers une ampoule muette depuis qu’il était arrivé ici. « Puis je dois être parti dans moins d’une heure, on m’attends au ranch. » Pourtant il restait les deux pieds droits dans la boue, son visage quelque part à moitié enfoui par sa chevelure fine, incapable de bouger, d’ouvrir la cage de ses bras avant qu’elle ne le fasse d’elle-même. Il se sentait fou à penser de lui demander de venir avec lui, savait très bien qu’elle ne referait pas l’erreur d’aller s’enterrer chez les cow-boys une fois de plus, mais lui ne lui murmurait pas la possibilité de rester, parce qu’ici il n’y a pas de chevaux desquels s’occuper, il n’y a pas de grenier à foin dans lequel se réfugier et où on le laisserait tranquille pendant des heures. Il avait cette désagréable sensation au creux du ventre qu’ils étaient tous les deux trop pour se contenter de ce qu’on leur offrait mais pas assez pour qu’ils le quittent. « Je passais juste prendre des nouvelles, si je m’éternise ils vont me poser des questions. » Auxquelles il n’aurait pas envie de répondre, silences qui ne feraient que créer des ragots quand il détestait être au centre de discussions auxquelles il n’était pas convié, spécialement quand celles-ci pourraient avoir pour effet de remettre en question sa loyauté envers les Rhodes, on s’amuserait sûrement de penser que Beckett avait un cœur d’artichaut sans se rendre compte que c’était là la plus mauvaise carte à avoir ces temps-ci.
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyMer 29 Mar - 20:52


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and there will come a time, you'll see, with no more tears. and love will not break your heart, but dismiss your fears. get over your hill and see what you find there, with grace in your heart and flowers in your hair.

L'obscurité lui permet de croire en une douce utopie de laquelle elle ne veut plus sortir. A moitié éveillée, perdue dans une illusion faite de sensations et de souvenirs, elle sourit au milieu de ses larmes. Elle ne sait plus si elle est heureuse, triste ou même blessée. Elle ne sait plus rien sinon qu'elle sent sa présence, comme avant. Il est là, tout contre elle, leurs cœurs battant à l'unisson, le calme l'envahissant enfin à nouveau. Elle se concentre sur la sensation de ses bras autour d'elle, sur sa respiration constante qui lui chatouille le haut du crâne. Elle perd la notion du temps et de l'espace, pas certaine d'être encore dans la petite cour derrière l'infirmerie d'Olympia. Seulement sûre qu'il ne la lâche pas. Comme avant. Pleine de regrets et de doutes, Elanor ne sait plus sur quel pied danser. Rester ou partir et le rejoindre. Être avec lui jusqu'à la fin. Elle y avait cru. Elle avait sincèrement pensé finir ses jours en sa compagnie. Quel mal à ça ? Ils se suffisaient l'un à l'autre, chacun avec ses qualités et ses défauts, ses compétences. Aussi différent que le soleil et la lune, aussi dépendant l'un de l'autre. Comme une évidence. Et pourtant... Le rêve vole en éclats. Il bouge, dépose un baiser sur sa tête blonde avant de lui murmure des mots qu'elle a du mal à assimiler. Des mots qui la frappe en plein cœur, lui font ouvrir les yeux avec trop de brusquerie. Le monde se rappelle à elle et c'est une douleur irrationnel qui irradie son corps tout entier. Elle cesse de respirer, quelques secondes d'apnée douloureuse durant lesquelles la panique règne, maîtresse de son esprit et de son corps. Elle serre les dents, chasse les larmes de son visage. « Je ne suis pas indispensable. Au contraire. » Réaliste, fataliste. Un moment de faiblesse, le masque tombe. Pas si utopiste, pas si souriante. Elle n'est pas ce qu'il voudrait voir, n'est pas cette poupée fragile qu'il peut couvrir de ses bras et protéger contre vents et marées. « Et puis, c'est pas la peine de s'inquiéter. Je vais bien. » Peut-elle vraiment continuer à mentir ainsi ? Elle peut convaincre le monde entier mais pas lui. Et pourtant, elle s'entête, plus dure que d'ordinaire, lassée d'être la protégée de tout le monde, fatiguée de devoir faire ses preuves. Elle oublie, met de côté l'obscurité et les sentiments plaisants qui allaient avec. La lumière lui fait réaliser qu'ils ne peuvent plus être ensemble. Elle ne veut pas. Ne peut pas. Refus catégorique du cœur, elle amorce un mouvement pour quitter son étreinte pourtant rassurante et pleine de promesses. Si il doit vraiment la quitter pourquoi refuse-t-il de la lâcher ? Ses mains s'éternisent, se languissent de son toucher. Ses doigts s'éternisent jusqu'à la dernière seconde. Elle finit par le quitter complètement, lui tourne encore le dos tandis qu'un frisson la parcours. Il laisse son corps froid. « Dans ce cas pars. » Elle se veut convaincante, pleine d'assurance. Poupée de chiffon qui passe son temps à mentir. Sa bouche dit une chose, son cœur une autre. Mais ce n'est pas lui qu'elle écoute. Elle ne peut pas. Souffrir est au-dessus de ses forces.

