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 jigsaw puzzle (rodrigo)

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Morana Da Rosa
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MessageSujet: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyLun 1 Avr - 13:05


Le vent s'engouffrait dans les interstices, dans les creux entre les planches de bois. La tempête s'était levée quelques heures plus tôt, interlude météorologique inopiné alors qu'elle remontait le chemin tracé entre deux champs grisés par l'hiver après une longue mission loin du quartier général. L'air s'était brusquement et lourdement chargé d'électricité et alors l'on pouvait presque en goûter le danger dans chaque inspiration - il fallait se mettre à l'abri. La cabane s'était dressée là, à quelques centaines de mètres, comme posée sur la route par la main d'un géant omniscient. Elle ressemblait à toutes les autres en ce qu'elle ne ressemblait à aucune autre des planques volées à la fin du monde, simple construction de planches et de clous en prise à la morsure du temps et du reste, annotée à l'à peu près sur les plans de la recruteuse comme point de repli en cas de pépin.

D'ailleurs, en en poussant la porte branlante, Mary ne s'était pas étonnée de la précarité du refuge. Si elle n'avait pas été seule, elle aurait sans doute sourcillé face à la toiture aux yeux menaçants, petites fenêtres sur le ciel desquelles la pluie finirait immanquablement par entrer dans la soirée, mais le môme n'était pas là, et personne d'autre non plus. La chaise solitaire et la planche allongée qu'elle devinait servir de couchette lui suffisaient, le temps que l'orage ne passe, peut-être le temps que le jour ne se lève. Si les nuages noirs avaient assombri le paysage, la toile de fond aussi, avait changé de robe : la nuit s'annonçait longue. Et froide. Et sans doute très inconfortable, mais tant qu'elle survivait, les conditions de cette survie n'avaient que peu d'importance.

Sans réellement se donner la peine d'être discrète comme le vent étouffait tout, la mexicaine passait en revue l'inventaire de son sac à dos. Sa bouteille isotherme était presque vide quand il lui pleuvait des tonnes au dessus de la tête, ses réserves de nourriture épuisées quand la faim se faisait à nouveau sentir. Pour s'en distraire, elle feuillerait les pages de la bible que Lazare lui avait confiée. Celle d'un ou d'une inconnue, elle ne savait pas, aux initiales anonymes qui y étaient inscrites à l'encre noire et sur lesquelles son index glissait, curieux certes mais si vite désintéressé. Plutôt que de nourrir son imaginaire des histoires que O. Laurens avait pourtant à lui raconter, Mary tourna rapidement les pages jusqu'à retrouver le passage qu'elle étudiait plus en profondeur. Elle se risqua à craquer une allumette pour mieux discerner les lettres dans la nuit qui tombait - pour se la faire souffler avant même que son extrémité n'arrive à la bougie oubliée là. Au risque d'en user plus qu'il n'aurait fallu, elle réitéra l'opération, plus consciencieuse, plus concentrée. Elle tut sa respiration de peur de souffler encore une fois la flamme qui peinait à brûler dans les turbulences.

Un craquement se fit entendre à l'extérieur. C'aurait pu être n'importe quoi : le vent, un rôdeur ou un voyageur égaré. Peut-être quelqu'un qui ne lui voulait pas que du bien (on n'aime son prochain que dans les limites du raisonnable, c'est ce que Yael lui avait enseigné). Elle n'avait croisé que le premier sur la route, et d'aussi longtemps qu'elle s'en souvenait il n'avait pas pour habitude de piétiner. Mary déglutit, les yeux fixés sur la mèche, la flamme vacillante. Elle poussa un soupir avant de ne se redresser, légèrement courbée par la proximité affolante du plafond, pour poser une main sur l'arme qu'elle avait laissée près de son sac. Elle ne pouvait pas le voir, les interstices ne trahissaient rien de ce côté des planches : en revanche, s'il existait, l'intrus avait dû comprendre que la cabane n'était pas aussi vide qu'elle le semblait. La lueur timide de la bougie qu'elle s'était donnée tant de mal à allumer accusait une présence.

