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 as I sink in the sand | eoghan

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Portia Meadows
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MessageSujet: as I sink in the sand | eoghan   as I sink in the sand | eoghan EmptyDim 27 Oct - 22:09



Eoghan Portia
« watch you slip through my hands »
« Il ne s’est toujours pas réveillé ? » Joey secoua doucement la tête. « Pas plus que la dernière fois. » Blasée, Portia reposa sa lance à l’entrée de leur case et se défit de sa lourde veste qu’elle posa sur une chaise près d’elle. Joey, quant à lui, profita du retour de son amie pour prendre sa pause et lui laisser la relève de la surveillance de leur tout nouvel hôte. « Je vais chercher promener la chienne et nous chercher à boire, j’meurs de soif. » Sous l’inquisition des yeux bleus de la jeune fille, le brun haussa les épaules avant de s’esclaffer le plus naturellement du monde. « De l’eau, t’inquiète. » D’une claque sur sa cuisse, le grand dadais appela le canidé qui sauta sur l’occasion pour l’accompagner docilement jusqu’au perron de la petite maisonnette. Le chien avait bien besoin de se dégourdir tout comme eux. Portia les suivit d’un œil brièvement diverti – la présence de l’animal n’y était pas pour rien. « Oui, merci, on a déjà assez d’alcool comme ça dans la maison. » s’entendit-elle soupirer avec lassitude. Elle attendit que le bruit de la porte qui se refermait retentit pour finalement prendre la direction de la chambrée où dormait leur patient et s’effondrer ; autant physiquement que psychologiquement. La fatigue prenait Portia à la gorge mais c’était aussi ses nerfs qui commençaient à tirer la sonnette d’alarme ces derniers jours.

Et dire qu’ils s’étaient réjouis en retrouvant Eoghan, laissé pour quasiment mort aux abords d’Olympia. Ils avaient tout fait pour qu’il s’en sorte quand ils l’avaient ramené tant bien que mal, avaient tout mis en œuvre jusqu’à insister auprès des médecins d’Olympia et céder l’espace qu’occupait autrefois Lenny. Depuis dix jours ils veillaient l’un et l’autre alternativement sur le sort de leur ami porté disparu depuis des mois. Le destin avait choisi de le leur rendre mais c’était sûrement pour mieux le leur reprendre car depuis bientôt une semaine et demi les améliorations étaient si minuscules qu’elles en devenaient déprimantes. Pas un mot, à peine quelques millisecondes où les paupières vitreuses d’Hopkins s’étaient entrouvertes pour se refermer aussi sec. Entre l’état stationnairement comateux de son ancien camarade Miner et celui apathique de Nino, la blonde avait fort à faire et personne d’autre que Joey ne parvenait à véritablement l’aider et la comprendre. Au moins elle pouvait compter sur lui bien qu’il était regrettable qu’il soit encore et toujours lié à la Carrière. Son choix ne regardait que lui mais bon sang qu’elle aurait eu besoin de lui la nuit.

La jeune fille s’accroupit au chevet d’Eoghan toujours profondément endormi. Elle appuya son dos au mur de la bâtisse avant de regarder le corps inerte du jeune homme. Jamais elle ne l’avait connu aussi silencieux et calme. Il faisait peur à voir et ça n’avait rien à voir avec ses ecchymoses et ses cicatrices. « Quand est-ce que tu vas te réveiller, mh ? » qu’elle marmonna pour rompre l’étouffant mutisme de son acolyte. Tout ça était en train de la ronger, surtout que sa réapparition miraculeuse réveillait en elle tout un tas de questions et d’explications qui n’arriveraient pas tant qu’Eoghan ferait le mort. Instantanément elle regretta la comparaison ; non, elle n’avait pas besoin d’un nouveau décès dans sa vie. Sa main alla serrer tout doucement la paume immobile du blessé, sans réaction. A son contact sa gorge se serra légèrement. « Qui va se payer ma tête si tu continues à faire ta Belle au bois dormant ? » Elle était à deux doigts de chialer, bordel de merde. S’il l’avait vue les yeux brillants et l’air si triste, il lui aurait donné un coup de coude rien que pour qu’elle pleure pour une bonne raison. Voilà ce qu’il lui aurait dit d’un ton railleur avant d’essuyer la larme et de la faire rire.

