Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Mar 13 Nov - 23:50
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Des années pour tout construire et à peine cinq secondes pour que tout tombe en morceaux. Il suffisait d'un souffle pour tout raser. Elle était clairement la maison de paille, et Bass la maison de bois, mais il avait fini par craquer aussi. Et la vie soufflait et soufflait encore. Elijah était mort et Silas était malade et dans l'esprit du couple, il n'y avait plus qu'un seul fil pour les maintenir, un fil d'à peine quelques mois qui babillait dans son berceau. Coupez le fil et vous perdrez les deux dans une vague de destruction et de sabotage aussi violente que soudaine. Ce qu'elle avait à Olympia n'était pas parfait, loin de là, mais elle y tenait. De toute façon, elle n'avait nulle part ailleurs où aller. Le ranch ne voulait plus d'elle, l'Alabama était maintenant beaucoup trop loin, Los Angeles n'était pas une option, alors qu'elle le veuille ou non, elle allait devoir rester là et y faire sa maison. Elle n'était pas mal lotie pour autant. Un toit, de l'eau chaude, un homme bienveillant auprès duquel se réveiller presque tous les matins... Objectivement, n'était-elle pas chanceuse ? Mais Malini est insatisfaite de nature et elle collecte le néant, elle l'ambitionne et l'idéalise et il n'y a pas de foyer où elle se sentira heureuse si elle n'a pas sa dose de vide. Depuis qu'elle habitait en ville, elle croulait sous les émotions et les souvenirs, ne pouvait pas faire trois pas sans se rappeler sa vie d'autrefois et sans développer l'obsession de sa perte, l'unique émotion qui la paralysait. Lentement, alors qu'elle rangeait les livres et feignait les sourires, elle comprenait pourquoi la vie ici la pesait tant : parce qu'elle avait enfin quelque chose à perdre. Et vivre ce moment à nouveau signerait sa fin. On ne revient pas de l'enfer deux fois. Pas même Macaria.
Les livres s'accumulent dans la bibliothèque. Les recherches de culture ont repris, comme un hommage à l'Olympia du pasteur. Les livres sur la médecine augmentent à vue d'oeil aussi, pour le plaisir des chercheurs ou des personnes trop inquiètes pour rester inactives. Et elle, elle serrait contre elle Guns, Germs and Steel, le livre incontournable de l'anthropologie biologique. C'est Bass qui le lui a ramené. Apparemment, les livres sur le sujet ne passionnent pas les survivants et elle comprend, mais lui n'a pas oublié qu'elle voulait étudier l'anthropologie à Harvard et il ne le savait pas en ramenant ce livre, mais il était inscrit sur sa liste de lectures à faire durant l'été. Alors Malini ne le quittait plus, prenait des notes, détaillait, dévorait l'évolution du monde, s'imaginait un amphithéâtre où un éminent professeur décortiquait un passage précis devant une assemblée attentive et enthousiaste. Ça lui avait manqué d'apprendre. Elle était douée pour ça, autrefois, mais maintenant le champ de ses compétences n'avaient plus rien de scolaire et elle prenait désormais conscience que c'était bien dommage. Ça lui occupait l'esprit. Une fois les lieux en ordre, les derniers curieux encouragés vers la sortie, les derniers registres d'emprunts signés – elle avait repris cette habitude parce qu'elle avait encore du mal à se rappeler des noms des gens – et les veilleuses éteintes, l'ancienne recruteuse reprit le chemin vers sa maison. Elle s'entraînait à le penser intérieurement, SA maison. Pas seulement celle de Bass. Ce pavillon résidentiel au porche étendu, à la balancelle confortable et aux barrières bien droites, ce spectacle d'une autre vie qui ne détone pas pour autant avec l'univers décadent quand on note la présence de barricades à certaines fenêtres. Il n'avait pas pu se résoudre à les retirer, même quand elle lui avait dit que tout se passerait bien. Quelque part il a raison, ils ne sont jamais en sécurité. Le grincement des marches est familier désormais, tout comme l'odeur qui se dégage de l'entrée quand elle ouvre grand la porte... sur le vide. On reconnaît immédiatement une maison vide au sentiment qu'on ressent. Parfois le soulagement de pouvoir grappiller quelques minutes de solitude, parfois l'inquiétude de savoir que son partenaire n'est pas encore rentré. À cet instant, c'est plutôt un frisson glacé qui court le long de l'échine de l'Indienne alors qu'elle jette un coup d'oeil circulaire, à la recherche d'une trace d'animation. Où est Elie ? Où est Bass ? Ils devraient être là. C'était prévu, dans leur plan, dans leur pseudo routine établie et responsable parce qu'ils sont maintenant les parents d'un enfant. Un bébé, même.
