Will things return to normal?

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Will things return to normal ?

❝Abel et Jamie❞

Enfin le Texas, enfin le ranch à portée de vue, enfin l’odeur du cheval et de leur crottin. Mine de rien, c’était l’odeur qu’il associait à sa maison. Presque 3 ans étaient passés depuis la dernière fois. Plus il avançait sur le domaine, plus il voyait les différences liées à la nature ou à la main de l’homme. Même s’il n’avait pas encore atteint la villa, il sentait déjà chez lui. Une terreur perdurait tout de même : Abel. Etait-il encore en vie ? C’était obligé. C’était une force de la nature, il ne pouvait pas mourir aussi bêtement que tous ces crétins qu’il avait pu croiser lors de son voyage à travers les Etats-Unis. Toutefois s’il était toujours en vie, lui reprocherait-il son absence ? Son manque d’efficacité quant à la traque des deux traitres ? Une boule au ventre commençait se former. Jamie ralentit l’allure, à la fois excité par son retour mais aussi anxieux par les réactions du leader des Riders. Hélas, il n’a pas le temps d’approfondir ses fantasmes et ses angoisses qu’une voix retentit derrière lui."Hey ducon ?!" Au bord de l’épuisement, Jamie se força tout de même à installer un sourire sur son visage avant de se retourner. "Tu sais que t’es sur le terrain des Riders ? T’as rien à foutre ici, dégage !" Les deux hommes qui se présentaient à lui étaient des inconnus pour JC. Dommage, ça aurait pu faciliter les choses si ça avait été des connaissances. Orgueilleux comme pas possible, une envie de coller son poing dans leur figure lui tenait les tripes. C’était un outrage pour le jeune homme. C’était un riders, peut-être même plus un riders qu’eux! "Je suis venu voir Abel, on se connaît…" Pas le temps de finir sa phrase que les deux complices éclatèrent de rire. C’était mal barré. Ne se défaisant pas de son sourire, il essaya de continuer mais un coup de crosse de fusil lui cloua le bec. "On va voir si tu connais Abel, et surtout si t’es familier avec la balle qu’il va te mettre !" Sonné et à terre, Jamie n’opposa pas de résistance lorsqu’ils le prirent pour le ramener à la villa. Accusé par l’épuisement physique et le sale coup qu’il avait reçu, il marchait ou se faisait trainer à demi-conscient vers le lieu qu’il avait tant désiré quelques minutes plus tôt. Jeté au sol – tel un sac à patates blondes, il n’essaya même pas de se relever. Juste cinq minutes, le temps de reprendre ses esprits… Peut-être plus… Il était tellement bien, couché sur le sol. Plusieurs cris et autres paroles vinrent à ses oreilles sans qu’il puisse les décrypter tout de suite. Un certain temps passa avant qu’une ombre apparue au-dessus de lui. Il releva les yeux et afficha un sourire enfantin face à ce qu’il voyait ou plutôt qui, il voyait. "Hey boss !" Les bras et les jambes écartés, le sourire bête, on aurait dit que Jamie s’amusait à faire l’ange dans le sable –faute de neige. Le plus important c’était qu’Abel était en vie ! Après quelques secondes, ses angoisses lui revinrent à l’esprit. "J’ai eu quelques soucis sur la route…" Dit-il sur un ton à moitié amusé mais loin d’être assuré, n’étant pas du tout fier de son parcours lors de sa traque. Finalement, il avait réussi à mener à bien sa mission mais non sans perdre un temps considérable. Un temps qu’il aurait pu passer au ranch, à se rendre utile auprès des siens. Auprès d’Abel. "… Mais… c’est fait…" Il ne savait pas ce que les autres savaient ou ne savaient pas et ne préférait pas faire plus de conneries qu’il n’en avait déjà faites jusqu’à maintenant. Jamie lâcha du regard Abel pour voir un des hommes qui l’avait attrapé, se rapprocher. "Ferme-la ! On t’a pas sonné !" Vu les traits de l’homme, il avait manifestement envie de passer ses nerfs sur quelqu’un et surtout distribuer quelques coups. Encore un en manque de virilité et voulant sûrement prouver qu’il est le plus fort. Jamie n’oubliera pas son visage.

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♔ Jamie & Abel

« will things return to normal ?

Le grabuge dans la cour était suffisamment inusuel pour attirer l'attention d'Abel avant que quelqu'un ne daigne venir le tirer de ses occupations. Qui s'amusait à jouer les semeurs de troubles, cette fois ?
Déjà vaguement agacé alors qu'il ne savait même pas encore de quoi il retournait, il sortit du box de son cheval et en referma la porte derrière lui après avoir abandonné le matériel de pansage dans un coin : il terminerait après, ou bien quelqu'un s'en chargerait à sa place. Une fois sorti de l'écurie, il ne fut pas long à discerner le petit rassemblement qui avait pris place quelques mètres devant l'entrée de la demeure familiale, les gens semblant aimantés par la curiosité de ce qui semblait être l'attraction du jour. Marmottant un juron dans sa barbe, le rider s'avança à grandes enjambées vers le lieu des festivités pour découvrir en son centre un homme affalé face contre terre, encadré des deux patrouilleurs qui l'avaient probablement traîné jusqu'ici et qui s'empressèrent de faire leur rapport au nouvel arrivant à la demande expresse de ce dernier.
Puis l'étranger prit le relais, s'adressant à lui d'une manière un peu trop familière. La voix avait un petit quelque chose qui le chiffonnait, bien qu'il n'arrivât pas à mettre le doigt dessus sure l'instant ; sourcils froncés, Abel s'agenouilla devant lui et lui releva la tête en plantant le canon de son pistolet juste sous son menton : clairement, son assurance lui déplaisait mais il y avait quelque chose. Il détailla quelques longues secondes durant les traits de ce visage pas si inconnu que ça et à un moment, quelque part entre la crasse et la barbe qui bouffait une bonne partie de sa figure, la lumière se fit.
La surprise passa dans son regard clair mais il l'en chassa rapidement alors qu'il se faisait fort de conserver un masque imperturbable sur le visage. « Alors finalement t'étais pas mort, eh ? » fit-il d'une voix égale avant de remiser son arme dans son étui et se relever.
Pour, la seconde d'après, incendier le dernier des deux patrouilleurs à avoir ouvert la bouche. « Au lieu de ricaner bêtement et faire le fier d'avoir ramassé un intrus, tu ferais bien de retourner faire ton boulot correctement, Granger. T'es pas supposé attendre que tes cibles aient traversé la moitié des terres avant de les chopper, tu sais ? Vous auriez fait quoi s'il s'était agi d'un petit groupe armé au lieu d'un homme seul ? »
L'effet de la petite tirade fut radical : ledit Granger se tira bien vite avec son acolyte tandis que les curieux qui s'étaient amassés prenaient pour la plupart à leur tour le soin de s'éloigner afin de ne surtout pas risquer d'attirer sur eux aussi les foudres de leur chef. Et ce fut seulement à cet instant que son attention revint se poser pleinement sur l'étranger qui, tout compte fait, ne l'était pas tant que ça. « Il t'en aura fallu, du temps » déclara-t-il tendis qu'il lui tendait la main et l'aidait à se remettre debout. Mais le reproche dans sa voix n'était pas réel et bientôt un sourire ne tarda pas à venir trahir ses véritables sentiments alors qu'ils se retrouvaient face à face. « C'est bon de te revoir. J'y croyais vraiment plus. »