Elle crut qu’elle avait rêvé quand elle sentit quelque chose bouger sous sa main. Pourtant quand sa vue se stabilisa et que ses paupières chassèrent le brouillard humide qui l’avait guettée un court instant, Portia vit bien les doigts bouger timidement sous les siens. Elle eut presque peur de revérifier en remontant jusqu’au visage de son ami … Qui la fixait de ses deux yeux bien ouverts. « Eoghan ? » D’assise, elle passa à genoux pour poser sa deuxième main sur la sienne. Aux aguets, la jeune femme sentait un souffle d’espoir gonfler sa poitrine alors qu’elle demandait le plus bêtement du monde. « Tu m’entends ? » Ou alors allait-il à nouveau sombrer dans le sommeil et lui faire une farce de mauvais goût ? Non, cette fois-là était la bonne : Jet était vivant et bien réveillé, elle pouvait le voir à la lueur qui se révélait peu à peu dans sa pupille.
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Eóghan Hopkins
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MessageSujet: Re: as I sink in the sand | eoghan   as I sink in the sand | eoghan EmptyLun 28 Oct - 15:26



Portia Eòghan
« It hurts to be alone.
It’s worse to be alone with you. »


Depuis des semaines, il faisait le même rêve. Depuis qu’il avait quitté le Kentucky pour l’ultime dernière fois, pour être précis. Il se trouvait dans un couloir si noir qu’il se demandait s’il était encore dans la bonne dimension. Il y avait une porte barricadée au fond et une force inconnue tambourinait derrière.  Eòghan s’approchait, son masque à gaz sur le nez et sa capuche relevée sur sa tête. Plus il avançait, plus le couloir s’allongeait, comme s’il marchait dans le vide. Il s’arrêta, puis il se retrouva juste devant l’entre bruyante. La barrière de fortune disparut et la porte s’ouvrit brusquement sur l’obscurité. Il perçut son nom, puis la voix lui demanda s’il l’entendait. Deux mains en état de putréfaction s’agrippèrent à sa veste et l’entrainèrent sans qu’il n’ait le temps de répliquer. Le mécanicien se réveilla dans un spasme, il ouvrit les paupières sur un plafond blanc, un voile invisible recouvrant ses yeux l’empêchait de voir correctement. Cette fois, il était mort, il en était certain. Surtout lorsqu’il aperçut Portia dans son angle gauche, assise à genoux et lui tenant fermement la main entre les siennes. Il tourna alors la tête et ouvrit la bouche pour mieux respirer. Il leva son autre main bandée et toucha son nez du bout de ses doigts. Un large pansement le recouvrait, signifiant qu’il s’était bien fait éclater le cartilage. Non, en fait : il n’était pas mort et en plus, il devait avoir une gueule à faire fuir un rôdeur. Eòghan n’avait pas dévié son regard de la blonde, il tenta de libérer sa main pour toucher son visage et s’assurer qu’elle était bien réelle, mais il renonça à mi-chemin à cause de la douleur. Merde. Jet avait les bras découverts alors il put remarquer les ecchymoses quand il leva le bras. Il souleva sa couverture avec ses deux mains dans la plus grande lenteur du monde, puis releva son t-shirt pour voir ce qui était l’épicentre de sa souffrance. Lorsqu’il vit les nombreux points de suture à plusieurs endroits qui indiquaient qu’il s’était fait planter plusieurs fois au milieu des contusions, son rythme cardiaque s’accélérera et il se mit à respirer de plus en plus vite et fort. S’il n’était pas mort, il n’était pas loin de l’être. Et peut-être qu’en voyant son corps dans un état si lamentable, il aurait été préférable qu’il le soit. Le brun reporta son attention vers son amie. Son regard trahissait la peur et surtout révélait une question qu’il était incapable de poser : bordel, qu’est-ce qui s’est passé ? Il allait mettre du temps à replacer les fragments de mémoire dans leur contexte. Il se souvenait de ce qu’il avait fait à Madisonville, d’une halte avec les Amazones, de l’adolescente malentendante qui lui apprit quelques rudiments du langage des signes et Moya. Bordel. Moya ! Où est-ce qu’elle était ? Il tenta de se redresser dans un grognement, affolé à l’idée d’avoir abandonné l’animal si docile quelque part dans leur monde complètement tordu. Elle avait été le meilleur compagnon qu’il n’avait jamais eu pendant plusieurs semaines, il ne préférait pas s’imaginer l’avoir oubliée quelque part. Peut-être qu’elle était restée avec les Amazones. Il cessa de paniquer un instant, un souvenir du fameux soir lui revint en mémoire. Alors qu’ils se battaient avec leurs assaillants, la troupe de femmes avait décidé de prendre la fuite, laissant le sort s’occuper d’Eòghan. Il ne se souvenait pas d’avoir été tabassé, mais il fit rapidement le lien. Il devait avoir perdu connaissance assez vite. Dans l’agitation, la chienne s’était enfuie. Jet se laissa retomber contre son oreiller, son regard laissait penser qu’il était dépité. « J’ai trouvé que du café instantané. Au moins, ça nous tiendra éveillés devant la belle au bois d… » Le mécanicien, constamment sur ses gardes, avait directement relevé la tête au son de la voix de Joey pour la dévisager. Le jeune homme, avec ses mugs de café dans chaque main n’avait pas remarqué que Hopkins s’était réveillé. Celui-ci surprit une masse noire se faufiler derrière le Quarry, puis elle se glissa à l’opposé du lit pour s’y coucher. Eòghan se pencha vers elle pour lui gratouiller le dos. Moya releva immédiatement la tête et sa queue se mit à battre l’air, suivit d’un jappement aiguë. Avec un sourire au coin des lèvres, il utilisa ses deux mains pour la caresser derrière les oreilles sans pour autant mettre autant d’énergie qu’avant. Le survivant, soulagé, se rallongea et adressa un clin d’œil à ses sauveurs, signe qu’il les remerciait d’avoir pensé à elle, même s’il ignorait totalement comment ils avaient su que la chienne et le blessé avaient un lien tout particulier.
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Portia Meadows
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MessageSujet: Re: as I sink in the sand | eoghan   as I sink in the sand | eoghan EmptyJeu 31 Oct - 21:48



