(I) we started with a simple hello but ended with a complicated goodbye + adam

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♔ Adam & Jenna

« we started with a simple hello
but ended with a complicated goodbye.

MARS 2013 >
« Suis-moi. » Elle fronce les sourcils, Jenna, plutôt surprise que son frère daigne lui adresser la parole. Presque un an déjà qu’elle a regagné les contrées texanes, la Crimson Valley, et pourtant c’est comme si elle n’existait pas, du moins la plupart du temps. Jenna Rhodes, la femme invisible. C’est le petit surnom que Cirilla lui donne. C’est plutôt véridique d’ailleurs. Elle ne bouge pas, têtue à souhait, calée au fin fond du canapé, livre en mains. « En quel honneur, dis-moi ? » Elle est de mauvaise foi, elle le reconnait. En même temps, elle a essayé d’améliorer les choses entre eux et elle a eu le droit à une porte close, un mur de silence, c’est tout. Peut-être qu’elle n’a pas essayé suffisamment, peut-être qu’elle a rapidement abandonné. Il ne faut pas trop lui en demander tout de même. Elle n’est pas connue pour son sens de la réconciliation, ni même pour son aménité. « Ne me fais pas regretter d’avoir organisé cette rencontre, Jenna. » Intéressant. D’accord, sa curiosité est titillée, elle l’avoue. Elle n’arrive pas exactement à saisir ce qui est en train de se produire sous ses yeux et encore moins de quoi il peut bien parler. Une rencontre, quelle rencontre ? Caden s’amuse désormais à lui organiser des rendez-vous galants ? Elle esquisse un léger sourire moqueur, referme son livre sèchement. La curiosité est plus forte que son dédain envers son frère. « J’espère que ça en vaut la chandelle. » Les mots sont distants, froids. Il y a bien longtemps que la conversation est rompue entre eux. D’ailleurs, ça ne risque pas d’évoluer, de changer de sitôt. Il faut croire qu’ils sont irrécupérables. « Magne-toi alors. » Elle se redresse sans tarder, lui emboîtant le pas, se gardant bien de tout commentaire acide et ce, malgré son envie quasi irrésistible de lui rétorquer avec arrogance de ne pas lui donner d’ordre, pas sur ce ton en tout cas. Comme quoi parfois, il lui est possible de faire des efforts, aussi minimes soient-ils.

Le trajet jusqu’à l’étable n’est rien d’autre qu’une poignée de secondes silencieuses et glaciales. Ils n’ont rien à se dire, ce qui n’est guère étonnant en soi. Elle ne traîne pas du pied, se magne, comme il le lui a si gentiment demandé. Il se stoppe finalement devant l’étable, reportant son attention vers elle, regard nerveux. Il se trame quelque chose, c’est évident. « Vous n’avez pas le luxe du temps, grouillez-vous. » Qu’ils se grouillent ? C’est-à-dire ? Comment ça ils ? Elle balaye ce flot de questions. Pas la peine de les lui poser, autant obtenir ses réponses par elle-même. Quel drama tout de même, ce Caden. Elle se contente d’hocher la tête, le contournant pour finalement se glisser au sein de la vieille étable pratiquement vide de tout animal. L’odeur reste cependant toujours la même, pas franchement ragoutante. Elle jette un regard circulaire au lieu avant qu’il ne se pose sur une silhouette familière et facilement identifiable. Adam. Elle ne saisit plus rien à rien. Elle ne le savait même pas de retour. Pour tout dire, elle n’a pas participé à l’attaque peu concluante à l’égard des mineurs. Elle n’en sait presque rien, si ce n’est que certains prisonniers ont été ramené au sein du ranch. Mais, lui, qu’est-ce qu’il fiche ici exactement ? Est-ce que sa mission d’infiltration est officiellement terminée ? Dans ce cas, elle ne comprend pas bien tout ce cinéma. « Qu’est-ce qu’il se trame, dis-moi ? Et d’ailleurs, t’es de retour depuis quand au juste ? » Elle n’y va pas par quatre chemins, Jenna, pas son genre. Elle veut savoir ce qu’il en est. « Pourquoi toute cette comédie, tout ce mystère ? » Une rencontre organisée par Caden, un retour dont elle n’avait pas connaissance. Quelque chose s’annonce mal, elle en est persuadée, elle n’est pas stupide après tout. Elle a le sentiment que ce quelque chose ne lui plaira pas.

