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 Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.

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MessageSujet: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyJeu 9 Mar - 11:18

Rory & Harrison
« Est-ce que je suis envahissante ?
- Terriblement, lorsque tu n'es pas là.

Il a repoussé le moment jusqu’à son extrême limite. La perspective de sortir de la Mine, cette fois pour nettoyer l’entrée, est venue à bout de sa stupide obstination.

Ce n’est pas la première fois qu’Harrison s’extirpe des tunnels ; il est l’un des rares à le faire en dépits de la fermeture décrétée par Anita, et ça parce qu’il faut bien que les nouvelles de l’extérieur continuent de parvenir jusqu’à eux. Seulement, depuis la dernière fois, les rôdeurs se sont accumulés, agglutinés, jusqu’à empêcher qui que ce soit de sortir et d’entrer. À l’intérieur, il tourne en rond. Et il lui tarde d’aspirer l’air vicié de la Carrière. Il ne participera probablement pas à l’épuration à proprement parler, car les raiders sont autrement plus qualifiés pour cette tâche que lui, mais la manœuvre est extrêmement dangereuse, audacieuse. Vaguement suicidaire. Harrison s’est proposé à la place de Joe et, s’il réussit à se creuser une voie d’extraction, s’il réussit à prendre de la hauteur et de la distance, il pourra renvoyer quelques informations stratégiques à la Mine. L’éclaireur a sagement révisé son morse et introduit deux morceaux distincts de miroir ainsi qu’une lampe de poche dont les piles sont encore fiables. S’il réussit, il sera assurément d’une grande aide. Et s’il meurt…

S’il meurt, Harrison veut lui avoir parlé d’abord. Il veut parler à Rory maintenant.

Depuis qu’elle est arrivée à la Mine (et il l’a su tout de suite, ou presque), il s’est appliqué à l’éviter. La plupart du temps, ça a été facile, car ils sont affectés à des tâches et obligations très différentes, et les tunnels fourmillent d’une effervescence et d’une urgence bien trop prenantes pour s’attarder sur ses propres états ou réfléchir longtemps. À soixante-dix et dans l’exiguïté de l’infrastructure, Harrison s’est souvent contenté de nier qu’il l’avait vue, et il est presque certain qu’elle en a fait autant. Le temps qu’il n’a pas dépensé à l’extérieur, il l’a occupé auprès d’Anita ou d’Uzo. Et, quand il n’a plus été question de compulser des informations trop anciennes pour vraiment retranscrire la situation extérieure, il a simplement attendu dans des recoins et des cachettes qu’il ne connaît que trop bien. À présent, c’est différent. À présent, Harrison n’a plus tellement envie de respecter ce qu’elle a dit, la dernière fois qu’ils se sont vus. Il n’a plus envie de lui foutre la paix. Ou, pour être exact, il n’a plus le luxe de faire semblant qu’elle n’est pas là ou de prétendre que ça lui fait rien de la savoir à Hamilton.

Harrison la trouve où il sait qu’elle sera – dans son dortoir. Comme elle n’est pas seule (il n’y a aucun endroit où on puisse vraiment être seul, ici), il se plante sur le seuil et patiente que la discussion tarisse, au fur et à mesure qu’on s’aperçoit de sa présence. D’un bref mouvement du menton, il salue Maxine, mais c’est Rory qu’il regarde, la langue brièvement passée sur les lèvres pour témoigner de son anxiété. Si un sourire tente péniblement de s’articuler, l’éclaireur y renonce très vite. « Est-ce que je peux te parler ? » Après t’avoir intentionnellement et ostensiblement ignorée. Pendant une fraction de seconde, Harrison se prépare à essuyer un refus. Parce qu’il le mérite. Parce qu’ils n’ont rien à se dire. Parce que les derniers mots échangés lui laissent une amertume qu’il est incapable de déglutir depuis. « Ça ne prendra pas longtemps… » Son timbre est plat, très posé. À ne pas les connaître, c’est Harrison Roe qui vient transmettre des instructions à Rory Wheeler pour le bon fonctionnement de la Mine. Et, très honnêtement, il est ravi qu’on n’entende pas ce qu’il y a de personnel et de suppliant dans sa voix.
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptySam 11 Mar - 15:15

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Elle hausse les épaules, Rory, avachie sur son lit de camp, tandis que le regard mi-réprobateur mi-consterné de Maxine la percute de plein fouet. Cette dernière lâche un soupir en disant long sur sa pensée, probablement suite au manque de réaction de sa nouvelle colocataire. « Il te faut un programme alimentaire spécifique. » Elle acquiesce, même si le programme lui ayant été dépeint quelques instants plus tôt ne l’enchante pas réellement. Elle se souvient on ne peut plus nettement de celui qu’elle suivait à la lettre avant que le monde ne parte en vrille, depuis il lui a été difficile de surveiller son alimentation, elle s’est contentée de ce qu’elle trouvait, en veillant à ne pas ingurgiter d’aliments trop sucrés. Un peu bancale comme méthode, elle l’accorde, mais elle est toujours en vie après tout, peut-être pas en parfait état, mais elle tient encore bien droite sur ses deux jambes. « Il faudra également que tu manges à heures fixes, trois fois par jour. » Elle a l’étrange impression d’entendre sa mère en train de la réprimander. D’accord, elle s’est plutôt négligée, elle a eu tendance à banaliser sa maladie, encore plus ces derniers temps. Peut-être qu’elle est inconsciente, surement même, mais ce n’est pas comme si elle s’était attendue à survivre aussi longtemps. Alors, elle a tout simplement continué à compter sur sa chance redoutable, en oubliant parfois qu’elle n’est autre qu’une petite chose fragile, plus fragile que la moyenne en tout cas, portant constamment sur ses épaules un lourd fardeau. « Très bien. » se contente-t-elle de répondre, résignée de toute manière. Maxine ne lui laisse pas le choix, non, et puis, il est temps qu’elle se reprenne en main, elle n’a pas tort là-dessus.

Un timbre de voix qu’elle reconnaîtrait entre mille fendille l’air, le brouhaha ambiant s’estompe un instant, alors que son estomac se noue progressivement. Elle n’a pas été tendre avec lui, en plus de l’avoir délibérément ignoré depuis son arrivée. Les paroles qu’elle lui a jetées au visage avec dureté résonnent encore dans son esprit. La culpabilité lui lie littéralement la gorge depuis. Cette dernière n’a fait que croitre depuis que la rumeur orchestrant un mystérieux éclaireur probablement diabétique lui est parvenue aux oreilles. Donc, il lui stock de l’insuline. Y’a de quoi se sentir sacrément honteuse. Le regard de Maxine oscille un instant entre les deux mineurs. « Il faudra qu’on en reparle. » se contente-t-elle de déclarer tout en s’éclipsant rapidement. Elle se redresse avec nonchalance, se postant à quelques pas de l’éclaireur. Le ton employé est formel, un peu trop à son goût et l’esquisse de sourire qu’il tente en vain de lui adresser n’est là que pour faire bonne figure, enfin c’est ce qu’elle s’imagine. « J’ai tout mon temps, moi, de toute manière. » rétorque-t-elle en consonance avec les propos d’Harrison. Elle n’a pas envie qu’il se sente obligé d’expédier cette conversation, comme s’il n’était rien d’autre qu’un indésirable, ce n’est pas le cas, même si elle a conscience que son comportement de ces dernières semaines n’indique rien allant de ce sens. « Donc, on arrête de se comporter comme si on était invisible l’un pour l’autre ? » Rory et sa franchise débordante, voilà quelque chose qui ne changera jamais. Ce n’est pas un reproche, plutôt un simple constat, ni plus ni moins. De toute façon, elle se sait mal placée pour lui faire des remontrances. C’est elle qui l’a envoyé paitre sans prendre de gants. Force est de constater que jusqu’à présent, il a suivi avec soin ses souhaits balancés à la volée, sous le coup de l’émotion. Elle n’a pas pour habitude de peser ses mots, elle aurait dû pourtant, ça lui apprendra à ne pas tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.

