Sujet: L'AXIOME ✗ mini-intrigue jackals Mar 31 Jan - 22:02
L'AXIOME
Petite fée déchirée, elle marchait sous un soleil trop lourd pour sa tête qui voulait exploser, exploser, exploser. Ses lèvres desséchées appelaient à l'aide, à l'eau, "allo" devant des passants qui ne comprenaient pas ce qui se passait devant leurs yeux. Une nouvelle exécution ? Frissons qui parcoururent la ville en entier. Alors, le cauchemar n'était donc pas terminé ? La lumière brûlait les yeux sans pigmentation de la petite Ree, dont la couleur bleu vif se posait sur tout un peuple qui ne la connaissait qu'autant qu'elle le connaissait ; par vue, sans mots, sans connexion ni échange. Elle était un visage effacé et maintenant, elle s'apprêtait à mourir en leur nom. Ses pieds traînaient contre le sol mais elle tentait de garder la tête haute, même si elle était lourde de déshydratation. La peur ne l'habitait pas, rien qu'une force tranquille et une analyse détachée de la situation ; elle tentait de calculer toutes les variables. Si je m'enfuis, je n'ai qu'un pour-cent de chances de m'en sortir. Si je me débats, deux. Elle se sentait piégée. Si je me laisse faire, peut-être que je pourrais survivre ; mais le message, lui, passerait-il ? Confusion, questions. Et pourtant, elle avait beau retracer encore et encore les causes à effets qui l'avaient menée jusqu'ici, tirée vers l'estrade où les jumeaux Rosario riaient comme des hyènes à son approche, la fin semblait inévitable. Et finalement, elle en eut la nausée. La scène lui rappelait tristement les répressions de Grand-Père quand elle s'était révoltée. Elle avait survécu, là. Peut-être allait-elle tomber dans les bonnes probabilités, encore, et s'en sortir plus ou moins indemne. Elle fut menée par ses gardes (puants, sans classe, répulsifs) jusqu'aux chefs de clan. Un vent tiède vint soulever ses cheveux brun clair, attirer les odeurs du désert et de la liberté et elle en vint même à fermer les yeux, rien qu'un instant, prête à recevoir la sentence. La fraîcheur dans les veines, un vague écho des printemps lointains. Là-bas, loin dans sa tête, elle parvint même à dresser un visage approximatif de Robbie pour se réconforter, puis de Jorah, et surtout du son de leur voix et des détails de leurs personnalités respectives.
"C'est un beau jour pour disparaître," souffla-t-elle de sa voix aérienne.
Frère et sœur se sont gentiment disputés le morceau de viande. Et Gabriel a remporté la dépouille, le trophée, de ce frêle adversaire qui leur a si longuement résisté, l’autre nuit. De tous leurs prisonniers, c’est la seule qu’il voulait. Et, pour cela, il aurait concédé Mina et tous les autres. Parce qu’il est intimement, et bêtement, convaincu qu’il y a quelque chose entre la gosse et lui, depuis qu’ils se sont rencontrés, à Stonebriar, depuis la toute première fois où ils se sont parlés. Ça le démange. Ça le dérange plus forte depuis qu’elle l’a frappé, et tenté de l’étrangler. Non. Elle l’a fait. Elle l’aurait très certainement tué sans l’intervention de Marisa et des autres Jackals. Le roi fantoche n’éprouve aucune reconnaissance à ce sujet, rien qu’un plaisir brut, et sensible, à punir les Olympiens les uns après les autres, selon le goût et l’imagination de sa cadette. Il s’impatiente. Il tergiverse. Sans l’intelligence perverse de Marisa, il les exécuterait tous à tour de rôle d’une balle enfoncée dans le crâne et c’en serait simplement fini du petit village. Heureusement, il ne commande qu’à son flingue quand c’est sa sœur qui le commande, lui.