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Rodrigo Álvarez
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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyLun 1 Avr - 23:38


Morana Rodrigo
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L’animal l’avait entraîné beaucoup plus loin que ce qu’il avait estimé en dénichant dans les traces la preuve d’un animal déjà blessé ou, tout du moins épuisé. Une proie supposément facile qui n’aurait pas dû lui faire perdre autant de temps mais l’homme était peut-être trop opiniâtre pour son propre bien et s’était obstiné à remonter la piste qui s’en allait toujours plus loin, persuadé de l’avoir à l’usure et refusant de rentrer les mains vides ou avec pour seul lot qu’un éventuel lapin tombé dans l’un de ses pièges.
Puis des nuages noirs s’en étaient venu galoper au-dessus de sa tête, couvrant l’horizon et bientôt le ciel tout entier au fur et à mesure que le vent se levait. Et pendant tout ce temps où il aurait encore pu rebrousser chemin, il continua tout de même à aller de l’avant, accélérant l’allure avec l’espoir, peut-être, de devancer la pluie.
Peine perdue évidemment.
Parce que c’était inévitable, le ciel finit par crever, annoncé bien longtemps à l’avance par les grondements de l’orage. L’averse s’invita, d’abord un peu timide mais s’enhardissant vite, et il ne fallut pas si longtemps pour qu’un véritable déluge s’abatte sur le pisteur. Or, si Rodrigo n’était pas en sucre et parfaitement capable de résister à la saucée qui s’annonçait, ce n’était pas le cas des traces qu’il remontait depuis déjà quelques heures. L’animal s’en tirerait sauf ou, à tout le moins, ne mourrait pas de sa main. Ne remplirait pas sa panse. Et l’obstination de Rodrigo venait de lui faire gagner avec brio le droit de choper toutes les crèves du monde quand son blouson cesserait de contenir toute l’eau qui se déversait dessus et que les bourrasques se chargeraient, avec l’efficacité qu’on leur connaissait bien, de glisser leurs mains froides et humides dans tous les interstices entre chaque vêtements.
Encore que la forêt n’épongeait pas trop mal le plus gros de l’orage. Mais il n’avait guère l’envie de s’enfoncer plus en profondeur dans les sous-bois afin de se l’épargner davantage, pas quand l’obscurité du ciel promettait une nuit précoce : dormir seul à la belle étoile avait cessé d’être une activité oisive depuis bien des années.

L’idée lui était venue tandis qu’il retraçait dans sa tête une carte plus ou moins vague de l’endroit où sa traque vaine l’avait entraîné, ruminant intérieurement contre les mauvais éléments qui s’étaient accumulés sur le fil de cette journée. Et, tandis qu’il se fixait un cap très approximatif au cœur de l’orage, Rodrigo quitta la protection très illusoire des arbres en lisière de forêt avec l’espoir que le temps ne lui aurait pas embrouillé ses souvenirs.
Le cabanon avait triste mine mais pas autant que lui, cabot complètement détrempé par les trombes de pluie le temps du trajet et des quelques hésitations qui l’avaient finalement amenés jusqu’ici. Il ferait bien l’affaire le temps que les choses se tassent… ou peut-être pas ?
Si Rodrigo était las, il n’en avait pas laissé sa vigilance derrière pour autant. Et pour tout légers qu’ils soient à travers les trous dans les planches, les signes lui sautèrent tout de même aux yeux, quelqu’un d’autre avait eu cette même idée avant lui. Mécaniquement, la main fit glisser de son épaule la bandoulière de son fusil de chasse – l’arme serait toutefois peu fiable après tout ce qu’elle venait de se prendre – et il rongea les derniers mètres qui le séparaient encore de l’abri d’un pas un peu plus méfiant quoique sans forcément chercher à se faire discret. Autant que l’autre soit averti de sa présence, puisque son intention de s’inviter était ferme et sans appel : hors de question de crever sous le déluge, quitta à partager un toit percé avec un parfait inconnu.
Ou à se battre, le cas échéant : ce ne serait pas sa première fois.
L’une des raisons de son calme apparent, toutefois, était que la région était principalement arpentée par les siens et que ces bicoques de misère n’abritaient en général que ceux qui, à son image, se laissaient surprendre un peu trop loin de l’aéroport. En général.    