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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptySam 11 Mar - 16:48

Maxine le déborde pour sortir, et Harrison, le regard rivé à la blonde, ne lui accorde qu’un fragment d’attention. Ils font très bien semblant de ne pas se consulter, d’oublier qu’ils se sont croisés. Et il lui est reconnaissant, il la remercie en silence, quand le bruit discret de ses pas s’étiole et s’éteint dans son dos.

L’éclaireur supporte mal de mener cette conversation, sans devoir, en plus, endurer l’opinion que s’en fait quelqu’un d’autre. L’avis de Rory lui donne, seul, suffisamment à craindre. Alors il mesure pesamment chaque pas qu’elle fait pour se rapprocher de lui, l’endroit – à bonne distance – qu’elle choisit pour rester et le ton qu’elle emploie pour rompre l’atmosphère. C’est neutre. Plutôt commode, spécialement lorsqu’on s’appelle Rory Wheeler. Et, fort d’avoir longuement anticipé ce moment, il s’attendait plutôt à ce qu’elle le chasse une nouvelle fois, le rappelant au souvenir cuisant de leur dernière rencontre. À l’entendre, Harrison réalise qu’elle n’a tout simplement pas le choix. Elle est à la Mine, à présent, et ils ne peuvent s’ignorer indéfiniment. C’est puéril, en sus (plus encore pour ses trente-quatre ans à lui que pour ses vingt-sept ans à elle), de détourner le regard et de rentrer le menton dans les épaules, l’air de ne s’être jamais parlés ou envoyés de pied-de-biche en travers de la figure. Ça ne ressemble pas à Harrison, surtout. C’est que les mots vont et reviennent entre ses tempes, ils le harcèlent, et il est incapable de se les ôter du crâne quand il se tient là, droit, devant elle. Il ne veut plus respecter ce qu’elle a dit, mais l’obligation le tenaille encore.

« Donc, on arrête de se comporter comme si on était invisible l’un pour l’autre ? » « Je suis désolé. » Ça a filtré des lèvres avec la même promptitude qu’un coup de feu. Aux traits de son visage qui se tirent et se crispent, Harrison aimerait ravaler son excuse. D’abord, parce que ça tenait là, au bord de sa bouche, à vouloir sortir à tout prix sans qu’il y réfléchisse. Ensuite, parce qu’il entendait déjà des reproches, et non ce pur état des lieux.

La première chose qu’il pensait dire devait ressembler à : j’étais très occupé, je n’ai pas trouvé un moment pour venir te saluer et te souhaiter la bienvenue. Même dans sa tête, ça sonnait affreux et affreusement faux. Bien sûr, il l’évitait. Et, comme il l’avait judicieusement déduit, elle l’évitait aussi. Quelque chose dans l’attitude de Rory lui suggère qu’elle a renoncé à le faire, et il y a un bon millier de raisons à ça. Dans les tunnels, dans le peu de visages qui font leur quotidien, ils n’ont pas le choix de s’entendre et, plus exactement, de se côtoyer. Pour ça aussi, Harrison avait préparé quelque chose : je serai souvent à l’extérieur, de toute façon, tu n’auras pas besoin de me voir. Là-dessus, il est plutôt content de n’avoir ni à le dire ni à le promettre.

Ce qu’il avait imaginé n’a rien à voir avec ce qui est. Aussi humecte-t-il brièvement ses lèvres, un petit air de confusion qui lui traverse le visage et disparaît tout de suite : « Je veux dire : oui. Si tu es d’accord, oui. » La perspective de pouvoir lui parler librement, sans contentieux ouvert entre eux et sans indifférence parfaitement fabriquée, allège quelque peu la conscience d’Harrison. Mais ce n’est pas exactement l’avenir qui le préoccupe ou qui la fait venir jusqu’à ce dortoir. Alors il ne se passe pas plus d’une seconde avant qu’il n’enchaîne : « Tu avais raison. » Lorsque ses mains ont envie de se presser l’une l’autre et avoueraient dès lors toute sa nervosité, l’éclaireur les fourre dans les poches de son blouson. Son faux air de décontraction, de nonchalance inhabituelle, le rend, si ce n’est ouvertement nerveux, sensiblement ridicule. « Quand tu as dit que ce n’était pas mes affaires, il croit bon de préciser, et que tu n’étais pas mon problème. Tu avais raison. » Sur le moment, retourner à Olympia lui avait semblé urgent et nécessaire. Il s’en était mordu la lèvre.
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyDim 12 Mar - 15:51

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Elle fronce les sourcils, perplexe, déroutée par les excuses soudaines de l’éclaireur. Il n’a aucun tort si ce n’est d’avoir suivi peut-être un peu trop rigoureusement ses propos. Elle devrait surement s’estimer heureuse, elle a obtenu ce qu’elle souhaitait après tout, même si au fond, était-ce sincèrement ce qu’elle désirait ? Sur le moment présent, elle ne ressentait rien d’autre que cette colère, cette rage la décimant de l’intérieur. Pas de place pour sa bienveillance, pour son inquiétude, sa considération. Elle s’estimait privilégiée, trop chanceuse. Pourquoi Izie et pas elle ? Pourquoi est-ce que les autres souffrent autant et non elle ? Pourquoi était-elle encore en un seul et unique morceau ?  Elle s’en est voulu de pouvoir encore respirer à pleins poumons, de ne pas avoir été touchée plus que ça par cette vague de violences, de ne pas pouvoir s’approprier la douleur de son frère, subir à sa place, pleurer à sa place. Elle s’est blâmée, des semaines durant, pour quelque chose d’absurde, une chose sur laquelle elle n’a jamais eu aucun contrôle.
Et puis, elle a réalisé, trop tard, beaucoup trop tard. Toutes les paroles qu’elle a prononcées. Pas seulement à l’égard d’Harrison. Ces mots épineux, abruptes, balancés sur un coup de tête. Ces personnes froissées par ses discours hasardeux, déplaisants. Si, cette épouvantable soirée du trente et un octobre a bel et bien été le facteur déclencheur de son agressivité et par la suite de son départ, elle s’est finalement rendue compte qu’Olympia la bouffait depuis qu’elle a foulé le sol de la ville, depuis toujours en somme.