Les bras croisés sur sa poitrine, elle voudrait effleurer l'endroit où les bras de Beckett ont laissé sa peau froide. Elle ne veut pas vraiment qu'il parte. Pas sans elle. Il pourrait rester. Pourquoi pas ? Question stupide dont la réponse est évidente. Elle ne retournera pas au ranch. Il ne restera jamais à Olympia. C'est mieux comme ça. « J'ai encore du travail. » Elle se justifie sans savoir pourquoi, besoin constant d'être occupée, de prouver qu'elle sert à quelque chose. Elle voudrait partir sur le champs, sans se retourner, sans le regarder. Elle pourrait. Il lui suffit de faire quelques pas pour rejoindre l'intérieur de l'infirmerie et prétendre s'occuper des malades. Il disparaîtrait avant qu'elle s'en aperçoive. Et elle le regretterait. Sûrement autant qu'elle regrette son départ précipité. Lentement, elle se retourne, ose affronter son regard obscur et ses pupilles qui la transperce. Le regard encore embué, elle se mord la lèvre inférieure. Trop faible Elanor. « Je ne reviendrais pas au ranch. Pas avant un moment en tout cas. C'est trop dangereux avec cette épidémie. » Elle est loin la gamine qui s'accrochait à lui de ses maigres forces. Son beau visage ne revêt aucune trace de bonheur. Impassible, le cœur menaçant de s'arrêter, elle essaie d'être aussi calme que possible, sait pourtant qu'il peut voir sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration laborieuse. Elle peut duper tout Olympia, duper son cœur et son esprit. Mais Beckett ? Jamais. Et ça la rend folle.

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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyJeu 6 Avr - 17:02