Rodrigo fit le tour de l’abri de fortune, cherchant quelque indice ou un éventuel piège, avant de se résoudre à retourner se planter devant l’entrée. Et puis là, quoi ? S’inviter comme le seigneur en sa maison ? L’obscurité à l’extérieur était son alliée au moins en ce que ça rendrait compliqué toute tentative de lui coller une balle entre les yeux à l’instant où il s’encadrerait dans le seuil.
Il prit la décision de pousser le battant grinçant, s’écartant toutefois de l’axe d’ouverture au cas où un tir partirait tout de même au jugé mais, puisque la première seconde ne lui délivra rien d’autre qu’un silence plein d’expectatives, son œil ne tarda guère avant de s’hasarder à l’intérieur. « Je viens juste pour l’abri » il s’annonça, avec cette intonation dans la voix  dénonçant tout aussi bien l’absence d’intention belliqueuse que la ferme intention de rester tout de même, coûte que coûte.
Puis le regard finit par accrocher le visage de l’inconnue et, aidé ici par la flamme faiblarde de la bougie, fut prompt à reconnaître Mary avant même que les derniers mots n’eurent fini de s’éteindre dans sa bouche. Dès lors, il sembla abandonner toute réserve – puisqu’elle ne représentait pas de danger – et s’invita sans plus attendre, enfermant derrière lui l’orage à l’extérieur. Une insulte bien colorée à l’égard des intempéries lui échappa dans un grognement et dans une langue qui, de toute évidence, lui était bien plus familière que celle avec laquelle il venait de s’adresser à la jeune femme. Et puis, l’air de ne pas se soucier plus que ça d’empiéter sur son espace personnel – l’endroit était un peu trop exigu pour deux personnes –, il entreprit de se débarrasser de sa veste – serpillière –, du fusil qu’il cala contre l’un des murs et puis de son sac, dont le rafistolage récent avait semble-t-il été la meilleure idée qu’il ait pu avoir au vu de son contenu encore à peu près sec.

Frissonnant, la peau gelée et le t-shirt peu efficace étant donné qu’il valait à peu près l’état du blouson, Rodrigo s’attribua la chaise avec un soupir, pour enfin sembler se souvenir de la compagne impromptue qu’il s’était déniché en même temps que l’abri – mais peut-être que les billes noires qui ne l’avaient pas quitté du regard depuis son arrivée n’était pas innocente dans cette piqûre de rappel. « T’attends quelqu’un ? » il finit par lui demander devant son silence, quoique la question ait plus pour but la confirmation qu’ils n’allaient pas finir à trois dans cet espace ridiculement étroit, que celui de tenter d’engager la conversation.
Et puis, en terme de conversation, il avait plus à cœur à un tête à tête entre son estomac et le casse-croûte réchappé de la pluie avant de commencer à se soucier du reste.
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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyLun 8 Avr - 1:55


Peu importait comme on prenait la chose, l'homme n'était que ça : un inconnu, et pourtant les doigts qui s'étaient posés sur l'arme s'étaient détendus, et la posture défensive de la jeune femme s'était relâchée. La surprise avait à peine caressé la surface de ses billes noires, qu'elle avait été balayée par la curiosité. Maladive, obsessionnelle, déplacée sous bien des aspects - justifiée pourtant. Quand il entrait dans son champ de vision, elle était bien incapable de le quitter du regard, de le laisser filer dans le décor. Elle avait essayé, elle essayait encore, histoire de ne pas s'attirer ses foudres, histoire de ne pas se faire se poser de questions aux autres suiveurs de Lazare, mais jusque lors et dans l'absence de réponses, elle n'avait su s'y résoudre. L'inconnu la fascinait, pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait pas toujours été un. Mais comme elle ne l'avait pas reconnu aux pas qui avaient fait craquer le plancher, ni à la voix qu'il avait élevée, il n'était pas grand chose d'autre.

La visage était familier : malgré tout, il avait changé, s'était durci, sans qu'elle ne sache par quelles horreurs l'homme était passé avant de n'obtenir cet air grave que les autres pensaient sûrement avoir toujours été là. Et peut-être connaissait-elle son prénom, au moins, Rodrigo, mais donc il ne valait plus rien à l'ère du monde de Lazare. « Gabriel. Entre, » lâcha-t-elle alors qu'il avait déjà fermé la porte derrière lui, ses yeux noirs ne le quittant pas. Elle ramena ses jambes sous elle, bancale sur la planche en bois, brièvement amusée des mots d'espagnol qui se crachaient dans l'espace confiné. De l'espagnol, elle en entendait tous les jours, mais s'il était parfois réconfortant de se souvenir qu'elle venait de quelque part, les entendre de la bouche de cet inconnu lui faisait un drôle d'effet. Comme une douloureuse piqûre de rappel, l'écho du passé lui redit que si elle venait bien de quelque part, c'était d'un endroit qui l'avait faillie, d'un portrait de famille sur lequel elle était la seule à sourire - parce qu'elle était la seule qui était restée. Et alors, elle se tenait devant cet homme qui ne se savait même pas être son père, simplement bien heureux d'avoir trouvé un abri à sa mauvaise fortune - et peu importait s'il était déjà occupé, parce qu'à ses yeux elle n'était même pas une connaissance, à peine une inconvenance.