Eoghan Portia
« watch you slip through my hands »
Comme s’il s’extirpait d’un long et pénible cauchemar, Eoghan paraissait redécouvrir les marques qui maculaient son corps blessé avec une sincère incompréhension. Tout perdu qu’il était, Portia le contemplait avec soulagement et peine. Elle avait connu Jet sous bien des angles et ils avaient traversé des situations plus sanglantes que celles-là mais jamais elle ne l’avait connu si seul. Perdu dans son monde et noyé par tout un tas d’informations qu’il n’avait pas encore la force d’analyser. « Tout va bien. Tu es à Olympia, tu te rappelles ? » La jeune fille s’apprêta à poursuivre lorsque Joey signa son retour, l’odeur du café embaumant petit à petit la pièce.

La boule de poils fonça vers le lit pour y grimper et accueillir avec chaleur son maître. Le plus âgé du trio quant à lui reposa tout pour pousser un juron de contentement – sa façon à lui d’expulser toute la frustration et l’angoisse qu’un Eoghan silencieux et endormi depuis une semaine avait généré chez lui. « Ca fait plaisir de te voir enfin debout mon vieux. » Le grand brun lâcha un de ses plus larges sourires avant de désigner d’un geste du menton la position alitée d’Hopkins. « Enfin, façon de parler. » S’il avait pu il aurait bien été capable de lui labourer le dos d’une franche tape amicale mais dans l’état où se trouvait leur ami, ce n’était pas la chose la plus judicieuse à faire.