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❝Abel et Jamie❞

C’était fini pour lui. Le froid du métal lui brûla la peau et le regard glacial brûla ses espoirs. Son canon contre son menton, la nuque tendue, Jamie se disait qu’il n’y aurait jamais de suite. Il mourrait parmi les Riders, parmi sa famille mais de la main d’Abel. Il avait voulu donné sa vie pour lui mais n’avait jamais pensé que c’est lui qui lui prendrait… Ses angoisses étaient montées en lui à une rapidité affolante, lui qui avait pourtant l’habitude de rester zen en toute circonstance. De fait, il voyait sa pire peur se réaliser. C’est pour cela que les quelques secondes qui s’écoulèrent lui parurent une éternité. Enfin. Son chef ne semblait pas l’avoir reconnu tout de suite. Cette éventualité ne lui avait pas traversé l’esprit mais il est vrai qu’à l’époque, Jamie était jeune et quelque peu différent physiquement. Sa respiration reprit enfin un rythme normal et ses muscles se détendirent. Son sourire ne revint pas. Effectivement, il n’était pas mort mais était-ce une faute de sa part ?
Granger. Un nom qu’il retiendrait, un sourire mauvais passa sur son visage pendant qu’il regardait son harceleur s’éloigner. Autant Abel avait raison autant il était content que ces deux abrutis ne lui ait pas tiré dessus à vue. Epuisé d’avoir accéléré le rythme lorsqu’il se savait à quelques jours du ranch, aujourd’hui son corps lui faisait sentir, il n’avait donc pas besoin d’avoir un trou dans la peau en plus. Son chef lui adressa à nouveau la parole et attrapa son attention. Piteux, Jamie baissa le regard pendant qu’il attrapait sa main pour se relever. Se forçant à relever la tête, il aperçut son sourire et le visage du jeune homme s’illumina. Ses nerfs et son imagination lui avaient joué un sale tour. "Toi aussi !" Il serra la main d’Abel qu’il tenait encore et posa l’autre sur son épaule. Après tant d’années et ce retour inespéré, JC pourrait presque lui faire un câlin. Presque. N’oublions pas qu’il s’agissait d’Abel Rhodes et non d’une licorne. Depuis qu’il l’avait reconnu, le naturel de Jamie était revenu, le mode chien fou. Néanmoins en présence d’Abel, il faisait rarement preuve de sarcasme ou d’exagération sur son humour. Un chien fou mais dressé. "C’est bon de revenir à la maison !" Dit-il tout en affichant son éternel sourire enfantin. La fatigue s’était envolée, ses craintes aussi et il se sentait respirer à nouveau. Plus réveillé, il jeta un œil autour de lui. Les rangs des Riders avaient grossis avec le temps."On a beaucoup de choses à se dire. Surtout moi, je pense que tu veux des détails sur ces dernières années. Et sur les deux salopards… " Reprenant rapidement ses vieilles habitudes, JC faisait son rapport à Abel sans qu’il ait à lui demander. Par ailleurs, c’était parfaitement normal qu’il doive se justifier d’une absence aussi longue. Le chef avait de quoi se poser des questions et le jeune homme le comprenait parfaitement. A l’époque, certains disaient qu’il était parano, lui pensait que c’était juste quelqu’un de censé et précautionneux. Il avait raison, la preuve ? Il était toujours en vie et toujours à la tête du ranch – d’après ce qu’il avait compris des deux patrouilleurs. Ses traits se firent plus sérieux avant qu’il ne reprenne la parole."Je suis désolé." La culpabilité de Jamie teintait ses paroles. Il aurait voulu faire mieux, plus rapidement, plus efficacement et revenir plus vite. Dieu sait ce qu’il aurait pu arriver au ranch ou à Abel alors qu’il était en vadrouille dans le nord des Etats-Unis.

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♔ Jamie & Abel

« will things return to normal ?

Les deux salopards... Avec le temps, Abel avait fini par les reléguer dans un coin de sa mémoire pour n'y plus songer : il avait eu, depuis lors, bien d'autres choses autrement plus importantes à gérer que ruminer cet incident dont le principal coupable avait été, de toute façon, proprement puni. La présence de Jamie ravivait néanmoins ces souvenirs et, s'il avait pu se passer de savoir leur sort (il n'avait envoyé personne leur courir derrière après la disparition du jeune homme), la curiosité refaisait surface à présent. « Trois ans, Jamie, trois putain d'années. Il va falloir que tu m'expliques, en effet. » D'aussi loin qu'il se souvienne, il l'avait envoyé sur une mission qui n'était pas supposée durer plus de quelques jours, quelques semaines tout au plus. Mais plusieurs années ? Ou les fuyards s'étaient montrés particulièrement inventifs pour échapper à sa vigilance tout en laissant suffisamment de marques pour qu'il n'abandonne pas en cours de route, ou il y avait beaucoup d'autres informations qui avaient échappé au leader. Dans un cas comme dans l'autre, il espérait que tout cela allait s'éclaircir dans les minutes à suivre.
Faisant signe à son compagnon de le suivre, il s'engagea dans l'allée qui menait à la demeure familiale. Là-bas, ils seraient plus à leur aise pour discuter au calme et surtout loin des oreilles indiscrètes – même si en soit, leur conversation n'avait rien de confidentiel. « Quand ton cheval est revenu trois semaines après ton départ, on t'a cru mort » reprit-il tandis qu'il refermait la porte de la maison derrière eux et continuait sa progression jusqu'au salon. La nouvelle l'avait attristé, mais c'était quelque chose à laquelle il fallait toujours se préparer lorsque l'on envoyait quelqu'un hors du périmètre sécurisé du ranch. A l'extérieur, les dangers étaient bien réels entre les pilleurs et les infectés. Sortir en raid, c'était jouer sa vie aux dés. Et Jamie, quant à lui, était parti tout seul. « Vu son état, tout laissait à penser à une attaque de rôdeurs. C'était pas dur de s'imaginer ce qui avait dû se passer. Il a fallu l'abattre, ses blessures étaient trop importantes. »
Bon, pour être parfaitement honnête, ils auraient pu le soigner. Et en temps normal c'est probablement ce qui se serait passé, Abel ayant toujours eu tendance à accorder plus d'importance à ses bêtes qu'à ses hommes. Sauf que le ranch n'était pas exactement un centre de rééducation pour chevaux traumatisés et leur stock de médicaments n'était pas assez importants pour qu'ils se permettent d'en utiliser autant sur une seule bête, surtout si derrière ça, son rétablissement n'était même pas certain.
« Enfin, revenons-en aux faits : qu'est-ce qui t'a pris tout ce temps ? » Parce qu'en dehors de la bonne surprise de le retrouver bel et bien vivant, il y avait autre chose : la suspicion. Trois années sans la moindre nouvelle, c'était long, surtout pour se ramener comme une fleur ensuite comme si de rien n'était : n'importe quel gardien un peu moins négligent l'aurait buté sur place sans prendre le temps de s'enquérir des raisons de sa présence dans la Crimson Valley.

