Vengeance Tacite ft. Marisa

« Essaie de m’empêcher pour voir, qu’elle lâche avec froideur. » Un pas s’esquisse vers l’avant, l’autre recule d’un pas, et un sourire mauvais naît sur les lèvres de la rousse qui plante ses billes dans les yeux noirs de la fille qui se dresse devant la porte de la reine de Stonebriar. Du regard elle effleure sa silhouette gracile, y dénichant défauts et faiblesses. La mauvaise position de son corps, l’affaissement de son épaule… Tout indique une blessure par balle. Et lorsqu’elle glisse un doigt sur la peau tendre de la clavicule, elle peut sentir la femme devant elle se crisper. « Crois-moi chérie. Tu ne voudrais pas m’avoir à dos. » La bouche s’ouvre, cherche à rétorquer alors que soudainement, Irina enfonce l’index dans la plaie boursouflée qu’elle perçoit à travers le fin t-shirt en coton, crasseux, parsemé de sang séché. Le hurlement fracasse le silence du centre commercial, arrachant à l’ukrainienne un rictus de mépris. Ses doigts poisseux de sang s’agitant au cœur du trou désormais béant, elle les retire pour ensuite les essuyer sur le t-shirt de la fille qui s’écarte vivement pour lui échapper, le souffle rendu rauque par la douleur « La prochaine fois, ne me fait pas attendre. »  Alors elle s’avance plus franchement, la bouscule d’un mouvement d’épaule avant de pousser la porte d’un geste ferme, la laissant claquer derrière elle. Irina s’annonce. Sait se faire remarquer suffisamment pour éveiller l’intérêt d’une Marisa qu’elle ne connaît finalement que peu. Si le frère lui semble être comme une évidence, un reflet quasi semblable à ce qu’elle est, la sœur est – au contraire – une énigme bien difficile à déchiffrer, voire impossible à résoudre. Personne ne sait ce qu’il se cache derrière les allures froides de la maîtresse des lieux, et Irina moins encore. Pourtant, elle sent que Marisa n’en veut pas. Elle le sait. Chaque mission qui leur sont confiés de plus en plus dangereuses, de plus en plus pénibles, et à chaque les voilà rentrés – complices d’une victoire arrachée au destin et à la bonne fortune. Or les Woodstock ne sont rien d’autre qu’un point noir dans sa vie, un fardeau supplémentaire à porter. Deux vies qui auraient pu lui être épargnées si elle n’avait pas eu la triste idée de les ramasser dans les bois pour en faire l’apothéose des jeux publics des Jackals. Des victimes désormais sous protection quasi royale, et Marisa était la seule à pouvoir mettre fin à toute cette mascarade.

Evidemment, elle se trouve face à elle, irradiant de ce charisme qui impressionne autant qu’il peut effrayer. Irina elle-même doit avouer avoir parfois été troublée par ce qui se dégageait de cette femme, cette maîtrise et cette totale confiance, dissimulant visiblement des côtés bien plus sombre que ce que l’on pourrait présager. Mais la rousse se tient droite, frondeuse sans tomber dans la provocation. D’une inclinaison du chef, elle la salue « Marisa. ». Elle se doute être connu d’elle. Elle est presque certaine que son frère lui a parlé de leur petit marché, de cette tension latente, de cette menace pesant entre eux. Mais elle n’a pas peur. Elle sait qu’elle hait les Woodstock – pour une raison qui lui échappe – et qu’elle peut probablement l’aider à accomplir définitivement cette vengeance qui la ronge et la dévore de l’intérieur « Je voudrais te parler. Au sujet des Woodstock. »