Portia observa les deux hommes en silence avant de finalement reprendre le flambeau, jouant les rabat-joie – un rôle qu’elle connaissait par cœur et qui ne la dérangeait pas d’adosser tant elle en était coutumière. « Tu as été retrouvé près du camp … On pense que tu as été agressé, on ne sait pas par qui. C’est arrivé il y a une semaine environ. » Le chien s’agita légèrement pour renifler les mains de son maître, avide de caresses. Portia esquissa un très bref sourire – ils ne s’étaient donc pas trompés, l’animal et Eoghan formaient un binôme. « On a retrouvé le chien avec toi, elle nous a suivis – enfin, on a compris qu’elle te suivait toi en fait. » Le lien n’avait pas été bien complexe à établir ; certaines espèces particulièrement loyales et sociables ne lâchaient pas leur maître sous aucun prétexte jusque dans la mort.

Puisque tout semblait avoir été clarifié pour l’instant, la blonde s’attendait tout naturellement à des questions, des remarques. Un simple clin d’œil ne suffirait pas à expliquer l’incalculable quantité d’informations manquantes qui trouaient le parcours d’Eoghan depuis son départ-surprise de la Mine. Mais une fois encore, Portia ne pouvait exiger de lui un interrogatoire en bonne et due forme alors qu’il était très certainement trop affaibli pour tenir une conversation réelle. Sous l’insistance des iris de Joey posées sur elle, la survivante finit par se relever. « Tu as soif ? Tu veux quelque chose ? » Un peu d’eau, oui.

Sur le pas de la chambre, Joey lui attrapa doucement l’avant-bras pour la retenir. A voix basse il murmura dans le creux de son oreille. « Pourquoi il parle pas ? » Le scepticisme de son ami prenait enfin forme. Portia comprenait mieux le regard sombre qu’il portait sur Eoghan et ses sourcils qui ne s’étaient pas défroissés d’un pli depuis que leur ami commun avait émergé de sa léthargie. A court d’idées et simplement trop chamboulée pour analyser ce détail sur l’instant, la jeune fille haussa les épaules. « C’est pas normal ça. » objecta à nouveau le Quarry. La blonde attrapa sa gourde d’eau sur la table. « Il est peut-être juste trop fatigué pour ça. » Oui, peut-être bien que c’était le choc, la déshydratation et la fatigue qui lui coupaient la voix. Ca se tenait parfaitement. « Je crois que ça peut arriver. Oh et puis j’en sais rien Joey, me regarde pas comme ça ! Le principal c’est qu’il soit en vie ! » Fatiguée d’avoir à rassurer les inquiétudes de son camarade, l’Olympienne traversa la pièce pour retourner au chevet du survivant. Lui avait plus besoin que quiconque d’écoute et de soutien.

Et puis qu’est-ce que ça représentait, quelques secondes de silence dans une vie ? Il n’y avait rien d’alarmant bien au contraire. Il s’était battu comme un diable après ce qu’il avait physiquement enduré et pour cette seule raison, Portia se sentait déjà infiniment soulagée de ne pas avoir à enterrer un second cadavre familier. C’était plus que ce qu’elle aurait pu mentalement supporter. « Tiens. » La raider lui tendit la gourde dévissée, s’asseyant sur le rebord du maigre matelas en le laissant s’abreuver. Ses yeux suivirent en silence le long mouvement des gorgées de son comparse plus assoiffé que jamais. « Ca va mieux ? Tu peux parler ? » Un sourire encourageant qui ne forçait à rien. Après tout rien ne pressait.
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Eóghan Hopkins
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MessageSujet: Re: as I sink in the sand | eoghan   as I sink in the sand | eoghan EmptyVen 1 Nov - 17:29



Portia Eòghan
« It hurts to be alone.
It’s worse to be alone with you. »