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❝Abel et Jamie❞

Trois ans… Le fait de l’entendre le rendait tellement plus réel. Plus les années post-influenza passaient, plus la notion du temps se tordait et devenait flou. Avoir été seul sur la route pendant la traque et lors de son retour n’avait certainement pas aidé. Dans un silence de mort, il suivit Abel vers l’entrée de la villa. Il n’osait pas en rajouter plus pour le moment, à la fois pour ne pas s’enfoncer mais aussi pour prendre le temps de réfléchir. Le trajet lui permettrait de faire le point sur ses souvenirs et de mettre un peu au clair son esprit. Beaucoup d’émotions étaient passées en lui ces dernières minutes et accompagnées à la fatigue, la réflexion n’allait pas être simple. Le rider le sortit de ses pensées en abordant quelque chose qu’il avait oublié depuis longtemps : son cheval. Content de savoir que l’animal avait réussi à trouver le chemin du retour, il avait hâte de le revoir. Ce n’était pas sa monture mais Jamie éprouvait une affection particulière pour les animaux et ce qui c’était passé ce jour-là méritait un abonnement de bouchonnage à vie. Sa joie fut très rapidement écourtée. Le jeune homme poussa un soupir mais ne laissa pas ses pensées et sa déception transparaître plus que ça. Si le Rider avait pris la décision de l’abattre c’est que c’était la meilleure décision à prendre pour la bête. "J'ai eu Thomas lors de la semaine qui suivit mon départ, si je me souviens bien... Par contre... Roy m’a trainé jusqu’au fin fond des Etats-Unis. Je le ratais toujours de peu et une chose en entraînant une autre, j’étais au Canada ou pas loin. Je n’allais certainement pas rentrer sans avoir fait ce que tu m’as demandé !"Son obstination pouvait l’emmener loin mais encore plus quand il s’agissait de protéger son clan. Effectivement, ce deuxième salopard avait réussi plusieurs fois à tenir la distance avec JC. A tel point, que c’est sur un hasard total qu’il le recroisa au nord. Un mois c’était passé sans qu’il n’y eu la moindre trace de Roy et pourtant c’est au détour d’un raid qu’il tomba dessus. Néanmoins, il préféra zapper cette partie de l’histoire. Pas fier de revenir après 3 ans, mais il allait l’être encore moins avec ce qui suivait… "Lorsque je l’ai enfin « retrouvé », il m’a salement amoché…" Jamie ne pouvait pas s’empêcher de dire la vérité à Abel. S’il voulait savoir ce qu’il entendait par « retrouver », il mettrait son orgueil de côté et lui confesserait sa honte. "Il est mort, mon couteau dans l’œil. Je peux te l’assurer." Un mélange d’amertume et de satisfaction pointait dans la voix de Jamie. Son ego avait été meurtri par sa blessure mais il éprouvait un certain bonheur pour enfin pouvoir lui dire qu’il avait effectué ce qui était attendu. L’éternelle recherche du contentement du leader des Riders. "Après ça, j’ai réussi à me réfugier dans une boutique mais… j’ai dû m’évanouir parce que tout ce que je me rappelle après ce sont des bribes. J’ai repris connaissance dans une maison… Une famille m’a aidé et m’a héberger pendant un long moment, sûrement un an… J’en sais trop rien… Je suis restée tellement longtemps immobilisé que j’ai dû devenir fou à un moment ou à autre…" Jamie glissa ses mains dans ses poches pendant qu’il suivait Abel, les yeux au sol, totalement absorbé par son récit et les images relatives qui refaisaient surface. "Je suis restée avec eux peut être par reconnaissance ou peut-être que la femme était particulièrement bonne et j’avais besoin de m’envoyer en l’air régulièrement pour ma rééducation!" En s’entendant rire à sa propre remarque, Jamie refit surface dans la réalité et dans son rapport avec Abel. Il fallait qu’il lui laisse le temps de digérer toutes ces informations. Par ailleurs, comment allait-il réagir face à son séjour à la frontière ?

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♔ Jamie & Abel

« will things return to normal ?

Le moins que l'on puisse dire, c'était que l'histoire de Jamie avait de quoi surprendre. Entendre le jeune homme raconter son roadtrip improvisé jusqu'à la frontière du Canada n'était pas vraiment ce qu'Abel avait prévu d'apprendre quant à son absence mais au moins le trajet justifiait le temps perdu. En partie. En revanche, savoir la mort de Thomas et Roy était une bonne nouvelle. Un peu périmée, certes, mais bonne tout de même : Abel appréciait l'idée que ses détracteurs ne soient plus de ce monde, il ne manquait déjà pas d'autres ennuis à gérer.
Son rire ne fit pas écho à celui de Jamie et lorsque celui-ci s'éteignit, un silence un peu dérangeant s'installa entre les deux hommes, à présent seuls dans le grand salon du rez-de-chaussée. Le leader n'était pas connu pour posséder un sens de l'humour très développé et, quand il reprit finalement la parole, son ton exprimait assez bien qu'il n'avait pas goûté à la légèreté de son vis-à-vis. « Donc, quand tu en as eu marre de te vider les couilles quotidiennement, tu as choisi de retourner en arrière. A quel moment as-tu décidé qu'il serait plus intéressant de revenir parmi nous ? Tu étais pourtant plutôt bien placé pour savoir que je n'aime pas spécialement les déserteurs... » Et qu'il avait une politique particulièrement stricte envers ça. Cela faisait partie des problèmes pour lesquels le leader se montrait remarquablement radical : au moins était-on sûrs de ne plus avoir à s'embêter avec plus tard.

D'un coup, l'atmosphère semblait avoir pris un coup de froid. Abel avait perdu son sourire de bienvenue pour une expression beaucoup plus austère. Beaucoup plus caractéristique de son comportement habituel aussi, en fait. Et son regard scrutateur n'avait pas quitté Jamie une seule seconde alors qu'une fois arrivés dans la pièce, il s'était retourné pour lui faire face et continuer cette petite discussion entre quatre yeux.
Il ne fallait pas se méprendre sur le comportement du rider : si de prime abord il avait été heureux de se trouver face à Jamie, le récit de ce dernier avait un peu voilé son humeur. Admettre aussi ouvertement devant lui qu'il n'était pas revenu pour des raisons aussi légères qu'une opportunité de tirer son coup, c'était remettre sur le tapis sa loyauté envers son chef d'une manière très crue. Et Abel, qui avait toujours beaucoup apprécié le jeune homme (trop sans doute puisqu'à bien des égards, il l'avait souvent traité mieux que son propre frère, trouvant chez Jamie une personnalité qui collait mieux avec la sienne que celle de Caden) digérait mal cette information. Qui aimait être un second choix, de toute manière ? « Dis-moi, qu'est-ce que tu espérais exactement en te pointant ici après toutes ces années ? » Malgré tout, sa voix était calme. Trop calme. Jamie avait tout intérêt à choisir correctement les réponses qu'il allait lui donner. Beaucoup de choses avaient changé depuis son départ et si à l'époque le Rhodes n'était pas du genre à pardonner les erreurs des autres, c'était un fait d'autant plus avéré maintenant : Abel ne s'était pas bonifié avec le temps, bien au contraire.