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♔ Jenna & Adam

« we started with a simple hello
but ended with a complicated goodbye

(mars 2013)

Il était fatigué, Adam, il n’avait pas vraiment eu l’occasion de se reposer ces derniers temps et les quelques blessures, même superficielles, qu’il avait récoltées lors du premier jour de l’assaut n’aidaient pas non plus à lui faire fermer les yeux. Et puis, ce n’était pas non plus comme si son retour au ranch avait été célébré en grande pompe : au mieux, les cavaliers sur place l’avaient ignoré après un simple mauvais regard jeté à son encontre, au pire on lui avait craché dessus. Redfield le traître, capturé après avoir pris la poudre d’escampette trois mois plus tôt ! Quel manque cruel de chance, devaient-ils penser, qu’il ait choisi d’aller trouver refuge dans un camp qui se retrouvait à présent attaqué par ses anciens compagnons ! Ils ne savaient pas ce qu’il avait fait bien sûr, ils ne savaient pas que sa traîtrise allait dans l’autre sens, que l’homme était resté fidèle aux cavaliers (presque) et celui-là n’avait pas cherché un seul instant à les détromper, n’estimant pas prudent de révéler ses cartes déjà. A la place, il avait courbé la nuque sous les quolibets et les insultes, las, s’était retranché au cœur du groupe de miners capturés le même jours que lui, et avait tenté vainement de trouver le sommeil sur le sol en terre battue de ce qui leur servait de geôle improvisée.
Au matin du deuxième jour, Adam avait cessé d’être invisible pour se comporter comme un âne, avait ouvert tout grand sa gueule dès lors qu’on avait recommencé à le titiller et attaqué méchamment les gardes venus apporter la bouffe. Il avait été maîtrisé, bien sûr, et gratifié de quelques coups dont il subirait les conséquences pour encore de longs jours à venir, mais puisqu’on n’avait pas le droit de tuer un otage sans l’accord du grand manitou des lieux sous peine de s’attirer ses foudres, on s’était contenté de le placer en isolement. Sur les coups de midi, Caden était venu le voir à un moment où personne ne prêtait attention à lui (disons qu’on avait gentiment indiqué à sa garde attitrée de regarder ailleurs si elle y était) et ils avaient longuement discutés. Mais ce ne fut que bien plus tard, à la nuit tombée, qu’une diversion tombée à pic lui octroya la possibilité de se faufiler hors de sa prison de fortune.
Et à présent il attendait dans l’étable, silencieux et patient, reclus dans son coin d’ombre au cas où les personnes qu’il entendait se rapprocher ne seraient pas celles qu’il attendait. Il y avait peu de chance, bien sûr, du moins ce serait une sacrée coïncidence et un fâcheux manque de pot, mais mieux ne valait pas exclure cette possibilité. Ses mains, désarmées, se crispaient sur des points prêt à tomber sur la gueule d’un cavalier inopiné. Juste au cas où…
Mais elles n’eurent nul besoin de s’exprimer de la sorte, tandis que devant lui se tenait la benjamine des Rhodes, Jenna. « Bonsoir. Oui je vais bien merci de demander, ravi aussi de te revoir » il rétorqua, ironique, grimaçant un rictus à l’égard de la jeune femme tandis qu’il la contemplait, bras croisés sur sa poitrine et sans chercher à faire un pas de plus vers elle. « T’es pas au courant ? Je suis retenu prisonnier ici depuis hier, tes petits camarades m’ont ramené par la peau du cul. Enfin, il se corrigea : étais. On dirait bien que je me suis enfui. » Mais probablement qu’Abel n’avait pas jugé utile de la mettre au courant de ce rapatriement prévu. Et pour quoi faire aurait-il agi autrement, après tout ? Ce n’était pas comme si elle avait eu besoin de le savoir… si ? « Et même si j’apprécie ces retrouvailles chaleureuses, je voulais te dire que je me casse d’ici. Paraît que le vent a tourné. Et je veux pas être là quand ils vont tous revenir en couinant la queue entre les jambes. » Le ton était redevenu sérieux, finalement, alors qu’il ne la quittait pas du regard une seule seconde. Trois mois sans la voir, ça avait été long même s’il n’allait jamais l’admettre ouvertement. Et à présent, le temps leur manquait.

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♔ Adam & Jenna

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MARS 2013 >
Elle n’y était pas préparée, à cette éventualité, à lui, en chair et en os. Des mois qu’ils n’ont plus communiqué, qu’ils ne se sont même plus croisés. Pas un mot, pas un regard donc. Elle n’est pas certaine de réaliser qu’il se dresse devant elle, le visage teinté d’un sourire cynique. Elle a été tenue éloigné de tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la pseudo-politique du ranch, à ce qui concerne la mine également et à bien d’autres opérations encore. Déjà, elle s’est estimée heureuse de ne pas avoir été complètement laissée dans l’ombre au sujet de cette infiltration. Elle l’aurait mal pris, son absence, son abandon, si elle n’avait pas été mise dans la confidence. Pour autant, elle n’était pas ravie, pas le moins du monde. Elle n’en a rien montré, forcément, pas son genre, elle ne fait pas dans la démonstration affective, dans le sentimental. C’est surtout qu’avec Adam, elle n’a jamais réellement su où se positionner par rapport à leur relation. Bien qu’elle s’en cache, il n’a pas été qu’un simple défouloir sexuel, peut-être au début, peut-être qu’elle l’utilisait, c’est devenu vague par la suite. La limite est floue, peut-être que certains sentiments sont nés, surement même. Il faut bien avouer qu’avec l’absence est apparu le manque. Elle a beau le nier, il était omniprésent. Elle a conscience que ça signifie quelque chose, quelque chose qui ne va pas de pair avec ce monde post apocalyptique. Attachement et avenir incertain, ça ne rime à rien, à pas grand-chose en tout cas.