Le mauvais pressentiment précipite tous ses gestes : la porte claque et elle fait demi-tour d'un pas animé, décidé, un peu en colère aussi, mais surtout inquiet. Mais il n'est nulle part. L'infirmerie, la mairie, la demeure des Yates, le bébé est là mais celui chargé de s'en occuper avait tout simplement disparu. Et la ville n'est pas assez grande pour le cacher, surtout pas alors qu'elle était aussi résolue. Jamais les murs ne lui avaient paru aussi oppressants et pourtant, ils sont encore plus grands et plus solides maintenant que l'idée germe dans son esprit : il est sorti. C'est même sûr et maintenant qu'elle l'exprime, quelqu'un finit par lui dire qu'un garde l'avait laissé partir. Une piste basée sur des on-dit était peut-être prématurée, il aurait pu tout simplement être dans la demeure de quelqu'un d'autre ? Elle pourrait tout simplement attendre dans le salon qu'il rentre ? Attendre... Elle n'était pas une foutue femme au foyer qui rangeait les livres et cuisinait en attendant qu'un homme lui apporte son divertissement. Et par dessus tout, Malini avait besoin de sortir. L'extérieur lui paraissait si loin, si beau, si libre... Dans une autre vie, elle n'aurait jamais supporté de rester cinq mois sans sortir du campement et c'était un miracle qu'elle parvenait à contenir ses pulsions – les livres ainsi que Bass et Elie aidaient en partie. Mais s'il était sorti alors qu'ils ne s'étaient pas mis d'accord sur la question, s'il dépassait cette petite ligne établie, alors elle n'avait aucune raison de se retenir également.
« Je vais chercher Bass. » Et c'est peut-être les yeux qui toisent ou l'air assuré qui fait encore de l'effet, ou peut-être le fait que tout le monde est surmené et fatigué, mais les gardes à l'entrée ne ripostent pas. Peyton ? Qu'est-ce qu'elle dira Peyton? Si son chef du recrutement et co-parent est sur le point de péter un plomb, ne vaut-il mieux pas envoyer la seule personne capable de le raisonner ? L'ironie veut qu'elle soit aussi la seule personne capable de le pousser vers le côté sombre. La première fois qu'il l'avait rencontrée, il avait tué sans sourciller. La déesse de la mort a sûrement encore le même pouvoir sur lui. Les doigts courent le long de sa hachette, récupérée à l'armurerie en vue de l'expédition. Son couteau de chasse qui avait percé tant de crânes est attaché à sa ceinture. Son éternel blouson en cuir lui couvre les épaules, son plus fidèle compagnon lors de ses aventures à l'extérieur. Elle ne regarde pas derrière elle quand on lui ouvre les portes et elle se sent... revivre. On lui dit de faire attention aux sbires de Lazarus, mais ça lui passe au-dessus de la tête. L'espace d'une minute, elle a même oublié pourquoi elle est sortie. Pourquoi n'a-t-elle pas fait ça plus tôt ? Prendre les voiles, juste pour quelques heures, se parer de toute l'assurance du monde pour franchir l'indolence des gardes et fouler la liberté avec avidité. Il n'y a pas de barrières assez solides pour la contenir et elle en prend conscience maintenant : pas celles de son esprit, pas celles de la ville et même les frontières du Texas n'ont pas réussi à la convaincre de rester sur place. Le monde s'ouvre à elle. Et elle s'élance, soudainement plus légère, une foulée après l'autre. Les minutes s'égrènent et la réalité s'éloignent, Malini a oublié la sensation de sortir, du camp, de sa tête, d'elle-même, et de reprendre contact avec ses instincts plus primitifs, plus violents. Les mêmes instincts qui ont capturé Bass lors de leur première rencontre.