Le regard insistant avait fini par se noyer, mais sans doute qu'à la lueur d'une bougie on aurait pu croire qu'elle le regardait encore. La jeune femme prit une grande inspiration, comme une suite de désillusions qu'elle invitait en elle, puis poussa un soupir. « Non, encore heureux, » ponctua la brune après une seconde de trop, ses paumes en offrande aux échardes tandis qu'elle se redressait. Elle feignit l'amusement, les pupilles voguant aux coins étroits qui les emprisonnaient au cœur de l'orage avant de ne revenir se poser sur son interlocuteur, ses épaules frissonnantes. Un léger tic déforma sa bouche avant qu'elle ne tende la main pour défaire les liens de son sac à dos. « Je pensais rentrer plus tôt, » petites phrases pour rattraper le temps qu'ils n'avaient pas vraiment perdu, « J'étais en reconnaissance pour un recrutement, et il me semblait que l'orage ne devait éclater que demain... » Un instant elle ne dit rien, les lèvres pincées, sans doute curieuse de savoir quelle sorte de désintérêt il lui servirait. « J'en déduis que la chasse n'a pas été très bonne... » fit-elle malgré la sensation désagréable qui vient avec les conversations creuses. « Tu es chasseur, non ? » avec ces mots, ses doigts émergeaient du sac à dos. Il était bien plus gros que la plupart des sacs à dos que les survivants se traînaient, bien plus fourni au moins que ceux des survivants qu'elle ramassait. « Tiens, tu m'donnes froid. » Du bout du bras elle lui tendait une couverture en polaire. Au vu de son piteux état, il n'aurait pas pu lui refuser sa bienveillance ; elle ne savait pas tout à fait s'il appartenait à cette catégorie de personnes trop entêtées pour accepter une quelconque aide extérieure, mais de ce qu'elle avait observé, il ressemblait au moins à ces derniers. Le regard de la mexicaine tomba finalement sur la collation qu'on finissait de déballer. « Et si jamais tu voulais me remercier pour la couverture, sache que je n'ai pas mangé grand chose depuis ce matin... » souffla-t-elle, un semblant d’espièglerie dans le regard et dans le coin des lèvres : Mary avait beau avoir l'estomac dans les talons, elle n'espérait pas grand chose du vieil ours, même en lui forçant la main.

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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyMar 9 Avr - 19:19


Morana Rodrigo
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Les explications de Mary quant à sa présence ici ne furent pas relevées, son interlocuteur ne s’intéressant pas vraiment aux raisons qui les avaient amenés à profiter du même endroit salutaire le temps que l’orage se lasse de les emmerder. Savoir qu’ils n’étaient pas censés être plus d’eux deux à profiter de ces quatre murs misérables fut amplement suffisante à faire taire en lui la maigre initiative de conversation et dès lors, son attention glissa d’elle pour s’attacher plutôt au petit paquet emballé et plein de promesses qu’il venait tout juste d’extirper hors de son sac.

No shit Sherlock. Un rictus sardonique se peignit brièvement sur son visage tandis qu’elle évoquait, quoiqu’en des termes un peu plus aimables, l’échec apparent de sa propre expédition à lui. Rodrigo ne prit cependant pas la peine de le confirmer, l’évidence s’imposant d’elle-même à qui savait utiliser ses yeux à bon escient. A la question qui s’ensuivit, toutefois, l’homme s’arrêta un instant dans le déballage consciencieux de ses quelques victuailles pour lui glisser un regard de travers qui se perdit dans l’espace confiné de l’abri puisque sa compagne du moment avait le nez plongé dans ses affaires. « Comme si tu le savais pas déjà, hein, il riposta après un court temps de battement. Pose pas de question si tu connais déjà la réponse. » Où était l’intérêt là-dedans ? La peur du silence, la gêne de devoir passer les heures à suivre dans une atmosphère malaisante où ils n’auraient rien d’autre à faire que se regarder dans le blanc des yeux ?
Mais Rodrigo, lui, préférait largement ça à lancer une discussion où ils prétendraient tous deux s’intéresser à l’autre juste histoire de meubler le temps.
Toutefois Mary n’avait pas l’air de se formaliser de la rudesse de sa voix – ou alors elle s’en cachait bien. Après une infime hésitation, il attrapa la couverture tendue avec un grognement qui, chez lui, était sûrement ce qui s’approchait le plus d’un remerciement, et la passa aussitôt autour de ses épaules, s’enroulant dedans comme un noyé tout juste secouru l’aurait fait – la gratitude envers sa "sauveuse" en moins.