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❝Abel et Jamie❞

A la minute où il avait fait preuve d’humour, il avait su. Les années passées loin d’Abel avait eu des conséquences. Non pas sur leur relation mais sur les habitudes entre eux. Jamie savait très bien qu’avec le leader, il ne devait pas être aussi relâché qu’il l’était normalement. Surtout lorsque ça concernait ses blagues vaseuses. Le jeune homme serra la mâchoire en colère contre lui-même pour une erreur pareille. Sa remarque cinglante ne fit qu’empirer les choses. Il se maudissait intérieurement. Le pire fut l’appellation dont il désigna le blond : un déserteur. Cette insulte le toucha à la fois dans son ego mais aussi dans ses sentiments. Jamais mais jamais il n’aurait cru qu’Abel penserait ça de lui. Bien sûr qu’il avait imaginé de nombreux scénarios sur son retour au ranch dont plusieurs négatifs mais jamais ça… Il entrouvrit la bouche pour protester mais aucun mot ne sortit. Déstabilisé, il se contenta de détourner le regard vers l’intérieur du salon, posant son attention sur des objets sans intérêt. Laissant quelques secondes empruntes d’un silence plus que pesant, il répondit enfin à sa remarque sur un ton posé : "Être déserteur c’est se retourner contre son clan ou l’abandonner, et jamais je n’ai mis ma loyauté pour toi et le ranch de côté, jamais."Certes, il avait pris du bon temps et certes, il avait perdu la notion de la réalité mais il ne lui était jamais venu à l’esprit de tourner le dos à Abel ou même de ne plus jamais le revoir. Le Rider comptait trop pour lui pour qu’il puisse l’éliminer, juste comme ça, de ses souvenirs.[color:d065=##0099cc]"Ma blessure m’a forcé à rester sur place plusieurs mois. Je ne pouvais pas partir sans avoir récupérer un minimum de force. C’était déplacé de t’expliquer les choses de cette façon je le reconnais. "Il baissa la tête quelques secondes avant d’affronter le regard inquisiteur de son chef. C’était totalement vrai. Avoir été alité 3 mois lui avait fait perdre des muscles et il n’aurait jamais survécu jusqu’au ranch. Peut-être qu’il ne s’était pas trop pressé pour rentrer mais il était rentré, n’était-ce pas ce qui comptait au final ? Après trois ans d’absence, on était plus à un ou deux mois près. Abel avait raison de poser la question suivante, qu’est-ce qu’il pouvait bien attendre de son retour au ranch ? Il avait été guidé par ses sentiments et non par sa raison tout au long du chemin. De fait la réponse se fit rapide et sans réfléchir :"Que tu sois en vie déjà."Cette réponse paraissait sentimentale, peut-être trop pour Abel, même pour Jamie, mais elle était vraie. C’était la première chose à laquelle il avait pensé, espéré lorsqu’il avait franchi les limites du domaine. "Ainsi que retrouver mon chez moi. Je reconnais que je suis parti longtemps mais si tu doutes un instant que je ne puisse plus servir les intérêts des Riders, tes intérêts, alors je ne partirai pas mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te prouver le contraire !"Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, Jamie affichait un regard plein de détermination. Il voulait retrouver sa place au sein du ranch mais aussi la relation qu’il avait avec son chef."Tu penses que parmi les autres Riders certains seraient partis aussi longtemps pour accomplir la mission que tu m’as donné ?" La question n’était pas ironique et encore moins agressive. JC gardait son ton posé et voulait juste établir ses arguments. Son obstination était sa plus grande qualité quand il s’agissait de faire un travail et Abel le connaissait assez bien pour le savoir. Du moins, il espérait.

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♔ Jamie & Abel

« will things return to normal ?

L'accusation peu subtile qu'Abel avait porté à l'encontre de Jamie porta un coup franc qu'il fut bien obligé de constater et il le laissa se justifier sans surenchérir, son regard ne le quittant pas une seule seconde et scrutant la moindre de ses réactions, comme s'il tentait de jauger sa sincérité à la manière dont il s'offusquait de ses propos blessants.
Qu'il soit en vie, affirmait Jamie comme s'il s'était agi de la raison la plus importante parmi toutes celles qu'il avait eu de se souvenir de l'existence du ranch. Abel haussa un sourcil surpris : après tout ce temps, il n'avait pas pensé que le jeune homme y accorderait une quelconque importance. A l'inverse de lui qui l'avait présumé mort après quelques semaines sans nouvelles et n'avait pas perdu son temps et ses hommes à faire rechercher son corps, Jamie aurait donc franchi une distance parfaitement respectable juste pour s'assurer de se simple point.
Et c'était chose faite, puisqu'ils se retrouvaient à présent tous les deux de nouveau face à face comme auparavant, sauf que le poids des années passées et perdues avaient creusé entre eux un écart qui sur l'instant semblait infranchissable. Jamie, toutefois, semblait foutrement décidé à ne pas se laisser abattre par la méfiance de l'autre rider.

« Non » laissa finalement tomber Abel sans vraiment avoir pris le temps de s'accorder une réflexion sur le sujet. « Ils auraient rebroussé chemin après le premier et ne se seraient pas acharnés pour une cause vaine : sur la frontière canadienne, Roy ne représentait plus une menace. C'est une bonne chose qu'il soit mort, mais c'était une erreur de ta part. Tu aurais dû revenir bien plus tôt au lieu de t'obstiner dans une chasse à l'homme jusqu'au fin fond du pays. » Si vraiment c'était la raison qui l'avait poussé à s'éloigner autant du ranch, Jamie poussait la définition de "loyauté" vers des extrêmes plutôt inhabituels à une époque où la survie primait sur tout le reste.
Peut-être avait-il craint la colère de son chef à revenir seulement à moitié triomphant, il était difficile à ce dernier d'imaginer maintenant quelle aurait été sa réaction à l'époque s'il avait appris l'envolée définitive d'un des deux hommes à abattre. « Tu m'étais plus utile ici qu'à courir par mont et par vaux. Cela n'aurait pas dû te prendre plus d'une semaine ou deux, je t'avais envoyé parce que je faisais confiance à ton efficacité. » Et de toute évidence, il s'était trompé sur le sujet. Néanmoins, il ne connaissait pas non plus les conditions exactes de cette poursuite, n'avait pas la moindre idée de ce qui avait bien pu se passer pour le ralentir autant. Ça avait au moins l'avantage de tempérer la rudesse de ses propos à l'égard de son vis-à-vis, c'était toujours ça de pris pour lui. « Mais t'es toujours vivant malgré tout. Plus coriace qu'un cafard, eh ? T'en a bouffé, des bornes, pour revenir ici à pieds. Ça signifie tout de même quelque chose, j'imagine. » Sauf si tout n'était qu'un ramassis de mensonges. Evidemment. Il chassa la pensée nuisible de son esprit, juger Jamie sur l'homme qu'il connaissait trois ans plus tôt était peut-être une erreur, mais il était prêt à la tenter malgré tout. Cependant, il faudrait à Abel sans doute encore un certain temps avant de se réhabituer à nouveau au jeune Ferguson et retrouver la dynamique de leur duo, si tant est qu'elle leur revienne un jour. Difficile à prévoir vu comme la méfiance s'ancrait dans le moindre de ses gestes, la plus simple de ses questions. Jamie aurait clairement besoin de refaire ses preuves avant d'être à nouveau pleinement accepté par le ranch et son dirigeant.