« Il était temps… expire-t-il bruyamment. » Sur le côté, Marisa lui lâche un regard oblique. Vautrée sur son simili trône, elle ne cesse jamais de sourire, mais son attention, perfectible, s’affine grandement. Elle surveille son frère, et la manière dont il en fait quelque chose de personnel. Il lui a déjà parlé de Ree Salmons, et ça avant la nuit du 31 (bien que ça ait été succinct et plutôt partial). Mais elle ne voyait pas ce frémissement dans les épaules et cet air de lui en vouloir spécialement. Beaucoup de gens ont voulu la mort de Gabriel Rosario, décharné, éventré, transformé, et cent autres choses pires encore. Beaucoup ont tenté leurs chances, aussi, avec plus ou moins de succès. Alors une gamine… qu’est-ce que ça peut bien lui faire ? Mais elle ne dit rien, joue avec l’accoudoir sommaire, et elle scrute Ree qui passe des mains de ses geôliers aux paumes de son aîné. Il bloque la nuque entre ses doigts, et il presse fort. « À genoux. » Il la fait s’exécuter au bord de l’estrade, face à ses congénères. S’il dégaine ouvertement, Gabriel s’accroupit dans son dos. Il lui dégage l’oreille de quelques mèches, et glisse ses lèvres à portée du tympan comme le canon du révolver sous la mâchoire. « Supplie-moi. »
Tentacules glacials qui glissèrent autour de son cou, fragile, minuscule. Les doigts de Gabriel Rosario étaient morts, ceux d'une statue de pierre et tout aussi rêches. Les dents d'Ariadne se serrèrent, inconfortable de se retrouver envahie par la présence du roi des salauds, boogeyman des badlands texans. Bientôt, elle fut projetée sur ses genoux, écrasée par un poids qu'elle ne pouvait contrebalancer, et la surprise lui fermant les yeux tout comme la voix. Le coeur de la jeune fille commençait à peine à s'affoler, réveillé de sa torpeur par la réalisation que oui, peut-être y'avait-il une infirme parcelle d'auto-préservation qui subsistait dans son cerveau déraillé. Ce ne fut plus seulement les doigts qui lui serrèrent la gorge, mais bien le corps qui pressait à distance l'air de son entité oppressante. Ree rouvrit les yeux, étrangère aux dizaines de visages massés devant l'estrade, spectateurs de sa défaite. Ou peut-être d'un nouveau départ, d'un nouveau symbole, peut-être allait-elle rejoindre une dimension supérieure comme les Padre ne cessaient de rabrouer en présence de Père. Mais elle s'attendait plutôt à l'obscurité. Au rien. Au néant le plus absolu, celui qu'il était impossible même d'imaginer sans l'avoir traversé auparavant ; et Ree n'était jamais morte auparavant. Le canon d'un fusil se pressa contre son menton, encore plus pâle que la peau de Rosario, encore plus creux. Puis un souffle, juste sur son oreille, et la jeune fille se sentit envahie de toute part. Tremblante, fragilisée, sa splendeur factice retombait par une stupide question d'espace personnel. Elle se sentait piégée. Assiégée. Avait envie de vomir et de pleurer. « Supplie-moi. » Son expression tentait d'avoir l'air détaché, mais une moue méprisante se dessina plutôt. « Par pitié, ne me tuez pas. » Aucune émotion dans ces paroles, aucune franchise. Habitude à répondre aux ordre pré-programmée, ou sarcasme suicidaire ?