Bass... C'est comme une chape de plomb sur ses épaules, l'inquiétude de ne pas le trouver ou pire, qu'il lui soit arrivé malheur. Elle ne sait pas combien de temps s'est écoulé dans cet état d'inconscience mais elle s'est déjà enfoncée dans les bois, hors de la vue des gardes. C'était presque automatique, ce besoin de disparaître. Mais maintenant qu'elle reprend le contrôle sur ses pulsions, elle se rappelle des mots du garde. Faire attention aux tarés qui ont apparemment élu domicile quelque part aux alentours. Quelques fous s'aventuraient à aller frapper à la porte d'Olympia, sûrement dans l'espoir que la réputation des Olympiens surpasse leur méfiance, mais la vie d'un bébé est en jeu et personne ne prend de risque. Peyton s'en est assurée, et si Malini et elle n'ont pas forcément eu de moment perçant ou de temps pour mettre les choses à plat, l'ancienne recruteuse a confiance en ses capacités à diriger et à protéger Elie. Et là, c'est comme une révélation. Si elle trouvera Bass quelque part, c'est en suivant les traces de ces illuminés. Jeune père malgré lui à la santé mentale fluctuante, sous pression, en deuil et constamment alerte parce que sa copine peut lâcher prise à tout moment, ça ressemble à un cocktail qui provoque des envolées de colère et de frustration et qui de mieux que les tarés qui en veulent à son gamin pour servir d'exutoire ? Commence alors un travail qu'elle n'a pas fait depuis un moment : pister, observer, traquer, surveiller. Elle est repartie en recrutement, ou à la chasse, elle ne savait pas trop ce qui s'appliquait le mieux. Et très vite, les traces d'humanité se révèlent. Les quelques fous qui ont osé sortir de leur cachette n'ont pas été discrets et Malini se glisse dans leur ombre, dans la hâte de retrouver son partenaire.
Son intuition ne la trompe pas. La scène qui apparaît sous ses yeux ne lui fait pas vraiment plaisir. Bass, qui s'en prend physiquement à un premier type, puis à un autre, laissant le troisième comparse reculer lentement, de surprise ou de peur. Si elle ne l'arrête pas, il va les tuer. Elle sent la menace dans l'air, l'odeur de la mort qui se pare de ses plus beaux atours pour venir réclamer une part des affaires des mortels. L'Indienne en est sûre, s'il les tue, il le regrettera. Le fantôme d'Elijah plane derrière les paupières du recruteur et l'ancien pasteur n'aurait pas vraiment apprécié ce bain de sang. Peu importe la justification. Alors elle rompt et elle s'entend gronder : « Bass. » Pas de reproche, mais un avertissement : il s'éloigne du bord et s'il va trop loin, il risque de se noyer. Arme à la main, elle entre dans le cercle, enjambe le type qu'il vient de jeter au sol et alors que l'un d'eux pense à s'éclipser, elle tend sa hachette dans sa direction. « N'y pense même pas, je suis pas venue sauver vos fesses de taré. » Elle lève un regard interrogateur vers le blond et comme si le monde n'était pas en crise autour d'eux, elle se lance dans une discussion de couple. « Tu ne m'as pas dit que tu sortais. » Et elle aussi est dehors et le simple fait de ne plus être entre quatre murs l'apaise, elle n'a plus l'air d'être une bombe à retardement. « J'aime pas te voir comme ça. Qu'est-ce qui ne va pas ? »
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Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Dim 18 Nov - 18:39
Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Mar 25 Déc - 20:11