« Tout va bien. Tu es à Olympia, tu te rappelles ? » Alors, il était bien arrivé à destination. En sale état, mais il était rentré. Grâce à eux. Ses derniers souvenirs remontaient à son dernier campement en compagnie des Amazones. Ensuite, il ne se souvenait que de détails, puis ce fut le noir complet. Il dévisageait Portia sans s’en rendre compte parce qu’il fouillait dans sa mémoire et cela réveilla un puissant mal de crâne. Quand il réalisa qu’il avait les yeux dans le vague, il se contenta de répondre à la question d’un hochement de tête, puis de détourner le regard droit devant lui et de s’enfoncer dans son oreiller. Puis, Joey et Moya rentrèrent et la chienne se faufila jusqu’à son maître. « Ça fait plaisir de te voir enfin debout mon vieux. Enfin, façon de parler. » Jet esquissa un sourire, il pensait que la douleur le laisserait tranquille avec cette simple expression faciale, mais même là ses lèvres boursoufflées lui rappelèrent qu’il atteignait ses limites. En tout cas, il avait bien compris la remarque du quarry et cela lui fit chaud au cœur. Il déglutit, il ne savait pas quoi répondre et ne pouvait pas s’exprimer avec ses émotions, alors il laissait le silence s’immiscer dans la conversation jusqu’à ce que Portia reprenne le dessus. « Tu as été retrouvé près du camp … On pense que tu as été agressé, on ne sait pas par qui. C’est arrivé il y a une semaine environ. » Eòghan avait tourné les yeux vers son ancienne petite amie et but ses paroles. Lui non plus, il ne savait pas qui était à l’origine de son agression, mais il s’imaginait qu’ils s’y étaient mis à plusieurs. En tout cas, la surprise était peinte sur son visage. Une semaine. Il était cloué au lit depuis une semaine. Le brun détourna le regard et donnait l’impression de fouiller dans sa mémoire. Il était passé si près d’abandonner. Il ignorait où il avait pu trouver la force de revenir, s’il avait décidé de partir. En tout cas, son moral ne l’avait très certainement pas aidé sauf si apercevoir ses meilleurs amis avant de renoncer lui avait donné un gros coup de fouet. Après tout, il avait décidé de rentrer pour eux parce qu’ils étaient tout ce qu’il lui restait et… qu’il aurait aimé en finir avec ce secret qu’il gardait pour lui. D’ailleurs, il était étonné que la présence de Joey ne semblait pas déranger Portia. Hopkins comprit que le plus âgé n’avait très certainement pas encore raconté la vérité. Moya remua la queue en reniflant les mains de son maître. Ce dernier lui chatouilla la truffe et la caressa entre les oreilles. « On a retrouvé le chien avec toi, elle nous a suivis – enfin, on a compris qu’elle te suivait toi en fait. » Eòghan approuva d’un signe de tête. Elle était revenue après l’attaque, elle ne s’était pas enfuie. Peut-être que c’était elle qui l’avait maintenu en vie jusqu’à ce que ses amis le trouvent. « Tu as soif ? Tu veux quelque chose ? » Nouveau hochement de tête. Déglutir lui faisait mal, sa gorge lui donnait l’impression d’être un morceau de carton. La blonde se leva pour aller lui chercher de l’eau et Joey la suivit pour lui parler en douce. Le quarry n’avait plus rien dit depuis qu’il s’était exprimé sur le retour du mécanicien. Bientôt viendraient les questions et probablement un certain agacement vis-à-vis du mutisme de Jet qu’ils n’avaient jamais vu aussi silencieux. Portia s’assit sur le lit en tendant une gourde au blessé. Il s’en saisit du bout de ses doigts abimés et but de petites gorgées. « Ça va mieux ? Tu peux parler ? » Cette fois, ni hochement de tête, ni clin d’œil. Rien n’affirmait qu’il était prêt à faire entendre le son de sa voix qu’il n’avait d’ailleurs pas dévoilé depuis un moment. Il dévisagea une nouvelle fois l’Olympienne avant de se décider à lui faire comprendre pourquoi il s’était complètement renfermé sur lui-même. Sur une chaise, au fond de la pièce, il désigna son perfecto pour que son amie aille lui chercher. Lorsqu’il l’eut entre ses mains, il fouilla dans l’une de ses poches et en sortit une photo de lui et de ses mères. Celle qu’il avait conservé avant de foutre le feu à la maison familiale. Il se trouvait au centre, Yseult à gauche et Siobhàn à droite. Cette photo avait onze ans. Eòghan n’avait pas tant changé que cela. Après tout, il avait quinze ou seize ans dessus. Il la regarda un instant avant de reporter son attention sur Portia. Il retourna la photo où il y avait d’écrit Kentucky, 2008. Le mécanicien désigna le nom de l’État avec son index, puis, plia la photo en trois, de sorte à ce qu’il apparaisse seul sur le papier. Les survivants savaient qu’il était très attachés à ses mères et qu’il aurait donné n'importe quoi pour les retrouver. Son attitude montrait bien qu’il avait échoué, encore. Je suis rentré pour constater que ça ne servait à rien. Pensa-t-il en regardant toujours l’Olympienne. Je suis rentré au Kentucky pour les retrouver et finalement là-bas, j’étais aussi seul que quand je suis parti d’ici. Il laissa la photo pliée devant lui et regarda ailleurs. Il déglutit pour retenir ses larmes, puis il serra les dents et signa avec une certaine brutalité : Je suis qu’un pauvre lâche. Mais il ne pouvait pas continuer, ses yeux se posèrent sur Joey. Il lui avait promis. Pour combien de temps ? Il l’ignorait.  
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MessageSujet: Re: as I sink in the sand | eoghan   as I sink in the sand | eoghan EmptyMar 5 Nov - 21:02