Elle se radoucit, encore un peu plus, pas au point de se départir de sa moue dédaigneuse si caractéristique des Wheeler, mais tout de même. Elle tente sans trop de succès d’étirer le coin de ses lèvres en un léger sourire. Au fond, c’est complètement stupide, mais elle lui en veut peut-être un peu, une partie d’elle du moins. Pour l’avoir balayée aussi facilement de son existence. Paradoxale, certes. Elle n’a pas vraiment pour habitude d’être écoutée de la sorte. En règle générale, on fait abstraction des répliques cinglantes de Rory Wheeler. Parce que tout ce qu’elle a beau dire n’a jamais réellement compté à Olympia. « C’est sûr, ça ne te concernait en rien. » Elle hausse les épaules, enfonçant inconsciemment le couteau dans la plaie. « Faut dire que t’as le chiche pour débarquer au pire moment. » ajoute-t-elle, bras croisés contre sa poitrine. Elle remarque la nervosité se matérialiser dans chacun des gestes savamment calculés d’Harrison. Elle ne s’imaginait pas aussi impressionnante, enfin " impressionnante ", c’est à prendre avec des pincettes. « T’as également le don de suivre un peu trop au pied de la lettre mes paroles. » Le reproche est lancé. Reproche en demi-teinte. Reproche pour le moins peu commun. En même temps, il ne faut pas chercher à comprendre son mode de fonctionnement sous peine de s’y perdre. Elle représente à elle toute seule un véritable casse-tête chinois. Toujours imprévisible. Reese s’amuse souvent à lui faire remarquer qu’elle aurait bien besoin d’un reset.  « Tu sais, ce que les gens balancent sous le coup de la colère n’est pas forcément à prendre en compte, pas toujours en tout cas. » Une façon un peu bidon de banaliser son comportement. Elle aurait pu tout aussi bien présenter ses excuses. Je suis désolée de m’être comportée comme une harpie ingrate, qu’elle aurait dû balancer. Navrée de t’avoir aboyé dessus comme un clebs en colère, ça fonctionne aussi. Pas son genre cependant. Elle a du mal avec tout ce qui se rapproche de près ou de loin au pardon. Encore un truc qu’il vaut mieux éviter de chercher à comprendre.

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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyLun 13 Mar - 0:42

C’est vrai, Rory Wheeler n’est pas son problème.
Et, bien sûr, c’était le pire moment.

À la mention du trente et un octobre, il tressaille quasi imperceptiblement. Harrison se retient de dire que c’est lui qui a rapporté la nouvelle de l’attaque. Il s’en empêche, parce qu’il lui faudrait dire, aussi, qu’il se trouvait aux abords d’Olympia pour la voir, elle. Tout est ironiquement, et inextricablement, lié. Il n’avait jamais couru aussi vite, il lui semble, et le chemin jusqu’à Hamilton n’avait jamais été aussi interminable. Il était arrivé épuisé, naturellement, tout juste capable, le myocarde bloqué dans la gorge, de rapporter à Anita la mise en sac savamment entamée par les Jackals. Sans Josephine, Harrison y serait retourné tout de suite. Sur les rotules, si nécessaire. Une idée qui lui a paru fort stupide, et tout à fait inconsciente, par la suite. À la seconde où Rory lui a peu gentiment recommandé de lui foutre la paix, en vérité. C’est depuis lors qu’il a résolu qu’elle n’était pas – pas du tout – son problème.

L’insuline qui dort parmi ses affaires n’est pas franchement d’accord. Qu’importe.

« On m’avait encore jamais reproché d’avoir fait très exactement ce qu’on m’avait demandé… » Le ton est raide, légèrement agressif – ou plutôt abrasif. Ce n’est pas une attitude qui sied bien à l’éclaireur, aussi sa contrariété se dissout-elle aussitôt. Il fouille quand même dans le regard de Rory, à la recherche d’un peu de remords, n’est-ce qu’une ébauche ou une pincée. Car ce n’est pas très juste, et d’une incroyable mauvaise foi, de lui demander de déguerpir et de le lui reprocher ensuite. Son silence et l’indifférence feinte, dans les creux et tunnels de la Mine, c’est une chose (et il se blâme mille fois pour ces enfantillages de lâche ou ces lâchetés d’enfant). Elle l’a cependant ignoré, elle aussi. Harrison en a logiquement conclu que c’était tout ce qu’elle voulait. Mais ce n’est pas ce qu’elle dit, là. Face à elle, et sans personne dans le dortoir pour guigner leur échange, il n’est ni suffisamment stupide ni suffisamment blessé pour ne pas voir ce qu’elle pense derrière ce qu’elle dit, ce qu’elle pourrait dire si Rory n’était plus cette fille bornée et orgueilleuse. Il en prend toute la mesure, la commissure des lèvres doucement relevée. « On aurait dit des excuses, fait-il remarquer. » C’est plus facile de sourire, même à travers trois épaisseurs de malaise. Le rictus est encore timide – spécialement pour Harrison Roe, mais il se dégourdit lentement, car il ne connaît aucune autre manière de faire et d’exister. « Je te dis ça, je ne t’ai jamais vu en faire, alors… (Il hausse les épaules.) Je ne saurais même pas te dire à quoi ça ressemble. » L’espace de quelques secondes, il se souvient de ce que ça fait, de se trouver dans la même pièce qu’elle, de subir son ton, son sarcasme, sa sale humeur et ses mauvaises manières. Et de rester tout de même. « Peut-être qu’on peut arrêter de se comporter comme si on était invisible l’un pour l’autre, reprend-il un peu plus posément. » Harrison a la drôle d’idée de tendre la paume, comme s’il voulait vraiment qu’elle lui serre la main. Ce serait une sorte… d’accord ? d’entente ? L’initiative est bête, et anxieuse. Alors il sourit de travers, cette fois : « De toute façon, on sera forcés de se croiser, il ajoute précipitamment. Je ne pourrais pas suivre tes paroles au pied de la lettre, ici. Même si je le voulais. » En dehors du fait qu’il y a plutôt bien réussi jusque-là, l’éclaireur dit qu’il n’en a pas envie et qu’il n’essaiera pas.
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyLun 13 Mar - 17:23

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Elle est injuste, elle en a parfaitement conscience. Des remords, elle en éprouve, elle est juste habitée par cette foutue fierté à la con. Les excuses, elle saute généralement cette étape, ne s’en encombre pas. Parce que ce serait reconnaitre ses torts et qu’il y a donc très peu de chance que cela se produise, à moins qu’elle ne se soit sévèrement cogné le crâne.
Elle n’est pas habituée à cette touche d’agressivité pointant dans le timbre de voix de l’éclaireur. Elle a presque envie de le toucher, histoire d’être certaine que ce soit bel et bien lui se dressant devant elle, en chair et en os. Elle arque un sourcil, perplexe, peut-être un peu confuse par cette attitude qui ne lui sied guère au teint. Harrison, c’est le sourire à toutes heures du jour et de la nuit. Ce sourire qu’elle a maintes fois eu envie d’effacer de son faciès sans jamais y parvenir une seule et unique fois. Alors oui, on peut dire qu’il a le don de la prendre au dépourvu. Elle n’aime pas ce savoir potentiellement, surement plutôt, à l’origine de ce comportement maussade, terne. Mais à quoi est-ce qu’elle s’attendait au juste ? A ce qu’il subisse sans cesse ses humeurs changeantes sans piper mot, sans réagir ? Peut-être. Ça aussi, c’est incroyablement égoïste de sa part. Décidément, elle n’a rien d’un cadeau.  