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Bass dégage une aura particulière, nimbée de tristesse, de colère et de mort. Cette atmosphère à la fois tendue et désespérée est tellement familière à l'Indienne qu'elle a l'impression de voir en miroir le fantôme qu'elle a été des années durant. Un brouillard épais mais inconsistant, ancré dans l'espace temps juste pour ressentir l'immédiat mais sans jamais avoir de perspective d'avenir. C'est l'effet de la perte, celle de trop sûrement. A l'image du vent qui trouve la bonne résonance pour faire vaciller des ponts colossaux, la perte avait attaqué le recruteur sans qu'il ne s'en rende compte, et maintenant il tanguait. Et c'était dangereux pour lui, mais pour elle aussi, car elle ne savait que trop bien réveiller le vice en lui, elle savait comment le pousser au-dessus du vide, tout comme elle savait qu'elle ne tenait debout que parce qu'il était là pour la soutenir. La scène se jouait sur fond de tragédie, il y avait ce fil qu'elle pouvait tirer, qu'elle voulait tirer, juste pour voir s'il tiendrait le coup... Juste pour voir s'ils étaient suffisamment solides pour changer, pour aller mieux, ou s'ils étaient coincés dans une spirale d'autodestruction. Bien sûr qu'elle l'aime toujours avec du sang sur les mains, tout comme elle l'aime souriant et paternel avec Elie, tout comme elle l'aime taquin et séducteur avec elle... Parce qu'elle l'aime tout court, même si elle ne le dit pas assez. Malini l'a déjà vu pris de folie, pris de colère ou d'amertume, pris de fougue et de passion, mais jamais elle n'avait vu une situation qui réunissait ce panel. Quelque chose change dans l'azur. Il s'approche d'elle et elle retient son souffle, parce qu'il l'appelle, il attise la flamme qu'elle tente de cacher, ce feu prêt à tout consumer jusqu'à l'extrême.
Elle n'a plus d'enfant dans les bras pour lui servir de boussole morale, elle n'a plus de mur pour entraver ses ambitions chaotiques, elle n'a plus à feindre l'amabilité pour être acceptée dans la ville. Elle est à l'extérieur et elle est à nouveau la femme qu'il a rencontrée près de la rivière, dangereuse, impavide, occupée à collecter les âmes en peine pour les achever, les rendre folles. Elle pourrait céder. Il s'approche toujours plus, presque contre elle, maintenant le minimum de distance pour ne pas les entraîner dans le précipice, pour qu'elle ne l'agrippe pas pour le faire chavirer et l'aimer comme elle le détruit. Ça n'a pas de sens, cette scène, cet endroit, les hommes qui s'éloignent discrètement pour fuir les envoyés de la mort. Puis la réalité se rappelle à elle. Bass gronde et elle reprend conscience. Olympia est encore si proche, elle n'a pas quitté ce monde encore et au sein de la ville pleure un enfant qui a besoin d'eux, sains d'esprit. « Ça n'arrivera pas. » Sa voix se veut douce, rassurante, comme la lumière d'un phare dans la nuit, montrant la voie du port à accoster. Viens t'ancrer dans mes eaux, je ne laisserai aucune autre tempête t'ébranler. Malini est gardienne de ses confessions, de ses peurs, de ses grands éclats de voix. Il a passé les derniers mois à la contenir, à la porter à bout de bras, maintenant c'est à son tour de l'épauler. Et pour ça elle doit réussir à le ramener, à empêcher la dérive. « On ne laissera rien arriver à Elie. Il y a toute une ville pour le protéger, et il y a toi et moi. »
Du bout des doigts, elle touche le visage de son compagnon, suit les lignes de sang, tente d'effacer l'ombre de la Faucheuse de ses traits... « Mais ça ne sert à rien de perdre son sang froid ici, comme ça. Il faut que tu restes avec moi, s'il te plaît... Ne cède pas. Si tu le fais, j'ai peur que la culpabilité te rattrape... » Il n'était pas comme elle, à oublier les visages aussitôt la mort infligée, comme s'il ne s'était agi que de refermer un livre, un acte sans conséquences. Lui, il portait ses victimes comme des croix et il cherchait la rédemption dans le sourire des Olympiens. Elijah venait de les quitter et ce bain de sang serait une insulte à ce qu'il avait essayé d'enseigner à Bass. « Ce ne serait pas lui rendre hommage... » Elle murmure, juste pour eux, juste pour leur cocon où ils se blottissaient l'un contre l'autre en espérant guérir de leurs traumatismes respectifs. Comme si on pouvait un jour guérir de la perte... C'était un sort bien pire que la mort.