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❝Abel et Jamie❞

Le "non" franc et direct que lui adressa Abel, lui laissa un espoir de reconquérir son respect. Espoir qui partit bien vite lorsqu’il continua. Manifestement, l’obstination de Jamie l’avait desservit, à l’inverse de ce qu’il aurait pu penser. Abandonner n’était pas dans les habitudes du jeune homme, c’était même contre nature. Par ailleurs, plus les kilomètres défilaient, moins il se sentait la possibilité de rebrousser chemin. Obstiné tel un pingouin voulant attraper sa sardine, ça c’était transformé en une mauvaise escalade d’engagement. Jamie eu envie de lui dire qu’il ne savait pas si Roy ne reviendrait pas, il ne pouvait pas savoir si ce mec ne monterait pas un groupe et ne reviendrait pas se venger, mais il se passa de tout commentaire. Sans broncher, il accepta les réprimandes. Certes, Abel venait de le comparer à un cafard, ça aurait pu être pire. Au moins, un cafard ça pouvait résister à tout, autant prendre la comparaison du bon côté. Un léger sourire s’afficha sur son visage. Il devait reprendre du poil de la bête après tout ça. "J’espère..." Clairement, il ne se voyait pas repartir après tout ce chemin. Et comme il l’avait dit plus tôt, il ferait tout ce qui était possible pour prouver qu’il méritait sa place ici, quitte à retourner dans les champs, jouer aux fermier ou à réparer les chiottes."Tu peux peut-être me trouver une utilité au ranch, le temps de te décider sur mon sort. D’autant plus que j’ai appris à chasser, ça peut servir… Et je suis sûr qu’il y a des trucs à réparer, il y a toujours des trucs à réparer." C'est là que les Riders avait trouvé un autre mécano, c'était foutu pour lui. Au moins il avait une autre corde à son arc. Faute de revenir avec deux têtes dans son sac à dos, il revenait au moins avec une compétence supplémentaire qui pourrait servir aux Riders. Petit cafard était devenu grand. Et il ne doutait pas que sa capacité à tout bricoler pouvait toujours servir. "Tu me diras… t’as sûrement besoin d’un peu de temps pour réfléchir." Abel était impulsif et il le savait alors autant lui laisser le temps d’analyser toute la situation. Après un silence qu’il prit comme une approbation, il quitta le salon. Les choses s’étaient donc révélées plus compliquées qu’il ne l’aurait pensé mais il ne perdait pas espoir de se réintégrer au ranch et de se faire valoir aux yeux d’Abel. De toute façon, il n’avait pas d’autres choix qui se proposaient à lui, il n’en voulait pas non plus.

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« will things return to normal ?

Bien qu'il ne fit rien pour retenir Jamie lorsque celui-ci tourna les talons et quitta le salon, l'entrevue imprévue et cette conversation qu'ils venaient d'avoir lui laissaient un arrière goût d'inachevé en bouche. Trois ans pour quoi... une dizaine de minutes d'un face à face qui n'avait rien des retrouvailles de deux personnes proches ? C'est vrai, Abel avait fait son deuil du rider après de longues semaines sans la moindre nouvelle et la conclusion logique de sa mort, mais Jamie n'avait certainement pas mérité un accueil aussi réservé de sa part.
Toutefois, le regret passa aussi vite qu'il était apparu et ce moment, trop fugace, ne se discerna même pas sur son expression indéchiffrable tandis qu'il suivait du regard la silhouette du revenant quitter les lieux.

(début janvier, deux mois et demi plus tard)
Le soleil avait du mal à se lever en cette fin de matinée plongée dans la grisaille. Accompagné de cinq cavaliers, Abel était parti sur un raid de bonne heure mais le butin sur lequel ils avaient mis la main était maigre, guère intéressant. Le ranch les avait vu de retour avant midi, vaguement dépités par cette perte de temps mais c'était aussi ça, les expéditions : rares étaient celles vraiment fructueuses et au moins cette fois n'avaient-ils pas fait de mauvaises rencontres. Il fallait voir l'aspect positif.
Le Rhodes se trouvait encore dans l'écurie une vingtaine de minutes plus tard lorsque des bruits de sabots annoncèrent un nouveau cavalier. Il n'y prêta pas attention tout de suite, terminant de panser le hongre pie qui lui servait de monture alors que Silas lui tenait compagnie, toujours fier comme un paon lorsqu'il obtenait le droit de s'occuper du cheval de son père. L'image que renvoyait le duo semblait tirée d'un autre temps, la complicité évidente qui liait le père et son fils dans ces trop rares instants qu'ils partageaient encore rappelant que oui, Abel était bel et bien encore un être humain capable d'avoir des sentiments. Avec son gamin, le leader s'autorisait d'être un peu plus détendu qu'à l'ordinaire, plus souriant aussi (mais ça n'était pas bien difficile dans la mesure où il ne souriait pour ainsi dire jamais). La conversation s'orientait loin des tracas quotidiens et des problèmes qui régissaient la plupart de ses interaction avec le reste de ses hommes. Comme quoi tout était possible.
Mais le moment, voué à être éphémère – comme tous ceux qui l'avaient précédés et ceux qui suivraient en se raréfiant au fil des années qui passeraient sur cette relation – , s'évanouit quand la porte du box fut refermée : avisant l'autre personne qui se trouvait dans le bâtiment, Abel renvoya Silas et se rapprocha de l'autre cavalier.

Le temps avait passé depuis le retour de Jamie au ranch et si les débuts avaient été difficiles, il semblait que le rider avait bien réussi à se retrouver une place au sein du domaine de la Crimson Valley.
Quant à Abel, il lui avait fallu pas mal de recul pour accepter la présence de Jamie sans que ses pensées ne se laissent ronger par le doute et la paranoïa qui, vicieuse, déformait la vision qu'il avait des autres. De tous les autres, exception faite peut-être de quelques personnes triées sur le volet et qui ne se comptaient même pas sur les doigts d'une seule main. Mais s'il ne traitait toujours pas le jeune homme comme l'ami qu'il était avant de partir en mission trois ans plus tôt, force était de constater qu'il s'était au moins quelque peu radouci depuis leur premier vis-à-vis.
« Jamie », salua-t-il tandis qu'il se rapprochait du cavalier. « Ça tombe bien que tu sois là, j'avais à te parler. » Il jeta un bref coup d’œil autour d'eux mais à priori, il n'y avait personne d'autre de présent à proximité immédiate d'eux. « En privé, de préférence. »