Toute chose avait cependant un prix, et il aurait été bien stupide de l’oublier. En l’occurrence, ici, la demande était plutôt claire et Rodrigo n’interpréta dans le regard et le coin de sourire de la jeune femme qu'une intention d'adoucir ses exigences vis-à-vis du tarif exigé.
Sauf qu’il ne lui avait rien demandé, le mexicain. Et qu’il n’estimait donc ne rien lui devoir en retour : la bonté d’âme, il l’avait abandonnée au détour d’un chemin bien avant que les morts ne se relèvent, alors au nom de quoi était-il supposé manifester la moindre étincelle de charité envers quelqu’un qu’il ne connaissait somme toute que très peu ? – et même cela était un euphémisme puisqu’il ne savait à peu près rien d’elle, sinon son nom et le chiard qu’elle se traînait la plupart du temps. « Tu penses à te trimbaler une couverture mais pas de quoi manger ? » Ou bien peut-être que la chasse n’avait pas été très bonne pour elle aussi, se retint-il d’ironiser. Il laissa échapper un reniflement de mépris, assumant sans la moindre gêne de porter un jugement dur sur sa situation alors qu’il ne savait même pas depuis combien de jours elle avait quitté l’aéroport. « Faudrait peut-être réviser ton sens des priorités. » Laissons-le prétendre un instant que cette fameuse couverture n’était rien de plus qu’un luxe inutile, lui qui s’épargnerait probablement une crève de tous les diables grâce à ça. « C’est pas en crevant de faim sur le bord du chemin que tu vas nous ramener quelqu’un. Peut-être tu devrais y réfléchir deux minutes, la prochaine fois. » Et comme cela lui semblait représenter une conclusion adéquate à cet échange – tous ces mots jetés les uns à la suite des autres valant presque une logorrhée chez lui –, Rodrigo mordit à belles dents dans une lanière de viande séchée, sans amorcer le moindre geste visant à exaucer la demande implicitement glissée un peu plus tôt. Guère d’humeur partageuse, il en faudrait certainement un peu plus pour le convaincre, si cela était seulement possible, mais sa nature voulait qu’il ne s’encombrât pas d’une pitié quelconque envers elle ;  cela ne le dérangeait donc pas de manger avec la conscience nette du fait qu’elle avait sans doute au moins aussi faim que lui.
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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyDim 21 Avr - 0:20


Comme on s'prépare à l'orage, elle s'était attendue à la remarque un peu amère, au regard en biais qu'elle n'esquivait que de justesse. Elle aurait tout à fait été dans son droit de s'emporter contre son géniteur, mais plutôt Mary se contenta d'hausser les sourcils et de laisser quelques secondes s'écouler. Le temps que la surprise ne passe, ou qu'elle ne trouve les mots pour rétorquer. Jamais elle ne s'était attendue à ce que tout soit facile, avec lui, mais elle avait vraisemblablement sous-estimé à quel point les retrouvailles, si l'on pouvait réellement les appeler ainsi, seraient compliquées. Et décevantes, oui, le sentiment de se retrouver enfermée avec un usurpateur grandissant chaque minute qu'il grognait en silence ou en invectives. Après un court instant à le fusiller du regard alors même qu'il ne la regardait plus, la brune baissa les yeux sur la couverture qui grelottait avec lui. « C'est drôle. Tu n'as pourtant pas l'air de t'en plaindre. » Si la jeune femme n'était pas vexée, toute espièglerie avait quitté son visage. Plutôt, un semblant de sourire beaucoup trop froid pour exprimer la moindre sincérité tordait ses lèvres tandis qu'elle poussait distraitement son sac à dos dans le coin de la couchette. Elle le retourna tranquillement, s'assurant qu'il était assez confortable pour en faire son oreiller pour la nuit. « Mais si ma bienveillance gêne, continue donc de me parler comme à un chien et à claquer des dents, je me contenterai de dormir le ventre vide et au chaud, » fit-elle dans la langue qu'il lui avait apprise, la même main tendue pour reprendre ce qu'elle avait pourtant donné sans hésitation. Le geste était assez insistant pour être pris au sérieux, pire, cet air bienveillant qu'on lui reprochait parfois s'était tout à fait éclipsé. Seuls les yeux noirs et les sourcils arqués l'attendaient au détour de la réplique assassine, aussi piquante que l'accent qu'elle lui avait volé. Elle le jaugea encore, le menton relevé, cette allure de défi dans les prunelles sombres. Ils étaient trop nombreux déjà à la prendre pour l'idiote qui s'était faite engrosser dans un monde en ruines, à confondre sa gentillesse avec une certaine forme d'idiotie... La douceur de ses traits ne trahissait pas son caractère de merde, maladie incurable et de toutes évidences héréditaire, qu'elle s'efforçait pourtant de passer sous silence la plupart du temps, d'apprivoiser comme une bête sauvage. Pas ce soir-là. « Alors ? J'attends. » commanda-t-elle, la paume ouverte, laissant au chasseur le loisir de deviner lequel des deux objets elle convoitait. Et à vrai dire, elle n'était plus sûre de vouloir partager un repas avec lui, ni de vouloir lui retirer le bien dont elle n'avait pas réellement besoin... Mary ne pouvait simplement pas le laisser lui marcher sur les pieds sans protester. Même s'il s'agissait de lui, surtout s'il s'agissait de lui. Même si, au final, et elle s'en rendît compte alors qu'il mâchait bruyamment, le père qu'elle avait gaspillé tant de temps à retrouver l'agaçait comme n'importe quel autre connard rencontré depuis la fin du monde. Au moins de cette manière, elle ne pouvait être déçue qu'une seule fois.