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Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Dim 20 Jan - 21:56
Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Jeu 7 Fév - 3:18
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Ils ont le même langage. Celui qu'on susurre quand on perd pied, quand on veut attirer l'autre au bord du gouffre. Ils ont le même regard aussi, la même lueur folle qui danse dans les prunelles, mais pas pour les mêmes raisons. Et surtout, ils ont la même passion dans le corps, la même attirance dévastatrice qui les a vus commettre le pire et se promettre le meilleur. Le monde en ruine a voulu qu'ils trouvent une âme sœur en la personne de l'autre, mais personne n'a précisé si cet amour entre eux devait leur être absolument bénéfique. Ils se guérissent comme ils se torturent, ils se donnent tout et reprennent tout autant, comme s'ils avaient peur parfois d'aller trop loin, alors qu'il n'y a pas de limite à eux. Ça avait commencé comme un jeu et ils l'ont pris trop au sérieux ou pas assez, allez savoir. Et maintenant, elle ne sait plus. Ce qui pulse dans ses veines lui apparaît parfois impossible à déchiffrer quand il est là, le salvateur est aussi celui qui allume la mèche. Elle aimerait avoir le pouvoir de prédire ce que ses mots auront comme effet sur lui, elle aimerait pouvoir comprendre quand elle doit le soigner et quand elle doit le laisser faire, et l'instant T est un de ces moments. Malini n'était pas à ses côtés quand il a perdu Elias, elle ne l'a pas vu gérer son deuil, elle n'a récolté que les conséquences d'un début de dispute dans la forêt qui a fini contre un arbre. Elle ne sait pas ce dont il a besoin et elle a presque peur de le découvrir. Elle a peur d'apprendre qu'elle ne peut pas l'aider, ce serait pire que tout. Elle n'a pas l'habitude d'être la grande bienfaitrice, Malini. Mais avec lui elle veut le devenir, elle veut toucher les plaies et les refermer juste avec la force de ses sentiments pour lui. Il pourrait lui demander ce qu'il voulait et elle abandonnerait tout, elle s'abandonnerait même. Elle en était là pour lui.
