best breakfast date ever (maxine)

Arte est arrivée à la Mine et compte s'entretenir avec Anita. Cette dernière exige néanmoins que l'intruse passe un examen médical pour s'assurer qu'elle n'est pas malade. Maxine est appelée à les rejoindre à l'entrée de la Mine. Il est environ cinq heures du matin.

« Emmène-la à l'infirmerie. Tu lui fais un check-up complet. Si elle est malade, vous la sortez de suite et vous suivez le protocole de déconta. » ordonne Anita au médecin qui vient d'entrer. Arte la dévisage silencieusement, profondément agacée par l'ordre que la brune vient de donner à son médecin, avant que le leader de la Mine ne désigne du doigt une garde. « Toi tu les suis, tu t'assures que tout se passe bien et tu me l'amènes à mon bureau ensuite. A tout de suite. » Aussitôt la garde se poste dans le dos d'Arte et lui fait comprendre la direction qu'elle est censée prendre, le jeune médecin n'oppose pas de résistance et avance dans le couloir, les yeux au ciel. « C'est bon, pas la peine de me coller comme ça, c'est fou quand même, je vais pas me volatiliser » elle grommelle quand même au croisement de deux "couloirs" qui n'en ont que le nom, et surtout quand elle est sûre qu'Anita ne pourra plus l'entendre. Son attention se reporte déjà sur le médecin, l'autre médecin, à qui elle lance un regard plein de curiosité. Les habitants de la Mine sont par bien des aspects différents de ceux d'Olympia. « Maxine, c'est ça ? » elle demande en croisant les bras sur sa poitrine, serrant dans ses mains la toile de sa veste sale. « Navrée que notre entrevue n'ait pas pu attendre une heure plus avancée de la matinée, » souffle la jeune brune (pour une fois sincère), quand elle constate l'air fatigué qui tire les traits du docteur. Elle était en quelques sortes à sa place, quelques semaines plus tôt : exténuée par l'attention constante qu'elle devait accorder à ses blessés, incapable de fermer l’œil car elle ne faisait que repenser à l'attaque des jackals qui les avait causés, affaiblie par la plaie qui grondait dans son ventre... Elle est la mieux placée pour comprendre la fatigue de Maxine, et compatit. « C'est que ton leader est particulièrement intransigeant... » marmonne la brune, elle-même surprise de parler autant. Elle n'a pas arrêté de parlé depuis qu'elle s'est réveillée, quelques heures plus tôt : à Zed, au garde, à Anita, à Maxine. La solitude de ces deux derniers mois l'a affamée en relations humaines, elle, qui, fut un temps, rechignait à s'exprimer autrement qu'en monosyllabe. Ce matin elle est particulièrement pipelette, et le mécontentement causé par les ordres d'Anita n'arrange rien à la situation. Arte a besoin de se plaindre, mais elle ravale les mots qui se pressent au bord de ses lèvres quand enfin elles arrivent devant l'infirmerie. Arte attend qu'on en ouvre la porte pour s'y glisser sans qu'on ne la pousse : légitimement curieuse, elle est aussi impatiente de retrouver un semblant de matériel médical, même si ce n'est que pour l'effleurer du bout des doigts ou le caresser du regard. Des pansements, un scalpel, un thermomètre, un stéthoscope, l'odeur particulière et entêtante de certains chimiques : peu importe, ce sont des choses qu'elle aime retrouver après avoir erré deux mois sans rien d'autre pour panser ses plaies que des bandes de tissu. Elle vivait dans l'étrangeté et l'inconnu depuis trop longtemps. « Je suis Arte en passant. Médecin, aussi. Et pas malade, comme tu pourras le constater dans quelques minutes. » Elle comprenait les suspicions d'Anita : son état physique était proche du pitoyable. Et elle avait peut-être encore quelques plaies, des saloperies de bleus et aurait certainement eu besoin d'une bonne douche, mais c'était une certitude : Arte n'était pas malade.

Lorsqu’on vient la chercher, elle a déjà les yeux grands ouverts. Elle fixe le plafond de pierre sans le voir, complètement plongée dans l’obscurité. Elle espère toujours que a noirceur l’aide à oublier ce ciel trop lourd et trop gris qui l’opprime constamment. Force est de constater que c’est totalement inutile. Par ailleurs, ça n’est probablement pas ça qui l’empêche de dormir, même si elle n’a toujours pas mis le doigt sur le problème. La Mine est fermée, l’épidémie de grippe ne les a pas touchés. Et pourtant elle se tourne, se retourne sur son lit, lance les couvertures par terre avant d’aller les récupérer, et se lève tous les matins en ayant fait guère plus qu’une sieste.