Le creux qu’elle laissa au fond de ses bras en se détachant de lui avait le goût amer du déjà-vu, mais ce furent les quelques larmes qu’elle essaya de camoufler discrètement de mouvements de doigts tremblotants qui percèrent son coeur d’une plaie chaude semblable à celle d’une balle. Maintenant, il l’a faisait pleurer. Bien sûr, il gardait d’elle cette image de pleurnicheuse qui se pensait discrète, mais jamais n’avait-il été à la source du chagrin, parfois même au petit matin le chassait-il en trouvant des victuailles inespérées dans une maison qu’ils avaient eu la bonne idée d’habiter pour la nuit. Maintenant, c’était lui la source de tous les maux, comme si New-York n’était qu’un lointain souvenir pour elle qui semblait pourtant y avoir tout perdu, comme un cercle ayant raté sa boucle, un vinyle rayé dont le soubresaut l’avait emmené à jouer une autre chanson à l’infinie. Les yeux encore rougis, elle s’obstinait pourtant à lui faire face, à lui mentir, encore, quand sa voix dure lui disait que ce n’était plus la peine mais que son corps presque hoquetant ne semblait pas pouvoir tenir tout seul, mais les mensonges aussi le blessaient, parce qu’ils finiraient par devenir vrais une fois qu’elle s’y serait enfermé. « Elanor, » mais il ne trouva aucun mot pour remplir une phrase pour laquelle il n’y avait aucun espoir, qu’allait-il faire de toute façon, à part lui obéir et partir ? Il ne pouvait pas rester ici, ne s’en pensait pas capable, il n’avait plus assez de force pour jouer des comédies qui ne le faisaient pas rire, il aurait voulu retourner dans son vieux baraquement du ranch et y rester enfermé quelque jours, là où même son compagnon de chambré ne viendrait pas le déranger. Il soupira de résignation, se passa une main sur le visage alors qu’il renonçait à trouver quelque chose à dire, ou plutôt, autre chose à dire que ce qui lui brûlait les lèvres depuis qu’il s’était rendu compte qu’elle ne reviendrait jamais au ranch. « Pars avec moi alors. » Il regarda dans la direction de l’infirmerie dont la porte était toujours close, aucun bruit autour d’eux à part celui du brouhaha distant de l’ersatz de ville qu’était Olympia, plus rien pour le ramener à la raison quand il proposait ce qui semblait être impossible. « Pas au ranch, mais loin de tout ça, loin de l’épidémie, loin d’ici. Le temps de se prendre quelques provisions, une arme, je te ramènerais un cheval et ce soir, on repart sur les routes, tous les deux. » Comme avant, la petite aide-soignante et l’ancien itinérant, à dégommer des cervelles putréfiées, à se trouver des campements toujours plus insolites pour espérer dormir sans se faire réveiller par des mauvaises surprises, des routes à pertes de vue avec toujours comme même constante l’horizon dont parfois le plat s’accompagnait du relief de quelques villes, toutes maintenant abandonnées, mais il n’arrivait pas à se faire à l’idée qu’ici survivaient le dernier vivier de l’humanité. « On ira vers les grandes plaines du nord, vers le Kentucky, on pourrait faire pousser des trucs là-bas, peut-être même trouver une ferme en pas trop mauvais état. » Peut-être retrouver les patelins de son enfance, ceux desquels il avait passé son temps à s’enfuir et qui pourtant aujourd’hui lui apparaissaient comme idyllique, parfait pour continuer à survivre quelque temps. « Ou pourquoi pas aller vers la Californie ? On pourrait manger du poisson comme ça, aller se baigner dans les criques de la côte. » Il connaissait aussi, la Californie et son soleil ardant, se demandait bien ce que les cliniques et les studios de cinéma avaient pu devenir, s’imaginait en train de déployer sa couverture quelque part entre le décor d’un film à succès et d’une vieille production qu’ils avaient sans doute tous oublié. Ils seraient bien, là-bas, où les gens n’avaient jamais manqué de rien, parmi les ruines sans doute pourraient-ils se reconstruire quelque chose, trouver une nouvelle communauté ou tout serait moins compliqué. « On peut-même partir maintenant, sans rien dire à personne, on monte sur le cheval et on se casse, comme ça. » Sans rien regretter, sans même se retourner, il en serait presque à lui tendre la main pour qu’elle le suive quand, fébrile, il retrouvait ses anciennes habitudes à s’enfuir sans laisser de traces, à laisser en plan des boulots qui ne lui allaient pas et des connaissances à qui il devait des ardoises monstres au bar du coin. C’était sa vie toute entière d’itinérant qui revenait animer ses veines avec un sang nouveau, son incapacité à se trouver une place et la mauvaise manie qu’il avait d’en rejeter la faute sur les autres, c’était toujours la même rengaine avec lui, et il pensait naïvement, après s’être trouvé le cirque, pouvoir se recomposer une famille d’étrangers à la société, comme lui, il se mentait à se dire que c’était le genre de vie à laquelle Elanor aspirait aussi. « Alors, tu viens ? » Cette fois-ci, il lui laissa le choix, mais sans doute ne se rendait-il pas compte que tout était différent. Cette fois-ci, elle n’était pas une demoiselle en détresse prête à se faire croquer toute crue, sans défense face aux infectés, elle n’avait pas besoin d’être sauvée, sauf peut-être de la dernière chose qui les faisaient encore tenir debout, l’espoir de quelque chose de mieux sans réussir à comprendre qu’ici était sans doute l’endroit le moins pire pour eux.
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Elanor Barnes
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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyVen 7 Avr - 15:51


beckett & elanor



and there will come a time, you'll see, with no more tears. and love will not break your heart, but dismiss your fears. get over your hill and see what you find there, with grace in your heart and flowers in your hair.