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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyLun 22 Avr - 19:12


Morana Rodrigo
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L’espagnol lui fit hausser un sourcil, la surprise brièvement de passage avant de disparaître comme elle était venue : en un éclair. Rien d’étonnant à ça au final, elle n’était pas la première étrangère à se compter dans les rangs de Lazare et il aurait dû s’en douter à sa peau mate et ses yeux noirs, encore eût-il fallu pour ça qu’il daigne s’intéresser suffisamment à elle pour se poser la question. La frontière entre le Texas et le Mexique était mince, plus que jamais symbolique pour tous ces hispaniques qui pensaient encore à trouver un monde meilleur de l’autre côté.

Silence. Lourd de quelques secondes, et qui pesa sur l’atmosphère confinée du cabanon davantage encore qu’après les remarques pleine de cynisme de Rodrigo. Et il la considérait, main tendue, le regard plus sévère et l’expression cette fois bel et bien vidée de toute sympathie à son égard.
Sans bouger : juste à la regarder de haut, là, à surplomber la jeune femme depuis l’assise branlante sur laquelle il avait abandonné sa grande carcasse frigorifiée en entrant se mettre à l’abri.
Et un rictus vaguement amusé, ou peut-être juste moqueur, étira quelque peu ses lèvres sous la broussaille de sa barbe blanchie par les ans. Quoi ? Fallait qu’il se sente impressionné par la mine déterminée de Mary, peut-être ? Qu’il courbe l’échine, obéisse bien sagement aux règles de la bienséance et rende à sa propriétaire ce qu’elle était parfaitement en droit de réclamer de la même manière qu’elle avait proposé à peine plus tôt ?
Non merci. Rodrigo n’avait à se cacher à personne de sa réputation d’ours mal léché, d’égoïste ou de simple connard, et il voulait cette couverture, il la voulait pour pas crever de froid et se réveiller au matin cloué par une fièvre qui l’empêcherait peut-être de rentrer vivant au QG. A moins qu’elle la lui arrache des épaules, il n’allait pas la lui rendre simplement parce qu’elle l’avait exigée et puis elle lui faisait pas peur, la gamine, qu’est-ce qu’il fallait qu’il craigne d’elle pour un simple refus d’obtempération ? Il s’était arraché la gueule avec d’autres de ses camarades de meute, à l’aéroport, et pour moins que ça en prime ; jusqu’à ce que l’un le siffle au pied et que les autres comprennent qu’il était mieux avisé de ne pas aller s’y frotter de trop près.

Mary le relança devant son mutisme immobile, tandis qu’il avait finalement pris le pli de l’ignorer pour mieux profiter du goût trop salé de la viande séchée qu’il mastiquait avec application – comme si la lenteur délibérée avec laquelle il décortiquait chaque bouchée allait doubler l’apport nutritif de cette dernière une fois ingérée.
Et son regard retourna la vriller illico, l’air de jauger de la hargne de l’adversaire, s’accrochant cette fois un peu plus longtemps à détailler le minois agacé et se surprenant même à y dénicher, tout d’un soudain, l’écho d’un vieux souvenir aux couleurs passées datant d’une autre vie qu’il pensait pourtant avoir bel et bien enterrée.
« Que te folle un pez » il maugréa, et c’était pourtant un signe d’abdication chez lui, comme si la chaleur inopinée de ce petit morceau de mémoire revenu sur le devant de la scène on ne savait trop comment ni pourquoi, avait eu raison de sa détermination à ne rien lui céder.
Et bien sûr, ce ne fut pas la couverture qu’il lui fourra avec une brutalité résignée dans la paume tendue non, parce que dans le classement de ses priorités à l’heure actuelle elle était bonne première, à l’inverse de la bouffe dont il pouvait se séparer d’une part sans en accuser les conséquences par la suite. Une sorte de désir maquillé de revenir sur ses pas, l’air de dire okay, prend ce que tu voulais et fous-moi la paix maintenant. « Pose tes conditions avant, la prochaine fois » qu’il grogna encore et ça le faisait chier de partager bien sûr, parce que ce n’était pas – plus – dans sa nature et qu’il ne comprenait pas trop pourquoi fallait-il qu’il fasse exception pour une (presque) parfaite étrangère.
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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyJeu 23 Mai - 2:05