Elle ouvre une faible lumière et se tire du lit, déjà habillée. Récupérant quelques affaires, dont une veste, elle referme la lampe et quitte les minuscules quartiers qu’elle partage avec trois autres personnes. Elle enfile sa veste en chemin, sans s’arrêter. Elle ne sait pas pourquoi on la fait venir, mais ça lui importe peu : ça a probablement à voir avec ses fonctions, et par conséquent elle ne se pose pas trop de questions. Elle n’en pose pas non plus lorsqu’elle voit la nouvelle arrivante, et acquiesce simplement à la demande d’Anita. Elles repartent tous les trois dans le sens inverse, Maxine en tête, la garde les suivant derrière. « Oui, c’est ça. » Elle ne prend pas la peine de lui retourner la question, d’une part parce qu’elle ne se sent pas d’humeur bavarde, et de l’autre parce qu’elle ne voit pas l’intérêt d’apprendre le prénom de quelqu’un qui risque de repartir aussitôt arrivé. « C’est rien. Je dormais pas, de toute façon. » Maxine voudrait continuer en silence, mais Arte a visiblement d’autres intentions, et la remarque qu’elle souffle, si elle échappe à la femme qui les suit, n’échappe toutefois pas à la médecin, qui lui jette un regard empreint de perplexité. Bien sûr, qu’elle est intransigeante. Comment est-ce que ça pourrait être autrement ? « Tu vas t’y faire » ou dégager, songe-t-elle. La Mine n’est pas faite pour tout le monde. Vivre dans un endroit si fermé n’est pas facile –du moins pas pour Maxine- et les conditions actuelles nécessitent beaucoup de prudence de la part d’Anita, si elle ne veut pas se retrouver avec une épidémie de grippe sur les bras.

Elles arrivent à l’infirmerie et Maxine tire les clés de sa poche pour ouvrir la porte. Elle ouvre les lumières, indique le bureau à Arte d’un geste de la main, et un espace invisible tout près de la porte à la garde qui ne les a toujours pas lâchées. « Tu peux rester ici ? Si t’as besoin d’une chaise tu me fais signe. » Elle l’abandonne sans gêne près de la porte et rejoint la nouvelle arrivante au bureau, fouillant quelques secondes dans ses tiroirs pour trouver de quoi remplir un dossier. « Arte… Malade ou pas, je dois quand même le faire. » Et puis elle fronce les sourcils. « T’as mangé aujourd’hui ? » Parce que si non, elle enverra la garde chercher un truc, histoire d’au moins ne plus l’avoir dans les pattes.

Dans les couloirs, Arte a un sourire en coin. L'insomnie n'est étrangère à personne quand elles sont enfermées toutes les deux dans l'infirmerie, donc. C'est un point qui pourrait jouer en sa faveur, si elle omet bien sûr de mentionner ses troubles du sommeil auprès d'Anita. La brune lance un regard à la garde qui les a suivies, tapote ses lèvres, presque enjouée, quand Maxine la congédie. Ce serait peut-être différent si elle avait été à la place de garde. Elle l'a été, à l'Hôpital, mais le fonctionnement n'était pas exactement le même qu'à la Mine, le même que nulle part ailleurs en fait... Ici, tous les appareils du pouvoir en place lui inspirent une profonde antipathie. Elle ne sait même pas expliquer cette aversion, ne le veut pas non plus : Arte se plait dans l'idée qu'elle n'aime pas cet endroit. Ça lui évitera de s'y attacher. « Arte… Malade ou pas, je dois quand même le faire. » La jeune brune dévisage son interlocutrice, et finit par céder : elle hoche la tête et sans plus de cérémonie saute sur la table qui siège au centre de la pièce. Table d'examen, d'opération, d'autopsie, elle doit bien tout faire ici. « Non, je n'ai rien mangé aujourd'hui, » confie calmement Arte, bien décidée à se plier à l'exercice. Elle fait glisser la veste de ses épaules et la pose à côté d'elle. Son regard s'y accroche quelques secondes de trop, et finalement elle décide de mettre ses sentiments de côté. Le médecin l'a toujours fait jusque là, il n'y a pas de raison pour commencer à se soucier de ces choses aujourd'hui. « Tu veux que je me déshabille ? Anita a parlé d'un check-up complet, » lui rappelle la jeune femme en prenant entre ses doigts le bas de son sweatshirt rafistolé de toutes pièces. Elle jette un regard à la jeune femme à ses côtés, laquelle vient de mettre la main sur de quoi écrire. Elle n'attend pas sa réponse et se défait finalement de son vêtement. C'est une peau extrêmement pâle qui se dévoiler à la vision du médecin. Pâle, lisse... De vieux bandages sont enroulés autour de ses hanches, ternis par l'usure, ils ne tiennent que parce qu'Arte les a noués. Ils ne protègent plus aucune plaie, servent beaucoup à recouvrir une cicatrice dont l'envergure ne dit rien, ou si peu de la plaie dont elle découle. « Blessure de guerre, » plaisante la jeune femme en plantant son regard dans celui de l'autre brune. Elle sourit encore en coin. « Alors dis-moi Maxine, à première vue, quel serait ton diagnostic ? » Ce n'est pas tant une invitation au jeu qu'une façon de remplir l'espace sonore entre elles. Arte n'est pas, n'a jamais été du genre à se laisser intimider par le silence : elle veut juste évaluer sa future collègue et du fait, sa potentielle rivale.