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❝Abel et Jamie❞

Levé tôt pour aller récupérer ses pièges et en poser de nouveau, Jamie était parti en dehors du domaine des Rhodes. Une balade à cheval lui faisait le plus grand bien de se retrouver seul en forêt, malgré ce temps hivernal grisâtre. Les pièges n’avaient pas donné grand-chose : 3 lapins. Certains s’étaient déclenchés sans rien attraper. C’était mieux que rien. Ca le contenterait pour cette journée, ainsi que d’autres Riders qui seront ravis de partager un bon repas. Il passa donc la matinée à récolter ses proies et à poser de nouveaux pièges. Les lapins accrochés à sa selle, il repartit vers le ranch.
De retour, peu de temps avant midi, il passa ramener son cheval aux écuries où il aperçut Abel. Depuis son retour, les échanges avec son chef avaient été brefs mais le jeune homme n’avait pas forcé les choses. Les choses se passaient relativement bien au ranch et il ne voulait pas titiller sa chance en allant parler au leader. La relation qu’ils avaient à présent, l’accablait mais il gardait en tête ce qu’il lui avait dit plusieurs mois auparavant : qu’il ferait tout ce qui était possible pour regagner sa place. Jamie prit quelques secondes pour admirer le père et le fils, ce qui lui arracha un sourire. Silas avait bien grandit depuis qu’il était parti et à chaque fois, ça l’étonnait. A plusieurs reprises, il l’avait croisé dans les alentours du ranch mais il n’avait jamais pris la décision de lui adresser la parole. Son père aurait pu mal réagir à cette approche. Jamie descella sa monture avant de le bouchonner rapidement et de l’amener dans son box. Il entendit l’enfant courir au même moment où il sortait du box et croisa le regard d’Abel."Salut boss." Dit-il simplement, sans chercher à virer vers de l’amusement ou de l’arrogance. Ses traits étaient amicaux mais pas familiers pour autant. Il avait bien compris son erreur la dernière fois à se laisser aller. Les lapins sur l’épaule, il se planta face à lui, attendant les ordres ou commentaires de son chef. Un espoir teinté de crainte fit son apparition lorsqu’il lui annonça qu’il devait lui parler. Jamie n’attendait qu’une occasion pour le satisfaire et il espérait sincèrement que c’était cette occasion qui se présentait à cet instant. De l’autre côté, il craignait que les choses ne dérapent encore plus. A son tour, il jeta un regard dans les écuries."Sans problème. Tu veux aller ailleurs ?" Personne ne semblait être dans le coin. Du moins, c’est ce qu’il pensait avant de percevoir un léger mouvement dans la périphérie de son regard. Personne à l’exception de Silas qui espionnait son père, cachait derrière une botte de foin. Cette scène arracha un nouveau sourire à Jamie avant qu’il ne se retourne vers le père pour lui faire un signe de tête. "Mais j’ai l’impression que ton fils veut savoir ce que son père fait."Malgré sa curiosité, JC céderait bien volontiers sa place au gamin. Par extension, il se sentait protecteur envers le mini Rhodes, peut-être même encore plus qu’envers Abel. Prenant le lot de lapin attaché par une corde, il sortit son couteau pour la couper et tendit l’animal mort au jeune Silas. "Si tu ramènes ça en cuisine, je suis sûr qu’on peut vous préparer un sacré repas à tous les deux pour plus tard." Il se retourna enfin pour faire face à l’espion et lui adressa un sourire chaleureux, l’incitant à prendre la proie et aussi à trouver une excuse pour s’en aller sans se faire réprimander par son père.

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Un vague sourire passa sur son visage alors que Jamie démasquait sans grand peine le gamin mal planqué derrière sa botte de foin. L’indiscrétion de son fils ne l’agaçait pas plus que ça, à bientôt neuf ans il ne paraissait pas incongru que ce dernier laisse sa curiosité lui dicter certaines impulsions. Du moment qu’il savait ensuite retourner à sa place et ne pas persévérer là-dedans…
Suite à la proposition de Jamie, Silas se tourna vers son père avec un regard interrogateur, ne faisant même pas l’effort de paraître un minimum contrit pour avoir été attrapé en flagrant délit de tentative d’espionnage, et attendit l’approbation de ce dernier pour ensuite partir en courant vers les cuisines, le lapin à la main. Abel le suivit du regard jusqu’à être sûr qu’il avait cette fois bien quitté les écuries. « Il n’arrête pas de me tanner pour que je lui apprenne à chasser en ce moment » observa-t-il tandis que la porte du bâtiment se refermait. Sauf qu’il avait bien d’autres chats à fouetter pour s’occuper de ça et, s’il ne rechignait certes pas à lui apprendre quelques choses d'utiles lorsqu’il passait un peu de temps avec lui, il l’estimait encore bien trop jeune pour quitter l’enceinte protectrice du domaine tant que ce n’était pas une nécessité et sûrement pas à cette période de l’année où les rôdeurs pullulaient dans la zone malgré leur isolement des grandes villes. Il fallait croire que le campement était désormais suffisamment gros pour attirer durablement l’attention de ces bouffeurs de chair humaine.
« Enfin ce n’est pas de ça dont je voulais te parler » continua le leader tout en se retournant vers son interlocuteur. Même si Jamie semblait apprécier le môme, Abel n’en était pas rendu au stade où il avait du temps à perdre en conversations futiles sur ce genre de sujets. « J’ai une mission à te confier. » Le ton était redevenu sérieux tandis que les derniers vestiges de son attitude bien plus ouverte et chaleureuse d’il y a quelques minutes achevaient de disparaître : face à un adulte, les réflexes inconscients du rider chassaient automatiquement tout ce qui pouvait être interprété comme une faiblesse de caractère. Il s’assura d’avoir bien toute l’attention de son vis-à-vis avant de poursuivre sur sa lancée : « Je veux que tu partes vivre à Olympia. Les transactions ne se passent pas aussi bien que je le souhaiterais et j’aurais bien besoin de quelqu’un comme toi sur place afin de les superviser et t’assurer que tout se passe à notre avantage. Il faudra aussi gérer les tensions, j’imagine que tu n’es pas sans savoir que nous ne sommes pas les bienvenus là-bas. Mon intérêt n’est pas dans un conflit ouvert à cause d’un stupide problème d’entente entre deux cons. » Le sujet avait déjà été ramené sur le tapis lors du dernier passage d’Abel à Olympia mais il ne pouvait pas être présent pour surveiller ses hommes et même si sur le moment, le message avait semblé clair, il fallait qu’il puisse être sûr que ça allait perdurer plus de quelques jours.
Mais bon, tout ça n’était que la partie visible de l’iceberg et certainement pas les seuls motifs pour lesquels il envoyait le jeune homme là-bas.

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❝Abel et Jamie❞

L’enfant mit enfin les voiles alors que le jeune homme le suivait du regard avec un sourire. Au moins sa chasse avait fait un Rhodes heureux, un mini-Rhodes en tout cas. Il lui aurait bien proposé de lui apprendre à chasser mais là n’était pas sa place. Enfin, il ne savait pas vraiment où elle se situait, juste qu’il faisait profil bas depuis des mois. Manifestement, aujourd’hui allait changer ça.
Son attention se focalisa sur Abel dès qu’il prononça le mot « mission ». Prenant les choses très au sérieux, il perdit son sourire et fronça les sourcils, lui accordant toute la concentration que cette opportunité semblait mériter. Toutefois, cette mission le surprenait un peu. Vivre à Olympia ? Abel voulait se débarrasser de lui ? Après quelques secondes de réflexion, il préféra envisager l’explication la plus optimiste : il lui faisait assez confiance pour l’envoyer dans une ville extérieure et gérer certaines choses. Jamie avait entendu parler de l’occupation des Riders à Olympia mais ne s’était jamais intéressé de près à la situation politique de cet arrangement. Tout ce qu’il savait là-dessus, c’était pas les bruits de couloir ou d’écurie par ci, par là. De nombreuses plaintes avaient été formulées à l’égard des oly dans les rangs des Riders. Il songeait que ce n’était pas seulement dû à une hospitalité déplorable mais aussi à un manque d’adaptation des cavaliers. Pourtant passer d’une tente à un toit au-dessus de leurs têtes, n’était pas censé déplaire à qui ce soit. "J’imagine bien qu’ils ne sont pas ravis d’avoir des Riders dans leurs murs malgré l’aide qu’on a pu leur fournir…" Ses paroles étaient teintées d’amertume. Il ne trouvait pas ça normal que les Olympiens ne soient pas redevables après tout ce que le clan avait fait pour eux. D’autant plus que si les Riders ne s’étaient pas bougés, les Jackals seraient sûrement en train de boire l’apéro dans le crâne des enfants olympiens. "J’apprécie que tu m'attribues cette mission." Dit-il franchement tout en réalisant qu’Abel lui donnait enfin l’opportunité de prouver sa valeur et il ne comptait pas le décevoir. Toutefois, cette mission semblait un peu superficielle, dans le sens où il aurait pu envoyer n’importe qui d’autre mais peu importe, comme il lui avait annoncé à son arrivée, il ferait n’importe quoi pour remonter dans son estime. Jamie reprit la parole pour cerner un peu mieux quelques détails de son affectation. "Leur chef c’est Yates, c’est ça ? J’en ai vaguement entendu parler parmi les gars au ranch… Ça marche comme un conseil chez eux, il me semble. Est-ce qu’au moins ils sont tous d’accord pour faire en sorte que ça fonctionne entre nous ? Juste pour savoir qui seront les personnes à convaincre." Un petit sourire s’afficha sur son visage. Il s’imaginait déjà faire preuve de ses talents de manipulateur pour arriver à ses fins. Cette mission s’envisager comme sympathique, malgré le fait qu’il devrait quitter le ranch après un trop bref retour. Au moins, il allait retrouver des Riders là où il allait. Il espérait juste ces derniers ne soient pas trop récalcitrant à l’idée que Jamie viennent « aider ». "Quelle est ta politique concernant Olympia ? J’imagine bien que nos intérêts passent en premier mais il y a d’autres choses à savoir ?" Jamie faisait sérieusement ses devoirs en digne subalterne qu’il était.