« Pas la peine d’abuser de ton sarcasme. » Elle l’a cherché, il est vrai. Bien sûr qu’elle est soulagée, de le savoir en vie, indemne. Pas complètement à l’abri des ennuis, manifestement. Elle n’est juste pas douée quand il s’agit de retrouvailles. Elle tient ça d’Abel, elle le reconnait, en même temps, elle tient beaucoup trop d’Abel. Elle l’écoute, sans autre interruption, assemblant les morceaux de puzzle dans sa caboche. Non, elle n’était pas au courant, ce n’est pas surprenant. Beaucoup d’informations à emmagasiner pour le coup, à digérer. Ce qu’elle retient, c’est qu’il s’agit d’un au revoir. Elle n’aime pas ça, surtout qu’elle a la nette impression de ne pas le mériter, cet au revoir, cette prise de risque. Lèvres pincées, elle soupire finalement, ne sachant que faire. Elle cogite un bref instant, peut-être qu’elle espère encore trouver un dénouement satisfaisant n’incluant pas le départ d’Adam, rien, même pas l’ombre d’une idée, ne lui parvient. « Je suis désolée. » Pour s’être montrée empressée, pour avoir été trop directe, pour ne pas avoir pris la peine de s’inquiéter de son état avant toute chose. C’est juste qu’elle est comme ça, à aller droit à l’essentiel, à ne pas prendre de gants. Une qualité tout autant qu’un défaut. Dans le cas présent, elle sait que ce genre de comportement donne tout simplement l’impression qu’elle n’en a rien à foutre de lui, de sa santé, de son avenir. Alors que ce n’est pas le cas. « Je ne comprends pas à quel moment exactement tu es passé de cavalier infiltré à prisonnier, ça n’a pas de sens. » C’est surtout qu’elle ne veut pas y trouver de sens. Mais, encore une fois, elle n’est pas totalement dénuée de jugeote. L’opération contre la mine s’est révélée être un fiasco, probablement qu’il risque d’en être tenu responsable. « Où est-ce que tu comptes aller ? » Ce n’est pas vraiment important, pourtant elle a envie de savoir, même si dans le fond, elle a parfaitement conscience que peu importe la réponse, l’évidence est qu’ils ne sont pas prêts de se revoir. Merci, Abel, sincèrement. Il a décidément le chic pour lui mener la vie dure.

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♔ Jenna & Adam

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but ended with a complicated goodbye

C’était un peu étrange, cette distance entre eux. Adam n’y était plus habitué, avait pris le pli d’une proximité bien moins prude quand il pouvait se permettre d’être seule avec elle. Et puis ces trois mois s’étaient installés entre eux, trois mois sans la moindre communication, sans plus plus petit contact et maintenant c’était un peu comme s’il se retrouvait face à une étrangère avec un air de famille.
Mais une étrangère qui s’affirmait désolée alors, pour un instant, l’expression d’Adam s’adoucit un peu, laissa filtrer un léger sourire à son attention. Probablement que lui aussi avait des bonnes raison de l’être, désolé, sûrement qu’elle n’était pas la seule même, à devoir faire preuve de contrition. Mais est-ce qu’ils avaient le temps pour ça aujourd’hui ? La réponse était simple : non. « C’était simplement la meilleure manière de me récupérer sans éveiller les soupçons. Mais comme personne, ici, n’est au courant de ce que je foutais réellement du côté d’Anita Jones… » Eh bien personne n’avait jugé utile de remédier à cet état une fois qu’ils étaient rentrés au ranch. Déjà, son statut un peu particulier suscitait la curiosité mais on avait eu vite fait d’attribuer cette interdiction de le tuer au fait qu’il avait fait partie des leurs quelques mois plus tôt. Sûrement, s’était-on alors dit, que le chef voudrait régler ce problème lui-même lorsqu’il reviendrait sur ses terres. Et si Adam s’était bien gardé d’y trouver quoi que ce soit à redire, c’était parce qu’il pensait qu’il y avait déjà un schéma bien établi derrière tout ça, qu’il valait mieux pour lui qu’il colle à cette image qu’on attendait de lui.
Enfin, tout ça c’était jusqu’à ce que que Caden vienne lui causer et qu’il lui apprenne la mauvaise nouvelle concernant les projets de son frère vis-a-vis d'Hamilton et de sa leader.
« Je sais pas vraiment » qu’il avoua, franc dans son indécision quant au futur qui se traçait sous ses pas. « Loin d’ici, pour commencer. J’aurais voulu prendre un cheval mais c’était un peu compliqué pour se faufiler à travers la clôture alors j’vais devoir me contenter de mes guibolles. » Et d’une attention doublée quant aux traces qu’il risquait de laisser derrière lui. Parce qu’à quoi bon se débrouiller pour sortir hors de la Crimson Valley, si c’était pour qu’on lui remette la main au collet trois kilomètres plus tard ? « J’ai entendu des rumeurs à propos d’un assez gros campement vers Odessa alors je pense aller tenter ma chance dans le coin, voir ce qui se fait ailleurs en termes de survie. Quelque part où on ne me regardera pas de travers pour quelque chose que j’ai pas fait. » Enfin, ce n’était pas l’exacte vérité non plus, mais est-ce que Jenna avait besoin d’en être informée ? Est-ce qu’elle avait besoin de savoir qu’il avait peut-être omis de faire passer quelques informations importances, qu’il avait une part de responsabilité – aussi infime soit-elle –, dans le désastre de cette attaque contre la mine ? Alors certes, sa conscience le travaillait un peu mais pas au point d’outrepasser la raison qui l’avait poussé à agir de la sorte. Et s’il avait demandé à voir Jenna maintenant, ce n’était sûrement pas pour lui confier sa culpabilité à cet égard. Ils avaient mieux à faire, non ? « Plutôt ironique, tu trouves pas, de devoir attendre l’apocalypse pour enfin sortir de mon trou à rats ? » Il eut un petit rire désabusé tandis que ses bras se décroisaient finalement, laissant place à une attitude un peu plus détendue, un peu moins fermée.