Il se radoucit, ce soupçon d’aigreur se désagrégeant par la même occasion. Elle s’en voit instantanément soulagée. Elle en vient à se demander l’espace d’un instant s’il a perçu son trouble ou s’il ne peut tout simplement pas chasser son naturel optimiste bien longtemps. Ou les deux. « On ne saura probablement jamais, le mystère reste total. » nie-t-elle sans aucune difficulté, bras croisés contre sa poitrine, fidèle à son attitude fermée. Peut-être qu’il commence à la sonder mieux qu’elle ne se l’est imaginé. Ce serait bien le premier en oubliant Reese. C’est le seul aussi à s’être acharné de la sorte, il faut le reconnaître. Il est plus tenace qu’il n’y parait. À se demander ce qu’il peut bien lui trouver, s’il ne serait pas légèrement maso sur les bords. Ça doit être ça. Même elle, elle a déjà du mal à se supporter, c’est dire la gravité de son cas.
Elle l’observe tendre la main, sourcils légèrement froncés, laissant le geste suspendu dans le temps une poignée de secondes. Elle retient difficilement un sourire en coin, trahissant son contentement. La situation est pour le moins déconcertante. Un coup ils se font la moue, un coup ils se dérident. Finalement, elle enserre sa main, pressant doucement sa paume contre la sienne. « Peut-être, oui. » qu’elle concède, ses prunelles vissées aux siennes. De toute façon, elle n’a plus envie de faire semblant, du moins pas totalement. Faire comme s’il n’existait pas, c’est beaucoup trop compliqué, elle doit l’admettre. « Tu dis ça maintenant, tu risques de ne plus le vouloir d’ici peu de temps. » Elle lâche finalement sa main, oubliant presque qu’elle la maintenait encore étreinte contre la sienne. Il ne sait pas dans quoi il s’engage, supporter une Rory Wheeler au quotidien ce n’est pas de tout repos, probablement qu’il s’en mordra les doigts d’ici peu, à coup sûr même. « Parait que je suis plutôt du genre invivable. » Une chose qu’elle reconnait sans sourciller. Elle n’est pas une très bonne coloc. Il n’a jamais eu à se la coltiner plus de quelques heures tout au plus, il a plutôt intérêt à s’accrocher. « Alors, tu as encore le droit de changer d’avis. » Elle hausse les épaules, se cale contre la paroi rocheuse. On ne pourra pas dire qu’elle ne l’a pas mis en garde cette fois-ci.

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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyJeu 16 Mar - 12:35

Durant dix bonnes secondes, il croit qu’elle va le laisser là, paume suspendue, à le regarder être ridicule depuis son petit rictus oblique. Ce serait bien son genre… Rory ne lui passe pas grand-chose, pas une occasion de se moquer, de grogner, de le repousser. Sur le moment – sur ces dix longues secondes, il aimerait qu’elle oublie de le faire, juste pour cette fois. Ça n’est pas très net dans le crâne de l’éclaireur : c’est un mélange d’épuisement et de vulnérabilité, c’est la sensation qu’il s’en sortirait beaucoup mieux s’ils parvenaient à être amis. En bons termes. En bons termes, ce serait bien, et cette poignée de mains idiote vient soulager l’étreinte autour de son souffle. Comme elle ne le lâche pas des yeux, il n’a pas le temps de descendre le regard jusqu’aux phalanges mêlées. Pourtant, plus elle s’attarde et plus l’envie le démange. Quand, de guerre lasse, ses pupilles vont décliner, elle le relâche et lui provoque un sourire invincible qui le distrait complètement. « Parait que je suis plutôt du genre invivable. » « J’ai entendu cette rumeur, oui. » Elle l’est assurément et, à la Mine, ce sera le problème de beaucoup mais définitivement pas le sien. « Mais c’est en quelques sortes mon boulot, de vérifier les rumeurs, hausse-t-il les épaules, alors… » En un sens, c’est dommage. Et incroyablement ironique. Ils n’auront jamais été aussi près l’un de l’autre et, désormais, il peut consulter sa sécurité sans parcourir le moindre kilomètre. Si Harrison n’avait pas l’impression qu’ils sont ferrés dans un foutu tombeau, il se réjouirait certainement de savoir Rory à Hamilton. Or, rien ne chasse cette sale humeur qui grignote l’arrière de sa tête et qu’il cache admirablement derrière deux rangées de dents découvertes. « Je ne sais pas comment tu as fait pour convaincre Anita, il siffle avec une intonation légèrement admirative, mais j’imagine que tes arguments ne reposaient pas sur ton maniement de la crosse de hockey et ton talent pour t’attirer des emmerdes… » À plusieurs reprises, Harrison a pensé le demander à Anita elle-même. Il aurait pu, et son leader lui aurait sûrement répondu sans sourciller. Encore maintenant, il n’interroge pas vraiment l’ancienne olympienne. C’est tellement mieux, et tellement plus serein, de se cacher derrière la plaisanterie, la vague raillerie, que de sonder le fond. De ce qu’il sait – et il en sait beaucoup, Olympia est un endroit sûr. À bien des égards, pas autant que la Mine, mais sûr quand même. Depuis le cloisonnement de la porte, choisi puis forcé, Harrison n’est plus de cet avis. Plus du tout. Depuis qu’il a proposé de braver l’enclave des rôdeurs, d’autant moins. Et tous les nouveaux survivants accueillis par Anita lui semblent, dès lors, n’être que des condamnés à mort qu’elle a insensiblement greffés à la liste de tous les autres. Il ne lui en veut pas pour ça. Du moins, c’est ce qu’il croit.

« Écoute, je. » D’abord, Harrison ne pensait pas lui dire. Pour la sortie. Ça se perçoit dans la vélocité avec laquelle les mots se sont extirpés de la gorge alors qu’ils causaient d’autre chose. Il ne pensait pas le lui dire, car ça ne concerne pas Rory et qu’elle s’en fiche probablement (ou presque). Aucun mineur ne sera directement affecté, d’ailleurs, qu’il réussisse ou non. C’est la raison pour laquelle il n’a parlé qu’à Joe et à Maxine, pour le moment, et ne compte pas se livrer autrement. Seulement, ça ne lui semble pas très juste, très régulier, alors qu’ils sont en quelques sortes tout juste réconciliés – ? – de la laisser imaginer qu’ils seront amenés à se croiser quand ça ne sera peut-être pas le cas. Plus qu’une autre sortie, celle-ci est périlleuse. Mortelle. Suicidaire. Ça n’est pas non plus d’un intérêt stratégique suffisant pour qu’il n’ait pas le droit de le dire… Alors, dès les premières syllabes libérées, Harrison sait qu’il n’aura pas le choix d’achever. « On va tenter une sortie, demain. Enfin. Je. » Un autre sourire de travers. « T’en as sûrement rien à faire, je sais. C’est juste… » Rétrospectivement, ça semble absurde, et Harrison ne réalise pas tout de suite que ses billes ont dégringolé en direction du sol. « Je suis content qu’on soit plus invisibles l’un pour l’autre. » Même à le répéter, l'euphémisme ne s'étiole pas.
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyVen 17 Mar - 16:41

