Pris dans la tourmente | flashback #Leon

Invité

Thoughtless homecoming

Basses besognes que celles qui se tramaient en ce lieu sordide. Derrière l’aspect reluisant que peut offrir un centre commercial se cache l’horreur, la damnation de plusieurs êtres qui ne croient plus en la vie, et cherchent seulement le répit. Ils avaient été quelques-uns à revenir les bras chargés de cadeaux à défaire, de langues à délier et de chairs à meurtrir pour parvenir à un résultat concluant. Faith n’accorda que peu d’intérêt à ceux qui revinrent en qualité de prisonniers, préférant baisser les yeux que compatir. Car là résidait tout le problème, si ses agissements pouvaient témoigner de sa force de caractère, elle n’était qu’une petite chose fragile, perdue parmi les chacals, dont elle a mimé le mode de vie. Survivre c’est prendre et prendre signifie gagner donc…il n’y a pas de place pour les faibles pensées dans le Mall. Pourtant, l’espace d’un instant, ses yeux ternes croisèrent ceux d’un prisonnier, regard qu’elle n’aurait dû croiser ici, pas en ces termes. Vibrant face à ces deux orbes foncés, détenteurs de secrets qu’elle ne pourrait avouer ici, elle reprit bien vite ses taches sans prêter plus attention à cette distraction passagère.

Les lumières invisibles brillaient toujours dans la zone de jeu des Jackals puisque personne ne dormait vraiment. La journée ne s’annoncerait pas de tout repos puisque les choses s’accélérèrent. Bien vite, les rôdeurs s’infiltrèrent à l’intérieur du Mall et semèrent la zizanie parmi le groupe déjà dispersé. Et si les chances de Faith de s’enfuir furent nombreuses, elle ne put se résoudre à quitter les lieux telle une voleuse. L’annonce tomba et se répandit comme une traînée de poudre, laissant les résidents des lieux dans une panique sans nom. Certains prirent les armes, d’autres dévalisèrent ce qu’il restait de provisions et autres joyeusetés pour fuir vers une terre plus tendre. Le chaos s’avança et c’est dans son esprit que régnait le plus grand big bang, celui d’anciens sentiments contre sa survie. D’interminables souvenirs se glissèrent entre les mailles de ses pensées rationnelles, l’obligeant à saisir une arme, récupérer les clefs de certaines salles qui servaient de cachot et de filer vers celle dont elle savait être la cellule de Leon.

Son sang battait à ses tempes, son souffle saccadé emplissait son espace vital et ses mains suintaient contre l’arme. Faire preuve de témérité et agir seule n’ont jamais été sa stratégie. Elle soigne et protège, ils agissent et défendent. Pourtant, elle était désormais l’unique, embrigadée dans un projet bien trop foireux pour aboutir à quelque chose de viable. Longeant les murs et courant à s’en rompre les poumons, par chance, l’aile avait l’air déserte. Peut-être à cause de l’absence de monde, la concentration se trouvant plus loin ? Son chemin la conduisit le long de ce mince couloir où Léon se trouvait.

Arrivée à hauteur de la porte qui condamnerait l’homme à une mort certaine, fébrile, elle chercha la clef qui pourrait être annonciatrice de bonnes nouvelles en prononçant à voix basse et fébrile : « Ne fais pas de bruit. Je cherche la bonne clef et…. » elle se tut. Préférant le silence pour se concentrer, tournant les clefs sur le trousseau jusqu’à trouver la bonne, celle qui pourrait les réunir, sans que ce soit son but ultime. Elle ne savait guère ce qu’elle faisait ici, cet homme l’ayant déjà abandonné. Pourquoi agir de la sorte ? Il méritait son sort. D’autres avaient péri pour moins…et pourtant, ses doigts tournèrent la clef qui cliqueta dans la serrure, la porte s’ouvrit pour faire face à une Faith qui ne savait quel sentiment afficher sur son visage, se contentant de la nervosité. Les rôdeurs ou l’effet Salazar ? Allez savoir…

AVENGEDINCHAINS

Invité

Leon Faith
« Pris dans la tourmente »

Assis dans un coin de sa cellule, Leon croupissait tranquillement dans une mare d’un liquide poisseux d’une couleur difficile à déterminer. Du sang, de l’eau, de l’urine, les larmes de son ancien codétenu mort quelques heures, ou quelques jours plus tôt ; en tout cas, c’était difficile à dire exactement, probablement le mélange de tout ça. L’odeur était terrible, indéfinissable ; mais clairement identifiable. Il s’agissait de l’odeur putride de la mort, tout simplement.
Tranquille, il l’était effectivement. Fatigué par son dernier combat, il n’avait pas été blessé à part quelques contusions et coupures superficielles. Il n’avait pas pris la peine de remettre le haillon qui était autrefois un t-shirt après le passage de son infirmière préférée, et il était donc là, pieds nus et en pantalon, recroquevillé dans un coin de sa cage comme un chien famélique, à attendre. Quoi était une bonne question. Lui même ne savait pas. Probablement son prochain combat. Certainement pas ce qui était en train de se produire.

Quand tout avait commencé, il n’était pas sorti de son étrange léthargie. Ce genre de bruits ; multitudes de cris, grognements de rôdeurs ; c’était plutôt normal ici. Ce qui le fit réagir, ce fut une voix féminine au travers de la porte. Cette voix, il la connaissait. Cette voix, il avait espérer l’entendre pendant des années. S’il se leva directement pour se mettre sur ses deux jambes, il ne bougea pas immédiatement.
Il pensait l’avoir vu. Il s’était dit qu’il hallucinait probablement, parce que ça lui arrivait souvent. Peut-être qu’il hallucinait, encore une fois ? Ses yeux se rivèrent sur la porte, au moment où le bruit du mécanisme de la serrure s’enclenchait avec le bruit caractéristique. Ce n’était pas possible. Mais, si, visiblement. La porte s’ouvrit, et, avec le contrejour et l’éblouissement, il ne vit pas directement qu’il s’agissait bien de ce fantôme du passé. Mais si.

Alors, un mélange explosif d’émotions empli l’ancien sicario. La joie de la revoir, des fragments de l’affection qu’il ressentait pour elle, cette étrange attirance toujours présente. Et puis, surtout, la haine. La haine de la voir ici. Avec eux. La haine d’avoir choisi la facilité. Quand ils s’étaient rencontrés, tous les opposaient. Maintenant, tout avait changé, mais tous les opposaient encore une fois ; à une exception près : ils étaient tous les deux des monstres. L’une l’était devenu, l’autre l’était toujours.
Mais il ne savait pas comment réagir. Il leva des bras tremblant, finalement, pour les laisser retomber alors qu’il commença à balbutier : « Faith… ? Pendant des années, je t’ai cherché…» en marquant un temps d’arrêt entre chaque mot, ayant perdu l’habitude de parler durant ses mois de captivité. Il essayait de planter son regard dans le sien ; et dans ses prunelles noirs, la confusion était évidente. Mais, encore une fois, après tout ce temps à garder la tête baissée, il n’avait plus l’habitude de regarder les gens dans les yeux, en dehors des moments où il était en train de leur prendre la vie. Et, c’était justement cette envie qui pulsa en lui à ce moment. Il se contracta, alors qu’une vague de haine pure l’envahit, au point de lui faire sentir le sang battre dans ses tempes, serrant ostensiblement ses mains jusqu’à ce que ses tendons en blanchissent. Puis, il lâcha son regard brièvement, replongea dedans, et il se calma aussi vite qu’il s’était emballé. Leur échange allait être… intéressant.