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« Il n’y a personne à convaincre », rétorqua-t-il « Yates a passé ce marché avec moi et si certains au sein de son conseil n’étaient pas d’accord, c’est trop tard pour eux désormais. Au point où on en est, leur opinion n’a plus la moindre importance là-dedans. » Au moins les choses avaient le mérite d’être claires. Et Abel se fichait pas mal de l’approbation (ou non) des autres personnes investies d’autorité à Olympia, du moment que les résultats suivaient ce qui avait été défini juste après l’attaque, début novembre : il n’était plus possible à personne de revenir en arrière à présent.
Quant à sa politique à l’égard de la ville, elle était plutôt simple, néanmoins le leader n’avait pas le moindre intérêt à ce que Jamie suive fidèlement ses propres intentions. Pas pour le moment, en tout cas : il lui fallait un médiateur, pas quelqu’un qui appliquerait à la lettre son point de vue. « Ce que tu dois savoir, tu l’apprendras bien assez vite sur place. » Immergé parmi les olympiens et ceux des cavaliers qui résidaient déjà là-bas, le jeune homme aurait tôt fait d’être au courant des tenants et aboutissants de cette alliance qui suscitait un peu trop de remous ces derniers temps. S’il ne s'était guère intéressé à la situation jusqu’à présent, son hébergement dans la ville le forcerait bien à réviser cette attitude. « Tu auras probablement des problèmes avec les habitants, mais je compte sur toi pour être plus intelligent que certains et éviter les esclandres. C’est aussi valable pour les riders que tu vas rejoindre. Je leur ai lâché trop de lest dès le début, je me retrouve avec des fouteurs de merdes sur les bras. » Évidemment, le geste à la base avait été volontaire, il les avait laissé prendre leurs aises parce que c’était plus ou moins ce qu’il faisait aussi. Ça ne lui avait pas spécialement posé de problème de les voir se comporter comme des petits princes arrogants sur un territoire qui n’était même pas le leur.
Seulement, la situation commençait doucement à lui échapper des mains et devoir faire des rappel à l’ordre à chaque fois qu’il devait se rendre là-bas ne faisait pas partie de son programme, il avait franchement bien autre chose à foutre. La tension entre les deux clans avait grimpé bien plus vite que ce qu’il avait pensé, Olympia avait encore du répondant après ce qui s’était passé là-bas et ne comptait visiblement pas se laisser faire par ses nouveaux “habitants”. « Mais que les choses soient claires, je ne te demande pas de diriger quoi que ce soit. » De toute façon, Jamie n’avait pas la moindre autorité ici, il était revenu depuis bien trop peu de temps pour que les autres, les plus “anciens”, le respecte. Et puis à priori, ils jouaient déjà très bien au petit chef à qui mieux mieux alors il n’avait pas besoin d’en envoyer un de plus là-bas. Alors ce qu’il attendait de lui, c’était qu’il garde la tête sur les épaules et se montre capable de désamorcer une situation salement goupillée. C’était plus dans les cordes de quelqu’un comme Jamie que comme lui. « En revanche, je veux que tu gardes l’œil ouvert et des retours réguliers sur la situation au sein d’Olympia. Tout ce que tu jugeras bon d’être porté à ma connaissance. Mes rapports avec Yates ne sont pas exactement au beau fixe (doux euphémisme) et s’il devait advenir qu’ils se dégradent encore davantage, il serait utile que je dispose du maximum d’informations que tu pourras rassembler. »

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Jamie hochait la tête pendant qu’il ingurgitait toutes les informations que lui donnait son chef. Un soupir tenta de s’extirper de sa gorge mais il le retint à temps. L’idée qu’il ait encore besoin de faire des efforts avec des nouveaux habitants l’exaspérait un peu mais si c’était son boulot alors il le ferait sérieusement. Au moins, chez les Olympiens, personne ne le connaissait et il pourrait en bénéficier pour partir d’un bon pied. Si on ne compte pas les Riders déjà présents. De ce que lui disait Abel, les choses s’étaient envenimées depuis leur installation dans la ville. Déjà que ça les relations inter-clans n’étaient pas au beau fixe alors les rixes ne devaient pas arranger ça. S’il comprenait bien ce qu’on lui disait c’est que c’était la merde à Olympia et que la nécessité de quelqu’un pour tempérer les esprits s’avérait de plus en plus nécessaire."Je n’y comptais pas, je n’ai pas la légitimité pour, de toute façon."JC ne s'est jamais senti comme un leader et encore moins depuis son retour au ranch. Ne pas diriger le groupe de Riders l’arrangeait bien pour le moment. De ce que lui annonçait Abel, il devrait faire des rapports et donc revenir ici. Ça aussi ça l’arrangeait bien. A son retour, il aurait pu baiser le sol du domaine juste pour le sentiment qu’il était enfin chez lui. Aujourd’hui l’idée de le quitter à nouveau, le titillait mais peu importe, satisfaire Abel était bien plus important. "Très bien."Dit-il avec assurance avant de réfléchir un peu plus aux dernières paroles de son interlocuteur. Est-ce qu’il était en train de sous-entendre une forme discrète de recueil d’informations ?"Je ne connais pas Yates mais je suis sûr que la plupart des Olympiens sauront s’entendre avec moi et me parler… Après tout, je suis juste un gars sympa qui vient donner un coup de main à Olympia et améliorer nos relations avec eux ? Et s’ils n’ont pas ce sentiment, alors je ferai en sorte que ce soit le cas." Un sourire accompagné d’une pointe d’ironie apparait lors qu’il prononce ses dernières paroles. Malgré tout, il fallait avouer que cette affectation allait être intéressante. Jamie aimait jouer, à tous les jeux possibles et inimaginables, et « recueillir des informations » allait être amusant. Enfin, amusant selon la définition de Jamie. Les débuts allaient être difficiles mais le jeune homme était patient et une fois qu’il s’était donné un objectif, il l’accomplissait."Est-ce qu’il y a des informations qui t’intéressent particulièrement ?" Jamie ne posa pas la question de façon explicite mais il se demandait si Abel avait quelque chose en tête concernant la ville. Ça ne le regardait pas, bien sûr, mais il voulait aider au maximum et pour cela, il avait besoin d’une idée de ce qui était prioritaire dans ses recherches. Son interlocuteur était plutôt connu pour son côté conquérant autant au niveau du caractère qu’au niveau de ses actions. L’attaque à la mine, quelques années plus tôt, était une bonne représentation de ce trait de personnalité. Loin de lui l’idée qu’Abel allait prendre le contrôle d’Olympia mais cette option n’était pas à rejeter. Après tout, un chef comme lui ne serait pas du luxe dans le village des petits poneys. "Si je résume ma mission c’est d’apaiser les tensions entre Olympiens et Riders, surveiller la répartition après les raids, ainsi que de recueillir les informations que j’aurais pu malencontreusement entendre. C’est dans mes cordes. J’ai oublié quelque chose ?"Le blond lui donnait l’opportunité de développer un peu plus sur les informations sans se montrer insistant.