Pouvait-elle seulement lui retirer sa culpabilité ? Non. Elle aimait ça chez lui. Le fait qu'il puisse donner la mort, mais avec conscience. Pas comme elle et les corps entassés dans son sillage. Parfois, elle se déteste de ne rien éprouver à propos de tous ces gens, parfois elle le déteste de réussir à garder cette part d'humanité qui faisait de lui quelqu'un de si vrai. Quand ils se font face, ils ont l'impression d'être les mêmes, mais ils ne le seront jamais aux yeux des autres. Et Malini, elle ne devrait pas s'en faire, mais vivre à Olympia ouvrait en grand ses insécurités. La frustration de ne pas être à la hauteur. On peut vivre avec la crainte des autres dans le regard, mais voir tous les jours le dédain flamber les pupilles, c'est autre chose. « Bass... » C'est un soupir résigné. Il ne cherche pas des preuves d'amour mais des preuves de mort et la belle est loin d'être insensible. Si c'était ce qu'il voulait... Elle a du mal à rester sur la ligne conductrice qui l'avait menée jusqu'ici, elle a du mal à concentrer ses pensées quand il la tient comme ça, quand ses mains caressent sa peau et jouent avec les dizaines d'émotions qui l'étreignent soudainement. Ils ont tellement à perdre et c'est effrayant. « Tu n'es plus le même homme maintenant. Et tu n'as jamais été comme eux. Espionner des gens... C'est une mesquinerie politique, mais ça ne met pas la vie d'un bébé en danger... » Ses doigts parcourent la taille de son compagnon, aimerait le garder proche, tellement proche qu'elle pourrait simplement fondre en lui et se laisser porter, tellement proche qu'elle pourrait toucher ses pensées et les capturer jusqu'à ce qu'il se sente soulagé. Ces derniers mois, elle a été la cause de ses soucis, maintenant elle aimerait en être la solution, mais c'est nouveau et c'est puissant, et pourtant c'est si vite balayé quand elle tombe dans le piège de leur histoire chaotique. Tout n'est qu'une vague qui s'écrase et se retire, et parfois c'est comme ça qu'ils s'aiment, même si c'est douloureux, même si ce n'est pas le visage de la romance parfaite.
« Oh well... Screw this. » Malini rejette ses cheveux en arrière et le regard qu'elle pose sur le recruteur est brûlant, enfiévré. « Depuis quand je suis la voix de la raison, hein ? » Elle a cédé, parce que c'est comme ça entre eux. Ils ont porté leur masque devant les autres, ils ont dansé autour de l'autre sur la pointe des pieds, ils se sont chéris timidement, mais l'ancienne recruteuse n'a jamais oublié le jeu du premier jour et le sentiment grisant qui l'a accaparée. Ils étaient couverts de sang et ils se sont plus au premier regard et maintenant elle veut ça à nouveau, elle veut qu'ils se rappellent ce dont ils sont capables quand le reste du monde regarde ailleurs. Lentement, elle se détache de ses bras et fait danser la lame de son couteau juste sous son nez. « Si c'est ce dont tu as besoin, allons trouver ces fils de prêtre attardé et leur ouvrir la porte de l'enfer. »
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Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Mer 6 Mar - 20:14
Sujet: Re: People break so easily, and so do dreams and hearts | Malini & Bass Dim 7 Avr - 0:29
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Ils sont pour l'un et l'autre comme un premier souffle après un coma. Ils se redonnent vie, après l'avoir aspirée à l'autre dans une longue routine qui semblait mettre en scène d'autres personnalités d'eux mêmes, et après avoir assisté au spectacle de leur propre existence, ils en reprennent le contrôle. Pour le pire. Le sevrage est inefficace, il n'y a qu'à la voir sauter dans le vide avec lui après un shoot de mauvaise intention. Macaria est prête à ouvrir les portes de son enfer et elle y danse, et elle y tournoie, heureuse dans la mort qu'elle inflige, heureuse dans le néant qui se creuse dans ses émotions, qui met un termes à ces longs mois d'une vie familiale singée. Mais ce n'est qu'une parenthèse, n'est-ce pas ? Elle cède un peu, pour se remettre sur ses pieds. Du moins, c'est ce dont elle veut se convaincre, c'est l'idée qui germe à l'arrière de son crâne pour lui redonner un peu de vigueur. Ce n'est qu'un petit fix. Après ça, tout ira mieux, après ça, elle reprendra son chemin de guérison talonné de progrès. Et dire qu'elle était sortie du camp avec de si grandes résolutions, ramener son compagnon chez eux, le garder sur le droit chemin. Mais elle tanguait sur ce chemin-là, elle est incapable de rester en place, la Malini. Et elle est incapable de tenir ses promesses. Et ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions ?