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Spoiler:
Gabe et Ree ont la même couleur d'écriture, dear god Je vais pâlir pour ce RP
« Je ne te crois pas du tout… la prévient-il d’un timbre caressant. » Même Gabriel ment avec davantage de conviction, lui qui n’aime plus du tout le faire, pas même pour se sauver la vie. Et, foncièrement, il lui demande assez peu d’investissement dans l’ouvrage qui les tient tous les deux ; rien qu’un effort de mise en scène, pour le bonheur du spectacle, le wow terminal, et pour montrer à tous ces abrutis, fragiles et innocents, que même la plus monstrueuse d’entre eux ne vaut pas le moindre des Jackals. L’insanité de Ree Salmons ne vaut pas la folie de Gabriel Rosario. Est-ce trop demander que de leur traduire l’intitulé doublement éponyme ? Le canon du flingue insiste pour la prévenir qu’il n’est pas le moins du monde satisfait : les mots sont parfaitement choisis mais le ton manque de conviction, du minimum souhaitable de conviction. « Allons, lâche-t-il contre l’oreille, tu peux faire mieux que ça... » Il a du mal à dresser le regard, à considérer sérieusement les Olympiens, ceux qui se tiennent tout près comme ceux dans le lointain. Il se fiche d’eux, de ce qu’ils pensent, de ce à quoi ils pensent. Gabriel doute qu’ils aient beaucoup de compassion pour la gamine (ou alors une quelque fierté pour son courage ?). Ils doivent, tous et chacun, se contenter de la haine vive que leur inspire les bourreaux, et ça qu’importe à qui ils s’en prennent réellement. Ça pourrait être Ree Salmons, comme les dix qui l’ont précédée ou les dix qui lui succèderont. « Je te demande même pas d’y croire… on sait tous les deux que tu es complètement barrée et pas capable d’un seul truc vrai. Mais c’est pas grave... » La bouche sourit contre le lobe, et sa prise se resserre autour de l’épaule et contre la mâchoire. « Je te comprends. » Du moins, il croit. Ou Gabriel fait simplement semblant. Chaque fois qu’il considère la gosse, il est troublé qu’elle soit si insupportablement détachée, comme lui. C’est néanmoins extrêmement différent, pour tout un tas de raisons qu’il ne prend pas même le temps de considérer. Ce qu’il sait, c’est qu’elle a commis une chose incroyablement courageuse et incroyablement stupide et qu’il ne peut pas laisser son geste impuni. Ni cette fois, ni jamais. Tout ce qui appartient encore à Ree, c’est le pouvoir de collaborer ou de ne faire que précipiter la fin de sa vie. Gabriel se fout qu’elle s’en foute, il en a déjà vu des tas, des insensibles, des froids. Il faut qu’elle lui donne ce qu’il veut.
Ils étaient semblables, tous les deux, en fait. Depuis le début, si Marisa était jumelle de Gabriel de visage et de folie, les yeux de Ree voyaient le monde avec le même détachement froid que le chef des Chacals. Les Olympiens pressés autour d'eux étaient une idée, un concept abstrait dont l'importance résidait dans le tout qu'il formait et non dans les individus, variables, qui en formaient les motifs. Ils auraient pu être tous gris, fanés, indissociables et Ree et Gabe n'auraient vu aucune différence dans leur tâche. Ils n'avaient pas d'attaches (ou ils n'en n'avaient plus, dans le cas de Ree), et la logique de la jeune fille de l'Utah reflétait l'antilogique du roi de l'Apocalypse. Et pourtant, elle bloquait. En pensant être si semblable, elle croyait comprendre Gabriel Rosario en ayant refusé de le comprendre. Mais honnêtement, il était trop vague pour qu'elle sache bien quoi faire et ça la frustrait presque plus que d'être en position inférieure. Bien que le canon du flingue garde toujours la première place en terme d'inconfort.
"Alors que veux-tu, exactement ?"
Subtile modification aux sous-entendus ravageurs.
Ree, elle ne tutoyait personne. Personne d'autre que sa famille.
Elle venait de lui dire, mais que recherches-tu, mon frère ? Qui es-tu, sinon l'un des siens ?
Gabriel lui rappelait trop Castle Sken. Brutal, conquérant. Nombre de camps étaient tombés comme Olympia par la frappe de Grand-Père, nombre de vies sacrifiées pour l'exemple et le noyau d'un empire fait de briques et de bâches.
Ree réprima un rire. Pas un rire narquois ; un gazouillement d'oiseau, léger et sincère. Tellement de parallèles avec le passé menant à cet événement précis (probablement sa mort), en grande finale d'une blague que seule une poignée d'élus parviendraient à comprendre. Ou juste elle-même. Enfermée dans les murs de son crâne, Ree assistait à son propre spectacle d'exécution.
"It's so silly."
Ses yeux brillent de larmes, et son sourire brille aussi d'une lueur décalée.
"Tu sais bien que je ne suis pas douée pour la mise en scène. Ni pour les sous-entendus, j'en suis stupide. Aide-moi."
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L'AXIOME ✗ mini-intrigue jackals
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