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Vérifier les rumeurs, un rôle qu’il semble prendre très à cœur, peut-être trop, puisqu’il se chargeait déjà de surveiller son cas alors qu’elle se la coulait douce à Olympia. Et Dieu sait ô combien ça l’a agacée, encore aujourd’hui, bien qu’à présent ça lui semble plus légitime qu’auparavant. Rory déteste cette sensation d’être épiée, elle s’est toujours entêtée à clamer haut et fort qu’elle n’a besoin de personne pour veiller sur elle, en réalité, elle doit bien admettre que la présence d’Harrison s’est plusieurs fois démontrée utile et avisée. Non, il n’y a pas uniquement le facteur chance ayant joué un rôle dans sa survie inespérée, il y a aussi, depuis un moment, le facteur Harrison, qu’elle évite soigneusement de prendre en compte, bien sûr. « J’ai préféré éviter de mentionner ses deux talents particulièrement impressionnants. » Il est vrai, qu’elle n’a pas été tout à fait honnête, pas toujours, elle n’a pas menti, non, elle a simplement omis quelques fragments de vérité non-nécessaires. Son talent inouï pour attirer les emmerdes comme la peste et s’y engouffrer pieds joints, n’est pas ce qui aurait joué en sa faveur, sans parler de sa maladresse hors pair. Rory, catastrophe ambulante, danger public. « J’ai certains atouts, aussi étonnant que cela puisse paraître. » Au final, ils ne se connaissent pas réellement, rien n’a filtré de leurs passés respectifs. Elle ne sait pas grand-chose de lui et inversement. Faut dire qu’elle n’aime pas vraiment aborder le sujet. Alors non, il n’est pas au courant pour ses études de pharmacologie, ce qui a probablement joué en sa faveur, sans compter Dax. Bien qu’elle ne soit pas certaine que le fait que Dax se porte garant pour elle soit un réel avantage. Elle a le sentiment qu’il est pire qu’elle ou qu’elle a déniché son alter ego masculin, à vérifier.

Ses lèvres se pincent en une moue mi-soucieuse mi-confuse, tandis que l’ambiance légère semble s’évaporer soudainement, laissant place à une touche plus sérieuse, plus grave. Elle ne se laisse pas berner par ses rictus en biais, quelque chose se trame, forcément, sinon il n’aurait pas abordé le sujet avec elle. « Je suppose que pour m’avouer cela, il s’agit d’une mission périlleuse ? » Elle touche dans le mille, elle est en persuadée. Pas dupe tout de même, pas débile non plus. Son estomac se tord, lui arrache une grimace anxieuse qu’elle ne peut réprimer malgré ses efforts. Elle n’a pas le droit de le blâmer de se mettre en danger, pas quand elle a fait de même cinq années durant, bravant les murs en tôle d’Olympia, juste pour ressentir cette foutue adrénaline, cette sensation de liberté. Contrairement à lui, elle n’a jamais eu aucune raison valable, justifiant ses actes. « Parce que ce serait franchement agaçant que tu crèves maintenant. » Alors qu’elle vient d’atterrir à la mine, alors qu’il a désormais tout le loisir de l’emmerder et ce, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Quitte à mourir, autant que ce soit d’un coup de pied-de-biche, de ma main, ça va de soi. » qu’elle ajoute sans tarder. Plaisanterie vaine. Le ton manque d’entrain, la trahit. C’est donc ça qu’il ressent quand elle s’obstine à braver le danger tête la première. Elle n’aime pas cette sensation qu’elle tente d’étouffer intérieurement avec vigueur. Elle n’aime pas éprouver de l’inquiétude pour une autre personne que Reese ou Mina. Loin d’elle l’envie d’ajouter Harrison Roe à la liste des personnes desquelles elle doit se soucier.

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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyVen 17 Mar - 21:01

Rétrospectivement, Harrison préfèrerait discuter des talents indéniables de Rory Wheeler en matière de survie (et, accessoirement, se moquer d’elle encore un peu). Il se sent piégé par les maux – les mots – d’une boîte qu’il a lui-même ouverte, curieusement acculé alors que rien ne le forçait à vivre cette discussion. Elle ne le mérite pas, en outre. C’est par pur égoïsme qu’il parle. Ou plutôt qu’il essaie, car ça ne ressemble pas aux discours neutres, structurés et factuels dont l’éclaireur a l’habitude. En toutes circonstances, il doit savoir utiliser un débit modéré pour des syllabes constantes. Même tout au bord de l’épuisement ou écrasé sous la pression. Mais sa nervosité est différente, très différente des situations dont il doit pâtir quand il sort pour la Mine. Elle est étroitement liée à la réaction de la jeune femme. S’il ne la regarde plus, c’est qu’il s’attend à du dédain ou à ce détachement caractéristique, résolument froid et plutôt brutal. Il s’y prépare avec l’instinct d’un cabot qu’un mauvais maître aurait trop battu. Harrison ne lui en voudrait pas. Ils se répètent assez, dans les échos ou dans le silence, qu’ils ne savent rien, ne se connaissent pas, ne se doivent rien et ne sont rien l’un pour l’autre.

Pourtant, un regard oblique le force à déceler ce qu’il espère. Avant de l’apercevoir, il n’aurait pas su le nommer. Mais c’est là. « Il s’agit d’une mission périlleuse ? n’a-t-elle aucun mal à comprendre. » « Plutôt, il reconnaît tout de suite à voix basse. » Ses pupilles se fixent sur Rory. Il ne devrait pas être soulagé que ça lui fasse quelque chose, mais c’est ce qui lui allège les entrailles. C’est idiot, car sa mort ne ferait qu’un peu plus de dégâts. Harrison a déjà du mal à soutenir le regard de Joe, et c’est de pire en pire, heure après heure. Et, elle, elle sait à quel point périlleux est un mot trop gentil, trop souple, presque naïf. « Ce serait... agaçant, oui, il prend à un rythme ralenti. » Ce n’est pas exactement le terme qu’il aurait choisi pour la chute définitive de son espérance de vie à zéro, mais il accorde, il faut dire, une attention très relative à ce qu’elle dit. Ce qui lui parle plutôt, chez Rory, c’est encore l’expression qu’elle ne peut ni retenir ni modeler. Harrison n’irait pas jusqu’à l’interpréter – il en est parfaitement incapable. Peut-être qu’il délire, et peut-être qu’il ferait mieux d’écourter cette conversation et de partir. Seulement, il n’y arrive pas. « Tu as déjà eu ta chance, malheureusement… » Sans s’en rendre compte, l’éclaireur répond sur le même ton. « Et on est dans le même camp, maintenant, fait-il remarquer comme si cela pouvait lui conférer une quelque immunité lorsqu’il s’agit de Rory. Alors tu comprendras que d’autres essaient. » S’il essayait plus sérieusement, Harrison parviendrait sûrement à rire de ses prochaines (més)aventures. Il a choisi, après tout. Il s’est non seulement porté volontaire, mais il a convaincu Josephine de ne pas prendre sa place. Par deux fois, il a choisi. Et il n’a pas exactement peur de mourir, pas beaucoup plus que d’habitude et qu’il ne le faut pour aimer vivre. Mais assez, assez pour lui faire oublier qu’il n’est pas censé dire : « T’es arrivée à Hamilton au pire moment. » En un sens, elle pourrait être n’importe où à l’heure qu’il est. Pas à Olympia. Dans la nature. Dans la Carrière. À Stonebriar, même. Peu importe les raisons qui l’ont faite accepter par Anita, et ce qu’il en pense foncièrement, Harrison préfère savoir Rory ici. Y compris s’il n’y est pas. « Et… juste au cas où (au cas où je ne m’en sors pas demain), je suis content de t’avoir revue. Parlé, il substitue presque aussitôt qu’il se rappelle combien il n’a fait que l’ignorer. Je suis sûr que ça ira très bien pour toi. » Il articule un faux-sourire, entièrement artificiel, et entame de sortir.
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptySam 18 Mar - 13:55