Eoghan Portia
« watch you slip through my hands »
Toujours sans un bruit, Eoghan désigna le cuir noir qui gisait sur une chaise dans un coin de la pièce. Dans un automatisme la blonde se leva du lit pour aller jusqu’au manteau tout en jetant des coups d’œil alternatifs dans la direction de son ami. « Tu le veux ? » Visiblement oui, la veste semblait regorger quelque chose qui avait de l’intérêt.

Elle lui ramena l’objet sans comprendre, perplexe mais obéissante et le tout sous le regard intrigué de Joey qui était resté accoté à la porte tel un garde du corps fidèlement resté au poste. Dans les poches, Eoghan partit en quête du sésame qu’il finit par dénicher et déplier soigneusement pour le montrer aux yeux de ses compères. Une photo, trois visages aux traits heureux issus d’un temps révolu mais qui n’était pourtant pas à des lieues du leur. D’instinct, Portia comprit que ces deux femmes étaient les mères respectives et adoptives de Jet. Il lui en avait déjà parlé, elle se souvenait de la façon dont il les avait évoquées – cette façon subtile et implicite qui criait la prépondérance de la place qu’elles avaient eu dans sa vie. De ses doigts il retourna l’image pour indiquer la date et l’endroit où avait été saisi l’instant. Kentucky. Entre temps, Joey s’était avancé pour contempler la démonstration du brun. « Tu es allé là-bas. Pour elles c’est ça ? » Quitte à ce qu’ils jouent à cet étrange jeu du mime, autant qu’elle s’assure de ne pas tout comprendre de travers.

Le troisième et dernier acte de l’explication vint lorsque la photographie se réduisit jusqu’à ne plus dévoiler qu’Eoghan, seul au centre d’un cadre où les deux femmes avaient été enlevées. Disparues. Ses yeux s’arrachèrent à l’Eoghan fait de papier et d’encre pour se poser sur celui de chair et d’os qui, s’il n’était pas doté de cet acharnement à ne pas faillir, aurait bien pu baisser les bras et s’effondrer. Spontanément, la jeune fille serra tout doucement la main libre d’Eoghan comme pour lui dire qu’ils étaient là, qu’il n’était pas si seul qu’il le croyait. « Je suis désolée. » Elle ne comprenait pas tout de la gestuelle qu’il exécutait avec une rage nerveuse mais elle n’avait aucunement besoin d’un dictionnaire ou d’un traducteur pour palper la détresse et la culpabilité qui prenaient à la gorge son acolyte.

Joey quant à lui ne décolérait pas de ses suspicions, gérant la douleur de la manière la plus simple pour lui : en s’énervant. Quelque chose empêchait clairement Eoghan de parler et il n’en démordrait pas ; difficile de lui retirer une idée quand il l’avait en tête. Tendu par ces silences et cette ambiance étrange qu’il ne contrôlait pas, le plus âgé finit par craquer. « Les médecins d’ici sont des incompétents ! Et on se moque de la Carrière ? Même moi je peux te le donner en mille. » Il tournait à présent en rond, lion en cage que la fureur de ne pas avoir pu venger Jet de ses mains n’était pas prête d’apaiser. « Les types qui t’ont cassé la gueule – ils ont du lui blesser les cordes vocales, c’est pour ça qu’il parle pas. Ils ont forcément du lui faire quelque chose. Faut le faire réexaminer. » L’électricité que dégageait l’ex-Miner était incompatible avec le climat dont avait besoin un convalescent. Et aussi véridique qu’il pouvait être, Joey ne maîtrisait pas tout à Olympia et son ton autoritaire ne réglerait pas tous leurs problèmes en quelques secondes.