Il attrape ses mains, puis ses lèvres et finalement, il attrape sa conscience et elle bascule dans une forme de ravissement. C'est grisant de lâcher prise, après tous ces mois à se contrôler, à mesurer chaque pas qu'elle faisait pour ne pas en faire un de travers. L'Indienne comprend les gens qui perdent la raison, qui s'abandonnent complètement. Elle même a frôlé cet état d'inexistence, les pieds sur terre et la tête enfermé dans un délire. La folie a quelque chose de séduisant, parce qu'elle contrôle tout et qu'il n'y a plus de place pour le doute, pour l'indécision, pour les responsabilités et pour la douleur, tous ces mots adultes, tous ces mots terrifiants qui cachent des sentiments plus terribles encore. La folie vole des vies et les défait de leur propriétaire. Elle les libère. Et l'espace de quelques heures, Malini aimerait y goûter, à cette liberté sans conséquences. Ils pourraient tout abandonner bêtement, s'enfoncer dans les bois et disparaître, retourner sur les routes où personne ne les connaît et où personne ne veut leur coller la misère humaine sur le dos. Mais seuls au monde, même avec l'humanité en déclin,c'est une utopie. Il n'y a jamais de fin à la douleur, juste quelques répits. Elle veut profiter du répit. Son regard glisse vers le seul sbire de Lazare qui n'a pas réussi à s'enfuir. Les autres courent peut-être, mais ils n'iront pas bien loin. Ils ont pour but d'épier le camp, ils ne rentreraient quand même pas voir leur leader sans plus d'informations ? Autant envoyer un message parlant : les Olympiens ne se laisseront pas faire et les fous furieux qui servent de parents d'adoption à l'enfant convoité ne s'arrêteront qu'à la dernière goutte de sang versée.
Alors lentement, elle se détache, elle s'extrait de cette proximité salvatrice qui la happe pourtant dans ses vieilles mauvaises habitudes. Chaque pas est de mauvais augure et l'ombre projetée sur le sol grossit jusqu'à envelopper le malheureux qui tente de se débattre des prises du chien. D'un sifflement, elle attire l'attention de l'animal qui abandonne sa proie pour rejoindre l'Indienne. Dans sa tentative de fuite précipitée, le sbire de Lazare trébuche et s'effondre aux pieds de celle qui va lui arracher son dernier souffle de vie. « C'est presque trop facile. On dirait que tu me supplies de mettre fin à tes jours. » Elle assène d'abord un violent coup de pied dans le crâne du condamné, puis un second qui arrache des sanglots au croyant. Il a l'air de s'accrocher à des prières, mais il n'y a pas d'entité divine pour le sauver. Il n'y a que celle qui lève la machette pour trancher la jugulaire à portée de lame. Le sang gicle et vient décorer le pantalon de Malini alors qu'elle enjambe sans plus de cérémonie celui qui n'est plus. Elle n'en a que faire de sa dépouille tant pis s'il devient un rôdeur. Elle ne lui fera même pas l'honneur de le délivrer de l'errance. Dans ce nouveau monde, certains tuent comme ils respirent. C'est la forme ultime de pouvoir. Malini, elle le prend presque comme un devoir. Et quelque part, elle se tient au but qu'elle s'était fixée en quittant Olympia : en prenant cette vie, elle empêche Bass de céder à des pulsions qu'il pourrait regretter un jour. Peut-être qu'elle avait tort, peut-être qu'elle ne se rendait pas compte que son compagnon changeait aussi, qu'il n'était plus du tout celui qui cherchait à s'amender de tous les actes qu'il avait pu commettre. Peut-être que le repenti en lui était mort avec Elijah et qu'il n'aurait plus les mêmes scrupules à signer la fin des autres, même dans l'absolue nécessité. Les pensées qui lui traversent l'esprit coulent aussi dans le regard qu'elle lui retourne et dans le sourire plein de défis qu'elle lui adresse. « Une course comme au bon vieux temps, ça me manque un peu. » Et comme à leur première rencontre, le bois leur sert de décor. Elle s'enfonce dans les sentiers du parc national, à la recherche de liberté. Le début de la course, c'est le retour du jeu et il n'y a ni règles, ni but prédéfini tout comme il n'y a pas d'épreuves vraiment. Game on.
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