I'm not leaving you out here || Evana && Danny

L’ouragan a complètement chamboulé ce qu’on avait prévu. Rester dans la région, ça ne faisait pas partie du plan, on devait se poser un moment le temps de récupérer et trouver un véhicule puis partir et, qui sait, quitter le pays. Mais non, la vie actuelle n’étant pas suffisamment cruelle, la nature avait décidé de nous pourrir encore plus avec cet ouragan. Avant, ce genre de choses, on pouvait en être informé à l’avance et fuir facilement pour éviter les problèmes. Là, ça nous est tombé dessus et fuir, ce n’est pas vraiment une des options les plus faciles dans ces conditions.

J’ai eu de la chance de trouver abri à l’intérieur de cette mine, mais John et Juliet eux n’ont pas eu cette chance. Ce n’est pas faute d’avoir demandé aux mineurs de me dire s’ils les avaient vus mais au vu de leurs regards, ça voulait tout dire. Mon couple d’ami est resté dehors à affronter non seulement l’ouragan mais également les marcheurs qui, pour le coup, devaient probablement voler dans les airs. Je suis inquiet depuis lors. Je leur fais confiance, ils doivent probablement avoir survécu, ce serait stupide d’avoir fait tout ce chemin pour finalement mourir bêtement lors d’un ouragan. Je suis certain que je les retrouverai quoiqu’il arrive.

Tout s’est passé si vite après cet incident. Je me voyais déjà repartir dans la nature, seul. Mais je n’en ai pas été capable, j’ai fait quelque chose que je ne pensais plus faire depuis longtemps, j’ai demandé aux habitants de la mine de me prendre avec eux. J’ai tenté de leur démontrer mes talents, de leur prouver qu’ils ne regretteraient pas de m’avoir à leurs côtés et, étonnamment, ça a fini par porter ses fruits. Ce n’était pas gagné, pourtant, lorsque je me battais presque à la porte de la mine pour pouvoir trouver refuge. Si cette jeune femme ne m’avait pas tiré par le col, je serais peut-être mort à l’heure qu’il est.

Je n’ai pour le moment pas de rôle bien défini dans la mine, j’observe, je tente de me faire une place et de gagner la confiance de mes nouveaux camarades et la journée, je tente de retrouver mes amis. J’ai espoir qu’ils soient logés quelque part aux alentours de la mine et pourquoi pas dans un autre camp. Après tout, durant cet incident j’ai découvert que la carrière n’était pas seule et que cette mine était là également, lors d’une de mes promenades au début du mois de septembre, j’ai également découvert l’existence d’un ranch. Lorsque j’ai demandé s’il y avait d’autres camps, on m’a également parlé d’une ville, Olympia. Si les alentours mêmes de la mine et de la carrière n’ont rien donné, j’ai voulu tenter ma chance vers le fameux Ranch. Après tout, je connais ce mec-là, Beckett, il pourra peut-être me renseigner.

J’arrive aux alentours du ranch, je tente de me faire discret car je ne les connais pas ces mecs, je ne veux pas m’attirer des problèmes sans raison. Alors que j’avance doucement aux alentours du Ranch, j’aperçois une jeune fille blonde qui, étrangement, ne me semble pas inconnue. Je tente de reprendre mes esprits, depuis la mort de Lydia il m’arrive souvent de la voir là où elle n’est pas. Mais là c’est différent, je ne vois pas pourquoi je m’imaginerais la présence de cette jeune fille qui a pourtant si peu partagé avec nous lorsqu’elle était dans notre groupe. Evana. Elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Après tout, je n’ai rien à perdre et si John et Juliet sont au ranch, elle saura me renseigner.

« Evana ? C’est toi ? »

Je suis toujours derrière mon arbre, tentant de rester discret. Si je n’ai pas peur de me montrer à elle, ceux qui sont du Ranch, c’est autre chose.

Je ne sors pas forcément beaucoup du campement, depuis que j’y suis arrivée, trois jours avant l’ouragan. Je nettoie les boxes, principalement et ça me va très bien. On ne me pose pas de questions, je ne vois pas grand monde. A dire vrai, jusque là, je n’ai même pas eu le temps de voir si mon frère se trouvait là. Je crois que, d’une certaine façon, j’ai peur de la réponse, moi qui jure n’avoir aucun sentiment. J’ai peur qu’il ait été là et soit mort dans cet ouragan avant même que j’ai eu la chance de lui parler. Je crois bien que c’est ça, qui serait le pire. Savoir qu’il était là à deux pas de moi pendant trois jours et que je ne l’ai pas retrouvé. Alors non. Je garde la tête baissée pour l’instant et je fais ce qu’on me demande. Mais aujourd’hui, j’ai décidé d’aller faire un tour, ne leur en déplaise, et avec mon cheval. Avant qu’ils n’en fassent de la chair à pâté parce qu’il ne se laisse pour l’instant monter par personne d’autre. Ou alors, pas sans donner du fil à retordre. Je sais qu’il faut que je fasse quelque chose si je tiens à mon seul ami ici. J’ai encore une petite semaine pour qu’il puisse se laisser monter par d’autres. Sans quoi, j’ai été prévenue. Il va finir dans les assiettes. Cette idée me fait serrer les poings. Je sais d’avance que je ne le supporterai pas. Ils ne comprennent pas, ne veulent pas comprendre, en sont incapables, j’en sais rien. Mais ce cheval, c’est la seule chose qui me maintienne saine d’esprit. La seule qui me donne encore l’envie de vivre. Qu’on me l’enlève et je ne suis plus qu’une coquille vide.

Je l’enfourche rapidement avant de m’éloigner au petit trot avant qu’on me voit. Comme d’habitude, je suis à cru sur son dos. Ce n’est qu’après m’être éloignée à quelque distance des tours de garde que je descends, le laissant brouter à l’abri des arbres. C’est alors qu’une vois me fait sursauter et attraper mon canif qui ne me quitte jamais. « Qui va là ! » je demande d’un ton brusque sans pour autant élever la voix. Je n’ai pas envie que ceux du campement déboulent à toute vitesse. « Qui que tu sois, sors de ta cachette ! » je demande encore, d’une voix un peu plus autoritaire. En même temps, j’ai envie d’esquisser l’ombre d’un sourire, tant ça me rappelle ma première rencontre avec Malini, plus ou moins au même endroit. Ce sont, d’ailleurs, à peu de choses près les mêmes mots qu’elle a prononcé à mon sujet. L’ironie de la situation ne manque pas de me frapper, mais je n’en reste pas moins concentrée pour autant, prête à en découdre s’il le faut. Après tout, le type qui vient de parler connait mon nom. Dans cette situation, il ne peut se présenter que deux cas de figure : ami, ou ennemi… Et je préfère rester prudente.