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MARS 2013 >
Toute cette histoire n’est donc qu’un énorme quiproquo qu’Abel n’est surement pas prêt d’éclaircir. Après tout, Adam est le coupable idéal, le parfait défouloir à sa colère, la raison de son échec. Conclusion qu’elle se résout d’encaisser à grandes peines. Elle sait parfaitement ce que ça signifie. Un adieu, ni plus ni moins. Malgré son absence, malgré la distance, l’idée qu’il puisse s’éloigner d’elle à nouveau, de manière définitive cette fois, la cloue sur place. Elle ne veut pas. Elle n’a pas beaucoup de repères, Jenna, entre le manque de confiance d’Abel à son égard et le mépris de Caden, elle a le sentiment que sa vie n’est qu’un chaos sans nom. Elle l’est incontestablement d’ailleurs. Alors, elle n’arrive pas bien à déterminer ce qu’il peut bien représenter à ses yeux, mais il a su trouver sa place à ses côtés, c’est indéniable. Elle s’en rend compte maintenant, pourtant il est trop tard, n’est-ce pas ? Timing on ne peut plus désastreux.

Je ne sais pas. Loin d’ici. Odessa. Elle maltraite machinalement l’intérieur de sa joue à coups de dents. Peut-être qu’elle ne voulait pas savoir finalement, à quoi bon ? Le fait est qu’il est sur le départ, qu’ils ne vont plus se revoir. Elle le comprend, elle le comprend tout à fait. Peut-être qu’elle n’est pas dans la même situation que lui, loin de là, mais elle sait ce que c’est que d’être le vilain petit canard, le mouton noir qu’on dévisage, qu’on regarde de travers. À l’exception près qu’elle a l’immunité au sein du ranch. À l’exception près qu’elle ne peut quitter sa famille, pas à nouveau. Pourtant, prendre ses distances avec les tensions actuelles ne pourrait que s’avérer bénéfique, mais ce n’est certainement pas prévu au programme. « Quelque part également où Abel n’aura pas dans l’optique de te faire porter le chapeau et par la même occasion, de faire de toi un exemple. » Un exemple surement funeste. Question de vie ou de mort donc, elle l’a bien compris. Elle soupire, désillusionnée et fatiguée. Ça lui apprendra à s’attacher de la sorte, ce n’est pas un temps pour s’amouracher de quiconque. Elle n’est pas sentimentale cependant. Elle n’est pas pour autant de marbre. « Ironique, c’est certain. » Ce n’est pas vraiment le terme qu’elle aurait employé pour déterminer la situation. Elle a bien du mal à contenir ses émotions tout à coup, à se montrer fière et tête haute comme elle en a l’habitude. « En réalité, tu sais ce que je trouve ironique surtout ? » Elle n’est pas certaine de vouloir répondre à sa propre question. Elle hésite à se raviser un court instant avant de chasser cette idée. Après tout, elle n’a rien à perdre, il s’agit probablement de leur dernière rencontre. Quoi qu’elle dise ou qu’elle fasse, ça n’aura aucune répercussion. On en revient au timing désastreux, le plus mauvais du monde. « C’est le fait qu’on t’ait confié une mission d’infiltration alors que je commençais à m’attacher à toi. » Un poids en moins, c’est dit. Jenna Rhode a des sentiments, qui l’aurait cru ! Non, elle n’est pas qu’une enveloppe charnelle sans cœur. « C’est également le fait que tu sois forcé de quitter le ranch à l’instant où j’en prends conscience. » Une occasion manquée, une de plus. Peut-être qu’elle devrait commencer à les comptabiliser, quoi qu’elle en serait surement dépitée. « Enfin, trêve de sentimentalisme, ça n’a pas vraiment d’importance, encore moins maintenant, mais autant que tu le saches. » Elle hausse les épaules, comme si elle venait d’avouer une quelconque banalité. Il n’y a jamais rien eu d’officiel entre eux, que de simples moments d’égarement, n’est-ce-pas ? Peu importe que ce soit réciproque ou non, elle s’en contrefiche, elle voulait juste se montrer honnête pour une fois, que ce soit avec lui ou avec elle-même.