A l'insulte, l'expression de la détermination sur son visage se transforma lentement, se tordit d'un rictus légèrement amusé, soudainement clément quand l'homme lui mit dans la main le bout de viande. Elle souffla un merci à peine audible, reconnaissante malgré tout quand ses doigts fins se refermèrent sur la précieuse denrée, et son regard flingua avec un peu moins de dédain le mexicain à ses côtés. « La prochaine fois, ouais, » qu'elle répéta pourtant, cette aigreur persistante dans la voix, traître à l'ego qu'on avait tout de même blessé : la prochaine fois, elle ne fera pas le premier pas. Tout ce cinéma pour trois fois rien, qu'elle se dit en se laissant tomber contre les planches derrière elle, sans risquer une dernière œillade vers le vieil homme. Un long soupir s'extirpa d'entre ses lèvres tandis qu'elle jaugeait son salut. Son dos s'affaissa et ses épaules se relâchèrent ; appuyée contre le mur, la brune commença son repas dans le silence.

La faim était tellement présente que la jeune recruteuse en avait presque oublié son appétit, comme une constante dont elle n'espérait plus se défaire. Le goût salé sembla raviver ses papilles, faire briller quelque chose dans ses pupilles : la jeune femme se retînt de ne pas avaler l'en-cas trop vite, soucieuse sans doute d'attirer sur sa personne les regards curieux et pleins de jugement d'un chasseur blasé. Le repas disparut tout de même rapidement, et avec lui l'espoir d'atteindre la satiété. Mais c'était déjà plus que ce qu'elle avait espéré en s'enterrant dans la cabane, et ça suffirait pour la nuit. Une dernière fois avant de fermer les yeux, elle tourna la tête vers son père, l'indulgence hésitante sur le bout des lèvres - et s'allongea pour lui faire dos sans un mot, le visage froncés comme un moineau en colère.

* * *

Le vacarme finit de s'épuiser à l’extérieur : l'une après l'autre les gouttes cessèrent de marteler le toit, de dégouliner le long des murs, l'air chargé d'humidité. Plus aucun bruit, sinon celui du vent et celui de ses dents qui claquaient, celui de ses respirations lentes et pénibles dans la nuit qui s'éclaircissait. Par les interstices, elle en déduisait que le matin n'était plus très loin, pratiquement à portée de main, le soleil juste à quelques dizaines de minutes de l'horizon. Et elle n'avait qu'une hâte, sortir, rentrer à l'aéroport, serrer Ruben contre elle : ses yeux noirs grand ouverts, elle s'imaginait déjà la scène. Elle le trouverait grandi, son air polisson un peu plus vif encore que trois jours auparavant... Avec un sourire vague, sa tête roula sur le sac qui lui servait d'oreiller, cherchant des yeux l'homme affalé sur sa chaise, prête à faire le même constat qu'elle faisait chaque fois qu'elle le fixait - quand le bruit sourd d'un corps qui trébuche se fit entendre.

Avec les années, on apprend à reconnaître le bruit que la mort fait quand elle titube de l'autre côté de la porte.

« Gabriel, » murmura la jeune femme, sa main posée sur le bras du chasseur pour le secouer doucement. L'idée de sortir et de tirer la bestiole elle-même ne lui traversa même pas l'esprit, encore trop embué, et elle était déjà persuadée que l'homme la traiterait de tous les noms pour avoir osé le réveiller mais ça ne la coupa pas dans son élan. « Y'a quelque chose dehors. »

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Rodrigo Álvarez
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Rodrigo Álvarez
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MessageSujet: Re: jigsaw puzzle (rodrigo)   jigsaw puzzle (rodrigo) EmptyJeu 6 Juin - 0:04