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Son regard dévie, fixe un point quelconque, à la recherche de son masque d’arrogance, de condescendance, si caractéristique, si habituel. Elle n’aime pas le moins du monde s’en départir, parce que sans ça, sans cette carapace, elle se sent démunie, vulnérable. Loin d’elle l’idée ou l’envie de s’exposer. Alors, elle se contente de se donner un semblant de contenance totalement orchestré et faux. Fort probable qu’il s’en rende compte sans beaucoup de mal, elle n’est pas bonne actrice. « Je comprends, même si j’aurais bien aimé en avoir le monopole, bien sûr. » Le même camp, c’est vrai. Jamais, elle n’aurait pensé atterrir à Hamilton. Enfin, ce n’est pas comme si elle s’était projetée à un quelconque moment. Vivre le présent, éviter d’accorder trop d’importance aux détails, ne pas jeter ne serait-ce qu'une œillade par-dessus son épaule, ignorer avec vigueur l’avenir. Il s’agit là de son mode de fonctionnement précis. Pas toujours évident, pas toujours concluant non plus, pas prête cependant de le renouveler pour autant. « Pas certaine d’être prête cependant à céder ma place. » Même si en l’occurrence, elle en est fatalement obligée, il semble avoir pris sa décision, être décidé à souhait. Nonchalance feinte, moyen déguisé lui permettant de se confesser sans trop se mouiller, non elle ne tient pas plus que ça à ce qu’il sorte. Elle n’a pas le droit de l’avouer à voix haute, ni celui de tenter vainement de le décourager.

Elle encaisse les propos de l’éclaireur sans savoir quoi en faire, de quelle manière les interpréter. Le pire moment. Est-ce que ça existe au juste, le bon moment ? Le bon moment pour s’en aller, le bon moment pour tourner la page, le bon moment pour changer d’air. Elle n’en est pas persuadée. Il y a toujours quelque chose qui cloche, quelque chose destiné à vous gâcher la vie. Elle a le sentiment qu’au fond, la réalité n’est autre qu’une succession de mauvais instants. Peut-être qu’elle se retrouve désormais prisonnière de la mine, c’est vrai, ça ne lui fait pas réellement peur. Elle a échappé à une secte, survécu à l’attaque destructrice des jackals, combattu la fièvre. Alors non, elle n’est pas effrayée d’avoir débarqué au pire moment. Il lui en faut plus pour la déstabiliser.
Elle prend sur elle, garde le silence, l’écoute sans autres interventions. Ça sonne comme un adieu, forcément. Donc, s’il est là, aujourd’hui, c’est pour lui dire au revoir. Une pensée lui traverse l’esprit, fronçant instinctivement ses sourcils. Est-ce qu’il serait venu lui parler, est-ce qu’il aurait renoué le contact, s’il n’avait pas été sur le point de braver la mort ? Peut-être pas, peut-être qu’ils auraient continué leur petit manège stupide, enfantin. Elle, trop fière pour rompre le silence, lui, trop attaché à sa promesse consistant à lui foutre la paix, se mêler de ses affaires. Désormais, il est sur le point de se faire happer par la faucheuse alors forcément, il n’a rien à perdre. « Ça irait mieux si tu faisais un effort pour revenir, tout de même… » Qu’elle lâche avant qu’il ne vide les lieux de sa présence, il peut bien lui accorder deux minutes de plus. Ça lui brûle la gorge de l’admettre. Son timbre de voix est distant, froid, en parfait contraste avec ses mots. « Je veux dire, ça m’éviterait de devoir me dénicher une autre personne apte à supporter ma présence. » Elle se serait sentie débile, de le laisser s’enfuir sans rien dire. Et puis, si ça peut le faire culpabiliser un chouïa, c’est toujours ça de pris. « Au fait, merci, pour l’insuline. » Il n’a pas abordé le sujet, pourtant elle est au courant, depuis son arrivée. Les rumeurs vont bon train par ici. Elle se doute qu’elle lui est destinée, vu le peu de diabétiques foulant encore la terre à l’heure actuelle. Elle n’est pas ingrate, du moins, pas à ce point. « Pourquoi ? » La question résonne, tourne en boucle dans sa tête depuis un moment déjà. « Je veux dire, pourquoi avoir continué à te mêler de mes affaires après tout ça ? » ça lui semble tout simplement surréaliste, ils ne se connaissent pas vraiment après tout, elle ne représente rien.

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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyLun 20 Mar - 22:35

Il a la main sur l’embrasure. Ses phalanges poussiéreuses pressent sur tous les défauts du cadre, et il sent, par moment, le courant d’air plus frais qui traverse les tunnels. Son crâne tient à peu près droit quand il parle et il tarde à se détourner ensuite. Harrison veut qu’elle dise quelque chose. Il ignore quoi précisément ; quelques mots suffiraient, il lui semble. Un certain malaise (de la gêne ? un vertige ?) s’amuse de ses entrailles, le pousse à sortir vite plutôt qu’à pâtir du silence. Oh, il y aurait pire que le silence, c’est sûr… Un au revoir glacial, peut-être. Un salut informel, sinon. N’importe quelles syllabes jetées sur le ton laconique et caractéristique de Rory Je-ne-suis-pas-ton-problème Wheeler. Alors ses doigts serrent plus fort, à s’en blanchir les jointures, et les secondes s’étirent pendant que ses pupilles se détachent lentement, très lentement, d’elle. On dirait qu’il le fait exprès, qu’il prend son temps pour lui procurer plusieurs chances… Elle n’en a pas besoin d’autant, et il ôte sa main de la porte (ou plutôt de ce qui fait office de porte au dortoir) sitôt qu’elle rétorque.

Quelque chose dissonne. Ce qu’elle dit. La manière dont elle le dit. C’est pour le moins difficile de la croire. Un moment, l’éclaireur est perplexe. La blonde a sa propre logique, ses mécaniques subtiles et compliquées. Il ne prétend pas y comprendre grand-chose. Harrison est cependant d’un naturel à tolérer tous les tempéraments et, une apocalypse plus tard, la plupart des survivants ont développé des défenses systématiques, des automatismes de rejet, des mises à distance de tout et de tout le monde, avec lesquels il s’agit de composer. Comment ferait-on pour survivre, sinon ? Depuis qu’il connaît Rory, il trouve seulement que le concept est poussé un peu loin pour ce dont elle a, le plus souvent, l’apparence – une jolie diabétique en sursis. « Je ne suis pas sûr que tu trouverais quelqu’un pour te supporter, de toute façon. » Un sourire fade trône sur sa bouche ; il tente de dégourdir l’atmosphère, et de vider la pesanteur vautrée dans son ventre. « Alors je ferai de mon mieux pour revenir, il promet avec l’inflexion de celui qui plaisante, de celui qui n’y croit pas tellement. » Pourtant, il fera tout ce qu’il faut pour réussir son extraction, accomplir sa mission, et revenir. En vérité, s’il réussit – et s’ils réussissent, réinvestir Hamilton ne posera aucun problème. Tout se jouera demain, en vingt ou trente secondes. Harrison sait qu’il devrait avoir plus peur que ça, mais aussi longtemps qu’il a le regard fixé sur elle… ça va. Tant pis s’il n’entend pas ce qu’il veut. Tant pis, puisqu’il n’est pas en droit d’attendre quoi que ce soit. Tout gueule qu’ils sont indépendants, distincts, cruellement différents et autonomes.