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♔ Jenna & Adam

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Silencieux, il avait hoché la tête devant sa déduction sans prendre la peine d’y répondre. Un exemple, oui, c’est ce qu’il serait assurément s’il restait là. Restait toujours un pourcentage d’incertitude, bien sûr, mais il était trop léger pour peser dans la balance : même s’il avait de son côté les deux autres Rhodes il craignait, comme beaucoup d’autres ici, les crises de colères et l’impulsivité de l’aîné. Peut-être qu’il serait capable de le convaincre, oui. Mais peut-être pas. Et Adam ne voulait pas jouer sa vie sur un bête jet de hasard.
Les aveux de Jenna le prirent de court et il resta un instant là, bête, les bras ballant à la contempler sans chercher à l’interrompre. Une expression désolée s’installa brièvement sur son visage, qu’il eut tôt fait de chasser d’un sourire manquant cruellement de conviction. « Bien sûr que si, ça a de l’importance. » Pour quelque chose qu’elle ignorait, bien sûr, mais il n’empêche que si ça n’avait été pour elle il aurait retourné sa veste depuis déjà bien longtemps. Pas qu’il nourrisse une rancune quelconque à l’égard du ranch ou des autres cavaliers, mais les faits étaient là : la Mine lui avait offert un présent au delà de toutes ses attentes et, s’il ne s’était certes pas attendu à trouver son père là-bas, l’idée de lui tourner le dos ensuite lui avait été plus difficile que bien des actes répréhensibles qu’il avait pu commettre depuis le début du chaos. Il l’avait fait, pourtant. Parce que son paternel n’était plus le seul à compter, quelle que soit l’affection qu’il avait pour lui et la complicité de leur relation.
« Mais on connaissait les bails, Jenna. On savait très bien que ça pouvait merder comme ça et qu’il faudrait s’y faire. » Et ça allait au-delà de ces trois derniers mois, au-delà de sa mission. Ils pouvaient très bien crever du jour au lendemain pour une stupidité, un raid manqué, une attaque imprévue. Ce qu’il se passait aujourd’hui, alors, n’était pas si différent non ? « C’est comme ça que ça marche maintenant, dans ce putain de monde. » Il prit conscience un peu tard que ses répliques pouvaient sembler dures, insensibles face à ce qu’elle venait de lui déballer à cœur ouvert. Trop tard pour les ravaler et chercher une meilleure formulation, hein ? Pourtant il avait pas vraiment envie de partir, Adam, il savait qu’il n’avait pas vraiment le choix (son instinct de survie lui hurlait que c’était la seule chose à faire s’il tenait à passer le seuil de la semaine en étant encore vivant) mais il aurait voulu s’accrocher à cette impression un peu folle que ce moment qu’il partageait avec elle pouvait s’éterniser sans qu’il ait besoin d’affronter la réalité plus crue du lendemain. Du surlendemain. Ou de n’importe quel jour prochain qui verrait le retour d’Abel Rhodes fulminant sur ses terres.
Un léger soupir s’échappa d’entre ses lèvres alors qu’il la contemplait, devinant à l’expression de son regard qu’elle avait mal pris sa réaction un peu froide. Prévisible, en même temps, il aurait mieux fait d’y réfléchir un peu mieux avant de l’ouvrir. « Viens-là » qu’il lança alors, tout en faisant un pas en avant, attrapant son poignet avant qu’elle n’ait l’opportunité de le lui refuser pour l’entraîner contre lui. S’il la lâcha finalement, ce fut uniquement pour lui passer un bras autour de la taille tandis que l’autre main se glissait derrière sa nuque, refermant l’étreinte sur elle. « Si je suis revenu, c’est sûrement à cause de toi. » Et peu importe ce qu'ils pouvaient laisser présager quant à ce qui avait bien pu se passer au cours de ces trois mois en sous-marin, les mots glissés au creux de son oreille avaient, eux aussi, le goût de l’aveu.

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♔ Adam & Jenna

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Elle ne sait pas ce qui lui prend, ce qui lui est passé par la tête. Elle déteste le sentimentalisme, elle ne maitrise pas ce domaine. Parler sentiments, c’est désuet n’est-ce pas ? En tout cas, il ne semble pas savoir que faire de cette soudaine déclaration. Est-ce qu’elle peut sincèrement lui en tenir rigueur ? Pour autant, elle n’aime pas spécialement les mots qu’il emploie. D’un côté, ça a de l’importance, mais de l’autre c’est la fin du monde, alors il ne faut pas compter sur les sentiments par les temps qui courent. C’est une vision qui lui semble étroite, appropriée, mais qui n’en reste pas moins désolante. Oui, elle connaissait les bails, oui, elle a toujours eu conscience que ça risquait de merder, peut-être qu’elle espérait intérieurement que le contraire se produise. Encore une fois, l’espoir ne semble plus avoir sa place depuis la relève des morts. Elle est amère, peut-être désillusionnée, elle ne veut pas se résigner à la conception d’Adam. Elle ne veut pas, mais elle le fait. Elle n’a pas d’autres options après tout. C’est comme ça que fonctionne ce nouveau monde, pour reprendre les propos de son ancien amant sur le départ. Autant s’y résoudre. Alors, elle lâche ces quelques touches amères. Trêve de sentimentalisme, point barre. Elle est tiraillée entre l’envie soudaine de le voir tourner les talons – et d’abréger ce moment pénible – et celle de se blottir une dernière fois dans ses bras, de s’y sentir en sécurité pendant encore quelques secondes éphémères. Elle se sent bête pour tout avouer, elle ne se reconnait pas vraiment. Elle n’arrive plus totalement à feindre l’indifférence, à enfiler son masque de froideur.