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♔ Jamie & Abel

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A en juger d’après les réactions que Jamie avait face à aux instructions qu’Abel était en train de lui communiquer, le leader n’avait pas fait un mauvais choix en décidant que ce serait à lui d’aller mener ce double jeu un peu délicat à Olympia. Il espérait néanmoins que l’avenir ne le détromperait pas et que le jeune homme saurait se révéler aussi efficace que l’impression donnée par ses paroles assurées.
« Pas spécialement, ma connaissance concernant Olympia est particulièrement lacunaire, aussi tout ce que tu peux rassembler est bon à prendre. » Il n’y avait là guère de quoi s’en étonner : évidemment qu’on s’arrangeait bien pour qu’il ne puisse pas avoir accès à tout ce qui avait de l’importance pour la vie de la cité. Même si les riders avaient passé du temps à mettre la main à la pâte pour la reconstruction de la ville, ce n’était pas pour autant qu’on les avait laissé libres de fouiner jusque dans les moindres recoins et ingurgiter tout ce qu’il y avait à savoir.
Abel acquiesça au résumé de l’autre rider tandis qu’un mince sourire satisfait tirait ses lèvres. « Eh bien, si tu es aussi doué pour retenir les ordres que pour les appliquer; cela ne devrait pas trop de poser de problème. » Le ton s’était voulu mordant quoique pas franchement agressif, rendant difficile à deviner la réaction adéquate qu’il fallait adopter face à ça. Reproche camouflé ou simple cynisme habituel, la délimitation entre les deux était mince et pas forcément aisé à trouver. « Tu partiras en début de semaine prochaine, ça devrait te laisser largement le temps de mettre tes affaires en ordre ici. Normalement, il devrait y avoir un transfert de provisions d’Olympia vers le ranch lundi. » Normalement, parce qu’on était jamais bien sûr de ce qui pouvait arriver en cours de route. Mais ils n’avaient rencontré que peu de problèmes de ce côté là depuis le début alors autant croiser les doigts pour que ça continue. « Tu prendras la place de Barett dans le convoi, j’ai déjà eu trop de plainte à son sujet. » Barett qui allait probablement en faire tout un foin parce que c’était une grande gueule, mais il n’aurait pas d’autre choix que celui d’abdiquer s’il ne voulait pas avoir d’autres problèmes autrement plus graves.
« Bon enfin j’ai à faire, alors si jamais tu as d’autres questions, viens me voir avant de partir. » Abel amorça un demi tour puis se ravisa après seulement deux pas pour pivoter et de nouveau faire face à son interlocuteur. « Et Jamie ? Une dernière chose : essaye de ne pas te perdre en cours de route, cette fois. » Le message était plutôt clair. Après tout, ce ne serait pas le premier rider à préférer la vie et le confort à Olympia plutôt que ceux du ranch. Mais s’il avait pu se montrer tolérant sur certains départs arrangés, Jamie ne bénéficierait certainement pas de cette chance là.

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❝Abel et Jamie❞

Vu ce que lui disait Abel, il allait devoir faire travailler sa mémoire. Si le leader ne connaissait pas grand-chose à Olympia et, de fait, ne pouvait pas orienter mieux ses ordres alors il allait devoir prendre note – mentalement – de tous les détails de cette ville. Lourd boulot mais pas impossible, loin de là. Gérer les Riders/Olympia plus apprendre à connaître cette ville et ses gens. Ca pouvait être plaisant surtout si certains jouaient au poker. Alcool et jeux donnaient souvent de bons résultats en termes de récolte d’informations. Alors que ses pensées vaquaient à imaginer de bons moments à Olympia tout en remplissant les ordres qu’on lui avait donné, Abel cassa l’humeur. Cynisme sec et presque cruel. Peut-être mérité, peut-être pas. Il avait déjà donné assez de son moral à cause de ça depuis son retour, voilà qu’il remettait sur le tapis. Jamie baissa les yeux, regardant le sable par terre, serrant la mâchoire. Il avait tellement envie de lui crier que c’était injuste et qu’il s’était saigné pour revenir, qu’il s’était saigné pour remplir sa mission, presque à en perdre la vie. Toutefois, il savait que ça ne changerait rien et que la seule solution était de lui montrer qu’il était toujours le même gars qu’avant, toujours aussi fidèle, et manifestement, plus intelligent qu’avant."Sans problème."Partir la semaine prochaine était parfait. Il aurait très bien pu partir cet après-midi mais n’allons pas contrarier un peu plus le leader. Une semaine pour s’habituer au fait qu’il allait vivre entre quatre murs, dans une ville inconnue et des gens inconnus, le délai semblait donc raisonnable. Il nota les détails à propos du convoi et du fameux Barett. "Ca devrait aller, merci." Son merci ne concernait pas que la proposition d’Abel de venir le voir avant de partir, si besoin, mais aussi de lui donner la chance de faire quelque chose, de faire quelque chose de mieux et pour lui. Bien sûr, il ne put s’en aller sur cette simple note de bienveillance. Deuxième coup dans la gueule en l’espace de quelques minutes. Heureusement qu’il savait encaisser. "J’ai compris la leçon." Dit-il plus froidement qu’il ne l’aurait voulu. Ça n’en restait pas moins vrai. De toute façon, il ne comptait pas s’installer à Olympia ni se perdre sur le chemin du retour. Le ranch était bien trop près pour qu’il arrive à le mettre de côté comme il avait pu le faire pour le Kenada. Abel était bien trop proche pour le laisser faire aussi. "On se voit au prochain transfert !" Il n’avait pas posé la question mais avait supposé que Jamie viendrait faire ses rapports régulièrement au moment où les Riders ramèneraient la collecte des raids. Jamie adressa un signe de tête au leader et s’éloigna dans la direction opposée. C’était pas pour aujourd’hui que leur relation s’améliorerait mais il ne perdait pas espoir même si l’éloignement n’allait pas arranger le problème. Enfin bon, problème plus urgent : il y avait un lapin qui attendait d’être cuit.