Et Rory l’est. En dépits de cette insuline accumulée, elle l’est absolument. « Qui te l’a dit, bredouille l’éclaireur d’une voix sourde. » Qui te l’a dit est une question incroyablement stupide. Il le réalise sitôt qu’il la prononce, et maudit son réflexe. Pourquoi est une question autrement plus intéressante, plus pertinente, et elle déborde des lèvres de l’ancienne olympienne. Les pupilles d’Harrison s’en détachent et grimpent jusqu’aux yeux.

Il n’a pas préparé de réponse à cette question. Joe a demandé. Maxine a demandé. Pourquoi. En sus, il ne sait pas si Rory l’interroge ou si elle le lui reproche. Il est vrai qu’elle a dit merci. Mais, quand il s’agit d’elle, ça ne signifie pas grand-chose, et il n’aimerait pas qu’elle se mette à le rabrouer maintenant. Alors il pince doucement les lèvres, les humecte du bout de la langue, et tâche de réfléchir à toute vitesse. Puisqu’il est parfaitement apte à le faire dans un environnement grouillant de rôdeurs, ce devrait être facile. En théorie, ça l’est. En théorie seulement. « Parce que je suis trop con pour faire ce que tu dis ? » À l’intonation, c’est à moitié une question à moitié une affirmation. Et, bien entendu, on perçoit surtout l’ironie. Et elle s’efface doucement de son visage, jusqu’à totalement disparaître. « Tu ne devines vraiment pas... ? »
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyMer 22 Mar - 2:21

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Elle n’est pas certaine non plus de lui trouver un remplaçant digne de ce nom, encore faut-il qu’elle en ait l’envie. Elle s’est accoutumée à lui à force, à lui et ses manies agaçantes, à lui et sa persévérance à toute épreuve, à lui et sa capacité redoutable à encaisser sa mauvaise humeur constante. Alors, personne ne sera à la hauteur. Donc, il revient, point barre. Il n’a pas le choix.
Qui ? Quelle importance ? Même si la réponse est tout le monde, sans le savoir bien sûr. Tous ceux et celles s’obstinant à faire circuler la rumeur. Ces imbéciles qui n’ont pas encore réalisé le rapprochement entre elle et lui. Pourtant, sa maladie est de notoriété publique. Faut croire que s’imaginer leur propre éclaireur diabétique est autrement plus intéressant.
Il semble désarçonné l’espace d’un instant, alors elle enchaîne, elle en profite, ne lui laissant pas de répit.

Beaucoup de choses la dépassent, Rory, ou alors elle joue l’autruche, prétendant ne rien y comprendre. C’est plus simple que de s’impliquer dans quoi que ce soit de concret, moins fatigant, moins risqué surtout. Si tout, pouvait toujours rester abstrait et flou, même les sentiments, elle s’en accommoderait parfaitement, sans rechigner, sans même lever le petit doigt.
La raillerie lui arrache un sourire franc, c’est vrai que c’est totalement con de s’attacher à elle. Il faudrait être fou pour s’enticher de quelqu’un dans un monde pareil, un monde brisé, jonché d’embûches. Et c’est encore plus risible quand il s’agit d’elle, la diabétique en sursis. Alors oui, à son sens, il est indéniablement stupide. Pour sûr, ils disposent chacun de leur propre logique, des logiques diamétralement opposées. La fataliste et l’éternel optimiste. L’incompatibilité même.

Elle ne sait pas exactement pourquoi elle s’est encombrée de cette question. Pourquoi ? Elle n’aurait pas dû. L’ironie se dissipe en même temps que son sourire. Elle se doute mais, elle ne veut pas deviner. Parce que tout prendrait une allure trop significative, trop réelle. Il y a grosso modo mille et une raisons pour lesquelles ils ne devraient pas s’enliser là-dedans. « Peut-être. » Elle se mord la lèvre inférieure, trop nerveuse, incapable de trouver les mots pour lui répondre. Est-ce réellement important d’éclaircir ce point maintenant ? Ils pourraient économiser leur salive, garder ça pour plus tard, si plus tard se présente. Alors, pourquoi est-ce qu’elle l’a interrogé à ce sujet ? Mystère irrésolu. Encore une fois, elle aurait dû réfléchir avant d’ouvrir la bouche. « Mais, ce n’est pas dans mes habitudes de m’avancer. » Parce que tant que tout n’a pas été dit, ça reste théorique, rien qu’une simple hypothèse sans grande valeur. Et c’est plus facile à gérer. La facilité elle s’y accroche avec acharnement, pas décidée à troquer cette dernière contre une dose de sentiments. « Cependant, si je devine bien, admettons, alors oui, ça fait de toi quelqu’un d’incroyablement con. » Pas de reproche, pas de sarcasme, juste un constat, du moins son propre constat, sa vision terre à terre, pour ne pas dire défaitiste. Ça ne signifie pas qu’elle ne ressent strictement rien à son égard, non, elle se contente de tout étouffer avec brio. « Je veux dire, rien qu’ici, il y des dizaines d’autres personnes auxquelles tu pourrais t’attacher. » Des personnes qui en vaillent la peine, des personnes qui recherchent l’attention, des personnes en parfaite santé, des personnes avec une chance de survie on ne peut plus élevée que la sienne. Elle ne détache pas son regard du sien, cherchant à y déceler une quelconque réponse. Faut bien avouer qu’il ne s’embarrasse pas de la facilité contrairement à elle et c’est tout à son honneur, même si elle a du mal à le comprendre. De toute façon c’est bien simple, Harrison Roe est une véritable énigme à ses yeux.

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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyMar 4 Avr - 11:55

La voir sourire, la faire sourire, est toujours une victoire en soi. Ça réchauffe l'assurance d'Harrison, et une partie de son optimisme serein. Il est devenu sombre, un peu, miette après miette, aube de peur après coucher de soleil de sang. Ces dernières semaines, ces derniers jours, ont entamé sa lueur et terni son éclat. L'arrivée de Rory à Hamilton a empiré son état général, affecté son indifférence. Pourtant, elle sourit. Elle en est capable. Elle sait qu'elle va mourir, elle le sait avec une acuité très supérieure à la normale, et elle est capable de sourire tout de même. Comment pourrait-il, lui, se laisser manger par la peur ? Comment pourrait-il, lui, n'en est pas capable aussi ? Même davantage ? Cette fille, bordel... cette fille lui restaure l'essence.