Tandis qu’elle s’obstine à fixer un pan de l’étable, bras croisés contre sa poitrine, la mine probablement vexée malgré ses efforts destinés à mimer désinvolture et insensibilité, il brise les dernières barrières. La lèvre tremblante, elle ne bouge pas malgré les propos de son interlocuteur, de peur surement de se laisser aller complètement. Pourtant, elle ne rechigne pas au contact de sa main sur son poignet, à l’étreinte de son corps contre le sien. Machinalement, elle pose sa joue contre le torse du cavalier – ou ex cavalier -, fermant les yeux un court instant. Elle soupire suite aux quelques mots glissés à son oreille. De plus en plus pénible. « Peut-être que tu n’aurais pas dû. » Surement même. C’était une mauvaise idée, cette rencontre, bien qu’elle soit reconnaissante envers Caden pour l’avoir organisée. Elle n’aurait pas digéré la disparition d’Adam sans une explication, sans un point final à leur histoire. Elle déteste être mise à l’écart, être laissée pour compte. « Je déteste les adieux. » qu’elle avoue finalement, nouant ses mains dans le creux de son dos. Jenna Rhodes est donc une grande sensible. Elle cache extrêmement bien son jeu, le contraire serait étonnant. « Tu ne me facilites vraiment pas la tâche. » Elle relève finalement la tête, prunelles émeraudes plongées dans les iris accablés d’Adam. Elle cherche désespérément une solution, rien ne lui vient. De toute évidence, le sort de ce dernier n’est pas entre ses mains, mais entre celles de son aîné. Perspective peu réjouissante. « Je connais déjà la réponse, je sais que ma question est bête mais ; es-tu certain de ne plus pouvoir te montrer utile aux yeux d’Abel ? » Après tout, autant essayer, qui ne risque rien n’a rien. Elle ne veut pas connaitre la réponse tout de suite, elle préfère sceller chastement leurs lèvres, faire perdurer l’illusion que tout peut s’arranger. C’est beau de se voiler la face, ne serait-ce que quelques secondes durant.

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♔ Jenna & Adam

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Peut-être que tu n’aurais pas dû. La phrase, pour toute simple qu’elle soit, le secoua au delà de ce qu’elle avait pensé, probablement. Et heureusement Jenna ne s’en rendit pas compte ; blottie dans ses bras, elle ne put pas voir le regard s’assombrir un peu, les regrets revenir s’insinuer. Forcément elle ignorait ce qu’il avait laissé derrière, Adam, et le sacrifice que cela lui avait demandé. Elle n’en savait rien et sans doute que c’était mieux ainsi car il ne voulait pas que ça s’ébruite. Elle n’aimait pas les adieux bien sûr, comme tout le monde, mais au moins y avait-elle eu droit. Pas comme son père qui, tout vivant qu’il soit (ou du moins le pensait-il, convaincu qu’en ayant agi comme il l’avait fait cela aurait au moins permis à ce dernier de s’en tirer sans grave conséquence), devrait finir ses jours en pensant son fils mort ou disparu. « Tu crois que c’est facile pour moi, peut-être ? » il rétorqua en soutenant son regard, pas vraiment agressif mais terriblement sérieux. Après tout n’était-ce pas lui qui allait devoir repartir, s’exiler loin de tout ce qu’il connaissait ? Repartir à zéro quand il avait pourtant trouvé un endroit où s’installer et continuer le simulacre de vie qui était désormais devenue la sienne. Et tout ça pour avoir eu le malheur d’accepter une mission, de prendre plus d’importance que ce qu’il ne voulait réellement. Ses épaules avaient souffert du poids de cette responsabilité, même s’il lui avait fallu un certain temps pour l’admettre.
Il ne chercha pas à la repousser alors qu’elle scellait ses lèvres aux siennes, profitant à la place de ce qu’il avait fini par oublier en trois mois privé d’elle, et son étau l’enferma davantage comme pour oublier la vérité, cruelle, que ce serait la dernière pour eux.
Nul adieu larmoyant, néanmoins ; ce n’était pas le genre de l’un ou de l’autre alors les deux corps finirent par se désenlacer avant que le temps ne s’éternise trop. S’il laissa traîner encore un peu sa main sur la joue de Jenna, ce ne fut que l’affaire de quelques secondes avant que ce contact aussi ne soit rompu, tandis qu’Adam reculait d’un pas en abandonnant son étreinte. « Tu le connais mieux que moi, non ? Tu sais très bien ce qu’il va se passer. » Ses lèvres s’étirèrent sur un pauvre rictus sans joie. « C’est pas mon utilité, le problème. » Oh non, Adam se doutait parfaitement qu’il lui serait fort utile, à l’aîné des Rhodes, pour ce qui était de faire un exemple au vu et au su de tous. Qu’importe que sa véritable mission soit dévoilée ou non : soit on lui reprocherait d’avoir mal fait son boulot, et on pourrait alors lui jeter dessus tous les maux du monde à commencer par les pertes humaines lors de cet assaut foiré contre la Mine, soit on lui reprocherait sa désertion. Dans un cas comme dans l’autre, la sentence était la même parce que les prisonniers, ici, ne faisaient pas long feu. Qui, de nos jours, avait le temps de s’embarrasser de bouches à nourrir si elles n’avaient rien à apporter en échange ? « Le problème, c’est qu’il est en train de se faire mater par Anita Jones et qu’il va pas revenir de là dans d’excellentes dispositions pour être tolérant envers moi. » Il haussa les épaules et écarta les bras, fataliste. « A moins que toi ou Caden parveniez à le raisonner, j’vois pas trop comment me sortir de là. Mais ça s’ra certainement pas avec un joli sourire et un air contrit. » Et toutes les belles paroles du monde n'y feraient rien. Si Abel voulait son défouloir, Abel aurait son défouloir. « Tu crois que tu saurais faire ça, toi ? Le convaincre ? » Il posait la question par principe mais elle manquait de conviction et ça se sentait clairement dans le ton de sa voix, la petite moue désabusée qu'il affichait sans quitter sa compagne du regard ; Abel n’écoutait guère que son frère et encore fallait-il pour ça qu'il ne soit pas trop de mauvaise humeur. Et Adam n’avait certainement pas passé trois mois enterrés sous terre pour finir ses jours dans une prison de pacotille à devoir supporter le mépris de ses anciens camarades.