La raider finit par soupirer lentement et couper d’un ton un peu sec. « On en sait rien, Joey, tu n’es pas plus médecin que moi. » Tout le monde avait tendance à vouloir décider à la place des autres, à se prendre pour plus malin et plus savant. La vérité ? Ils avaient tous sérieusement besoin de temps et de patience. Ils étaient tous sur les nerfs. « Par contre je sais une chose c’est qu’on a tous besoin de calme et là tu n’aides pas. » Il le prendrait sûrement mal sur le coup mais la blonde connaissait pertinemment bien son camarade pour savoir que parfois la franchise brute était le seul moyen efficace de le faire redescendre. Ce qui fut effectif ; sous ses mots, Joey se redressa comme un gamin pris en faute et vexé. « Ouais bah j’vais fumer. » Bougon au possible, l’ex-Miner prit la sortie de la maison non sans adresser un salut évasif à Jet. Il repasserait plus tard.

Portia passa une main un peu fatiguée sur son visage pour frotter ses yeux avant de secouer doucement la tête, les yeux perdus dans le vague. « Tu connais Joey … Gérer ses sentiments, c’est toujours pas dans ses cordes. » Elle ne lui en tenait pas rigueur, elle avait l'habitude. Cela dit il avait raison sur un point ; faire revenir un médecin pour un examen supplémentaire ne serait pas un mal. Le silence d’Eoghan était pour l’heure inexplicable même s’il n’engageait aucun pronostic vital, ils avaient besoin de savoir ce qui expliquait cette absence de communication verbale. « Je suis tellement contente que tu sois là. Même si ça me fait bizarre de te voir aussi muet, crois-moi, à une autre époque, je m’en serais réjouie. » Elle avait besoin d’en rire un peu, pas parce qu’elle voulait se cacher derrière des blagues mais parce que c’était la normalité de leur relation. Si une seule chose pouvait rester réelle et pure, ce devait être ça. « Je savais pas que tu signais d’ailleurs. » De taquin, son regard vira à l’intrigue. « C’est pas mon cas mais on a une bibliothèque ici et je parie qu’il doit y avoir des livres là-dessus … D’ici là, tu pourrais peut-être utiliser un crayon et du papier si tu as des questions ? » Il devait en avoir. Elle était toute disposée à pouvoir lui répondre s’il le souhaitait.
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Eóghan Hopkins
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MessageSujet: Re: as I sink in the sand | eoghan   as I sink in the sand | eoghan EmptyDim 17 Nov - 23:57



Portia Eòghan
« It hurts to be alone.
It’s worse to be alone with you. »


« Tu es allé là-bas. Pour elles c’est ça ? » Il hocha la tête en ayant le regard rivé sur le verso de la photographie qu’il venait de montrer aux deux jeunes adultes présents dans la chambre. Oui, il y était allé et il n’aurait jamais du le faire. Des bribes souvenirs qu’il tentait de chasser de sa mémoire survenaient en flash dans sa tête. Il ferma fortement les yeux, cela réveilla une douleur à l’un de ses yeux, certainement cerné par un coquard probablement encore bien noir. Il se sentait ridicule. Eóghan sortit de ses songes lorsque Portia serra sa main et témoigna sa compassion. Il eut l’envie de lui sourire, mais au lieu de cela, il se contenta de la fixer sans savoir comment lui répondre. Cependant, son geste et son attitude provoquèrent une douce chaleur dans son estomac. Jet se sentait enfin en sécurité et rassuré. Sans pouvoir détourner les yeux, une question demeura en suspend dans son esprit : comment avait-il pu la trahir ?