Morana Rodrigo
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Peut-être était-ce le fait de ne pas être seul qui avait poussé son corps à relâcher sa vigilance plus qu’à l’habitude, peut-être était-ce la chaleur bienvenue de la couverture pour envelopper son corps transi de froid qui lui avait endormi les sens… Peut-être un mélange des deux, ou tout à fait autre chose. Quoi qu’il en soit, ce fut la main de Mary sur son bras qui le sortit de son sommeil avant les bruits aux alentours du cabanon.
Dans un sursaut brusque de conscience, il ouvrit les yeux et se redressa, la main déjà fermement resserrée sur le manche de son couteau… puis reconnut la silhouette qui se tenait à ses côtés, laissa la tension redescendre d’un cran tandis que sa prise sur l’arme mollissait quelque peu. Ce qui ne l’empêcha pas pour autant de lui décocher un de ces regards noirs dont il avait le secret, bien qu’il ne sembla pas émouvoir plus que ça la concernée. Désormais parfaitement éveillé en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, Rodrigo n’émit cependant pas le moindre reproche à l’égard de sa compagne. Non pas qu’il ne les pensât pas, mais il avait pertinemment conscience qu’elle ne se serait pas comportée de la sorte sans une excellente raison pour ce faire.
De fait, il n’y eut pas à attendre avant qu’elle crache le morceau, tout ce qui précédait sa prise de parole n’ayant duré qu’à peine une fraction de seconde.

Un juron marmonné s’étouffa entre ses lèvres, tandis qu’il abandonnait la couverture sur le dossier de la chaise et se relevait. Si son regard glissa vers le fusil de chasse le temps d’une poignée de secondes d’hésitation évidente, il choisit toutefois de l’y laisser à sa place : disposé à présent à entendre les bruits tout aussi bien qu’elle, il n’estimait pas judicieux de se munir d’une arme susceptible de rameuter davantage de monde : là où se traînait un rôdeur, suivaient généralement une petite grappe de ses semblables.
Au final, il ne lui avait pas décroché un mot qu’il s’avançait déjà vers la sortie, débloquant le loquet archaïque de la porte pour se glisser à l’extérieur après un rapide coup d’œil visant à estimer l’envergure de la situation.
Peut-être avait-il trop bien appris à ne plus craindre la mort depuis toutes ces années à la voir rôder à chaque coin de rue, pour s’offrir de la sorte au danger sans se prendre quelques petites secondes de réflexion au préalable – et sans doute cela était-ce un tort, la peur aidant à rester en vie dans pareille situation. Rodrigo n’était pourtant pas stupide : juste trop impulsif, et encore plus bougon qu’à l’habitude d’avoir été tiré d’un somme pour ça. Puisque tout opportunité de repos lui serait désormais retirée jusqu’à ce soir, il lui fallait donc en découdre avec les importuns au plus vite.
Le ciel paraissait clair : au moins à se lever aussi tôt, il y avait bon espoir que sa journée ne soit pas gâchée et qu’il ne rentre pas au sanctuaire les mains vides.

Toutes ces pensées lui traversèrent la tête sur le simple temps d’une fraction de seconde, tandis que l’hispanique posait le premier pas en dehors de l’abri salvateur et avisait de la distance entre les emmerdeurs et lui. S’il ne donna explicitement aucun ordre à Mary, son attitude était on ne pouvait plus claire en ce qu’il n’attendait pas le moindre coup de main de sa part. Trois ? Sans nul doute qu’il pourrait s’en tirer tout seul et sans réelle difficulté.
Ce n’était pas un élan de vanité, mais une simple constatation : ils étaient lents, lui habitué au combat. Taillé pour ça aurait-on même pu dire. Et pourtant Dieu savait que ses nuits avaient longtemps abrité le rêve d’une autre vie… d’une autre époque. Des rêves qui avaient fini par s’étioler et se faner en même temps que son petit monde sombrait dans une spirale infernale.

Le premier était le plus proche : sûrement celui qui avait alerté la jeune femme à trop fouiner dans les parages. L’odeur du sang chaud l’appâtait ? Qu’il vienne donc, tandis que la lame du couteau de chasse semblait soudainement arborer un éclat plus féroce.
Il ne fit pas la moindre résistance face à l’acier, affaire pliée en temps record. Mais après ça ? Rien ne se déroula comme prévu – hypothèse : parce que rien n’avait été prévu. Il faut bien peu de choses à une situation donnée pour que celle-ci dégénère. Une bête erreur d’inattention, une mauvaise évaluation du terrain escamoché par la pluie. Le regard attiré par autre chose au mauvais endroit au mauvais moment. Pas trois, quatre, Rodrigo songea tandis qu’il se sentait brusquement happé vers l’arrière et que sa godasse ripait sur le sol boueux.
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