et c'est le grand retour du GIF ! :

survit depuis le : 15/04/2016

♔ Adam & Jenna

« we started with a simple hello
but ended with a complicated goodbye.

MARS 2013 >
Elle profite, Jenna, elle profite de ce qu’elle sait être leur dernière étreinte, leur dernier moment à deux. Elle ne pensait pas en avoir le cœur aussi lourd, elle ne s’imaginait tout simplement pas l’importance d’Adam à ses yeux ni même la place qu’il s’est forgé dans sa vie et ce, malgré ces trois derniers mois d’absence. Elle n’est peut-être pas sentimentale, elle en reste néanmoins humaine. Il s’écarte, elle en reste immobile. Toute chose a une fin, n’est-ce pas ? Au moins ont-ils la chance de tirer les choses au clair, de les mettre à plat. Peut-être qu’elle n’aime pas les adieux, force est de reconnaître qu’ils sont parfois nécessaires.

Oui, elle connait parfaitement son aîné. Oui, elle sait, ou en tout cas elle se doute, de ce qu’il risque de se produire par la suite, rien de bien joli en soi. Les derniers relents d’espoir se meurent avec ces deux conclusions. Sa question était donc belle et bien stupide, il n’empêche qu’elle est désormais entièrement fixée. Elle l’écoute sans interruption, l’esprit embrumé par le départ proche du cavalier, jusqu’à l’annonce du retour d’Abel. En effet, après l’échec cuisant, il ne sera pas dans de bonnes dispositions. Elle comprend mieux maintenant. « Je ne compterais pas là-dessus. » Non, ses talents pour raisonner Abel sont pratiquement inexistants, il ne l’écoute presque plus d’ailleurs. Elle ne serait d’aucune utilité. Elle ne voit même pas quelles raisons elle pourrait invoquer afin d’expliquer sa plaidoirie en faveur d’Adam. Oh bien sûr, elle pourrait lui révéler la vérité, de toute façon, il saurait lui-même en tirer certaines conclusions et, pour sûr, ce n’est pas ce qui jouerait de manière positive à l’égard du cavalier. Mieux vaut donc éviter. « C’est Caden qui est connu pour son talent à raisonner Abel. » Caden, autrement dit, la petite voix moralisatrice dans la caboche du manitou des lieux. C’est lui qu’il écoute parfois, trop rarement à son goût. C’est lui qui trouve les bons mots visant à l’apaiser. Pas elle, surement pas. Elle, elle est là pour jouer la plante verte, parce qu’elle est de son sang, point. « C’est à peine s’il m’écoute. » C’est certain, niveau communication, ils ont du pain sur la planche. Le dialogue est fermé depuis bien longtemps, quoi qu’il ait à nouveau tendance à se rétablir de temps à autres depuis quelques semaines. « Du coup, je pense que j’ai la réponse à ta question ainsi qu’à la mienne. » Raisonner Abel relève de l’ordre de l’impossible, alors non, non il n’est plus question d’utilité, il est simplement question de passer ses nerfs sur le potentiel responsable de son échec, donc Adam. Le constat est décevant. De toute façon, elle ne s’attendait pas réellement à autre chose. Elle soupire, lassée par les circonstances. Même inconsciemment, Abel trouve toujours le moyen de lui gâcher la vie, c’est dingue tout de même ? à croire que tout ce qui peut bien un minimum la rendre heureuse doit sans cesse voler en éclats. Elle ne sait pas pourquoi ça la surprend encore, elle devrait y être habituée à force, voilà un an déjà que rien ne semble aller comme elle l’aimerait. « Je suis désolée. » Elle ne sait pas vraiment pourquoi. Peut-être parce qu’elle se sait impuissante, peut-être parce que son frère est un connard. Elle n’y peut rien en soi, il s’agit là de deux faits totalement indépendants de sa volonté. Elle ne sait pas quoi dire d’autres, en fait elle ne sait rien. C’est toujours étrange ce moment délicat où il est venu l’instant de tourner les talons et de se quitter. Elle aimerait pouvoir le repousser encore un peu.