Alors qu’un silence était retombé entre les trois jeunes survivants, Joey prit la parole et employa  un ton qui refroidit immédiatement le brun aux yeux bleus. Il détacha sa main de celle de l’Olympienne d’un coup sec et s’enfonça davantage dans son oreiller, comme s’il avait envie de disparaître à l’intérieur. « Les médecins d’ici sont des incompétents ! Et on se moque de la Carrière ? Même moi je peux te le donner en mille. Les types qui t’ont cassé la gueule – ils ont du lui blesser les cordes vocales, c’est pour ça qu’il parle pas. Ils ont forcément du lui faire quelque chose. Faut le faire réexaminer. » Eóghan serra le poing. Des images affluèrent sans qu’il ne puisse les réprimer. L’agressivité de Joey réveillait toutes les mauvaises choses que l’ancien Miner avait pu traverser au cours de son périple en solitaire. Les yeux brillants, rivés vers le plafond, il commença à hyper ventiler. Un début de crise de panique torturait à présent son rythme cardiaque et ses poumons. Il leva une main brutale et son regard assassin destiné au Quarry lui fit comprendre qu’il devait la boucler. Maintenant. Portia eut les mots justes pour justifier très exactement ce que le blessé voulait faire comprendre. L’autre jeune homme décida de quitter la chambre pour aller fumer une cigarette. Lorsqu’il claqua la porte derrière lui, Hopkins soupira de soulagement.

« Tu connais Joey … Gérer ses sentiments, c’est toujours pas dans ses cordes. » Une nouvelle fois, le mécano acquiesça en ajoutant un sourire en coin, dévoilant légèrement ses dents. Il reconnaissait bien l’Olympienne. Il avait envie de rire à sa remarque, comme il l’aurait fait quelques mois plus tôt en sa compagnie, mais il craignait de trop ressentir les fractures en pleine cicatrisation. « Je suis tellement contente que tu sois là. Même si ça me fait bizarre de te voir aussi muet, crois-moi, à une autre époque, je m’en serais réjouie. » Cette fois, il ne put se retenir de s’esclaffer très doucement. Deux petits soupirs furtifs par la bouche étaient le témoignage de l’amusement d’Eóghan. Il s’humidifia les lèvres et laissa un sourire plus large les relever. Il se ressaisit de la main de Portia et croisa ses doigts avec les siens. « Je sais. » Mima-t-il avec sa bouche sans avoir besoin d’y mettre le son de sa voix pour qu’elle le comprenne.

« Je savais pas que tu signais d’ailleurs. C’est pas mon cas mais on a une bibliothèque ici et je parie qu’il doit y avoir des livres là-dessus … D’ici là, tu pourrais peut-être utiliser un crayon et du papier si tu as des questions ? » Son sourire s’estompa légèrement. Il attendit quelques secondes avant de regarder autour de lui. Un porte-bloc avec des feuilles sur lesquelles reposait un crayon, se trouvaient sur ce qui ressemblait à une table de nuit. Le mécano s’en saisit avec peu d’efforts. Lentement, il écrivit d’une main faible. « Appris quelques mots pendant voyage. » Il reposa le crayon, tenta de détendre sa main en ouvrant et fermant le poing successivement, puis il se remit à écrire. « Pas votre faute. Plus envie de parler. J’ai trop merdé. » Il était gaucher. En traçant lentement les mots sur le papier, sa main étalait l’encre sur son passage. Il n’arrivait pas à être précis et encore moins soigneux. « Désolé d’être parti. » Et celui-là, c’était le cadet de ses regrets. Il observa plus longtemps son amie blonde, son attitude à lui donnait l’impression qu’il s’était endormi les yeux ouverts, il ne bougeait plus. Puis il reprit. « Merci. » d’avoir encore sauvé ma vie, aurait-il pu ajouter, mais la phrase était trop longue. Alors il posa sa première question dans un anglais complètement abrégé, signifiant qu’il commençait à avoir mal au bras « J’ai loupé quoi ? ». Il abandonna le crayon sur le support rigide et étendit son bras le long de son corps, signe qu’il avait terminé d’écrire. Eóghan avait envie que Portia lui parle, qu’elle lui raconte ce qu’il avait manqué. Sa voix seule pouvait lui changer les idées. Et il avait besoin de créer de nouvelles images pour bloquer les anciennes qui ne cessaient de lui bouffer les entrailles.  
 
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