Elle n'a plus la force de prétendre que tout va bien. Un sourire désespérément accroché sur son visage d'ange, elle perd peu à peu tout ce qui la rend si brillante, si importante. Pas si souriante, pas si heureuse. L'espoir s'échappe en fine gouttes salées qui se cachent dans le creux de son cou, s'écrasent sur le sol. Pas infaillible, pas si forte. Elanor n'est qu'un mensonge, une coquille vide. Un joli coquillage qu'il a ramassé sur une plage déserte. Sauvée de la marée, elle a pourtant l'impression de se noyer. Il n'y a que le son de sa voix pour la faire remonter vers la surface, la faire ouvrir les yeux et se brûler les pupilles. Est-ce que le soleil a toujours brillé aussi fort ? Elle se retourne lentement, lassée, abdiquant finalement, l'autorisant à poser son regard froid sur elle. La façon dont il prononce son prénom la fait frissonner, mélange d'angoisse et de bien-être. Plus de princesse, rien que la vérité aussi dure soit-elle. Elle voudrait qu'il se taise, qu'il n'ajoute rien. Parce qu'il n'y a rien à dire de plus. Il ne changera pas d'avis, pas plus qu'elle. Elle redoute ses paroles, sait que rien de bon ne peut suivre. Déchirée de l'intérieur, le cœur en miettes, l'âme coupée en deux, elle voudrait hurler pour que tout s'arrête. Rien. Aucun son ne quitte sa bouche à demie-ouverte, incrédule tandis qu'il continue, l'accable un peu plus, la détruit sans en avoir conscience. Elle en rêve de ces moments à deux, y croit à cette fuite éperdue dans les plaines du sud. Elle en rêve nuit après nuit et se réveille toujours en sueur, le cœur battant, la respiration haletante, lamentable. Le rêve se transforme toujours en cauchemar, l'empêche de se rendormir. Et maintenant elle a peur de l'obscurité, ne veut plus se coucher toute seule dans ce grand lit froid offert par Olympia. Elle se sait en sécurité, se répète constamment que rien ne peut l'atteindre ici. Et pourtant, toujours cette petite voix au fond qui lui crie de se méfier. Entourée par la mort, elle sent son odeur et son aura maléfique. Pas une amie bienveillante qui viendra comme prévu un bon matin. Un spectre, un démon qui frappe au hasard avec une malice malsaine. Elle ne peut plus regarder ce fantôme prendre ses proches un par un. Alors elle reste dans l'enceinte de sa petite ville presque tranquille. Se persuade qu'elle ne craint rien ici, que le mal ne peut pas l'atteindre derrière ces murs. Et si elle laisse Beckett derrière, pas seul, jamais seul, si elle l'oublie au bout d'un moment, alors tout ira bien. Elle n'aura pas à souffrir, à regarder en face cette réalité qui la terrifie. « Et puis quoi ? Peut-être qu'on pourrait vivre comme ça pendant un temps. Peut-être qu'on serait heureux. Mais au bout du compte, on sait très bien toi et moi comment ça finirait. La mort m'attrapera. Je me ferais tuer. Ou pire, dévorer par les morts. Et tu finirais tout seul, fou. » Fou de douleur. Comme elle.

Le cœur au bord des lèvres, la nausée menace de la submerger. Elle déglutit péniblement, consciente que cette conversation lui cause plus de mal que toutes les autres. Elle sait qu'elle ne pourra plus travailler après ça. Sa respiration la trahie, elle ne contrôle plus rien. « Non. Je ne peux pas. » Ne peut pas, ne veut pas. Quelle différence ? Le cœur au bord des lèvres, la nausée menace de la submerger. Elle déglutit péniblement, consciente que cette conversation lui cause plus de mal que toutes les autres. Elle sait qu'elle ne pourra plus travailler après ça. Sa respiration la trahie, elle ne contrôle plus rien. Son petit cœur de fillette se serre en voyant son visage déformé par la déception. Sur le point de partir, les rôles sont enfin inversés. Il ne se retournera pas en passant la porte, ne jettera pas un dernier regard sur ses cheveux d'or et sa taille de lutin. Elle voudrait le retenir mais sa main refuse de bouger, ses bras restent obstinément croiser sur sa poitrine qui se soulève trop régulièrement, trop vite. « Ne reste pas tout seul Beckett. Promet le moi. » Elle ne supporterait pas de le voir disparaître, perdu dans les regrets, les remords, de faux souvenirs. Elle préfère l'imaginer entouré de gens (plus ou moins) aimants. Même si elle ne fait plus partie du tableau, même si il se trouve une nouvelle famille, une nouvelle tête. Même si il trouve un sourire plus beau que le sien, des yeux plus brillants et une voix plus douce. Elle supporterait mieux l'idée de le savoir avec quelqu'un que seul devant une bouteille d'alcool avec pour seul compagnon une lame tranchante. Prête à tout sacrifier en un battement de cils juste pour le savoir heureux, un sourire à peine perceptible planant sur son visage de marbre. Elle ne peut plus être ce petit ange qui veille sur lui, ni celle à qui il sourit avec sincérité. Ses forces l'abandonne et elle ne veut pas qu'il soit là pour assister à son inévitable déchéance.