Spoiler:

survit depuis le : 24/07/2017

♔ Jenna & Adam

« we started with a simple hello
but ended with a complicated goodbye

« Et c’est Caden qui a pris l’initiative de me faire sortir d’ici. Ça prouve bien ce qu’il pense de ses capacités de réussite pour lui faire entendre raison. » La répartie de Jenna n’avait rien de surprenant, après tout ce n’était pas comme s’il s’était attendu à ce qu’elle le contredise, qu’elle lui affirme qu’il se trompait et qu’il était possible de changer la donne. S’il avait eu ne serait-ce qu’une once d’espoir que cela soit possible, il n’aurait jamais quitté sa cellule en premier lieu. Caden ne lui aurait jamais fait quitter sa cellule en premier lieu. Parce que Rhodes ou pas, il risquait gros si on apprenait son implication dans la fuite d’un prisonnier et surtout si ledit prisonnier en question était Adam. Et nul doute que le cadet de la famille avait sûrement bien pris le temps de peser le pour et le contre avant de prendre cette décision : il n’était pas, à l’inverse de son grand frère, du genre à agir sur une impulsion juste parce que cela lui passait par la tête. « T’as pas à être désolé pour quoi que ce soit. C’est pas comme si t’avais une part de responsabilité dans toute ce merdier. » En fait, si, elle avait une, et conséquente si plus est. Parce que si elle n’avait pas été là, ou du moins si elle ne lui avait pas tourné la tête de la sorte, alors Adam n’aurait pas eu à faire face à toutes ces complications des trois derniers mois.
Et aujourd’hui il serait un homme libre, libre dans une mine certes mais cela valait toujours mieux que ces deux derniers jours passés avec les poignets liés dans le dos la plupart du temps et le regard de mépris des autres qui s’appuyait lourdement sur lui. Libre loin du ranch, mais avec sa famille. Ou, du moins, ce qu’il en restait encore aujourd’hui ; pas grand chose.

De se savoir à court de temps, ils étaient aussi à court de mots. Comme si, soudainement, ils n’avaient plus rien à se dire ou alors tellement de chose qu’il était impossible de faire le tri et de déterminer lesquelles, parmis tout le reste, méritaient d’être prononcées. Le silence était gênant, assez inconfortable tandis que les regards se croisaient pour mieux se détourner ensuite comme si un contact trop prolongé risquait de brûler.
De fait, Adam mourrait d’envie de la prendre dans ses bras. Encore. Une étreinte féroce qui fourmillait jusque dans le bout de ses doigts mais à la demande de laquelle il refusait de se soustraire : plus il s’éternisait et plus ce serait difficile de toute manière, alors pourquoi se compliquer davantage la tâche ? « Je devrais y aller, Cad’ va finir par s’impatienter. Et plus je traîne ici, plus il y a un risque que l’on découvre mon départ. » Du moins fallait-il que quelqu’un s’intéresse à la silhouette sombre attachée dans le box qu’on lui avait gracieusement offert en guise de cellule d’isolement, et qu’il s’approche de suffisamment près pour remarquer le bâillon, l’inconscience évidente du cavalier et tout ce qui ne concordait pas avec l’homme qui était supposé se trouver là.
Mais ce n’était qu’une question de temps, il n’en doutait pas une seule seconde.
« Porte-toi bien, Jenna. » Il se recula doucement, comme si son corps résignait encore à lui obéir. Prend soin de toi, aurait-il pu ajouter, mais elle était assez grande pour se débrouiller toute seule, elle n’avait pas besoin qu’on lui dise quoi faire. Ni de lui ni de personne d’autre, hé ? « Ton foutu caractère de mule va me manquer, tu sais ? » Il lui tira un dernier sourire avant de finalement faire demi-tour, et bientôt l’ombre l’avala de nouveau tandis que l’on pouvait encore entendre pour quelques secondes encore le bruit de ses pas qui se hâtaient vers la sortie dérobée, vers un nouvel horizon et vers toutes les incertitudes qui allaient avec.

|TERMINÉ

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