Plus encore que lui, Rory regrette sa question. Si elle n'avait pas évoqué l'insuline, Harrison ne l'aurait jamais fait de lui-même. Et ils n'en seraient pas là. L'urgence, le danger et la mort précipitent des mots qu'ils n'ont pas envie de se dire mais que l'urgence, le danger et la mort les empêcheront de dénoncer plus tard. Alors ils font ce qu'ils ne font jamais : ils se parlent, ils se parlent vraiment. « Si je devine bien, admettons, elle réplique à mesure, alors oui, ça fait de toi quelqu'un d'incroyablement con. » Ils sont d'accord et, en même temps, Harrison ne peut s'empêcher d'être blessé. Ou vexé. La frontière n'est pas nette, parce que Rory ne lui dit pas le plus simplement du monde s'il a raison ou s'il a tort. Elle pourrait broyer sa bêtise. Elle pourrait rompre l'équivoque. Il n'essaierait pas de revenir, de survivre, un peu pour elle. « Rien qu'ici, elle explique, il y a des dizaines d'autres personnes auxquelles tu pourrais t'attacher. » Et l'éclaireur l'est. Il leur est lié, à tous et à chacun. Il ne fait pas non plus semblant de ne pas comprendre. « T'as sûrement raison. » Son timbre est lointain, moitié léger et moitié diffus. Ses yeux parlent davantage, ses yeux n'arrêtent pas de fouiller dans les pupilles ennemies, adverses, brillantes. Et Harrison se penche sur elle. Il le fait vite. « Tant pis. » Les mots se décrochent de la bouche pour atterrir et se nicher directement dans le tympan. Foncièrement, il sait bien que c'est absurde, que c'est fou, que c'est con... C'est sciemment qu'il l'ignore, qu'il souffle encore silencieusement tant pis, tant pis pour ces dizaines de personnes, tant pis pour lui, et même pour elle. Tant pis, lorsqu'il dépose les lèvres sur celles de Rory, pas franchement, à la commissure. Ce n'est même pas un baiser. C'est plutôt ce qu'il ne saurait exprimer autrement, dont il n'a pas les termes ou le sens, ou qu'il préfère lui épargner. « Je suis trop con, expire-t-il encore contre les lippes, à voix basse. » Et il se redresse de toute sa hauteur, sans qu'aucun sourire ne parvienne à délier sa gravité ni altérer son honnêteté. Trop tard.

« J’ai donné l’insuline à Maxine, il sort à reculons. » Et il lui a fait toutes les recommandations qu'il pensait nécessaires. Ce n'est pas qu'il se soit complètement préparé à mourir, mais Harrison est, à la Mine, un soldat ; il a échafaudé le plan aux dommages limités, le plan qui lui donnera le moins à regretter.
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MessageSujet: Re: Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là.   Est-ce que je suis envahissante ? - Terriblement, lorsque tu n'es pas là. EmptyMar 11 Avr - 2:10

harrison & rory
«  est-ce que je suis envahissante ?
- terriblement, lorsque tu n'es pas là.
En théorie, elle aurait déjà dû mettre un terme à cette conversation, clore le sujet sans aucune subtilité. En théorie, elle ne devrait pas s’inquiéter, éprouver ce léger pincement lui vrillant la poitrine, déroutante sensation. Peut-être qu’elle devrait vivre en théorie, tout à fait son genre. Refuser la réalité, s’encombrer de détours, s’agripper de toutes ses forces à ce dédain, ce détachement, si caractéristiques. Pourtant, elle a le sentiment d’avoir posé le pied sur une pente glissante, terrain houleux, impraticable. Elle s’y est précipité, sans en avoir conscience, du moins c’est ce qu’elle prétend, c’est plus facile de nier. Au fond, elle est animée par cette curiosité insatiable, ce besoin de savoir, de comprendre, pourquoi elle, pourquoi maintenant, pourquoi tout simplement. Elle n’est pas certaine de pouvoir assimiler les réponses, les enregistrer, parce qu’en fin de compte elle n’est pas capable d’y faire face. Elle, elle préfère se soustraire à ce genre d’interrogations, se défiler, prendre la fuite. Mode de fonctionnement par défaut, automatique. Après tout, elle fuit ses problèmes, elle fuit ses responsabilités, elle fuit sa maladie, elle fuit ses sentiments. Elle est douée, Rory, elle a des années d’expérience derrière elle.

Raison, elle a raison, et depuis quand au juste ? Elle devrait se révéler amplement satisfaite par cet aveu. Loin d’elle cette idée, elle en est plutôt contrariée. Il a une nouvelle fois perdu le sourire, cet éclat qui l’anime. Il rend les armes, baisse les bras. Elle l’a connu plus réceptif, avec plus de répondant. Mais ce n’est pas l’heure pour leurs jeux habituels. Elle le sait. Alors, elle détourne finalement le regard, se dérobe à ses prunelles curieuses, presque inquisitrices. Rory perd soudainement de sa superbe. Fait rare, presque impensable. Elle n’arrive plus à l’affronter, à conserver cet air de défi, cet air condescendant, presque prétentieux. Elle aimerait qu’il parte, qu’il reste, qu’il s’éloigne, qu’il brise cette distance. Savant mélange de contradictions refoulées, étouffées avec soin. Elle retient son souffle, instinctivement, inconsciemment, tandis qu’il se penche sans gêne, instaurant une nouvelle proximité entre eux, une proximité jusqu’à présent inconnue. Les mots lui chatouillent l’oreille, la trouble. Tant pis. Tant pis pourquoi ? Pour lui, pour les autres, pour elle ? Pour tout ce qu’il risque de perdre ? Elle ne saisit pas. Incapable de réfléchir, d’assembler les morceaux, de faire fonctionner ses neurones. Pas tant qu’il est là, trop proche, à agiter ses sens. Recule, maintenant, il est encore temps, que son subconscient lui hurle, rien n’y fait.
Elle est paralysée, profondément incapable de réagir, de le rabrouer illico. Le contact de sa peau, le chaos de ses sens, ses lèvres figées contre les siennes, étreinte maladroite, insoupçonnée. Elle se sent vivre un bref instant. Elle inspire son odeur, paupières closes, frôlant son bras du bout des doigts, quelques secondes, même pas, toucher imperceptible. Trop con. Elle aussi, elle est trop stupide, trop fière, pas prête à changer. Mais lui, cette fois-ci, il bat tous les records. Trop con pour éviter le danger, y échapper. Trop con pour garder ses distances. Trop con pour se montrer raisonnable. Maintenant ils en sont là, proches du point de non-retour. Elle en arrive à passablement regretter leur court moment d’épanchement. Bravo, Harrison Roe, il fallait que tu compliques tout juste avant de crever.

Elle relève le menton, pas franchement remise de cet avant-gout. Il s’écarte déjà, s’extirpe de ce guet-apens. « D’accord. » acquiesce-t-elle, brisant enfin son silence, incroyable silence la connaissant, elle n’est pas du genre à tenir sa langue plus de deux minutes. Elle se sermonne mentalement, pour sa faiblesse, pour ne pas avoir su rester fidèle à elle-même. Elle aurait dû le repousser, point barre, aucune autre alternative envisageable. « Je prendrai soin de moi. » Comme si ça pouvait le rassurer. Déjà, le ton est plus froid, plus distant. Elle se détourne, se détache de lui, avant qu’il n’ait complètement vidé les lieux de sa présence. Elle n’aime pas les semblants d’adieux.

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