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MessageSujet: Re: « need someone to numb the pain (elanor)   « need someone to numb the pain (elanor) EmptyVen 14 Avr - 1:33

Beckett & Elanor
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Cette saleté de réalité finissait toujours par le rattraper, même ici où elle n’avait plus aucun sens. De ses divagations Elanor ne sut lui apporter de réponse autre que son silence, son visage tendu par des larmes qu’elle ne pouvait retenir et qui s’échappaient jusqu’à disparaître dans ses vêtements, dessinant les angles de son visage fatigué d’une traînée brillante qui lui donnait des airs irréels, comme si le doux rêve de leurs retrouvailles se transformait lentement en des spirales morphiques angoissantes desquelles on ne pouvait se réveiller. Il était prêt à s’accrocher à ses espoirs, défendre qu’il serait là pour empêcher l’inévitable de la cueillir, assumer son rôle qu’il n’avait jamais failli jusqu’à leur arrivée ici, pourtant derrière le déni qui  embrumait son esprit pouvait-il entendre la voix de la raison qui déchirait la lumière du fantasme qui peinait à éclairer sa vision. Bien sûr qu’ils finiraient par mourir, fauchés par la mort, dans n’importe laquelle de ses formes, mais s’ils partaient maintenant, il finirait seul. Et s’il avait la mauvaise idée de se sacrifier pour elle, la grande faucheuse ne tarderait pas à venir accueillir la petite infirmière de ses grands bras squelettiques, de son armée au pas traînant et à la peau pourrie, d’en faire une des siennes avant qu’il n’ait le temps d’achever ses souffrances. Aurait-elle le courage de lui loger une balle entre les deux yeux avant qu’il ne devienne lui aussi une gargouille immonde ? Elle avait raison. Bien sûr qu’elle avait raison, l’angeline qui usait son cerveau pour deux, lui n’était que les bras incapables de raisonner seuls, mais pourtant à rester ici dans la sécurité rassurante qu’on s’occuperait de sa dépouille avant qu’elle ne devienne immonde, entouré de ses pairs, il avait l’impression de ne s’être jamais senti aussi seul, comme si dans ses anciens vagabondages il s’était toujours trouvé une compagnie rassurante en lui-même, image de lui qui avait disparu quelque part entre les vaccins et les quarantaines. Il ne se suffisait plus, après avoir goûté aux compagnies plaisantes, il n’arrivait plus à être assez pour lui-même.

Aucun des deux survivants ne bougea alors qu’Elanor mis fin à leurs retrouvailles ratées, comme s’ils s’étaient mis, deux solistes aux violons parfaitement accordés, à jouer des partitions incompatibles, lui s’obstinait à interpreter un premier acte prometteur quand elle s’évertuait à exécuter encore et encore la même note finale qui perdait en splendeur à chaque nouvelle tentative de sa part de lui faire comprendre que le concerto était fini. Non. Le mot résonna quelques instants à l’intérieur de son crâne avant qu’il ne prenne réellement sens, comme s’il interdisait aux trois lettres de signifier quelque chose qui le ferait trop souffrir, condamnation à rester prisonnier de cet endroit alors qu’il avait encore du mal à faire rentrer dans sa boite crânienne que de rester enfermé était sa meilleure chance de survie, pourtant, devant le visage d’Elanor qui ne semblait plus capable de supporter encore ses caprices d’ailleurs, il capitula, arrêta d’essayer d’encore la convaincre de le suivre loin d’ici. Il avait lui-même précipité la fin, s’en était rendu compte mais n’avait rien fait pour l’empêcher, n’abattant ses cartes qu’au dernier moment, quand elles n’étaient plus assez fortes pour rafler la somme. « Je comprends. » Avec des relents d’amertume au fond de l’être, à contre-cœur, l’acceptant comme une insulte, il comprenait pourtant qu’elle ne le choisisse pas contre tout ça, son palpitant soudain troué laissant partir dans son corps coquille vide des jets de sang glacé qui lui gelaient les mains, une colère soudaine pour masquer son envie de laisser s’échapper des larmes. Il en avait marre d’être bête, de croire n’importe quoi et d’encore être surpris de se faire ramener à la vie quotidienne aussi violemment qu’un enfant se faisant gronder. « T’inquiètes pas pour moi, princesse. Tu sais que je me débrouille. » Un dernier regard alors qu’il se mordait les lèvres de ne rien trouver d’autres à revêtir que son stoïcisme habituel, son visage de pierre ne laissant plus passer d’émotions, à peine étaient-elles devinables à travers ses pupilles charbonneuses éteintes depuis quelques temps. Maladroitement, les lèvres pincées, il leva la main en signe d’en revoir avant de s’en aller, incapable de lui promettre ce qu’elle avait besoin d’entendre – elle l’avait laissé seul en refusant de le suivre, elle le repoussait un peu plus dans une solitude de laquelle elle voulait le sauver, et lui incapable de se servir de sa tête obéissait aveuglément, disparaissant derrière le bâtiment qui aurait dû être témoin d’une scène bien différente. Son cheval l’attendait, patient, et à peine aurait-il mis un pied à l’étrier qu’il rentrerait de lui-même au ranch comme si, dans le chaos du monde, la place de Beckett était toute désignée, bien loin de celle d’Elanor.
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